Les structures fondamentales de l'Église
Modérateur : Auteurs
Les structures fondamentales de l'Église
Cher Jean-Louis,
Tu as écrit :
LES STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ÉGLISE ORTHODOXE sont définies par les deux premiers canons du texte que l’on appelle « Les Canons apostoliques », texte qui a été invoqué dans leurs préambules, depuis lors, par toutes les décisions conciliaires postérieures :
I - « Que l'Évêque reçoive l’imposition des mains de deux ou trois Évêques. »
II - « Que le presbytre reçoive l’imposition des mains d’un seul Évêque, ainsi que les diacres et les autres clercs. »
LA « CHIROTHÉSIE » :
On peut donner le nom de « chirothésie » à tous les actes par lesquels l’Évêque touche de la main des hommes pour les ordonner pour le service de l’Église, comme sous-diacres, lecteurs, chantres etc... Ce rite se déroule hors du sanctuaire.
On peut aussi parler de chirothésie lorsque les pénitents qui ont assisté aux lectures de la Liturgie avec les catéchumènes (la « liturgie des catéchumènes ») sont renvoyés hors de l’Église, car ils ne devraient pas assister à la « liturgie des fidèles ». Le pénitent est alors touché de la main pour aller en paix.
LA « CHIROTONIE » :
La chirotonie est le rite par lequel un Évêque ordonne un prêtre ou un diacre pour le service de l’autel en lui imposant les mains (c¹est le sens étymologique du mot chirotonie) dans le sanctuaire et durant la prière eucharistique.
C¹est aussi le rite par lequel un synode provincial (représenté par au moins trois Évêques) ordonne un Évêque pour un lieu donné.
Il ne peut y avoir qu'un seul Évêque pour une seule ville .
NOTA – L’Évêque ne doit administrer que le territoire (nous disons maintenant diocèse) pour lequel il a été institué, en faisant part au synode dont il fait partie de tout ce qui peut poser problème.
Seul ce synode ou un synode plus général peuvent le juger. Le fait même que les canons reviennent à de multiples reprises sur ces exigences montre bien que les cas « d’ingérence » ont toujours été une tentation permanente dans la vie de l’Église.
La synodalité de l’Église s'exprime donc par la vie d'un synode provincial d’Évêques.
Comme les rites de la chirotonie doivent se dérouler en présence du peuple et non clandestinement, le peuple manifeste son approbation et son acceptation en acclamant celui que l’on ordonne par le triple « Axios ».
LE « CLERGÉ » :
Les canons disposent :
- un âge minimum de 25 ans pour faire un diacre, et de 30 ans pour un prêtre,
- une durée minimum de présence à chaque étape, pour que l’Évêque puisse constater les dispositions des clercs avant de les promouvoir.
Les clercs ne dépendent que de l’Évêque qui les a ordonnés et promus.
Certes il en est, de nos jours, qui interprètent parfois le triple « Axios ! » du peuple comme le témoignage d’une sorte d'élection populaire. Mais si l’Évêque ordonne toujours un prêtre pour un lieu donné - que ce soit pour une église (autre que celle de l'Évêque), ou un « martyrium », ou un cimetière, ou un monastère - il doit toujours rester libre de choisir tel homme pour tel lieu : un prêtre n’est jamais choisi par et pour une communauté, ce qui le laisserait sans liberté face aux erreurs, aux contestations et aux pressions d'une partie du peuple de son Évêque, comme le montrent les cas où des prêtres font l’objet d’un véritable harcèlement de la part de certains fidèles. Le prêtre est le représentant de l’Évêque.
En fait d’ailleurs, pendant longtemps l’Église ne connaissait d’autres églises véritables que celle où siège l’Église et où se réunit la véritable communauté : la communauté diocésaine.
Certains canons désignent l’Évêque par ces mots: « celui qui a le pouvoir de lier et de délier ». C'est donc à lui que revient le pouvoir de fixer la durée au terme de laquelle il réconcilie les pénitents.
C'est dans le diocèse, qui est réuni autour d'un Évêque, que l'on peut rencontrer la totalité des charismes de l'Église :
A - les charismes qui sont au service de l'autel : prêtres et diacres - et de l'église : lecteurs et chantres…
B - le charisme monastique : les monastères sont toujours soumis à l'Évêque, même s'ils se retirent loin du monde, et …
C - le charisme du peuple royal.
LE « SYNODE PROVINCIAL » :
Les structures fondamentales de l’Église sont :
1° - l’Évêque unique de son unique diocèse, et …
2° - la synodalité provinciale.
PATRIARCAT – ÉGLISE AUTONOME – ÉGLISE AUTOCÉPHALE
Les privilèges d’autonomie et d’autocéphalie et l’institution des patriarcats représentent des phénomènes secondaires par rapport aux structures fondamentales de l’Église que sont l’Évêque unique de son unique diocèse, et la synodalité provinciale.
L’Évêque qui préside un synode provincial est ce que nous appelons un « métropolite ».
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J'aimerais à ce sujet savoir comment se définit l'Église - par rapport notamment à ta phrase : "l’Église ne connaissait d’autres églises véritables que celle où siège l’Église et où se réunit la véritable communauté : la communauté diocésaine."
Peut-on dire par exemple que "l'Église qui siège dans l'église" se compose du clergé et du peuple royal, sous la présidence de l’Évêque ? ou dans un sens inverse : du peuple royal, de l'Évêque et de son clergé ?
Autrement dit : l'Église est-elle le corps mystique du Christ, c'est à dire le peuple royal - qui choisit et élit en son sein ses instances terrestres nécessaires ( l'Évêque et par le truchement de l'Évêque, son clergé) - ou bien est-ce l'Évêque qui choisit le corps mystique du Christ, donc le peuple royal, en choisissant et incorporant chacun de ses membres par le Baptême ?
Faute d'une réponse suffisante, cette question infèrerait la double éventualité d'une Église comme créée par l'Évêque et apportée au Christ ( comme son Seigneur et notre Seigneur) - ou d'une Église appelée en chacun de ses membres par notre Seigneur (en quelque sorte en un premier temps), et ensuite seulement structurée en hiérarchie en tant qu'elle est nécessaire temporellement pour assurer le service "liturgique", c'est à dire les fonctions indispensables à sa vie - aux divers échelons de serviteurs des serviteurs du Christ ?
Tu as écrit :
LES STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ÉGLISE ORTHODOXE sont définies par les deux premiers canons du texte que l’on appelle « Les Canons apostoliques », texte qui a été invoqué dans leurs préambules, depuis lors, par toutes les décisions conciliaires postérieures :
I - « Que l'Évêque reçoive l’imposition des mains de deux ou trois Évêques. »
II - « Que le presbytre reçoive l’imposition des mains d’un seul Évêque, ainsi que les diacres et les autres clercs. »
LA « CHIROTHÉSIE » :
On peut donner le nom de « chirothésie » à tous les actes par lesquels l’Évêque touche de la main des hommes pour les ordonner pour le service de l’Église, comme sous-diacres, lecteurs, chantres etc... Ce rite se déroule hors du sanctuaire.
On peut aussi parler de chirothésie lorsque les pénitents qui ont assisté aux lectures de la Liturgie avec les catéchumènes (la « liturgie des catéchumènes ») sont renvoyés hors de l’Église, car ils ne devraient pas assister à la « liturgie des fidèles ». Le pénitent est alors touché de la main pour aller en paix.
LA « CHIROTONIE » :
La chirotonie est le rite par lequel un Évêque ordonne un prêtre ou un diacre pour le service de l’autel en lui imposant les mains (c¹est le sens étymologique du mot chirotonie) dans le sanctuaire et durant la prière eucharistique.
C¹est aussi le rite par lequel un synode provincial (représenté par au moins trois Évêques) ordonne un Évêque pour un lieu donné.
Il ne peut y avoir qu'un seul Évêque pour une seule ville .
NOTA – L’Évêque ne doit administrer que le territoire (nous disons maintenant diocèse) pour lequel il a été institué, en faisant part au synode dont il fait partie de tout ce qui peut poser problème.
Seul ce synode ou un synode plus général peuvent le juger. Le fait même que les canons reviennent à de multiples reprises sur ces exigences montre bien que les cas « d’ingérence » ont toujours été une tentation permanente dans la vie de l’Église.
La synodalité de l’Église s'exprime donc par la vie d'un synode provincial d’Évêques.
Comme les rites de la chirotonie doivent se dérouler en présence du peuple et non clandestinement, le peuple manifeste son approbation et son acceptation en acclamant celui que l’on ordonne par le triple « Axios ».
LE « CLERGÉ » :
Les canons disposent :
- un âge minimum de 25 ans pour faire un diacre, et de 30 ans pour un prêtre,
- une durée minimum de présence à chaque étape, pour que l’Évêque puisse constater les dispositions des clercs avant de les promouvoir.
Les clercs ne dépendent que de l’Évêque qui les a ordonnés et promus.
Certes il en est, de nos jours, qui interprètent parfois le triple « Axios ! » du peuple comme le témoignage d’une sorte d'élection populaire. Mais si l’Évêque ordonne toujours un prêtre pour un lieu donné - que ce soit pour une église (autre que celle de l'Évêque), ou un « martyrium », ou un cimetière, ou un monastère - il doit toujours rester libre de choisir tel homme pour tel lieu : un prêtre n’est jamais choisi par et pour une communauté, ce qui le laisserait sans liberté face aux erreurs, aux contestations et aux pressions d'une partie du peuple de son Évêque, comme le montrent les cas où des prêtres font l’objet d’un véritable harcèlement de la part de certains fidèles. Le prêtre est le représentant de l’Évêque.
En fait d’ailleurs, pendant longtemps l’Église ne connaissait d’autres églises véritables que celle où siège l’Église et où se réunit la véritable communauté : la communauté diocésaine.
Certains canons désignent l’Évêque par ces mots: « celui qui a le pouvoir de lier et de délier ». C'est donc à lui que revient le pouvoir de fixer la durée au terme de laquelle il réconcilie les pénitents.
C'est dans le diocèse, qui est réuni autour d'un Évêque, que l'on peut rencontrer la totalité des charismes de l'Église :
A - les charismes qui sont au service de l'autel : prêtres et diacres - et de l'église : lecteurs et chantres…
B - le charisme monastique : les monastères sont toujours soumis à l'Évêque, même s'ils se retirent loin du monde, et …
C - le charisme du peuple royal.
LE « SYNODE PROVINCIAL » :
Les structures fondamentales de l’Église sont :
1° - l’Évêque unique de son unique diocèse, et …
2° - la synodalité provinciale.
PATRIARCAT – ÉGLISE AUTONOME – ÉGLISE AUTOCÉPHALE
Les privilèges d’autonomie et d’autocéphalie et l’institution des patriarcats représentent des phénomènes secondaires par rapport aux structures fondamentales de l’Église que sont l’Évêque unique de son unique diocèse, et la synodalité provinciale.
L’Évêque qui préside un synode provincial est ce que nous appelons un « métropolite ».
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J'aimerais à ce sujet savoir comment se définit l'Église - par rapport notamment à ta phrase : "l’Église ne connaissait d’autres églises véritables que celle où siège l’Église et où se réunit la véritable communauté : la communauté diocésaine."
Peut-on dire par exemple que "l'Église qui siège dans l'église" se compose du clergé et du peuple royal, sous la présidence de l’Évêque ? ou dans un sens inverse : du peuple royal, de l'Évêque et de son clergé ?
Autrement dit : l'Église est-elle le corps mystique du Christ, c'est à dire le peuple royal - qui choisit et élit en son sein ses instances terrestres nécessaires ( l'Évêque et par le truchement de l'Évêque, son clergé) - ou bien est-ce l'Évêque qui choisit le corps mystique du Christ, donc le peuple royal, en choisissant et incorporant chacun de ses membres par le Baptême ?
Faute d'une réponse suffisante, cette question infèrerait la double éventualité d'une Église comme créée par l'Évêque et apportée au Christ ( comme son Seigneur et notre Seigneur) - ou d'une Église appelée en chacun de ses membres par notre Seigneur (en quelque sorte en un premier temps), et ensuite seulement structurée en hiérarchie en tant qu'elle est nécessaire temporellement pour assurer le service "liturgique", c'est à dire les fonctions indispensables à sa vie - aux divers échelons de serviteurs des serviteurs du Christ ?
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- Messages : 1044
- Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02
Je trouve assez singulier le procédé qui consiste à copier dans le présent forum-orthodoxe sans en indiquer l’origine une réponse que j’ai faite par un message posté dans le forum orthodoxie, auquel tu as récemment participé en invitant dans un autre message ses membres à venir discuter ici. Je participe à l’un et à l’autre forum, et encore à d’autres, sans esprit d’exclusive et je t’invite à en faire autant. Chaque cercle a le droit d’exister séparément et entre soi.
Mais puisque tu as cité ici mon texte (et fort bien mis en paragraphes, merci) je vais essayer d’y répondre ici, pour ne pas imiter ce procédé inélégant.
L’Église des premiers temps ne connaissait pas d’autre assemblée eucharistique que celle qui se réunissait dans l’Église où l’évêque avait son siège, son “thronos” au milieu du “synthronon” où siégeaient collégialement ses prêtres. L’évêque est un homme qui a été choisi par le collège apostolique (ou par ses successeurs) pour être un “successeur des Apôtres” pour une ville déterminée.
Lorsque le Voyant de l’Apocalypse voit la Lturgie céleste il nous y décrit le Fils de l’homme présidant l’offrande (mais il est aussi l’Agneau qui est offert) à la place précisément où siège l’évêque, entouré par les Anciens (en grec les presbytres) et servi par les sept Anges comme par des diacres.
Tous les charismes de l’Église sont ainsi présentés autour du charisme du Grand Prêtre (préfiguré dans l’Ancienne Alliance, et la Tradition orthodoxe donne toujours ce titre à l’évêque, l’Archiprêtre), et tous ces charismes s’articulent en vue du sacrifice eucharistique. Sans la présidence de l’évêque (ou de prêtre qu’il a désigné) il n’y a pas d’assemblée eucharistique. Ces charimes ne sont pas les organes terrestres de l’Église, élus par des instances démocratiques.
Le rôle du collège des Douze est tenu en chaque région de la Terre par le synode provincial, qui désigne l’évêque auquel il va imposer les mains. Il peut suivre un souhait exprimé par le peuple. Il peut aussi envoyer un évêque pour créer une église locale là où il n’y en a pas encore. Il peut encore soigner une difficulté locale, un conflit ou une errance par rapport à la Tradition en confiant le pouvoir épiscopal à un homme neuf. Il est parfois même amené hélas à déposer un évêque et à le remplacer par un autre, etc etc.
C’est ce synode provincial (ou ses représentants) qui transmet à l’évêque les charismes (les pouvoirs dirait-on en Occident) qui assurent toute la vie de l’Église.
Le peuple royal peut très bien présenter son candidat au synode, il ne peut pas le faire évêque. Il exprime son acceptation en acclamant publiquement son nouvel évêque par le triple “Axios !”.
Mais puisque tu as cité ici mon texte (et fort bien mis en paragraphes, merci) je vais essayer d’y répondre ici, pour ne pas imiter ce procédé inélégant.
L’Église des premiers temps ne connaissait pas d’autre assemblée eucharistique que celle qui se réunissait dans l’Église où l’évêque avait son siège, son “thronos” au milieu du “synthronon” où siégeaient collégialement ses prêtres. L’évêque est un homme qui a été choisi par le collège apostolique (ou par ses successeurs) pour être un “successeur des Apôtres” pour une ville déterminée.
Lorsque le Voyant de l’Apocalypse voit la Lturgie céleste il nous y décrit le Fils de l’homme présidant l’offrande (mais il est aussi l’Agneau qui est offert) à la place précisément où siège l’évêque, entouré par les Anciens (en grec les presbytres) et servi par les sept Anges comme par des diacres.
Tous les charismes de l’Église sont ainsi présentés autour du charisme du Grand Prêtre (préfiguré dans l’Ancienne Alliance, et la Tradition orthodoxe donne toujours ce titre à l’évêque, l’Archiprêtre), et tous ces charismes s’articulent en vue du sacrifice eucharistique. Sans la présidence de l’évêque (ou de prêtre qu’il a désigné) il n’y a pas d’assemblée eucharistique. Ces charimes ne sont pas les organes terrestres de l’Église, élus par des instances démocratiques.
Le rôle du collège des Douze est tenu en chaque région de la Terre par le synode provincial, qui désigne l’évêque auquel il va imposer les mains. Il peut suivre un souhait exprimé par le peuple. Il peut aussi envoyer un évêque pour créer une église locale là où il n’y en a pas encore. Il peut encore soigner une difficulté locale, un conflit ou une errance par rapport à la Tradition en confiant le pouvoir épiscopal à un homme neuf. Il est parfois même amené hélas à déposer un évêque et à le remplacer par un autre, etc etc.
C’est ce synode provincial (ou ses représentants) qui transmet à l’évêque les charismes (les pouvoirs dirait-on en Occident) qui assurent toute la vie de l’Église.
Le peuple royal peut très bien présenter son candidat au synode, il ne peut pas le faire évêque. Il exprime son acceptation en acclamant publiquement son nouvel évêque par le triple “Axios !”.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
paliernejl@wanadoo.fr
Structures fondamentales
Je prends bonne note de la réponse, intéressante en effet, que tu viens de poster sur ce sujet dont ton exposé sur le Forum du Père Jivko m'avait conduit à me poser d'autres questions que celles auxquelles tu avais répondu à madame A. Petros.
Par ailleurs, je prends bonne note de ce que tu as trouvé inélégante ma procédure - qui n'était toutefois en aucune manière un procédé calculé - comme tu as dû déjà en être assuré par le mot que je t'avais envoyé en privé vers midi.
Je te prie naturellement de m'excuser du tort que j'ai pu te causer, bien involontairement, et j'éviterai à l'avenir de procéder de cette manière, sois-en assuré.
Par ailleurs, je prends bonne note de ce que tu as trouvé inélégante ma procédure - qui n'était toutefois en aucune manière un procédé calculé - comme tu as dû déjà en être assuré par le mot que je t'avais envoyé en privé vers midi.
Je te prie naturellement de m'excuser du tort que j'ai pu te causer, bien involontairement, et j'éviterai à l'avenir de procéder de cette manière, sois-en assuré.
Jean-Louis votre réponse n'est pas très claire pour moi.
Nous avons deux fonctionnement différents en exemple en France.
Daru: L'évêque est élu par le peuple, ratifié par Constantinople qui procède au sacre.
Métropole Grecque: Mgr Emmanuel est parachuté par Constantinople, déplacé de Belgique sur la France, et imposé au peuple dans une cérémonie d'intronisation .
Ce ne sont pas des charismes que l'on discute mais du procédé qui préside au choix de l'évêque. Les charismes sont donnés dans le sacre.
Le fonctionnement de Daru me semblait conforme à l'ecclésiologie orthodoxe alors que celui de la métropole grecque aurait plutôt des relents de papisme.
Il y a un fonctionnement trinitaire dans l'organisation de l'Eglise: clergé- peuple royal- Esprit saint. Le peuple éclairé par l'Esprit choisit son évêque, et le clergé transmet les charismes de l'Esprit spécifiques à la charge épiscopale par l'imposition des mains. Le axios étant la confirmation du choix du peule royal lors de la cérémonie.
Dans l'Eglise primitive les apôtres choisissaient leurs successeurs parmi les communautés selon les recommandations de celles ci. La communauté choisissait celui qu'elle trouvait le plus digne et les apôtres procédaient à l'imposition des mains.
Alors lequel de ces deux fonctionnements est correct?
Ensuite il est vrai que le prêtre lui est choisi et nommé par l'évêque dont il n'est qu'un représentant, un prolongement. Ainsi il n'y a pas lieu qu'une paroisse choisisse son prêtre puisqu'elle a dejà choisi son evêque et qu'il appartient à l'évêque d'organiser sa charge episcopale.
Nous avons deux fonctionnement différents en exemple en France.
Daru: L'évêque est élu par le peuple, ratifié par Constantinople qui procède au sacre.
Métropole Grecque: Mgr Emmanuel est parachuté par Constantinople, déplacé de Belgique sur la France, et imposé au peuple dans une cérémonie d'intronisation .
Ce ne sont pas des charismes que l'on discute mais du procédé qui préside au choix de l'évêque. Les charismes sont donnés dans le sacre.
Le fonctionnement de Daru me semblait conforme à l'ecclésiologie orthodoxe alors que celui de la métropole grecque aurait plutôt des relents de papisme.
Il y a un fonctionnement trinitaire dans l'organisation de l'Eglise: clergé- peuple royal- Esprit saint. Le peuple éclairé par l'Esprit choisit son évêque, et le clergé transmet les charismes de l'Esprit spécifiques à la charge épiscopale par l'imposition des mains. Le axios étant la confirmation du choix du peule royal lors de la cérémonie.
Dans l'Eglise primitive les apôtres choisissaient leurs successeurs parmi les communautés selon les recommandations de celles ci. La communauté choisissait celui qu'elle trouvait le plus digne et les apôtres procédaient à l'imposition des mains.
Alors lequel de ces deux fonctionnements est correct?
Ensuite il est vrai que le prêtre lui est choisi et nommé par l'évêque dont il n'est qu'un représentant, un prolongement. Ainsi il n'y a pas lieu qu'une paroisse choisisse son prêtre puisqu'elle a dejà choisi son evêque et qu'il appartient à l'évêque d'organiser sa charge episcopale.
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- Messages : 1044
- Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02
Les saints canons précisent en de multiples endroits que c’est au synode provincial de choisir la personne qui sera l’évêque d’un diocèse à pourvoir. Le synode provincial peut naturellement consulter les fidèles du diocèse, il peut leur demander s’ils ont un candidat à présenter. Il peut même organiser une consultation. En fait l’Église n’a que très peu recouru à ce type de procédé, non par ignorance des désirs du peuple des fidèles, mais à cause du très petit nombre de candidats possibles. Les canons sont en effet assez exigeants sur les qualités des candidats, et souvent les évêques du synode avaient du mal à trouver quelqu’un de valable, même en dehors du corps des fidèles du diocèse à pourvoir.
Dans l’Église on parlait dans ce cas en général “d’élections orales”, ou “par acclamations”. Il arrivait alors que des candidats arrivent à recruter des “supporters” suffisamment actifs pour pousser leur candidature dans une foule réunie dans une salle, ou une basilique ou même dans un cirque. L’Église n’encourageait pas une telle pratique, et il existe même un canon qui interdit les “élections orales”. L’un des derniers évêques qui ait été élu ainsi (après que les ariens aient tenté de faire des pressions) fut saint Ambroise de Milan (ce qui prouve que l’élection populaire n’était pas forcément mauvaise).
Comme de tout façon le consentement du synode provincial et en particulier du métropolitain qui le préside était nécessaire pour qu'il désigne trois évêques consécrateurs (les canons sont très explicites sur ce point), même en cas d’élection, les canons et le bon sens imposent que ce soit à ce synode que revient la tâche de prendre la décision finale.
L’Église (autocéphale) de Chypre pratique l’élection des évêques. J’aimerais savoir depuis quand et selon quelles modalités. Quelqu'un peut-il me le dire ? Mais même dans ce cas il revient au synode provincial d’accepter le choix du scrutin et de le consacrer.
Lorsque le concile local pan-russe de 1917 décida de restaurer le patriarcat qui avait été aboli deux siècles plus tôt par le tsar Pierre le Grand, il organisa une élection en trois temps: par le Concile des évêques, par l’assemblée générale (que nous pourrions qualifier de clérico-laïque) du Synode pan-russe, puis des bulletins contenant les noms des trois candidats “finaux” furent choisis par le saint-Esprit par la main d’un ascète âgé et aveugle à qui l’on avait demandé de sortir de sa réclusion. Sauf erreur de ma part le candidat désigné ainsi par le saint-Esprit n’était pas celui qui avait obtenu le maximum de suffrages. Ce fut le saint patriarche-martyr Tikhon.
Peu après, la même année, à Kiev, après le martyre du métropolite Vladimir, fut organisée la première élection populaire (probablement sur bulletins) d’un évêque. C’est ainsi qu’Antoine Khrapovitsky devint métropolite de Kiev.
Je cite ces choses de mémoire. Peut-être quelqu’un pourra-t-il me corriger ?
Dans le cas de l’Archevêché des paroisses russes en Europe occidentale, l’assemblée des délégués des paroisses a élu parmi plusieurs candidatures un évêque auxiliaire. Mais le scrutin n’a ainsi désigné qu’un candidat soumis à l’élection par le synode constantinopolitain. Ce synode ayant approuvé le choix de l’Assemblée générale, c’est lui qui a été institué par les représentants du synode constantinopolitain comme archevêque. Comme il était déjà évêque de Coumane (un diocèse historique qui ne fonctionne plus en réalité depuis fort longtemps) et évêque auxiliaire de son prédécesseur feu l’archevêque Serge, il n’y a pas eu à le consacrer évêque, il est passé du siège de Coumane au siège de l’Archevêqhé des paroisses russes d’Europe occidentale. En fait il s’occupait de la Belgique, et il a été transféré de Belgique à Paris, mais la Belgique faisait et fait toujours partie de l’Archevêché. Si le candidat élu par l’assemblée générale et approuvé par le synode constantinopolitain avait été un simple prêtre, il aurait fallu que trois évêques désignés par le synode viennent le consacrer évêque.
Dans le cas de la Métropole de France du Patriarcat oecuménique, le métropolite a été désigné par le même synode, et comme il était également évêque auxiliaire, il n’y a pas eu à le consacrer. Mais il y a des différences avec le cas précédent. D’abord parce que le diocèse du patriarcat en Belgique dans lequel il se trouvait est indépendant de celui de France. L’évêque auxiliaire a donc eu à changer de diocèse. Ensuite parce qu’il n’y a pas eu de scrutin préliminaire. Et il représente un synode épiscopal auquel il ne participe pas réellement, ce qui est une grosse anomalie.
Mais je crois que le problème fondamental est de savoir si la consécration d’un candidat qui a été élu par le peuple représente bien un “plus” pour la vie d’une église. La longue expérience de l’histoire de l’Église répandue dans tout l’univers montre que d’innombrables débats l’ont agitée, qu’elle a connu de multiples erreurs doctrinales et surtout que bien souvent des évêques choisis parce qu’ils avaient la faveur de leur peuple se sont révélés de médiocres évêques, ou que d’autres n’étaient que le jouet de factions ou de coteries diverses. Le meilleur des pasteurs n’est pas nécessairement celui que le peuple royal se choisit. Le serait-il que le fait de devoir sa fonction pastorale a une élection ne le place pas dans une très bonne position, et il peut se sentir obligé de répondre aux souhaits de ses électeurs, ou bien il peut être objet de toutes sortes de perssions, d’hostilités et d’attaques personnelles. Il doit aussi savoir prendre ses distances par rapport à son peuple pour être un bon pasteur. Rappelons-nous qu’il y a toujours eu et qu’il y aura toujours des esprits dérangés pour faire des membres du clergé (de tous les membres du clergé) la cible d’attaques de toute sorte.
Et surtout l’évêque tient ses pouvoirs sacrés, son charisme, du don du Saint-Esprit qui lui est transmis par la succession apostolique. C’est le collège épiscopal, successeur du collège des Apôtres, qui impose les mains au futur évêque. Rappelons-nous d’ailleurs que l’évêque est considéré comme le successeur non pas d’un évêque déterminé, mais comme le successeur de l’ensemble des Douze Apôtres (ce qui relativise les prétentions de certains sièges épiscopaux à représenter plus particulièrement la tradition de tel ou tel Apôtre). Quant au triple “Axios” il est adressé à l’évêque nouvellement consacré, après l’imposition des mains par les évêques consécrateurs, et il ne constitue nullement la condition préalable de l’épiscopat. Il exprime la réception du nouvel évêque par son peuple, et l'inauguration de ses fonctions.
De plus je crois qu’il ne faut pas considérer qu’un diocèse puisse être ramené à une fédération de paroisses, et donc que l’assemblée des délégués des paroisses peut être considérée comme représentant la base d’une Église. Un chrétien doit nécessairement être membre d’une Église, c’est-à-dire que son pasteur, son maître et son juge est un évêque, que le fidèle soit clerc ou laïc, qu’il vive la vie monastique ou la vie de ce monde. Pendant très longtemps l’Église n’a connu que les assemblées eucharistiques autour de l’évêque, comme l’Apocalypse nous les représente en montrant que c’est le Fils de l’homme Lui-même qui siège (à la place où se trouve en ce monde du trône de l’évêque) entouré du presbytérium. Les communautés écartées de l’église épiscopale ne peuvent bénéficier que de lieux de culte desservis par des prêtres (on a longtemps dit des “visiteurs”) délégués par l’évêque, qui en particulier est le seul à pouvoir fixer le terme de la pénitence fixée aux pécheurs. Les paroisses sont une institution tardive, venue de l’Occident. Les diocèses de l’Église ancienne sont d’ailleurs moins étendus que ceux de l’Église d’Occident (comme on pouvait le voir jusqu’à la Révolution dans le sud de la France).
Dans l’Ancienne Alliance, le Grand Prêtre entrait une fois par an dans le Saint des saints pour prier YHWJH. Dans la Nouvelle Alliance, le Seigneur démultiplie en quelque sorte la fonction du Grand Prêtre : chaque évêque, en chaque lieu de la terre, chaque jour de l’année, peut en permanence entrer dans le sanctuaire. Il n’en est pas moins le Grand Prêtre (en grec “l’Archi-iereus”, d’où dérive le mot “hiérarchie” pour désigner le collège épiscopal. Malheureusement ce mot a pris à l’époque moderne un sens sociologique pyramidal et bureaucratique). C’est dans le sanctuaire qu’il offre le sacrifice eucharistique, qu’il consacre le saint Chrême qui confère le don de l’Esprit au nouveau baptisé, et qu’il institue les prêtres et les diacres pour le service de l’autel). Il doit toujours faire part de tout ce qu’il fait et de toutes les difficultés qu’il rencontre, au synode provincial auquel il appartient et qui seul peut le juger. Il est le Maître qui transmet la Parole de vérité, qui la commente et qui l’enseigne. Il est le Juge qui peut écarter de la communion ceux qui s’en sont rendus indignes. Il est le Médecin qui peut soigner ces pécheurs par des “métanies” appropriées (c’est-à-dire des pénitences) et réintégrer le pénitent dans la communion des fidèles, par le toucher de la main (cette “chirothésie” est à l’origine de l’absolution). C’est de l’autel unique de l’unique Assemblée eucharistique que découle tout ce qu’opère le charisme de l’évêque. Cette unicité de l’évêque est très importante, et elle s’exerce toujours dans le cadre d’un synode provincial.
En tout cas l’Église n’a jamais fonctionné comme fédération de communautés de base. L’Église n’est pas une pyramide où le pouvoir descendrait du haut vers le bas, mais ce n’est pas non plus une pyramide où le pouvoir monterait du bas vers le haut. Et de plus l’Église est en communion avec son passé (en particulier parce qu’elle hérite d’une révélation dont les canons font partie) et elle est en communion avec l’ensemble des Églises “répandues par toutes la terre”, alors qu’une structure prétendue “démocratique” isolerait chaque diocèse dans sa tour d’ivoire.
Dans ces conditions comment peut-on considérer que des délégués des paroisses puissent constituer une assemblée générale souveraine ? Comment peut-on considérer que le président constitutionnel d’une démocratie puisse être habilité à présider l’offrande eucharistique où le Verbe et Fils unique de Dieu est Celui qui offre et qui est offert ?
Dans l’Église on parlait dans ce cas en général “d’élections orales”, ou “par acclamations”. Il arrivait alors que des candidats arrivent à recruter des “supporters” suffisamment actifs pour pousser leur candidature dans une foule réunie dans une salle, ou une basilique ou même dans un cirque. L’Église n’encourageait pas une telle pratique, et il existe même un canon qui interdit les “élections orales”. L’un des derniers évêques qui ait été élu ainsi (après que les ariens aient tenté de faire des pressions) fut saint Ambroise de Milan (ce qui prouve que l’élection populaire n’était pas forcément mauvaise).
Comme de tout façon le consentement du synode provincial et en particulier du métropolitain qui le préside était nécessaire pour qu'il désigne trois évêques consécrateurs (les canons sont très explicites sur ce point), même en cas d’élection, les canons et le bon sens imposent que ce soit à ce synode que revient la tâche de prendre la décision finale.
L’Église (autocéphale) de Chypre pratique l’élection des évêques. J’aimerais savoir depuis quand et selon quelles modalités. Quelqu'un peut-il me le dire ? Mais même dans ce cas il revient au synode provincial d’accepter le choix du scrutin et de le consacrer.
Lorsque le concile local pan-russe de 1917 décida de restaurer le patriarcat qui avait été aboli deux siècles plus tôt par le tsar Pierre le Grand, il organisa une élection en trois temps: par le Concile des évêques, par l’assemblée générale (que nous pourrions qualifier de clérico-laïque) du Synode pan-russe, puis des bulletins contenant les noms des trois candidats “finaux” furent choisis par le saint-Esprit par la main d’un ascète âgé et aveugle à qui l’on avait demandé de sortir de sa réclusion. Sauf erreur de ma part le candidat désigné ainsi par le saint-Esprit n’était pas celui qui avait obtenu le maximum de suffrages. Ce fut le saint patriarche-martyr Tikhon.
Peu après, la même année, à Kiev, après le martyre du métropolite Vladimir, fut organisée la première élection populaire (probablement sur bulletins) d’un évêque. C’est ainsi qu’Antoine Khrapovitsky devint métropolite de Kiev.
Je cite ces choses de mémoire. Peut-être quelqu’un pourra-t-il me corriger ?
Dans le cas de l’Archevêché des paroisses russes en Europe occidentale, l’assemblée des délégués des paroisses a élu parmi plusieurs candidatures un évêque auxiliaire. Mais le scrutin n’a ainsi désigné qu’un candidat soumis à l’élection par le synode constantinopolitain. Ce synode ayant approuvé le choix de l’Assemblée générale, c’est lui qui a été institué par les représentants du synode constantinopolitain comme archevêque. Comme il était déjà évêque de Coumane (un diocèse historique qui ne fonctionne plus en réalité depuis fort longtemps) et évêque auxiliaire de son prédécesseur feu l’archevêque Serge, il n’y a pas eu à le consacrer évêque, il est passé du siège de Coumane au siège de l’Archevêqhé des paroisses russes d’Europe occidentale. En fait il s’occupait de la Belgique, et il a été transféré de Belgique à Paris, mais la Belgique faisait et fait toujours partie de l’Archevêché. Si le candidat élu par l’assemblée générale et approuvé par le synode constantinopolitain avait été un simple prêtre, il aurait fallu que trois évêques désignés par le synode viennent le consacrer évêque.
Dans le cas de la Métropole de France du Patriarcat oecuménique, le métropolite a été désigné par le même synode, et comme il était également évêque auxiliaire, il n’y a pas eu à le consacrer. Mais il y a des différences avec le cas précédent. D’abord parce que le diocèse du patriarcat en Belgique dans lequel il se trouvait est indépendant de celui de France. L’évêque auxiliaire a donc eu à changer de diocèse. Ensuite parce qu’il n’y a pas eu de scrutin préliminaire. Et il représente un synode épiscopal auquel il ne participe pas réellement, ce qui est une grosse anomalie.
Mais je crois que le problème fondamental est de savoir si la consécration d’un candidat qui a été élu par le peuple représente bien un “plus” pour la vie d’une église. La longue expérience de l’histoire de l’Église répandue dans tout l’univers montre que d’innombrables débats l’ont agitée, qu’elle a connu de multiples erreurs doctrinales et surtout que bien souvent des évêques choisis parce qu’ils avaient la faveur de leur peuple se sont révélés de médiocres évêques, ou que d’autres n’étaient que le jouet de factions ou de coteries diverses. Le meilleur des pasteurs n’est pas nécessairement celui que le peuple royal se choisit. Le serait-il que le fait de devoir sa fonction pastorale a une élection ne le place pas dans une très bonne position, et il peut se sentir obligé de répondre aux souhaits de ses électeurs, ou bien il peut être objet de toutes sortes de perssions, d’hostilités et d’attaques personnelles. Il doit aussi savoir prendre ses distances par rapport à son peuple pour être un bon pasteur. Rappelons-nous qu’il y a toujours eu et qu’il y aura toujours des esprits dérangés pour faire des membres du clergé (de tous les membres du clergé) la cible d’attaques de toute sorte.
Et surtout l’évêque tient ses pouvoirs sacrés, son charisme, du don du Saint-Esprit qui lui est transmis par la succession apostolique. C’est le collège épiscopal, successeur du collège des Apôtres, qui impose les mains au futur évêque. Rappelons-nous d’ailleurs que l’évêque est considéré comme le successeur non pas d’un évêque déterminé, mais comme le successeur de l’ensemble des Douze Apôtres (ce qui relativise les prétentions de certains sièges épiscopaux à représenter plus particulièrement la tradition de tel ou tel Apôtre). Quant au triple “Axios” il est adressé à l’évêque nouvellement consacré, après l’imposition des mains par les évêques consécrateurs, et il ne constitue nullement la condition préalable de l’épiscopat. Il exprime la réception du nouvel évêque par son peuple, et l'inauguration de ses fonctions.
De plus je crois qu’il ne faut pas considérer qu’un diocèse puisse être ramené à une fédération de paroisses, et donc que l’assemblée des délégués des paroisses peut être considérée comme représentant la base d’une Église. Un chrétien doit nécessairement être membre d’une Église, c’est-à-dire que son pasteur, son maître et son juge est un évêque, que le fidèle soit clerc ou laïc, qu’il vive la vie monastique ou la vie de ce monde. Pendant très longtemps l’Église n’a connu que les assemblées eucharistiques autour de l’évêque, comme l’Apocalypse nous les représente en montrant que c’est le Fils de l’homme Lui-même qui siège (à la place où se trouve en ce monde du trône de l’évêque) entouré du presbytérium. Les communautés écartées de l’église épiscopale ne peuvent bénéficier que de lieux de culte desservis par des prêtres (on a longtemps dit des “visiteurs”) délégués par l’évêque, qui en particulier est le seul à pouvoir fixer le terme de la pénitence fixée aux pécheurs. Les paroisses sont une institution tardive, venue de l’Occident. Les diocèses de l’Église ancienne sont d’ailleurs moins étendus que ceux de l’Église d’Occident (comme on pouvait le voir jusqu’à la Révolution dans le sud de la France).
Dans l’Ancienne Alliance, le Grand Prêtre entrait une fois par an dans le Saint des saints pour prier YHWJH. Dans la Nouvelle Alliance, le Seigneur démultiplie en quelque sorte la fonction du Grand Prêtre : chaque évêque, en chaque lieu de la terre, chaque jour de l’année, peut en permanence entrer dans le sanctuaire. Il n’en est pas moins le Grand Prêtre (en grec “l’Archi-iereus”, d’où dérive le mot “hiérarchie” pour désigner le collège épiscopal. Malheureusement ce mot a pris à l’époque moderne un sens sociologique pyramidal et bureaucratique). C’est dans le sanctuaire qu’il offre le sacrifice eucharistique, qu’il consacre le saint Chrême qui confère le don de l’Esprit au nouveau baptisé, et qu’il institue les prêtres et les diacres pour le service de l’autel). Il doit toujours faire part de tout ce qu’il fait et de toutes les difficultés qu’il rencontre, au synode provincial auquel il appartient et qui seul peut le juger. Il est le Maître qui transmet la Parole de vérité, qui la commente et qui l’enseigne. Il est le Juge qui peut écarter de la communion ceux qui s’en sont rendus indignes. Il est le Médecin qui peut soigner ces pécheurs par des “métanies” appropriées (c’est-à-dire des pénitences) et réintégrer le pénitent dans la communion des fidèles, par le toucher de la main (cette “chirothésie” est à l’origine de l’absolution). C’est de l’autel unique de l’unique Assemblée eucharistique que découle tout ce qu’opère le charisme de l’évêque. Cette unicité de l’évêque est très importante, et elle s’exerce toujours dans le cadre d’un synode provincial.
En tout cas l’Église n’a jamais fonctionné comme fédération de communautés de base. L’Église n’est pas une pyramide où le pouvoir descendrait du haut vers le bas, mais ce n’est pas non plus une pyramide où le pouvoir monterait du bas vers le haut. Et de plus l’Église est en communion avec son passé (en particulier parce qu’elle hérite d’une révélation dont les canons font partie) et elle est en communion avec l’ensemble des Églises “répandues par toutes la terre”, alors qu’une structure prétendue “démocratique” isolerait chaque diocèse dans sa tour d’ivoire.
Dans ces conditions comment peut-on considérer que des délégués des paroisses puissent constituer une assemblée générale souveraine ? Comment peut-on considérer que le président constitutionnel d’une démocratie puisse être habilité à présider l’offrande eucharistique où le Verbe et Fils unique de Dieu est Celui qui offre et qui est offert ?
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
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- Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13
Le meilleur livre sur la manière dont devraient fonctionner les structures canoniques de l'Eglise est sans doute le livre du prêtre Nicolas Dura, professeur à la faculté de théologie de Bucarest, publié directement en français à Bucarest en 1999 aux défuntes éditions Ametist 92: Le régime de la synodalité selon la législation canonique, conciliaire, oecuménique[/i], du Ier millénaire. Un chef d'oeuvre. Bien sûr passé sous silence. A ma connaissance, seul Jean Besse en a parlé dans une chronique du Messager orthodoxe, et seule la Lumière du Thabor ressuscitée en a publié des extraits. Impossible à trouver, malheureusement. Je l'ai eu par un ami, prêtre dans le Maramures, qui l'a déniché dans je ne sais quel dépôt de livres. Voilà comment l'on traite les grands livres. Consacrer un chapitre entier (pp. 916-982) au cas de l'ancienne Eglise d'Afrique comme exemple concret du fonctionnement d'une Eglise locale autocéphale, il fallait y penser.
L'archimandrite Dr. Grégoire Papathomas, professeur de droit canonique à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris, a eu la bonté de traduire en français la charte statutaire de l'Eglise de Chypre (1979; en vigueur depuis le 1er janvier 1980), aux pages 229-367 de son ouvrage L'Eglise autocéphale de Chypre dans l'Europe unie, Editions Epektasis, Katérini 1998. Les articles 59-62 de cette Charte organisent l'élection de l'archevêque, et l'article 63 l'élection des métropolites, qui est expressément calquée sur celle de l'archevêque.
L'archevêque de la Nouvelle Justiniana et de tout Chypre est élu en trois étapes:
a) élection des représentants spéciaux (400 par archevêché, ou 200 par diocèse, avec une répartition par paroisse qui est votée par le Saint Synode) par tous les fidèles âgés de plus de 18 ans et non frappés d'un blâme ecclésiastique; encore faut-il être inscrit sur la liste des électeurs de la paroisse depuis au moins un an. Comme il y a un archevêché et cinq métropoles sur l'île de Chypre, cela fait un total de 1'400 représentants spéciaux, soit environ 1 pour 300 fidèles.
b) élection des représentants généraux: 66 laïques et 34 clercs, élus par les représentants spéciaux.
c) élection de l'archevêque par une Assemblée électorale qui comprend les membres du Saint Synode et les évêques à la retraite; les higoumènes et les abbesses (à condition que le monastère ait au moins 5 moines ou moniales); 6 clercs de l'archevêché, dont 2 moines; les 100 représentants généraux. On constate donc que les laïques sont majoritaires dans cette Assemblée électorale.
En ce qui concerne l'élection des évêques, il y a le même système à trois degrés:
a) élection des représentants généraux selon le système décrit plus haut;
b) élection des représentants spéciaux, soit 33 laïques et 17 clercs;
c) élection de l'évêque par une Assemblée électorale qui comprend les membres du Saint Synode et les évêques à la retraite; les higoumènes et abbesses des monastères qui dépendent du siège à pourvoir, pour peu que leur monastère compte 5 moines ou moniales; 6 clercs, dont 2 moines dépendant du siège à pourvoir, 2 clercs de l'archevêché et 2 membres du clergé paroissial du diocèse; et les 50 représentants généraux.
A noter aussi que l'Eglise de Chypre a conservé l'antique institution des chorévêques.
C'est probablement le système qui associe le plus le peuple à l'élection des évêques, mais il ne faut pas oublier la situation particulière de l'Eglise de Chypre: 6 diocèses se partagent 450'000 fidèles sur quelque 7'000 kilomètres carrés. Le système me paraît difficilement transposable dans des diocèses très peuplés.
En tout cas, je préfère le système de la désignation par le synode au système de l'élection pure et simple par le peuple. Il paraît qu'au Danemark, les évêques luthériens sont désignés par des élections directes qui donnent lieu à des campagnes électorales. Et, dans le très érastien système prévu par la Constitution civile du clergé en 1790, les évêques devaient être élus par tous les citoyens actifs, y compris ceux qui n'étaient pas de la même religion!
En tout cas, le prêtre professeur Dura nous met en garde contre la tentation de réinterpréter le système d'élection des évêques dans l'Eglise ancienne en fonction des influences actuelles du protestantisme et du démocratisme (Dura, pp. 271 s.):
"Dans l'Eglise ancienne, la "communio" chrétienne ne s'est jamais identifiée à une "démocratie" de type congrégationaliste, parce que "toute la communauté de l'Eglise locale participait à l'élection de son évêque, elle n'imaginait aucunement déléguer (son pouvoir) à un président" (citation de A. de Halleux, La collégialité dans l'Eglise ancienne, dans Revue théologique de Louvain, 24, 1993, p. 435.) Par conséquent, non seulement que les deux régimes, monarchique et plébiscitaire ou parlementaire, sont chargés de connotations juridiques et politiques, et on ne les trouve jamais mentionnés ou exprimés dans les textes de la législation canonique conciliaire oecuménique du Ier millénaire, mais encore leur nature, leur contenu et leur but sont tout à fait différents du régime synodal de l'Eglise, qui a un caractère sui generis."
L'archimandrite Dr. Grégoire Papathomas, professeur de droit canonique à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris, a eu la bonté de traduire en français la charte statutaire de l'Eglise de Chypre (1979; en vigueur depuis le 1er janvier 1980), aux pages 229-367 de son ouvrage L'Eglise autocéphale de Chypre dans l'Europe unie, Editions Epektasis, Katérini 1998. Les articles 59-62 de cette Charte organisent l'élection de l'archevêque, et l'article 63 l'élection des métropolites, qui est expressément calquée sur celle de l'archevêque.
L'archevêque de la Nouvelle Justiniana et de tout Chypre est élu en trois étapes:
a) élection des représentants spéciaux (400 par archevêché, ou 200 par diocèse, avec une répartition par paroisse qui est votée par le Saint Synode) par tous les fidèles âgés de plus de 18 ans et non frappés d'un blâme ecclésiastique; encore faut-il être inscrit sur la liste des électeurs de la paroisse depuis au moins un an. Comme il y a un archevêché et cinq métropoles sur l'île de Chypre, cela fait un total de 1'400 représentants spéciaux, soit environ 1 pour 300 fidèles.
b) élection des représentants généraux: 66 laïques et 34 clercs, élus par les représentants spéciaux.
c) élection de l'archevêque par une Assemblée électorale qui comprend les membres du Saint Synode et les évêques à la retraite; les higoumènes et les abbesses (à condition que le monastère ait au moins 5 moines ou moniales); 6 clercs de l'archevêché, dont 2 moines; les 100 représentants généraux. On constate donc que les laïques sont majoritaires dans cette Assemblée électorale.
En ce qui concerne l'élection des évêques, il y a le même système à trois degrés:
a) élection des représentants généraux selon le système décrit plus haut;
b) élection des représentants spéciaux, soit 33 laïques et 17 clercs;
c) élection de l'évêque par une Assemblée électorale qui comprend les membres du Saint Synode et les évêques à la retraite; les higoumènes et abbesses des monastères qui dépendent du siège à pourvoir, pour peu que leur monastère compte 5 moines ou moniales; 6 clercs, dont 2 moines dépendant du siège à pourvoir, 2 clercs de l'archevêché et 2 membres du clergé paroissial du diocèse; et les 50 représentants généraux.
A noter aussi que l'Eglise de Chypre a conservé l'antique institution des chorévêques.
C'est probablement le système qui associe le plus le peuple à l'élection des évêques, mais il ne faut pas oublier la situation particulière de l'Eglise de Chypre: 6 diocèses se partagent 450'000 fidèles sur quelque 7'000 kilomètres carrés. Le système me paraît difficilement transposable dans des diocèses très peuplés.
En tout cas, je préfère le système de la désignation par le synode au système de l'élection pure et simple par le peuple. Il paraît qu'au Danemark, les évêques luthériens sont désignés par des élections directes qui donnent lieu à des campagnes électorales. Et, dans le très érastien système prévu par la Constitution civile du clergé en 1790, les évêques devaient être élus par tous les citoyens actifs, y compris ceux qui n'étaient pas de la même religion!
En tout cas, le prêtre professeur Dura nous met en garde contre la tentation de réinterpréter le système d'élection des évêques dans l'Eglise ancienne en fonction des influences actuelles du protestantisme et du démocratisme (Dura, pp. 271 s.):
"Dans l'Eglise ancienne, la "communio" chrétienne ne s'est jamais identifiée à une "démocratie" de type congrégationaliste, parce que "toute la communauté de l'Eglise locale participait à l'élection de son évêque, elle n'imaginait aucunement déléguer (son pouvoir) à un président" (citation de A. de Halleux, La collégialité dans l'Eglise ancienne, dans Revue théologique de Louvain, 24, 1993, p. 435.) Par conséquent, non seulement que les deux régimes, monarchique et plébiscitaire ou parlementaire, sont chargés de connotations juridiques et politiques, et on ne les trouve jamais mentionnés ou exprimés dans les textes de la législation canonique conciliaire oecuménique du Ier millénaire, mais encore leur nature, leur contenu et leur but sont tout à fait différents du régime synodal de l'Eglise, qui a un caractère sui generis."
Apparemment la réponses de Jean-Louis palierne et celle de Grégoire Papathomas relatée par Claude semblent bien contradictoires.
Le fidèle orthodoxe est confronté en France à deux types d'écclésiologie bien différentes en ce qui concerne l'accession au siège épiscopal. Et on ne saurait lui interdire de se poser les questions légitimes que cela entraîne et on ne saurait lui interdire de consulter les textes afin de s'assurer de la canonicité de la juridiction qu'il est de fait obliger de choisir.
Lors de l'assemblée clérico-laïque, ayant à approuver les statuts de la métropole grecque en France, j'y ai relevé les articles qui enterrinaient la nomination de l'Evêque par le patriarcat de Constantinople et posé la question de leur conformité avec les canons. La question subsiste toujours sans réponse bien sûr. Ce qui laisse penser qu'elle est très gênante et qu'elle met le doigt sur une incompatibilité, alors qu'une bonne explication aurait levé les doutes.
Aujourd'hui j'y rajoute également celle de la présidence de l'assemblée des évêques. Est-il normal que cette présidence revienne de droit à l'évêque de la métropole grecque?
Si l'Eglise locale n'est pas un leurre périodique, ne serait-il pas nécessaire que cela commençât par une harmonisation des conditions à l'épiscopat sur le territoire de France? Et si l'assemblée des évêques souhaite être les prémices de ce que serait le synode d'une Eglise Orthodoxe en France, ne serait-il pas bénéfique qu'elle disposât de l'autonomie de se choisir elle-même un président?
Il se trouve qu'aujourd'hui c'est l'évêque Emmanuel qui est parachuté en France et demain ce sera un autre. La personne de l'Evêque même n'est donc pas atteinte, c'est le fonctionnement écclésiologique qui est en cause. Et il me semble à moi simple fidèle que cette question doit recevoir une réponse canonique plutôt que le silence de l'autoritarisme ou toute autre menace, même si cela devait entraîner un changement radical dans les relations avec le patriarcat.
Il est dommage que les orthodoxes Français soient toujours pris en otage dans les différentes juridictions et soient considérés comme des étrangers dans leur propre pays du seul fait qu'ils embrassent la vrai foi de la seule et unique véritable Eglise du Christ qu'est l'Eglise orthodoxe.
La réponse "allez voir ailleurs " quand se pose la question de la langue ou de la représentativité ecclésiologique ne me semble pas justifiée. Si l'Orthodoxie en France ne tient pas compte des Français et de la francisation des générations successives qui ne parlent plus la langue maternelle de leurs ancêtres, elle va droit à sa propre extinction.
Si elle continue de se revendiquer face aux autorités romaines comme une simple Eglise de populations d'immigrés elle renonce alors à sa catholicité et à son identité même d'Eglise.
Elle doit donc s'enraciner canoniquement sur le territoire faute de faillir à sa missionarité.
Le fidèle orthodoxe est confronté en France à deux types d'écclésiologie bien différentes en ce qui concerne l'accession au siège épiscopal. Et on ne saurait lui interdire de se poser les questions légitimes que cela entraîne et on ne saurait lui interdire de consulter les textes afin de s'assurer de la canonicité de la juridiction qu'il est de fait obliger de choisir.
Lors de l'assemblée clérico-laïque, ayant à approuver les statuts de la métropole grecque en France, j'y ai relevé les articles qui enterrinaient la nomination de l'Evêque par le patriarcat de Constantinople et posé la question de leur conformité avec les canons. La question subsiste toujours sans réponse bien sûr. Ce qui laisse penser qu'elle est très gênante et qu'elle met le doigt sur une incompatibilité, alors qu'une bonne explication aurait levé les doutes.
Aujourd'hui j'y rajoute également celle de la présidence de l'assemblée des évêques. Est-il normal que cette présidence revienne de droit à l'évêque de la métropole grecque?
Si l'Eglise locale n'est pas un leurre périodique, ne serait-il pas nécessaire que cela commençât par une harmonisation des conditions à l'épiscopat sur le territoire de France? Et si l'assemblée des évêques souhaite être les prémices de ce que serait le synode d'une Eglise Orthodoxe en France, ne serait-il pas bénéfique qu'elle disposât de l'autonomie de se choisir elle-même un président?
Il se trouve qu'aujourd'hui c'est l'évêque Emmanuel qui est parachuté en France et demain ce sera un autre. La personne de l'Evêque même n'est donc pas atteinte, c'est le fonctionnement écclésiologique qui est en cause. Et il me semble à moi simple fidèle que cette question doit recevoir une réponse canonique plutôt que le silence de l'autoritarisme ou toute autre menace, même si cela devait entraîner un changement radical dans les relations avec le patriarcat.
Il est dommage que les orthodoxes Français soient toujours pris en otage dans les différentes juridictions et soient considérés comme des étrangers dans leur propre pays du seul fait qu'ils embrassent la vrai foi de la seule et unique véritable Eglise du Christ qu'est l'Eglise orthodoxe.
La réponse "allez voir ailleurs " quand se pose la question de la langue ou de la représentativité ecclésiologique ne me semble pas justifiée. Si l'Orthodoxie en France ne tient pas compte des Français et de la francisation des générations successives qui ne parlent plus la langue maternelle de leurs ancêtres, elle va droit à sa propre extinction.
Si elle continue de se revendiquer face aux autorités romaines comme une simple Eglise de populations d'immigrés elle renonce alors à sa catholicité et à son identité même d'Eglise.
Elle doit donc s'enraciner canoniquement sur le territoire faute de faillir à sa missionarité.
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- Messages : 4369
- Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13
Le texte de l'archimandrite Grégoire Papathomas n'est une réponse à celui de Jean-Louis Palierne que dans la mesure où Jean-Louis Palierne avait demandé des précisions sur l'élection des évêques dans l'Eglise de Chypre.
Ce n'est d'ailleurs même pas un texte de Mgr Grégoire Papathomas: c'est la traduction de la charte d'organisation de l'Eglise de Chypre.
Je me suis contenté de reproduire le texte qui répond directement à la question de Jean-Louis Palierne à propos de Chypre.
Mon opinion personnelle, que j'ai dite dans ce message, est que ce qui vaut pour Chypre est difficilement transposable ailleurs.
Ce n'est d'ailleurs même pas un texte de Mgr Grégoire Papathomas: c'est la traduction de la charte d'organisation de l'Eglise de Chypre.
Je me suis contenté de reproduire le texte qui répond directement à la question de Jean-Louis Palierne à propos de Chypre.
Mon opinion personnelle, que j'ai dite dans ce message, est que ce qui vaut pour Chypre est difficilement transposable ailleurs.
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- Messages : 1044
- Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02
En fait j'ai beaucoup collaboré avec le père Grigorios pour la rédaction de sa thèse (et de celles de quelques autres grecs et serbes...). C'est une de mes spécialités connues sur le marché parisien. Mais ma question ne portait pas sur le texte qui réglemente les élections épiscopales, mais je me demandais comment cela fonctionne en pratique. Y a-t-il beaucoup de candidats, et de candidats sérieux ? Y a-t-il des élections réellement disputées (je connais au moins un candidat évincé). Y a-t-il des conflits de tendances ?
J'ai l'habitude de me méfier du seul usage des textes juridiques pour décrire une situation complexe.
J'ai l'habitude de me méfier du seul usage des textes juridiques pour décrire une situation complexe.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
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- Messages : 4369
- Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13
Excusez-moi, je pensais que c'était ce règlement qui vous intéressait.
Je persiste cependant à penser qu'il était intéressant de mettre à la disposition des lecteurs de ce forum le règlement de ce processus de désignation des évêques complexe et marqué par une recherche de l'équilibre.
Que Mgr Grégoire Papathomas soit remercié d'avoir mis à la disposition du public francophone les textes fondamentaux d'organisation du Patriarcat oecuménique, du Mont Athos, de l'Eglise de Grèce et de l'Eglise de Chypre.
Il me semble que, dans la même collection nomocanonique, on doit publier, ou on a déjà publié, des volumes sur l'Eglise d'Estonie et sur la métropole grec-orthodoxe de France.
Pour ce qui est de la réalité de ce processus électoral à Chypre, il me semble que l'élection du primat est disputée. Je ne sais rien à propos de l'élection des métropolites.
Je persiste cependant à penser qu'il était intéressant de mettre à la disposition des lecteurs de ce forum le règlement de ce processus de désignation des évêques complexe et marqué par une recherche de l'équilibre.
Que Mgr Grégoire Papathomas soit remercié d'avoir mis à la disposition du public francophone les textes fondamentaux d'organisation du Patriarcat oecuménique, du Mont Athos, de l'Eglise de Grèce et de l'Eglise de Chypre.
Il me semble que, dans la même collection nomocanonique, on doit publier, ou on a déjà publié, des volumes sur l'Eglise d'Estonie et sur la métropole grec-orthodoxe de France.
Pour ce qui est de la réalité de ce processus électoral à Chypre, il me semble que l'élection du primat est disputée. Je ne sais rien à propos de l'élection des métropolites.
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- Messages : 1044
- Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02
Je voudrais revenir sur cette question de l'élection épiscopale.
Les canons de l’Église sont formels et unanimes pour affirmer que c’est au synode provincial (usuellement on dit métropolitain) réuni sous la présidence de son président (qui doit être l’évêque de la métropole de cette province, autrement dit le métropolite) d’élire l’évêque qui doit présider à chacune des Églises locales faisant partie de cette province. Le synode devrait normalement se réunir à nouveau (en pratique il envoie presque toujours une délégation d’au moins trois membres) au siège de cette Église locale pour procéder à l’institution de ce nouvel évêque en lui imposant les mains dans le sanctuaire (c’est la chirononie) durant l’anaphore eucharistique; l’instant d’avant il n’était qu’un prêtre célébrant avec les évêques, sous la présidence du métropolite ou de son délégué. L’instant d’après il devient l’évêque du lieu, et celui qui présidait lui transmet la présidence de la suite de la Liturgie.
Le problème discuté est celui de la procédure de choix du futur évêque, choix dont la responsabilité finale reste au Synode sous la présidence du métropolitain. Les canons de l’Église prévoient un long processus pour la promotion très progressive du clergé : un homme doit d’abord être ordonné par un évêque (par toucher d’une main hors du sanctuaire, c’est la chirothésie) lecteur, puis sous-diacre, et il appartient désormais à cet évêque, à moins que celui-ci l’autorise à changer de diocèse ; à 25 ans il peut être ordonné diacre (c’est la première chirotonie, faite par un seul évêque) et prêtre à 30 ans. Il devrait demeurer un certain temps à chaque étape, afin que l’évêque puisse observer sa conduite. Comme il doit choisir avant le diaconat de se marier ou non, les délais d’attente permettent aussi d’observer d’observer les débuts de sa vie familiale, et dans nos sociétés modernes cela implique aussi d’observer son cursus universitaire, ses débuts professionnels, son installation pratique etc... Quant au choix d’un candidat à l’épiscopat, il doit se faire parmi les prêtres non-mariés. On a donc largement eu le temps d’observer comment ils ont su vivre dans l’Église, comment ils sont acceptés et appréciés, comment ils ont su faire face aux inévitables débats internes, disciplinaires et doctrinaux, comment ils ont sû prêcher et enseigner, etc... Comment ils ont su affronter les incontournables difficultés paroissiales et missionnaires...
Nous n’avons aucune trace de l’intervention d’un processus électoral dans les premières communautés de l’Église ancienne. Non seulement la fonction épiscopale n’est pas quelque chose qui peut être délégué par le peuple, mais si l’évêque était l’élu de certains (et non de certains autres) il serait impliqué dans les clivages internes à la communauté, et mal placé pour les arbitrer. Je pense qu’il n’y a rien à gagner à s’imaginer qu’un processus démocratique apporterait une amélioration de la vie de l’Église.
Tout au contraire je pense que l’utopie “congrégationaliste” (je n’osais pas utiliser ce terme dans un club d’orthodoxes, merci à Claude d’avoir cité de Halleux qui l’utilise) fasse partie de l’Orthodoxie. car le congrégationalisme introduit l’idée qu’un groupe puisse être porteur de valeurs particulières et qu’il doit militer pour défendre ces valeurs qui lui sont propres. Il implique également que tout instant de la prière commune doit être porté collectivement par la réunion des prières individuelles de tous les membres de la congrégation. C’est ce qu’on voit dans certaines paroisses modernistes de Paris. Ni le congrégationalisme ni les processus démocratiques ne créent la communion.
Bien entendu le synode provincial, dans son choix d’un futur évêque, peut parfaitement tenir compte des souhaits exprimé par “la base”. Il peut même organiser une consultation. C’est le cas de l’Église de Chypre. Si l’on veut bien observer exactement la tradition canonique de l’Église orthodoxe, aucun synode provincial ne devrait jamais être lié par une telle procédure. De plus les décisions d’un synode devraient toujours être prises exclusivement en dernier ressort par les évêques membres. C’est le charisme épiscopal qui est l’expression du saint Esprit, qui n’abandonne jamais l’Église orthodoxe.
On peut dire qu’à notre époque aucune Église locale ne suit intégralement et fidèlement les canons de sa Tradition. Il y a partout des entorses, même si ce ne sont pas partout les mêmes. Il faut à la fois regarder ce qui se passe avec attention et réalisme, et étudier la Tradition..
Mais je crois qu’il faut éviter de tomber dans le piège de cette idéologie moderniste courant dans l’Église russe en occidentale, qui nie en fait la fonction épiscopale et fait passer le congrégationalisme sous le couvert d’un revendication “d’Église locale”. Il n’est pas fortuit que ce soit les mêmes qui veulent abattre les iconostases, développer les œuvres sociales, faire entrer les petites filles dans le sanctuaire, etc. Faut-il transformer l’Église en un mouvement en faveur des relations sociales ? L’Église a beaucoup fait pour changer la vie. Elle a en réalité créé une véritable civilisation (en fait la véritable civilisation). Mais ce n’est pas en publiant un programme de fraternisation. Il lui suffit de prêcher le salut apporté par le Christ.
Il y a là une véritable menace de sécularisation. Ce n’est pas une réponse au défi missionnaire, ce n’est pas ce que cherchent les occidentaux lorsqu’ils regardent vers l’Orthodoxie, comme le montre du reste leur préférence pour les communautés créées par les autres juridictions.
Les canons de l’Église sont formels et unanimes pour affirmer que c’est au synode provincial (usuellement on dit métropolitain) réuni sous la présidence de son président (qui doit être l’évêque de la métropole de cette province, autrement dit le métropolite) d’élire l’évêque qui doit présider à chacune des Églises locales faisant partie de cette province. Le synode devrait normalement se réunir à nouveau (en pratique il envoie presque toujours une délégation d’au moins trois membres) au siège de cette Église locale pour procéder à l’institution de ce nouvel évêque en lui imposant les mains dans le sanctuaire (c’est la chirononie) durant l’anaphore eucharistique; l’instant d’avant il n’était qu’un prêtre célébrant avec les évêques, sous la présidence du métropolite ou de son délégué. L’instant d’après il devient l’évêque du lieu, et celui qui présidait lui transmet la présidence de la suite de la Liturgie.
Le problème discuté est celui de la procédure de choix du futur évêque, choix dont la responsabilité finale reste au Synode sous la présidence du métropolitain. Les canons de l’Église prévoient un long processus pour la promotion très progressive du clergé : un homme doit d’abord être ordonné par un évêque (par toucher d’une main hors du sanctuaire, c’est la chirothésie) lecteur, puis sous-diacre, et il appartient désormais à cet évêque, à moins que celui-ci l’autorise à changer de diocèse ; à 25 ans il peut être ordonné diacre (c’est la première chirotonie, faite par un seul évêque) et prêtre à 30 ans. Il devrait demeurer un certain temps à chaque étape, afin que l’évêque puisse observer sa conduite. Comme il doit choisir avant le diaconat de se marier ou non, les délais d’attente permettent aussi d’observer d’observer les débuts de sa vie familiale, et dans nos sociétés modernes cela implique aussi d’observer son cursus universitaire, ses débuts professionnels, son installation pratique etc... Quant au choix d’un candidat à l’épiscopat, il doit se faire parmi les prêtres non-mariés. On a donc largement eu le temps d’observer comment ils ont su vivre dans l’Église, comment ils sont acceptés et appréciés, comment ils ont su faire face aux inévitables débats internes, disciplinaires et doctrinaux, comment ils ont sû prêcher et enseigner, etc... Comment ils ont su affronter les incontournables difficultés paroissiales et missionnaires...
Nous n’avons aucune trace de l’intervention d’un processus électoral dans les premières communautés de l’Église ancienne. Non seulement la fonction épiscopale n’est pas quelque chose qui peut être délégué par le peuple, mais si l’évêque était l’élu de certains (et non de certains autres) il serait impliqué dans les clivages internes à la communauté, et mal placé pour les arbitrer. Je pense qu’il n’y a rien à gagner à s’imaginer qu’un processus démocratique apporterait une amélioration de la vie de l’Église.
Tout au contraire je pense que l’utopie “congrégationaliste” (je n’osais pas utiliser ce terme dans un club d’orthodoxes, merci à Claude d’avoir cité de Halleux qui l’utilise) fasse partie de l’Orthodoxie. car le congrégationalisme introduit l’idée qu’un groupe puisse être porteur de valeurs particulières et qu’il doit militer pour défendre ces valeurs qui lui sont propres. Il implique également que tout instant de la prière commune doit être porté collectivement par la réunion des prières individuelles de tous les membres de la congrégation. C’est ce qu’on voit dans certaines paroisses modernistes de Paris. Ni le congrégationalisme ni les processus démocratiques ne créent la communion.
Bien entendu le synode provincial, dans son choix d’un futur évêque, peut parfaitement tenir compte des souhaits exprimé par “la base”. Il peut même organiser une consultation. C’est le cas de l’Église de Chypre. Si l’on veut bien observer exactement la tradition canonique de l’Église orthodoxe, aucun synode provincial ne devrait jamais être lié par une telle procédure. De plus les décisions d’un synode devraient toujours être prises exclusivement en dernier ressort par les évêques membres. C’est le charisme épiscopal qui est l’expression du saint Esprit, qui n’abandonne jamais l’Église orthodoxe.
On peut dire qu’à notre époque aucune Église locale ne suit intégralement et fidèlement les canons de sa Tradition. Il y a partout des entorses, même si ce ne sont pas partout les mêmes. Il faut à la fois regarder ce qui se passe avec attention et réalisme, et étudier la Tradition..
Mais je crois qu’il faut éviter de tomber dans le piège de cette idéologie moderniste courant dans l’Église russe en occidentale, qui nie en fait la fonction épiscopale et fait passer le congrégationalisme sous le couvert d’un revendication “d’Église locale”. Il n’est pas fortuit que ce soit les mêmes qui veulent abattre les iconostases, développer les œuvres sociales, faire entrer les petites filles dans le sanctuaire, etc. Faut-il transformer l’Église en un mouvement en faveur des relations sociales ? L’Église a beaucoup fait pour changer la vie. Elle a en réalité créé une véritable civilisation (en fait la véritable civilisation). Mais ce n’est pas en publiant un programme de fraternisation. Il lui suffit de prêcher le salut apporté par le Christ.
Il y a là une véritable menace de sécularisation. Ce n’est pas une réponse au défi missionnaire, ce n’est pas ce que cherchent les occidentaux lorsqu’ils regardent vers l’Orthodoxie, comme le montre du reste leur préférence pour les communautés créées par les autres juridictions.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
paliernejl@wanadoo.fr
Je constate simplement qu'il y a en France divers processus dans le choix d'un évêque. Le fonctionnement de Daru, du diocèse Roumain , de la métropole grecque sont différents.
La participation du peuple royal dans les préliminaires aux choix final qui revient au synode me semble important. Maintenant sous quelle forme cette participation doit s'exercer je n'en sais rien. Elle doit s'exercer sans doute. Et l'évêque Emmanuel peut sans doute apporter des modifications qui prennent en compte le peuple royal. il a d'ailleurs parmi ses conseillers un canoniste distingué.
Ecarter le peuple royal de ce processus me semble une négation de la conciliarité dans l'Eglise. La présence du peuple royal n'est-elle pas nécessaire pour qu'une liturgie puisse se dérouler?
Alors ne diluons pas la question avec une sauce à l'abattage d' iconostases, parfumée à l'œuvre sociale et décorée à l'entrée de petites filles dans le sanctuaire. Ma question était précise et ne mérite pas que l'auteur en soit suspecté de congrégationisme, modernisme ou autre.
Si les réponses apportées par Claude ne concernent que des épiphénomènes dans l'Eglise et des spécificités locales et bien circonscrites sans aucun intérêt alors il n'y a pas lieu d' en faire une thèse sauf pour en soulever l'anomalie; En revanche si elles ont un tant soit peu de portée universelle alors ma question relative à la métropole grecque se justifie pleinement.
Vous même Jean Louis ne vous êtes pas privé de faire un certain nombre de critiques dans votre livre dont le simple titre "Mais où donc se cache l'Eglise orthodoxe" est déjà en soi un sacré reproche.
La participation du peuple royal dans les préliminaires aux choix final qui revient au synode me semble important. Maintenant sous quelle forme cette participation doit s'exercer je n'en sais rien. Elle doit s'exercer sans doute. Et l'évêque Emmanuel peut sans doute apporter des modifications qui prennent en compte le peuple royal. il a d'ailleurs parmi ses conseillers un canoniste distingué.
Ecarter le peuple royal de ce processus me semble une négation de la conciliarité dans l'Eglise. La présence du peuple royal n'est-elle pas nécessaire pour qu'une liturgie puisse se dérouler?
Alors ne diluons pas la question avec une sauce à l'abattage d' iconostases, parfumée à l'œuvre sociale et décorée à l'entrée de petites filles dans le sanctuaire. Ma question était précise et ne mérite pas que l'auteur en soit suspecté de congrégationisme, modernisme ou autre.
Si les réponses apportées par Claude ne concernent que des épiphénomènes dans l'Eglise et des spécificités locales et bien circonscrites sans aucun intérêt alors il n'y a pas lieu d' en faire une thèse sauf pour en soulever l'anomalie; En revanche si elles ont un tant soit peu de portée universelle alors ma question relative à la métropole grecque se justifie pleinement.
Vous même Jean Louis ne vous êtes pas privé de faire un certain nombre de critiques dans votre livre dont le simple titre "Mais où donc se cache l'Eglise orthodoxe" est déjà en soi un sacré reproche.
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- Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02
Il y a en France des filiales locales d’à peu près toutes les Églises nationales des pays de tradition orthodoxe, celles qui ont été récemment libérées de la domination communiste, plus le patriarcat d’Antioche. Elles cherchent toutes à regrouper leurs émigrations respectives, qui ne se sont pas toujours laissé aisément re-chapauter par les Églises nationales, dont elles critiquait le comportement dans le passé récent. Ce processus même n’est pas complètement terminé : les roumains par exemple, sans parler de l’Église russe hors frontières.
L’Église grecque a passé la main en 1922 au Patriarcat œcuménique. Celui-ci est le seul à prétendre être supra-ethnique, universel, mais il ne réussit guère à se faire respecter par les communautés grecques de l’émigration (ex. des USA et de l’Australie). En Europe, seul le diocèse de Belgique joue résolument et franchement la carte de l’implantation locale. Pas la métropole de France, qui a seulement imposé aux paroisses (sauf la cathédrale) d’introduire un peu d’usage de la langue française. D’autre part le Patriarcat œcuménique est gouverné par un Synode qui n’a de local que l’apparence. Il s’agit en fait de la réunion de quelques fonctionnaires du Phanar qu’on a ordonnés évêques, mais qui n’exercent pas leurs fonctions, et d’ailleurs n’en ont pas le droit. Jusqu’à très récemment, ils étaient complétés par deux évêques chargés des îles d’Imbros et Tenedos, où la minorité grecque est “protégée” (ou prisonnière) en application des accords de Lausanne (1920 ?). Compte tenu de la taille des îles et de la population grecque résiduelle qui y vit, ce sont plutôt des évêques de paroisses.
C’est je crois l’année dernière que le Patriarcat œcuménique a pris la résolution révolutionnaire d’ajouter à ce Synode l’archevêque du diocèse grec d’Amérique et celui d’Australie. Je ne vois pas bien comment on peut définir une Église locale qui comprend Constantinople + les USA + l’Australie. Par contre le patriarcat œcuménique ne fait rien en faveur des très nombreux fidèles orthodoxes qui vivent maintenant à Istanbul et à Ankara, mais qui ont le malheur d’être d’origine russe, roumaine, géorgienne, bulgare, serbe... Car la vague des émigrations des pays de l’Europe de l’Est touche aussi la Turquie, et à Ankara on peut prendre un taxi géorgien ou aller chez un médecin russe, ou faire des affaires avec des moldaves. J’ai même entendu dire qu’à Istanbul aujourd’hui il y a plus d’orthodoxes que sous l’empire byzantin.
Je crois que tous ces évêques des Églises ethniques ont été parachutés. Ils ont simplement été choisis en raison de leur connaissance du Français (et encore pas tous). D’autre part les Églises ethniques ne cherchent pas seulement à encadrer leurs émigrations. Elles veulent aussi récupérer les bâtiments, les reliques et les icônes qui leur avaient appartenu jadis. Enfin elles attachent beaucoup de prix à avoir une présence en Europe occidentale parallèle à celle des ambassades de leurs pays.
Bien entendu en France les relations entre les fidèles et les clergés des différentes émigrations sont extrêmement froides. Entendu un jour où une russe faisait à 70 ans sa première visite dans la paroisse grecque à côté de son domicile : Ah tiens! il y a aussi des tons en grec ? Entendu dans la bouche d’une étudiante grecque farouchement nationaliste : vous êtes Français ? Allez chez les Russes ! Puis quelques minutes plus tard : Quand je veux prier, je vais chez les Russes. Là-bas, il y a plus d’ambiance.
Tout cela nous montre un triste visage des petitesses présentes du monde orthodoxe. Il s’agit de l’application d’un principe ethno-phylétiste, condamné par l’Orthodoxie. Et ces Églises ne semblent avoir aucune conscience de ce que pourrait être leur tâche missionnaire en Europe. À l’exception peut-être de l’Église de Roumanie. Toutes d’autre part bafouent sans vergogne un principe fondamental de l’organisation canonique de l’Église qui est que dans une ville donnée il ne peut y avoir qu’un seul évêque.
Mais l’Europe occidentale compte aussi une communauté très différente des précédentes. C’est l’Archevêché des paroisses russes, ce que nous appelons couramment “la rue Daru”. Je ne prétends pas faire ici l’histoire très complexe et mouvementée de cette Église. Mais il faut noter que dès les origines cette communauté a été très marquée par l’influence du groupe moderniste de l’intelligentsia russe. On ne peut passer ce fait sous silence, car il est aussi lourd de conséquences que l’ethno-phylétisme.
J’ai sous les yeux un texte présenté au récent Congrès de la Fraternité à Saint Leurent sur Sèvre. Il est caractéristique que les propositions d’amélioration commencent par une proposition d’ouverture des assemblées diocésaines ou clérico-laïques de chaque juridiction à des représentants des autres juridictions, et pour aller plus loin, « orgeniser une assemblée orthodoxe avec des représentants clercs et laïcs de chaque communauté » Certes les épiscopats des Églises nationales ont catégoriquement manifesté leur opposition à la création de structures non-etniques, et le texte que je cite a raison de rappeler ces tristes prises de position. Mais peut-on bâtir l’Église sans évêque ? Toute la suite de l’exposé montre ce que pourrait être une Église d’un nouveau type.
« La fin de la période de chrétienté est aussi la fin d'une certaine forme de vie ecclésiale : les communautés sont désormais plus ramassées, fondées sur l'entraide, présidées par des prêtres, hommes mariés, chefs de famille ayant un emploi compatible avec leur sacerdoce et assumant, avec une équipe de laïcs, l'animation de la vie communautaire, chacun avec ses charismes. […] Ceci passe par l'approfondissement de la réflexion sur la nature de la fonction sacerdotale encore largement marquée chez nous par les temps de chrétienté, où les prêtres constituaient une catégorie à part, même une catégorie sociale particulière dans la Russie impériale. »
Le rapport voudrait… « une liturgie dépouillée qui respire, fidèle mais adaptée aux conditions du XXIème siècle. Ceci implique une réflexion approfondie et un travail ecclésial sur la liturgie. Aussi étrange que cela puisse paraître, il n' y a pas eu de réflexion véritable à ma connaissance sur la vie liturgique d'une communauté en zone urbaine destinée à des travailleurs citadins ayant une famille. Le rythme liturgique actuel est adapté à la vie monastique. »
« La situation particulière de micro minorité dans laquelle nous sommes en Europe Occidentale nous rend d'une certaine façon détachés d'une certaine réalité sociale : nous accueillons peu de ce que l'on appelle les "exclus", le malheureux, les SDF. Ceux qui se tournent vers nous sont des étrangers, le plus souvent à la recherche d'une insertion cahotante dans nos sociétés riches. Nous les recevons difficilement, avec crainte et méfiance. Or, le sacrement du frère est l'autre face indissociable du sacrement de l'autel, de l'Eucharistie et de la prière liturgique. »
Je suis tout à fait convaincu que ces lignes ont été écrites dans un très profond et très authentique esprit de générosité. Mais il me rappelle vraiment trop cet esprit d’engagement social auquel tant de néo-catholiques des temps récents consacraient tant d’efforts (j’en étais) au point d’y perdre toute sensibilité spirituelle, tout sens du sacré. Et qu’on ne vienne pas nous dire que ce souci de rénover l’Orthodoxie vient d’une ouverture missionnaire, d’un sens de l’Église locale. Ce que tant d’occidentaux viennent chercher aujourd’hui dans l’Orthodoxie, c’est le sens du sacré, le goût de la prière, l’école de l’ascèse. Ils n’éprouvent pas tant de honte à se retrouver dans une Église un peu “décalée”.
Cela dit, il reste absolument évident que les hiérarchies des Églises “nationales” ont totalement tort de refuser la création en Occident d’Églises locales pluri-ethniques. Mais ce n’est pas une raison pour leur opposer un projet d’Église “associative”, qui n’apporte aucune réponse réelle au problème posé, tout en tentant de relancer l’œcuménisme. Regardez ce qu’ont fait certaines communautés d’origine catholique cherchant à se rapprocher de l’esprit et de l’enseignement de l’Orthodoxie (par exemple la communauté de la Théophanie). Ce qu’elles tentaient de construire, alors qu’elles se croyaient libres de toute contrainte, était-ce quelque chose du genre de ce que propose le projet moderniste de la Fraternité ? Non. Le projet de la Fraternité ressemble beaucoup plus à ce que font (et je crois parfois très bien) certaines paroisses réformées -- à part bien sûr la Liturgie. Je crois donc que j’avais raison de dire que le modernisme est un protestantisme de rite oriental.
Une fois de plus je constate que la pierre de touche est la conception du rôle de l’évêque dans l’Église.
L’Église grecque a passé la main en 1922 au Patriarcat œcuménique. Celui-ci est le seul à prétendre être supra-ethnique, universel, mais il ne réussit guère à se faire respecter par les communautés grecques de l’émigration (ex. des USA et de l’Australie). En Europe, seul le diocèse de Belgique joue résolument et franchement la carte de l’implantation locale. Pas la métropole de France, qui a seulement imposé aux paroisses (sauf la cathédrale) d’introduire un peu d’usage de la langue française. D’autre part le Patriarcat œcuménique est gouverné par un Synode qui n’a de local que l’apparence. Il s’agit en fait de la réunion de quelques fonctionnaires du Phanar qu’on a ordonnés évêques, mais qui n’exercent pas leurs fonctions, et d’ailleurs n’en ont pas le droit. Jusqu’à très récemment, ils étaient complétés par deux évêques chargés des îles d’Imbros et Tenedos, où la minorité grecque est “protégée” (ou prisonnière) en application des accords de Lausanne (1920 ?). Compte tenu de la taille des îles et de la population grecque résiduelle qui y vit, ce sont plutôt des évêques de paroisses.
C’est je crois l’année dernière que le Patriarcat œcuménique a pris la résolution révolutionnaire d’ajouter à ce Synode l’archevêque du diocèse grec d’Amérique et celui d’Australie. Je ne vois pas bien comment on peut définir une Église locale qui comprend Constantinople + les USA + l’Australie. Par contre le patriarcat œcuménique ne fait rien en faveur des très nombreux fidèles orthodoxes qui vivent maintenant à Istanbul et à Ankara, mais qui ont le malheur d’être d’origine russe, roumaine, géorgienne, bulgare, serbe... Car la vague des émigrations des pays de l’Europe de l’Est touche aussi la Turquie, et à Ankara on peut prendre un taxi géorgien ou aller chez un médecin russe, ou faire des affaires avec des moldaves. J’ai même entendu dire qu’à Istanbul aujourd’hui il y a plus d’orthodoxes que sous l’empire byzantin.
Je crois que tous ces évêques des Églises ethniques ont été parachutés. Ils ont simplement été choisis en raison de leur connaissance du Français (et encore pas tous). D’autre part les Églises ethniques ne cherchent pas seulement à encadrer leurs émigrations. Elles veulent aussi récupérer les bâtiments, les reliques et les icônes qui leur avaient appartenu jadis. Enfin elles attachent beaucoup de prix à avoir une présence en Europe occidentale parallèle à celle des ambassades de leurs pays.
Bien entendu en France les relations entre les fidèles et les clergés des différentes émigrations sont extrêmement froides. Entendu un jour où une russe faisait à 70 ans sa première visite dans la paroisse grecque à côté de son domicile : Ah tiens! il y a aussi des tons en grec ? Entendu dans la bouche d’une étudiante grecque farouchement nationaliste : vous êtes Français ? Allez chez les Russes ! Puis quelques minutes plus tard : Quand je veux prier, je vais chez les Russes. Là-bas, il y a plus d’ambiance.
Tout cela nous montre un triste visage des petitesses présentes du monde orthodoxe. Il s’agit de l’application d’un principe ethno-phylétiste, condamné par l’Orthodoxie. Et ces Églises ne semblent avoir aucune conscience de ce que pourrait être leur tâche missionnaire en Europe. À l’exception peut-être de l’Église de Roumanie. Toutes d’autre part bafouent sans vergogne un principe fondamental de l’organisation canonique de l’Église qui est que dans une ville donnée il ne peut y avoir qu’un seul évêque.
Mais l’Europe occidentale compte aussi une communauté très différente des précédentes. C’est l’Archevêché des paroisses russes, ce que nous appelons couramment “la rue Daru”. Je ne prétends pas faire ici l’histoire très complexe et mouvementée de cette Église. Mais il faut noter que dès les origines cette communauté a été très marquée par l’influence du groupe moderniste de l’intelligentsia russe. On ne peut passer ce fait sous silence, car il est aussi lourd de conséquences que l’ethno-phylétisme.
J’ai sous les yeux un texte présenté au récent Congrès de la Fraternité à Saint Leurent sur Sèvre. Il est caractéristique que les propositions d’amélioration commencent par une proposition d’ouverture des assemblées diocésaines ou clérico-laïques de chaque juridiction à des représentants des autres juridictions, et pour aller plus loin, « orgeniser une assemblée orthodoxe avec des représentants clercs et laïcs de chaque communauté » Certes les épiscopats des Églises nationales ont catégoriquement manifesté leur opposition à la création de structures non-etniques, et le texte que je cite a raison de rappeler ces tristes prises de position. Mais peut-on bâtir l’Église sans évêque ? Toute la suite de l’exposé montre ce que pourrait être une Église d’un nouveau type.
« La fin de la période de chrétienté est aussi la fin d'une certaine forme de vie ecclésiale : les communautés sont désormais plus ramassées, fondées sur l'entraide, présidées par des prêtres, hommes mariés, chefs de famille ayant un emploi compatible avec leur sacerdoce et assumant, avec une équipe de laïcs, l'animation de la vie communautaire, chacun avec ses charismes. […] Ceci passe par l'approfondissement de la réflexion sur la nature de la fonction sacerdotale encore largement marquée chez nous par les temps de chrétienté, où les prêtres constituaient une catégorie à part, même une catégorie sociale particulière dans la Russie impériale. »
Le rapport voudrait… « une liturgie dépouillée qui respire, fidèle mais adaptée aux conditions du XXIème siècle. Ceci implique une réflexion approfondie et un travail ecclésial sur la liturgie. Aussi étrange que cela puisse paraître, il n' y a pas eu de réflexion véritable à ma connaissance sur la vie liturgique d'une communauté en zone urbaine destinée à des travailleurs citadins ayant une famille. Le rythme liturgique actuel est adapté à la vie monastique. »
« La situation particulière de micro minorité dans laquelle nous sommes en Europe Occidentale nous rend d'une certaine façon détachés d'une certaine réalité sociale : nous accueillons peu de ce que l'on appelle les "exclus", le malheureux, les SDF. Ceux qui se tournent vers nous sont des étrangers, le plus souvent à la recherche d'une insertion cahotante dans nos sociétés riches. Nous les recevons difficilement, avec crainte et méfiance. Or, le sacrement du frère est l'autre face indissociable du sacrement de l'autel, de l'Eucharistie et de la prière liturgique. »
Je suis tout à fait convaincu que ces lignes ont été écrites dans un très profond et très authentique esprit de générosité. Mais il me rappelle vraiment trop cet esprit d’engagement social auquel tant de néo-catholiques des temps récents consacraient tant d’efforts (j’en étais) au point d’y perdre toute sensibilité spirituelle, tout sens du sacré. Et qu’on ne vienne pas nous dire que ce souci de rénover l’Orthodoxie vient d’une ouverture missionnaire, d’un sens de l’Église locale. Ce que tant d’occidentaux viennent chercher aujourd’hui dans l’Orthodoxie, c’est le sens du sacré, le goût de la prière, l’école de l’ascèse. Ils n’éprouvent pas tant de honte à se retrouver dans une Église un peu “décalée”.
Cela dit, il reste absolument évident que les hiérarchies des Églises “nationales” ont totalement tort de refuser la création en Occident d’Églises locales pluri-ethniques. Mais ce n’est pas une raison pour leur opposer un projet d’Église “associative”, qui n’apporte aucune réponse réelle au problème posé, tout en tentant de relancer l’œcuménisme. Regardez ce qu’ont fait certaines communautés d’origine catholique cherchant à se rapprocher de l’esprit et de l’enseignement de l’Orthodoxie (par exemple la communauté de la Théophanie). Ce qu’elles tentaient de construire, alors qu’elles se croyaient libres de toute contrainte, était-ce quelque chose du genre de ce que propose le projet moderniste de la Fraternité ? Non. Le projet de la Fraternité ressemble beaucoup plus à ce que font (et je crois parfois très bien) certaines paroisses réformées -- à part bien sûr la Liturgie. Je crois donc que j’avais raison de dire que le modernisme est un protestantisme de rite oriental.
Une fois de plus je constate que la pierre de touche est la conception du rôle de l’évêque dans l’Église.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
paliernejl@wanadoo.fr
XB!
Jean-louis merci de ce message.
Je note au passage quelques points :
Vous dîtes :
Vous dîtes
Qui relance l’œcuménisme (que je ne cesse de combattre) si ce n’est l’Evêque lui-même qui participe en grande pompe à des rencontres œcuméniques entraînant les fidèles derrière lui ?
Je n’emploie pas le terme associatif mais celui de conciliarité. à l’image de la périchorèse trinitaire.
Jean-louis merci de ce message.
Je note au passage quelques points :
Vous dîtes :
Or pour cela il faudrait que l’Eglise orthodoxe s’affirme comme étant la seule et unique véritable Eglise du Christ ; qu’il n’y en a pas d’autre qu’elle. Ce principe fondamental d’un seul évêque pour une ville est contourné par le fait que les évêques sont toujours évêque d’autre part que de là où ils sont. (Chersonèse en est l’exemple type.).ainsi la sensibilité des autorités romaines est préservée au détriment d’une affirmation de la foi orthodoxe. Ceci n’est-il pas apparenté à de l’Apostasie. Ne sommes nous pas dans un reniement de l’Eglise corps du Christ et le simple fidèle que je suis n’a-t-il pas raison de s’émouvoir et de demander des comptes à l’épiscope gardien de la foi ?Toutes d’autre part bafouent sans vergogne un principe fondamental de l’organisation canonique de l’Église qui est que dans une ville donnée il ne peut y avoir qu’un seul évêque.
Vous dîtes
Là encore ceci corrobore votre affirmation précédente et le fait que nous soyons bien, non seulement en dehors des saints canons mais dans une sorte d’apostasie ecclésiologique.les épiscopats des Églises nationales ont catégoriquement manifesté leur opposition à la création de structures non-etniques
Bien sûr que non. Mais peut-on bâtir une Eglise sans le peuple royal ?Mais peut-on bâtir l’Église sans évêque ?
Oui à vos eglises locales pluri ethniques. Et quelles sont nominalement ces hiérarchies que vous dénoncez ?Cela dit, il reste absolument évident que les hiérarchies des Églises “nationales” ont totalement tort de refuser la création en Occident d’Églises locales pluri-ethniques. Mais ce n’est pas une raison pour leur opposer un projet d’Église “associative”, qui n’apporte aucune réponse réelle au problème posé, tout en tentant de relancer l’œcuménisme.
Qui relance l’œcuménisme (que je ne cesse de combattre) si ce n’est l’Evêque lui-même qui participe en grande pompe à des rencontres œcuméniques entraînant les fidèles derrière lui ?
Je n’emploie pas le terme associatif mais celui de conciliarité. à l’image de la périchorèse trinitaire.
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Il faut savoir raison garder. Pour qu'il y ait autant d'orthodoxes à Istanbul que sous l'Empire byzantin, il faudrait qu'il y ait un million d'orthodoxes. Pour qu'il y en ait même autant qu'en 1914, il faudrait qu'il y ait 250'000 orthodoxes. L'estimation pour 1995 était de moins de 2'000. Pensez-vous vraiment que la seule ville d'Istanbul ait connu un afflux de centaines de milliers de baptisés orthodoxes en moins de dix ans ?Jean-Louis Palierne a écrit : Par contre le patriarcat œcuménique ne fait rien en faveur des très nombreux fidèles orthodoxes qui vivent maintenant à Istanbul et à Ankara, mais qui ont le malheur d’être d’origine russe, roumaine, géorgienne, bulgare, serbe... Car la vague des émigrations des pays de l’Europe de l’Est touche aussi la Turquie, et à Ankara on peut prendre un taxi géorgien ou aller chez un médecin russe, ou faire des affaires avec des moldaves. J’ai même entendu dire qu’à Istanbul aujourd’hui il y a plus d’orthodoxes que sous l’empire byzantin.
Avec l'immigration des dernières années, on a réussi à faire revivre deux paroisses russes, Saint-André à Karaköy et une autre dont j'ai oublié le nom, deux paroisses bulgares, Saint-Jean-de-Rila et Saint-Etienne qui n'est autre que l'ancienne cathédrale de l'Exarchat bulgare schismatique, et une paroisse roumaine à laquelle va probablement s'ajouter une chapelle de cimetière. Il y aurait en plus une paroisse qui célèbre en turc pour les rares descendants des Karamanlis qui vivaient à Constantinople avant 1922 et pour les rares immigrants gagaouzes de Bessarabie qui auraient gardé souvenir de leur foi. Ajoutons peut-être une ou deux paroisses géorgiennes, et on a fait le tour. Cela me semble donner une plus juste idée de l'importance de cette immigration orthodoxe.
En n'oubliant pas que, pour les ressortissants de certains pays du type Moldova, il faut diviser le total par cent pour obtenir le nombre de ceux qui mettront les pieds à l'église - je ne veux pas dire qui iront à la liturgie tous les dimanches, je veux dire qui assisteront à la liturgie une fois dans l'année.