http://minorites.babozor.net/article.php?IDA=430
« L'opportunité même d'une législation spécifique est aussi mise en cause par une minorité d'élus UMP. Revendiquant «la liberté de conscience», Christine Boutin, comme Bruno Bourg-Broc ou Jean-Marc Roubaud, explique qu'elle ne veut pas d'une loi qui risque de «raviver une guerre religieuse». »
« Si 330 députés UMP (sur 364) ont voté pour, il y a quand même eu 12 votes contre, dont ceux de Christine Boutin, Alain Madelin, Etienne Pinte et Marc Le Fur, et 17 élus de la majorité se sont abstenus, en particulier Edouard Balladur, qui voulait que soit introduite dans le texte la notion de «trouble du bon ordre de l'établissement», Pierre Méhaignerie, Hervé de Charette, Pierre Cardo, Thierry Mariani et Hervé Novelli. »
http://www.frs-online.org/article.php3?id_article=164 (Républicains Sociaux)
(texte moins récent)
« Tout d'abord, quelques remarques préalables, afin d'expliquer la cause de cette passion collective pour le voile :
Si la question du voile est apparemment mineure, celle concernant l'islam en France est bien majeure : cette religion est aujourd'hui un fait de société très important, et la réussite ou l'échec de son intégration est un enjeu fondamental, qui nous concerne tous
Pour nombre de personnes qui ignorent tout du fonctionnement de sociétés musulmanes dans un Etat laïc, et qui ignorent même ce qu'est une société musulmane à proprement parler, la question de la tolérance de cette religion et de son adaptabilité dans notre société se pose très vivement, à juste raison
Le fonctionnement de la « laïcité à la française » est aussi un problème, tant il est vrai que les rapports entre les religions et l'Etat s'apparentent plus jusqu'ici à une « non-belligérance » qu'à une véritable harmonie, parce qu'on n'a pas véritablement tranché entre une position à caractère laïciste (la religion dans la sphère privée et le « grand désert laïc » au dehors) et une position laïque au sens plus chrétien du terme (un Etat bienveillant et protecteur de toutes les religions). Depuis le Concordat napoléonien, on n'a pas, il faut bien le dire, vraiment évolué…
A ce titre, l'Eglise catholique, première religion de France, et les catholiques eux-mêmes, par leurs comportements, adoptent toujours par rapport à la laïcité une attitude très modérée et même timide. On n'a pas l'habitude en France de voir des communautés revendiquer leurs droits religieux avec conviction, encore moins avec véhémence…. Comme nous n'osions pas, les « barbus » islamistes ont mis les pieds dans le plat.
On voit donc que la violence provoquée par la question du voile n'est pas artificielle. Le voile « appuie à un endroit où ça fait mal », parce qu'il fait resurgir deux peurs ancestrales :
la « peur du musulman », qui remonte à Charles Martel, aux croisades, à la bataille de Lépante. En réalité, on ne sait pas ce que c'est que « le musulman » : l'Histoire ne nous a pas offert, comme l'Espagne, une grande période de cohabitation pour apprendre à nous connaître.
la « peur de la religion », à laquelle on s'est bien gardé d'apporter une réponse, ni du côté des chrétiens, ni du côté des anticléricaux, depuis le Siècle des Lumières et la Révolution. On s'est enfoui la tête dans le sable, mais l'exigence musulmane nous force à la ressortir. A des questions comme : « Quelle dette historique avons-nous vis-à-vis de notre Moyen Age et nos rois chrétiens ? » ou « La tentative d'éradication de la religion par la Révolution Française, cette « grande page de notre Histoire », était-elle juste ou au contraire monstrueuse ? », l'autruche française va bien devoir répondre…
C'est également cela, sans doute, qui explique que les responsables politiques semblent « flotter » sur cette question. Leur position aurait pourtant dû être arrêtée depuis longtemps, puisque les fondamentaux de cette « configuration météorologique politique » sont visibles depuis des années :
On savait bien que les groupuscules islamistes radicaux ne se priveraient pas d'exploiter l'ambiguïté laïcisme/laïcité, cette faiblesse idéologique typiquement française, et de provoquer l'Etat pour le pousser soit à une réponse laïciste radicale contraire à l'esprit de tolérance et porteuse de graves divisions, soit à une réponse de « tolérance absolue », avec à la clef une légitimation de leurs pratiques, potentiellement tout aussi dangereuse pour l'ordre public.
On sait aussi parfaitement que le « petit brûlot » que représentent ces quelques jeunes filles, poussées par leurs familles à radicaliser leurs pratiques vestimentaires à l'Ecole, n'aurait pas flotté sur l'eau bien loin s'il n'était poussé en sous-main, sur le plan médiatique, par de « puissants lobbies anticléricaux », qui voudraient ainsi marquer quelques points contre l'Eglise catholique dans leur quête du « grand désert laïc ».
On le voit, beaucoup de gens, journalistes compris, ont intérêt à faire et exploiter au maximum un amalgame entre voile et laïcité.
Pour nous, qui voulons apporter une réponse satisfaisante, à la fois ferme et intelligente, il est donc essentiel de ne pas nous laisser enfermer dans ce piège, et de bien séparer les deux questions.
Avant de répondre, il est aussi très important de préciser plusieurs choses concernant l'islam en général et l'islam français en particulier, et concernant la « laïcité à la française ».
D'abord, il faut faire la différence entre islam modéré et islam radical. Sans entrer dans le détail d'une démonstration, disons simplement :
qu'on peut distinguer globalement dans l'islam deux courants, l'un provenant plutôt du pourtour méditerranéen (on pourrait l'appeler un « islam de terre romano-chrétienne »), intellectuellement et culturellement très riche, et relativement modéré, et l'autre provenant de la péninsule arabique ou de l'Asie, beaucoup plus rigide et virulent.
A partir du deuxième, se nourrissant de questions internationales considérées comme des injustices graves et non résolues (corruption économique et morale de l'occident, scandale du développement, lâcheté face au conflit israëlo-palestinien), s'est peu à peu formée une doctrine à caractère à la fois politique et sectaire très simpliste, mais très corrosive, qu'on ne peut assimiler à notre avis à une religion proprement dite, mais plutôt à un « nouveau maoïsme », menaçant l'ordre public et extrêmement dangereux..
Pour autant, la question de la tolérance n'est pas totalement résolue, même pour l'islam modéré, puisque cette religion tend, pourrait-on dire, à survaloriser la place de Dieu par rapport à la liberté de l'homme. Il existe cependant des sociétés (Turquie, Tunisie) où vivent en harmonie un Etat laïque et une population musulmane, ce qui montre que les musulmans ne sont pas plus des « Corans sur pattes » que nous ne sommes de parfaits « judéo-chrétiens ».
Concernant les musulmans français, et contrairement à l'image qu'en donnent les jeunes « sauvageons » des banlieues, dont les excès tiennent à d'autres causes, il faut aussi faire remarquer l'habitude et la préférence, issues du comportement religieux, pour des positions tranchées et normatives. Il est plus facile à un musulman, surtout concernant des problématiques touchant à l'ordre public, de comprendre et d'accepter un « diktat étatique » traduisant une affirmation du caractère sacré de la loi, plutôt que des réponses exagérant la « recherche de consensus », s'apparentant à leurs yeux à un manque de fermeté et à une vision « relativiste » des obligations communes, auxquelles est rompu le « français de souche ».
Concernant la « laïcité à la française », malgré son ambiguïté et tous ses défauts, il existe cependant à l'intérieur de l'Ecole un équilibre auquel il serait bon de ne pas toucher. La règle sage du refus des « signes religieux ostentatoires », telle qu'elle est appliquée actuellement, permet malgré tout aux sensibilités religieuses de s'exprimer, d'une façon modeste et tolérante, conforme à notre esprit. Vouloir encore légiférer dans ce domaine, ce serait introduire « un éléphant dans un magasin de porcelaine ». Tous ceux qui cherchent la surenchère, de quelque bord qu'ils soient, se frotteraient les mains, mais qu'en sortirait-il de bon ?
Avec cela, tentons maintenant de répondre à nos questions.
Sur la question du voile :
Nous avons montré qu'elle n'est pas religieuse, mais sectaire et politique (1)
Dans cette affaire, ce n'est pas le voile qui est important, comme on tente de le dire avec bêtise ou mauvaise foi, mais bien un ensemble de pratiques déviantes dont le voile n'est qu'un aspect : refus pour les filles d'être examinées par un médecin homme, refus du sport, de la piscine, de la mixité éventuellement, etc.…Ces pratiques induisent une tentative de légitimer un mode de vie qui s'affranchit des lois républicaines et de l'intégration.
A cette question, qui est donc une question non de religion, mais d'ordre public, il faut une réponse immédiate et sans ambiguïté. En effet, laisser durer la provocation peut conduire, dans un contexte politique mondial porté à l'incandescence par la montée du terrorisme, à de graves surenchères.
Ici, c'est l'Etat bien sûr qui doit répondre, soit par une directive du Ministère de l'Education, soit par un décret. Ce décret ou cette directive doit interdire dans le cadre de l'Ecole toute manifestation à caractère politique ou sectaire. Il doit interdire non pas seulement le voile islamique, mais aussi toutes les pratiques qui l'accompagnent. Il doit rappeler que tous les élèves sont tenus, selon la loi française et le principe d'égalité, de se conformer aux règles des établissements concernant les modes vestimentaires, la pratique du sport, les dispositions sanitaires, etc.…sous peine d'exclusion immédiate (2).
En faisant cela, on retire des épaules des chefs d'établissements la responsabilité de trancher sur une question qui n'est pas spécifique à leur école, mais générale et républicaine. On leur donne par la même occasion, avec l'autorité que confère la protection de l'Etat, une plus grande latitude pour négocier si nécessaire au cas par cas des petits aménagements à titre temporaire sur des questions religieuses mineures.
On met aussi les associations islamiques françaises les moins modérées, qui « poussent » par derrière à la surenchère, dans l'embarras :
Si elles acceptent la directive, elles seront obligées d'en reconnaître le caractère obligatoire, et de faire leur « aggiornamento » sur une notion qu'elles ont de toute façon du mal à accepter, la primauté dans un pays laïc de la loi sur la religion.
Elles devront alors comprendre que dans un système laïc tolérant, tout n'est pas pour autant exigible, et qu'il y existe également une certaine « conformité », un « islam laïc » auquel tous doivent se plier, qu'ils le veuillent ou non…
Si elles la refusent, elles se mettent en défaut, en montrant que le reproche d'un caractère radical, sectaire et politique de leur obédience est fondé.
On empêche également les « puissants lobbies anticléricaux » de pousser leur « petit brûlot » pour mettre comme ils le voudraient bien, mine de rien, le feu dans l'Ecole. … »