Dans le premier lien que nous propose Giorgos plus haut, il y a une formule qu’utilise Antoine et sur laquelle chaque orthodoxe va inévitablement aboutir à propos de cette controverse :
Observons une première constatation de saint Justin de Celje :
Le Filioque est une innovation non-ecclésiale et anti-canonique, non seulement du point de vue du contenu mais d’un point de vue formel, car il été introduit d’une manière non-apostolique, non-canonique, non-conciliaire dans le Symbole final de la foi de l’Eglise universelle.
Là je vais amener juste des citations orthodoxes à propos du contenu. Quant à la question de forme je la laisse ici de côté.
Maintenant Olivier arrive avec une sorte de réfutation issue d'un forum de catholiques traditionalistes (prenons les comme tels):
Contrairement à ce qu'affirment les Orthodoxes la procession du Père et du Fils est affirmée dans la Sainte Ecriture, celle du Père, bien sûr, mais aussi celle du Fils :
"Mais parce vous êtes enfants de Dieu, il a envoyé dans vos coeurs l'Esprit de son Fils" (Gal. IV, 6.);
Le Saint-Esprit est appelé l'Esprit du Père et du Fils (Rom. VIII, 9, 11, 14 ; I Cor., 11, 14 ; III, 16 ; II Cor., III, 3 ; Eph., III, 16 ; Philipp., III 3 ; Actes, XVI, 7 Philipp., 19 ; Gal., IV, 6).
Après sa résurrection d'entre les morts, Jésus souffla sur ses disciples en disant : "Recevez le Saint-Esprit" (Jean, XX, 22).
"L'Ange me montra un fleuve d'eau vive (le Saint-Esprit), brillant comme le cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l'Agneau" (Apoc., XXII, I).
Que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, St Augustin l'affirme aussi dans son "De Trinitate" (XV, n°45 ; XV, n° 48).
Si ce n'était pas le cas, Dieu ne serait pas véritablement Trinité !
Tous ceux qui ont vécu une expérience mystique savent aussi que le Saint-Esprit est à la fois :
- l'Esprit de Jésus et le Doigt de la Droite du Père !
Que répondent nos Pères à cela ? Regardons déjà cela avec Nil Cabasilas (Bien que la citation qui va suivre soit en quelque sorte hors de son contexte historique premier elle reste dans le contexte en général):
1.Et voilà ce que l’Eglise latine défend comme étant son opinion ; elle utilise les prémisses ci-dessus et elle en tire la conclusion que le Fils aussi est la cause du Saint-Esprit. Quand les prémisses ne sont pas saines, cela n’entraîne pas que la conclusion soit un mensonge ; car quelquefois on saisit la vérité même quand les prémisses ne contiennent pas la vérité. Par contre, quand la conclusion n’est pas saine, cela entraîne de toute nécessité que les deux ou que l’une des prémisses s’accompagne de mensonge. Il faut donc d’abord dire que la conclusion elle-même est totalement contraire à la théologie ancienne des Pères. Après avoir montré cela, nous essayerons de prouver que ce que les Latins ont déjà dit n’est pas exempt de mensonge. Ensuite, avec l’aide de Dieu et par un examen minutieux (1), avec patience, nous allons prouver que de telles paroles sont fausses et qu’il n’y avait aucune nécessité préalable pour pousser les Latins à la conclusion mentionnée.
Nil Cabasilas, Premier discours contre la conclusion des Latins
(1) En grec le verbe διαχωδωνίζω signifie l'épreuve que l'on faisait subir aux médailles pour vérifier si elles étaient vraies ou fausses.
Ensuite Nil donne des citations de saint Basile le Grand dans lesquels c’est démontrée clairement « que Dieu le Père est la cause du Fils, la cause de l’Esprit, la cause des créatures. » (Nil Cabasilas).
Continuons avec saint Marc d'Ephèse :
Comment pouvez-vous considérer comme exprimé ce qui n’est pas dit ? Ce que vous faites ailleurs aussi. Quand vous entendez que "l’Esprit issu du Père et du Fils", vous ajoutez "est", et "tient son être". Et lorsque vous entendez dire que l’Esprit "reçoit du Fils", vous comprenez "reçoit son être". C’est faire une pétition de principe, ce qui est bien la pire méthode pour démontrer quelque chose
Actorum Graecorum p.320
Voilà ce que nous enseigne la théologie orthodoxe :
Il y a une seule Sainte Trinité, le Dieu unique que nous confessions Père, Fils et Saint Esprit ; nous confessons que les trois hypostases divines possèdent tout en commun sauf leurs attributs hypostatiques propres, comme nous le révèle la Sainte Ecriture : la propriété distinctive du Père est d’être inengendré, celle du Fils, de naître du Père, et celle du Saint Esprit, de procéder du Père.
Père Patric Ranson dans sa remarquable Introduction du livre saint Photios, La Mystagogie du Saint Esprit, p. 68
Alors que, comme nous le saint Justin de Celje :
Le Filioque en réalité sépare l’Hypostase du Père en deux parties, ou bien fait de l’Hypostase du Fils une partie de celle du Père.
ce qui fait dire à notre père Vladimir Guettée :
Qui a jamais énoncé un tel dogme ? Quel serpent a parlé par leur bouche ? Quel vrai chrétien reconnaît dans la Trinité un double principe, une double cause ? Emettre une semblable opinion, n’est-ce pas dire que le Père est cause du Fils et du Saint-Esprit, et que le Fils est aussi cause du Saint-Esprit ? On fait ainsi deux dieux et l’on renouvelle la mythologie. Pourquoi le Saint-Esprit procèderait-il du Fils, si la procession du Père est parfaite ? Qu’est-ce donc que cette procession du Fils, et pourquoi l’inventer ? C’est certainement une chose inutile et futile.
De la Papauté p.168
PS: je cite toute à l'heure les sources que je n'ai pas citées.
samedi le 31 juillet 2010 : Les citations ci-dessus de saint Justin de Celje proviennent toutes de sa Dogmatique tome 1, sect. 2, parag. 27-28, page 221 à 238.
Pour Nil Cabasasilas : Nil Cabasilas,
Sur le Saint-Esprit ed. Cerf
http://www.orthodoxie.com/2005/09/recension_nil_c.html p.175
Pour saint Marc d’Ephèse : c’est issue d’un exposé du père Panaiotes Carras sur
Les enjeux théologiques du Concile de Florence, parue dans le périodique La Lumière du Thabor 22 (Sébastopol)