de celle qui dès le sein fut d'avance choisie pour être la Mère de notre Dieu... en elle s'accomplit le mystère étonnant de l'ineffable union des deux natures en la personne du Christ'. » ( Apostiches, t. 8.)
L’ Évangile ne dit rien sur la naissance de la Mère de Dieu. Et nous constatons une grande disparité avec celle de Jean Baptiste. On peut s'interroger sur le pourquoi de cette disparité:
- Marie est le temple, le lieu de l'incarnation.
- Marie n’est rien par nature, elle devient tout par grâce. Dieu est tout par nature, il se fait rien par grâce (Kenose).
Ce double mouvement nous montre qu’il s’agit d’un don total que Dieu fait à l’humanité.
- Marie humainement présente se rend charnellement absente dans l'Evangile parce que Dieu humainement absent s'y rend charnellement présent.
- Avec Marie le temps disparaît: elle est dans l'immédiateté de la réponse à Dieu , dans sa réalisation.
Ce double mouvement nous montre qu’il s’agit d’un don total que Dieu fait à l’humanité. Avec Marie le temps disparaît: elle est dans l'immédiateté de la réponse. Le temps est la réponse différée.
- Les Apocryphes nous relatent beaucoup de choses sur l’ enfance de la Mère de Dieu et juste quelques lignes sur sa naissance:
« Or les mois d'Anne s'accomplissaient et au neuvième, elle enfanta. Et elle demanda à la sage-femme : "Qu'ai-je mis au monde?" Celle-ci répondit : "Une fille." Et Anne reprit : "Elle a été glorifiée en ce jour, mon âme!" Et elle coucha l'enfant. Puis, les jours d'usage étant accomplis, elle se leva, donna le sein à son enfant et l'appela Marie'. »(Protoévangile de Jacques.)
- Dans d'autres apocryphes, plus tardifs, on constate des contradictions sur le lieu où Marie est née.
Le moine Épiphane et saint Jean Chrysostome fixent la naissance à Nazareth, ville d'origine de Joachim, alors que Saint Cyrille d'Alexandrie la situe à Bethléem, la ville d'Anne, mère de Marie.
St. Sophronios choisit Jérusalem. L’Eglise de Jérusalem fut d’ailleurs la première à fêter la Nativité de Marie qu’elle célébrait dans une basilique proche de la piscine probatique, sur l’emplacement de la maison où, suivant la tradition, est née la Vierge. ( Ce terme de probatique reçoit un développement ci-dessous.) Le synaxaire fixera la fête au 8 septembre, selon ce qu’avait décrété l’empereur Maurice (582 + 602).
Deux vues trouvées sur le net:remerciements au site
http://perso.orange.fr/mfougerat/7eme-journee.html
Crypte de l’église Sainte Anne
construite sur le site de la
maison d'Anne et Joachim à Jérusalem
où Marie aurait grandi.

Eglise Sainte Anne à Jérusalem

- La fête est tardivement célébrée en Gaule vers 630 et à Rome fin du VIIe siècle.
Le double canon des matines est écrit par Jean Nonachus et Jean Damascène au VIIe siècle en pleine crise iconoclaste. Ils y chantent la trhéologie du concile d'Ephèse prolongée et parachevée au concile de Chalcédoine.
La Tradition nous présente Anne comme stérile et donc cette naissance comme miraculeuse. La sortie de la stérilité trouve ses préfigurations en Sarah, puis en Hanna mère de Samuel et Elisabeth mère de J.Baptiste.
« Même si les femmes stériles ont conçu d'illustres enfants parce que tel était le vouloir du Seigneur, Marie les surpasse toutes par sa divine splendeur, car étant née merveilleusement d'une mère jusqu'alors sans enfant, elle enfanta dans la chair le Dieu de l'univers, hors des lois de la nature, sans semence dans le sein ; elle est la seule porte du Fils unique de Dieu qui la laissa close en la franchissant et, réglant toutes choses sagement, selon son bon plaisir, pour tous les hommes opéra le salut. »(Grandes Vêpres du 8 septembre, Lucernaires, ton 6.)
St Jean Damascène nous dévoile la signification de cette stérilité d'Anne:
«la nature n'a pas osé devancer le germe béni de la grâce. »
Marie est l’objet d’une élection particulière:
« Venez tous les fidèles, vers la Vierge accourons : voici que naît en effet celle qui dès le sein fut d'avance choisie pour être la Mère de Dieu, le trésor de la virginité, le rameau d'Aaron qui a fleuri sur la racine de Jessé, celle que les Prophètes ont annoncée,»(Saint Jean Chrysostome,)
Icône de la fête :Icône Korsun

Perspective inversée avec au fond la maison et souvent un voile rouge sur le toit qui symbolise l’intérieur. (Intérieur architectural et intériorité : C’est en intériorisant l’extériorité que l’on extériorise l’intériorité)
Le fait de montrer la chambre d’accouchement atteste la naissance d’un personnage important, royal
Anne est couchée sur un grand lit et vient de mettre au monde Marie.
C'est la naissance d'une reine, donc chaque détail doit être montré.
- 2 servantes donnent bain à Marie, parfois d’autres apportent des victuailles à Anne.
- un médecin lui apporte un médicament pour les relevailles des couches. C'est un élément qui historicise la scène et montre que l’accouchement d’Anne s’est bien fait dans l’effort et les douleurs contrairement à celui de Marie.
- Souvent Joachim est très en retrait (à tort) alors qu’ici il est au contraire très présent.
La scène est pleine d’humanité. Rien de miraculeux. Si la conception reste miraculeuse , la naissance elle ne l'est pas.
Cette icône de Korsun est très simple avec un grand respect de la Tradition. Giotto le premier introduira des modifications dans l’art de la représentation qui feront ensuite école.
(Voir à ce sujet le site : http://www.orthodoxworld.ru/french/icona/2/index.htm)
Autre représentation de la nativité de Marie:
Le tour du chœur de la cathédrale de Chartres
Panneaux sculptés de Jean Soulas (1519 - 1521)
Remerciements au site : http://cathedrale.chartres.free.fr

Piscine probatique
En latin, probaticus, = : relatif aux brebis, probatique.
La porte probatique est celle par laquelle passait le bétail destiné aux sacrifices.
C’est dans la piscine Probatique, (piscine aux cinq portiques édifiée par Salomon) qu'on lavait les entrailles des brebis immolées en sacrifice dans le Temple.
C'est là aussi que se trouvait guéri le premier qui entrait lorsque l'eau était agitée par l'Ange une fois l'an.
C’est également à cet endroit qu’eu lieu le miracle du paralytique, fêté le 4ème dimanche de Pâques. (Evangile de Jean 5,1-15) (Cet homme, Jaros, donnera plus tard un soufflet à Jésus lorsqu'il comparut devant le grand prêtre Caïphe)
- Les textes de la fête du paralytique mettent en résonance cette piscine probatique et Marie qui depuis la maison de Joachim et Anne pouvait contempler ces 5 portes Elle était dans la méditation de la Torah. Marie récapitule les 5 portes de la piscine qui symbolisent les 5 livres du pentateuque dont elle devient la porte unique.
Le Père Marc Antoine écrit : « Dieu a montré dans l'ancienne Alliance que des miracles pouvaient être produits par l'eau, afin que, lorsque viendrait le Baptême capable de laver toute faute, on fût enclin à le reœvoir. »
- L’eau est effectivement l’élément de la naissance de la vie.
- L’Eau est l’outil du déluge et de la nouvelle alliance
- Le Christ sanctifie le liquide amniotique.
Le premier homme descendu dans l’eau de la piscine probatique agitée par l’ange était guéri quelque fût son infirmité; Le Christ descendu dans le liquide amniotique de Marie régénère la nature humaine. L’ange de la piscine probatique n’est qu’une préfiguration de l’Ange du grand conseil qui agitera l’eau de notre baptême.
Litie du 4e dimanche de Pâques dimanche du paralytique
Auprès de la piscine des Brebis, gisait un homme malade, / et Te voyant, Seigneur, il clama : / "Je n'ai pas d'homme qui puisse m'y plonger lorsque l'eau est agitée ; / quand j'arrive, un autre me devance et reçoit la guérison ; / et moi, je reste couché, malade." / Aussitôt le Sauveur compatit et lui dit : / "C'est pour toi que Je suis devenu homme, c'est pour toi que J'ai revêtu la chair ; / et toi tu dis je n'ai pas d'homme. / Prends ton grabat et marche." / Ô Saint, tout T'est possible, tout T'obéit, tout T'est soumis ; // souviens-Toi de nous et aie pitié de nous, car Tu es l'ami des hommes.
Ô Vierge, toute-vénérable, / tu es le temple, la porte, le palais et le trône du Roi ; / c'est par toi que mon Libérateur, le Christ Seigneur, Soleil de justice, / s'est levé sur ceux qui dormaient dans les ténèbres, pour les illuminer, / eux qu'Il avait, de sa propre main, créés à son image. / Prie-Le sans cesse, ô Digne de toute louange, / toi qui as auprès de Lui l'audace d'une mère, // pour le salut de nos âmes.
L’évangile de Jean nous donne des détails concrets, historiques attestés par les fouilles archéologioques.
Jean chapitre 5
Après cela, il y eut une fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem. Or, à Jérusalem, près de la porte des brebis, il y a une piscine qui s'appelle en hébreu Béthesda, et qui a cinq portiques. Sous ces portiques étaient couchés en grand nombre des malades, des aveugles, des boiteux, des paralytiques, qui attendaient le mouvement de l'eau; car un ange descendait de temps en temps dans la piscine, et agitait l'eau; et celui qui y descendait le premier après que l'eau avait été agitée était guéri, quelle que fût sa maladie. Là se trouvait un homme malade depuis trente-huit ans. Jésus, l'ayant vu couché, et sachant qu'il était malade depuis longtemps, lui dit: Veux-tu être guéri? Le malade lui répondit: Seigneur, je n'ai personne pour me jeter dans la piscine quand l'eau est agitée, et, pendant que j'y vais, un autre descend avant moi. Lève-toi, lui dit Jésus, prends ton lit, et marche. Aussitôt cet homme fut guéri; il prit son lit, et marcha. C'était un jour de sabbat. Les Juifs dirent donc à celui qui avait été guéri: C'est le sabbat; il ne t'est pas permis d'emporter ton lit. Il leur répondit: Celui qui m'a guéri m'a dit: Prends ton lit, et marche. Ils lui demandèrent: Qui est l'homme qui t'a dit: Prends ton lit, et marche? Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c'était; car Jésus avait disparu de la foule qui était en ce lieu. Depuis, Jésus le trouva dans le temple, et lui dit: Voici, tu as été guéri; ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire. Cet homme s'en alla, et annonça aux Juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri. C'est pourquoi les Juifs poursuivaient Jésus, parce qu'il faisait ces choses le jour du sabbat.
La suite de l’Evangile est capitale et donne à cette guérison sa signification et son ampleur eschatologiques.
Mais Jésus leur répondit: Mon Père agit jusqu'à présent; moi aussi, j'agis. A cause de cela, les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir, non seulement parce qu'il violait le sabbat, mais parce qu'il appelait Dieu son propre Père, se faisant lui-même égal à Dieu. Jésus reprit donc la parole, et leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu'il fait; et il lui montrera des oeuvres plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans l'étonnement. Car, comme le Père ressuscite les morts et donne la vie, ainsi le Fils donne la vie à qui il veut. Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n'honore pas le Fils n'honore pas le Père qui l'a envoyé. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu; et ceux qui l'auront entendue vivront. Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d'avoir la vie en lui-même. Et il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu'il est Fils de l'homme. Ne vous étonnez pas de cela; car l'heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement. Je ne puis rien faire de moi-même: selon que j'entends, je juge; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. Si c'est moi qui rends témoignage de moi-même, mon témoignage n'est pas vrai. Il y en a un autre qui rend témoignage de moi, et je sais que le témoignage qu'il rend de moi est vrai. Vous avez envoyé vers Jean, et il a rendu témoignage à la vérité. Pour moi ce n'est pas d'un homme que je reçois le témoignage; mais je dis ceci, afin que vous soyez sauvés. Jean était la lampe qui brûle et qui luit, et vous avez voulu vous réjouir une heure à sa lumière. Moi, j'ai un témoignage plus grand que celui de Jean; car les oeuvres que le Père m'a donné d'accomplir, ces oeuvres mêmes que je fais, témoignent de moi que c'est le Père qui m'a envoyé. Et le Père qui m'a envoyé a rendu lui-même témoignage de moi. Vous n'avez jamais entendu sa voix, vous n'avez point vu sa face, et sa parole ne demeure point en vous, parce que vous ne croyez pas à celui qu'il a envoyé. Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle: ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie! Je ne tire pas ma gloire des hommes. Mais je sais que vous n'avez point en vous l'amour de Dieu. Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas; si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez. Comment pouvez-vous croire, vous qui tirez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul? Ne pensez pas que moi je vous accuserai devant le Père; celui qui vous accuse, c'est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance. Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, parce qu'il a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles?
Quelques vues de la piscine probatique à Jérusalem
Marie voyait cette piscine de là où elle habitait


La fête de la nativité de Marie
André de Crète (660-740)
: Aujourd'hui comme pour des noces, l'Eglise se pare de la perle inviolée, de la vraie pureté. Aujourd'hui, dans tout l'éclat de sa noblesse immaculée, l'humanité retrouve, grâce aux mains divines, son premier état et son ancienne beauté. Les hontes du péché avaient obscurci la splendeur et les charmes de la nature humaine ; mais, lorsque naît la Mère de celui qui est la Beauté par excellence, cette nature recouvre en elle ses anciens privilèges, elle est façonnée suivant un modèle parfait et entièrement digne de Dieu. Et cette formation est une parfaite restauration et cette restauration est une divinisation et cette divinisation, une assimilation à l'état primitif. Aujourd'hui, contre toute espérance, la femme stérile devient mère et cette mère, donnant naissance à une descendance qui n'a pas de mère, née elle-même de l'infécondité, a consacré tous les enfantements de la nature. Aujourd'hui est apparu l'éclat de la pourpre divine, aujourd'hui la misérable nature humaine a revêtu la dignité royale. Aujourd'hui, selon la prophétie, le sceptre de David a fleuri en même temps que le rameau toujours vert d'Aaron, qui, pour nous, a produit le Christ rameau de la force. Aujourd'hui, une jeune vierge est sortie de Juda et de David, portant la marque du règne et du sacerdoce de celui qui a reçu, suivant l'ordre de Melchisédech, le sacerdoce d'Aaron. Pour tout dire en un mot, aujourd'hui commence la régénération de notre nature, et le monde vieilli, soumis à une transformation divine, reçoit les prémices de la seconde création.
Ne nous y trompons pas :"la parfaite restauration" dans ce texte ne saurait être utilisée en faveur des thèses théologiques de l’Immaculée Conception. St André de Crète souligne bien qu’il s’agit des « prémices de la seconde création.» Marie conserve sa nature humaine déchue: elle connaîtra la mort physique et l'ensevelissement au tombeau.
Tous les textes proclament que Le Christ a pris sur lui notre nature hormis le péché. Si Marie avait été exemptée de la nature déchue comme l'affirme l'hérésie latine, le christ aurait de facto hérité de cette nature exemptée et n'aurait pas eu besoin de s'incarner pour la régénérer.
Protévangile de Jacques
Naissance de Marie
Chapitre 1. Dans les histoires des douze tribus d'Israël, on dit que Joachim était un homme comblé de richesses, mais qu'il apportait des offrandes doubles, en disant : " Ce que je donne en excédent sera pour tous ; je l'offre en expiation de mes péchés, pour que le Seigneur me soit propice. "
Etant arrivé le jour solennel du Seigneur où les fils d'Israël apportaient leurs offrandes, Ruben se dressa devant Joachim et lui dit : Il ne t'est pas permis d'être le premier à déposer tes offrandes, car tu n'as pas engendré en Israël.
Et Joachim fut comblé de tristesse, et il alla consulter les documents des douze tribus du peuple, disant : Je verrai dans les documents des douze tribus d'Israël si j'ai été seul à n'avoir pas engendré en Israël. Il chercha et trouva que tous les justes avaient engendré de la postérité en Israël. Mais il se souvint aussi du patriarche Abraham, et qu'en ses derniers jours Dieu lui avait donné un fils, Isaac.
Alors, comblé de tristesse, Joachim ne se présenta point devant sa femme, mais il se rendit au désert ; il y planta sa tente et jeûna quarante jours et quarante nuits, se disant à lui-même : Je ne descendrai ni manger ni boire avant que le Seigneur mon Dieu m'ait visité, et la prière sera ma nourriture et ma boisson.
Chapitre 2. Cependant sa femme Anne pleurait, ayant deux raisons de gémir. Je me désolerai sur mon veuvage, disait-elle ; je me désolerai sur ma stérilité.
Etant arrivé le jour solennel du Seigneur, Judith, sa servante, lui dit : Jusques à quand auras-tu l'âme abattue ? Voici le jour solennel du Seigneur ; tu n'as pas le droit de pleurer. Mais prends ce serre-tête que m'a donné mon ancienne maîtresse ; je ne puis m'en orner car je suis serve et il porte le signe de la race royale.
Anne répondit : Eloigne-toi ; je ne ferai rien de tel, car le Seigneur m'a comblée d'humiliations. Sans doute est-ce un méchant qui t'a donné ce bandeau et tu essaies de me faire complice de ta faute. Mais Judith répartit : Quel mal pourrais-je te vouloir pire que celui que tu as, puisque le Seigneur a clos ton sein, afin qu'il n'engendre pas de postérité en Israël !
Alors, au comble de l'affliction, Anne ôta ses habits de deuil, elle se lava la tête, revêtit ses habits de noce, et, vers la neuvième heure, descendit se promener au jardin. Elle vit un laurier, s'assit sous ses branches et se mit à invoquer le Tout-Puissant : Dieu de mes pères, bénis-moi, exauce ma supplication, comme tu as béni Sarah dans ses entrailles et lui as donné son fils Isaac.
Chapitre 3. Et levant les yeux vers le ciel, elle vit dans le laurier un nid de passereaux, et elle se reprit à gémir, se disant pour elle-même :
Pitié de moi ! qui donc m'a engendrée, quelles entrailles m'ont enfantée, pour que je sois devenue maudite parmi les fils d'Israël, que je doive être chassée avec outrage du Temple du Seigneur ?
Pitié de moi ! à quoi donc ressemblé-je? Pas même aux petits oiseaux du ciel , car les oiseaux du ciel sont féconds devant vous, Seigneur.
Pitié de moi ! à quoi donc ressemblé-je ? Pas même aux bêtes sauvages de la terre, car les bêtes sauvages de la terre sont fécondes devant vous, Seigneur.
Pitié de moi ! à quoi donc ressemblé-je ? Pas même à ces eaux que voilà, car ces eaux sont fécondes devant vous, Seigneur. Pitié de moi ! à quoi donc ressemblé-je ? Pas même à cette terre que voilà, car cette terre porte des fruits en leur temps, et elle vous bénit, Seigneur !
Chapitre 4. Or voici qu'un ange du Seigneur apparut et lui dit : Anne, Anne, le Seigneur a entendu ta plainte. Tu concevras, tu engendreras, et l'on parlera de ta progéniture par toute la terre. Anne répondit : Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, si j'enfante soit un fils, soit une fille, je le consacrerai au Seigneur mon Dieu pour qu'il le serve tous les jours de sa vie !
Alors deux anges arrivèrent auprès d'elle, lui disant : Voici que Joachim, ton homme, s'en vient vers toi avec ses troupeaux, car un ange du Seigneur est descendu à lui et lui a dit : - Joachim, Joachim, le Seigneur a entendu ta plainte. Descends d'ici, car voici que ta femme Anne va concevoir dans ses entrailles.
Et Joachim descendit. Il appela ses bergers et leur dit : Apportez-moi dix agneaux sans tache et parfaits ; ils seront pour le Seigneur mon Dieu. Apportez-moi aussi douze des veaux les plus tendres ; ils seront pour les prêtres et le Conseil des Anciens. Et cent chevreaux seront pour tout le peuple.
Et voici que Joachim arriva avec ses troupeaux. Anne, qui se trouvait debout sur le seuil, le vit venir, courut à lui et s'accrochant à son cou, lui dit : Maintenant, je sais que le Seigneur Dieu m'a comblée de bénédictions, car j'étais comme veuve et je ne le suis plus; j'étais stérile et mes entrailles vont concevoir. Et ce fut le premier soir que Joachim reposa dans sa maison.
Chapitre 5. Le lendemain, il vint présenter ses offrandes, se disant en lui-même : Si le Seigneur Dieu m'est propice, il m'accordera de voir le disque d'or du prêtre! (*) Il présenta donc ses offrandes, et fixa ses regards sur le disque du prêtre, lorsque celui-ci monta à l'autel, et il sut ainsi qu'il n'y avait aucune faute en lui. Et Joachim dit alors : Maintenant, je sais que le Seigneur m'est propice et que mes péchés sont effacés ! Il descendit donc du temple du Seigneur, justifié, et il retourna dans sa maison.
Or les mois d'Anne s'accomplissaient, et, au neuvième, elle enfanta. Et elle demanda à la sage-femme : Qu'ai-je mis au monde ? Celle-ci répondit : Une fille. Et Anne reprit : Elle a été glorifiée en ce jour, mon âme ! et elle coucha l'enfant. Puis les jours d'usage étant accomplis, elle se releva, se lava, donna le sein à son enfant et l'appela Marie.
* Note
Allusion à la tenue de cérémonie du grand Prêtre telle que décrit dans l’Exode 28,36-38
Tu feras une lame d'or pur, et tu y graveras, comme on grave un cachet: Sainteté à l'Éternel. Tu l'attacheras avec un cordon bleu sur la tiare, sur le devant de la tiare. Elle sera sur le front d'Aaron; et Aaron sera chargé des iniquités commises par les enfants d'Israël en faisant toutes leurs saintes offrandes; elle sera constamment sur son front devant l'Éternel, pour qu'il leur soit favorable.
Ou encore mentionnée dans le Lévitique 8,9
Il posa la tiare sur sa tête, et il plaça sur le devant de la tiare la lame d'or, diadème sacré, comme l'Éternel l'avait ordonné à Moïse.
Pour se rendre dans le saint des saints le Grand Prêtre traversait le sacré parvis alors que les fidèles, eux se rassemblaient sur le parvis des Israélites. Joachim demande donc comme un signe de pouvoir distinguer de loin cette lame d’or.
Pseudo Matthieu
Chapitre 3. Joachim qui est au désert, priant le Seigneur de lui accorder un fils, reçoit l'ordre de rentrer à Jérusalem. Au même moment Anne est avertie d'avoir à aller au-devant de son mari. La " rencontre à la Porte Dorée " sera évoquée bien souvent dans l'art médiéval. (Voir illustrations ci-dessous)
L'ange apparut de nouveau à Joachim, pendant son sommeil, et lui dit : Je suis l'ange qui t'a été donné par Dieu comme gardien ; descends et retourne auprès d'Anne sans crainte car les bonnes oeuvres que toi et ton épouse Anne avez faites ont été rapportées à la face du Très-Haut et une postérité vous a été accordée, telle que, depuis les origines, les prophètes et les saints n'en ont eue, telle qu'ils n'en auront jamais. Joachim, s'étant réveillé, appela ses bergers et leur rapporta son songe. Et ils adorèrent le Seigneur et lui dirent : Veille à ne pas contrecarrer l'ange de Dieu. Mais, lève-toi, partons, et allons doucement tandis que nos troupeaux paissent en chemin.
Il y avait trente jours qu'ils marchaient et ils approchaient, quand Anne, qui était en prière, vit paraître un ange qui lui dit : Va à la Porte qu'on appelle Dorée, pour y rencontrer ton époux, car il va te revenir aujourd'hui. En hâte, elle s'y rendit avec ses servantes , et elle se tint près de la dite porte en prières. Elle attendait de puis déjà longtemps et commençait à se lasser, quand, levant les yeux, elle vit Joachim arriver avec ses troupeaux. Elle courut se jeter à son cou, rendant grâces à Dieu, et disant : J'étais veuve et voici que je ne le suis plus ; j'étais stérile et voici que j'ai conçu. Et une grande allégresse se répandit dans tout le voisinage et parmi tous ceux qui la connaissaient, si bien que tout le pays d'Israël la félicita de cette gloire.
la Rencontre d'Anne et de Joaquim à la Porte dorée
Selon une légende médiévale occidentale, la Vierge serait née sans péché, d'un baiser échangé entre Joachim et Anne à la Porte d'Or de Jérusalem.
La Tradition ,elle, rapporte qu ‘un jour un ange apparut à Anne stérile et lui annonça qu'elle mettrait au monde une fille, la future Mère de Dieu.
Le protévangile de Jacques ci-dessus est bien explicite lorsqu'il précise: Anne, qui se trouvait debout sur le seuil, le vit venir, courut à lui et s'accrochant à son cou, lui dit : Maintenant, je sais que le Seigneur Dieu m'a comblée de bénédictions, car j'étais comme veuve et je ne le suis plus; j'étais stérile et mes entrailles vont concevoir. Et ce fut le premier soir que Joachim reposa dans sa maison.
Puis le protévangile nous précise encore qu' après la cérémonie au cours de laquelle Joachim vit le disque d'or du prêtre, lorsque celui-ci monta à l'autel, et il sut ainsi qu'il n'y avait aucune faute en lui. Et Joachim dit alors : Maintenant, je sais que le Seigneur m'est propice et que mes péchés sont effacés ! Il descendit donc du temple du Seigneur, justifié, et il retourna dans sa maison.[/i]
La conception de Marie est le résultat de la foi, de la grâce et s'est faite selon l'union charnelle.
La Rencontre d’Anne et Joachim
le tour du chœur de la cathédrale de Chartres
Panneaux sculptés de Jean Soulas (1519 - 1521)
Remerciements au site : http://cathedrale.chartres.free.fr

Remerciements au site http://www.atelier-st-andre.net/fr/page ... one36.html

Saint Jean Damascène :Homélie I
Il convenait que le miracle des miracles, l'enfantement d'une vierge, fût préparé par un miracle qui y eut quelque ressemblance. J'en donnerai une raison plus élevée et plus divine : il faut que dans cette conception la nature ne devance pas la grâce, qu'elle ne produise pas son fruit avant que la grâce ne donne le sien. Dans cette naissance nous voyons fleurir le désert.
Saint Epiphane
Elle eut pour parents Joachim et Anne, Joachim signifie la préparation du Seigneur, et en effet il prépara la venue sur terre du Fils de Dieu. Anne signifie grâce : la fille qu'ils obtinrent de Dieu dans un âge avancé était une grâce précieuse. Cette trinité terrestre rendait hommage ici-bas à la Trinité céleste.
Saint Jean Damascène
Homélie pour la nativité de Marie
Neuf mois étant accomplis, Anne mit au monde une fille et l'appela du nom de Marie. Quand elle l'eut sevrée, la troisième année, Joachim et elle se rendirent au temple du Seigneur et, ayant offert au Seigneur des victimes, ils présentèrent leur petite fille Marie pour qu'elle habitât avec les vierges qui, nuit et jour, sans cesse, louaient Dieu.
Quand elle eut été amenée devant le temple du Seigneur, Marie gravit en courant les quinze marches sans se retourner pour regarder en arrière et sans regarder ses parents comme le font les petits enfants. Et cela frappa d'étonnement toute l'assistance, au point que les prêtres du Temple eux-mêmes étaient dans l'admiration.
Puisque la Vierge Marie devait naître d'Anne, la nature n'a pas osé devancer le germe béni de la grâce. Elle est restée sans fruit jusqu'à ce que la grâce eût porté le sien. En effet il s'agissait de la naissance, non d'un enfant ordinaire, mais de cette première-née d'où allait naître le premier-né de toute créature, en qui subsistent toutes chose. O bienheureux couple, Joachim et Anne ! Toute la création vous doit de la reconnaissance, car c'est en vous et par vous qu'elle offre au créateur le don qui surpasse tous les dons, je veux dire la chaste Mère qui était seule digne du Créateur.
Aujourd'hui sort de la souche de Jessé le rejeton sur lequel va s'épanouir pour le monde une fleur divine. Aujourd'hui Celui qui avait fait autrefois sortir le firmament des eaux crée sur la terre un ciel nouveau, formé d'une substance terrestre ; et ce ciel est beaucoup plus beau, beaucoup plus divin que l'autre, car c'est de lui que va naître le soleil de justice, celui qui a créé l'autre soleil....
Que de miracles se réunissent en cette enfant, que d'alliances se font en elle ! Fille de la stérilité, elle sera la virginité qui enfante. En elle se fera l'union de la divinité et de l'humanité, de l'impassibilité et de la souffrance, de la vie et de la mort, pour qu'en tout ce qui était mauvais soit vaincu par le meilleur. O fille d'Adam et Mère de Dieu ! Et tout cela a été fait pour moi, Seigneur ! Si grand était votre amour pour moi que vous avez voulu, non pas assurer mon salut par les anges ou quelque autre créature, mais restaurer par vous-même celui que vous aviez d'abord créé vous-même. C'est pourquoi je tressaille d'allégresse et je suis plein de fierté, et dans ma joie, je me tourne vers la source de ces merveilles, et emporté par les flots de mon bonheur, je prendrai la cithare de l'Esprit pour chanter les hymnes divins de cette naissance...
Aujourd’hui le créateur de toutes choses, Dieu le Verbe compose un livre nouveau jailli du cœur de son Père, et qu’il écrit par le Saint-Esprit, qui est langue de Dieu…
O fille du roi David et Mère de Dieu, Roi universel. O divin et vivant objet, dont la beauté a charmé le Dieu créateur, vous dont l'âme est toute sous l’action divine et attentive à Dieu seul ; tous vos désirs sont tendus vers cela seul qui mérite qu'on le cherche, et qui est digne d'amour ; vous n'avez de colère que pour le péché et son auteur. Vous aurez une vie supérieure à la nature, mais vous ne l'aurez pas pour vous, vous qui n'avez pas été créée pour vous. Vous l'aurez consacrée tout entière à Dieu, qui vous a introduite dans le monde, afin de servir au salut du genre humain, afin d'accomplir le dessein de Dieu, I'Incarnation de son Fils et la déification du genre humain. Votre cœur se nourrira des paroles de Dieu : elles vous féconderont, comme l'olivier fertile dans la maison de Dieu, comme l'arbre planté au bord des eaux vives de l'Esprit, comme l'arbre de vie, qui a donné son fruit au temps fixé : le Dieu incarné, la vie de toutes choses. Vos pensées n'auront d'autre objet que ce qui profite à l'âme, et toute idée non seulement pernicieuse, mais inutile, vous la rejetterez avant même d'en avoir senti le goût.
Vos yeux seront toujours tournés vers le Seigneur, vers la lumière éternelle et inaccessible ; vos oreilles attentives aux paroles divines et aux sons de la harpe de l'Esprit, par qui le Verbe est venu assumer noire chair... vos narines respireront le parfum de l'époux, parfum divin dont il peut embaumer son humanité. Vos lèvres loueront le Seigneur, toujours attaché aux lèvres de Dieu. Votre bouche savourera les paroles de Dieu et jouira de leur divine suavité. Votre cœur très pur, exempt de toute tache, toujours verra le Dieu de toute pureté et brûlera de désir pour lui. Votre sein sera la demeure de celui qu'aucun lieu ne peut contenir. Votre lait nourrira Dieu, dans le petit enfant Jésus. Vous êtes la porte de Dieu, éclatante d'une perpétuelle virginité. Vos mains porteront Dieu, et vos genoux seront pour lui un trône plus sublime que celui des chérubins... Vos pieds, conduits par la lumière de la loi divine, le suivant dans une course sans détours, vous entraîneront jusqu'à la possession du Bien-Aimé. Vous êtes le temple de l'Esprit-Saint, la cité du Dieu vivant, que réjouissent les fleuves abondants, les fleuves saints de la grâce divine. Vous êtes toute belle, toute proche de Dieu ; dominant les Chérubins, plus haute que les Séraphins, très proche de Dieu lui-même.
Salut, Marie, douce enfant d'Anne ; l’amour à nouveau me conduit jusqu’à vous. Comment décrire votre démarche pleine de gravité ? votre vêtement ? le charme de votre visage ? cette sagesse que donne l'âge unie à la jeunesse du corps ? Votre vêtement fut plein de modestie, sans luxe et sans mollesse. Votre démarche grave, sans précipitation, sans heurt et sans relâchement. Votre conduite austère, tempérée par la joie, n'attirant jamais l'attention des hommes. Témoin cette crainte que vous éprouvâtes à la visite inaccoutumée de l'ange ; vous étiez soumise et docile à vos parents ; votre âme demeurait humble au milieu des plus sublimes contemplations. Une parole agréable, traduisant la douceur de l'âme. Quelle demeure eût été plus digne de Dieu ? Il est juste que toutes les générations vous proclament bienheureuse, insigne honneur du genre humain. Vous êtes la gloire du sacerdoce, l’espoir des chrétiens, la plante féconde de la virginité. Par vous s'est répandu partout l'honneur de la virginité Que ceux qui vous reconnaissent pour la Mère de Dieu soient bénis, maudits ceux qui refusent...
O vous qui êtes la fille et la souveraine de Joachim et d'Anne, accueillez la prière de votre pauvre serviteur qui n'est qu'un pécheur, et qui pourtant vous aime ardemment et vous honore, qui veut trouver en vous la seule espérance de son bonheur, le guide de sa vie, la réconciliation auprès de votre Fils et le gage certain de son salut. Délivrez-moi du fardeau de mes péchés, dissipez les ténèbres amoncelées autour de mon esprit, débarrassez-moi de mon épaisse fange, réprimez les tentations, gouvernez heureusement ma vie, afin que je sois conduit par vous à la béatitude céleste, et accordez la paix au monde. A tous les fidèles de cette ville, donnez la joie parfaite et le salut éternel, par les prières de vos parents et de toute l'Eglise.