les saints des Gaules... en roumain
Publié : ven. 19 août 2005 20:30
Une personne qui m'est chère m'a ramené de Roumanie un livre en tous points remarquable. Il s'agit de la traduction roumaine de l'édition anglaise que le regretté hiéromoine Séraphin Rose de sainte mémoire avait faite de la Vita Patrum de saint Grégoire de Tours.
Il existe une traduction française de la Vita Patrum, publiée voici quelques années aux éditions de l'OEIL dans la traduction de Henri-Léonard Bordier (1864) avec des notes de Pierre Pasquier (Grégoire de Tours, Vie des Pères, Paris 1985), mais elle n'est pas accompagnée par tous les matériaux que le père Séraphin - lui-même d'origine française par son père et qui connaissait aussi bien le français que l'anglais, l'allemand, l'espagnol, le chinois et le russe - avait ajoutés à l'édition anglaise, et que je retrouve dans l'édition roumaine. On trouve ainsi dans cette édition une "Introduction aux saints orthodoxes d'Occident", par le hiéromoine Séraphin (écrite en Californie en 1975), la Vie de saint Grégoire de Tours par Odon, une "Introduction à la Gaule orthodoxe" par le père Séraphin, le beau récit d'un pélerinage d'un soldat étasunien converti à l'Orthodoxie qui profita d'une permission pendant son service en Allemagne pour se rendre dans les anciens lieux saints orthodoxes de Suisse romande et de Franche-Comté (Saint-Maurice d'Agaune, Saint-Claude, Saint-Lupicin, Romainmôtier), et enfin le texte de saint Grégoire de Tours, comprenant les vies des saints frères Romain et Lupicin, de saint Allyre de Clermont (reliques détruites par la République), de saint Abraham de Saint-Cirgues, de saint Quintien de Clermont (reliques disparues sous la République), de saint Pourçain (éponyme d'un fameux bourg viticole du Bourbonnais qui fournissait le vin que les rois de France devaient boire lors de la cérémonie du sacre), de saint Gall de Clermont, de saint Grégoire de Langres, de saint Nizier de Lyon, de saint Patrocle de Colombier, de saint Friard, de saint Calupan de Méallet, des saints Emilien de Pionsat et Brachion de Menat, de saint Lupicin de Lubié, de saint Mars de Clermont, de saint Senoch, de saint Venant de Tours, de saint Nizier de Trèves, des saints Ours de Loches et Leubais de Sennevières, de sainte Monegonde de Tours et de saint Liphard de Marmoutier. Cette édition comporte aussi des vies de saints qui ne se trouvent pas dans l'édition française (saints Salvy, Brice, Hospice, Eparque, Yrieux et Walfroy). Enfin, l'édition roumaine contient en postface une courte biographie du hiéromoine Séraphin (Rose) par son disciple le moine Damascène (Christensen). Autre supériorité de l'édition roumaine (et, je suppose, de l'édition anglaise, que je n'ai malheureusement pas eue entre les mains) sur l'édition française de la Vita Patrum: chaque vita est accompagnée d'une esquisse d'icône du moine Damascène et contient des informations sur le sort des reliques (lorsqu'il est connu) et sur le devenir ultérieur des lieux sanctifiés par ces ascètes de la Gaule orthodoxe. Je dois dire qu'il est aussi intéressant de comparer les versions roumaine, latine et française du même prénom.
Inutile de trop s'attarder sur le fait que les lieux qui furent illuminés par ces saintes figures du temps que nos pays étaient orthodoxes ont en général connu une déréliction qui n'est que le reflet de toute notre histoire religieuse depuis que nos ancêtres ont été séparés par la force de l'Eglise orthodoxe une, sainte, catholique-conciliaire et apostolique.
Et cependant, quatorze ou quinze siècles après la mort de ces saints, on en parle encore, grâce à un moine de Californie. Ainsi, l'oeuvre de nos saints, abandonné par leurs descendants selon le sang, porte maintenant ses fruits en Amérique, et, nous pouvons espérer au vu de cette traduction roumaine qu'elle portera ses fruits parmi nos cousins latins des Carpathes et des bouches du Danube.
En attendant une traduction française du travail accompli par le hiéromoine Séraphin pour l'édition de la Vita Patrum, je ne peux que recommander à nos amis roumains ou roumanophones la lecture de cette ouvrage. Elle leur sera d'autant plus profitable si le destin les a amenés à vivre du côté de la Franche-Comté, de la Touraine, de l'Auvergne ou du Bourbonnais.
Saint Grégoire de Tours, Vita Patrum / Viata Parintilor, avec une introduction du hiéromoine Séraphin Rose, traduction de l'anglais par Petrisor Ilina, Editions Sofia et Cartea Ortodoxa, Bucarest 2004, imprimé avec la bénédiction de Mgr Galaction, évêque d'Alexandrie et de Teleorman.
Il existe une traduction française de la Vita Patrum, publiée voici quelques années aux éditions de l'OEIL dans la traduction de Henri-Léonard Bordier (1864) avec des notes de Pierre Pasquier (Grégoire de Tours, Vie des Pères, Paris 1985), mais elle n'est pas accompagnée par tous les matériaux que le père Séraphin - lui-même d'origine française par son père et qui connaissait aussi bien le français que l'anglais, l'allemand, l'espagnol, le chinois et le russe - avait ajoutés à l'édition anglaise, et que je retrouve dans l'édition roumaine. On trouve ainsi dans cette édition une "Introduction aux saints orthodoxes d'Occident", par le hiéromoine Séraphin (écrite en Californie en 1975), la Vie de saint Grégoire de Tours par Odon, une "Introduction à la Gaule orthodoxe" par le père Séraphin, le beau récit d'un pélerinage d'un soldat étasunien converti à l'Orthodoxie qui profita d'une permission pendant son service en Allemagne pour se rendre dans les anciens lieux saints orthodoxes de Suisse romande et de Franche-Comté (Saint-Maurice d'Agaune, Saint-Claude, Saint-Lupicin, Romainmôtier), et enfin le texte de saint Grégoire de Tours, comprenant les vies des saints frères Romain et Lupicin, de saint Allyre de Clermont (reliques détruites par la République), de saint Abraham de Saint-Cirgues, de saint Quintien de Clermont (reliques disparues sous la République), de saint Pourçain (éponyme d'un fameux bourg viticole du Bourbonnais qui fournissait le vin que les rois de France devaient boire lors de la cérémonie du sacre), de saint Gall de Clermont, de saint Grégoire de Langres, de saint Nizier de Lyon, de saint Patrocle de Colombier, de saint Friard, de saint Calupan de Méallet, des saints Emilien de Pionsat et Brachion de Menat, de saint Lupicin de Lubié, de saint Mars de Clermont, de saint Senoch, de saint Venant de Tours, de saint Nizier de Trèves, des saints Ours de Loches et Leubais de Sennevières, de sainte Monegonde de Tours et de saint Liphard de Marmoutier. Cette édition comporte aussi des vies de saints qui ne se trouvent pas dans l'édition française (saints Salvy, Brice, Hospice, Eparque, Yrieux et Walfroy). Enfin, l'édition roumaine contient en postface une courte biographie du hiéromoine Séraphin (Rose) par son disciple le moine Damascène (Christensen). Autre supériorité de l'édition roumaine (et, je suppose, de l'édition anglaise, que je n'ai malheureusement pas eue entre les mains) sur l'édition française de la Vita Patrum: chaque vita est accompagnée d'une esquisse d'icône du moine Damascène et contient des informations sur le sort des reliques (lorsqu'il est connu) et sur le devenir ultérieur des lieux sanctifiés par ces ascètes de la Gaule orthodoxe. Je dois dire qu'il est aussi intéressant de comparer les versions roumaine, latine et française du même prénom.
Inutile de trop s'attarder sur le fait que les lieux qui furent illuminés par ces saintes figures du temps que nos pays étaient orthodoxes ont en général connu une déréliction qui n'est que le reflet de toute notre histoire religieuse depuis que nos ancêtres ont été séparés par la force de l'Eglise orthodoxe une, sainte, catholique-conciliaire et apostolique.
Et cependant, quatorze ou quinze siècles après la mort de ces saints, on en parle encore, grâce à un moine de Californie. Ainsi, l'oeuvre de nos saints, abandonné par leurs descendants selon le sang, porte maintenant ses fruits en Amérique, et, nous pouvons espérer au vu de cette traduction roumaine qu'elle portera ses fruits parmi nos cousins latins des Carpathes et des bouches du Danube.
En attendant une traduction française du travail accompli par le hiéromoine Séraphin pour l'édition de la Vita Patrum, je ne peux que recommander à nos amis roumains ou roumanophones la lecture de cette ouvrage. Elle leur sera d'autant plus profitable si le destin les a amenés à vivre du côté de la Franche-Comté, de la Touraine, de l'Auvergne ou du Bourbonnais.
Saint Grégoire de Tours, Vita Patrum / Viata Parintilor, avec une introduction du hiéromoine Séraphin Rose, traduction de l'anglais par Petrisor Ilina, Editions Sofia et Cartea Ortodoxa, Bucarest 2004, imprimé avec la bénédiction de Mgr Galaction, évêque d'Alexandrie et de Teleorman.