Cette fois, j’ai lu le fil attentivement. Je maintiens pour Monique ce que j’ai dit sur la vérification scientifique de l’homéopathie. Les physiciens en question, que j’ai rencontrés lors d’un colloque ouvert au public mais dont j’ai oublié le nom, expliquent aussi la nécessité de la dilution et de l’agitation ou « dynamisation ». Je vais essayer d’expliquer cela sans recourir aux équations ni aux principes de la physique quantique et, s’il y a des physiciens qui fréquentent le forum, je leur demande de me pardonner les imprécisions qu’entraîne fatalement ce type de vulgarisation.
En fait, tous les échanges chimiques dans notre corps se font au travers d’une mince couche d’eau. Mais l’eau est une substance assez exotique du point de vue de la chimie physique : c’est l’une des rares molécules qui peut prendre plusieurs formes géométriques dans chacun de ses états (solide, liquide, gazeux) et, selon la forme en question, ses propriétés électromagnétiques vont changer. Il faut savoir aussi qu’une réaction chimique, c’est un échange ou un partage d’électrons donc un phénomène électromagnétique. Quand on dissout un corps dans l’eau, même s’il n’y a pas réaction, la molécule d’eau sera sensible à cet « intrus » et prendra une forme en rapport, mettons la forme A. Les dilutions successives vont éliminer l’intrus mais, dans certaines conditions, l’eau ajoutée va prendre la forme A donnée par sa présence. Quelles conditions ? Une agitation non thermique et non électrique (d’où le rejet du mixer de cuisine, pas isolé – les grands agitateurs de chez Boiron le sont) qui disperse les molécules A dans l’ensemble de l’eau. A chaque réitération du processus, on a de plus en plus de A. Et c’est cet A qui est piégé dans les granules.
Une fois le sucre des granules digéré, les molécules d’eau de type A vont interagir avec la couche aqueuse qui baigne les cellules, mais ce ne sera pas une interaction chimique (H2O + H2O → 2 H2O !), ce sera une interaction électromagnétique et c’est cela qui va se transmettre à la cellule, modifier son fonctionnement et rétablir ainsi la santé.
Encore une fois, c’est de la vulgarisation à la limite de la trahison car, en fait, il faudrait décrire le processus en termes de barrières de potentiel et autres joyeusetés quantiques. Je n’ai pas tout compris quand les deux découvreurs en parlaient avec mon polytechnicien de bonhomme ! Mais j’ai au moins percuté sur le schéma général. Il n’y a pas de magie là dedans, pas d’autres énergies que celles qui sous-tendent l’univers.
Il peut y avoir une illusion de magie dans certaines têtes, mais c’est un autre problème, dont les granules ne sont pas responsables.
Au fait et au passage : l’acupuncture est une autre manière de soigner par le biais de l’électromagnétisme interne au vivant, comme on l’a vérifié en mesurant les différences de potentiel électrique entre les « points » et avec les zones inactives – et le yin et le yang chinois, qui sont les polarités des états métastables, n’ont rien à voir avec le bien et le mal. Cela aurait plutôt à voir avec la « saveur » des quarks ou avec la polarité quantique entre leptons et bosons. Je suis désolée de jargonner mais le premier qui assimilerait les particules élémentaires de la physique avec le bien et le mal, outre qu’il ferait se tordre de rire même les lycéens du bac S, devrait assumer la contradiction suivante : sans ces polarités et les tensions énergétiques qu’elles engendrent, il n’y aurait pas d’univers du tout. Ni étoiles, ni planètes, ni notre bonne vieille Terre, ni son propre corps. Je n’aurais pas l’outrecuidance de chercher à justifier le fait que Dieu ait créé le monde sur des dynamismes antinomiques mais je le constate. Et c’est même poétiquement dans la Genèse : lumière/ténèbres, eaux d’en haut et eaux d’en bas, sec et mer, etc. Jusqu’à l’homme, créé homme et femme. Quand l’opposition bien/mal ou plus exactement bon/mauvais apparaît dans le texte, c’est justement là que tout se complique et que l’homme va se casser la gargoulette !
Romaric a écrit :
« Toute médecine qui ne prend pas en compte le caractère spirituel de la maladie peut être taxée d’inconsciemment sataniste. »
Et :
« La médecine moderne est complètement athée. »
Non, non, non et non ! La médecine « moderne » n’est ni athée ni croyante, elle est
scientifique. C’est à dire qu’elle se plie à cette démarche qui pourrait apparaître comme le symbole même de l’humilité intellectuelle : ne rien affirmer par le seul raisonnement mais interroger la nature, le réel,
et lui laisser le dernier mot. Et je peux vous affirmer, Romaric, que le réel force les hommes de science à jeter à la poubelle 99% de leurs « intuitions géniales » ou de leurs hypothèses, aussi bien construites et rationnelles qu’elles paraissent. Attention à ne pas confondre interrogation de la nature et rejet de Dieu. La sainte ignorance qui reconnaît devant les mystères divins les limites de toute intelligence n’a rien à voir avec l’ignorance crasse. Et quelle leçon que la plus humble des démarches intellectuelles soit celle qui porte fruit avec tant de fécondité !
Quand on parle de médecine, on est bien évidemment dans les énergies créées. Ou si interviennent les énergies incréées, s’il y a miracle en d’autres termes, c’est aussi au travers des énergies créées que Dieu régénère. Attention à ne pas tomber dans l’erreur gnostique, dualiste, qui consiste à mépriser la création (ses touffes de thym et ses énergies) et à considérer qu’elle n’est que le terrain de jeu de Satan. Non ! Dieu a créé cet univers, sa matière, sa chair vivante et je crois que ce n’est pas un acte vain. Nous commençons à peine à percevoir à quel point cette création est immense et immensément belle. Certes il y a eu la chute, certes elle a tordu la nature humaine et fait choc dans toute la création – mais il y a aussi la Résurrection du Christ et c’est un événement qui retentit « d’une extrémité du monde à l’autre », bien au delà de ce dont nous avons conscience.
Je propose un antidote aux frilosités et aux tendances à se replier dans une religion bocal pour échapper aux monstres réels ou fantasmés : la récitation du psaume généralement noté comme 104 (ou 103) : « Mon âme, bénis le Seigneur. Seigneur mon Dieu, tu es infiniment grand. Il s’enveloppe de lumière comme d’un manteau, Il déploie les cieux comme une tenture… »
Et puis zut. Ces considérations bouche en cul de poule sur la médecine qui serait trop ci ou trop ça me semblent surtout des réflexions d’enfants gâtés de pays riches, qui n’ont pas eu de vraie maladie ni de déséquilibre alimentaire profond. Quand on passe par une maladie grave, on se soigne sans barguigner et, si Dieu donne la guérison, on prie aussi avec reconnaissance pour son médecin, même s’il n’est pas orthodoxe. Et même si Dieu ne donne pas le salut du corps et met à l’épreuve, pour celui qui reste là comme un con, la foi en la résurrection, cela n’empêche pas la reconnaissance et la prière pour tous ceux qui ont soigné et accompagné, orthos ou non ! J’y suis passée et je peux vous assurer que lorsqu’on est confronté de manière abrupte au mystère de la vie et de la mort, à l’épreuve la plus raide de la foi, les chochoteries n’ont plus cours. Et qui oserait se croire assez de discernement pour décider si telle maladie est ou non bonne pour l’âme ? C’est Dieu seul qui le manifeste. Mais le simple respect du corps que Dieu a donné oblige à se soigner autant que faire se peut. Et aussi dur que soit le remède. Et avec gratitude. Seigneur, souviens toi dans ton Royaume de ce couple d’ambulanciers dont je n’ai jamais su le nom, de toutes les infirmières du service d’oncologie de la Salpé et de celles de l’HEGP, des internes japonais, libanais, belge, roumain, et des professeurs qui ont décidé et supervisé le traitement. Et qui furent pour nous l’icône du Bon Samaritain.
Quant au point réellement important abordé dans ce fil, c’est à dire la distinction entre énergies incréées et énergies créées, entre essence et énergies en Dieu, je n’ai qu’une réflexion à suggérer. Il me semble difficile d’opposer et d’absolutiser hors contexte les expressions « Dieu s’unit à l’être créé » et « lui, l’être créé, s’unit à Dieu ». Bien sûr que le mouvement premier, c’est la condescendance divine, la kénose du Christ qui se fait homme et nous ouvre ainsi les portes du Royaume ! Mais Dieu ne déifie pas l’homme contre son gré et il y a bien une réponse à donner, une acceptation de cette union, l’acceptation même qui a fait de Marie la Théotokos. Et que Dieu pardonne la maladresse de mon langage devant ce mystère.