Photios Kontoglou et la Révolution grecque

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Jean-Mi
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Photios Kontoglou et la Révolution grecque

Message par Jean-Mi »

Christ est parmi nous!

sur la page suivante (en grec), on cite un bouquin de Photios Kontoglou (1895-1965) sur la "sainte révolution" - mais on cite aussi d'autres bouquins... quelqu'un saurait me dire quels sont, celui lui/elle, les citations de Photios? C'est en prévision du 25 bien entendu
http://locandiera.blogspot.com/2006/03/ ... st_24.html

grand merci


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Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Le chapitre Η αγιασμένη Επανάσταση (La Révolution sanctifiée) est extrait d’un livre du divin Kontoglou intitulé Πονεμένη Ρωμιοσύνη (La Romanité éprouvée) publié aux éditions Astir à Athènes. Sur le site que vous donnez en référence, il semble, en toute logique, que le passage suivant soit du vénérable Photios Kontoglou :

«Η ελληνική Επανάσταση είναι η πιο πνευματική επανάσταση που έγινε στον κόσμο. Είναι αγιασμένη. […] Η λευτεριά είναι η θεότητα που λατρεύει ο επαναστάτης και γι αυτήν χύνει το αίμα του. Μα τη λευτεριά, πολλές φορές, σαν την αποκτήσει ο επαναστάτης, δεν την μεταχειρίζεται για πνευματικούς σκοπούς, αλλά για να χαρεί την υλική ζωή μονάχα. Κοντά στην υλική ζωή έρχεται κι η πνευματική, μα τις περισσότερες φορές για πνευματική ζωή θεωρούνε οι άνθρωποι κάποιες απολαύσεις που είναι κι αυτές υλικές, κι ας φαίνουνται για πνευματικές.[…] Για τις περισσότερες επαναστάσεις, οι αιτίες που τις κάνανε να ξεσπάσουνε ήτανε υλικές κι η ελευθερία που επιδιώξανε ήτανε προορισμένη να ικανοποιήσει μονάχα υλικές ανάγκες. Η ελληνική όμως Επανάσταση είχε μεν για αιτία και τις υλικές στερήσεις και την κακοπάθηση του κορμιού, αλλά, πάνω από αυτές τις αιτίες είχε και κάποιες που ήταν καθαρά πνευματικές. Και πνευματικό, κατά τη γνώμη μου, αληθινά πνευματικό, είναι ότι έχει σχέση με το πνευματικό μέρος του ανθρώπου, με την ψυχή του, δηλαδή με τη θρησκεία. […]

Για τον έλληνα πίστη και πατρίδα είχανε γίνει ένα και το ίδιο πράγμα κ’ η λευτεριά που ποθούνε όλοι οι επαναστάτες, αλλά η λευτεριά να φυλάξουνε την αγιασμένη πίστη τους που μ αυτήν ελπίζανε να σώσουν την ψυχή τους. […] Για τούτο, κατά τα χρόνια της σκλαβιάς, χιλιάδες παλληκάρια σφαχτήκανε και κρεμαστήκανε και παλουκωθήκανε για την πίστη τους, αψηφώντας τη νεότητά τους, και μη δίνοντας σημασία στο κορμί τους και σε τούτη την πρόσκαιρη ζωή. Στράτευμα ολάκερο είναι οι άγιοι νεομάρτυρες, που δε θανατωθήκανε για τα υλικά αγαθά τούτης της ζωής, αλλά για την πολύτιμη ψυχή τους, που γνωρίζανε ότι δε θα πεθάνει μαζί με το κορμί, αλλά θα ζήσει αιώνια. Η ελευθερία που γι αυτήν θυσιαζότανε, δεν ήταν κάποια ακαθόριστη θεότητα, αλλά ήτανε ο ίδιος ο Χριστός, που γι αυτόν είπε ο απόστολος Παύλος: "όπου το Πνεύμα του Κυρίου, εκεί είναι κ’ η ελευθερία".[…]

Για τούτο είναι αγιασμένη η ελληνική Επανάσταση, κι αγιασμένοι οι πολεμιστές της, όπως ήτανε αγιασμένοι όσοι πολεμήσανε με τον Κωνσταντίνο Παλαιολόγο, πριν από τρακόσα εξήντα οκτώ χρόνια, κατά το πάρσιμο της Πόλης, καταπάνω στον ίδιον οχτρό της πίστης τους. […] Η Ορθοδοξία έγινε ένας λόγος άδειος στα στόματα των σημερινών φραγκοδασκαλεμένων δασκάλων. Μα η αληθινή Ορθοδοξία, που είναι πλούτος και ρίζα αθανασίας, είναι φυτρωμένη βαθιά στην καρδιά του ορθοδοξώτατου λαού μας που όσο δεν ήθελε να τουρκέψει, άλλο τόσο δεν ήθελε να φραγκέψει».

Donc le passage qui commence par « La Révolution grecque est la révolution la plus spirituelle qu’il y ait eu au monde. Elle a été sanctifiée. […] »

Avouons que la dernière phrase sur « notre peuple orthodoxe qui ne voulait pas devenir turc (= musulman), mais qui ne voulait pas non plus devenir frank (= papiste) », prend une saveur amère quand on se souvient que cette guerre d’indépendance aboutit à donner à la Grèce un roi catholique romain (Othon), un ministre des affaires ecclésiastiques luthérien (von Maurer) et une constitution ecclésiastique érastianiste qui jeta dans l’Église de Grèce les premières bases de l’œcuménisme délétère, de telle sorte qu’il fallut plusieurs décennies à celle-ci pour remonter la pente et retrouver une organisation canonique. Ce renouveau fut en grande partie l’œuvre de l’archevêque Chrysostome (Papadopoulos) qui convoqua en 1923 la première ( !) réunion plénière du saint Synode de la Hiérarchie et obtint le 31 décembre 1923 la promulgation de la Charte constitutionnelle du saint Synode de l’Église de Grèce.
Cette véritable déconfiture que représente l’imposition à la Grèce, entre 1833 et 1852, du système de Staatskirchentum / érastianisme absolu / césaro-papisme / léviathanisme / étatisme absolu et illimité / κρατισμός, fut en grande partie la conséquence des interventions de la France et de la Grande-Bretagne – pourtant toutes deux généreuses en termes de vies sacrifiées pour la liberté de la Grèce -, de l’absence de cohérence des tsars Alexandre Ier et Nicolas Ier, mais aussi du nationalisme de salon d'Adamantios Koraïs (dit Diamant Coray) et des ambitions démesurées de l’archimandrite Théoclite (Pharmakidis). Il faut presque toujours qu’une poterne soit ouverte de l’intérieur pour que l’ennemi s’introduise dans la ville…
Cf. A. Delembase, « Aux origines de l’œcuménisme dans l’Église de Grèce », in La Lumière du Thabor n° 11, Paris 1986, pp. 63-89, et archimandrite Grégoire (Papathomas), L’Église de Grèce dans l’Europe unie, Epektasis, Katérini 1998, pp. 123-178.
Jean-Mi
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Message par Jean-Mi »

lecteur Claude a écrit :Le chapitre Η αγιασμένη Επανάσταση (La Révolution sanctifiée) est extrait d’un livre du divin Kontoglou intitulé Πονεμένη Ρωμιοσύνη (La Romanité éprouvée) publié aux éditions Astir à Athènes. Sur le site que vous donnez en référence, il semble, en toute logique, que le passage suivant soit du vénérable Photios Kontoglou :
un grandissime merci pour avoir regardé et posté en plus une mise au point historique - notez que je pensais (à tort) qu'Othon était luthérien comme son premier sinistre. Je corrigerai ma bafouille à ce sujet.
Je ne sais plus qui du p. Papathomas ou du p. D'aloisio nous avait parlé pendant les cours de ce "thomisme grec" qui était enseigné là-bas jusque dans les années 1920. Je présume que cela aussi, c'était une partie du "cadeau surprise" des occidentaux pour "l'aide" aux Grecs à la libération et installation d'un nouvel État.
Parlant de "thomisme grec", les anglo-saxons ont eu la primeur du nouveau bouquin du patriarche Bartholomeos - co-signé par Madeleine Albright, s'il vous plaît - et c'est apparement pas piqué des hanetons.
Enfin, il ne doit pas se soucier, thomisme grec ou version inter-religieuse, peu importe, chez nous, il se trouvera assez de laudateurs pour vendre son bouquin.

Pour revenir à Photios Kontoglou, en dehors de l'iconographie, il semble avoir pas mal écrit. Une maison francophone a-t'elle diffusé ses titres en traduction?
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Jean-Mi a écrit :
un grandissime merci pour avoir regardé et posté en plus une mise au point historique - notez que je pensais (à tort) qu'Othon était luthérien comme son premier sinistre. Je corrigerai ma bafouille à ce sujet.
Je ne sais plus qui du p. Papathomas ou du p. D'aloisio nous avait parlé pendant les cours de ce "thomisme grec" qui était enseigné là-bas jusque dans les années 1920. Je présume que cela aussi, c'était une partie du "cadeau surprise" des occidentaux pour "l'aide" aux Grecs à la libération et installation d'un nouvel État.
Parlant de "thomisme grec", les anglo-saxons ont eu la primeur du nouveau bouquin du patriarche Bartholomeos - co-signé par Madeleine Albright, s'il vous plaît - et c'est apparement pas piqué des hanetons.
Enfin, il ne doit pas se soucier, thomisme grec ou version inter-religieuse, peu importe, chez nous, il se trouvera assez de laudateurs pour vendre son bouquin.

Pour revenir à Photios Kontoglou, en dehors de l'iconographie, il semble avoir pas mal écrit. Une maison francophone a-t'elle diffusé ses titres en traduction?


1) En ce qui concerne le roi bavarois en Grèce, il faut comprendre que la Bavière actuelle, le plus grand Land allemand avec 70'551 km2, est beaucoup plus étendue et composite que la Bavière historique d'avant la Révolution française. Les francophones perçoivent en général la Bavière comme une sorte de petite Autriche, un parangon de catholicisme et d'art baroque avec les Wittelsbach à la place des Habsbourg, parce que le tourisme se concentre sur la Bavière historique (Munich, les châteaux de Louis II, les Alpes, etc.) Si on va en Franconie, par exemple si on séjourne un peu à Rothenburg-ob-der-Tauber, on découvre une autre Bavière, où le protestantisme a eu un rôle historique majeur (avec des temples luthériens dont l'amènagement intérieur évoque beaucoup plus des églises catholiques du XVe siècle que des temples calvinistes).
Cette situation est due au fait qu'en réorganisant l'Allemagne entre 1801 et 1809, Napoléon Bonaparte, premier Consul puis empereur des Français, a agi exactement de la même manière que tous les autres réorganisateurs de l'Europe, type Hitler ou Staline: il a récompensé ses satellites, puni ses ennemis. Il a donc agrandi la Bavière qui s'est trouvée pourvue de territoires historiquement protestants. Naturellement, dans le nouvel esprit français de la liberté religieuse qui avait commencé à triompher avec l'Edit de tolérance de Louis XVI (1787), Bonaparte ne souhaitait pas que ses satellites germaniques persistassent à appliquer le principe cujus regio, ejus religio issu de la paix d'Augsbourg. Il fallait donc aménager la coexistence des deux religions dans la nouvelle Bavière, érigée en royaume en 1805 par la grâce de Napoléon Ier. Voici comment l'historien français Jacques-Olivier Boudon décrit cette rupture avec le système allemand traditionnel des confessions compartimentées sur une base territoriale (le Yalta ecclésiastique cher à nos œcuménistes / phylétistes orthodoxes contemporains et à certaines de nos lectrices):
« La minorité protestante a désormais droit de cité. Dès son avènement en 1800, Max-Joseph a autorisé les non-catholiques à acheter des biens fonciers et permis l'ouverture d'une chapelle luthérienne, fréquentée notamment par sa femme. Un édit du 26 août 1801 accorde aux protestants le droit de bourgeoisie à Munich. Mais c'est surtout à la suite des accroissements territoriaux de 1803 et de 1806 que le principe d'égalité religieuse s'impose, car certains territoires rattachés à la Bavière sont entièrement peuplés de protestants. Un édit du 10 janvier 1803 autorise donc la création de paroisses, d'églises et d'écoles protestantes sur le territoire ancien de la Bavière et, à l'inverse, l'installation de paroisses catholiques dans les nouvelles régions à majorité protestante. De même, à partir du 18 mai 1803, les mariages mixtes sont autorisés et il est désormais possible de passer d'une religion à l'autre sans entrave [souligné par nous; nous avons déjà mentionné à plusieurs reprises sur le présent forum des tentatives des oecuménistes orthodoxes pour rendre impossible l'exercice de ce droit de changement de religion, en profitant du fait que les textes juridiques actuels ne garantissent la liberté de changer de religion que contre les empiètements de l'Etat et qu'il n'y a en principe pas de Drittwirkung des droits fondamentaux, de telle sorte qu'ils savent que les tribunaux civils ne pourront pas annuler les accords conclus avec d'autres oecuménistes pour faire obstacle à la liberté de choix de la religion, bien que cette situation représente pour nous une régression de deux siècles en arrière - NdL]. Finalement, la Constitution bavaroise de 1808 avalisa ces changements en proclamant « la liberté et l'égalité des communions chrétiennes ». L'affirmation de cette tolérance religieuse valait aussi pour les sectes protestantes, tels les mennonites, mais aussi pour les juifs (environ cinq mille vers 1810). » (Jacques-Olivier Bourdon, Napoléon et les cultes, Fayard, Paris 2002, p. 230.)
Il faut garder à l'esprit cette transformation totale de la situation religieuse en Bavière au temps de Napoléon pour comprendre que le roi bavarois qui débarque en Grèce en 1832, Othon Ier, soit, bien que lui-même catholique et Wittelsbach, flanqué d'un ministre luthérien, von Maurer - de surcroît membre du conseil de régence - et que les nouveaux gouvernants imposent dès 1833 à la Grèce une organisation ecclésiastique luthérienne. Ils avaient déjà le précédent de la Russie où, en 1721, Pierre Ier et Théophane (Propkopovitch) avaient déjà imposé une organisation ecclésiastique de type luthérien. Précisons tout de suite - car c'est là que réside l'élément essentiel - que cette organisation luthérienne avec le prince comme Notbischof avait été adoptée en Allemagne pour la survie de l'Église luthérienne (et la quasi-totalité des princes luthériens allemands s'étaient, au cours des temps, montrés de vigilants défenseurs de leur foi – cf. à cet égard le livre du pasteur calviniste Bernard Reymond, Une Église à croix gammée ? , L’Âge d’Homme, Lausanne, p. 24 : « à part l’anicroche de Frédéric-Guillaume III, en 1817, les princes s’étaient toujours comportés en protecteurs honnêtes, honorables et respectueux des Églises implantées sur leur territoire » ), tandis qu'elle ne fut transplantée en Russie, puis en Grèce, qu'à des fins d'affaiblissement de l'Eglise orthodoxe. Ainsi, la même institution, qui avait été mise en place pour l’affermissement d’une religion en Allemagne, était transférée ailleurs pour la perte d’une autre religion.
On rappellera à cet égard que le patriarcat œcuménique de Constantinople ne s’est résigné à reconnaître – et encore partiellement – le nouvel état de fait que dix-sept ans plus tard, par le Tome synodique de 1850, dont on trouvera une analyse détaillée dans le livre du métropolite Hiérothée (Vlachos) de Naupacte et Saint-Blaise, Οικουμενικό Πατριαρχείο και Εκκλησία της Ελλάδος (Le Patriarcat œcuménique et l’Église de Grèce), Pelagia 2002, pp. 187-222.

2) En ce qui concerne le thomisme grec, je n’en avais pas entendu parler. En revanche, je sais qu’il y a eu dans les années 1950-1960 une mode du barthisme grec, qui n'a pas dû beaucoup rayonner au-delà du cercle étroit des barthomanes de l'endroit. Un de mes amis qui étudiait à Athènes en 1957 m’a raconté qu’il y avait rencontré Nikos Nissiotis qui, en ce temps-là, ne jurait que par le barthisme. Qui lit Barth dans ma génération, même chez les protestants ? Qui se souvient que Barth a existé ?

3) En ce qui concerne les traductions de Photios Kontoglou, n’a été traduit en français, à ma connaissance, qu’un seul article du grand iconographe : « La Papauté et l’Orthodoxie », in Cahier Guettée, n° 1, Fraternité orthodoxe saint Grégoire Palamas, Paris 1993, pp. 56-83. L’article est précédé d’une longue notice biographique du divin Kontoglou (pp. 48-55). Les Cahiers Guettée devaient être une revue consacrée à l’œuvre et à la pensée du restaurateur de l’Orthodoxie en Europe occidentale, mais, malheureusement, un seul numéro est paru.

Voilà, j’espère que ces quelques informations vous seront utiles. Pour ma part, les aléas de la vie professionnelle font que je vais avoir beaucoup moins de temps à consacrer au présent forum et que je serai beaucoup moins réactif. Il faudra être patient et indulgent à mon égard !
Jean-Mi
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Message par Jean-Mi »

Cher Lecteur Claude (& autres lecteurs/trices!)
Si on va en Franconie, par exemple si on séjourne un peu à Rothenburg-ob-der-Tauber, on découvre une autre Bavière, où le protestantisme a eu un rôle historique majeur (avec des temples luthériens dont l'amènagement intérieur évoque beaucoup plus des églises catholiques du XVe siècle que des temples calvinistes).
un de mes professeurs à l'école du séminaire (kto), grand Wagnérien s'il en était, nous avait longuement parlé de son admiration pour ces églises luthériennes "bien plus kto et traditionelles que les églises kto d'ici"
Dès son avènement en 1800, Max-Joseph a autorisé les non-catholiques à acheter des biens fonciers et permis l'ouverture d'une chapelle luthérienne, fréquentée notamment par sa femme.
il avait au moins le sens de la paix dans les ménages :-)

.. les nouveaux gouvernants imposent dès 1833 à la Grèce une organisation ecclésiastique luthérienne. Ils avaient déjà le précédent de la Russie où, en 1721, Pierre Ier et Théophane (Propkopovitch) avaient déjà imposé une organisation ecclésiastique de type luthérien.
je me demande dans quelle mesure ça a changé de nos jours, je veux dire quant à la mentalité, la spiritualité
..« à part l’anicroche de Frédéric-Guillaume III, en 1817, les princes s’étaient toujours comportés en protecteurs honnêtes, honorables et respectueux des Églises implantées sur leur territoire » ), tandis qu'elle ne fut transplantée en Russie, puis en Grèce, qu'à des fins d'affaiblissement de l'Eglise orthodoxe. Ainsi, la même institution, qui avait été mise en place pour l’affermissement d’une religion en Allemagne, était transférée ailleurs pour la perte d’une autre religion.
et le succès a été au rendez-vous
saint Seraphim de Sarov se plaignait en 1831 de l'absence de Foi dans son peuple. On ne prend pas assez au sérieux les paroles des saints. On retient ce qui arrange, pour faire bien dans le tableau "bôô pays Orthodoxe" et on oublie la réaité des faits. Ca n'aide pas.
On rappellera à cet égard que le patriarcat œcuménique de Constantinople ne s’est résigné à reconnaître – et encore partiellement – le nouvel état de fait que dix-sept ans plus tard, par le Tome synodique de 1850, dont on trouvera une analyse détaillée dans le livre du métropolite Hiérothée (Vlachos) de Naupacte et Saint-Blaise, Οικουμενικό Πατριαρχείο και Εκκλησία της Ελλάδος (Le Patriarcat œcuménique et l’Église de Grèce), Pelagia 2002, pp. 187-222.
Le métropolite Hiérothée en question semble être une mine d'or, pour le nombre de fois que je le vois cité dans des débats de fond

le même patriarcat n'aura aucune difficulté à "reconnaître la validité des ordres anglicans" en 1922
http://www.ucl.ac.uk/~ucgbmxd/patriarc.htm
voire d'amener ses collègues soumis à faire de même en 1931,
après sa sulfureuse participation à la Conférence de Lambeth
http://anglicanhistory.org/orthodoxy/do ... _11.2.html
pour y "unir" Orthodoxes & anglicans.. Et aussi les "vieux catholiques"
http://anglicanhistory.org/oc/bonn1931.html


même les Roumains s'y sont mis
http://anglicanhistory.org/orthodoxy/ru_doc_1937.html

rien n'a changé, toujours aussi difficile de reconnaître ses frères. Mais est-ce que ce sont vraiment ses frères, ou ne faut-il pas justement systématiquement aller regarder dans d'autres "discrets cénacles" pour y retrouver les véritables frères de (certains de) ces patriarches-là?...


2) En ce qui concerne le thomisme grec, je n’en avais pas entendu parler. En revanche, je sais qu’il y a eu dans les années 1950-1960 une mode du barthisme grec, qui n'a pas dû beaucoup rayonner au-delà du cercle étroit des barthomanes de l'endroit. Un de mes amis qui étudiait à Athènes en 1957 m’a raconté qu’il y avait rencontré Nikos Nissiotis qui, en ce temps-là, ne jurait que par le barthisme. Qui lit Barth dans ma génération, même chez les protestants ? Qui se souvient que Barth a existé ?
heuuu.. j'ai "connaître Dieu et Le servir" dans ma bibliothèque..

mais j'avoue ne pas l'avoir ouvert jusqu'à présent!
3) En ce qui concerne les traductions de Photios Kontoglou, n’a été traduit en français, à ma connaissance, qu’un seul article du grand iconographe : « La Papauté et l’Orthodoxie », in Cahier Guettée, n° 1, Fraternité orthodoxe saint Grégoire Palamas, Paris 1993, pp. 56-83.
hélas revue introuvable en librairie sur internet...
c'est tout de même fou le nombre de bons articles publiés dans des opuscules certes intéressants mais à diffusion ultra-confidentielle, et qui du coup se perdent dans les tiroirs poussiéreux des rares bibliothèques qui les auraient. Un gâchis.
Voilà, j’espère que ces quelques informations vous seront utiles. Pour ma part, les aléas de la vie professionnelle font que je vais avoir beaucoup moins de temps à consacrer au présent forum et que je serai beaucoup moins réactif. Il faudra être patient et indulgent à mon égard !
vous êtes comme à l'habitude, encyclopédiquement utile et précis!

maintenant si vous manquez un peu d'ouvrage, une nouvelle organisation Orthodoxe vient de se lancer aux USA, elle vise à la défense légale de l'Orthodoxie, des millions de dossiers potentiels, ça vous dirait?
http://www.ocai.info

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je plaisante, sinon ce forum va se trouver à nouveau orphelin...
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Jean-Mi a écrit :le même patriarcat n'aura aucune difficulté à "reconnaître la validité des ordres anglicans" en 1922
http://www.ucl.ac.uk/~ucgbmxd/patriarc.htm
voire d'amener ses collègues soumis à faire de même en 1931,
après sa sulfureuse participation à la Conférence de Lambeth
http://anglicanhistory.org/orthodoxy/do ... _11.2.html
pour y "unir" Orthodoxes & anglicans.. Et aussi les "vieux catholiques"
http://anglicanhistory.org/oc/bonn1931.html


même les Roumains s'y sont mis
http://anglicanhistory.org/orthodoxy/ru_doc_1937.html

rien n'a changé, toujours aussi difficile de reconnaître ses frères. Mais est-ce que ce sont vraiment ses frères, ou ne faut-il pas justement systématiquement aller regarder dans d'autres "discrets cénacles" pour y retrouver les véritables frères de (certains de) ces patriarches-là?...
C'est vrai que l'appartenance fraternelle de beaucoup de prélats explique bien des choses. Toutefois, il faut se méfier des bruits qui courent.
En 1920, une délégation du patriarcat oecuménique de Constantinople était à la conférence anglicane de Lambeth, mais a expliqué que l'intercommunion n'était possible que sur la base de l'unité dogmatique. Il en est allé de même lors de la conférence de Lambeth de 1930.
En ce qui concerne les Roumains, il semble qu'une commission avait proposé au saint Synode la reconnaissance des ordinations anglicanes - proposition qui était en soi un signe de la captivité augustinienne de la théologie et de la pensée dans certains pays orthodoxes. Mais, d'après mes sources, le saint Synode de Roumanie a répondu en 1937 que la décision ne pouvait être prise que par "l'organe suprême de l'Eglise orthodoxe, le concile oecuménique" et n'a donc pas donné suite.
(Cf. E.F. Fortino, "Dialogul anglicano-ortodox", in RP Eduard Farrugia SJ e.a., Dicţionarul enciclopedic al Răsăritului creştin, Galaxia Gutenberg, Târgu Lăpuş 2005, pp. 220-221 ; il s’agit de la traduction de l’italien en roumain, par Adrian Popescu, Vasile Rus, Ioan Muntean et Andrei Mărcuş, du Dizionario Enciclopedico dell’Oriente Cristiano, publié à Rome en 2000 par l’Institut pontifical oriental ; l’ouvrage est clairement d’orientation anti-orthodoxe et l’éditeur roumain est d’ailleurs un prêtre uniate du Maramureş ; je n’ai jamais eu l’occasion de me procurer l’original italien.)

L'évêque orthodoxe anglais bien connu Kallistos (Ware) rappelle qu'en 1922 le patriarche de Constantinople Mélèce IV (Métaxakis) - fameux aventurier ecclésiastique décidément prêt à toutes les compromissions - avait reconnu les ordres anglicans - en même temps que ceux des catholiques romains, des vieux-catholiques et des Arméniens monophysites, pour faire bonne mesure - et que, les années suivantes, des déclarations du même genre ont été faites par les Eglises de Jérusalem (1923), Chypre (1923), Alexandrie (1930) et Roumanie (1936) - mais cette information de Mgr Kallistos est incompatible avec celle que j'ai citée plus haut, selon laquelle le saint Synode de Roumanie a au contraire répondu en 1937 qu'il ne lui appartenait pas de se prononcer. Mais Mgr Kallistos rappelle aussitôt le scepticisme qui s'impose face à ce genre de déclarations tonitruantes auxquelles nous ont accoutumés certains prélats-politiciens:

"None of these Churches, however, seems actually to have given practical effect to these acts of recognition. Anglican clergy entering Orthodoxy, if called to serve in the Orthodox priesthood, have always been reordained, whereas in the case of Roman Catholic clergy who become Orthodox there is usually no such reordination". (Timothy Ware, The Orthodox Church, 2e édition, 3e réimpression, Penguin, Londres 1997, p. 319.)

Ma traduction:

"Toutefois, aucune de ces Eglises ne semble réellement avoir donné de suite pratique à ces déclarations de reconnaissance. Les clercs anglicans entrant dans l'Orthodoxie, et appelés à servir comme prêtres orthodoxes, ont toujours été réordonnés, alors qu'il n'y a habituellement pas de réordination de ce genre pour le clergé catholique romain qui devient orthodoxe."

Encore qu'il n'y ait jamais eu, dans la tradition orthodoxe, de reconnaissance du sacerdoce des hétérodoxes. L'Eglise réconcilie les orthodoxes comme Elle le veut. Feu Mgr Pierre de New York avait donné l'exemple des uniates de Biélorussie, lors de leur retour dans le sein de l'Eglise en 1839: leur évêque avait été rebaptisé, chrismé et réordonné, tandis que les laïques avaient été reçus par simple confession de foi.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Jean-Mi a écrit :le même patriarcat n'aura aucune difficulté à "reconnaître la validité des ordres anglicans" en 1922
http://www.ucl.ac.uk/~ucgbmxd/patriarc.htm
voire d'amener ses collègues soumis à faire de même en 1931,
après sa sulfureuse participation à la Conférence de Lambeth
http://anglicanhistory.org/orthodoxy/do ... _11.2.html
pour y "unir" Orthodoxes & anglicans.. Et aussi les "vieux catholiques"
http://anglicanhistory.org/oc/bonn1931.html


même les Roumains s'y sont mis
http://anglicanhistory.org/orthodoxy/ru_doc_1937.html

rien n'a changé, toujours aussi difficile de reconnaître ses frères. Mais est-ce que ce sont vraiment ses frères, ou ne faut-il pas justement systématiquement aller regarder dans d'autres "discrets cénacles" pour y retrouver les véritables frères de (certains de) ces patriarches-là?...
C'est vrai que les liens maçonniques expliquent beaucoup de choses.

C'est vrai que la puissance de l'Empire britannique explique beaucoup de choses: en 1920, après les traités de Versailles et de Sèvres, cette puissance est à son apogée. Et Jérusalem et Alexandrie sont des villes qui font partie de l'Empire britannique - ce fait explique d'ailleurs la reconversion du lamentable Mélèce Metaxakis comme patriarche d'Alexandrie. L'île de Chypre est aussi sous domination britannique. Ceci est sans doute la cause de cela - ces reconnaissances incroyables des ordres anglicans, qui ne sont d'ailleurs pas plus risibles que les Balamand d'aujourd'hui.

Mais, à la décharge des prélats de Constantinople, de Chypre et d'Alexandrie de cette période, il faut aussi rappeler qu'il y avait, parmi les causes de ces discussions avec les anglicans, une atmosphère de sympathie et de respects mutuels qui remontaient à très loin. Je ne peux que recommander la lecture d'un livre remarquable d'Hélène Pignot qui est passé totalement inaperçu: La Turquie chrétienne, Editions Xenia, Vevey 2006 http://editions-xenia.com/livres/turquie/ . C'est une anthologie commentée de récits de voyageurs français et anglais dans l'Empire ottoman aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le contraste est frappant entre l'attitude presque toujours pleine de mépris et d'un sentiment de supériorité assez risible des écrivains catholiques romains, et l'effort des écrivains anglicans pour rapporter de manière objective les croyances des orthodoxes ou des monophysites et pour louer, plutôt que tourner en dérision, leur constance face à la persécution et à la dhimmitude. Il faut quand même garder à l'esprit cet arrière-plan séculaire pour comprendre que les prélats orthodoxes de Constantinople, de Chypre et d'Alexandrie pouvaient se faire des illusions sur les espoirs de réunion avec des anglicans qui leur étaient apparus comme les plus tolérants, les plus ouverts, les plus compatissants - en un mot, les seuls qui avaient un peu de charité chrétienne - parmi les chrétiens hétérodoxes de l'Europe occidentale. L'erreur était de croire qu'au-delà de la sympathie humaine ou de la noblesse de comportement, il y avait des bases pour une union véritable.

L'ancienne sympathie des anglicans envers les orthodoxes, qui pouvait au moins expliquer certaines illusions de l'entre-deux-guerres, rend encore plus incompréhensibles les courbettes actuelles de certains prélats orthodoxes devant la Papauté, qui reste ce qu'elle a toujours été, et qui continue à persécuter nos frères partout où elle le peut. Quant au mépris et à l'incompréhension, rien n'a changé. Vous souvenez-vous des sinistres Oustachis virtuels qui sont venus sur ce forum pour nous provoquer en se livrant à l'apologie de Pavelić et Stepinac - qui est de toutes façons la seule version d'Arthur et Merlin que leurs esprits fanatisés puissent concevoir ?
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