Déclaration des droits de l'homme orthodoxe

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Steve G
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Déclaration des droits de l'homme orthodoxe

Message par Steve G »

Qui aurait (ou aurait traduit) l'intégralité de cette déclaration et pourrait la
mettre sur le forum ?

Merci.
Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, prends pitié de moi, pêcheur.
hilaire
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Message par hilaire »

Déclaration du Xème Congrès Mondial Populaire Russe sur les droits et la dignité de l'homme

2006-04-10 | Mospat.ru

Reconnaissant que le monde traverse une période critique de son histoire, qu'il se trouve face à la menace d'un conflit de civilisations qui comprennent différemment l'homme et sa destination, le Congrès Mondial Populaire Russe au nom de la civilisation originale russe a adopté la déclaration suivante.


L'homme, comme image de Dieu, possède une valeur spécifique dont il ne peut être dépossédé. Elle doit être respectée par chacun de nous, la société et l'Etat. En faisant le bien, la personne acquiert la dignité. Ainsi, nous distinguons la valeur et la dignité de la personne. La valeur, c'est ce qui est donné, la dignité, c'est ce qui s'acquiert.


La loi morale immuable a une base solide dans l'âme de l'homme, cette base ne dépend ni de la culture, ni de la nationalité, ni des circonstances de la vie. Elle a été incorporée par le Créateur dans la nature humaine et sa manifestation est la conscience. Cependant la voix de la conscience peut être étouffée par le péché. Et c'est justement pour cela que la tradition religieuse qui tire sa Première Source de Dieu est appelée à contribuer à distinguer le bien du mal.


Nous distinguons deux libertés : la liberté intérieure contre le mal et la liberté du choix moral. La liberté contre le mal a une valeur en soi. Tandis que la liberté de choix acquiert de la valeur et la personne sa dignité quand l'homme choisit le bien. A l'inverse, la liberté de choix mène à l'autodestruction et cause des dommages à la dignité de l'homme quand celui-ci choisit le mal.


Les droits de l'homme ont pour base la valeur de la personne humaine et doivent être orientés vers la réalisation de sa dignité. Et c'est justement pour cela que le contenu des droits de l'homme ne peut pas ne pas être lié avec le sens moral. La rupture entre ces droits et la moralité signifie leur profanation, étant donné qu'il ne peut y avoir de dignité immorale.


Nous sommes pour le droit à la vie et contre le « droit » à la mort, pour le droit de créer et contre le « droit » de détruire. Nous reconnaissons les droits et les libertés de l'homme dans la mesure où ils aident l'individu à progresser vers le bien, le protègent du mal intérieur et extérieur, lui permettent de se réaliser positivement dans la société. Sous ce jour nous respectons non seulement les droits et libertés civiques et politiques, mais également les droits sociaux, économiques et culturels.


Les droits et les libertés sont indissolublement liés avec les obligations et les responsabilités de l'homme. L'individu, en réalisant ses intérêts est appelé à les mettre en corrélation avec les intérêts de son prochain, de sa famille, de sa communauté locale, de son peuple et de l'humanité entière.


Il y a des valeurs dont la place se situe au-dessus des droits de l'homme. Ce sont des valeurs telles que la foi, la moralité, le sacré, la Patrie. Lorsque ces valeurs et la réalisation des droits de l'homme entrent en contradiction, la société, l'Etat et la loi doivent concilier harmonieusement les unes et les autres. Il ne faut pas admettre des situations où la réalisation des droits de l'homme écraserait la foi et la tradition morale, amènerait à outrager les sentiments religieux ou patriotiques, les choses sacrées vénérées, menacerait l'existence de la Patrie. Nous voyons également un danger dans « l'invention » de « droits » qui légaliseraient des conduites condamnées par la morale traditionnelle et toutes les religions historiques.


Nous rejetons la politique des doubles standards dans le domaine des droits de l'homme, de même que les tentatives d'utiliser ces droits pour promouvoir des intérêts politiques, idéologiques, militaires et économiques, pour imposer un régime politique et social particulier.


Nous sommes prêts à collaborer avec l'Etat et toutes les forces bien intentionnées pour garantir les droits de l'homme. Les domaines particuliers d'une telle collaboration doivent être la protection des droits des nations et des groupes ethniques à avoir leur religion, leur langue et leur culture, la défense de la liberté de confession et du droit des croyants à choisir leur mode de vie, l'opposition aux crimes sur des bases nationales et religieuses, la défense de l'individu contre l'arbitraire des autorités et des employeurs, le souci des droits des militaires, la défense des droits de l'enfant, la sollicitude envers les personnes incarcérées ou se trouvant dans des établissements sociaux, la défense des victimes des sectes destructives, l'interdiction du contrôle total sur la vie privée et les convictions de la personne humaine, l'action contre l'entraînement des personnes au crime, à la corruption, à la traite des gens, à la prostitution, à la drogue, au jeu.


Nous aspirons au dialogue sur les droits de l'homme et de leur place dans la hiérarchie des valeurs avec des personnes de croyances et d'opinions différentes. Aujourd'hui seul un tel dialogue permettra d'éviter un conflit de civilisations, d'atteindre une paisible conjonction sur notre planète de différentes visions du monde, de différentes cultures, de différents systèmes politiques et juridiques. L'avenir des gens dépend du fait à quel point ils arriveront à trouver la solution à ce problème.
Antoine
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Message par Antoine »

Ceci n'est pas une déclaration orthodoxe. Elle est faite par le "Congrès Mondial Populaire Russe au nom de la civilisation originale russe " [identifiable?] et non pas au nom de l'Evangile: il n'y a aucune référence au Christ et les références à Dieu ne sont pas références à la Trinité mais à un principe.
Bon, c'est mieux qu'une déclaration ismamiste, mais cela reste d'une banalité affligeante pour un orthodoxe.
C'est le Christ qui est à la mesure de tout;<<De la mesure dont vous mesurez, on mesurera pour vous>> Matt, 7,3.

"Les droits de l'homme" n'est pas une problématique orthodoxe, mais une problématique laïque, maçonnique. Le terme même de "droits de l'homme" est antinomique de celui "d'orthodoxe".
doxa = gloire. L'homme comme sujet/objet de sa propre gloire, c'est le récit de la chute.

La seule déclaration orthodoxe possible en la matière est:
"Nous tous qui avons été baptisés en Christ, nous avons revêtu le Christ Alleluia."
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

hilaire a écrit :Déclaration du Xème Congrès Mondial Populaire Russe sur les droits et la dignité de l'homme

2006-04-10 | Mospat.ru

Reconnaissant que le monde traverse une période critique de son histoire, qu'il se trouve face à la menace d'un conflit de civilisations qui comprennent différemment l'homme et sa destination, le Congrès Mondial Populaire Russe au nom de la civilisation originale russe a adopté la déclaration suivante.


L'homme, comme image de Dieu, possède une valeur spécifique dont il ne peut être dépossédé. Elle doit être respectée par chacun de nous, la société et l'Etat. En faisant le bien, la personne acquiert la dignité. Ainsi, nous distinguons la valeur et la dignité de la personne. La valeur, c'est ce qui est donné, la dignité, c'est ce qui s'acquiert.


La loi morale immuable a une base solide dans l'âme de l'homme, cette base ne dépend ni de la culture, ni de la nationalité, ni des circonstances de la vie. Elle a été incorporée par le Créateur dans la nature humaine et sa manifestation est la conscience. Cependant la voix de la conscience peut être étouffée par le péché. Et c'est justement pour cela que la tradition religieuse qui tire sa Première Source de Dieu est appelée à contribuer à distinguer le bien du mal.


Nous distinguons deux libertés : la liberté intérieure contre le mal et la liberté du choix moral. La liberté contre le mal a une valeur en soi. Tandis que la liberté de choix acquiert de la valeur et la personne sa dignité quand l'homme choisit le bien. A l'inverse, la liberté de choix mène à l'autodestruction et cause des dommages à la dignité de l'homme quand celui-ci choisit le mal.


Les droits de l'homme ont pour base la valeur de la personne humaine et doivent être orientés vers la réalisation de sa dignité. Et c'est justement pour cela que le contenu des droits de l'homme ne peut pas ne pas être lié avec le sens moral. La rupture entre ces droits et la moralité signifie leur profanation, étant donné qu'il ne peut y avoir de dignité immorale.


Nous sommes pour le droit à la vie et contre le « droit » à la mort, pour le droit de créer et contre le « droit » de détruire. Nous reconnaissons les droits et les libertés de l'homme dans la mesure où ils aident l'individu à progresser vers le bien, le protègent du mal intérieur et extérieur, lui permettent de se réaliser positivement dans la société. Sous ce jour nous respectons non seulement les droits et libertés civiques et politiques, mais également les droits sociaux, économiques et culturels.


Les droits et les libertés sont indissolublement liés avec les obligations et les responsabilités de l'homme. L'individu, en réalisant ses intérêts est appelé à les mettre en corrélation avec les intérêts de son prochain, de sa famille, de sa communauté locale, de son peuple et de l'humanité entière.


Il y a des valeurs dont la place se situe au-dessus des droits de l'homme. Ce sont des valeurs telles que la foi, la moralité, le sacré, la Patrie. Lorsque ces valeurs et la réalisation des droits de l'homme entrent en contradiction, la société, l'Etat et la loi doivent concilier harmonieusement les unes et les autres. Il ne faut pas admettre des situations où la réalisation des droits de l'homme écraserait la foi et la tradition morale, amènerait à outrager les sentiments religieux ou patriotiques, les choses sacrées vénérées, menacerait l'existence de la Patrie. Nous voyons également un danger dans « l'invention » de « droits » qui légaliseraient des conduites condamnées par la morale traditionnelle et toutes les religions historiques.


Nous rejetons la politique des doubles standards dans le domaine des droits de l'homme, de même que les tentatives d'utiliser ces droits pour promouvoir des intérêts politiques, idéologiques, militaires et économiques, pour imposer un régime politique et social particulier.


Nous sommes prêts à collaborer avec l'Etat et toutes les forces bien intentionnées pour garantir les droits de l'homme. Les domaines particuliers d'une telle collaboration doivent être la protection des droits des nations et des groupes ethniques à avoir leur religion, leur langue et leur culture, la défense de la liberté de confession et du droit des croyants à choisir leur mode de vie, l'opposition aux crimes sur des bases nationales et religieuses, la défense de l'individu contre l'arbitraire des autorités et des employeurs, le souci des droits des militaires, la défense des droits de l'enfant, la sollicitude envers les personnes incarcérées ou se trouvant dans des établissements sociaux, la défense des victimes des sectes destructives, l'interdiction du contrôle total sur la vie privée et les convictions de la personne humaine, l'action contre l'entraînement des personnes au crime, à la corruption, à la traite des gens, à la prostitution, à la drogue, au jeu.


Nous aspirons au dialogue sur les droits de l'homme et de leur place dans la hiérarchie des valeurs avec des personnes de croyances et d'opinions différentes. Aujourd'hui seul un tel dialogue permettra d'éviter un conflit de civilisations, d'atteindre une paisible conjonction sur notre planète de différentes visions du monde, de différentes cultures, de différents systèmes politiques et juridiques. L'avenir des gens dépend du fait à quel point ils arriveront à trouver la solution à ce problème.
Je ne vois pas non plus le moindre rapport avec l'Orthodoxie. C'est d'ailleurs une déclaration qui n'émane même pas d'une sous-commission d'une administration ecclésiastique quelconque. Un Congrès dont nous ne connaissons pas qui ou quoi il représente, qui parle au nom de la civilisation russe, ce qui veut dire que cela ne concerne pas les Grecs, les Roumains, les Serbes, les Bulgares, les Géorgiens, les Ukrainiens ou les patriarcats d'Orient. On ne trouve d'ailleurs nulle part dans la déclaration les termes "orthodoxe", "chrétien", "Christ", "Eglise", "Trinité". On comprend plus ou moins que la déclaration a un paragraphe dirigé contre la politique Clinton-Bush d'utiliser la démocratie ou les droits de l'Homme comme prétextes à des aventures impérialistes ici ou là. Mais l'ensemble de la déclaration a en effet une connotation de recherche du consensus adogmatique, sans référence à une religion précise.

On notera d'ailleurs que les membres du Congrès ne parlent qu'au nom d'eux-mêmes. Y a-t-il eu quelqu'un pour présenter ce texte comme engageant une autorité ecclésiastique quelconque?
Steve G
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Message par Steve G »

MOSCOU, 6 avr 2006 (AFP) - Les orthodoxes proposent un modèle russe des droits de l'Homme

L'Eglise orthodoxe russe a exposé jeudi sa conception des droits de l'Homme, dénonçant les excès de l'individualisme "absolu", avec le souci d'occuper le terrain dans un domaine largement laissé jusqu'à présent aux organisations d'inspiration occidentale.

Une "Déclaration des droits et de la dignité de l'Homme" a été adoptée par acclamation à l'issue du Xe Concile populaire russe universel, une assemblée d'ecclésiastiques et de militants religieux orthodoxes, ainsi que de quelques responsables d'Etat.

"Le monde vit un tournant historique et se trouve face à la menace d'un conflit entre des civilisations qui ont des visions divergentes de l'homme et de son destin", analyse le premier paragraphe de ce document d'une page et demie.

Le texte, un condensé d'idées présentées au Concile par le métropolite Kirill, chef du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, affirme notamment que les droits de l'Homme ne doivent pas contenir d'éléments contraires à la morale traditionnelle et aux principes des religions historiques.

Il s'inscrit en filigrane contre une conception libérale occidentale de liberté totale de l'individu, permettant l'avortement, l'euthanasie, le mariage homosexuel ou des railleries sur les valeurs sacrées, comme l'a expliqué dans son intervention Mgr Kirill.

"Malheureusement, aujourd'hui, après l'exaltation absolue de l'Etat, typique des temps modernes, vient celle de la souveraineté de l'individu et de ses droits (placés) au-delà de la responsabilité morale", a déclaré le dignitaire orthodoxe.

La déclaration adoptée jeudi a recours à des formules générales, sans désigner directement les phénomènes dénoncés par le métropolite.

"Il existe des valeurs qui ne sont pas inférieures aux droits de l'Homme. Ce sont la foi, la morale, le sacré, la Patrie", indique-t-elle.

"Il paraît dangereux d'+inventer+ des droits qui légalisent des comportements condamnés par la morale traditionnelle et toutes les religions historiques", poursuit le texte.

Enfin, la déclaration dénonce implicitement ce qui est perçu en Russie comme l'utilisation des droits de l'Homme pour faire évoluer le pays conformément aux intérêts de l'Occident.

"Nous rejetons la politique du deux poids deux mesures en matière de droits de l'Homme, ainsi que les tentatives d'utiliser ces droits pour promouvoir des intérêts politiques, idéologiques, militaires et économiques, pour imposer un certain régime politique et social", affirme le document.

Lors d'une conférence de presse, Mgr Kirill a souligné que la conception russe des droits de l'Homme "se situait dans l'espace spirituel et intellectuel européen", tout en y apportant des éléments originaux, à savoir la nécessité de concilier la liberté et la morale.

Interrogé sur les applications pratiques de ces idées, il a assuré que l'Eglise orthodoxe était pleinement d'accord avec la mairie de Moscou pour interdire un défilé que veulent organiser le 24 mai des organisations homosexuelles.

Répondant à une question sur l'apparition d'une "concurrence" dans le domaine des droits de l'Homme avec des organisations laïques, Mgr Kirill a souligné que le champ d'action était vaste et que des défenseurs des droits de l'Homme avaient participé au Concile. Seuls "des groupes marginaux" utilisent cette cause comme une "arme politique", a-t-il dit.

Mais pour Vladimir Oïvine, expert de la fondation Glasnost et du portail Credo.ru, spécialisé dans les affaires religieuses, l'Eglise orthodoxe "attaque les ONG sur l'ordre des autorités, qui mènent la guerre contre les défenseurs des droits échappant à leur contrôle et préfèrent avoir des +ONG de poche+, et à tendance obscurantiste".
Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, prends pitié de moi, pêcheur.
Antoine
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Message par Antoine »

Steve, merci de cette précision sur l'identité du "Congrès Mondial Populaire Russe". Qui n'a donc pas grand chose à voir avec une assemblée synodale.

Dans l'article de présentation que vous citez, notons que « Mgr Kirill a souligné que la conception russe des droits de l'Homme […] »
Il s’agit donc bien d’un contenu russe et non pas d’un contenu orthodoxe même si l’Eglise orthodoxe accepte cette déclaration qui se veut très élargie.
L’Eglise en tant que telle ne peut que rédiger des professions de foi orthodoxes. Cette déclaration n’en n’est pas une et n’a donc rien d’orthodoxe. Elle se situe bien en deçà .

Il est bien néanmoins qu’elle ait recadré un peu cette notion de liberté qui n’est pas le droit à faire n’importe quoi, le droit à l'homosexualité, le droit à l'avortement etc... qui ne sont pas des "droits à" mais des conséquences de la chute.

Quand elle déclare par exemple : « Il existe des valeurs qui ne sont pas inférieures aux droits de l'Homme. Ce sont la foi, la morale, le sacré, la Patrie", » ceci est une position qui bien que se démarquant d’une déclaration purement laïque n’a rien de spécifiquement orthodoxe. La foi dans ce texte n'a aucun objet. La foi en quoi? La foi Chrétienne? La foi dans le grand esprit des forêts sibériennes?La foi dans le Übermensch ? On aimerait des précisions.

Ou encore : « Il paraît dangereux d'inventer des droits qui légalisent des comportements condamnés par la morale traditionnelle et toutes les religions historiques », poursuit le texte.
On ne pas être contre en tant qu’orthodoxe mais on ne peut certainement pas se satisfaire de ce type d’affirmation. Qu’est-ce qu’on appelle les «religions historiques ?» Ce qui précède l'évangélisation de la Russie Par Cyrille et Méthode en fait -il partie?


Lorsque Mgr Kirill souligne que «la conception russe des droits de l'Homme apportait des éléments originaux, à savoir la nécessité de concilier la liberté et la morale.» Je remarque qu’il parle d’une conception russe et non pas d’une conception orthodoxe et qu’il laisse bien dans le vague ce qui s’entend par morale. Y a -t-il une morale orthodoxe?

Je réitère donc ma première impression :
« Ceci n'est pas une déclaration orthodoxe. Elle est faite par le "Congrès Mondial Populaire Russe au nom de la civilisation originale russe " [identifiable?]* et non pas au nom de l'Evangile: il n'y a aucune référence au Christ et les références à Dieu ne sont pas références à la Trinité mais à un principe.
[...] cela reste d'une banalité affligeante pour un orthodoxe.
C'est le Christ qui est à la mesure de tout;<<De la mesure dont vous mesurez, on mesurera pour vous>> Matt, 7,3.


*[Identifiable] s’applique à «civilisation originale russe.»
Antoine
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Message par Antoine »

Une "Déclaration des droits et de la dignité de l'Homme" a été adoptée par acclamation à l'issue du Xe Concile populaire russe universel, une assemblée d'ecclésiastiques et de militants religieux orthodoxes, ainsi que de quelques responsables d'Etat.
Il est curieux que l'on dise imméditament:"Les orthodoxes proposent un modèle russe des droits de l'Homme" sous prétexte que des dignitaires ecclésiastiques étaient présents et qu'on ne disent pas pour autant: "la Férération de Russie propose un modèle russe des droits de l'homme".
On étend la présence d'ecclésisatiques comme représentante de toute l'Eglise et pas les quelques responsables d'Etat comme représentants de tout l'Etat.
Pour qu'une déclaration soit qualifiée d' orthodoxe il faudrait au moins qu'elle suive les règles de la conciliarité et soit ratifiée par l'assemblée des évêques.
Olia
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Message par Olia »

Je pense surtout qu'il faut bien connaître la situation en Russie pour comprendre. Les "droits de l'homme" sont employés à toutes les sauces, parfois pour justifier ce qui est injustifiable. Pour les Russes, une compréhension plus saine des "droits de l'homme", quel que ce soit le terme d’ailleurs, c'est pratiquement une question de survie… D’où à mon avis, le peu d’intérêt que présente la discussion sur notre Forum francophone pour les croyants e russes, les Russes en général… (Ce n’est pas pour dire qu’il ne présente pas d’intérêt ici en France ! Ou en Suisse ou ailleurs )))
Olia.
Antoine
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Message par Antoine »

Olia, j'en conclue donc que ce n'est pas une déclaration orthodoxe mais une déclaration russe qui n'est recevable qu'en Russie. L'orthodoxie, elle, n'a pas de frontière elle est universelle.
Irène
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Message par Irène »

Olia a écrit :
D’où à mon avis, le peu d’intérêt que présente la discussion sur notre Forum francophone pour les croyants russes, les Russes en général… (
.

Merci de nous apprendre qu'un forum écrit en français ne touche pas forcément les croyants russes. Nous n'aurions jamais pu le deviner ...

Et d'ailleurs vous-même, Olia, nous n'avons le plaisir de vous lire que dans le cadre d'une occasion où vous pensez devoir défendre ... les Russes.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Olia a écrit :Je pense surtout qu'il faut bien connaître la situation en Russie pour comprendre. Les "droits de l'homme" sont employés à toutes les sauces, parfois pour justifier ce qui est injustifiable. Pour les Russes, une compréhension plus saine des "droits de l'homme", quel que ce soit le terme d’ailleurs, c'est pratiquement une question de survie… D’où à mon avis, le peu d’intérêt que présente la discussion sur notre Forum francophone pour les croyants e russes, les Russes en général… (Ce n’est pas pour dire qu’il ne présente pas d’intérêt ici en France ! Ou en Suisse ou ailleurs )))
Si le présent forum francophone présente peu d'intérêt pour "les Russes en général" (même s'il semble présenter plus d'intérêt pour les Roumains ou les Grecs, si j'en juge par les interventions), la déclaration des droits de l'homme "orthodoxe" dont il est question dans ce fil présente peu d'intérêt pour les croyants non russes "en général". Elle n'est donc pas une déclaration panorthodoxe.

Merci beaucoup pour cette contribution constructive.
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Ce thème des droits de l’homme interprétés autrement qu’en occident est un des thèmes récurrents de mgr Kirill depuis plusieurs années. Voici par exemple son discours du 30 septembre 2005 à Saint-Pétersbourg, tiré du site de la représentation à Bruxelles de l’Eglise Orthodoxe Russe.
Métropolite Kirill de Smolensk et de Kaliningrad: L’Orthodoxie dans les relations internationales
Discours prononcé à la conférence «Religion dans le système contemporain des relations internationales», Saint-Pétersbourg, 30 septembre 2005
Dans les sciences sociales il existe depuis longtemps la conviction que les idées jouent un rôle important dans toute activité humaine, y compris la politique. Les idées sont un moyen important de la connaissance de soi et du monde. Elles permettent d’évaluer et d’emplir de sens ce qui se passe, et, par conséquence, de motiver l’activité de l’homme en tant qu’être raisonnable. Une des caractéristiques principales des relations internationales aujourd’hui est la renaissance, ou comme l’on préfère le dire dans la sociologie, le retour de la religion dans la vie de la société et donc dans la politique. En pratique cela signifie que l’activité des hommes politiques a de plus en plus de motifs d’origine religieuse. Ce qui rend inévitable l’apparition d’une telle motivation, c’est le caractère intègre de la vision religieuse du monde. Étant le fondement de la vie d’un croyant, la foi définit tous les aspects de sa vie sociale et personnelle. Par conséquent, plus le nombre de croyants est grand et plus leur activité politique est active, plus les idées religieuses exercent de l’influence sur les relations internationales.
Comme exemple de l’influence des idées religieuses sur la politique on cite le plus souvent et pour des raisons connues le terrorisme, fondé sur une lecture extrémiste de l’islam. On mentionne également l’antisémitisme et le sionisme qui sont nourris par des interprétations radicales du christianisme, de l’islam et du judaïsme. Il existe d’autres «ismes» aux motifs religieux qui se développement à partir de telle ou telle tradition. On en déduit bien souvent que s’introduisant dans la politique la religion n’est capable que de générer des idées destructrices qui menacent le monde et la vie humaine. On oublie alors le rôle édifiant des religions et les idées qui, engendrées par elles, ont acquis ensuite le caractère séculier et sont utilisées positivement. Une de ces idées fondatrices et positives du monde contemporain est la conception des droits de l’homme.
A l’origine c’est un faisceau d’idées qui ont une source religieuse ou plus précisément chrétienne. Elles ont pris naissance dans la vision chrétienne de la dignité de l’homme. Cependant, pendant de longs siècles, cette conception de la dignité de l’homme était interprétée sur certains points d’une façon qui contredisait l’enseignement chrétien. C’est dans une forme pareille, parfois antichrétienne, que la conception des droits de l’homme était et est mise en pratique dans la politique. Pour cette raison, certains mouvements proposent de rejeter l’idée des droits de l’homme et de la déclarer l’ennemi numéro un pour la conscience chrétienne. Pourtant la tradition millénaire de l’Église nous apprend à agir autrement avec les sytèmes de pensées qui contiennent au moins partiellement les idées saines, proches du christianisme. L’Église a toujours suivi le principe du recueillement minutieux des brins de la vérité qui de façon diffuse sont contenus dans l’expérience de l’humanité. Cette approche est celle des grands penseurs chrétiens comme saint Justin le Philosophe, Origène, Clément d’Alexandrie et, enfin, des saints Basile le Grand, Grégoire de Nazianze et Jean Chrysostome.
Aujourd’hui la difficulté dans la mise en pratique des droits de l’homme dans la sphère des relations internationales ne réside pas seulement dans la conception de la dignité humaine. Bien que l’idée centrale de la conception des droits de l’homme – la dignité de la personne – soit chrétienne par ses origines, la forme contemporaine de sa réalisation politique et sociale s’est développée indépendamment de la vie spirituelle et de l’expérience des pays de tradition orthodoxe. Cette remarque concerne avant tout les civilisations non chrétiennes. La notion des droits de l’homme est née au cours de l’évolution des peuples occidentaux, avant tout protestants. Plus tard ce concept a fait l’objet d’une réflexion dans l’Église catholique. La pensée orthodoxe en Russie s’est jointe de façon active à cette réflexion sur les droits de l’homme ensemble avec les penseurs catholiques, approximativement à la fin du XVIIIe – au début du XIXe siècles. La révolution d’octobre a mis fin à ce processus, ayant été en même temps une sorte de réponse à cette discussion. Pendant l’époque soviétique, malheureusement, la question des droits de l’homme était utilisée uniquement à des fins de propagande et il n’y avait pas de discussion sérieuse dans le pays sur ce sujet.
Aujourd’hui il est important pour la Russie de reprendre cette discussion sur le plan intellectuel. Dans la résolution de ce problème la pensée russe contemporaine, scientifique, sociale et religieuse, doit, à mon sens, se révéler à la fois universelle et particulière. L’ouverture à l’égard des autres civilisations, en particulier occidentales, consiste dans le fait que la Russie ne rejette pas les avancées significatives des autres peuples, tandis que sa particularité – dans l’articulation de ces idées avec son expérience nationale.
Dans les relations internationales contemporaines les droits de l’homme sont présentés par les pays occidentaux comme une norme politique et sociale acceptable par tous les peuples. Pourtant, le degré de leur application est évalué selon la mesure dans laquelle les indices extérieurs – les institutions politiques et sociales, les normes juridiques et les processus socio-politiques – correspondent à la pratique occidentale. Si ces institutions dans leur forme occidentale ne peuvent être insérées dans un autre contexte culturel et civilisationnel, les représentants de l’Occident parlent souvent de la nécessité du remplacement d’un tel contexte selon le modèle occidental dans la religion, la culture, la politique, l’économie etc. Cette logique est capable d’engendrer un véritable impérialisme culturel qui ne ménage pas les moyens pour atteindre le but que ses partisans considèrent comme bon, celui de faire participer les autres peuples aux idées droites. Si l’on laisse de côté les motifs politiques d’une telle conduite, elle trouve, à mon avis, un soutien en Occident et dans quelques autres pays, parce qu’on n’y réfléchit pas sérieusement sur ce qui est universel et ce qui est variable dans la conception des droits de l’homme.
Je suppose que ce qui est universel se situe sur le plan des valeurs. L’affirmation que la dignité de l’homme est une valeur importante qui doit être protégée par la société et l’État est reconnue par la plus grande partie des civilisations, y compris par les orthodoxes. La valeur de la liberté est également fondamentale, puisqu’elle est la condition sine qua non de la réalisation de la dignité de l’homme. Ce qui est variable dans le concept des droits de l’homme c’est la façon de comprendre et de mettre en pratique ces valeurs. Le style de vie de l’homme, l’organisation de la vie politique et sociale dans tel ou tel pays qui incarnent ces valeurs sont également variables. Enfin, il me semble que la signification exclusive accordée à la valeur de la liberté dans la réalisation de la dignité de l’homme relève également du domaine de ce qui n’est pas universel. La valeur même de la liberté, comme nous l’avons dit, n’est pas contestée par la tradition orthodoxe, mais elle n’y est pas considérée comme l’unique condition de l’accomplissement de la dignité de l’homme.
La tendance à l’absolutisation de la valeur de la liberté pour la défense de la dignité de l’homme découle de l’histoire propre de la civilsation occidentale. Dès l’époque de l’Église indivise il existait deux approches de la liberté, y compris dans sa manifestation politique. L’une est devenue dominante en Occident, l’autre a prévalu en Orient. Le problème de la liberté lui-même est devenu actuel pour toutes les Églises sans exception après que le christianisme avait acquis le statut de la religion officielle de l’Empire romain. L’histoire a posé devant les chrétiens la question importante du recours au pouvoir politique dans le domaine de la foi. Il s’agissait avant tout de la possibilité d’utiliser l’autorité de l’État pour la défense et la diffusion de la foi.
Pendant la période précédente, celle des persécutions, les penseurs chrétiens étaient partisans da la liberté de la foi et considéraient que la conversion au Christ ne peut être que volontaire. Pour cette raison le seul moyen de la diffusion de la foi était pour eux la persuasion. En 328 saint Cyrille de Jérusalem écrivait dans ses Discours catéchétiques: «Bien que Dieu soit généreux dans la distribution du bien, il attend de chacun le bon vouloir». Au Ve siècle saint Jean Chrysostome disait que les chrétiens ne peuvent anéantir l’erreur par la force et la contrainte, mais doivent le faire par la persuasion. Saint Augustin avait la même attitude au début de son activité ecclésiale.
Cependant, l’expérience postérieure de la direction de l’Église amène de nombreux penseurs chrétiens à la conviction que parfois la contrainte peut jouer un rôle positif dans la conversion des hommes au christianisme. Ainsi, saint Augustin qui dans son diocèse luttait contre le schisme de Donat, écrivait: «J’ai cédé aux faits. Les évêques ont multiplié les exemples, ont commencé à citer non seulement des personnes, mais également des villes entières où le donatisme dominait autrefois et où l’orthodoxie règne aujourd’hui. Le plus remarquable sur ce plan est ma ville dont les habitants étaient auparavant donatistes qui sous l’influence de l’empereur sont retournés à l’orthodoxie; ils ont maintenant une telle haine à l’égard des donatistes qu’on peut à peine croire que cette ville fut jadis celle des donatistes». De tels succès du pouvoir contraignant faisaient penser que le Seigneur permet d’utiliser une certaine mesure de la contrainte pour le salut de l’homme.
En effet, il existait aussi bien en Orient qu’en Occident des partisans du recours au bras séculier dans l’activité missionnaire et dans la lutte avec les hérésies. Cependant, c’est dans la tradition occidentale que s’est fixée pour plusieurs siècles l’approche qui justifiait la violence structurelle à l’égard de l’hétérodoxie. En plus, elle a pris des formes particulières dans la vie ecclésiale et sociale. Sur le plan ecclésial, c’est l’idée de la papauté qui s’est développée en Occident, conformément à laquelle l’homme demeurait dans le sein de l’Église véritable s’il suivait en tout l’autorité doctrinale de l’évêque de Rome. Au VIIIe siècle les papes ont acquis un pouvoir séculier et à partir de cette époque ils ont commencé à l’utiliser pour affermir leur influence spirituelle sur les peuples. Le XIVe siècle a vu naître l’Inquisition qui poursuivait les hérétiques. L’Orient n’a jamais connu une telle institutionnalisation des mécanismes de la contrainte; en tout cas pas dans des formes aussi élaborées. Au contraire, l’Orient chrétien gardait une certaine idée de la nécessité de la bonne volonté dans le domaine de la foi. Les missions byzantines et ensuite russes en sont une bonne illustration. Contrairement aux missions occidentales elles ne mettaient jamais l’accent sur la force des armes, mais agissaient à l’aide de la prédication et de la persuasion.
En fin de compte le fonctionnement des mécanismes de la contrainte dans les questions de la foi suscita en Occident une réaction qui se fondait sur le christianisme lui-même. Le premier mouvement spirituel et intellectuel qui attira l’attention de Rome sur la non-conformité de certaines de ses doctrines à l’esprit du christianisme, fut la Réforme. Aux temps nouveaux la protestation à l’égard de la pratique de la contrainte retentit de la part des penseurs des Lumières qui sont devenus les fondateurs de la philosophie contemporaine des droits et des libertés de l’homme. Pourtant, dans la mesure où le christianisme était confondu avec l’Église romaine, l’idée de la liberté prit forme en dehors du christianisme traditionnel et apparut quelquefois comme un mouvement anticlérical et antichrétien. En plus, la conception des droits de l’homme s’est figée sans lien avec les normes éthiques concrètes. Dans la notion des droits de l’homme on trouve la référence à la seule idée de la responsabilité de l’homme. Mais à cause de l’absence de critères bien définis de cette responsabilité le sens de sa nécessité s’est progressivement estompé. En fin de compte la philosophie des droits de l’homme a acquis non seulement un caractère antichrétien, mais également antimoral. Cela devient de plus en plus manifeste à notre époque. La philosophie des droits de l’homme sert souvent à justifier les violations des normes éthiques: le culte de la violence, du gain et de la consommation, les avortements, l’homosexualité, l’euthanasie etc.
Contrairement à l’Occident où il existait des mécanismes institutionnels développés de la contrainte dans la sphère spirituelle, l’Orient chrétien a davantage souffert de l’hétérodoxie spirituelle et politique qui en est la conséquence. C’est en Orient que sont nés de nombreux partis théologiques et mouvements nationalistes qui déchiraient l’unité des pays et nuisaient à la vie humaine. Pour cette raison la tâche particulière de l’Orient était la recherche des voies de l’unification de la société et de celles qui dans l’idéal seraient fondées sur la bonne volonté des citoyens.
Si l’on regarde l’histoire de la Russie, on se rend compte qu’à l’étape initiale de son existence la préoccupation principale des princes russes était la préservation de l’unité du pays. Les chroniquers russes reconnaissent explicitement les divisions des peuples et des élites comme la source de tous les maux de la Russie. Ce n’est pas en vain que l’idée de l’unification des terres russes était devenue le signe de l’affranchissement du joug tatare. Mais à Moscou, dans ce nouveau centre de la Russie on s’est rapidement rendu compte que la seule autorité centralisée ne suffit pas pour préserver l’ordre sur un territoire aussi étendu et comprenant tant de peuples.
Le XVIe siècle vit naître en Russie l’idée de l’application du principe ecclésial de collégialité dans la sphère socio-politique. Sa mise en pratique et ses normes prirent forme progressivement. Tandis que sous Ivan le Terrible les premiers États généraux étaient une sorte de réunion irrégulière des autorités régionales, sous Alexis Mikhailovitch Romanov ils comprenaient déjà les diverses couches de la société russe et se réunissaient fréquemment, presque chaque fois qu’il fallait résoudre des questions importantes de la vie du pays. Transposée du contexte ecclésial à la vie civile la conciliarité était comprise comme les efforts communs de toutes les couches de la société dirigés à résoudre les problèmes communs de façon à ce que les interêts privés passent au second plan.
Pourtant, le principe de la conciliarité n’a pas pu se développer en une conception particulière et prendre des formes juridiques. Au début du XVIIe siècle Pierre Ier opta pour l’absolutisation du pouvoir, alors bien répandue en Occident. L’emportement excessif par ce type de pouvoir a provoqué la création d’un État bureaucratique qui ne pouvait supporter aucune autre force à ses côtés. Cela a abouti à la suppression du patriarcat, à la transformation de l’Église en un instrument bureaucratique et à la disparition des États généraux. Dans une perspective à court terme ces réformes se sont révélées efficaces, mais en même temps elles ont été l’origine de la rupture croissante entre l’autorité et le peuple.
A partir du XIXe siècle les penseurs russes reviennent à l’idée de la conciliarité, abandonnée après les réformes de Pierre le Grand, mais demeurée l’objet d’intérêt dans les milieux orthodoxes. Dans la vision orthodoxe la notion de la conciliarité est une condition aussi importante que la liberté pour la réalisation de la dignité de la personne. Les réflexions religieuses et philosophiques de l’idée de l’unité ont amené les philosophes russes à comprendre que cette unité est impossible sans la participation libre de la personne à la vie de la société. La dignité de la personne prend corps non seulement dans les conditions de la liberté, mais également dans la communication fraternelle avec autrui, ce qui suppose de renoncer à considérer comme prioritaires ses propres intérêts. A mon avis, la raison de l’aspiration de nos ancêtres à l’unification des terres et au renforcement de la Russie était non pas le désir de l’expansion et de la conquête, mais celui de la création d’une grande communauté fraternelle, bien organisée sur le plan politique.
L’expérience historique de la Russie témoigne du fait que dans la réalisation de la dignité humaine la vision orthodoxe souligne aussi bien l’importance de la liberté que celle des principes conciliaires de l’activité sociale. Le mépris d’une de ces deux valeurs aboutit à la destruction de la société et de la personne. L’absolutisation de la communauté au détriment de la liberté conduit au régime totalitaire, tandis que l’absolutisation de la liberté de la personne au détriment de la conciliarité aboutit à l’écroulement de la société et à la dégradation de la personne. L’apport de la Russie au développement des droits de l’homme peut consister dans l’établissement de l’équilibre entre la liberté de la personne et la conciliraité de la société. D’ailleurs, il y a pour cela les fondements nécessaires dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui affirme que «chaque homme a des devoirs devant la société qui seule permet le développement libre et complet de sa personnalité».
L’autre contribution tout aussi importante de la Russie au développement et à la mise en pratique des droits de l’homme peut être l’introduction du principe éthique dans ce paradigme politique et philosophique fondamental pour les relations internationales contemporaines. Une grande partie des sociétés actuelles, y compris occidentales, se trouvent aujourd’hui dans un état lamentable: les liens sociaux deviennent de plus en plus faibles, les valeurs de la famille sont en décadence, la démographie est en baisse. La raison en est l’absence d’un soutien systématique des normes éthiques dans la vie sociale par les États démocratiques. Une telle politique aboutit au déchaînement des passions humaines qui détruisent la société. Pour cette raison, en élaborant le système de la défense des droits et des libertés individuelles, nous ne devons pas oublier de prendre des mesures pour affermir les principes éthiques et conciliaires sans lesquels la réalisation de la liberté de la personne est impossible.
Traduit du russe par le hiéromoine Alexandre (Siniakov)
Le problème, c’est qu’on ne sait jamais si mgr Kirill parle au nom du patriarcat de Moscou, au nom du Département pour les Relations Extérieures de l’Eglise, ou au nom de la Russie éternelle. Ce qui suggère que le PM souffre de deux maux antinomiques, une exaspération identitaire de type ethnophylétisme et une difficulté toute impériale à percevoir ses limites, donc un universalisme ecclésial qui s’est exprimé dans ses statuts.
Je rejoins Olia sur le fait, réel, que les « droits de l’homme » sont la tarte à la crème des ONG financées par la CIA et dont nos média se sont inquiétés que Poutine leur demande littéralement des comptes, d’afficher l’origine de leurs ressources. En général, « droits de l’homme » signifie droit de pillage par les entreprises américaines, droit de déstructuration sociale et autres joyeusetés. Mais c’est là le domaine politique. Le Congrès Mondial Populaire Russe est un hybride, mi politique mi religieux et la troisième moitié culturelle, comme au pastis — religieux, ce qui ne veut pas dire ecclésial. Les choses seraient plus claires s’il annonçait qu’il puise son inspiration dans l’enseignement de l’Eglise orthodoxe mais se présentait comme un mouvement culturel et politique. Il y a déjà eu des mouvements de ce type en Russie avant la révolution d’octobre, mais qui annonçaient la couleur.
Mais il faut dire aussi que les journalistes de l’AFP, qui devaient en manger leur chapeau, n’avaient non plus aucun intérêt à lever l’ambiguïté – si elle ne vient pas carrément d’eux !
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
hilaire
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Inscription : mer. 19 janv. 2005 12:26

Message par hilaire »

je n'ai fait que reproduire (peut être aurais-je du m'abstenir d'ailleurs vu que c'est d'un intérêt limité ce texte...) un texte que le premier intervenant de ce fil recherchait... la prochaine fois j'y réfléchirai à 2 fois.
Claude le Liseur
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Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Message par Claude le Liseur »

hilaire a écrit :je n'ai fait que reproduire (peut être aurais-je du m'abstenir d'ailleurs vu que c'est d'un intérêt limité ce texte...) un texte que le premier intervenant de ce fil recherchait... la prochaine fois j'y réfléchirai à 2 fois.

Excusez-moi, mais je ne vois pas ce que vous auriez à vous reprocher. Vous n'êtes pour rien dans l'intérêt limité de ce texte. Vous n'avez fait que gentiment répondre à une question et donner un coup de main au fonctionnement du présent forum. Nous devrions plutôt vous remercier.
Antoine
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Inscription : mer. 18 juin 2003 22:05

Message par Antoine »

Oui, merci Hilaire d'avoir édité ce texte. Il est important de faire connaître ce que nos dignitaires écclésiastiques sont capables d'écrire, et important que nous puissions en faire la critique.
Le forum n'est ni russophile ni russophobe (selon des catégories dont on aimerait tant nous étiqueter) il est orthodoxe et ne connaît aucune préférence ou aucun rejet d'ordre philétiste.
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