Spiritualité Orthodoxe pour les nuls

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eliazar
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Spiritualité orthodoxe pour les Nuls

Message par eliazar »

Sylvie, vous venez d'écrire :
"Il me semble que l'histoire des ermites sur le Carmel, ne commence pas au XIIIe siècle. Qu'en pensez-vous ? "
Les seuls qui pourraient répondre à cette question devraient sans doute être des Carmes ou Carmélites (donc catholiques romains) ayant quelques notions d'historiographie. J'en ai pour ma part fréquenté plusieurs au temps de ma jeunesse catholique romaine, et ils étaient moins affirmatifs que la brochure que vous avez citée.

Selon ce que j'en ai retenu, il y aurait eu de temps immémorial des ermites qui allaient vivre dans des grottes du Mont Carmel. En souvenir du prophète Elie. Lorsque les croisés latins sont arrivés en Palestine, ils y ont donc trouvé quelques ermites "chrétiens" et ne semblent pas trop s'être posé la question de leur appartenance ecclésiale.

C'est lorsque la communauté s'est élargie qu'on a souhaité adopter une règle commune, et s'ils sont allés la demander à l'évêque latin de Jérusalem, c'est sans aucun doute parce qu'après la prise de Jérusalem par les croisés, il n'y avait plus d'autre évêque que lui dans la ville sainte. Je pense du reste que cette requête apporte la preuve qu'il y avait parmi ces ermites des orthodoxes en grand nombre, et que c'est la différence de coutumes liturgiques qui les a incités à demander à l'évêque local de les départager. Sinon ils auraient fait comme tous les créateurs d'ordres ou de monastère, ils auraient élu un ancien et auraient adopté sa règle. Au lieu de demander à l'évêque latin de leur en rédiger une.

C'est donc à partir de la règle accordée par l'évêque latin que commença l'Ordre du Mont Carmel tel que nous le connaissons. Qu'ils se soient consacrés à la Mère de Dieu n'est pas une preuve de leur origine catholique romaine, puisque les Pères de l'Église ont toujours interprété le petit nuage qu'Élie avait vu monter de la mer comme l'image de la Mère de Dieu ; il est à supposer que les ermites orthodoxes qui se trouvaient sur place avaient déjà cette doctrine, et sans doute même l'ont-ils transmise aux nouveaux venus, dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils avaient plus de piété que de connaissances bibliques, ou patristiques !
Dernière modification par eliazar le lun. 31 oct. 2005 1:23, modifié 2 fois.
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Renaud
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Message par Renaud »

Si je peut me permettre une remarque je n'ai jamais entendu que les croisés ait tués des chrétiens orientaux lors de la prise de Jérusalem, est ce pour une raison fort simple, c'est qu'il n'y en avait plus le gouverneur fatimide ayant chassé les chrétiens (la moitié de la population de la ville) afin d'éviter des trahisons et de diminuer les bouches à nourrir durant le siège.

Toutes les sources nombreuses que j'ai put lire mentionne que le massacre de Jérusalem ne concerna que les hébreux et les sarasins.
eliazar
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Spitualité orthodoxe pour les Nuls

Message par eliazar »

Je dois des excuses, et quelques corrections en effet, à la suite de la remarque de Renaud. J'ai donc supprimé le passage fautif de mon précédent message, pour ne plus induire en erreur un lecteur éventuellement inattentif.

Tout d'abord concernant les massacres du Temple, le jour de la prise de Jérusalem, soit le 15 juillet 1099 à partir de midi environ. Un souvenir de lectures trop lointain (et le fait de n'avoir pas pris le temps de relire mes sources) m'a fait confondre le massacre partiel des défenseurs musulmans de la Mosquée Al Aqsa, sur les ruines du Temple, avec les massacres généralisés de la population civile - c'est à dire de la quasi totalité de la population innocente de Jérusalem, hommes, femmes et enfants confondus , un massacre qui dura deux jours pleins (les 15 et 16 juillet) et fut si atroce qu'il est "depuis longtemps rangé au nombre des grands crimes de l'Histoire", comme écrivait Zoé Oldenbourg dans son livre "Les Croisades".

C'est en effet lorsque les Flamands et les Brabançons de Godefroy de Bouillon et de son frère Eustache pénétrèrent dans la Mosquée où les derniers défenseurs de la garnison s'étaient réfugiés qu'eut lieu le massacre sanglant que j'ai considéré à tort comme un massacre de chrétiens orientaux.

Par un autre glissement de ma mémoire, il est possible aussi que j'aie confondu (ou mixé ?) avec le massacre des Juifs de Jérusalem, que les Franks vainqueurs entassèrent tous dans la Grande Synagogue à laquelle, en lointains précurseurs des SS d'Oradour sur Glane, ils mirent ensuite le feu - veillant à ce qu'aucun Juif n'en réchappât. Toute la communauté juive de Jérusalem, qui était fort importante, périt dans le brasier.

Par contre je voudrais profiter de ces corrections pour rappeler que si le gouverneur militaire de Jérusalem, Iftikhar-al-Dawla, avait bien fait évacuer la population chrétienne (sans doute de crainte que se reproduise la trahison qui avait précédemment fait tomber Antioche, lorsqu'un Arménien resté dans la ville en avait livré la porte aux assiégeants), il n'avait en aucune manière molesté ni chassé le clergé chrétien qui resta enfermé dans ses églises et monastères durant les combats et put donc ensuite recevoir les barons Franks vainqueurs avec tous les honneurs, les menant en procession au Saint-Sépulchre où ils firent leurs dévotions tandis qu'à quelques mètres de là, leurs soldats continuaient un massacre des innocents qui fit entre 40 000 et 60 000 victimes sans défense.
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Je ne défendrai sûrement pas les croisades mais il y a tout de même quelques erreurs que je ne peux pas laisser passer dans ce qu’écrit Eliazar.
« Les croisades » s’étendent de 1099 à 1204, du moins en ce qui concerne Jérusalem. A l’origine, c’est l’empereur Alexis Ier qui demanda au pape Urbain II son appui contre les Turcs Seldjoukides qui s’étaient emparés de Jérusalem en 1077, d’Antioche un peu avant, et dont l’ardeur conquérante menaçait les frontières de Byzance. Leur intransigeance de nouveaux convertis à l’islam avait déclenché l’exode des chrétiens d’Antioche et les réfugiés, dans un empire tranquille, ça fait toujours désordre ! Alexis espérait recevoir des supplétifs, en particulier des Francs, comme cela se pratiquait depuis la fin de l’empire d’occident. Mais la prédication d’Urbain II appelant à la croisade a rencontré des conditions un peu trop propices en occident : mortalité infantile en recul, mouvement dit « de paix » destiné à limiter les guerres seigneuriales d’où encore accroissement de la pression démographique, d’où problème d’établissement des cadets. Au lieu de supplétifs, Alexis reçoit en 1096 trois armées bien entraînées, les Flamands de Godefroy de Bouillon et de Robert de Flandres, les Occitans de Raimon de Saint-Gilles, comte de Toulouse ; les Normands de Bohémond de Sicile. A ces trois armées constituées s’ajoutent des Francs menés par Etienne de Blois, Hugues de Vermandois et Robert Courteheuse, parents ou alliés de Bohémond ou de Robert de Flandres selon le cas.
Ces trois armées eurent un comportement assez divers et pour des raisons un peu plus géopolitiques que des questions de costume et de baignoire ! Saint-Gilles respecte les conditions posées par Alexis : reconquête des terres pour l’empire byzantin. Mais c’est une tradition de famille depuis que le troisième ou quatrième fils de saint Guilhem, Gaucelm, a déserté les querelles carolingiennes pour se mettre au service du Basileus. Bohémond, héritier de ces Normands rivaux de Byzance en Méditerranée, avec une guerre alternativement froide et chaude qui dure depuis des décennies, se taille une « princée » à Antioche dont le but est évident : le contrôle du débouché commercial de la Route de la Soie ainsi « soufflé » à l’empereur. Restent les Flamands et leurs alliés francs (Blois et Vermandois). Ce sont eux les responsables du massacre de Jérusalem. Toutefois, ce massacre n’a pas tant déplu à l’empereur puisque, au lendemain de la prise de la ville, évêques grecs et latins concélèbrent pour une liturgie d’action de grâces. (Ce qui prouve assez que le schisme de 1054 n’avait pas eu de suites. Ce qui prouve aussi que les structures liturgiques, à l’époque, n’avaient pas tant divergé que ça.) Même la création du royaume latin de Jérusalem se fait avec la bénédiction de l’empereur Alexis, d’autant que les rois « latins » vont chercher, comme ils l’ont fait dès le début de la croisade, a profiter des dissensions entre émirs et à cultiver l’alliance de l’Egypte chiite contre les Turcs sunnites.
Et c’est tout de même un des successeurs d’Alexis, Jean II, qui écrit en 1141 au pape Innocent II : « Il y a deux glaives, le terrestre et le spirituel. » Pour résumer : le terrestre, c’est lui, l’empereur ; le spirituel, c’est le primat des patriarches, c’est à dire le pape romain. Il est filioquiste depuis deux siècles et les Chartreux viennent d’expliciter le contenu hérétique du filioque ? Broutilles, quand on rêve de reconstituer l’empire unifié, celui de Dioclétien, de Constantin et de Théodose !

Pas d’anachronisme : la perte d’hygiène corporelle en occident date localement de la grande peste de 1345 et, pour sa généralisation, du refroidissement climatique de la seconde moitié du XVIe siècle. L’obligation de la communion annuelle à Pâques remonte un peu plus haut, à la création de l’Inquisition en 1212 si je ne m’abuse. Au XIe siècle, seuls les grands seigneurs ont des baignoires de marbre ou de pierre mais le cuvier de bois et les seilles sont d’usage quotidien du haut en bas de l’échelle sociale. Y compris dans les monastères qui comportent tous une salle de bains, il n’y a qu’à voir les règlements intérieurs d’époque. On connaît le savon, la lessive de cendres et les argiles ou les plantes dégraissantes pour les cheveux. La seule chose qui sera progressivement fermée, ce sont les thermes publics, parce qu’ils viraient un peu trop à la maison close ! De plus, la croisade emporte dans son intendance des médecins, des plantes médicinales sous forme de baumes, de vinages et de pilules, des serviteurs des deux sexes chargés de la nourriture, de la lessive et du ravaudage.
Ce qui s’était lié à la célébration de Pâques, c’était la coutume fort archaïque du grand nettoyage de printemps qui fusionnait deux traditions. Une tradition locale : dans le monde celtique, y compris gallo-romain, la saison des purifications s’ouvrait au 2 février par celle des troupeaux (fête d’Imbolc, latinisée ensuite mais j’ai oublié son nom et christianisée en Présentation de Jésus au Temple), après quoi suivait la maison, les champs, etc. jusqu’à Beltaine, 1er mai (la seule fête celtique qui n’ait pas été christianisée, on se demande pourquoi puisqu’elle est restée vivace dans le folklore jusqu’à nos jours). Avec la christianisation du monde gallo-romain, Pâques a remplacé Beltaine. Elle l’a d’autant plus aisément remplacé qu’il y avait de fortes colonies juives pour des raisons commerciales et que la préparation de la Pâque juive exige que l’on cherche toute parcelle même infime de levain pour la détruire avant les Azymes. Donc on balaye et on lave le sol, on lave toute la vaisselle, les linges, les vêtements, etc. Voici l’origine double de la « grande lessive de printemps ». Cela ne signifie pas que les gens ne se lavaient pas durant le reste de l’année !
Evidemment, un guerrier qui vient de chevaucher et de combattre pendant plusieurs heures sent plutôt le sang, le cheval, la sueur et la poussière que la rose, mais la politesse veut qu’il se lave avant la collation du soir. Lorsque Bernard de Clairvaux fait la pub des Templiers à leur début en les présentant comme des ours mal léchés et à la barbe hirsute, c’est de la pure provoc.

Pourquoi les ermites du mont Carmel ont-ils demandé une règle à l’évêque latin ? Sans doute , mais c’est une hypothèse de ma part, parce que seuls les ermites récents, de langue latine, qui avaient rejoint le mouvement traditionnel, éprouvaient le besoin de se référer à une règle écrite. Il y avait des évêques « grecs » (selon les chroniqueurs, mais il est difficile de savoir si ce sont des évêques dépêchés par le patriarcat de Constantinople ou des évêques locaux normalement sur leur siège : Jérusalem a toujours plus ou moins permis la cohabitation de « juridictions » pour s’occuper des pèlerins depuis Haroun al-Raschid*) mais ils auraient peut-être crié au fou si des ermites étaient venus leur demander une règle !
* L’oubli des canons sur la localité de l’Eglise et la cohabitation de juridictions serait-elle un des fruits empoisonnés de la dhimmitude ?
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
Sylvie
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Message par Sylvie »

Chers amis,

Je lis de saint Séraphim de Sarov.
Pour mortifier sa chair, il portait sous sa chemise, attachée à son cou, une croix en fonte de cinq " verchok ". (…) Il ne portait jamais de lourdes chaînes, ni de cilice car il disait : " Si on nous a offensé en parole ou en action, et que nous supportons l’offense selon l’Evangile, voilà notre cilice."
1- Qu'est-ce qu'un verchok ?

2- Est-ce que nous retrouvons des saints Orthodoxes qui portaient de lourdes chaînes et des cilices ou autres instruments de pénitence comme chez les saints catholiques ?

Amicalement

Sylvie
Sylvie
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Message par Sylvie »

J'aimerais comprendre pourquoi le prêtre, pendant la Divine Liturgie, ferme les Portes, ferme le rideau, rouvre le rideau et les portes complètement ou partiellement et ceci plusieurs fois pendant la célébration.

Madeleine
Irène
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Message par Irène »

Sylvie, en attendant d'autres possibles réponses à vos questions, je vous propose la lecture des explications données sur ce site concernant la Divine Liturgie :

http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/ ... iturj1.htm
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

En un premier temps, Sylvie, essayez de repérer à quel moment de la liturgie ont lieu ces fermetures et ces ouvertures, cela vous éclairera déjà sur leur sens.
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