Question sur le filioque.

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J-Gabriel
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Re: Question sur le filioque.

Message par J-Gabriel »

VII

Textes falsifiés.

Au Moyen Age, en Occident, l’ignorance théologique dont nous parlons et la fausse certitude où l’on était que le Filioque se trouvait dans l’Ecriture, ont conduit les copistes des manuscrits, dans les monastères, à falsifier les textes patristiques. Partout où les scribes voyaient affirmé que le Saint Esprit procédait du Père, ils ajoutaient "et du Fils" (Filioque), croyant peut-être restituer le texte. Certains l’ont peut-être fait sincèrement, dans leur ignorance, d’autre ont agi de façon intentionnelle, comme le pape Urbain IV qui, désireux de convaincre les orthodoxes par tous les moyens, fit fabriquer de toutes pièces de faux textes patristiques et en fit falsifier d’autres dans les ateliers du Vatican. Cette documentation ainsi réunie par ce pape a servi à Thomas d’Aquin dans sa polémique contre les Orthodoxe. Le livre célèbre du "grand Théologien" de l’Occident, intitulé Contre les erreurs des Grecs (Contra Errores Graecorum), est fait de ces textes falsifiés et tronqués.

De ce point de vue, la doctrine médiévale du Filioque devrait être pour l’Occident une honte profonde, si l’on considère que, pendant des siècles, cette doctrine a reposé sur une multitude de falsifications et de mensonges destinés à faire dire aux Saints Pères ce qu’ils n’avaient pas dit.


La Lumière du Thabor n.24, p.40-41 (Sébastopol)
A suivre : L’œuvre de Zernikaw
J-Gabriel
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Re: Question sur le filioque.

Message par J-Gabriel »

VIII

L’œuvre de Zernikaw

Un point tout-à-fait remarquable et digne d’être noté, c’est la dénonciation précise de toutes ces falsifications introduites chez les Pères par les copistes médiévaux, faite par Adam Zernikaw au XVIIème siècle.

Zernikaw était un luthérien sincère qui, un jour, assista à l’exposé d’un évêque grec venu de Constantinople, lequel expliquait le caractère hérétique du Filioque. Zernikaw, poussé par l’amour de la vérité, n’eut alors de cesse qu’il connût la doctrine authentique des Pères sur cette question difficile de la procession du Saint Esprit.
Il parcourut toutes les bibliothèques d’Europe où il pouvait trouver des manuscrits anciens des Pères de l’Eglise, en Allemagne, en France, en Angleterre, en Espagne, et découvrit les forgeries des copistes dont nous avons parlé.
Convaincu de la vérité de la foi orthodoxe, il partit pour Moscou afin de consulter d’autres manuscrits encore. En chemin, alors qu’il se trouvait dans la "Petite Russie", il devint orthodoxe et moine sous le nom d’Adam. Selon certaines sources, il aurait été, par la suite, moine au monastère des Grottes de Kiev. Avant de mourir, il rédigea son livre sur la procession du Saint Esprit, où il mentionne toutes les falsifications.

Le livre, écrit en latin, fut traduit, au XVIIIème siècle, en russe, puis en grec par Eugène Bulgaris. Au XIXème siècle, un Grec pieux de l’île de Céphalonie, Cyriaque Lampryllos, fit connaître l’essentiel du livre de Zernikaw en écrivant, dans un but missionnaire, en français, son livre La Mystification Fatale. Etude orthodoxe sur le Filioque.

On voit quel zèle et quel amour de la vérité ont poussé Zernikaw, Lampryllos, et les évêques de Constantinople qui vinrent prêcher la vérité en Allemagne au XVIIème siècle. Ce zèle de Zernikaw témoigne contre tous les relativismes culturels et politiques, que la parole de l’Ecriture est vraie : "On ouvrira à celui qui frappe" (Mt. 7, 8). C’est ce même zèle qui doit présider aujourd’hui à nos efforts missionnaires


La Lumière du Thabor n.24, p.41-42 (Sébastopol)
Je rajoute à ce propos encore une note issue d’un autre livre :
Adam Zernikov, Zernikoff ou Zernikaw (1652-1715), né en Prusse, trouva un jour la Confession de foi d’un évêque orthodoxe et entreprit de vérifier ses dires dans les textes des Pères de l’Eglise, en visitant toutes les bibliothèques de l’Europe. Il finit probablement sa vie comme moine au monastère des Grottes de Kiev après avoir publié ses Traités de théologie orthodoxe sur la procession du Saint Esprit hors du Père seul, où il démontre que les Pères grecs et latins ont la même foi et que leurs textes ont souvent été falsifiés au Moyen-Age.
Le lecteur français aura une idée de la somme de Zernikaw dans le livre de Cyriaque Lampryllos, La Mystification fatale, Athènes 1892, republiée avec une préface de P. Ranson : l’Age d’Homme, Lausanne, 1987.

Note 15 du livre L’Eglise latine et le Protestantisme… A.S. Khomiakov éd. Xenia
Le livre de Lampryllos a déjà été évoqué sur le Forum, on en trouve un grand aperçu ici, sinon je pense qu’il est encore disponible aux éditions l’Age d’Homme.

A suivre : Deuxième sens du Filioque : le Saint-Esprit comme lien d’amour
PierreTibur
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Re: Question sur le filioque.

Message par PierreTibur »

Claude le Liseur a écrit : il faut rappeler que nous ne connaissons Dieu qu'à travers ce qu'Il a bien voulu nous révéler
À ce sujet et pour apporter une pierre à l'édifice, voilà ce que dit le père Romanides dans "Chi è Dio, chi è l'uomo" (Asterios, 2010, non encore traduit en français) dans sa leçon 1.37. Je le trouve fondamental pour enfoncer encore une fois le clou sur ce qui divise catholiques et orthodoxes.
Come riusciamo a sapere per esempio che esiste una distinzione tra le persone della Trinità Santa ? Come sappiamo che esistono 3 Luci, le quali sono una sola Luce ?

I padri della Chiesa non cominciano dalla Sacra Scrittura per teologare. ma, per comprendere la Sacra Scrittura partono dalla loro stessa esperienza, l'esperienza della divinizzazione. Per questo troveremo che, nel loro argomentare, i padri, quando attaccano concretamente gli eretici, non si appellano solo alla Bibbia, ma si appellano anche alla propria personale esperienza di divinizzazione.


Comment réussissons-nous par exemple qu'il y a une distinction entre les Personnes de la Sainte Trinité ? Comment savons-nous qu'il existe 3 Lumières qui sont une seule Lumière ?

Les Pères de l'Église ne partent pas de l'Écriture Sainte pour élaborer une théologie mais, pour comprendre l'Écriture Sainte, ils s'appuient sur leur propre expérience, l'expérience de la déification. C'est pour ceci que nous trouverons dans l'argumentation des Pères que quand ils attaquent concrètement les hérétiques, ils n'en appellent pas à la Bible mais à leur propre expérience personnelle de déification.
Ce qui est vrai pour les pères de l'Eglise l'est bien évidemment pour les Apôtres qui en plus ont eu l'expérience de l'enseignement direct du Seigneur.
J-Gabriel a écrit :
v

La méthode d’Augustin, philosophique et non théologique

Augustin pensait, en effet, que l’on pouvait, par la spéculation philosophique, connaître la Sainte Trinité, indépendamment de l’économie de la Révélation. Il croyait notamment que les platoniciens avaient connu la Trinité. Il attribuait cette connaissance en particulier à Porphyre, un de ces philosophes, grand ennemi et persécuteur des chrétiens. Comment Porphyre aurait-il pu connaître la Trinité et haïr le Christ ? Telle était, pourtant, la doctrine d’Augustin, si profondément spéculative et philosophique que pendant longtemps, en Occident, il y eut des résistances profondes à son enseignement.
Je me dis donc qu'arrivés à ce point la procession du Saint-Esprit du Père uniquement et, pour récapituler, l'unique nature divine propre à trois Personnes, le Père, source des autres Personnes, le Fils, de toute éternité engendré et le Saint-Esprit, expiré (je ne sais pas si le terme français est juste) également de toute éternité.

Je suis probablement stupide dans ma manière de m'exprimer - et je suis également conscient que je n'emploie pas toujours les termes exacts validés par la tradition - mais enfin il me semble bien que si le but de la vie Chrétienne est l'acquisition du Saint-Esprit qui nous permet de voir le Père par l'intermédiaire du Fils, ce but nous a été explicité d'abord par Notre-Seigneur, ensuite par les Apôtres puis par les Pères qui nous enseignent encore de nos jours. Il ne s'agit donc pas de comprendre avec nos misérables facultés mais de vivre, autant que faire se peut, l'expérience divine à laquelle nous avons accès par la grâce du Seigneur et non, encore une fois par nos misérables facultés, dont notre intelligence.

Nous pouvons toujours expliquer le processus historique - un grand merci à ceux qui ont le temps et l'énergie pour le faire - qui a engendré l'hérésie du filioque bien entendu et je suis donc avec intérêt ces discussions sur le filioque mais je trouve qu'il faut vraiment hurler, être le plus explicite possible : on parle ici de vérité révélée, d'expérience vécue par ceux qui en sont dignes et que, pour argumentée qu'elles soient, les discussions sur le sujet ne pourront jamais convaincre tant que ce principe n'est pas affirmé avec force. Le néophyte émerveillé que je suis pense que ce sont les premiers concepts à assimiler et à commencer à vivre. Il ne me semble pas l'avoir suffisamment clairement vu jusqu'à présent.

Je vous prie de m'excuser pour cette intervention qui est une digression par rapport à la discussion,
Fredrick a écrit :Bonjour,

J'ai cru comprendre que le filioque est un des points fondamental qui divise les catholiques des orthodoxes.
mais c'était pour préciser, encore, ce qui me semble fondamental dans le point fondamental évoqué.
J-Gabriel
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Re: Question sur le filioque.

Message par J-Gabriel »

Oh mais nous hurlons et depuis un moment déjà. Regardez par exemple les allégations du premier message de cette rubrique Filioque réponse catholique , sachez qu’elles ont déjà été réfutées au 9ème siècle par saint Photios !
Que voulez-vous la vague revient toujours…


Bon, on pourra revenir sur certains points, en attendant je poursuis:
IX

Deuxième sens du Filioque :
le Saint-Esprit comme lien d’amour


Nous en arrivons au second sens hérétique du Filioque.
Pour Augustin d’Hippone, comme pour Thomas d’Aquin et la théologie occidentale toute entière, le Saint Esprit se définit comme l’amour commun du Père et du Fils.

Cette fausse conception se trouve présente dans la doxologie des Latins, qui concluent certaines de leurs prières : "Par Jésus Christ, ton Fils, avec lequel tu es béni, dans l’unité du Saint Esprit", le Saint Esprit étant, selon eux, l’unité du Père et du Fils. Cette conception identifie, en quelque sorte, l’Hypostase, la Personne du Saint Esprit avec l’Amour Divin. Or l’Amour, selon les Pères et la Révélation, est une Energie Incréée de la nature divine commune aux trois personnes, Père, Fils et Saint Esprit.

La première absurdité de cette conception, selon Mélétios Pigas, c’est de confondre Personne et Energie. En effet, cette fausse doctrine réduit l’hypostase du Saint Esprit à une Energie par laquelle le Père et le Fils s’aiment ; elle supprime donc la Trinité, puisque la Personne du Saint Esprit n’a plus d’attribut hypostatique propre. Autrement dit, la doctrine occidentale du Filioque est une doctrine antitrinitaire, ou tout au moins, c’est une fausse Trinité, privée de la distinction faite par les Pères entre les Hypostases et la Nature Commune au Père, au Fils et au Saint Esprit. 1

D’autre part, cette doctrine fait aussi de l’Esprit –qui est le lien des deux autres Personnes- le principe de la Trinité, son élément unificateur. Or, pour les Pères de l’Eglise et pour la foi orthodoxe, c’est le Père, et lui seul, qui est appelé "cause" et "principe". L’unité de la Trinité est fondée sur la Monarchie (Unité du Principe) du Père.

Cette fausse doctrine de la pensée occidentale, contrairement à ce que disent certains modernistes d’aujourd’hui, il n’est pas possible de l’interpréter dans un sens orthodoxe. Certes, il serait possible de dire en un sens orthodoxe : le Saint Esprit est l’amour mutuel du Père et du Fils ; mais il faudrait ajouter : le Fils est l’amour mutuel du Père et du Saint Esprit, et le Père est l’amour mutuel du Fils et du Saint Esprit, et cela, parce que l’Amour est commun aux Trois Hypostases 2. Or, tel n’est pas le sens de la doctrine d’Augustin et de Thomas d’Aquin, telle qu’ils la développent dans leurs œuvres.

Nous devons ajouter que cette fausse doctrine a été rejetée une fois pour toutes par l’Eglise Orthodoxe dans le passé.

Ainsi, le grand Patriarche Gennade Scholarios disait que cette doctrine du Saint Esprit procédant du Père et du Fils comme amour mutuel est, je cite, "une grossièreté insupportable". Il ajoute :
"Où trouve-t-on clairement exposé, dans les livres sacrés, que l’Esprit Saint est l’amour réciproque du Père et du Fils ?... dans quel trésor sacré ce dogme se trouverait-il caché ? Et comment aurait-il échappé aux autres docteurs, qui cependant ont tout bien examiné avec soin ? "

Ce faux-dogme, non-scripturaire, non-patristique, a été notamment rejeté, implicitement, par le Concile de Concile de Constantinople de 1722, qui a clairement affirmé que l’amour est commun aux trois hypostases de la Sainte Trinité, et non le propre du Saint Esprit.

1. Notons ici que la doctrine correspondante des latins relative au Fils n’est pas moins anti-personnelle que celle du Saint Esprit. Elle est seulement moins visible, n’entraînant pas de modification matérielle des propositions orthodoxes. En effet, de même que le Saint Esprit est l’acte par lequel le Père et le Fils s’aiment, le Fils est l’acte par lequel le Père se connaît Lui-même. Le terme de "Fils" –qui pour les Pères est le nom propre et premier du Fils- devient secondaire et métaphorique. Le Fils ne reçoit ce nom que parce que le propre de la génération est de produire un être semblable au premier, ce qui est aussi le cas de l’intellection, la connaissance ressemblant à l’objet connu. Dès lors, s’il est exact de dire que dans la théorie filioquiste, il n’y a plus de Saint Esprit hypostatique, il n’est pas moins vrai de dire qu’elle fait aussi bien disparaître l’hypostase du Fils, réduite à l’auto-intellection du Père. Et le Père cesse également d’être une Personne, puisqu’il devient l’"être" abstrait de Dieu.

2. On parlerait alors de la procession, par chacune des Personnes, de l’Amour des deux Autres. Chacune des Personnes est bien l’objet de l’Amour des deux Autres.


La Lumière du Thabor n.24, p.42-44 (Sébastopol)
A suivre : Troisième sens du Filioque : les Personnes sont des relations
J-Gabriel
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Message par J-Gabriel »

X

Troisième sens du Filioque : les Personnes sont des relations

Le troisième sens hérétique du Filioque, qui trouve son origine chez Augustin d’Hippone, a été surtout développé par la scolastique occidentale, et par Thomas d’Aquin.
C’est l’idée que les Personnes divines sont des relations à l’intérieur de l’essence divine.
Ainsi, pour Augustin, le Fils et la Filiation sont une seule et même chose. Le Fils est une relation à Un seul –c’est-à-dire au Père ; et le Saint Esprit est une relation à Deux, c’est-à-dire au Père et au Fils. Les Personnes étant seulement des relations à l’intérieur de l’être divin, le Saint Esprit doit procéder du père et du Fils pour être distinct du Fils.
Pour la tradition orthodoxe, une telle conception est absurde, à la fois théologiquement et logiquement. En effet, même pour les créatures, la nature d’un être quel qu’il soit n’existe pas indépendamment de la personne. La nature ou essence n’existe pas de façon abstraite, mais seulement dans les hypostases, dans les personnes concrètes. Nous ne connaissons ni ne rencontrons jamais la nature humaine, ais seulement Pierre ou Jean, porteurs de cette nature. Nous rencontrons des personnes concrètes, non une abstraction appelée "nature humaine". De même en Dieu, la nature n’a pas d’existence autonome, et les hypostases divines Père, Fils et Saint Esprit, qui sont le Dieu unique, portent chacune la plénitude de la nature divine commune aux Trois.
Partir, pour parler de la Sainte Trinité, de la notion d’une essence abstraite et définir ensuite les Personnes comme des relations à l’intérieur de cette essence, comme le fait Thomas d’Aquin, que les papistes considèrent comme leur "docteur commun", c’est supprimer le mystère de la Sainte Trinité. En effet, on croit alors d’abord à une essence abstraite indépendante, en quelque sorte, coupée des Personnes particulières de la Trinité, et ce n’est que dans un second temps, et en un sens secondaire, que l’on considère les Personnes. En outre, dans l’essence divine où tout est commun aux trois personnes, il ne peut rien y avoir qui distingue le Père, le Fils et le Saint Esprit. Les relations intra-trinitaires qui ont remplacé, pour ces théologiens, la distinction selon l’hypostase, ressemblent étrangement aux "noms" interchangeables dans l’hérésie de Sabellius. C’est pour cette raison que l’Eglise Orthodoxe a toujours considéré le Filioque comme une forme de sabellianisme.
Un grand théologien hésychaste de l’Eglise Orthodoxe, Calliste Angelikoudis, a commenté, au XIVème siècle, de façon extrêmement précise, une des grandes œuvres de Thomas d’Aquin. Il disait que son hérésie était pire que celle de Sabellius, parce qu’il y ajoutait, semblable en cela à Eunomius, une spéculation philosophique sur la vie interne de l’essence divine qui, selon les Pères, est incompréhensible même aux anges. Là encore, la cause de l’égarement de Thomas d’Aquin, c’est la spéculation philosophique, qui applique aux mystères divins des analogies tirées du monde sensible. Il ne part pas de Dieu, ni de la voie qu’Il a choisie pour Se révéler à l’homme, mais de la propre intelligence humaine, et de la façon dont l’homme veut concevoir Dieu.

Nicolas Cabasilas résumait très bien cette idée :
"Thomas qui dit ces choses ne les a reçues ni de l’enseignement de l’Esprit, ni des Conciles Œcuméniques, ni des docteurs… mais il les a prises au monde sensible et avec beaucoup d’audace, les a introduites dans la Théologie, -avec beaucoup d’audace, pour ne pas dire par ignorance…"

La Lumière du Thabor n.24,(Sébastopol) p.44-46
A suivre : Le Dieu abstrait
J-Gabriel
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XI

Le Dieu abstrait

Si l’on examine la doctrine des Occidentaux, des Latins, des Franks, et particulièrement la théologie des fidèles de la papauté concernant le mystère des mystères, la Sainte Trinité, on découvre que cette fausse théologie n’est qu’une philosophie religieuse qui n’a rien de révélé.
Le Dieu de cette "théologie" est une essence abstraite qui ne se communique pas aux hommes dans ses énergies, c’est un Dieu philosophique, imaginaire, qu’on ne peut pas prier, auquel on ne peut pas s’unir.

Dans une telle conception, l’homme ne peut s’unir réellement à Dieu et le Saint Esprit ne communique pas aux hommes la force déifiante sans laquelle notre salut est impossible. Telle est la raison qui a poussé les Latins à inventer des intermédiaires créés entre Dieu et les hommes ; le pape de Rome, le "vicaire" (vicarius) de Dieu sur terre, en offre un exemple.

Ces intermédiaires créés –car la grâce, pour leur théologie, est créée ; seule l’essence abstraite incommunicable est incréée- qui sont supposés mettre les hommes en relation avec Dieu, les en séparent à jamais, car une fois que l’homme a cru à ces grâces créées inexistantes, il ne reste aucune place pour la puissance divine, incréée, qui n’appartient qu’à Dieu et qui seule peut sauver les hommes. Et les partisans d’une telle théologie hérétique ignorent ou combattent cette force transfiguratrice de l’Esprit Saint, parce qu’ils croient en des choses qui en sont la parodie créée.

La Lumière du Thabor n.24, (Sébastopol) p.46
A suivre: Œcuménisme et Filioquisme
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Message par J-Gabriel »


XII

Œcuménisme et Filioquisme

Rien dans un tel Dieu, dans cette Divinité abstraite de l’Occident, sans contenu, où le Père, le Fils et le Saint Esprit ne sont plus que des noms et des relations, n’interdit l’union aux musulmans ou aux païens.
Le Dieu unique que prient les Occidentaux est d’abord l’essence de Dieu, avant d’être la Trinité Sainte. L’union aux musulmans, aux juifs et aux païens découle même très logiquement d’une telle conception ; les latins croient, en effet, à l’essence de Dieu, à un Dieu Transcendant toute notion de Trinité, avant de croire au Dieu révélé de l’Evangile. C’est, en réalité, une idole qu’ils préfèrent à la véritable Trinité.
Les "orthodoxes" –ou supposés tels- qui sont engagés dans l’œcuménisme l’ont très bien compris et cherchent à trouver un aspect "positif" à la doctrine occidentale du Filioque.
En France, nous avons deux exemples récents de cette démarche :
1) le professeur de "Dogmatique" de l’Institut Saint Serge de Paris a écrit un livre sur le Mystère de la Trinité ; il y examine, en particulier, la question du Filioque et cherche à définir le "positif" de cette doctrine ;
2) un prêtre de l’Eglise Grecque néocalendariste de Marseille publie un livre dans une collection dirigée par C.Yannaras, et affirme que le Filioque n’est pas une hérésie, et n’a jamais été une hérésie que de nom. Le même auteur, logique avec lui-même, dit la même chose du monophysitisme et reconnaît le patriarche copte monophysite d’Alexandrie comme le patriarche authentique d’Alexandrie. Personne n’a officiellement protesté contre ce livre.
Pour nous garder d’un tel égarement, nous avons la confession orthodoxe de la Sainte Trinité : nul ne connaît le Père sans connaître le Fils et le Saint Esprit ; nul ne connaît Dieu s’il ne confesse pas la Sainte Trinité qui s’est révélée aux Prophètes, aux Apôtres et aux Saints. Comment prier avec ceux qui ne confessent pas la Sainte Trinité ? Comment prier et s’unir avec ceux qui confessent une fausse Trinité, une Trinité, une Trinité philosophique et imaginaire ? Les Pères sont-ils allés prier avec les néoplatoniciens ? Le Prophète Elie a-t-il prié les Baals et les dieux étrangers ? Le Saint Esprit peut-il se trouver chez ceux qui ne le confessent pas ou le proclament autrement que l’Eglise ne fait ? La plénitude du Saint Esprit ne réside-t-elle pas dans l’Eglise orthodoxe ? Comment les œcuménistes peuvent-ils ignorer à ce point la doctrine même, les faux dogmes de ceux avec lesquels ils veulent s’unir ?


La Lumière du Thabor n.24, (Sébastopol) p.47-48
A suivre: saint Marc d’Ephèse et l’œcuménisme
J-Gabriel
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Message par J-Gabriel »

XIII

Saint Marc d’Ephèse et l’œcuménisme

Saint Marc d’Ephèse, "l’Atlas de l’Orthodoxie", a montré, dans sa Lettre Encyclique, le ridicule des "latinisants", de ceux qui, à cette époque déjà, trouvaient des aspects "positifs" au Filioque. Il les compare aux centaures de la fable, parce qu’ils font, en matière de foi, des mélanges hybrides et imaginaires. Voici comment il parle de ces latinisants qu’il nomme "gréco-latins", demandant comment il faut user avec eux :
"Quelle attitude adopter, demandera-t-on, à l’égard de ces gréco-latins, mi-figue mi-raisin, qui, en bons amateurs de solutions moyennes, divisent en trois catégories les dogmes et les rites des latins : ceux qu’ils approuvent ouvertement et sans réserve ; ceux qu’ils approuvent, mais sans les embrasser ; ceux qu’ils désapprouvent totalement ? "

Et il répond :
"Fuyez-les ! Fuyez-les comme des serpents, comme des gens qui font commerce du Christ, au gros et au détail, ou pire encore. Car ils sont de ceux qui, selon le divin Apôtre, font de la piété une source de bénéfice et dont il dit encore "fuis cette engeance"…

Ainsi parlait le grand saint Marc d’Ephèse qui, avec tous les autres Pères, accusent nos œcuménistes modernes, jusque dans leurs églises –car ils n’oseront jamais l’ôter du calendrier de la Sainte Eglise Orthodoxe ni brûler son icône.


Op. cit. p.48


Pour la Lettre Encyclique de saint Marc d'Ephèse vous pouvez la retrouver ici


A suivre: Canons de l’Eglise et dogmes de foi et "Le petit reste"
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XIV

Canons de l’Eglise et dogmes de foi

Pour être fidèles à l’enseignement des Pères, des Conciles et de l’Eglise toute entière, nous ne sommes en communion avec aucun de ceux qui sont engagés dans l’œcuménisme et qui confessent la "théorie des branches", ni avec ceux qui sont en communion avec de telles personnes.
A cause de cela, nous sommes combattus et nos adversaires répètent avec ignorance que nous ne sommes pas "canoniques", parce que nous ne sommes pas en communion avec ceux qui, hélas, sont touchés par l’hérésie. Ceux qui parlent de la sorte ne comprennent pas ce qu’est un canon. Les canons sont fondés sur les dogmes, et, surtout, ils ont été établis par les Apôtres et leurs successeurs pour être les gardiens des dogmes, pour sauvegarder les dogmes. Lorsque les canons sont respectés, "règne alors la concorde et Dieu est glorifié par le Seigneur dans l’Esprit Saint, comme Trinité, Père, Fils et Saint Esprit", selon le 34ème canon apostolique.

Autrement dit, les canons n’existent que pour les orthodoxes ; ceux qui se moquent des dogmes, qui abattent les "bornes posées par leurs Pères" en entrant en communion directe ou indirecte avec les hétérodoxes, ne sont plus en droit de parler de l’ordre canonique de l’Eglise.

Si notre confession de foi est juste, notre ecclésiologie est juste et si notre ecclésiologie est juste, notre foi est juste, et dans la paix et la concorde nous pouvons glorifier le Père, le Fils et le Saint Esprit, le Dieu Unique.


XV

"Le petit reste"

En conclusion, je voudrais simplement rapporter deux paroles d’un saint évêque russe, mort en France peu avant la Seconde Guerre Mondiale, après avoir vécu comme anachorète dans la région de Tours, celle de saint Martin.
Il s’agit de l’archevêque Théophane de Poltava, qui était très connu, avant la Révolution, en Russie, pour la piété et son zèle pour les dogmes. Il avait émigré après la Révolution. Quand les modernistes sont venus le trouver pour le convaincre d’adopter leur projet de réformer l’Eglise, il a refusé. Ils lui ont dit qu’il resterait tout seul. Il a répondu qu’il lui était égal de rester seul s’il restait uni à la Sainte et vivifiante Trinité dont ils étaient séparés par leur hérésie.
Plus tard, commentant la situation de l’Eglise, l’Archevêque Théophane expliquait que les paroles de l’Apocalypse, concernant les étoiles qui tombaient du ciel, symbolisaient les évêques qui abandonneraient la vérité, et qu’on en verrait tomber ainsi une multitude dans les jours à venir.
Nous avons pu constater combien sa prophétie était vraie, puisque toutes les Eglises ont été touchées aujourd’hui par la théorie des branches et par l’œcuménisme.
Nous pouvons cependant rendre gloire à Dieu, parce que dans cette situation tragique, non seulement nous ne sommes pas tout-à-fait isolés, nous aidant spirituellement les uns les autres, mais nous avons aussi pu trouver de vrais évêques de l’Eglise du Christ, Sa Béatitude Monseigneur Auxence et son synode. Par eux, la confession de foi véritable demeure garantie et assurée. Ainsi, nous restons fidèles, malgré nos péchés, aux Pères saint de notre Eglise. Gloire en soit rendue à Dieu, parce que c’est dans la paix de notre conscience que nous pouvons dire, sans mentir, à chaque office :

"Par les prières de nos Pères Saints, Seigneur Jésus Christ, Notre Dieu, aie pitié de nous".

Op. cit.p.49-50
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