Une proposition de traduction de la prière de Saint Ephrem.

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Henri
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Une proposition de traduction de la prière de Saint Ephrem.

Message par Henri »

Je poste sur le forum général ce message avec celui de Claude le liseur qui le précède, en citation. Ils ont été publiés dans la partie de forum consacrée aux textes liturgiques. Mon message contient des réflexions sur la prière de saint Ephrem et cela n'est pas adapté à la partie "textes liturgiques" comme le précise la petite notice publiée sur l'index général du forum, je le supprime donc de la rubrique textes liturgiques.
Claude le Liseur a écrit :
Henri a écrit :Je me permets de poster ici une traduction personnelle de cette prière que j'avais faite il y a quelques mois à partir du texte grec. Je serais heureux d'avoir votre avis :

Κύριε, καὶ Δέσποτα τῆς ζωῆς μου, πνεῦμα ἀργίας, περιεργίας, φιλαρχίας, καὶ ἀργολογίας μή μοι δῷς.
Seigneur et Maître de ma vie, ne me donne pas [d'avoir part à] un esprit de négligence, de dissipation, de désir du pouvoir et de paroles stériles.

Πνεῦμα δὲ σωφροσύνης, ταπεινοφροσύνης, ὑπομονῆς καὶ ἀγάπης, χάρισαί μοι τῷ σῷ δούλῳ.
Gratifie ton serviteur d'un esprit de pleine conscience (ou de tempérance, de vigilance) d'humilité, de persévérance et d'amour.

Ναί, Κύριε Βασιλεῦ, δώρησαί μοι τοῦ ὁρᾶν τὰ ἐμὰ πταίσματα, καὶ μὴ κατακρίνειν τὸν ἀδελφόν μου, ὅτι εὐλογητὸς εἶ, εἰς τοὺς αἰῶνας τῶν αἰώνων. Ἀμήν.
Oui, Seigneur Roi, donne-moi de voir mes propres faux-pas et de ne pas juger mon frère, car tu es béni, dans tous les siècles des siècles. Amen.

Votre traduction me paraît excellente et je vous remercie beaucoup pour cette contribution de grande qualité au forum. J'apprécie en particulier votre idée de traduire χάρισαί par «gratifie», ce qui permet de rendre l'analogie χάρις = «grâce». Je pense que, quand on traduit du grec vers le français, il faut se souvenir qu'on traduit vers une langue latine, et ne pas oublier les racines latines des mots français (lorsque ceux-ci ne sont pas des mots d'origine celtique, grecque ou germanique, naturellement).

Je me permets de vous faire part de mon avis sur certains points de votre traduction que je trouve par ailleurs remarquable. N'y voyez de ma part ni pédanterie, ni méchanceté, ni rage de discussion, mais simplement la volonté de collaborer avec vous pour arriver à une traduction qui soit la plus profitable possible sur le plan spirituel. Je vous suis d'autant plus reconnaissant que vous êtes le premier membre du forum depuis très longtemps à utiiser le forum pour lancer un projet de traduction en commun. Comme, de mon côté, j'attends toujours que quelqu'un m'aide à améliorer ma traduction de la pastorale de saint Tikhon de Moscou de 1918, je suis réellement enchanté que vous ayez l'idée de ce projet de traduction collaborative. Voici donc quelques observations de ma part:

ἀργία: J'aurais quand même plutôt traduit par «paresse» que «négligence». Je n'aimerais pas traduire par «oisiveté, parce que oisiveté nous renvoie immanquablement à otium qui a un sens positif en latin, tandis que «paresse» ne renvoie qu'à des connotations négatives et me semble donc préférable.

περιεργία: Très bonne idée de traduire par «dissipation» plutôt que par «curiosité excessive», car je crois qu'ainsi vous préférez l'esprit à la lettre - la curiosité excessive est une forme de dissipation. Au point de vue spirituel, c'est bien l'image de l'esprit qui s'égare d'une pensée à l'autre. En outre, d'un point de vue pratique, pour faciliter la mémorisation et la récitation d'une prière, il faut éviter les périphrases et les traductions trop longues. «Curiosité» pouvant avoir un sens positif en français, il serait nécessaire de préciser «excessive» pour rendre le sens négatif; c'est tellement plus efficace de traduire un substantif par un substantif et de dire «dissipation».

φιλαρχία: J'aurais quand même mis «l'amour du pouvoir» plutôt que le «désir du pouvoir». On peut désirer le pouvoir pour le bien d'autrui, me semble-t-il; ce n'est donc peut-être pas la même chose que d'aimer le pouvoir pour le pouvoir.

ἀργολογία: Je préfère votre traduction «paroles stériles» à la traduction «vains discours» donnée par le Bailly. «Stérile» donne une idée encore plus négative que «vain».

σωφροσύνη: Je penche à fond pour «tempérance». Cela fait aussi le lien avec la sagesse antique qui a préparé le monde à recevoir le christianisme, puisque le sens tempérance se trouve déjà chez Platon et Aristote (références dans le Bailly, page 1892).

ὑπομονῆ: Votre choix de «persévérance» donne une idée plus combattive, plus dynamique, que «patience», issu de racines latines qui évoquent par trop la passivité.

ἀγάπη: L'éternel problème de traduire ce mot, dans la mesure où le français est incapable de faire la distinction entre Eros et Agapê... Mais si on traduit par «charité», c'est un mot tellement galvaudé, affadi, qui évoque la transformation de la religion en agitation sociale. Alors, je penche aussi pour «amour».

πταίσματα: «Faux-pas» est en effet la traduction littérale et nous permet de nous éloigner de l'habituel prêchi-prêcha culpabilisateur.

Votre traduction mériterait d'être diffusée et j'espère que notre forum pourra y aider.

Reste à proposer une formulation qui facilite la mémorisation par les fidèles. Que pensez-vous de cette rédaction (on transforme les trois lignes du texte grec en onze lignes pour favoriser la mémorisation en français):

Seigneur et Maître de ma vie,
ne me donne pas
un esprit de paresse, de dissipation,
d'amour du pouvoir et de paroles stériles.
Gratifie ton serviteur
d'un esprit de tempérance, d'humilité,
de persévérance et d'amour.
Oui, Seigneur Roi,
donne-moi de voir mes propres faux-pas
et de ne pas juger mon frère,
car Tu es béni dans les siècles des siècles. Amen.
Un grand merci à vous de me faire part de vos observations sur mon petit travail de traduction. Je suis heureux que vous l'ayez apprécié et que vous en ayez saisi l'intention principale qui m'a guidé dans la réalisation de cette modeste tâche. C'était l'aspect par trop « moralisateur » que je percevais dans les traductions habituelles à cause des termes utilisés dans celles-ci, qui m'avait incité à l'entreprendre. Cet aspect m'avait toujours rebuté et empêché d'adhérer à cette prière qui revêt pourtant un importance capitale dans la spiritualité orthodoxe. À la vue de cette importance, de l'envergure spirituelle de saint Ephrem le syrien à qui elle est attribuée, elle devait, à mon avis, exprimer forcement un enseignement spirituel fondamental, être une clef pour l'édification de la vie intérieure, comme un condensé de l'enseignement des pères, un guide d'ascèse proposé par l'Église tout au long du saint carême. Mais, comment dire, je restais sur ma « faim », je n'y trouvais point une nourriture spirituelle.
Ignorant donc volontairement les divers commentaires fait sur cette prière, j'ai décidé de partir du texte grec dont nous disposons, d'en explorer chaque terme dans le but d'en retirer la substantifique moelle, dans une optique qui peu expliquer certains choix de termes : celle de faire ressortir le thème de la « vigilance intérieure », la « garde du cœur », clef de voûte de tout l'édifice spirituel qui, selon moi, est au cœur de cette prière.
ἀργία: J'aurais quand même plutôt traduit par «paresse» que «négligence». Je n'aimerais pas traduire par «oisiveté, parce que oisiveté nous renvoie immanquablement à otium qui a un sens positif en latin, tandis que «paresse» ne renvoie qu'à des connotations négatives et me semble donc préférable.
Je comprends tout-à-fait le choix de paresse et que vous le préfériez à négligence, mais vous comprendrez d'après ce que je viens de dire pourquoi j'ai plutôt penché pour « négligence ». "Négligence" en tant que synonyme d'inattention intérieure qui peut certes conduire à la paresse et à l'inertie extérieure mais pas seulement. Il peut y avoir une frénésie dans le péché, une agitation fille de passions que la négligence ou la paresse intérieure ont laissé croître et se développer. "Paresse" peut donc aussi s'entendre bien sûr dans le sens de relâchement intérieur, mais me fait trop penser à une attitude extérieure. Toutefois, cela n'engage que moi, et mon choix reste très discutable j'en suis conscient.
φιλαρχία: J'aurais quand même mis «l'amour du pouvoir» plutôt que le «désir du pouvoir». On peut désirer le pouvoir pour le bien d'autrui, me semble-t-il; ce n'est donc peut-être pas la même chose que d'aimer le pouvoir pour le pouvoir.


Je suis entièrement d'accord avec vous et c'était l'expression que j'avais mise en premier lieu pour rendre φιλαρχία. Je l'ai changé au dernier moment, à tort je le reconnais, et je suis heureux de constater que finalement vous rejoignez ma première idée. Cette φιλαρχία va plus loin qu'un simple soif de pouvoir dans le sens d'un désir d'une position sociale qui nous permettrait de dominer ou diriger autrui. Il s'agit de déceler en nous cette illusion fondamentale qui nous fait croire que nous avons le « contrôle » sur le cours des choses, alors que nous n'avons même pas « le pouvoir de rendre un seul de nos cheveux noir ou blanc (Mt 5:36) ». Le désir d'être le « chef » (autre terme qui pourrait rendre αρχία), nous habite alors que nous sommes dépendent en tout et pour tout du Seigneur et Maître de notre vie. Les ascètes dans la nudité et la précarité du désert ont du expérimenter la vacuité de cette φιλαρχία. Si nous ramenons notre esprit dans les limites de la cellule de notre propre corps comme nous y invite St Jean Climaque (je cite de mémoire et je n'ai point les termes exacts ni les références), sans aller au désert nous pouvons aussi faire l'expérience de cette précarité et de cette fragilité par l'attention au deux pulsations fondamentales de notre vie organique : la respiration et le battement de notre cœur charnel... voilà à quoi nous sommes suspendus. Autant dire que notre vie ne tient qu'à un fil. Il n'est point de « mémoire de la mort » possible (qui est un maillon important de notre cheminement spirituel selon l'enseignement des pères), ni de brisement du cœur, ni de cri jaillissant des profondeurs vers le Seigneur, sans la découverte par l'attention de notre précarité et fragilité fondamentale et l'inanité de toute φιλαρχία.
σωφροσύνη: Je penche à fond pour «tempérance». Cela fait aussi le lien avec la sagesse antique qui a préparé le monde à recevoir le christianisme, puisque le sens tempérance se trouve déjà chez Platon et Aristote (références dans le Bailly, page 1892).
Σωφροσύνη, est pour moi le terme le plus difficile à rendre. Littéralement c'est l'état sain de l'esprit ou du cœur et je voulais rendre ce terme de conscience, φρῆν, dans une expression qui serait le pendant à "négligence", voilà pourquoi j'avais pensé à "pleine conscience" pour évoquer un état d'esprit vigilant. Mais "tempérance" convient tout-à-fait, dans le sens de maîtrise des désirs et il ne peut y avoir de maîtrise sans attention. Il est aussi plus traditionnel et fait nettement moins New Age.
Ce petit travail m'a fait prendre conscience combien il est difficile de traduire des textes d'une telle envergure spirituelle. Et je tremblais à l'idée d'avoir trahi l'esprit de ce vénérable texte, votre intervention m'a rassuré car à part pour le termes "ἀργία" pour le reste nous sommes plutôt en accord.
Pardonnez-moi et priez le Seigneur notre Dieu pour moi, qu'il me fasse miséricorde.

Henri Jean Marius.
Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu Vivant, gracie-moi.
Domine Jesu Christe, Fili Dei Vivi, parce mihi. (prière de Saint Brendan)
Claude le Liseur
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Re: Une proposition de traduction de la prière de Saint Ephrem.

Message par Claude le Liseur »

Vos explications sont très intéressantes. D'accord avec vous pour négligence plutôt que paresse. Je soumets donc ce projet de traduction aux lecteurs du forum.

Seigneur et Maître de ma vie,
ne me donne pas
un esprit de négligence, de dissipation,
d'amour du pouvoir et de paroles stériles.
Gratifie ton serviteur
d'un esprit de tempérance, d'humilité,
de persévérance et d'amour.
Oui, Seigneur Roi,
donne-moi de voir mes propres faux-pas
et de ne pas juger mon frère,
car Tu es béni dans les siècles des siècles. Amen.
Claude le Liseur
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Re: Une proposition de traduction de la prière de Saint Ephrem.

Message par Claude le Liseur »

Henri a écrit : Je suis entièrement d'accord avec vous et c'était l'expression que j'avais mise en premier lieu pour rendre φιλαρχία. Je l'ai changé au dernier moment, à tort je le reconnais, et je suis heureux de constater que finalement vous rejoignez ma première idée. Cette φιλαρχία va plus loin qu'un simple soif de pouvoir dans le sens d'un désir d'une position sociale qui nous permettrait de dominer ou diriger autrui. Il s'agit de déceler en nous cette illusion fondamentale qui nous fait croire que nous avons le « contrôle » sur le cours des choses, alors que nous n'avons même pas « le pouvoir de rendre un seul de nos cheveux noir ou blanc (Mt 5:36) ». Le désir d'être le « chef » (autre terme qui pourrait rendre αρχία), nous habite alors que nous sommes dépendent en tout et pour tout du Seigneur et Maître de notre vie. Les ascètes dans la nudité et la précarité du désert ont du expérimenter la vacuité de cette φιλαρχία. Si nous ramenons notre esprit dans les limites de la cellule de notre propre corps comme nous y invite St Jean Climaque (je cite de mémoire et je n'ai point les termes exacts ni les références), sans aller au désert nous pouvons aussi faire l'expérience de cette précarité et de cette fragilité par l'attention au deux pulsations fondamentales de notre vie organique : la respiration et le battement de notre cœur charnel... voilà à quoi nous sommes suspendus. Autant dire que notre vie ne tient qu'à un fil. Il n'est point de « mémoire de la mort » possible (qui est un maillon important de notre cheminement spirituel selon l'enseignement des pères), ni de brisement du cœur, ni de cri jaillissant des profondeurs vers le Seigneur, sans la découverte par l'attention de notre précarité et fragilité fondamentale et l'inanité de toute φιλαρχία.

La cellule de l'hésychaste, c'est les étroites limites de son corps; au-dedans, elle contient une maison de connaissances.

Saint Jean Climaque, L'échelle sainte, Vingt-septième degré (De l'hésychia), paragraphe 12; traduction française de l'archimandrite Placide Deseille, 2e édition, Spiritualité orientale n° 24, Abbaye de Bellefontaine, Bégrolles-en-Mauges 1987, p. 275.)
Henri
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Re: Une proposition de traduction de la prière de Saint Ephrem.

Message par Henri »

Claude le Liseur a écrit :
La cellule de l'hésychaste, c'est les étroites limites de son corps; au-dedans, elle contient une maison de connaissances.

Saint Jean Climaque, L'échelle sainte, Vingt-septième degré (De l'hésychia), paragraphe 12; traduction française de l'archimandrite Placide Deseille, 2e édition, Spiritualité orientale n° 24, Abbaye de Bellefontaine, Bégrolles-en-Mauges 1987, p. 275.)
Merci Claude d'avoir retrouvé les paroles exactes de Saint Jean Climaque (ainsi que les références dans son œuvre "L'échelle sainte" traduite par l'archimandrite Placide) et de les publier ici en ce dimanche de carême qui lui est consacré. Père saint, Jean, prie Dieu pour nous !
Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu Vivant, gracie-moi.
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J-Gabriel
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Re: Une proposition de traduction de la prière de Saint Ephr

Message par J-Gabriel »

Cher Henri, cher Claude.
Comme vous le savez, je n’ai aucune prétention à la traduction de cette prière. Cependant, en estimant que c’est une prière qui m’aide énormément ; je voudrais faire partager l’expérience de quelqu’un qui essaye de vivre cette prière.


Voilà telle que je l'ai apprise:

Seigneur et Maître de ma vie,
éloigne de moi l’esprit de paresse, d’abattement, de domination
et de vaines paroles ;
mais donne à Ton serviteur
un esprit d’intégrité, d’humilité, de patience
et d’amour.
Oui, Seigneur Roi, donne-moi de voir mes péchés
Et de ne pas juger mon frère ;
car Tu es béni
Dans les siècles des siècles.
Amin.


Tiré d’un livret de prière ayant pour titre Catéchèse Orthodoxe, que j’avais acquis à mes débuts au monastère Saint-Antoine-le-Grand (Vercors).
L’ordre des vertus et égarements n’est pas toujours le même, vu que je récite par cœur, et je l’ai écris dans le rythme avec lequel je la récite.

Il y a ce « Mais » que j’apprécie beaucoup et qui m’aide à faire la transition, chose que je ne suis pas arrivé en récitant, ces derniers jours, cette prière telle que vous la proposez.
Henri
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Re: Une proposition de traduction de la prière de Saint Ephr

Message par Henri »

Effectivement, merci beaucoup, cher Jean-Gabriel pour cette remarque pertinente concernant la conjonction de coordination : "mais". Dans le texte grec il y a en effet :
Πνεῦμα δὲ σωφροσύνης.
Cette particule "δὲ" marque effectivement une opposition nette entre la première proposition et la deuxième et peut se traduire par : "mais au contraire" ou, plus simplement, par "mais". La traduction de certaines particules comme μέν... δέ est souvent omise mais ici, comme vous l'avez ressenti intuitivement parce que vous vivez réellement cette prière, elle est indispensable !

Je propose donc :

Seigneur et Maître de ma vie,
ne me donne pas
un esprit de négligence, de dissipation,
d'amour du pouvoir et de paroles stériles ;
mais gratifie ton serviteur
d'un esprit de tempérance, d'humilité,
de persévérance et d'amour.
Oui, Seigneur Roi,
donne-moi de voir mes propres faux-pas
et de ne pas juger mon frère,
car Tu es béni dans les siècles des siècles. Amen.


Merci encore. Que le Seigneur soit glorifié en toute chose.
Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu Vivant, gracie-moi.
Domine Jesu Christe, Fili Dei Vivi, parce mihi. (prière de Saint Brendan)
J-Gabriel
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Re: Une proposition de traduction de la prière de Saint Ephr

Message par J-Gabriel »

« ὑπομονῆ »

En vérité, à mes débuts quand j’ai fait la connaissance de cette prière j’ai tout de suite été surpris par ce terme patience en me demandant qu’est-ce qu’il venait faire là-dedans, tellement je le trouvais souple, voir vague. Je l’ai donc beaucoup travaillé, médité et bien entendu j’en ai conclu que c’était face à l’épreuve qu’il fallait être patient et ne pas désespérer. Ceci dit, je trouve le terme de persévérance plus approprié car il arrive bien à réunir patience ainsi que fermeté (dans l’épreuve), ce qui donne en effet à la vertu un sens plus combatif ainsi que le sous-ligne Claude.

D’ailleurs dans Luc 21: 19, par exemple, le verset n’a plus le même éclat si l’on remplaçait persévérance par patience, à mon avis…

"par votre persévérance vous sauverez vos âmes."

"ἐν τῇ ὑπομονῇ ὑμῶν κτήσασθε τὰς ψυχὰς ὑμῶν."

Verset tiré de http://ba.21.free.fr/ntgf/luc/luc_21_gf.html (TOB)
Henri
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Re: Une proposition de traduction de la prière de Saint Ephr

Message par Henri »

J-Gabriel a écrit :« ὑπομονῆ »

En vérité, à mes débuts quand j’ai fait la connaissance de cette prière j’ai tout de suite été surpris par ce terme patience en me demandant qu’est-ce qu’il venait faire là-dedans, tellement je le trouvais souple, voir vague. Je l’ai donc beaucoup travaillé, médité et bien entendu j’en ai conclu que c’était face à l’épreuve qu’il fallait être patient et ne pas désespérer. Ceci dit, je trouve le terme de persévérance plus approprié car il arrive bien à réunir patience ainsi que fermeté (dans l’épreuve), ce qui donne en effet à la vertu un sens plus combatif ainsi que le sous-ligne Claude.

D’ailleurs dans Luc 21: 19, par exemple, le verset n’a plus le même éclat si l’on remplaçait persévérance par patience, à mon avis…

"par votre persévérance vous sauverez vos âmes."

"ἐν τῇ ὑπομονῇ ὑμῶν κτήσασθε τὰς ψυχὰς ὑμῶν."

Verset tiré de http://ba.21.free.fr/ntgf/luc/luc_21_gf.html (TOB)
ΧΡΙΣΤΟΣ ΑΝΕΣΤΗ !
C'est entre autre en référence à ce verset du Saint Évangile selon saint Luc, que j'ai penché pour la traduction par le substantif "persévérence". Il faut aussi noter que dans sa forme verbale :"ὑπομένω" ce mot est utilisé dans l'hymnographie byzantine pour rendre l'endurance avec laquelle notre Seigneur Jésus a mené la combat de sa Sainte Passion et particulièrement le supplice de la croix : "Σταυρὸν γὰρ ὑπομείνας δι' ἡμᾶς, θανάτῳ θάνατον ὤλεσεν" "Car endurant pour nous la croix, il a détruit la mort par la mort" . Il ne s'agit donc pas de supporter patiemment mais d'endurer. On voit tout l'aspect actif de cette vertu. Car on ne peut gagner en endurance que dans l'entrainement au combat à la suite du Christ notre Dieu... et pour crucifier le vieil homme, le psychique, dire que nous aurons besoin d'endurance et de persévérance c'est commencer à voir l'ampleur de la tâche ! Surtout ne jamais oublier que le Seigneur est proche et miséricordieux, infiniment, et tout ce qu'il a enduré pour nous, qu'il est descendu aux enfers pour tout remplir de Lui-même, et que par sa mort il a terrassé la mort !
Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu Vivant, gracie-moi.
Domine Jesu Christe, Fili Dei Vivi, parce mihi. (prière de Saint Brendan)
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