le patriarche de Constantinople au Conseil de l'Europe

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Jean-Louis Palierne
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le patriarche de Constantinople au Conseil de l'Europe

Message par Jean-Louis Palierne »

L’allocution que le patriarche de Constantinople vient de prononcer devant le Conseil de l’Europe, que publie le site "Orthodoxie.com", est révélatrice de la nouvelle donne politico-ecclésiastique, mais aussi inter-ecclésiastique qui a été ouverte par l’élection du nouveau pape. La présence des institutions ecclésiastiques au sein des institutions européennes est au centre des débats.

Ce qui est remarquable est que le patriarche Bartholomée Ier parle en “chef religieux”, non en président d’un synode épiscopal, comme l’exigerait la structure canonique de l’Église orthodoxe. Alors qu’il n’est que le primat d’une Église fantômatique et que le synode qu’il préside n’est plus qu’une réunion de chefs de bureau évêques résidentiels, il ne met en avant, pour définir son rôle universel, qu’une juridiction fort contestable sur les contrées situées hors du territoire des Églises autocéphales.

Étant donné qu’il n’y a pas d’Église locale possible sans que son évêque soit membre d’un synode épiscopal provincial, et puisqu’il n’y a pas de vie synodale sans le service assuré par le président du synode, la vie de l’Église orthodoxe telle qu’elle répandue sur toute la terre suppose que l’un des peésidents de synodes provinciaux soit appelé à présider à la vie de l’ensemble de l’Église. On peut donc parler d'un rôle universel.

Présider, d’après les canons de la Tradition orthodoxe, signifie que le président doit parler au nom de tous, mais qu’il ne doit rien faire sans en informer ses collègues, qui de même ne doivent rien faire sans l’en informer. Le propre du synode est de gérer les affaires communes. Depuis le IVème Concile œcuménique, le patriarche de Constantinople occupe le deuxième rang. Depuis que Rome a déchu hors de l’Orthodoxie le patriarche de Constantinople occupe par défaut le premier rang.

Mais actuellement le patriarche de Constantinople n'est plus véritablement le président d'un synode local, et son discours de Strasbourg n'est pas prononcé au nom de la concorde universelle des Églises autocéphales orthodoxes.

Le problème le plus difficile à résoudre est de savoir quand et comment l’Église orthodoxe doit reconnaître l’autocéphalie d’une nouvelle Église. Dans le cas le plus ancien d’une telle reconnaissance, le cas de l'Église de Chypre, que le patriarcat d'Antioche prétendait se soumettre, ce fut encore le IVème Concile œcuménique qui reconnut l'autocéphalie chypriote, mais en se réclamant de la Tradition la plus ancienne de l’Église.

L’histoire de la création des autocéphalies est une suite de cas d’espèce dont on ne peut tirer une loi générale, si ce n’est qu’une Église ne peut être considérée comme autocéphale sans l’accord au moins tacite des Églises-sœurs.

Par ailleurs l’Église de Constantinople se conduit sur la terre entière comme le gérant des Églises de “diaspora” de l’Église de Grèce dans le plus pur style ethno-phylétiste.

Enfin, dépourvu de peuple, et vivant dans un milieu hostile, il n’a plus la possibilité de recruter le personnel nécessaire pour soutenir ses prétentions et doit faire appel à des hommes d’une qualité contestable.

L’Église orthodoxe dans son ensemble souffre de ce que ce n’est pas une véritable Église locale, dotée d’un véritable synode et d’un véritable président de ce synode qui assure en plus la présidence mondiale des Églises autocéphales.

Les orthodoxes qui vivent en Europe occidentale, je l’ai déjà dit, ont besoin d’une métropole propre, pour les fidèles tant indigènes qu’immigrés de toutes les nations orthodoxes, donc d’une métropole locale. Si le patriarche œcuménique veut se poser en interlocuteur du Conseil de l’Europe, qu’il agisse en ce sens, c’est la seule manière d’affirmer son statut et de restaurer l’ordre canonique de la Tradition orthodoxe.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Sylvie
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Message par Sylvie »

Cher Jean-Louis Palierne,

Vous dîtes :
L’Église orthodoxe dans son ensemble souffre de ce que ce n’est pas une véritable Église locale, dotée d’un véritable synode et d’un véritable président de ce synode qui assure en plus la présidence mondiale des Églises autocéphales.

Les orthodoxes qui vivent en Europe occidentale, je l’ai déjà dit, ont besoin d’une métropole propre, pour les fidèles tant indigènes qu’immigrés de toutes les nations orthodoxes, donc d’une métropole locale. Si le patriarche œcuménique veut se poser en interlocuteur du Conseil de l’Europe, qu’il agisse en ce sens, c’est la seule manière d’affirmer son statut et de restaurer l’ordre canonique de la Tradition orthodoxe.
Vous rêvez, mon cher ami.

Nous avons en Amérique une église qui est autocéphale depuis 1970. C'est l'OCA ou Orthodox church in America et il y a toujours des diasporas Roumaine, Grecque etc.

J'ai l'impression parfois, lorsque je vais dans une autre paroisse. Les indigènes comme vous dîtes devraient apprendre le Slavon ou le Roumain etc. au moins l'anglais. Ainsi ils comprendraient une partie de la Divine Liturgie même s'ils ne comprennent rien de l'homélie.

Est-ce que vous pensez que ce serait mieux en Europe ?

Moi aussi je rêve...


Sylvie-Madeleine
Dernière modification par Sylvie le jeu. 25 janv. 2007 16:16, modifié 2 fois.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Sylvie a écrit :Les indigènes comme vous dîtes devraient apprendre le Slavon ou au moins l'anglais.
Vous êtes sûre qu'en Amérique du Nord les "indigènes" ont vraiment à apprendre l'anglais? Sauf si vous considérez que seuls les Amérindiens sont indigènes en Amérique du Nord, et ce que j'écris ci-dessous à propos du cas de l'Alaska vous intéressera peut-être.

Ceci étant, la situation dépend aussi de la composition de la population orthodoxe. Aux Etats-Unis, où il y a eu un phénomène d'inculturation et un nombre conséquent de conversions à l'Orthodoxie, la grande majorité des paroisses de l'OCA et de la juridiction antiochienne sont de langue anglaise.
Et en Alaska, où la mission orthodoxe avait commencé sous l'égide de l'Eglise de Russie à l'extrême fin du XVIIIe siècle, ce n'est malheureusement pas l'attitude de l'Eglise orthodoxe qui a contraint les indigènes aléoutiens, inuit, etc., à apprendre l'anglais. La mission orthodoxe en Alaska célébrait la liturgie dans les langues autochtones de cette région. C'est bien la politique d'anglicisation forcenée menée par le gouvernement des Etats-Unis après l'achat de l'Alaska en 1867 qui a contraint les populations de cette région à passer à l'anglais. Et les missions protestantes ont été un grand instrument de cette politique d'anglicisation. Vous pouvez vous référer au livre Orthodox Alaska, du protopresbyte Michael Oleksa, publié par le séminaire orthodoxe Saint Vladimir à Crestwood (NY), qui montre bien le contraste entre la tolérance dont le si vilipendé empire des tsars fit preuve à l'égard des populations indigènes de l'Alaska, et l'intolérance totale de la République démocratique de Washington.
Sylvie
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Message par Sylvie »

Cher Lecteur Claude,
Vous êtes sûre qu'en Amérique du Nord les "indigènes" ont vraiment à apprendre l'anglais?
Pour ma part, je ne connais pas suffisament l'anglais pour suivre une conversation. J'arrive à le lire avec un dictionnaire à la main.

Il n'y a peu de paroisses francophones. Jugez par vous-même au lien suivant ; lieux de culte orthodoxe au Québec.

Nous pouvons avoir l'histoire en ligne de l'orthodoxie en Amérique, au lien suivant http://www.oca.org/MVorthchristiansname ... .asp?SID=1 (en anglais)

Sur cette page, vous trouverez un lien sur une réflexion de l'orthodoxie en Amérique par Leonid Kishkovsky http://www.oca.org/MVorthchristiansname ... &Chap=POST

Sylvie-Madeleine
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Sylvie,

Quand je parlais de métropole européenne, je ne cherchais pas à explorer les opportunités ou les tendance du possible. Je ne pensais qu’à ce que le Seigneur nous a commandé en fondant l’Église, qui est son corps. Il en a ainsi disposé qu’en chaque lieu où les chrétiens peuvent se réunir pour celébrer les prémioces du Royaume, un homme siège au miliei de chaque assemblée, à la place et à l’image du Christ et que la cohésion entre ces meltiples assemblées locales est assurée par des synodes provinciaux. C’est là toute la structure de l’Église.

Nous pouvons penser qu’on en est loin, et nous avons raison de le constater. Personne ne sait comment on pourra rétablir l’ordre canonique dans l’Église. Mais l’Esprit souffle où il veut, et il sait parfaitement souffler en tempête. Des empires se sont écroulés, qui semblaient immuables. Les “juridictions” passeront elles aussi.

En fait, cette métropole, un certain nombre de gens y pensent dès maintenant. Non seulement des hiérarques orthodoxes y pensent — et avec embarras, car cela leur rappelle leurs fautes et leur fragilité, — mais les pouvoirs civils aussi y pensent, car ils sont effrayés du vide que laisse l’effondrement des Église traditionnelles de l’Occident (je devrais dire des “Églises” entre guillemets. Et aussi beaucoup de gens y pensent justement parmi les pseudo-dirigeants de ces “Églises” d’Occident, et eux ilx y pensent avec appréhension.

Bien sûr ce problème de la synodalité épiscopale provinciale n’est pas une particularité des “vieux pays” d’Europe, comme vous dites Outre-Atlantique. Chez vous aussi on voudrait, et à juste titre, de véritables structures locales, mais la différence est que chez vous les sociétés civiles, les pouvoirs publics, les mentalités et les structures mentales se sont formées d’emblée dans “l’après-dénomination”. Le Québec de Duplessis faisait figure d’exception paléolithique, un peu comme l'Amérique latine.

Et il y a encore d’autres mondes, encore plus différents, mais où l’Église orthodoxe vit déjà. Mais je ne parlais que de l’Europe, et en fait de l’Europe occidentale où nous assistons à l’effondrement des pseudo-Églises de pappy.

Donc j’y reviens : rien ne sera fait tant que nous n’aurons pas ici au minimum une métropole provinciale locale avec un synode d’évêques présidé par un métropolitain et que cette métropole soit canoniquement reconnue comme telle par l’ensemble des Églises orthodoxes avec en premier le synode de Constantinople.

Ce jour arrivera, je ne sais pas comment, et il est peu utile pour le moment de se creuser les méninges. Encore moins utile de supputer les possibilités, d’évaluer les tendances, de dénombrer les appuis, de déplorer les lâchetés etc.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
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