Humilité ? Charité ?

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Catherine
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Humilité ? Charité ?

Message par Catherine »

Je réponds ici en public à un mail privé que j’ai reçu tout récemment.

Cher ami,
Merci de votre message.
Pardonnez-moi, mais ceux qui, par un sentiment de fausse humilité et de fausse charité pour le vieil Adam, préfèrent rester hors l’Église, me font pitié.
J’ai en effet du mal à croire à leur humilité et à leur amour envers leurs semblables : j’aurais plutôt tendance à croire qu’ils pensent pouvoir être sauvés par leurs propres moyens, selon leur volonté propre, ce qui est un signe indubitable d’orgueil et restent avec ceux de dehors par indifférence au salut de leurs semblables.
Car c’est grâce à l’Église que ceux de dehors seront sauvés aussi, alors, les aimer est aussi pouvoir se séparer d’eux et prier plus efficacement pour eux dans l’Église.
Ils craignent peut-être aussi de perdre leur belle position dans le monde, la chaleur humaine de la multitude d’amis qu’ils ont et qui ne sont pas, hélas, orthodoxes.
Je peux le comprendre. Mais si l’on aime la Vérité, on quitte tout son plaisir du monde pour le Christ.
Le moine, l'ermite quitte le monde par amour pour Dieu et le prochain.
Je crois que si on est VRAIMENT humble, on accourt à l’Église justement parce qu’on est conscient d’être pécheur et que hors l’Église, il n’y a pas de salut.
PERSONNE n’est chez les “matthéistes” parce qu’il se croirait faire partie d’une élite pure, et ceux qui avaient au départ une telle tentation, ont été drôlement déçus : les uns se sont humiliés, les autres, qui tenaient à leur prestige, nous ont quittés.
Jésus Christ est venu sauver les pécheurs, c’est pour eux qu’Il a fondé son Église, pas pour une élite.
C’est une vision très kto que vous semblez avoir de l’Église sous l’angle du PRESTIGE. L’Église est un atelier de salut où vont faire leur apprentissage les capables et les “incapables”, comme vous vous désignez, et non ceux qui se croient capables de se sauver seul, sans maîtres, dans de fausses Églises.
Si vous nous connaissiez… ! Non, nous ne sommes vraiment pas une élite.
Nous ressemblons exactement à ce que saint Paul décrit : “…parmi vous… il n'y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles…”
Nous sommes vraiment la lie du monde, nous les “matthéistes” : alors que c’est la crème, des gens réputés sur la scène du monde : les grands et prestigieux “théologiens” et “intellos” bien connus, qui publient, publient, publient, oh, oh … et leurs admirateurs qui composent une grande partie de vos Églises.
Je pense que c’est justement votre condition d’élite honorée qui peut vous faire craindre d’être parmi les pauvres inconnus minoritaires qui sont les “matthéistes”.
Nous appeler un élite : vous plaisantez ! Ceux d’entre vous qui nous considèrent d’un point de vue purement humain, ont même un mépris total pour nous, justement parce que selon le monde, nous ne sommes pas estimables.
L’homme aime les honneurs, … et chez les “matthéistes”, nous sommes tous égaux et, selon l’injonction évangélique, nous nous efforçons de mépriser l’honneur et l’amour du monde.
Et je répète que cette fausse humilité toute sentimentale dont vous faites état est ce qui égare les gens.
Ce sont des gens qui, sous prétexte d'humilité, disent qu’ils ne sont pas dignes d’être sauvés !!! Quelle absurdité, quelle contradiction ! Parce qu’on est pécheur, on refuse le salut ?
L’Église, l’Épouse du Christ, est pure, indépendamment des péchés, souvent graves, de ses membres. C’est cela que vous ne voulez pas comprendre avec votre ecclésiologie cacodoxe : l’Église ne peut ne pas être pure, sinon, elle ne peut purifier ses membres, qui y arrivent tout sales au baptême. C’est pour cela que Jésus Christ est venu et est mort et a fondé l'Église qui est son Corps très pur rempli de l'Esprit saint. Pour les pécheurs, les souillés, pour ceux qui se reconnaissent souillés, pas pour une prestigieuse élite.
Un orthodoxe est un pécheur conscient.
Quand vous citez Silouane, dites-vous bien que cet ENFER dans lequel il nous dit de GARDER NOTRE ESPRIT, c’est la pensée de l’enfer que nous savons avoir mérité à cause de nos péchés, perspective qui serait inéluctable sans la Grâce de Jésus Christ (qui fait que L’ON NE DÉSESPÈRE PAS !) et non pas l’enfer des hérésies, qu’il faut fuir absolument, selon tous les pères de l’Église.
Ignoreriez-vous dans quel terrible danger vous vous mettez en interprétant ainsi de travers les paroles salutaires d'un saint homme !!!
L’Église est accessible à TOUS les pécheurs qui veulent être sauvés.
Si vous croyez que Jésus Christ est venu pour réunir des gens de diverses croyances, qui se réfèrent vaguement à Lui, par un lien d’affection chaleureuse tout humaine, dans un club de libre-penseurs où chacun prie dans son coin, pense ce qu’il veut de l’Église, sans guide, sans communion ni avec le Christ, ni avec ses semblables, libre à vous…
Mais alors, effectivement, on n’a pas à chercher l’Église, on peut être aussi bien chez les Témoins de Jéhovah.
Vous dites :
Si chaque baptisé faisait siens l’amour et la défense « perinde ac cadaver » de l’Épouse sans tache du Dieu-Homme, nous n’aurions peut-être pas eu tant de déviations, d’impostures connues et jamais combattues, de souillures dont on se frotte les mains du côté de Satan.
Mais l’Épouse n'a pas besoin d'être défendue, elle est sans tache dans sa nature divine, et sa nature humaine est purifiée constamment par l’eau de la parole (Eph 5,26). Les pasteurs qui la dispensent aux fidèles DOIVENT ÊTRE DES MODÈLES À IMITER. S’il y a des loup-pasteurs, comment pourraient-ils conduire le troupeau vers les verts pâturages du salut ?
Cette Épouse ne peut être remplie de scandales, d’apostasies, elle n’est pas adultère, elle est fidèle à l’Époux.
C’est dans une tension permanente vers la perfection, vers l’union avec le Christ, que vit le composé humain pécheur et faillible de l’Église pure et infaillible, même si chaque membre (laïc et clerc) n’est pas constamment en “ascension” depuis son baptême même s’ils zigzaguent, stagnent ou chutent souvent sur leur chemin, comme moi dans ma grande faiblesse. Mais dans cette montée, ceux qui n’aiment pas la Vérité et ceux qui n’ont pas la sainteté pour but, finissent par sortir des rangs, le plus souvent d’eux-mêmes, parfois par une décision synodale, qu’ils soient évêques, prêtres ou laïcs.
Cela a toujours été ainsi dans la véritable Église, de schisme en schisme, afin que la corruption ne gagne pas le Corps entier.
Et parfois, de telles “sorties” diminuent beaucoup le nombre des membres de l’Église, comme aujourd’hui, mais c’est ainsi que la pureté est préservée. D’aucuns nous reprochent, à nous “matthéistes”, notre petit nombre, mais qui a dit que l’Église devait être majoritaire ? Et surtout dans le monde corrompu où nous vivons ? Vaudrait-il mieux être majoritaire, mais gagné par la corruption ?
Pour ma part, je crois fermement, et j’ai pu le constater chez les “matthéistes”, que l’Église, la vraie, comme un Corps sain, rejette toujours le corps étranger qui se trouve en elle par erreur ou fraude, comme il est dit dans 1Jn 2,19 : “Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres; car s'ils avaient été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous, mais cela est arrivé afin qu'il soit manifeste que tous ne sont pas des nôtres.”
Mais les fausses Églises, corps malades, n’ont pas cette faculté, et c’est pourquoi les "hiérarques" sans scrupule, comme le fameux C. de triste réputation, dont vous m'avez parlé, peuvent y œuvrer impunément.
Pardonnez ma prolixité.
Bien à vous en Christ,
K.
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