"il y a 50 ans, le pogrom anti-grec d'Istanbul"

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theodore
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Inscription : dim. 16 janv. 2005 22:55

Etiologie du mal: une lecture mortifère du texte coranique.

Message par theodore »

Cette liste est suffisament éloquente et n'a nul besoin d'être commentée: la nausée.
Et ce n'est pas quelques verres d'arak ou de raki partagés parfois avec des musulmans, bien élevés, aimables et de bonne composition(tout être humain pris individuellement restant infiniment respectable) devant un bon plat de falafels et autres kebabs ou kebbés qui me rassurera.

Il y a bien un problème fondamental à l'Islam lui -même, à son enseignement , et son fondement c'est, qu'on le veuille ou nom, le Coran, la lecture idéologique qui en est faite et les conduites diverses et variées et souvent mortifères qu'il engendre pour tout ce qui lui est extérieur:le chrétien, le juif, l'Autre, celui d'un univers qui en dehors du "Dar Ul Islam" s'appelle le "Dar Ul Harb", la Maison de la Guerre(et ce n'est pas son atténuation sémantique en gloses plus ou moins hypocrites du genre "Dar Al Sulh" ou "Dar Al Adawwa" (Maison de la Prédication) qui peut encore une fois rassurer sur sa nature .
Pour le moment, il n'y a pas beaucoup de solutions ,ou c'est l'affrontement(Balkan),ou le statu quo incertain et stressant(Ethiopie, Chypre...), des tensions(communautarismes musulmans en Occident) ou la soumission(la dhimittude pour nous).
Déclarer une prophétie comme scéllant tout ce qui la précède, se refuser à toute exégèse sérieuse et honnête du texte, c'est engendrer inexorablement les conduites les plus fermées à l'Autre et les plus désastreuses qui soient(pour toute l'humanité).
Nombreuses sont les terres chrétiennes , orthodoxes ou non, qui se trouvent au contact de sa forme la plus intolérante et la plus violente, et les terres orthodoxes sont en première ligne, que ce soit l'immense Russie* souffrant d'une anémie démographique très inquiétante aujourd'hui , la petite Arménie ou encore la malheureuse Ethiopie menacée d'engloutissement et d'absorption progressive tant par ses propres ethnies musulmanes que par son environnement.
Il n'est pas un lieu dans le monde où le "dialogue" entre l'Islam et la Chrétienté(et d'autres civilisations d'ailleurs puisqu'indiens et chinois ou thaïlandais par exemple l'éprouvent également) ne s'achève sans heurts particulièrements violents.

*La tâche de la Russie , première nation orthodoxe au monde et troisième nation chrétienne (mais première en Europe) derrière les Etats-Unis et le Brésil est immense.
Il n'est plus temps de "s'inquiéter" de la renaissance de la Russie(orthodoxe et non pas "impériale") mais de, l'appeler de nos voeux et dans nos prières, et de s'en féliciter.
La Croix est la volonté prête à toutes les douleurs.
Saint Isaac de Nisibe dit le Syrien
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Chers amis, mon absence du forum ces temps-ci est simplement causée par le fait que je suis en cours de répétition. Et encore, rendons grâce à l'armée suisse d'accorder le congé du ouiquende à tous ses soldats, ce qui me permettra, je l'espère, d'envoyer quelques messages aujourd'hui. Ne voyez pas de "l'inondation" (flooding) si j'envoie plusieurs messages aujourd'hui; ce dimanche est le seul jour dont je dispose pour apporter mon grain de sel aux messages très intéressants qui ont été échangés au cours de la semaine dernière. Voici donc ma première réaction à une des contributions les plus importantes de ces derniers jours.
Makcim a écrit :1843 : décapitation d'un jeune Arménien à Constantinople pour apostasie
1843 : lettre du grand Vizir ottoman à lord Ashley confirmant l'impossibilité de grâce dans les cas d'apostasie
Et il se trouve que ce crime-là de l'Islam, plus difficile à dissimuler que l'extermination d'un village grec du Pont, a eu un témoin francophone de première importance, puisqu'il s'agissait de Gérard de Nerval.

"En dix minutes, on a atteint l'échelle opposée, qui correspond à Balik-Bazar, le marché aux poissons; c'est là que nous fûmes témoins d'une scène extraordinaire. - Dans un carrefour du marché, beaucoup d'hommes étaient réunis en cercle. Nous crûmes au premier abord qu'il s'agissait d'une lutte de jongleurs ou d'une danse d'ours. En fendant la foule, nous vîmes à terre un corps décapité, vêtu d'une veste et d'un pantalon bleus, et dont la tête, coiffée d'une casquette, était placée entre ses jambes, légèrement écartées. Un Turc se retourna vers nous et nous dit, en nous reconnaissant pour des Francs: "Il paraît que l'on coupe aussi les têtes qui portent des chapeaux." Pour un Turc, une casquette et un chapeau sont l'objet d'un préjugé pareil, attendu qu'il est défendu aux musulmans de porter une coiffure à visière, puisqu'ils doivent en priant se frapper le front à terre, tout en conservant leur coiffure. - Nous nous éloignâmes avec dégoût de cette scène, et nous gagnâmes les bazars. Un Arménien nous offrit de prendre des sorbets dans sa boutique, et nous raconta l'histoire de cette étrange exécution.
Le corps décapité que nous avions rencontré se trouvait depuis trois jours exposé dans Balik-Bazar, ce qui réjouissait fort peu les marchands de poissons. C'était celui d'un Arménien, nommé Owaghim, qui avait été surpris, trois ans auparavant, avec une femme turque. En pareil cas, il faut choisir entre la mort et l'apostasie. Un Turc ne serait passible que de coups de bâton. - Owaghim s'était fait musulman. Plus tard il se repentit d'avoir cédé à la crainte; il se retira dans les îles grecques où il abjura sa nouvelle religion.
Trois ans plus tard, il crut son affaire oubliée et revint à Constantinople avec un costume de Franc. Des fanatiques le dénoncèrent, et l'autorité turque, quoique fort tolérante alors, dut faire exécuter la loi. Les consuls européens réclamèrent en sa faveur; mais que faire contre un texte précis? En Orient, la loi est à la fois civile et religieuse; le Coran et le code ne font qu'un. La justice turque est obligée de compter avec le fanatisme encore violent des classes inférieures. On offrit d'abord à Owaghim de le mettre en liberté moyennant une nouvelle abjuration. Il refusa. On fit plus; on lui donna les moyens de s'échapper. Chose étrange, il refusa encore, disant qu'il ne pouvait vivre qu'à Constantinople; qu'il mourrait de chagrin en la quittant encore, ou de honte en y demeurant au prix d'une nouvelle apostasie. Alors l'exécution eut lieu. Beaucoup de gens de sa religion le considérèrent comme un saint et brûlèrent des bougies en son honneur.
Cette histoire nous avait vivement impressionnés. La fatalité y a introduit des circonstances telles que rien ne pouvait faire qu'elle eût un autre dénouement. Le soir même du troisième jour de l'exposition du corps à Balik-Bazar, trois juifs, selon l'usage, le chargeaient sur leurs épaules et le jetaient dans le Bosphore parmi les chiens et les chevaux noyés que la mer rejette çà et là contre les côtes."

Gérard de Nerval, Voyage en Orient, in Oeuvres complètes, La Pléïade, Gallimard, Paris 1984, tome II, pp. 606 s. (édition originale Paris 1851)
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

lecteur Claude a écrit :
Makcim a écrit :1843 : décapitation d'un jeune Arménien à Constantinople pour apostasie
1843 : lettre du grand Vizir ottoman à lord Ashley confirmant l'impossibilité de grâce dans les cas d'apostasie
Et il se trouve que ce crime-là de l'Islam, plus difficile à dissimuler que l'extermination d'un village grec du Pont, a eu un témoin francophone de première importance, puisqu'il s'agissait de Gérard de Nerval.

"En dix minutes, on a atteint l'échelle opposée, qui correspond à Balik-Bazar, le marché aux poissons; c'est là que nous fûmes témoins d'une scène extraordinaire. - Dans un carrefour du marché, beaucoup d'hommes étaient réunis en cercle. Nous crûmes au premier abord qu'il s'agissait d'une lutte de jongleurs ou d'une danse d'ours. En fendant la foule, nous vîmes à terre un corps décapité, vêtu d'une veste et d'un pantalon bleus, et dont la tête, coiffée d'une casquette, était placée entre ses jambes, légèrement écartées. Un Turc se retourna vers nous et nous dit, en nous reconnaissant pour des Francs: "Il paraît que l'on coupe aussi les têtes qui portent des chapeaux." Pour un Turc, une casquette et un chapeau sont l'objet d'un préjugé pareil, attendu qu'il est défendu aux musulmans de porter une coiffure à visière, puisqu'ils doivent en priant se frapper le front à terre, tout en conservant leur coiffure. - Nous nous éloignâmes avec dégoût de cette scène, et nous gagnâmes les bazars. Un Arménien nous offrit de prendre des sorbets dans sa boutique, et nous raconta l'histoire de cette étrange exécution.
Le corps décapité que nous avions rencontré se trouvait depuis trois jours exposé dans Balik-Bazar, ce qui réjouissait fort peu les marchands de poissons. C'était celui d'un Arménien, nommé Owaghim, qui avait été surpris, trois ans auparavant, avec une femme turque. En pareil cas, il faut choisir entre la mort et l'apostasie. Un Turc ne serait passible que de coups de bâton. - Owaghim s'était fait musulman. Plus tard il se repentit d'avoir cédé à la crainte; il se retira dans les îles grecques où il abjura sa nouvelle religion.
Trois ans plus tard, il crut son affaire oubliée et revint à Constantinople avec un costume de Franc. Des fanatiques le dénoncèrent, et l'autorité turque, quoique fort tolérante alors, dut faire exécuter la loi. Les consuls européens réclamèrent en sa faveur; mais que faire contre un texte précis? En Orient, la loi est à la fois civile et religieuse; le Coran et le code ne font qu'un. La justice turque est obligée de compter avec le fanatisme encore violent des classes inférieures. On offrit d'abord à Owaghim de le mettre en liberté moyennant une nouvelle abjuration. Il refusa. On fit plus; on lui donna les moyens de s'échapper. Chose étrange, il refusa encore, disant qu'il ne pouvait vivre qu'à Constantinople; qu'il mourrait de chagrin en la quittant encore, ou de honte en y demeurant au prix d'une nouvelle apostasie. Alors l'exécution eut lieu. Beaucoup de gens de sa religion le considérèrent comme un saint et brûlèrent des bougies en son honneur.
Cette histoire nous avait vivement impressionnés. La fatalité y a introduit des circonstances telles que rien ne pouvait faire qu'elle eût un autre dénouement. Le soir même du troisième jour de l'exposition du corps à Balik-Bazar, trois juifs, selon l'usage, le chargeaient sur leurs épaules et le jetaient dans le Bosphore parmi les chiens et les chevaux noyés que la mer rejette çà et là contre les côtes."

Gérard de Nerval, Voyage en Orient, in Oeuvres complètes, La Pléïade, Gallimard, Paris 1984, tome II, pp. 606 s. (édition originale Paris 1851)

Les savants commentateurs du Voyage en Orient de Nerval, dans l'édition de la Pléïade, Messieurs Jean Guillaume et Claude Pichois, nous apprennent ce qui suit (pp. 1558 ss.).

"Cette "histoire" est contemporaine du séjour de Nerval à Constantinople. Celui-ci la mentionne dans sa lettre du 19 août 1843 à son père (tome I), en faisant de la victime un Grec. Le Journal de Constantinople la relate, sur le ton neutre qui lui est imposé, dans le numéro 46 du 26 août 1843, en indiquant que l'exécution a eu lieu le 22. En fait, par conséquence différée, mais positive, cette affaire fut plus qu'un épisode, car elle avait fâcheusement impressionné les puissances occidentales. Dans une dépêche datée de Thérapia, le 27 août 1843, le baron de Bourqueney, ministre de France, écrivait à Guizot, ministre des Affaires étrangères:

"Nous avons eu, ces jours-ci, un exemple de fanatisme dont le souvenir commençait heureusement à se perdre. Un Arménien d'assez basse condition qui s'était fait turc l'anée dernière, et qui avait quitté le pays à la suite de son abjuration, est revenu chrétien à Constantinople, il y a peu de mois. Il croyait son islamisme oublié. / Arrêté par les cavas de la Porte, conduit et reconnu au Seraskeerat, il a été condamné à subir le dernier supplice ou à embrasser de nouveau la religion mahométane. La famille s'est adressée à Sir Stratford Canning pour détourner ce malheureux des rigueurs de la loi. L'ambassadeur d'Angleterre a noblement accepté cette tâche d'humanité et il n'y a pas d'efforts qu'il n'ait tentés auprès des ministres ottomans pour arrêter le cours sanglant de leur Justice religieuse. / Toutes ces démarches ont échoué contre l'inflexibilité opiniâtre des ulémas, et l'Arménien a été exécuté dans les rues de Constantinople, après avoir refusé jusqu'au dernier moment le mot qui sauvait sa vie. (...)"

(suit la reproduction d'une lettre de protestation de l'ambassadeur britannique Canning, et la réponse du gouvernement ottoman soulignant que "le Koran justifait les rigueurs de la Porte ottomane")

En raison des atermoiements de l'Autriche et de la Russie, les ambassadeurs des cinq grandes puissances ne purenet remettre à la Porte une note commune. Bourqueney remit le 28 octobre 1843 une note dont Guizot avait envoyé le texte le 16 septembre. La France y déplorait "un fait aussi monstrueux". Détachons de la note ce paragraphe: "Lors même que l'humanité dont le nom n'a jamais été invoqué vainement en France n'aurait pas été aussi cruellement blessée par le supplice de cet Arménien, lors même que le gouvernement du roi qui s'est toujours considéré et se considérera toujours comme le protecteur des chrétiens en Orient pourrait oublier que c'est le christianisme qui a reçu ce sanglant outrage, l'intérêt qu'il prend à l'Empire ottoman et à son indépendance lui ferait encore voir avec une profonde douleur ce qui vient de se passer."

L'affaire ne trouve son épilogue que le 19 mars 1844, jour où la Porte ottomane fait remettre aux ambassadeurs d'Angleterre, de France et de Prusse une note identique par laquelle elle déclare formellement qu'à l'avenir aucun chrétien qui, après avoir embrassé l'islamisme, abjurerait, ne serait condamné à la peine de mort et exécuté comme rénégat." (Le Moniteur universel des 11, 13, 16, 19, 22, 23 mars et 12 avril 1844, retrace les péripéties des négociations dont le succès revient à Canning et à Bourqueney.) De là date l'établissement de la liberté de conscience en Turquie."

MM. Pichois et Guillaume nous apprennent aussi que le nom de ce martyr était Ovaghian - et non Owaghim.

Mais ils sont bien optimistes quand ils affirment que la liberté de conscience aurait été établie en Turquie en 1844....
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Au vu de l'actualité récente que j'ai évoquée hier soir dans le fil "Répression de l'apostat en terre d'Islam", je pense qu'il est opportun de faire remonter ce fil. J'invite en particulier les lecteurs à comparer la dépêche envoyée le 27 août 1843 par le baron de Bourqueney, ambassadeur de France auprès de la sublime Porte, au ministre des Affaires étrangères François Guizot, avec la dépêche AFP/ATS reproduite dans Le Temps du 20 mars 2006. Chacun pourra ainsi constater qu'il y a des choses qui ne changent pas.

Ce qui change en revanche, et cela aussi, chacun pourra le constater en lisant ce message sur la réaction du Royaume-Uni, de la France et de la Prusse à l'exécution de l'Arménien Ovaghian, c'est que les chefs d'Etat européens de ce temps-là ne se gargarisaient pas autant de droitdelhommisme que l'ambassadeur de Corrèze à Paris ou ne se disaient pas inspirés par "God" comme l'actuel locataire de la Maison Blanche, mais qu'ils avaient visiblement un plus grand souci de la liberté de conscience et de croyance. A moins que eux aient lu Castellion.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Le pogrom anti-grec et anti-chrétien d'Istamboul a fait l'objet d'une documentation dont peu d'autres crimes de l'Islam ont autant bénéficié, puisque je suis en train de lire l'énorme monographie que Sypros Vrionis a consacré à ce sujet:

Speros Vryonis, Jr.

The Mechanism of Catastrophe. The Turkish Pogrom of September 6-7, 1955, and The Destruction of The Greek Community of Istanbul

Greekworks.com

New York, 2005


xxv pages + 664 pages + 90 pages de photographies

Le professeur Vrionis montre que le pogrom a non seulement été violent, mais qu'il a été beaucoup plus meurtrier qu'on le dit d'habitude: 37 morts, dont le prêtre Chrysanthe Mantas, brûlé vif après avoir été aspergé d'essence, l'évêque Gérasime de Pamphilos, mort de ses blessures, le métropolite Gennade d'Hélioupolis, mort de ses blessures, deux prêtres non identifiés, 4 femmes tuées après avoir été violées, un sacristain tué sur l'autel d'une église, etc. (pp. 581-582). On est loin de la mort d'un seul vieux moine qui est d'habitude rapportée dans les ouvrages anglo-saxons...

La violence déclenchée par le gouvernement d'Adnan Menderes fut si dévastatrice que certains communistes turcs - ensuite persécutés par le gouvernement Menderes qui voulut en faire des boucs émissaires en leur attribuant la responsabilité du pogrom - parlaient de la "destruction d'Istamboul" (p. 221).

Vrionis rapporte aussi des cas de prêtres grecs et arméniens circoncis de force en pleine rue parce qu'ils refusaient de se convertir à l'Islam (cf- p- 226 pour le récit détaillé de la circoncision forcée d'un archidiacre orthodoxe); il raconte comment la pratique du viol systématique des femmes grecques (environ 200 viols cette nuit-là; p. 222) précipita le déclin de la communauté grecque d'Istamboul - les familles s'empressant de faire quitter le pays à leurs filles pour éviter qu'elles ne subissent ce sort-là si jamais les événements venaient à se reproduire (il y eut aussi des viols de garçons, ce qui n'étonnera pas ceux qui se souviennent quelles atrocités furent commises en Algérie de mars à septembre 1962 pour provoquer le départ des communautés chrétienne et juive d'Algérie).

Les pages 417-434 contiennent des données factuelles relatives à la profanation des églises orthodoxes de la ville.

L'historien étasunien évoque aussi les réactions internationales, et notamment la manière dont la diplomatie étasunienne et la diplomatie britannique ont utilisé tous les moyens dont elles disposaient pour minimiser ou nier le pogrom, voire procéder à une réverbération en transformant les victimes en responsables de ce qui leur était arrivé. En revanche, l'archevêque anglican de Cantorbéry eut le courage de dénoncer ce qui s'était passé, à la grande fureur des dirigeants britanniques qui se mirent à surveiller le comportement des anglicans (p. 438). Pour Vrionis, "the Church of England was to maintain this stance of solidarity with the patriarchate and its flock, in sharp contrast to the stance of the Foreign Office" (ma traduction: "l'Eglise d'Angleterre allait maintenir cette ligne de solidarité avec le patriarcat et son troupeau, dans un contraste aigu avec la ligne du ministère des Affaires étrangères" - p. 439). Le patriarcat oecuménique de Constantinople reçut aussi des marques de soutien des Eglises orthodoxes de Russie, Roumanie, Bulgarie et Grèce (p. 437) et du World Council of Churches (p. 449).

Sans doute parce que je suis un mauvais esprit, je note aussi cum grano salis que la réaction de solidarité des anglicans, des protestants et des orthodoxes contraste avec le "blanc béatifiant silence" (Peter Handke, in Que vive le peuple serbe!, L'Âge d'Homme, Lausanne 1999) de la Papauté - mais ça, c'est une habitude. Le contraste entre la compréhension manifestée par les anglicans et l'indifférence de la Papauté - que je n'ai pas trouvé mentionnée dans le livre de Vrionis - ne surprendra pas les lecteurs du livre que les éditions Xenia avaient publié naguère sous le titre La Turquie chrétienne http://editions-xenia.com/livres/turquie/ .

Il y a dans le livre de Vrionis quelque chose de plus intéressant encore. C'est qu'il cite parmi les sources majeures sur ces événements tout le travail qui a été fait par la justice turque après le putsch militaire du 27 mai 1960 et la chute du régime Menderes (page xxiv). Le professeur Vrionis souligne d'abord que, contrairement à ce qui a été raconté à l'époque dans un Occident victimophile et qui choisit bien mal les victimes à adorer, Menderes et ses ministres eurent droit à un procès; que la justice turque a procédé à une véritable enquête; que Menderes et ses ministres eurent droit à une vraie défense avec de vrais avocats, même si le procès était politique et si le temps manquait à la défense pour lire toutes les pièces (page 525). Les documents réunis lors de l'enquête diligentée à la demande du gouvernement militaire en 1960, ainsi que les autres sources réunies par Vrionis, montrent à l'évidence que le pogrom des 6 et 7 septembre 1955 n'a rien eu de spontané, qu'il était l'oeuvre du parti démocratique (DP) de Menderes et qu'il fut organisé au sommet de l'Etat, par les ministres et les préfets eux-mêmes. Ceci montre à l'évidence que la condamnation à mort et la pendaison de Menderes le 17 septembre 1961 fut un acte de justice. Vrionis montre que la politique de purification ethnique suivie par Menderes fut reprise par les gouvernements suivants. Mais il est clair, dans la conjoncture de 1960-1961, que c'était bien le "démocrate" Menderes, vainqueur de trois élections législatives consécutives en 1950, 1954 et 1957, qui représentait l'intolérance religieuse et ethnique, et que c'était bien les militaires putschistes qui représentaient les valeurs libérales. Voilà une situation qui cadre mal avec les schémas de pensée habituels...
Jean-Mi
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Message par Jean-Mi »

lecteur Claude a écrit :Le pogrom anti-grec et anti-chrétien d'Istamboul a fait l'objet d'une documentation dont peu d'autres crimes de l'Islam ont autant bénéficié, ...
et on peut craindre que nos eurocrates ne veillent à ce que cette documentation soit requalifiée "appel à la haine" d'ici pas tellement longtemps, au vu des "évolutions" législatives en Europe occcidentale et leur source "d'inspiration" au Canada.
Et si nos "élites" ne comprennent pas assez vite, la Turquie se charge de les rappeler à l'ordre. D'ailleurs, ça a déjà commencé :

Ankara demande instamment à la Grèce d’annuler le Jour du Souvenir du Génocide Pontique Grec
http://diaspora-grecque.com/modules/alt ... oryid=1209


Η Τουρκία ζητά από την Ελλάδα να ακυρώσει την ημέρα μνήμης της Γενοκτονίας του Ποντιακού Ελληνισμού

ΤΟΥΡΚΙΚΟ ΥΠΕΞ: ΔΕΝ ΥΠΗΡΞΕ ΓΕΝΟΚΤΟΝΙΑ ΤΩΝ ΠΟΝΤΙΩΝ!!!!
Άρθρο του Λουκά Βελιδάκη

";Δήθεν Γενοκτονία των Ποντίων"; λέει το τουρκικό ΥΠΕΞ
«Οι εορτασμοί για την "Ημέρα της δήθεν Γενοκτονίας των Ποντίων" δεν συνάδουν με το πνεύμα του διαλόγου και συνεργασίας μεταξύ των δύο χωρών» τονίζει σε ανακοίνωση του το τουρκικό υπουργείο Εξωτερικών, αναφερόμενο σε εκδηλώσεις μνήμης που έγιναν στην Ελλάδα.
«Καταδικάζουμε τις εν λόγω δραστηριότητες, που έχουν στόχο τη χώρα μας και τον ιδρυτή της Δημοκρατίας μας, Ατατούρκ» προστίθεται στην η ανακοίνωση, η οποία καλεί «όσους προβάλλουν τους ισχυρισμούς αυτούς, να αντιμετωπίσουν τις ιστορικές αλήθειες».
Ιδιαίτερη αναφορά γίνεται στο γεγονός ότι στους εορτασμούς συμμετείχαν «μέλη του Κοινοβουλίου, αρμόδιοι των πολιτικών κομμάτων, τοπικοί διοικητικοί παράγοντες, αλλά και εκπρόσωποι της ελληνικής κυβέρνησης».
«Για μια ακόμη φορά, θα θέλαμε να εκφράσουμε την ανησυχία μας, για τις συμπεριφορές αυτές που τραυματίζουν τη φιλία και την αμοιβαία εμπιστοσύνη που τείνει να δημιουργηθεί μεταξύ του τουρκικού και του ελληνικού λαού και διαβρώνουν τη διμερή συνεργασία» καταλήγει το τουρκικό υπουργείο Εξωτερικών.
Σημειώνεται ότι η κίνηση του τουρκικού υπουργείο Εξωτερικών γίνεται την ώρα που στην Άγκυρα βρίσκεται για επίσημη επίσκεψη ο αρχηγός του ΓΕΕΘΑ, Δημήτρης Γράψας, ο οποίος συναντήθηκε με τον τούρκο ομόλογο του, Γιασάρ Μπουγιούκανιτ.


Ankara demande instamment à la Grèce d’annuler le Jour du Souvenir du Génocide Pontique Grec
Alors que les chefs d’Etat Major Grec et Turc échangeaient des civilités contestables sur les questions historiques, Ankara exhortait officiellement la Grèce d’annuler le jour du Souvenir Pontique Grec.

Le Ministère turc des affaires étrangères a "accusé" la Grèce de la tenue d'événements dédiés à la mémoire des victimes du génocide.
"Ce fait entrave le dialogue et la coopération entre les deux pays," a déclaré le Ministre des Affaires étrangères.

Ankara accuse le gouvernement Grec de "s’appuyer sur des allégations sans fondement" et de "distorsion de la réalité historique."

Sur son site officiel, le Ministère turc des Affaires étrangères poste des “informations” sur le massacre perpétré par les Arméniens et les Pontiques.
La Grèce est accusée de discrimination sur Ataturk et de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan.

Les méthodes similaires employées par la Turquie pour discréditer le Génocide Arménien sont maintenant affichées ouvertement par Ankara concernant les Grecs Pontiques.
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Ben voyons !
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
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