Prier un saint d'une autre confession religieuse

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Antoine
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Message par Antoine »

Antoine a écrit :nous n'avons aucun saint en commun avec les catholiques romains. Les Saints du 1er millénaire sont orthodoxes. C'est l'Eglise catholique romaine qui s'est séparée de leur communion en se séparant de l'Eglise et en professant des hérésies qui sont étrangères à la foi de ces mêmes saints.
Il est préférable de retenir cette formulation plus inclusive de Jean-Louis Palierne, Postée le: Lun 15 Aoû 2005 9:10 à la rubrique "prêtre exorciste", et qui exprime mieux la réalité quotidienne vécue de la fracture.
Il n'y a pas de saints "communs" à l'Église catholique et à l'Église orthodoxe. Il y a des saints orthodoxes qui continuent à être vénérés par les catholiques
(Lire l'intégralité de son message)
nathalie chater
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Message par nathalie chater »

Ce texte de Briantchaninov est magistral, merci de l'avoir cité ainsi. Il est certain qu'il faut se méfier d'accorder trop de crédit, ou plutôt le crédit qu'on peut leur prêter, à nos rêves.
J'apprécie aussi ce bémol qui indique que tous les rêves ne sont pas à mettre au même plan.
Mais, même s'il est juste de considérer la foi orthodoxe comme la vraie foi, attention à ne pas faire de cette dénomination une sorte de label de qualité! Certains ont bien cru être orthodoxes qui se sont récemment forvoyés...
La foi que nous confessons est d'abord une adhésion dans la Liberté à l'Amour de Dieu, elle suppose un engagement à aimer Dieu et son prochain. Il me semble, lorque je considère les Saints que l'Eglise a reconnus il y a plus d'un an, Sainte Marie, Saint Dimitri, Saint Youri, et Saint Alexis, que c'est à la richesse de leur amour, et à la simplicité de leur âme qu'ils doivent essentiellement cette reconnaissance. Ils sont de véritables lampes pour notre époque, car ils ne peuvent pas être vus comme des êtres éthérés, un peu éloignés des préoccupations de chacun et chacune vivant dans le monde. Ce sont les "vrais" déshérités qu'ils ont aidés, sans chercher à les convertir, mais en les aimant. Car l'amour peut tout. "A Dieu rien n'est impossible"
Dire qu'il y a des "Saints orthodoxes" me semble réducteur et -du moins dans les termes- réducteur. Car cela sonne comme une superbe que le Christ n'aurait pas voulue. Les saints sont des chrétiens, des hommes et des femmes qui ont suivi le Christ. Et je me demande si en rejetant systématiquement de la dévotion "ceux d'après le schisme" on ne cherche pas à s'empêcher de reconnaître que l'Esprit souffle où Il veut.
Ce n'est pas que je vénère en particulier un saint "catholique", mais je ne jetterai pas la première pierre! Et je connais des personnes qui ont "une certaine tendresse" pour Sainte Thérèse de Lisieu...
paraclésis
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Précisions

Message par paraclésis »

Nous pouvons et devons prier pour le monde entier, la Liturgie est pour le monde entier, pour l'entière création.
Mais, et c'est là qu'il faut distinguer, l'usage très strict ne permets pas de donner à la proscomédie des Noms de personnes hors de l'Eglise, du moins c'est ainsi que je fus enseignée. Les slaves ont-ils d'autres usages ?
Pas à la préparation, mais autant que nos pauvres forces le permettent en tout temps et à toute heure.
La limite, c'est pour les endormis. Là, beaucoup de prêtres sont un peu moins stricts et acceptent en connaissance de cause de recevoir dans les diptiques des Noms de personnes décédées, bien que l'usage strict ne l'accepte pas.
en-arké-o-logos
GIORGOS
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Message par GIORGOS »

Chère Paraclesis,
La pratique de l’Eglise est la de ne pas nommer dans la Liturgie ceux qui ne sont pas part d’Elle, et c’est pourquoi dans nos pays on prie pour les autorités sans les nommer, pour que Dieu les confirme s’ils sont des chrétiens orthodoxes, ou pour qu’Il les convertisse s’ils ne le sont pas.
Mais a la Proscomidie ou préparation on ne peut pas les nommer à la intention de l’Eglise qui, toutefois prie pour tout et tous, pour sa santé et pour sa salut, parce que l’Eglise n’abandonne pas ceux qui sont étrangers à elle. Dans la Proscomidie on prie nommément par ceux qui sont DANS L’EGLISE, et on commémore la Mère de Dieu, les saints, les anges, les vivants et les morts, tous ceux qui appartiennent à
« l’Eglise céleste et l’Eglise terrestre.
‘ A tous ceux qui l’ont reçu, Il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en Son Nom’ (Jean 1,12).
C’est pourquoi les dyptiques lues au moment de la commémoration des vivants et des morts ne peuvent comporter que les prénoms d’orthodoxes, c’est à dire de personnes appartenant a l’Eglise, or, l’Eglise est Une et cette Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique est l’Eglise Orthodoxe.
Il ne faut pas croire que l’Eglise méprise ou dédaigne les non-orthodoxes. Il est recommandé aux fidèles de faire mémoire dans leurs prières privées des chrétiens non orthodoxes, mais ces derniers me peuvent être admis à participer à un sacrement de l ‘Eglise »
(Commentaires sur la Divine Liturgie, par l’Archiprêtre Alexandre Troubnikoff, Meudon 1971, pp. 21-22).
Comment on voit, de par ce texte cité, nommer à une personne étrangère à l’Eglise, même a la Proscomidie c’est admettre a la participation à un Mystère (sacrement) de l’Eglise à qui n’appartient a Elle.
Si ceux qui sont catéchumènes ne peuvent participer parce qu’ils, au delà de sa volonté affirmative, n’ont encore reçu le Baptême, comment pouvons nous « faire participer » à ceux qui sont décédées ?
D’ailleurs c est ne tenir pas en compte sa volonté, comme le font les mormons qui « baptisent » aux morts !

Mais il me semble que Nathalie Chater veut faire sa début en nous parlant de la question des limites de l ‘Eglise…
Giorgos
SEÑOR JESUCRISTO, HIJO DE DIOS, TEN PIEDAD DE MÍ PECADOR.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

L’Orthodoxie est la vraie foi, mais ce n’est certainement pas un label de qualité. Nous savons trop bien ce que nous sommes, et notre médiocrité fait que personne ne saurait accorder le moindre crédit à nos paroles.

Cependant il faut bien que nous le disions, en regrettant d’être aussi au-dessous de ce que nous voudrios défendre : l’Église orthodoxe existe, c’est la seule, la vraie, et seul le trésor qu’elle possède peut guider les hommes sur la voie de la vérité. Seules les paroles de vérité que délivre l’Église orthodoxe sont capables d’aider l’homme à la recherche d’une authentique vie spirituelle.

Il est bien évident qu’il existe de par le monde des foules de gens qui cherchent la vérité et se précipiteraient s’ils savaient qu’elle est là, à leur disposition. Le plus grand reproche que l’on puisse faire à ceux qui se proclament “chrétiens” est que leur médiocrité — je veux dire notre médiocrité, — voile le rayonnement de la Vérité orthodoxe.

Mais elle existe, cette vérité, et elle se trouve là, et pas ailleurs. En particulier elle ne se trouve plus depuis longtemps dans ce que l’on appelle “les Églises d’Occident”. Non que la recherche spirituelle n’existe pas en Occident, ni parmi les membres de ces Églises, ni dans le public qui leur est extérieur. Les Églises d’Occident ont en effet créé un corps imposant d’idées fausses qui fait écran entre la recherche spirituelle des occidentaux et la Vérité que devrait leur transmettre la Tradition orthodoxe.

L’Esprit souffle où il veut, dans les âmes de tous les hommes, mais il ne souffle plus dans ces institutions qui prétendent être les Églises d’Occident. La sainteté n’est pas simplement un élan généreux jailli du fond du cœur de l’homme. Le premier prochain qu’il faut aimer, comme le Seigneur Lui-même nous l’a enseigné dans sa parabole du Bon Samaritain, c’est… Lui-même le Bon Samaritain, le Fils de l’homme, Lui qui récapitule toute l’humanité, parce qu’il est avant toutes choses le Fils unique et Verbe de Dieu venu parmi nous pour retrouver, perdue dans la boue, son image déchue et délivrer le genre humain de la tyrannie des démons.

L’aimer comme notre unique Sauveur est rendu difficile depuis que les Églises d’Occident ont empoisonné la source de toute vie spirituelle en créant un univers rationnel pollué par les idées de culpabilisation, de rédemption, de satisfaction due à la colère divine, d’appareil hiérarchique professionnel du papisme, et par la conception du “pouvoir sacramentel”, etc. C’est pourquoi je pense qu’il ne saurait y avoir de saints dans le cadre des Églises d’Occident.

Mais de plus l’Église, dans ses prières publiques, qu’elle fait en tant qu’Église (orthodoxe bien sûr) se doit de ne pas mentionner de saint autres ceux qui sont reconnus par elle. On peut considérer qu’un homme est un saint le jour où l’Église cesse de prier pour lui, en recommandant à Dieu la mémoire de son nom, pour prier ce Saint d’intercéder pour nous auprès de Dieu. L’Église orthodoxe préfère parler de la “glorification” de ce saint plutôt que de sa “canonisation”. Cela suppose qu’il est explicitement dans la communion de l’Église orthodoxe. On ne peut donc pas parler de saints hétérodoxe.

Cela veut dire que l’Église des vivants doit se prendre au sérieux et avoir honte de sa médiocrité : le Seigneur lui demande d’être une image visible et tangible de son propre Corps, qui reste unique et indivis. Même indigne, l’Église reste “l’Assemblée des Saints”, et le Seigneur a donné à ses représentants les évêques le pouvoir de lier et de délier, pouvoir que n’ont plus les hétérodoxes, et si leur quête spirituelle est authentique ils doivent demander à être réintégrés dans l’Église orthodoxe.

Parler des “Saints orthodoxes”, non seulement n'est pas réducteur, maus amplificateur.
Jean-Louis Palierne
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Sylvie
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Message par Sylvie »

Cher Antoine,
Je n'avais pas lu votre message du 15 août.
Sylvie a écrit:
Si Dieu veux m'emmener dans l'Orthodoxie, Il va bien s'organiser
Vous êtes sûre de ce que vous écrivez? Vous croyez réellement que c'est à Dieu de s'organiser? «Maître, nous voudrions te voir faire un signe» (Matt 12,38).
Par " Il va bien s'organiser", je voulais dire, Il va bien permettre que j'ai la lumière nécessaire, la force, le courage de vaincre les obstacles pour aller dans le sens de cette lumière. Il va bien m'aider à prendre les bonnes décisions et faire les bonnes démarches.
Amicalement
Sylvie
Sylvie
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Message par Sylvie »

Je lis de Jean-Louis Palierne
L’Église orthodoxe préfère parler de la “glorification” de ce saint plutôt que de sa “canonisation”. Cela suppose qu’il est explicitement dans la communion de l’Église orthodoxe. On ne peut donc pas parler de saints hétérodoxe.
1- Y a t'il une différence dans la définition de la sainteté entre les Orthodoxes et hétérodoxes ?

2- Selon les Orthodoxes, s'il n'y a pas de saints hétérodoxes, est-ce que cela veux dire qu'il n'y a pas de salut possible pour les hétérodoxes ?

Amicalement
Sylvie
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Pour ce qui est du salut, la confession de foi orthodoxe n'est pas une garantie. Et la miséricorde divine peut fort bien dépasser les frontières de l'Eglise. Nous n'avons l'assurance de rien et surtout pas du destin post mortem des autres chrétiens, fussent-ils hétérodoxes. Nous n'avons que le devoir librement assumé de redire et transmettre la confession de foi juste (c'est ce que signifie le mot "orthodoxe"), et cette justesse inclut, sans rigidité, celle des formes liturgiques. Je reconnais que pour un regard extérieur, discuter de qui on peut nommer à la liturgie et sous quelle forme ressemble furieusement à du pilpoul de vieux rabbins à papillottes -- mais en fait, c'est surtout pour nombre d'intervenants une manière de vérifier notre propre attitude, notre compréhension des rites.
La définition de la sainteté. L'Eglise romaine, avec son juridisme habituel, a jugé bon de définir la sainteté, et d'une manière, pardonnez moi, qui me semble d'une totale imbécillité : l'héroïcité des vertus ! Pas de place pour la violette cachée sous les feuilles : même l'humilité doit être héroïque... En orthodoxie, on ne définit pas la sainteté a priori, on la constate.
Ou s'il fallait l'approcher par des mots, je reviendrais volontiers aux racines scripturaires. Le mot français "saint" traduit l'hébreu "qadosh". Or la première fois que ce terme apparaît dans l'Ecriture, c'est lorsque Moïse se tient devant le Buisson Ardent et qu'il entend Dieu lui demander de retirer ses sandales car "la terre sur laquelle tu te tiens est une terre sainte (qadosh)". Qu'est-ce qui sanctifie cette terre et ce buisson ? La présence de Dieu.
Qu'est-ce qui sanctifie l'homme ? La présence de Dieu. Lorsque l'on constate la sainteté d'un être humain, cela signifie qu'il est manifeste qu'il est devenu, comme le dit l'apôtre Paul, "temple de l'Esprit Saint".
Cela dit, comme l'Eglise est divino-humaine et que la part humaine entraîne des limites, chaque époque, chaque culture baptisée a reconnu plus aisément certaines formes de la sainteté, plus difficilement d'autres. C'est bien pour cela que nous avons une fête de tous les saints, où nous vénérons ceux que nous n'avons pas su reconnaître ni nommer.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Sylvie pose la question :
Selon les Orthodoxes, s'il n'y a pas de saints hétérodoxes, est-ce que cela veux dire qu'il n'y a pas de salut possible pour les hétérodoxes ?
Non bien sûr. Le salut est possible à tout homme, car chacun a été créé à l’image de Dieu, qui parle en son corps. Ce dialogue est peut-être pour beaucoup inconscient, car beaucoup d’hommes n’ont pas reçu la révélation du Dieu personnel. Cette révélation a commencé par être le privilège de la descendance d’Abraham, puis a été proposée en la personne du Dieu-homme, le Christ, à toutes les nations. La nouvelle s’en est rapidement répandue jusqu’aux extrémités de la Terre. Il y a cependant encore beaucoup d’hommes qui l’ignorent. Cependant le dialogue avec Dieu a bien lieu au fond de leur cœur sans qu’ils le sachent. Et Lui nous a dit : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. » Mais ces hommes qui n’ont pas reçu le Révélation croient que c’est simplement l’appel de la vie.

Encore moins nombreux sont ceux qui savent que le Verbe s’est fait chair, et que son corps est présent parmi nous, c’est l’Église orthodoxe. C’est cependant bien par elle que le salut vient à tout homme.

Mais Sylvie avait précedemment posé une autre question :
Y a t'il une différence dans la définition de la sainteté entre les Orthodoxes et hétérodoxes ?
Ce n’est pas la bonne manière de poser la question.

Je crois que toute la difficulté des occidentaux que nous sommes est que l’Église catholique, en rompant avec la Tradition de nos Pères dans la foi, a inventé toute une culture à laquelle la notion de sainteté est parfaitement étrangère. Et cette culture se présente comme l’évolution normale de l’homme vers une civilisation moderne et humaniste. Mais l’Église sécrète toute une mentalité à base de “mérites”, de “justification”, de procédure judiciaire du salut, toute une mentalité du “faire” et des “œuvres”, du péché et de la pureté présentée comme l’état “normal” d’un homme “équilibré”.

Dialectiquement cette civilisation occidentale engendrée par l’Église catholique a aussi engendré une conception de la “mystique” exaltée jusqu’aux stigmates, jusqu’à l’extase etc. Toutes choses qui éloignent du véritable enseignement spirituel orthodoxe.

Pour beaucoup d’occidentaux qui viennent vers l’Église orthodoxe, il y a une grande difficulté à opérer cette transmutation intellectelle et à passer dans l’esprit orthodoxe. Mais la Grâce divine, qui est le privilège de l’Église orthodoxe, est une aide plus forte que le poids de l’Occident. S'il y a une recherche spirituelle authentique en Occident, c'est malgré l'enseignement catholique, pas grâce à lui.
Jean-Louis Palierne
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Antoine
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Message par Antoine »

Par " Il va bien s'organiser", je voulais dire, Il va bien permettre que j'ai la lumière nécessaire, la force, le courage de vaincre les obstacles pour aller dans le sens de cette lumière. Il va bien m'aider à prendre les bonnes décisions et faire les bonnes démarches.
La faiblesse humaine n’est pas une manifestation de la parcimonie avec laquelle Dieu donnerait sa grâce aux uns et aux autres. C’est Thérèse de Lisieux (pour laquelle Nathalie peut avoir de la tendresse mais pas de la dévotion...) qui soutient que Dieu a voulu se faire un jardin avec à la fois des pâquerettes et des roses, déversant ainsi sa grâce comme la rosée au gré de son bon vouloir. C’est encore une théologie de prédestination. Il y a ceux qui sont prédestinés à être des roses et ceux qui sont destinés à n’être que des pâquerettes pour la diversification du jardin.
Non, Dieu donne sa grâce en surabondance bien que sachant dans sa pré-science ce que nous en ferons. Mais nous ne pourrons pas lui dire : «Si Tu m’avais davantage aidé, je ceci, cela etc…)
Saint Séraphin de Sarov nous dit à propos des « podvig » c’est à dire des exploits spirituels , qu’ils sont le signe «de ce que l’homme est capable de faire pour ce Dieu qui lui a donné d’avance la force de la grâce» (cf. Irina Goraïnoff, Séraphim de Sarov, Desclée de Brouwer, 1979)
Nos actes ne dépendent pas uniquement de la grâce de Dieu mais du synergisme de la grâce et de la libre volonté de l’homme.
Jean-Louis vous a cité le chapitre 3 de l’Apocalypse: «Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi.»
Vous avez également un autre type de situation mis en scène dans parabole du Fils prodigue et qui nous montre le Père guettant le retour du Fils :«Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa.» (Luc 15,20)
Quand nous nous écrions avec vous: « Il va bien permettre que nous ayons la lumière nécessaire » nous devrions plutôt dire : « Il a permis que nous ayons la lumière nécessaire »Relisons le prologue de Jean :
«La lumière était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l'a point connue. Elle est venue chez les siens, et les siens ne l'ont point reçue. Mais à tous ceux qui l'ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu […]Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce

«Le salut est possible à tout homme» dit Jean-Louis. rajoutons que Dieu ne juge pas l'état de sainteté ou de délabrement dans lequel nous sommes mais le chemin parcouru. L'ouvrier de la dernière heure reçoit le même salaire que celui de la première heure.

Quant à Nathalie qui nous écrit «l'Esprit souffle où il veut», nous avons déjà commenté cette phrase sur le forum. L'Esprit souffle pour amener tout un chacun à son Eglise. C'est la grande différence qui résulte d'une conception occidentale de la Rédemption et de la théologie orthodoxe de la Déification. Résurrection et pentecôte sont deux économies divines distinctes.
Dernière modification par Antoine le mar. 16 août 2005 19:45, modifié 1 fois.
Sylvie
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Message par Sylvie »

Merci Jean-Louis et Anne Geneviève

Il me semble que le salut devient tout à coup plus accessible et la sainteté plus facile à recevoir de la part de Dieu.

Je me souviens d'avoir lu ou entendu : "Hors de l'Église point de salut"

Qui a dit cela ? Il me semble que ce soit un dogme de l'Église catholique Romaine mais est-ce qu'il y a l'équivalent dans l'Église Orthodoxe ?


Sylvie
Sylvie
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Message par Sylvie »

Cher Antoine,
Mais nous ne pourrons pas lui dire : «Si Tu m’avais davantage aidé, je ceci, cela etc…)
Je suis d'accord avec vous que nous n'avons aucun reproche à faire à Dieu, car je crois qu'Il nous donne toujours ce qu'Il faut lorsque nous en avons besoin. Malheureusement, la volonté de l'homme, à cause justement de sa liberté, n'y correspond pas toujours.

Pour ce qui est de la Lumière révélée selon le Prologue de saint Jean, je crois.

Lorsque je disais que j'avais besoin de la lumière, c'est de connaître Sa Volonté aujourd'hui, face à ce que je vis intérieurement. Ce n'est pas vous qui pouvez me la dire. Je dois la recevoir dans la prière et seul Dieu peut me la donner.

Petite confidence. Le saint que j'aurais le plus de mal à ne pas le prier si je deviens Orthodoxe est saint Antoine de Padoue, pas tant à cause des objets perdus, mais à cause du bref, huile, lys, etc. de saint Antoine réputés pour chasser les démons.

Amicalement

Sylvie
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Quiconque a reçu la Grâce de voir que le Sauveur du monde, le Dieu-homme, en s'incarnant a appelé tous les hommes à s’incorporer dans son Église (orthodoxe) ne peut qu’accourir car elle est la manifestation de la Vérité et la source de loute Grâce. Certains s’imaginent, obéissant à la suggestion du démon, qu’ils peuvent constituer une Église par eux-mêmes, ou bien s’ils en sont membres, qu’ils peuvent s’en séparer. C’est alors qu’on peut leur dire qu’ils s’illusionnent, et que hors de l’Église ils n’obtiendront pas le salut.

Mais il est bien évident que beaucoup d’hommes n’ont pas reçu la révélation de l’Église, ou bien vivent dans une fausse église, et le Seigneur les laisse en paix selon qu’il lui semble bon. Et ceux-là reçoivent le salut sans savoir qu’ils le reçoivent par la seule vraie Église du Christ, qui est l’Église orthodoxe.

Chacun sera jugé selon la loi qu’il aura reçue en sa conscience. S’il a reçu la loi d’Abraham, la loi de la Révélation naturelle, il sera jugé selon cette loi. Mais s’il a reçu la loi qui nous est transmise par nos Pères dans la foi dans l’Église orthodoxe, alors il n’a plus le droit de dire “non”. Mais ce n’est pas par une autre organisation religieuse qu’on peut obtenir le salut que le Seigneur prépare pour tous les hommes.

Et seule la maternité spirituelle de l’Église orthodoxe peut guider l’homme dans la voie de la croissance spirituelle.
Jean-Louis Palierne
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GIORGOS
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Message par GIORGOS »

Sylvie demande :
Je me souviens d'avoir lu ou entendu : "Hors de l'Église point de salut"
Qui a dit cela ?
Un grand saint et Père de l’Eglise, Saint Cyprien de Carthage, dans sa lettre-Traité « De l ‘Eglise ».

Ce que St.Cyprien fait c’est faire resplendir la notion que l’Eglise est toute sainte et fonte de toute sainteté de par sa condition du Corps du Seigneur. Ceci équivaut a « Hors de Dieu point de salut ».

Sylvie pose la question :
Il me semble que ce soit un dogme de l'Église catholique Romaine mais est-ce qu'il y a l'équivalent dans l'Église Orthodoxe ?
Oui et Non.

Oui
parce que l’Eglise Orthodoxe de Christ EST l’Eglise Une et Unique du Credo : « pistevo … eis mia Ekklesía » (Je crois…dans une seule Eglise), ainsi qu’auparavant on dit « pistevo eis ena Theon » (Je crois dans un seul Dieu).
Non parce que l’église vaticane l’entends dans le sens de « hors du Pape point de salut ».
Giorgos
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Antoine
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Message par Antoine »

Je n'aime pas parler de "salut".L'occident à gardé et developpé ce théme conjointement avec celui de la rédemption, très réducteur. Le théme de "déification" me semble bien préférable car il n'est pas encore entâché de fausse théologie occidentale.
La déification nécéssite de quitter le vieil homme, de laisser les énergies divines le brûler. Il faut cette interpénétration du divin dans l'humain. Cette voie n'est possible que dans la vie mystérique de l'Eglise.
En dehors le chemin reste à la périphérie avec ses vertus, sa morale, ses bonnes actions, sa comptabilité, son juridisme, sa systématisation, sa "camisole de force" papale etc.... Il faut entrer dans l'Eglise. Sans se greffer au Christ il est impossible d'atteindre la déification. Se greffer au Christ ne peut se faire que dans l'Eglise corps du Christ.
Quelle est la véritable Eglise? Celle qui a conservé inaltéré le depôt de la foi transmis par les apôtres depuis la pentecôte. Ce dépôt n'est pas qu'un contenu verbal, conceptuel. Il est la vie du Verbe devenu chair. Le dépôt c'est le Christ lui-même. Le Christ n'est pas séparable de ses paroles ni de ses actes. La Tradition est la vie de l'Esprit Saint. Le Christ recrée notre nature, l'Esprit Saint recrée notre hypostase. Le Christ nous recrée sur le plan de la nature, l'Esprit sur le plan de l'hypostase. Et les deux sont distincts mais indissociables.
La sainteté n'est pas séparable de la Vérité. La déification non plus.
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