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Jérémie II et les protestants

Publié : mar. 15 mars 2005 13:50
par Thomas
Bonjour à tous,

J'ai entendu dire qu'à l'époque de ce patriarche de Constantinople, il y avait eu des contacts avec les protestants d'Occident.

Quelqu'un aurait-t-il l'amabilité (si possible) de m'en dire plus sur le sujet ?

Merci beaucoup.

Cordialement,

Thomas

Publié : mar. 15 mars 2005 15:15
par Jean-Louis Palierne
Oui, les théologiens de Tübingen avaient envoyé une lettre au patriarche de Constantinople en lui posant une série de questions précises. Je crois d'ailleurs que Luther aurait bien voulu connaître la position des orthodoxes. Malheureusement cette lettre est arrivée à Constantinople à un moment où le trône patriarcal était vacant, et aucune réponse ne lui fut donnée.

Je n'ai pas de documentation sous la main, car tout est provisoirement dans les cartons. J'espère pouvoir donner une réponse plus circonstanciée dans quelque temps. Mais peut-être quelqu'un d'autre le peut-il ?

La providence a permis qu'une grande occasion peut-être soit alors perdue. Rien n'arrive sans sa permission.

Publié : dim. 20 mars 2005 22:17
par Claude le Liseur
Il s'agissait de quatre lettres envoyées par les luthériens à Constantinople et de trois réponses du patriarche Jérémie II approuvées par le Synode. Cette correspondance a duré de 1576 à 1581 et a été publiée en 1584 à Wittenberg. Tout ceci se situe plus de trente ans après la mort de Luther en 1546, près de soixante ans après le début de la Réforme en 1517.

Le patriarche expliqua à plusieurs reprises aux luthériens quels étaient les points de leur doctrine et de leur pratique qui lui semblaient inacceptables pour l'Eglise orthodoxe: double procession de l'Esprit, justification par la foi seule, réduction du nombre des sacrements à deux, rejet de l'intercession des saints et de la vénération des reliques et des icônes.
Les luthériens, de leur côté, refusaient de prendre en compte les remarques orthodoxes, mais proposaient toujours une union, qui était en fait une union purement humaine fondée sur un commun rejet des prétentions papales - ce qui ne constituait pas la base suffisante d'uen foi commune.
A la fin de sa troisième lettre, comprenant que ses interlocuteurs n'étaient pas à la recherche de la vérité, mais d'une alliance, Jérémie II les suppliait de ne plus envoyer de lettres doctrinales, mais seulement des lettres d'amitié.
Les réponses de Jérémie II aux luthériens constituent un des monuments de la dogmatique orthodoxe.


Cf. Steven Runciman, The Great Church in Captivity, CUP, Cambridge 1999 (1ère édition 1968), pp. 238-258.

Publié : jeu. 24 mars 2005 8:39
par Thomas
Merci lecteur Claude pour ces précisions.

Sauriez-vous par hasard si cette correspondance luthéro-orthodoxe est accessible en français dans un ouvrage ou un site internet ?

Merci encore.

Thomas