Qu'est-ce donc qu'un ḥanīf حنيف ?
Publié : dim. 31 janv. 2010 19:10
Dans mon message du 17 janvier 2010 à 17h26 dans le fil intitulé La prise de Jérusalem par les Sassanides (614) (ici: viewtopic.php?f=1&t=2420&start=30 ), je voulais montrer un exemple de l'apport considérable des travaux philologiques de Christoph Luxenberg à la compréhension de l'arrière-plan du Coran, et donc des origines de l'Islam. Il a été à maintes reprises question de Luxenberg sur le présent forum, notamment à travers la recension que Rémi Brague avait faite de son livre en 2003 (ici: viewtopic.php?f=1&t=1778&p=11615 ). Mais voilà, les francophones sont devenus paresseux et ne veulent plus lire en allemand. Alors, plutôt que de gloser à l'infini sur la glose, donnons un exemple concret de la manière dont a travaillé Luxenberg pour retrouver l'arrière-plan syriaque du texte arabe. Ainsi, chacun pourra se forger sa propre opinion sur les travaux de Luxenberg, et même les critiquer ou les contester, puisque ce forum est un lieu de débat, mais, de grâce, pour critiquer il faut savoir argumenter et exposer, pas seulement asséner du discours creux et vide, comme je le subis un jour de la part de tel hobereau breton reconverti dans l'apologie islamique qui se croyait dispensé de présenter le moindre début d'argument à l'appui de sa propagande. (Se croyait-il encore en l'an mil en train de faire donner la trique à ses serfs devant le portail de son château ?)
Je choisis un exemple simple et concret, celui du mot arabe ḥanīf (حنيف) qui est présenté aujourd'hui comme désignant des monothéistes sans appartenance religieuse particulière (comprendre des monothéistes qui n'étaient ni juifs, ni chrétiens).
Commentaire de Luxenbeg, Die syro-aramäische Lesart des Koran, 3e édition, Verlag Hans Schiler, 2007, pp. 65-66.
Je choisis un exemple simple et concret, celui du mot arabe ḥanīf (حنيف) qui est présenté aujourd'hui comme désignant des monothéistes sans appartenance religieuse particulière (comprendre des monothéistes qui n'étaient ni juifs, ni chrétiens).
Commentaire de Luxenbeg, Die syro-aramäische Lesart des Koran, 3e édition, Verlag Hans Schiler, 2007, pp. 65-66.
(suite du texte, jusqu'à la page 67, et traduction suivront au fur et à mesure du temps que je parviendrai à dégager; toutefois, ce texte donne déjà un bon aperçu de la méthode de travail de Luxenberg)Zur Bedeutung von حنيف (ḥanīf)
Der syro-aramäischen Bedeutung von ܚܢܦܐ (ḥanpā) (Heide) entsprechend, ist der Ausdruck als Beiname Abrahams zu verstehen. In die heute als korrekt geltende arabische Form übertragen, müßte ا بر هيم حنيفا Wiedergabe von ܐܒܪ ܗ ܡ ܚܢܦܐ (Abrāhām ḥanpā) sinngemäß ا بر هيم ا لحنيف (Ibrāhīm al-ḥanīf = Abraham der Heide) lauten. Daß der Ausdruck im Koran regelmäßig im arabischen Akkusativ steht, beweist gerade, daß er in seiner syro-aramäischen Form rezipiert und zu einem festen Beinamen Abrahams geworden war.
Mit diesem Beinnamen „der Heide“ ist aber gemeint, daß Abraham, der von Haus aus Heide war, gerade als solcher an den einen Gott geglaubt hat. Diesem besonderen Verdienst ist es auch zuzuschreiben, daß Heide als Beiname Abrahams eine positive Bedeutung erlangt hat, so daß man im späteren Islam dies als Attribut Abrahams im Sinne von „reinen Glaubens sein“ interprieterte. Schon der Koran überträgt diesen Beinamen auf den Glauben selbst, wenn es in Sure 30:30 heißt فا قم و جهك الدين حنيفا „so wende dich (unentwegt) dem ḥanīfen Glauben“ (eigentlich dem „heidnischen“ Glauben = dem Glauben Abrahams des „Heiden“) zu.“