Bonsoir,
quelques pistes proposées, mais il y a bien mieux à lire avec les textes liturgiques de ce forum que ma réponse, soyez-en sûr
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ref 2. pour l'âme des jeunes, saint Grégoire de Nysse a écrit un très beau traité sur le sujet. En traduction française moderne, non-vérifiée par un Orthodoxe (et c'est délicat en matière dogmatique vu les falsifications usuelles..), vous avez chez l'éditeur "migne" dans la collection "pères dans la foi" le n° 69, "Dieu et le mal," qui vous reproduit ce traité. Tout y est dit, par un des géants de la théologie apostolique.
ref 3. Tout le monde naît vierge.
Je n'ai pas encore lu la vie d'une personne née de parents saints (donc Chrétiens) qui ai dégénéré. Si mes enfants pètent un jour les plombs, ce sera uniquement parce que je ne suis qu'une grosse tache dont le comportement infect aurait fait douter de Dieu, et pas parce que Dieu les aurait créés mauvais.
Dieu étant parfait et immuable, Il ne saurait avoir créé le mal. Ce qui tourne au mal c'est par un éloignement du Bien absolu, Qui est Dieu.
ref 1. un excellent article résume les pensées antiques sur le sujet.
http://www.ditl.info/arttest/art17390.php
Je me permettrai quelques remarques cependant
Dans la Grèce antique, c'était un lieu commun que d'attribuer une origine "divine" au maître de son école de pensée ou de philosophie ou de guerre ou de science quelconque. Donc ce que ceux qu'on croit (textes très tardifs, voir plus loin) être les disciples de X ou Y ou Z ont écrit de leur mentor, c'est bien, mais si on va lire ce que des textes affirmant être des disciples des penseurs P ou Q ou R écrivent desdits maîtres, on verra la plupart du temps les mêmes considérations. Un disciple bien né rabroue rarement son maître.
Pour venir à un point important, tout ce qui concerne Hindouisme & Bouddhisme, quant à la datation pré-médiévale, est à manipuler avec des pincettes. Il faut avoir fréquenté la philosophie sous-jacente au bouddhisme et la philosophie hindouiste pour savoir à quel point la notion même de précision temporelle est sans importance pour eux. De même que la fiabilité des sources. Si la pseudépigraphie était courante tant dans l'antiquité grecque païenne que dans le judaïsme biblique, elle n'a pas atteint les sommets de l'art extrême-oriental. Où le fait que l'idée est intéressante dépassera toujours la certitude de l'origine et de la véracité. Donc quand vous lisez "véda du 2ème millénaire avant Jésus-Christ", il est capital de lire "on croit que".. car les brahmanes eux-mêmes n'en savent rien et à vrai dire.. ils s'en ..
Aucune école védique ne sait donner de datation précise sur le moindre de ses textes, notamment du fait de la transmission essentiellement orale pendant des siècles, y compris de nos jours dans divers madrashas.
Autres peuples, autres moeurs. Si quelqu'un croit aux politiciens actuels, il ne comprendra pas ceci..
Les premiers évangélisateurs de l'Inde et de la Chine, à partir du saint Apôtre Thomas et des divers successeurs (Pantène au 2ème siècle, etc), en plus de l'Évangile du Salut, ont apporté une partie de la culture antique du bassin méditerranéen avec eux. C'est logique, on parle avec et par sa culture. Cependant, ça laisse des traces. On a retrouvé des statues hindoues représentant du clergé brahmane fort semblable au clergé Chrétien de l'époque, étole comprise. Ces statues du 2-3ème siècle sont dissemblables de celles représentant ces mêmes clercs brahmanes d'avant le Christ. L'influence a donc été jusqu'à l'art. Ils auraient étrangement évité la culture ou la philosophie?
Du bouddhisme, il n'existe strictement pas le moindre document authentique, pas la moindre gravure, que l'archéologie et la paléographie puisse faire remonter jusqu'aux origines. Si mes souvenirs sont bons, on dépasse le millénaire de distance, comme pour les plus anciennes copies des écrits de Platon et de Jules César. Qui sont les plus anciens documents comparés à la date de leurs auteurs. Sauf pour ce qui concerne le Christianisme, où là on est dans les quelques dizaines d'années entre les auteurs connus et l'âge du document, quelques petites dizaines d'années voire moins, comme l'ont montré divers archéologues y compris non-Chrétiens, mais c'est une autre question bien entendu. Dès lors, quand on dit "le bouddha il a fait ceci ou cela," il est absolument nécessaire de se renseigner sur la tradition qui l'affirme. On ne remontera jamais vraiment loin dans le temps. Mais bon, si ça leur fait plaisir de croire à ça, pourquoi pas. En attendant, apprendre à connaître les fondements historiques de ladite tradition permet de resituer la valeur réelle des textes. Parfois très très intéressants au niveau philosophique, presqu'autant que le tetsu-gaku japonais, mais ça c'est une question de goût personnel.
Par contre, pour arriver à la question karmique, qui surfile toute la question de la métempsycose dans l'hindouisme et le bouddhisme médiéval, il est nécessaire d'aller voir de quoi il s'agit. Si j'ai bien compris, votre question pose sur la "perfection" et le temps nécessaire pour y parvenir. Vous parlez de sainteté, mais je sens bien la question de perfection. Il faut savoir que pour être saint, il n'est pas nécessaire d'être parfait, cathare, sinon nul d'entre nous ne le serait jamais. Le Christ est limpide quant à nos capacités à chuter. Et tout l'Ancien Testament, dont les ferments littéraires connus et assurés antidatent largement la plupart des textes antiques, nous montre à l'envi qu'en effet, on est tout à fait compétents pour commettre erreur sur gaffe, pour ne rien dire d'autre.
Il se fait que la doctrine du Karma ne parle pas du tout de perfection, et encore moins de sainteté bien sûr. Pour l'Occidental ignorant le Christianisme des origines, il lui semble logique de se tourner vers ce qui lui promettrait un changement pour devenir au moins acceptable de la "divinité" à laquelle il croirait (divers déismes), ou pour "acquérir les énergies libératrices" (théosophie). Mais karma c'est pas un terme occidental, c'est du sanskrit qui veut dire action. J'agis, il y aura une conséquence. Bonne ou mauvaise, je n'ai pas d'influence dessus. Ca se répercutera sur la suite. L'action peut prendre diverses formes, physiques ou non, peu importe, il y aura conséquence. C'est un système quasiment mécanique, écrasant.
La métempsycose est appelée chez nous réincarnation. Très mauvais terme, puisqu'il fait référence à la chair. Chez l'Hindou, la "réincarnation" ça peut aussi être sous la forme d'un caillou ou d'une plante, bref pas du tout de la chair.
En plus, chez nous, les gens s'imaginent avoir souvenance de la vie antérieure, et donc pouvoir s'améliorer par rapport aux erreurs qu'ils pensent avoir commises. Or, et l'auteur du texte le rappelle, c'est chez Platon qu'on trouve une idée de "souvenir" possible d'une forme de vie antérieure - et chez lui on parle de vie humaine, il n'envisage pas d'autre forme pour le retour de l'âme dans un corps, au contraire des philosophies et religions extrême-orientales. Donc pour un Hindou, impossible de penser, de concevoir une notion de "progrès possible et assuré", puisque le passé est inconnu. Avant-hier ministre, hier caillou, demain vache, après-demain bonsaï, et la vie suivante chauffeur de bus. Comment une vache pourrait-elle comprendre ce que c'est que vivre comme ministre et pécher comme ministre, c'est impossible. Aucune possibilité de progrès vers une perfection. Au moindre geste, à la moindre pensée, la moindre intention, karma, quelque chose va se produire, sans la moindre possibilité d'influence dessus. Subir. Le Samsara et la "roue" font que tous les 4 cycles, après le passage de Kali et une grande destruction, tout recommence, on n'est pas bloqué dans un cycle bestial ou minéral, c'est déjà ça.
Aucun progrès, aucune amélioration, simplement une conséquence quasi balistique des actes et pensées et non-actes et non-pensées de la forme de vie dans laquelle on se serait trouvé par le hasard des choses.
La sainteté est aux antipodes de la perfection. Le jour où vous aurez le bonheur de lire les vies et écrits de saints - je suis très restrictif sur ce concept, et c'est la vie éternelle qui est en jeu, ça ne vaut pas de se fourvoyer sur l'idée même de sainteté - vous verrez vite qu'ils sont ceux qui sont le plus conscients de leur état de faiblesse. Car dit saint Paul, c'est quand je suis faible que je suis fort, non pas grâce à mes actions ou pensées ou quoi que ce soit, mais parce que quand dans ma faiblesse je me reconnais tel devant le Seigneur, alors c'est LUI Qui vient en moi, et Qui me relève, et Qui me remet sur l'unique chemin de Vie, celui qui mène à Lui.
Et alors, avec des cahots, des chutes, des hésitations, des doutes gros comme l'Everest, peu importe, mais je vais vers Lui. Mais de perfection, nulle question. Dieu seul est parfait, et Dieu seul le restera.
pardonnez-moi si j'ai pu vous choquer dans ce texte, pondu en... buvant mon godet de rhum quasi habituel..
peccator sum..
(et mataf en même temps, ceci expliquant cela mais ne le pardonnant pas pour autant)