Une dépêche de presse sur le voile islamique à l'école laïqu
Publié : sam. 13 sept. 2003 8:52
PARIS (AFP), le 12-09-2003
La commission indépendante sur "l'application du principe de laïcité" installée par Jacques Chirac a auditionné vendredi les enseignants de deux établissements scolaires, le collège Jean Monnet de Flers (Orne) et le lycée La Martinière de Lyon, récemment confrontés à des affaires de voile islamique. Les enseignants ont raconté comment, dans les deux cas, l'irruption du voile porté par une seule élève a déstabilisé les équipes éducatives, laissées "sans soutien de leur hiérarchie".
La commission, dont les auditions doivent se poursuivre jusqu'au 7 novembre, a également entendu les représentants de cinq obédiences maçonniques (Grande loge féminine de France, Grande loge nationale française, Grand loge de France, Droit humain, Grand orient de France).
Les cinq ont souligné leur attachement commun à la laïcité et à la liberté de conscience, mais ont divergé sur les solutions à apporter au problème du voile à l'école. La Grande loge féminine s'est distinguée des autres obédiences en souhaitant une loi interdisant ce "symbole d'une inégalité entre hommes et femmes", les autres prônant la "tolérance".
A Flers, c'est une élève de 6ème qui, en janvier 1999, a mis le feu aux poudres on se présentant au collège la tête couverte d'un voile. L'enfant, qui n'assistait pas aux cours d'éducation physique, a été exclue et réintégrée dans un autre collège après de multiples péripéties. Mais depuis, d'autres cas sont apparus et "le match continue" à l'échelle de tous les collèges publics de la ville, ont raconté les enseignants.
Ils ont établi une relation entre l'apparition du voile et la multiplication d'autres incidents : certificats de dispense d'éducation physique, contestation du programme d'histoire, pressions sur les élèves qui ne jeûnent pas durant le ramadan, insultes judéophobes, menaces contre des professeurs...
Face à ce climat, "les enseignants, le chef d'établissement sont laissés à l'abandon", ont-ils dénoncé.
Comble du paradoxe, "certaines familles musulmanes choisissent le collège privé de la ville où l'interdiction de tout couvre-chef est strictement appliquée, afin de soustraire leurs enfants aux pressions".
Au lycée La Martinière de Lyon, où le règlement intérieur interdit les couvre-chefs, les enseignants ont mal vécu l'annulation, par le recteur, de la convocation devant le conseil de discipline d'une élève qui avait adopté en cours d'année le voile islamique.
"Le recteur a justifié sa décision par le souci de préserver la paix sociale et de ne pas créer une martyre", ont-ils relaté. Mais ils ont estimé que la présence d'une jeune fille voilée a des conséquences sur le climat de la classe, où les autres élèves n'osent plus s'exprimer librement, et sur le contenu de l'enseignement, avec des risques d'autocensure.
Philippe Piedvache, professeur de lettres, a raconté comment ses commentaires du "Tartuffe" de Molière (une pièce de théâtre qui parle de la bigoterie) ont été interprétés par cette élève comme une provocation personnelle à son encontre.
Un des "sages" de la commission, le philosophe Henri Pena-Ruiz, et les représentants du Droit humain, ont souhaité une révision de la loi d'orientation sur l'école de 1989, qui reconnaît aux élèves la liberté d'information et d'expression, mais "où le mot laïcité n'apparaît pas".
La prochaine audition de la commission aura lieu mardi matin. Comme les deux premières, elle sera retransmise en direct sur la chaîne Public Sénat.
La commission indépendante sur "l'application du principe de laïcité" installée par Jacques Chirac a auditionné vendredi les enseignants de deux établissements scolaires, le collège Jean Monnet de Flers (Orne) et le lycée La Martinière de Lyon, récemment confrontés à des affaires de voile islamique. Les enseignants ont raconté comment, dans les deux cas, l'irruption du voile porté par une seule élève a déstabilisé les équipes éducatives, laissées "sans soutien de leur hiérarchie".
La commission, dont les auditions doivent se poursuivre jusqu'au 7 novembre, a également entendu les représentants de cinq obédiences maçonniques (Grande loge féminine de France, Grande loge nationale française, Grand loge de France, Droit humain, Grand orient de France).
Les cinq ont souligné leur attachement commun à la laïcité et à la liberté de conscience, mais ont divergé sur les solutions à apporter au problème du voile à l'école. La Grande loge féminine s'est distinguée des autres obédiences en souhaitant une loi interdisant ce "symbole d'une inégalité entre hommes et femmes", les autres prônant la "tolérance".
A Flers, c'est une élève de 6ème qui, en janvier 1999, a mis le feu aux poudres on se présentant au collège la tête couverte d'un voile. L'enfant, qui n'assistait pas aux cours d'éducation physique, a été exclue et réintégrée dans un autre collège après de multiples péripéties. Mais depuis, d'autres cas sont apparus et "le match continue" à l'échelle de tous les collèges publics de la ville, ont raconté les enseignants.
Ils ont établi une relation entre l'apparition du voile et la multiplication d'autres incidents : certificats de dispense d'éducation physique, contestation du programme d'histoire, pressions sur les élèves qui ne jeûnent pas durant le ramadan, insultes judéophobes, menaces contre des professeurs...
Face à ce climat, "les enseignants, le chef d'établissement sont laissés à l'abandon", ont-ils dénoncé.
Comble du paradoxe, "certaines familles musulmanes choisissent le collège privé de la ville où l'interdiction de tout couvre-chef est strictement appliquée, afin de soustraire leurs enfants aux pressions".
Au lycée La Martinière de Lyon, où le règlement intérieur interdit les couvre-chefs, les enseignants ont mal vécu l'annulation, par le recteur, de la convocation devant le conseil de discipline d'une élève qui avait adopté en cours d'année le voile islamique.
"Le recteur a justifié sa décision par le souci de préserver la paix sociale et de ne pas créer une martyre", ont-ils relaté. Mais ils ont estimé que la présence d'une jeune fille voilée a des conséquences sur le climat de la classe, où les autres élèves n'osent plus s'exprimer librement, et sur le contenu de l'enseignement, avec des risques d'autocensure.
Philippe Piedvache, professeur de lettres, a raconté comment ses commentaires du "Tartuffe" de Molière (une pièce de théâtre qui parle de la bigoterie) ont été interprétés par cette élève comme une provocation personnelle à son encontre.
Un des "sages" de la commission, le philosophe Henri Pena-Ruiz, et les représentants du Droit humain, ont souhaité une révision de la loi d'orientation sur l'école de 1989, qui reconnaît aux élèves la liberté d'information et d'expression, mais "où le mot laïcité n'apparaît pas".
La prochaine audition de la commission aura lieu mardi matin. Comme les deux premières, elle sera retransmise en direct sur la chaîne Public Sénat.