Béthanie, Goettmann et néo-Lumière du Thabor
Publié : sam. 21 juin 2003 22:07
:roll:
"Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ! "
Nous sommes quelques-uns à avoir reçu une relance pour nous abonner à une revue « Lumière du Thabor » éditée par un certain Paul Ladouceur, habitant à Rawdon au Québec. Selon les renseignements fournis par le Lecteur Claude, Paul Ladouceur est un fidèle de la paroisse orthodoxe francophone de Montréal, dans la juridiction de l'Orthodox Church of America (archevêque Séraphin d'Ottawa), paroisse dont le recteur, l'higoumène Irénée Rochon, est parfois intervenu sur l’ancien Foorum.
Cette revue, je m’en suis bien rendu compte, n’a rien à voir du tout avec l’ancienne (et remarquable) revue du même nom jadis publiée à Paris par les VCO du boulevard de Sébastopol. Même si son site s’intitule www.pagesorthodoxes.net - l’organe de publication Bulletin des Pages Orthodoxes La Transfiguration - et l’adresse où s’abonner thabor@megaweb.ca.
J’avais été intrigué de constater sur le numéro de présentation de cette néo-Lumière du Thabor (n° 11) que toute référence à un quelconque évêque dont dépendrait ce que j’avais naïvement pris pour un Monastère de la Transfiguration était absente. Depuis, j’ai mieux compris le pourquoi de cette absence d’omophore, comme on le verra ci-dessous.
Mais en cherchant mieux, j’ai été assez choqué de trouver dans ces « Pages Orthodoxes La Transfiguration » la recommandation d’une « Communauté de Béthanie » dont j’ai beaucoup entendu parler par ailleurs - et de n’y trouver en tout cas aucune mise en garde au sujet de cette entreprise qui (une de plus !) se dit elle aussi généreusement « orthodoxe » - comme fait la susdite revue « Lumière du Thabor ». Alors qu’à mon humble avis, la filiation de ce « Béthanie » là se rattacherait davantage au bouddhisme Zen, au Zazen, à Graf Dürkheim et au New Age qu’à mon saint patron Lazare le Premier Ressuscité.
La communauté de Béthanie, dont le siège est au prieuré Saint-Thiébaut à Gorze (Moselle),est dirigée par le « Père » Alphonse Goettmann, un ancien prêtre kto passé à l’ÉCOF pour pouvoir se marier tout en gardant la prêtrise, et son épouse Rachel. Il y a quelque temps, cette communauté qui s’intitulait aussi, dans ses annonces publicitaires « Centre hésychaste de méditation » désirait être « définitivement intégrée » dans l’Église orthodoxe. Je crois que l’Église orthodoxe, malgré la diversité d’appartenance de ses représentants en France, n’a pas encore cru pouvoir donner suite – même si les époux Goettmann n’hésitaient pas à prétendre, à cette date, que leurs activités étaient placées sous l’égide de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France présidée par Monseigneur Jérémie, métropolite du Patriarcat œcuménique….
Peut-être y a-t-il quelques raisons à ce mutisme que l’Église opposait à la demande de « couverture » présentée par la Communauté. « Béthanie » organise des stages qui ne sont orthodoxes que d'apparence, mais qui par contre sont bien réellement payants - et j’ose ajouter : qui ne me semblent pas très orthodoxes, même si leurs thèmes ont tout pour en donner l’impression à première vue – ou plutôt au premier venu !
Leurs publicités me font ressentir le même malaise que cette revue « Lumière du Thabor » dont certains amis m’assurent pourtant qu’elle n’a pas pris son titre dans un esprit de captation d’héritage intellectuel. Mais dont l’higoumène Irénée Rachon lui-même, recteur de la paroisse Saint Benoit de Nursie à Montréal, et de la chapelle russe à Rawdon – dans le cadre de l’Église Orthodoxe en Amérique en effet, a pourtant écrit récemment pour « dissiper quelques malentendus ».
Il écrivait notamment « Je voudrais que vous sachiez qu'il n'y a pas de Monastère de la Transfiguration au Québec. Il y a un site Web de la Transfiguration qui appartient à M. Paul Ladouceur, qui est issu de ces mouvements en France. M. Ladouceur habite Rawdon, mais n`est pas membre de la paroisse russe de Saint Séraphin. Son travail sur le web est sa responsabilité. Ce qui est à déplorer c'est qu'il aime bien y insérer les noms de notre évêque, Monseigneur Séraphin, qui parle Anglais et ne peut pas lire ce qu'il y a sur le site... »
Dont acte. Mais revenons au Centre Hésychaste de Méditation et aux époux Goettmann.…
Leurs stages sont à l’opposé de toute la tradition vraiment orthodoxe de transmission de la connaissance de la vie de prière. Je suis peut-être un radin de Niçois, mais je me méfie énormément des « Pères » qui me proposent de m’enseigner la vie intime orthodoxe contre argent comptant ( même en plusieurs versements, bien sûr) !
Se dire « père » orthodoxe suppose pour moi une forte connotation de vie intérieure justement « orthodoxe » ; ceux que j’ai pu connaître n’enseignaient qu’en réponse aux questions qu’on leur posaient, et ils ne le faisaient jamais en tarifant ce qui serait alors devenu une « prestation », et non un acte gratuit de leur miséricorde spirituelle :
« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ! « (Mt 10 , 8)
Les stages à tarifs ciblés du « père » Goettmann m’ont donc désagréablement rappelé mon arrivée à « Radio Notre-Dame », le poste émetteur de l’Archevêché kto de Paris, lorsque on m’avait fait il y a bien des années la confiance imméritée de m’en confier les émissions orthodoxes bi-hebdomadaires – alors que je n’étais même pas encore officiellement reçu dans l’Église orthodoxe :
… entrant dans le hall de réception pour la première fois, avec une relative timidité, je m’étais approché du desk d’accueil qui faisait le centre de ce hall. Sur le beau et long comptoir où je m’appuyai, il n’y avait que deux présentoirs, un à chaque bout. Sur chacun des deux, la même pile de luxueux dépliants. Pas pour recommander le pèlerinage annuel des malades, ou un voyage organisé en Terre Sainte avec Mgr Chose ou la Révérende Mère Machin, comme je m’y serais attendu. Mais pour expliquer au visiteur inconnu que s’il désirait léguer sa fortune à l’église catholique, il devait procéder de telle et telle manière, selon qu’il était ceci ou cela. Suivaient les inévitables indications - bien mises en valeur par une élégante typographie en couleurs - sur les conditions légales à respecter pour qu’un testament soit reconnu valide, et l’adresse (+ téléphone, fax, etc.) des notaires recommandés, les plus aptes à compléter ces renseignements.
J’avais tout de même été estomaqué. Pourtant, on dit que les Niçois ne manquent pas de culot.
Je conviens volontiers que Rachel Goettmann et Alphonse Goettmann ne proposent pas à leur lecteur, d’entrée de jeu, la meilleure procédure à adopter pour leur léguer un héritage. D’ailleurs, ils ne sont pas hiérarques du Vatican : leur orthodoxie n’était reconnue, à l’époque où je les ai lus, que par l’ÉCOF de savoureuse mémoire !
Mais c’était tout de même la première fois que je voyais un « père untel » (s’affirmant par ailleurs orthodoxe, et même hésychaste) fixer un tarif pour évangéliser quelqu’un (les stages sont ouverts aux incroyants) ou pour l’aider à avancer dans sa vie spirituelle : peut-être faut-il pardonner une telle ignorance à ma jeunesse inexpérimentée ?
Enfin, voici ces fameux tarifs de la saison 2000 – dont je doute fort qu’ils aient baissé depuis trois ans :
· Le tarif A (1650 Francs à l’époque) permet d’apprendre la Prière de Jésus
· Le Tarif B (= 1000 Francs) donne droit à un stage de « Pratique de la louange »
· Quant au tarif G (= 1500 Francs), il vous ouvre toutes grandes les portes du « stage de guérison des passions » ou stage de thérapie des maladies de l’âme.
· Ces tarifs ne comprenaient bien sûr pas les frais d’hébergement ( environ 500 f/jour en l’an 2000, et suivant la catégorie choisie), qui ne devaient pas ruiner le « père » et la « mère », la nourriture étant exclusivement végétarienne comme dans toute secte New Age qui se respecte, les hébergés devant entretenir eux-mêmes leur local (ascèse oblige), et même apporter leur linge de toilette et leurs draps…
C’est une pratique dont je n’ai jamais entendu parler dans aucune communauté orthodoxe, et pour cause : si pauvres qu’ils soient, moniales et moines font avec joie l’exercice de leur « aumône » en accueillant ceux qu’ils reçoivent sous leur toit comme s’il s’agissait du Christ en personne – et pas d’un client envoyé par une agence de tourisme « spiritualiste ».
Car il est inutile de préciser que l’inscription à ces stages n’est subordonnée qu’au seul paiement des prestations choisies. Or comme l’a écrit par ailleurs Jean-Claude Larchet, la prière de Jésus « est une forme particulière de prière et on sait que dans la pratique traditionnelle de l’Église orthodoxe elle comporte un certain nombre de présupposés spirituels : non seulement la foi, l’appartenance à l’Église et la réception des sacrements (qui seules permettent la réception de la grâce), mais un certain degré d’avancement dans la vie spirituelle qui permette d’avoir les dispositions intérieures que suppose la pratique de cette prière particulière (purification, contrition, humilité…) et sans lesquelles elle peut, selon les Pères, être plus nuisible que profitable ».
Et comme l’écrit par ailleurs le traducteur de saint Maxime le Confesseur : « Cette pratique ne saurait être proposée par voie de mailing et de publicité par un organisateur de stages s’étant auto-proclamé maître spirituel et s’adressant à un public indéfini. »
Ce n’est bien sûr pas cela qui retiendrait les Goettmann d’ouvrir leurs stages à n’importe qui veut bien s’acquitter de leurs tarifs, sans prendre autrement en compte l’état éventuel de son avancement spirituel, de sa Foi orthodoxe ni même de sa Foi en Jésus-Christ tout court. Pire, sous couverture de Prière de Jésus, ils ne craignent pas d’enseigner à ceux qui leur font confiance sur titre (grâce à l’autorité que leur confère la prêtrise ÉCOF du « Père ») des techniques carrément bouddhistes, allant jusqu’à y mélanger certaines pratiques New Age, notamment celles du « Rebirth ». C’est du spiritualisme vague, au mieux ( !) gnostique, cela n’a d’hésychaste que l’étiquette. Une fausse étiquette – mais sacrément rentable, apparemment.
Ces pratiques anti orthodoxes supposent, au fond, que les Goettmann se croient (ou font croire qu’ils seraient) capables d’enseigner collectivement, en quelques stages de quelques jours et à n’importe qui, un ensemble de « pratiques » qui suffirait à remplacer l’action de la grâce divine, pour purifier l’homme de ses passions et le guérir de ses maladies spirituelles.
En réalité, le Père Goettmann et son épouse et associée font commerce de spiritualité, et tirent de ces stages le plus clair de leurs revenus. Et ne reculent devant aucune rouerie commerciale pour rentabiliser leur faux « Centre Hésychaste de Méditation » : ils vont jusqu’à organiser sous cette couverture des stages … où ils font enseigner le bouddhisme Zen par un collègue, lui aussi prêtre soi-disant orthodoxe de l’ÉCOF, spécialiste des thérapies extrême-orientales.
:evil: Je voudrais demander à Claude, et à Antoine, s’ils continuent à considérer la nouvelle « Lumière du Thabor » comme innocente ?
Éliazar
"Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ! "
Nous sommes quelques-uns à avoir reçu une relance pour nous abonner à une revue « Lumière du Thabor » éditée par un certain Paul Ladouceur, habitant à Rawdon au Québec. Selon les renseignements fournis par le Lecteur Claude, Paul Ladouceur est un fidèle de la paroisse orthodoxe francophone de Montréal, dans la juridiction de l'Orthodox Church of America (archevêque Séraphin d'Ottawa), paroisse dont le recteur, l'higoumène Irénée Rochon, est parfois intervenu sur l’ancien Foorum.
Cette revue, je m’en suis bien rendu compte, n’a rien à voir du tout avec l’ancienne (et remarquable) revue du même nom jadis publiée à Paris par les VCO du boulevard de Sébastopol. Même si son site s’intitule www.pagesorthodoxes.net - l’organe de publication Bulletin des Pages Orthodoxes La Transfiguration - et l’adresse où s’abonner thabor@megaweb.ca.
J’avais été intrigué de constater sur le numéro de présentation de cette néo-Lumière du Thabor (n° 11) que toute référence à un quelconque évêque dont dépendrait ce que j’avais naïvement pris pour un Monastère de la Transfiguration était absente. Depuis, j’ai mieux compris le pourquoi de cette absence d’omophore, comme on le verra ci-dessous.
Mais en cherchant mieux, j’ai été assez choqué de trouver dans ces « Pages Orthodoxes La Transfiguration » la recommandation d’une « Communauté de Béthanie » dont j’ai beaucoup entendu parler par ailleurs - et de n’y trouver en tout cas aucune mise en garde au sujet de cette entreprise qui (une de plus !) se dit elle aussi généreusement « orthodoxe » - comme fait la susdite revue « Lumière du Thabor ». Alors qu’à mon humble avis, la filiation de ce « Béthanie » là se rattacherait davantage au bouddhisme Zen, au Zazen, à Graf Dürkheim et au New Age qu’à mon saint patron Lazare le Premier Ressuscité.
La communauté de Béthanie, dont le siège est au prieuré Saint-Thiébaut à Gorze (Moselle),est dirigée par le « Père » Alphonse Goettmann, un ancien prêtre kto passé à l’ÉCOF pour pouvoir se marier tout en gardant la prêtrise, et son épouse Rachel. Il y a quelque temps, cette communauté qui s’intitulait aussi, dans ses annonces publicitaires « Centre hésychaste de méditation » désirait être « définitivement intégrée » dans l’Église orthodoxe. Je crois que l’Église orthodoxe, malgré la diversité d’appartenance de ses représentants en France, n’a pas encore cru pouvoir donner suite – même si les époux Goettmann n’hésitaient pas à prétendre, à cette date, que leurs activités étaient placées sous l’égide de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France présidée par Monseigneur Jérémie, métropolite du Patriarcat œcuménique….
Peut-être y a-t-il quelques raisons à ce mutisme que l’Église opposait à la demande de « couverture » présentée par la Communauté. « Béthanie » organise des stages qui ne sont orthodoxes que d'apparence, mais qui par contre sont bien réellement payants - et j’ose ajouter : qui ne me semblent pas très orthodoxes, même si leurs thèmes ont tout pour en donner l’impression à première vue – ou plutôt au premier venu !
Leurs publicités me font ressentir le même malaise que cette revue « Lumière du Thabor » dont certains amis m’assurent pourtant qu’elle n’a pas pris son titre dans un esprit de captation d’héritage intellectuel. Mais dont l’higoumène Irénée Rachon lui-même, recteur de la paroisse Saint Benoit de Nursie à Montréal, et de la chapelle russe à Rawdon – dans le cadre de l’Église Orthodoxe en Amérique en effet, a pourtant écrit récemment pour « dissiper quelques malentendus ».
Il écrivait notamment « Je voudrais que vous sachiez qu'il n'y a pas de Monastère de la Transfiguration au Québec. Il y a un site Web de la Transfiguration qui appartient à M. Paul Ladouceur, qui est issu de ces mouvements en France. M. Ladouceur habite Rawdon, mais n`est pas membre de la paroisse russe de Saint Séraphin. Son travail sur le web est sa responsabilité. Ce qui est à déplorer c'est qu'il aime bien y insérer les noms de notre évêque, Monseigneur Séraphin, qui parle Anglais et ne peut pas lire ce qu'il y a sur le site... »
Dont acte. Mais revenons au Centre Hésychaste de Méditation et aux époux Goettmann.…
Leurs stages sont à l’opposé de toute la tradition vraiment orthodoxe de transmission de la connaissance de la vie de prière. Je suis peut-être un radin de Niçois, mais je me méfie énormément des « Pères » qui me proposent de m’enseigner la vie intime orthodoxe contre argent comptant ( même en plusieurs versements, bien sûr) !
Se dire « père » orthodoxe suppose pour moi une forte connotation de vie intérieure justement « orthodoxe » ; ceux que j’ai pu connaître n’enseignaient qu’en réponse aux questions qu’on leur posaient, et ils ne le faisaient jamais en tarifant ce qui serait alors devenu une « prestation », et non un acte gratuit de leur miséricorde spirituelle :
« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ! « (Mt 10 , 8)
Les stages à tarifs ciblés du « père » Goettmann m’ont donc désagréablement rappelé mon arrivée à « Radio Notre-Dame », le poste émetteur de l’Archevêché kto de Paris, lorsque on m’avait fait il y a bien des années la confiance imméritée de m’en confier les émissions orthodoxes bi-hebdomadaires – alors que je n’étais même pas encore officiellement reçu dans l’Église orthodoxe :
… entrant dans le hall de réception pour la première fois, avec une relative timidité, je m’étais approché du desk d’accueil qui faisait le centre de ce hall. Sur le beau et long comptoir où je m’appuyai, il n’y avait que deux présentoirs, un à chaque bout. Sur chacun des deux, la même pile de luxueux dépliants. Pas pour recommander le pèlerinage annuel des malades, ou un voyage organisé en Terre Sainte avec Mgr Chose ou la Révérende Mère Machin, comme je m’y serais attendu. Mais pour expliquer au visiteur inconnu que s’il désirait léguer sa fortune à l’église catholique, il devait procéder de telle et telle manière, selon qu’il était ceci ou cela. Suivaient les inévitables indications - bien mises en valeur par une élégante typographie en couleurs - sur les conditions légales à respecter pour qu’un testament soit reconnu valide, et l’adresse (+ téléphone, fax, etc.) des notaires recommandés, les plus aptes à compléter ces renseignements.
J’avais tout de même été estomaqué. Pourtant, on dit que les Niçois ne manquent pas de culot.
Je conviens volontiers que Rachel Goettmann et Alphonse Goettmann ne proposent pas à leur lecteur, d’entrée de jeu, la meilleure procédure à adopter pour leur léguer un héritage. D’ailleurs, ils ne sont pas hiérarques du Vatican : leur orthodoxie n’était reconnue, à l’époque où je les ai lus, que par l’ÉCOF de savoureuse mémoire !
Mais c’était tout de même la première fois que je voyais un « père untel » (s’affirmant par ailleurs orthodoxe, et même hésychaste) fixer un tarif pour évangéliser quelqu’un (les stages sont ouverts aux incroyants) ou pour l’aider à avancer dans sa vie spirituelle : peut-être faut-il pardonner une telle ignorance à ma jeunesse inexpérimentée ?
Enfin, voici ces fameux tarifs de la saison 2000 – dont je doute fort qu’ils aient baissé depuis trois ans :
· Le tarif A (1650 Francs à l’époque) permet d’apprendre la Prière de Jésus
· Le Tarif B (= 1000 Francs) donne droit à un stage de « Pratique de la louange »
· Quant au tarif G (= 1500 Francs), il vous ouvre toutes grandes les portes du « stage de guérison des passions » ou stage de thérapie des maladies de l’âme.
· Ces tarifs ne comprenaient bien sûr pas les frais d’hébergement ( environ 500 f/jour en l’an 2000, et suivant la catégorie choisie), qui ne devaient pas ruiner le « père » et la « mère », la nourriture étant exclusivement végétarienne comme dans toute secte New Age qui se respecte, les hébergés devant entretenir eux-mêmes leur local (ascèse oblige), et même apporter leur linge de toilette et leurs draps…
C’est une pratique dont je n’ai jamais entendu parler dans aucune communauté orthodoxe, et pour cause : si pauvres qu’ils soient, moniales et moines font avec joie l’exercice de leur « aumône » en accueillant ceux qu’ils reçoivent sous leur toit comme s’il s’agissait du Christ en personne – et pas d’un client envoyé par une agence de tourisme « spiritualiste ».
Car il est inutile de préciser que l’inscription à ces stages n’est subordonnée qu’au seul paiement des prestations choisies. Or comme l’a écrit par ailleurs Jean-Claude Larchet, la prière de Jésus « est une forme particulière de prière et on sait que dans la pratique traditionnelle de l’Église orthodoxe elle comporte un certain nombre de présupposés spirituels : non seulement la foi, l’appartenance à l’Église et la réception des sacrements (qui seules permettent la réception de la grâce), mais un certain degré d’avancement dans la vie spirituelle qui permette d’avoir les dispositions intérieures que suppose la pratique de cette prière particulière (purification, contrition, humilité…) et sans lesquelles elle peut, selon les Pères, être plus nuisible que profitable ».
Et comme l’écrit par ailleurs le traducteur de saint Maxime le Confesseur : « Cette pratique ne saurait être proposée par voie de mailing et de publicité par un organisateur de stages s’étant auto-proclamé maître spirituel et s’adressant à un public indéfini. »
Ce n’est bien sûr pas cela qui retiendrait les Goettmann d’ouvrir leurs stages à n’importe qui veut bien s’acquitter de leurs tarifs, sans prendre autrement en compte l’état éventuel de son avancement spirituel, de sa Foi orthodoxe ni même de sa Foi en Jésus-Christ tout court. Pire, sous couverture de Prière de Jésus, ils ne craignent pas d’enseigner à ceux qui leur font confiance sur titre (grâce à l’autorité que leur confère la prêtrise ÉCOF du « Père ») des techniques carrément bouddhistes, allant jusqu’à y mélanger certaines pratiques New Age, notamment celles du « Rebirth ». C’est du spiritualisme vague, au mieux ( !) gnostique, cela n’a d’hésychaste que l’étiquette. Une fausse étiquette – mais sacrément rentable, apparemment.
Ces pratiques anti orthodoxes supposent, au fond, que les Goettmann se croient (ou font croire qu’ils seraient) capables d’enseigner collectivement, en quelques stages de quelques jours et à n’importe qui, un ensemble de « pratiques » qui suffirait à remplacer l’action de la grâce divine, pour purifier l’homme de ses passions et le guérir de ses maladies spirituelles.
En réalité, le Père Goettmann et son épouse et associée font commerce de spiritualité, et tirent de ces stages le plus clair de leurs revenus. Et ne reculent devant aucune rouerie commerciale pour rentabiliser leur faux « Centre Hésychaste de Méditation » : ils vont jusqu’à organiser sous cette couverture des stages … où ils font enseigner le bouddhisme Zen par un collègue, lui aussi prêtre soi-disant orthodoxe de l’ÉCOF, spécialiste des thérapies extrême-orientales.
:evil: Je voudrais demander à Claude, et à Antoine, s’ils continuent à considérer la nouvelle « Lumière du Thabor » comme innocente ?
Éliazar