Basile à écrit, citant le
Nouveau Larousse Universel édition de 1949, en référence a Jean VIII :
(représentation en médaille).(Ndlr : Il est qualifié de " paléologue ". Soit parce qu'il appartenait à une ancienne et illustre famille byzantine. Soit parce qu'il était un spécialiste des langues anciennes(?). Les deux peut être?). " ROMAION. OPALAIOLOGOC+IOANECH.BACILUS KAIAUTOKRATOR " (?). Le visage (sévère) est vu de profil le crâne étant couvert de ce qui pourrait (toute révérence gardée) ressembler à une casquette de jokey.
A mon humble avis, ceci doit être lu ainsi :
O PALAILOGOS IOANNHC BACILEUS KAI AUTOKRATOR ROMAION, c’est à dire
Jean le Paléologue Roi et Empereur des Romains (=Chrétiens), et la médaille correspond à Jean VIII, empereur dès 1425 à 1448. Menacé par les turcs, et avec l’Empire Chrétien réduit à la
« Cité » (Constantinople) après des siècles de lutte autant contre les musulmans que les croisades franks, il a l’ idée de demander aide au Pape Eugène IV,
un précurseur de l’œcuménisme, comme on verra, lequel le fait la promesse de l’aider en échange de signer
« l’unité de l’Eglise ».
Le Pape, venait d’être défié dans son autorité par le Concile de Bâle, synode que soutenait la primauté du Concile sur la Papauté, selon les souvenirs encore fraîches des traditions de l’antiquité chrétienne.
En effet, dans les premiers années du siècle XV, une extraordinaire floraison de papes avait eu lieu, et se disputaient le trône papal non moins de trois papes et l’
»empereur » (usurpateur du titre que correspondait à l’authentique Empereur des Romains, c’est à dire à Constantinople) allemand Sigismond à imitation des pouvoirs impériaux convoquer un concile
(bon point pour demander à Rome qui a l’autorité de le faire), pour faire cesser la situation.
Le concile réuni à Constance décide déposer ou démissionner les trois papes et élire un nouveau, Martin V, auquel font signer les actes du concile.
Dans l’Acte conciliaire
Sacrosancta Ecclesia le synode réaffirme l’autorité absolue des conciles au-dessus des papes. C’est par ailleurs ce même concile lequel condamne Jean Huss (ou Hus), selon le rappelait Eliazar dans un autre fil (Eglise et Tradition), parlant de l’élection des évêques latino-franks dans les élites du pouvoir temporel et non parmi les hommes de vie spirituelle :
"malheureusement l'un des garde-fous dont a cruellement manqué la communauté romaine quant au choix de ses propres évêques, jusqu'à nos jours, en privilégiant souvent les qualités diplomatiques ou intellectuelles au détriment de l'expérience de la vie intérieure.
Un des exemples les plus dramatiques a été celui de cet évêque latin de Prague (il était en plus Allemand, et représentatif en cela des conquérants qui venaient de réprimer cruellement les premières tentatives d'indépendance d'un peuple de tradition slave) qui obtint la condamnation et le martyre de son grand vicaire Jan Huss, coupable de promouvoir la lecture des textes sacrés en langue vulgaire, et le retour à la communion sous les deux espèces. Cet évêque avait été choisi pour sa richesse et sa notoriété de négociant, mais ne savait pas lire... et il obtint du concile de Constance (qui condamna Jan Huss au bûcher) qu'on ne permit pas à l'accusé de donner à lire à ses juges les vrais textes sur lesquels on l'incriminait à tort, après les avoir falsifiés.
Mais le juridisme politique d'un évêque Cauchon au procès de Jeanne d'Arc était également symptomatique - d'autant que ce même Cauchon fit ensuite partie des juges de Jan Huss ! Il avait une certaine propension à la théologie des bûchers. »
Mais retournons à Martin V, qui
par obligation, suite au Concile de Constance, qui avait édicté le décret
Frequens (décret qui prévoyait la convocation d'un concile oecuménique à intervalle régulier : 5 ans pour commencer, puis 7 ans, et enfin tous les dix ans) dut convoquer le Concile à Bâle -de par l’autorité du concile précédent-, dans un premier temps, pour mourir peu après.
Son successeur est Eugène IV, lequel se trouvant traqué par ses
« pères conciliaires » lesquels l’avaient tranché des importants morceaux de son autorité, notamment la nomination des évêques, reçoit comme un cadeau venu du ciel la demande du malheureux Jean VIII, et la fait resplendir aux yeux des évêques aussi assoiffés de pouvoir que lui même, comme un mirage du désert : la possibilité d’avoir les sièges de tout le riche Orient chrétien.
L’Empereur faisait l’offre
« d’unifier les Eglises » de par la convocation d’un Concile en Italie, concile auquel le même Basileus assisterait pour se faire garant des résolutions. Eugène IV avait alors l’occasion de se montrer comme le seule chef de l’église, au dessus du concile, parce que l’Empereur s’avait dirigé à lui en le reconnaissant comme tel, et ainsi le conférait l'autorité que le Pape affirmait avoir sur les évêques réunis.
Saisi l’opportunité par le pape, il transfère le concile de Bâle à Ferrare en Italie où il pouvait être plus sûr de son influence. Cependant les évêques se refusent dans sa majorité de quitter Bâle, mais avec la minorité que suive les desseins d’Eugène IV il constitue un autre concile à Ferrare, puis à Florence, et la majorité des évêques réunis à Bâle on voit traiter des
« renégats » puisque résistants à la volonté papale.
Et alors d’un coup, voilà l’autorité du pape sur le concile affirmé dogmatiquement !!!
Les autres évêques, malgré sa lutte canonique et conciliaire jusqu’au 1449, vont perdre prestige politique et ses précieux appuis, parce que vaut cent fois, mille fois plus, l’intrusion religieuse sur l’Eglise Orthodoxe du Christ et la toujours potentiellement puissante Constantinople…
Mais le concile de Bâle laisse des traits que suivent dans la vie de l’église des latino-franks faisant de ferment dans les pays germaniques pour éclore dans la Reforme.
Eugène IV transfère le concile de Ferrare à Florence, puisque Ferrare étant près de Ravenne permettait la fuite vers Constantinople par mer aux délègues orthodoxes.
Mais Jean VIII Paléologue, après d’avoir interdit aux évêques délégués de l’Eglise de discuter au sujet du Filioque, des énergies incréés, du
« purgatoire » et en général des doctrines disputés, trouve que parmi «
ses » évêques il y a un aigle de la théologie que au delà des prohibitions parvient à faire aux propres évêques latino-franks à initier la polémique sur la foi et la théologie des Pères : Marc Eugenikos, évêque d’Ephèse. La volonté du pape et de l’Empereur s’impose par des moyens des menaces et interdits.
Lecteur Claude l’a expliqué dans le fil "Concile de Florence" ainsi :
« Quant au déroulement du concile, parlons-en:
-convoqué sur décision de l'empereur Jean VIII à la
recherche d'un allié contre
les Turcs et acoquiné au pape Eugène IV aux dépens des
vrais représentants de
l'Eglise catholique romaine qui étaient réunis en concile à
Bâle, l'empereur des
Romains ayant ainsi donné un avantage décisif au parti
papiste contre le parti
conciliaire en Occident.
-division de la délégation orthodoxe par les intrigues de
Jean VIII et des ses
sbires Isidore de Kiev et Bessarion de Nicée.
-Eugène IV se défaussa sur l'évêque de Ferrare pour
refuser aux Grecs une église
où célébrer la liturgie (cf. Vitalien LAURENT, Les
"mémoires" du Grand
Ecclésiarque de l'Eglise de Constantinople Sylvestre
Syropoulos sur le concile
de Florence, Rome 1971, pp. 250-253).
-Le marquis de Ferrare ordonna la séquestration des Grecs
dans sa ville (cf.
Laurent, pp. 294-297).
- Des papistes excitèrent la population de Ferrare contre les
Grecs en vendant
sur la place publique des opuscules enflammés accusant
les orthodoxes de
professer cinquante-quatre hérésies (cf. Laurent, pp. 300-
301).
-Des ermites catholiques romains ayant pris partie pour les
Grecs à la suite de
la session du 27 novembre 1438, la Curie romaine leur
imposa silence en les
accusant d'être des ignorants en matière de théologie (cf.
Laurent, pp. 342-343).
Le but du concile était clair: soumettre l'Eglise orthodoxe au
Vatican; en
revanche, un Latin n'avait pas le droit de rejoindre l'Eglise
grecque...
-Le concile fut transféré à Florence afin d'empêcher les
délégués orthodoxes de
fuir par la mer vers Constantinople.
-Comme l'éloquence de saint Marc d'Ephèse faisait
obstacle aux manoeuvres de
Bessarion et Isidore, on remplaça les discusssions
publiques par des colloques
entre les commissions des deux partis, composées
exclusivement d'unionistes.
- La fausse union, au moyen de formules ambigues ne
résolvant aucune des
divergences dogmatiques, fut proclamée le 6 juillet 1439
sous la pression de
Jean VIII. Saint Marc d'Ephèse refusa de signer l'acte
d'union, et fut protégé
de la vindicte du pape (qui voulait le livrer à l'Inquisition) par
un soudain
remords de l'empereur.
Voilà ce qu'Umberto Proch ose appeler "un concile paritaire
et dialogant" (in
Giuseppe ALBERIGO, Les conciles oecuméniques, tome I,
Paris 1994 (Brescia 1990),
p. 287)...
Dès leur retour à Constantinople, la quasi-totalité des
délégués grecs qui
avaient été contraints de signer l'acte d'union retournèrent à
l'Orthodoxie.
Saint Marc d'Ephèse fut emprisonné pendant deux ans,
mais lui non plus ne plia
pas. Les trois patriarcats chalcédoniens d'Orient
condamnèrent la fausse union
lors d'un concile réuni à Jérusalem en 1443. La Bulgarie, la
Russie et la Serbie
rompirent momentanément la communion avec
Constantinople où l'empereur avait
imposé un patriarche unioniste. L'Eglise de Russie déposa
le métropolite traître
Isidore. Constantinople rejeta l'union dès que le patriarcat
eut recouvré sa
liberté spirituelle. »
Et Jean-Louis Palierne renforce au même fil :
« Je remercie beaucoup le le lecteur Claude de ses intéressantes précisions sur le déroulement du faux "Concile d'Union". Je m'étais
demandé comment saint Marc d'Éphèse avait pu s'en sortir.
Concernant le déroulement des discussions le livre que
le Métropolite Hiérotheos Vlachos a consacré à "La vie après la mort" apporte tout l'éclairage nécessaire. (publié à l'Âge d'Homme).
Il faut souligner que le débat ne portait pas seulement sur une
question d'organigramme ecclésiastique et sur le soi-disant primat
du Pape, mais ce qu'on voulait imposer à l'Église sous le couvert d'un débat théorique sur le Purgatoire,
c'était en fait toute une conception anti-spirituelle de la condition humaine, c'était le début de l'entreprise qui marque encore aujourd'hui de son empreinte morbide toute l'Église catholique c'étaient déjà les bases de la prétention cléricale à diriger les consciences.
Le faux dogme du Purgatoire annonce la conception comptable du salut, en quelque
sorte monétarisé dans une arithmétique des "péchés "
et des "bonnes oeuvres", comptées dans les réalités de ce monde.
Le dogme catholique évacue toute la réalité eschatologique du Royaume à venir, et qui n'est pas à ce monde. »
Comme nous avons vu
" l'union forcée "entre l'église du pape et l'Eglise Orthodoxe du Christ ne fut que de courte durée. En effet, autant les fidèles que le clergé et la plupart des évêques étaient peu disposées à accepter une union imposée par l’Empereur pour des raisons purement politiques au prix de la trahison de la Foi. L'opposition au
filioque et à la primauté du pape, par exemple, furent tellement fortes que Jean VIII, de retour à Constantinople, n'osa jamais promulguer les documents
« d'union », lesquels furent, toutefois,
des modèles a imposer sur toutes les églises orientaux : coptes et arméniens, notamment.
Jean VIII Paléologue, meurt à 1448, et le peuple pieux a vu dans la trahison de ce malheureux Empereur
la cause spirituelle de la chute de Constantinople.
Le peuple orthodoxe à alors dit
qu’il préférait le turban du sultan à la tiare du pape, parce qu’íl comprenait que si les turcs tuaient les corps, les latino-franks tuaient les âmes imposant de force sa dogmatique scolastique.
On nous reproche, quelquefois, l'exposition de la vérité, mais pourquoi ne pas parler si nous avons
toujours les preuves de l'histoire de notre côté?
Comme on voit, la médaille de
l’Empereur infâme, traître et hérétique avec son chapeau de Corte, poinçon, par ailleurs, de Pisanello à Ferrare vers 1438, nous a conduit bien loin de
Saint Jean VIII Pape orthodoxe de Rome, l’ami de Saint Photios.