pour aller dans le sens de ce que dit le lecteur Claude:
sur le lien ci-dessous vous avez l'extrait que je reprend ensuite, ainsi qu'un tableau qui montre les différentes sources utilisées et leur interaction avec les lettres de Saint Germain pour obtenir la liturgie actuelle selon Saint Germain de Paris.
http://orthodoxie.free.fr/cpmmission_1961.htm
LES SOURCES
Parmi les sources, la première place revient incontestablement aux lettres de Saint Germain de Paris, qui décrivent la Divine Liturgie telle qu'elle était célébrée à Paris au VIe siècle ! C'est pourquoi nous avons considéré que la comparaison des lettres De Saint Germain et du texte actuel est de première importance.
Les lettres de Saint Germain se trouvent à Autun, à la Bibliothèque Municipale - Mss G III (184). Elles ont été éditées en plusieurs langues, même en russe. Duchesne, dans son célèbre ouvrage "Origines du Culte Chrétien", les nomme "le plus précieux document pour l'étude du rite des Gaules".
Cette comparaison est présentée sous forme de colonnes contenant le texte de Saint Germain, le texte français de la Liturgie actuelle, et la traduction russe de ce dernier texte. Le résultat de ce seul travail suffit à montrer déjà la fidélité à la Messe du VIe siècle de la Liturgie actuelle. L'on peut dire, en vérité, qu'il s'agit de la même Liturgie, et nullement d'une œuvre de compilation.
Le témoignage si précieux de Saint Germain est renforcé encore, et quelquefois même complété, par ceux des Pères de l'Eglise de la même époque, notamment :
Saint Grégoire de Tours (VI° s.) : Migne, P.L. t.71,
Saint Césaire d'Arles (VI° s.) Migne, P.L. t.67,
Saint Isidore de Tolède (VII° s.) : Migne, P.L. t.81-84.
Ces derniers témoignages concordent aussi parfaitement avec le texte de Saint Germain qu'avec celui de la Liturgie actuelle. Tous indiquent, par exemple, l'exclamation diaconale "Soyons en silence", la bénédiction du prêtre : "Le Seigneur soit toujours avec vous", etc.
Outre ces témoignages patristiques, les Conciles locaux de France qui s'occupèrent des questions liturgiques furent :
1 - le Concile d' Agde (509)
2 - le Concile de Lyon (517)
3 - le Concile de Vaison (529).
Quoique les lettres de Saint Germain, complétées par les autres Pères de l'Eglise et par les Conciles, nous donnent l'ordo de le Divine Liturgie, elles ne nous en fournissent cependant pas les textes complets.
Ces derniers se trouvent dans des ouvrages que l'on appelle en Occident des Missels ou des Sacramentaires. Nous indiquons ci-après ceux des livres qui ont servi à la restauration de l'Ancien Rite des Gaules :
- « Gallicanum Vetus » ou « Vetus Missale Gallicanum » (VI° s.) publié par Mone en 1858 (Migne, P.L. t.72
- « Missale Gothico-Gallicanum ».manuscrit du VIII° siècle contenant des textes du IV° siècle au VIII° siècle, publié par Mabillon au XVIII° s. Migne, P.L. t.72 ;
- « Missel de Stowe », portant le nom du château de Stowe, en Angleterre ; trouvé en Allemagne au XVIII° s., publié par Warren en 1881 ;
- « Sacramentaire de Bobbio », XI° s., contenant des prières plus antiques ; trouvé à Bobbio et publié par Mabillon au XVIII° s., Migne, P.L. t. 72 ;
- « Liber Mozarabicus Sacramentorum », VII° s. publié par Ferotin en 1902 ;
- « Missale Mixtum », nommé "Mixtum" parce qu'il contient un mélange de textes gallicans et romains recueillis par le Cardinal Ximénès au XV° s.
Mais il est bon de se référer aussi aux Missels de rite ambrosien ainsi qu'à ceux des X° et XI° siècles comme, par exemple, les Sacramentaires de Limoges, de Biesca, etc.
Ajoutons à cette liste des Missels et sacramentaires le "Liber Ordini", X° s., édité par Ferotin en 1902, qui donne des détails sur l'ordo de la Divine Liturgie, et "l'Antiphonaire de Bougor", manuscrit du XII° s. mais qui contient les chants beaucoup plus anciens des rites ambrosiens et gallicans ; cet Antiphonaire a été publié en 1796 par Muratori - Migne, P.L. t.72.
Le source du Canon Eucharistique de tous les rites d'Occident est l'œuvre éminente de Saint Ambroise : "De Sacramenti".
Enfin, deux œuvres doivent encore être rappelées ici, bien antérieures à celles des célèbres éditeurs du XVIII° s., tels que Ma billon, Thomasi, etc. : ce sont celles d'Alcuin (IX° s.) qui fut chargé par Charlemagne d'introduire le rite romain en France et qui, par amour pour les textes gallicans, les fit copier comme s'il se fut agit de prières privées ; et celle de Cassandre, théologien belge du XVI° s. qui s'appliqua à retrouver les prières et les hymnes antiques d'Occident.
La vérification du texte de la Divine Liturgie célébrée actuellement permet de constater que les sources susdites ont été exploitées avec le plus grande fidélité, tant dans les prières que dans les moindres détails. Notre comparaison de la Divine Liturgie actuelle avec les lettres de Saint Germain et l'analyse que nous avons faite du Canon Eucharistique fournissent les références essentielles.
LES RESTAURATEURS
Après la vérification du texte actuel comparativement aux sources, nous l'avons examiné dans ses rapports avec les autres restaurateurs et restaurations de l'ancien rite des Gaules.
La première en date de ces restaurations est celle du P. Le Brun (XVIII° s.) qui n'a cessé jusqu'à présent d'être considéré comme un des meilleurs liturgistes. Son travail se trouve dans le troisième volume de l'"Explication de la Messe" (Paris 1777).
D'autres, après le Frère Le Brun, se sont attachés à la même entreprise : les principaux d'entre eux sont notamment :
- Le P. Vladimir Guettée (Orthodoxe) : "Ancienne messe Gallicane" Paris 1872 ;
- Mgr Duchesne : "Origines du Culte Chrétien" - Paris, 1925
- Dom Cabrol, : "Dictionnaire d'Archéologie Chrétienne et de Liturgie"
La comparaison de la Liturgie célébrée actuellement avec les textes de ces quatre restaurations fait apparaître la similitude de la construction chez les cinq auteurs dont les versions ne diffèrent que dans les détails et mettent en évidence que le texte étudié ici a mis en œuvre plus de matériaux que ne l'ont fait les quatre autres auteurs.
EMPRUNTS ORIENTAUX
.Nous avons constaté que, sans jamais briser l'unité du rite, la Liturgie de l'Eglise Orthodoxe de France a fait cependant que les emprunts à l'Orient. Ce sont :
1° - A l'Entrée, la prière à voix basse du prêtre.
2° - La prière à voix basse du prêtre devant l'autel, "Roi du ciel…"
3° - Dans la Litanie, adjonction de :
a - "de notre' Souveraine, la Mère de. Dieu",
b - du mot "orthodoxe", complétant "la foi catholique".
4° - "Que toute chair humaine..." qui, cependant, était probablement chanté jadis en Gaule.
5° - Prière à voix basse du prêtre avant la Grande Entrée : "Aucun de ceux qui ..."
6° - A l'encensement des dons : "Le noble Joseph…"
7° - Dans les diptyques, remplacement de "… et toute fraternité universelle" par "... et pour tous et pour tout"
8° - Les noms apophatiques de la Préface : "Ineffable, Indicible ...", que l'on trouve cependant aussi dans plusieurs Préfaces gallicanes.
9° - Adjonction de "sur nous » dans l’Epiclèse : "… que descende sur nous et sur ce pain et sur cette coupe…"
10° - Triple "Amen" après l’Epiclèse.
11° - Réponse des fidèles à l’exclamation du prêtre : "Les Choses Saintes aux Saints" : "Un Seul est Saint. Un Seul est…"
12° - La prière avant la Communion : "Je crois et je confesse... Accepte-moi...", destinée à donner la même prière à tous les orthodoxes, orientaux et occidentaux (à noter que cette prière se trouve aussi dans l'Ambrosien).
13°- La proclamation du Diacre : "Approchez avec foi et crainte de Dieu"
14° - "Nous avons vu la Vraie Lumière…", comme Tricanon.
CONCLUSION
De tout ce qui précède, des études et des comparaisons auxquelles il a été procédé, il appert avec évidence que la Divine Liturgie telle q'elle est célébrée actuellement dans l'Eglise Orthodoxe de France est entièrement basée sur les sources antiques. Les restaurateurs ont fait preuve, non seulement d'une vaste érudition historique et liturgique, mais aussi de leur fidélité à la tradition, évitant scrupuleusement tout élément d'improvisation personnelle et s'effaçant humblement devant l'héritage des Pères.
Les quelques emprunts faits aux rites d'Orient, aux prières antiques, ont surtout pour but le précision dogmatique et la piété du prêtre, sans porter la moindre atteinte à l'unité organique de la Messe.
Le Canon Eucharistique fait l'objet d'une étude séparée et complète.