Publié : mar. 12 avr. 2005 12:08
Remplace et complète le message de cette nuit que j'ai donc annulé.
Mais bon, faisons un effort de fraternité spécialement pour vous.
Il y a effectivement des similitudes apparentes. Il est clair que pour l’Eglise orthodoxe il n’y a qu’une seule Eglise. Le credo est formel sur ce point. On pourrait applaudir certains passages de "Dominius Iesus" si les articles 16 et 17 ne réaffirmaient pas la primauté du Pape comme successeur de Pierre, ce qui n'a aucun fondement historique ni théologique. La notion d'Eglise dans cette encyclique ne repose explicitement que sur cette pseudo succession qui donne au pape autorité sur tout, le place au-dessus des écritures et des conciles et lui confère l'infaillibilité et la nomination des évêques et cardinaux.
Tout dans le catholicisme est fondé sur ce détournement au profit de la puissance papale. <<Les fidèles sont tenus de professer qu'il existe une continuité historique — fondée sur la succession apostolique entre l'Église instituée par le Christ et l'Église catholique: « C'est là l'unique Église du Christ [...] que notre sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu'il en soit le pasteur (cf. Jn 21,17), qu'il lui confia, à lui et aux autres apôtres, pour la répandre et la diriger (cf. Mt 28,18ss.), et dont il a fait pour toujours la “colonne et le fondement de la vérité” (1 Tm 3,15). Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c'est dans l'Église catholique qu'elle se trouve [subsistit in], gouvernée par le successeur de Pierre et les Évêques qui sont en communion avec lui ». Par l'expression subsistit in, le Concile Vatican II a voulu proclamer deux affirmations doctrinales: d'une part, que malgré les divisions entre chrétiens, l'Église du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Église catholique; d'autre part, « que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures », c'est-à-dire dans les Églises et Communautés ecclésiales qui ne sont pas encore en pleine communion avec l'Église catholique. Mais il faut affirmer de ces dernières que leur « force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l'Église catholique ».>>
On ne peut evidemment pas accepter un tel texte qui contredit toute l'histoire de la papauté et qui la placerait à l'origine de l'Eglise orthodoxe! C'est le monde à l'envers!
Quand vous regardez l'histoire de ce dogme de l'immaculée conception vous constatez qu'il a été déclaré comme hérésie par plusieurs papes. La succession apostolique catholique romaine reposant exclusivement sur cette succession papale qui sacre les évêques pose un problème: soit tous les papes avant Pie IX étaient hérétiques et on se demande alors de qui Pie IX (qui a promulgué ce dogme) et ses successeurs tiennent-ils leur succession apostolique, soit ce sont tous les papes depuis Pie IX qui sont hérétiques et là encore on se demandera où est leur succession apostolique et qu'ont-ils transmis à leurs évêques.
Ce que vous appelez proximité et qui pourrait l'être effectivement si la communauté catholique romaine renonçait à ses hérésies, est justement au contraire ce qui nous sépare. Derrière les mêmes mots nous mettons des réalités différentes rattachées à une ecclésiologie opposée. Par exemple, nous n'avons pas la même incarnation car derrière vous y accolez ce dogme de l'immaculée conception rendant superflu et vide de sens l'incarnation. Tout ce qui sera dit de ce sujet sera toujours défiguré par ce dogme. Quand je lis à l'article 5 de Dominus Iesus:<< Pour remédier à cette mentalité relativiste toujours plus répandue, il faut réaffirmer avant tout que la révélation de Jésus-Christ est définitive et complète. On doit en effet croire fermement que la révélation de la plénitude de la vérité divine est réalisée dans le mystère de Jésus-Christ, Fils de Dieu incarné, qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6)>> Je suis donc prêt à applaudir sauf que la papauté n'a eu de cesse justement de complétér cette révélation par des innovations.
L'article 6 de Jean paul II déclarant dans la foulée:<<Est donc contraire à la foi de l'Église la thèse qui soutient le caractère limité, incomplet et imparfait de la révélation de Jésus-Christ, qui compléterait la révélation présente dans les autres religions. >> Je me demande alors en regard des innovations de la papauté si je ne dois pas classer le catholicisme romain lui-même au rang "autres religions"...
Ce point est particulièrement important puisque l'article 14 déclare à juste titre:<<Il faut donc croire fermement comme vérité de foi catholique que la volonté salvifique universelle du Dieu Un et Trine est manifestée et accomplie une fois pour toutes dans le mystère de l'incarnation, mort et résurrection du Fils de Dieu. >> Alors quid de ce tripatouillage avec l'hérésie de l'immaculée conception? Et l'encyclique poursuivant:<<Les solutions qui envisageraient une action salvifique de Dieu hors de l'unique médiation du Christ seraient contraires à la foi chrétienne et catholique. >>, on se demande à quoi riment les tentatives récentes de qualifier Marie de "co-rédemptrice".
L'Eglise Catholique Romaine condamne elle même le catholicisme romain.
L'ecclésiologie orthodoxe est celle de l'Eglise indivise; l'ecclésiologie papiste est née au deuxième millénaire et s'est installée par la propagation de l'hérésie filioquiste et par le schisme. A tel point que lorsque le cardinal Imbert a apporté la bulle d'excommunication a Constantinople il a accusé les "orientaux" d'avoir enlevé le filioque du credo. Tout était bon dans le mensonge et la falsification pour imposer le papisme. Et le "contre les grecs de Thomas d'Aquin repose sur un recueil de citations falsifiées des Pères qui lui a été fourni par le pape.
Quant à la grâce, ne prenez pas l’Economie de l’Eglise et sa miséricorde pour sa dogmatique.
Par exemple l’Eglise se réfère pour la réception dans l’Eglise , au canon 95 du concile in Trullo qui énumère le re-baptême, la chrismation et la pénitence. On n'y dit rien concernant l’hérésie catholique romaine qui n’existait pas à l’époque. La non- efficience du baptême des hérétiques est soulignée par les canons apostoliques 47 et 68 qui énonce que « tous les sacrements des hérétiques sont faux ». Théologiquement donc tous les non-orthodoxes sont hérétiques. Cependant l’Eglise applique une économie qui peut vous sembler contredire dans sa pratique ses canons et les adoucir. C’est parce qu’elle tient miséricordieusement compte de la faiblesse humaine, et appréhende la réalité mystérieuse intime de chaque personne d'une façon holistique. Elle ne refait pas un baptême administré au nom de la Sainte Trinité même si le contenu explicite de la formule comporte une hérésie aussi grave que l’arianisme ou que le filioque. Ne retournez donc pas la miséricorde de l’Eglise contre elle-même en l’enfermant dans une contradiction qui n’est que le fruit de l'hétérodoxie. N’allez pas en déduire que le baptême hétérodoxe devient donc valide et que cela vaut pour une reconnaissance sacramentelle et une reconnaissance de la présence de la grâce mystérique dans le catholicisme.
Le texte PRINCIPES FONDAMENTAUX RÉGISSANT LES RELATIONS DE L'ÉGLISE ORTHODOXE RUSSE AVEC L'HÉTÉRODOXIE que j'ai cité ci dessus clarifie les relations ecclésiales que l’on peut avoir avec les hétérodoxes. Le terme "hétérodoxe" est explicite et ne laisse planer aucun doute sur la catégorie dans laquelle l’Eglise place les catholiques romains. Ils sont hétérodoxes à nos yeux c’est à dire dans l’hérésie.
C’est dans ce contexte qu’il convient de lire la totalité du texte.
Vous remarquerez que le texte du patriarcat de moscou ne parle pas de la grâce mais de la vie de grâce. Jean-Louis Palierne a exprimé la même chose dans une excellente formulation qui invite à la prière et à l'espérance, lorsqu’il a écrit ci-dessus : « Le baptême vide des hérétiques est aussi, sans qu'ils le sachent un appel adressée à l'Église. » L’article d’ailleurs précise bien : « Malgré la rupture de l'unité, il reste une certaine communion incomplète, qui agit comme le gage de la possibilité du retour à l'unité dans l'Église dans la plénitude et l'unité catholique. » Cette "possibilité de retour" serait impossible sans cette "vie de grâce". Lorsque dans les annexes du texte l'assemblée de l'Eglise Russe reconnait qu'il y a une succession apostolique chez les latins elle signifie qu'une partie de la chaîne apostolique se trouve dans l'Eglise et que l'autre n'y est plus. Lorsqu'un pape sera revenu à la foi de l'Eglise indivise des conciles oecuméniques du 1er millénaire, il suffira de couper les maillons recouverts de rouille hérétique et de joindre ce dernier maillon papal à celui de Jean XVIII, dernier pape orthodoxe romain remplacé par le pape germanique Serge IV qui usurpa le patriarcat orthodoxe de Rome et écrivit aux quatre autres patriarches une lettre de communion ratifiant l'hérésie filioquiste. C'est à cette date de 1009 et non en 1053 qu'il faudra remonter, date à laquelle les 4 patriarches rompirent toute communion avec le pape . Le successeur Benoit VIII insèrera quelques années plus tard le filioque dans le Credo et 1053 n'est que la triste histoire de la bulle apportée à Constantinople.
Dans cette perspective utopique une chrismation générale s'imposera pour un retour de Rome au sein de l'Eglise. C'est toujours en gardant le souvenir de cette appartenance de Rome à l'Eglise et dans l'espérance de son retour que l'Eglise orthodoxe traite de la Rome actuelle. Alors qu'en face le catholicisme ne regarde la chétienté qu'à travers le prisme de l'hérésie papiste.
L’Eglise orthodoxe a conscience de la plénitude dont elle est seule porteuse comme le texte l’indique dans l’article 1-1. Elle sait bien également que "toute scission, tout schisme conduisent à un degré ou à un autre à déchoir de la plénitude ecclésiale",comme elle l’écrit dans l’article 1-14. Elle ne s’octroie pas le droit de juger du niveau de cette déchéance ne se substituant pas au jugement de Dieu qui seul sonde les reins et les cœurs. Mais en aucun cas elle ne reconnaît de validité aux actes "sacramentaux" perpétrés chez les hétérodoxes. (Je mets des guillemets car le terme "sacrement" en soi n'est pas orthodoxe. L'orthodoxie connait les "mystères" et ne les limite pas à une liste établie comme l'a fait le concile de trente qui poursuit d'anathème ceux qui ne s'en tiennent pas strictement à sa liste.Tout acte d'Eglise est mystérique puisque l'Eglise est le lieu de l'Esprit saint.)
Quand nous disons qu’il n’y a pas la grâce chez les hétérodoxes nous signifions qu’il n’y a pas de vie mystérique en plénitude, ce qui ne veut pas dire que l’Esprit Saint, lui, est totalement absent et n’a aucune action au sein de ces communautés hétérodoxes. Il souffle où il veut afin d’amener, dans la synergie, les hétérodoxes à la Véritable Eglise du Christ qu’est l’Eglise Orthodoxe car, précise l’article 2-3, "l'unité authentique n'est possible que dans le sein de l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Tous les autres " modèles " de l'unité sont irrecevables "
Et l’aticle 2-7 vous indique l’attitude à adopter pour réintégrer le giron de l’Eglise : "Ceux qui ont déchu de l'Église ne peuvent lui être à nouveau unis dans l'état où ils se trouvent actuellement ; les divergences dogmatiques doivent être surmontées et pas seulement contournées. ". L'oecuménisme excelle dans ces contournements et vise l'union sans l'unité.
Cette clarification montre que pour Rome (qui s'auto-proclame Eglise Mère) il n'est pas question de considérer toute autre Eglise que les Eglises particulières catholiques romaines comme Eglises soeurs. Pour Rome seules celles qui reconnaissent sa suprématie sont considérées comme soeurs. Alors qu'est-ce qu'une Eglise qui n'est pas soeur? Il est évident qu'elle n'est pas une Eglise. Il y a Eglise Mère et Eglises soeurs. Ecclésiologiquement Eglise tout court n'a pas de sens sauf à globaliser Eglise Mère + Eglises soeurs catholiques romaines. Vous verrez ainsi qu'il y a un double langage permanent de JP II et que l'oecuménisme n'est qu'un leurre.
Je ne vois pas comment l'Eglise pourrait avoir deux poumons : un qui est l'Eglise et un autre qui ne l'est pas.
L'introduction de Dominus Iesus parle de <<la subsistance de l'unique Église du Christ dans l'Église catholique>> et l'article 15:<<l'Église du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Église catholique>> Cette encyclique du pape ainsi que le document ci-dessous contredisent donc explicitement sa propre expression des "deux poumons" :
Sur l'usage approprié de l'expression « Églises soeurs »
Note de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur l'expression « Églises soeurs »
Avant la publication du document Dominus Iesus, le 5 septembre dernier, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi avait fait parvenir, fin juin, une note aux évêques du monde entier sur l'usage approprié de l'expression « Églises soeurs ». Ce document devait rester confidentiel et de fait n'a pas été rendu public par le Saint-Siège. Cependant, dans plusieurs pays, à partir d'une version anglaise publiée fin août par l'agence américaine CNS, cette note, signée par le cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et Mgr Tarcisio Bertone, Secrétaire, a été l'objet de nombreux commentaires.
(Cette introduction ci-dessus a été écrite par la Documentation Catholique)
10. En effet, au sens propre, les Églises soeurs sont uniquement les Églises particulières entre elles (ou les regroupements d'Églises particulières, par exemple les Patriarcats entre eux ou les Provinces ecclésiastiques entre elles) (7). Il doit toujours rester clair, même quand l'expression Églises soeurs est utilisée dans ce sens propre, que l'Église universelle, une, sainte, catholique et apostolique, n'est pas la soeur, mais la mère de toutes les Églises particulières (8).
11. On peut aussi parler d'Églises soeurs, au sens figuré, en référence à des Églises particulières catholiques et non catholiques ; et donc même l'Église particulière de Rome peut être dite soeur de toutes les Églises particulières. Mais, comme rappelé ci-dessus, on ne peut dire, au sens propre, que l'Église catholique soit soeur d'une Église particulière ou d'un groupe d'Églises. Il ne s'agit pas seulement d'une question de terminologie, mais surtout du respect d'une vérité fondamentale de la foi catholique : celle de l'unicité de l'Église du Christ. Il existe, en effet, une unique Église (9), et le pluriel Églises ne peut se référer qu'aux Églises particulières.
Par conséquent, il faut éviter l'usage de formules comme « nos deux Églises », parce qu'elles sont sources de malentendus et de confusion théologique : elles insinuent, si elles sont appliquées à l'Église catholique et à l'ensemble de l'Église orthodoxe (ou à une Église orthodoxe), une pluralité non seulement au niveau des Églises particulières, mais à celui de l'Église une, sainte, catholique et apostolique, proclamée dans le Credo, dont l'existence est ainsi offusquée.
Joseph cardinal RATZINGER
L'introduction de "Dominus Iesus" édicte: "Tels sont les contenus fondamentaux de la profession de foi chrétienne:" Et bien entendu, elle commence par un credo falsifié . Le Pape sait très bien que le "filioque" est une adjonction récusée par les conciles qui ont scellé le texte et continue à faire croire à tous les catholiques romains qu'il s'agit du symbole authentique de l'Eglise. Comment voulez-vous aller plus loin avec un interlocuteur qui persite dans l'ignominie et la fourberie? Après cette introduction de l'encyclique il y a devoir de clore la discussion au nom de la vérité de la foi car on ne peut pas accepter que ce credo falsifié fasse partie :<<des vérités qui appartiennent au patrimoine de foi de l'Église>> Et vous même de votre côté vous êtes invité par cette introduction de Dominus Iesus à quitter <<l'attitude relativiste vis-à-vis de la vérité, entraînant que ce qui est vrai pour certains ne le serait pas pour d'autres>> Alors qu'allez vous faire de ce credo?Thomas a écrit :J'ai pris connaissance avec intérêt du texte de l'Eglise orthodoxe russe sur le dialogue oecuménique. Et ce qui m'a vraiment étonné, c'est qu'il est très proche en esprit d'un texte récent de la congrégation pour la doctrine de la foi : Dominus Iesus (août 2000) ; je vous renvoie aux plus particulièrement aux paragraphes 16 et 17.
Mais bon, faisons un effort de fraternité spécialement pour vous.
Il y a effectivement des similitudes apparentes. Il est clair que pour l’Eglise orthodoxe il n’y a qu’une seule Eglise. Le credo est formel sur ce point. On pourrait applaudir certains passages de "Dominius Iesus" si les articles 16 et 17 ne réaffirmaient pas la primauté du Pape comme successeur de Pierre, ce qui n'a aucun fondement historique ni théologique. La notion d'Eglise dans cette encyclique ne repose explicitement que sur cette pseudo succession qui donne au pape autorité sur tout, le place au-dessus des écritures et des conciles et lui confère l'infaillibilité et la nomination des évêques et cardinaux.
Tout dans le catholicisme est fondé sur ce détournement au profit de la puissance papale. <<Les fidèles sont tenus de professer qu'il existe une continuité historique — fondée sur la succession apostolique entre l'Église instituée par le Christ et l'Église catholique: « C'est là l'unique Église du Christ [...] que notre sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu'il en soit le pasteur (cf. Jn 21,17), qu'il lui confia, à lui et aux autres apôtres, pour la répandre et la diriger (cf. Mt 28,18ss.), et dont il a fait pour toujours la “colonne et le fondement de la vérité” (1 Tm 3,15). Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c'est dans l'Église catholique qu'elle se trouve [subsistit in], gouvernée par le successeur de Pierre et les Évêques qui sont en communion avec lui ». Par l'expression subsistit in, le Concile Vatican II a voulu proclamer deux affirmations doctrinales: d'une part, que malgré les divisions entre chrétiens, l'Église du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Église catholique; d'autre part, « que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures », c'est-à-dire dans les Églises et Communautés ecclésiales qui ne sont pas encore en pleine communion avec l'Église catholique. Mais il faut affirmer de ces dernières que leur « force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l'Église catholique ».>>
On ne peut evidemment pas accepter un tel texte qui contredit toute l'histoire de la papauté et qui la placerait à l'origine de l'Eglise orthodoxe! C'est le monde à l'envers!
Quand vous regardez l'histoire de ce dogme de l'immaculée conception vous constatez qu'il a été déclaré comme hérésie par plusieurs papes. La succession apostolique catholique romaine reposant exclusivement sur cette succession papale qui sacre les évêques pose un problème: soit tous les papes avant Pie IX étaient hérétiques et on se demande alors de qui Pie IX (qui a promulgué ce dogme) et ses successeurs tiennent-ils leur succession apostolique, soit ce sont tous les papes depuis Pie IX qui sont hérétiques et là encore on se demandera où est leur succession apostolique et qu'ont-ils transmis à leurs évêques.
Ce que vous appelez proximité et qui pourrait l'être effectivement si la communauté catholique romaine renonçait à ses hérésies, est justement au contraire ce qui nous sépare. Derrière les mêmes mots nous mettons des réalités différentes rattachées à une ecclésiologie opposée. Par exemple, nous n'avons pas la même incarnation car derrière vous y accolez ce dogme de l'immaculée conception rendant superflu et vide de sens l'incarnation. Tout ce qui sera dit de ce sujet sera toujours défiguré par ce dogme. Quand je lis à l'article 5 de Dominus Iesus:<< Pour remédier à cette mentalité relativiste toujours plus répandue, il faut réaffirmer avant tout que la révélation de Jésus-Christ est définitive et complète. On doit en effet croire fermement que la révélation de la plénitude de la vérité divine est réalisée dans le mystère de Jésus-Christ, Fils de Dieu incarné, qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6)>> Je suis donc prêt à applaudir sauf que la papauté n'a eu de cesse justement de complétér cette révélation par des innovations.
L'article 6 de Jean paul II déclarant dans la foulée:<<Est donc contraire à la foi de l'Église la thèse qui soutient le caractère limité, incomplet et imparfait de la révélation de Jésus-Christ, qui compléterait la révélation présente dans les autres religions. >> Je me demande alors en regard des innovations de la papauté si je ne dois pas classer le catholicisme romain lui-même au rang "autres religions"...
Ce point est particulièrement important puisque l'article 14 déclare à juste titre:<<Il faut donc croire fermement comme vérité de foi catholique que la volonté salvifique universelle du Dieu Un et Trine est manifestée et accomplie une fois pour toutes dans le mystère de l'incarnation, mort et résurrection du Fils de Dieu. >> Alors quid de ce tripatouillage avec l'hérésie de l'immaculée conception? Et l'encyclique poursuivant:<<Les solutions qui envisageraient une action salvifique de Dieu hors de l'unique médiation du Christ seraient contraires à la foi chrétienne et catholique. >>, on se demande à quoi riment les tentatives récentes de qualifier Marie de "co-rédemptrice".
L'Eglise Catholique Romaine condamne elle même le catholicisme romain.
L'ecclésiologie orthodoxe est celle de l'Eglise indivise; l'ecclésiologie papiste est née au deuxième millénaire et s'est installée par la propagation de l'hérésie filioquiste et par le schisme. A tel point que lorsque le cardinal Imbert a apporté la bulle d'excommunication a Constantinople il a accusé les "orientaux" d'avoir enlevé le filioque du credo. Tout était bon dans le mensonge et la falsification pour imposer le papisme. Et le "contre les grecs de Thomas d'Aquin repose sur un recueil de citations falsifiées des Pères qui lui a été fourni par le pape.
Quant à la grâce, ne prenez pas l’Economie de l’Eglise et sa miséricorde pour sa dogmatique.
Par exemple l’Eglise se réfère pour la réception dans l’Eglise , au canon 95 du concile in Trullo qui énumère le re-baptême, la chrismation et la pénitence. On n'y dit rien concernant l’hérésie catholique romaine qui n’existait pas à l’époque. La non- efficience du baptême des hérétiques est soulignée par les canons apostoliques 47 et 68 qui énonce que « tous les sacrements des hérétiques sont faux ». Théologiquement donc tous les non-orthodoxes sont hérétiques. Cependant l’Eglise applique une économie qui peut vous sembler contredire dans sa pratique ses canons et les adoucir. C’est parce qu’elle tient miséricordieusement compte de la faiblesse humaine, et appréhende la réalité mystérieuse intime de chaque personne d'une façon holistique. Elle ne refait pas un baptême administré au nom de la Sainte Trinité même si le contenu explicite de la formule comporte une hérésie aussi grave que l’arianisme ou que le filioque. Ne retournez donc pas la miséricorde de l’Eglise contre elle-même en l’enfermant dans une contradiction qui n’est que le fruit de l'hétérodoxie. N’allez pas en déduire que le baptême hétérodoxe devient donc valide et que cela vaut pour une reconnaissance sacramentelle et une reconnaissance de la présence de la grâce mystérique dans le catholicisme.
Le texte PRINCIPES FONDAMENTAUX RÉGISSANT LES RELATIONS DE L'ÉGLISE ORTHODOXE RUSSE AVEC L'HÉTÉRODOXIE que j'ai cité ci dessus clarifie les relations ecclésiales que l’on peut avoir avec les hétérodoxes. Le terme "hétérodoxe" est explicite et ne laisse planer aucun doute sur la catégorie dans laquelle l’Eglise place les catholiques romains. Ils sont hétérodoxes à nos yeux c’est à dire dans l’hérésie.
C’est dans ce contexte qu’il convient de lire la totalité du texte.
Il est incontestable historiquement et théologiquement que c'est Rome qui s'est séparée du reste de l'Eglise. et elle n'est pas fondée à appeler les orthodoxes des "séparés"comme le fait l'encyclique Dominus Iesus. On ne dit rien d’autre ici qu'un chrétien se définit en référence à l’Ecriture, la foi en l’incarnation et la résurrection. Nous avons toujours reconnu que les protestants et les catholiques romains étaient des chrétiens et qu’en cela ils étaient nos frères en Christ. Il me semble même avoir justifié il y a peu cette expression sur le forum, appuyé en cela par Jean-Louis Palierne.L'article 1-16 a écrit : <<La situation ecclésiale des séparés ne se prête pas à une définition univoque. Dans le monde chrétien divisé, il y a un certain nombre de signes qui l'unissent : ce sont la Parole de Dieu, la foi au Christ comme Dieu et Sauveur venu dans la chair (1 Jn 1, 1-2 ; 4, 2, 9) et une piété sincère.>>
L’Eglise supprime la communion avec les communautés hérétiques et prononce les anathèmes qu’elles juge nécéssaire de proclamer. Le fait de ne pas se prononcer sur l'état de déchéance d'une communauté hétérodoxe n’est en aucun cas une reconnaissance de la grâce ou de la validité sacramentelle. Simplement en l’état actuel des choses l'Eglise ne peut se reconnaître en tant qu’Eglise corps du Christ dans la communauté hétérodoxe visée . Sinon elle rétablirait immédiatement la communion, consciente que la seule attitude devant le corps et sang Eucharistique du Christ est l’agenouillement dans la métanoïa. Pour Rome c'est un peu différent puisque la seule chose qu'elle exige pour une réconciliation c'est la reconnaissance de sa primauté. ça ne lui coute rien de considérer comme valides les sacrements orthodoxes. Pour elle la plénitude c'est le papisme. Le reste ne l'intéresse pas et elle est prête à laisser aux "séparés" l'entière disposition de leurs dogmes et rites du moment qu'ils reconnaissent la primauté .L'article 1-17 a écrit : L'existence de divers modes de réception (par le Baptême, par la Chrismation, par la Pénitence) montre que l'Église orthodoxe a une approche différenciée des autres confessions. Le critère est la mesure dans laquelle ont été conservées la foi et les institutions ecclésiastiques, ainsi que les normes de la vie spirituelle chrétienne. Mais en établissant divers modes de réception, l'Église orthodoxe ne porte pas de jugement sur le degré de conservation ou d'altération de la vie de grâce dans l'hétérodoxie, estimant que c'est le secret de la Providence et du jugement divin.
Vous remarquerez que le texte du patriarcat de moscou ne parle pas de la grâce mais de la vie de grâce. Jean-Louis Palierne a exprimé la même chose dans une excellente formulation qui invite à la prière et à l'espérance, lorsqu’il a écrit ci-dessus : « Le baptême vide des hérétiques est aussi, sans qu'ils le sachent un appel adressée à l'Église. » L’article d’ailleurs précise bien : « Malgré la rupture de l'unité, il reste une certaine communion incomplète, qui agit comme le gage de la possibilité du retour à l'unité dans l'Église dans la plénitude et l'unité catholique. » Cette "possibilité de retour" serait impossible sans cette "vie de grâce". Lorsque dans les annexes du texte l'assemblée de l'Eglise Russe reconnait qu'il y a une succession apostolique chez les latins elle signifie qu'une partie de la chaîne apostolique se trouve dans l'Eglise et que l'autre n'y est plus. Lorsqu'un pape sera revenu à la foi de l'Eglise indivise des conciles oecuméniques du 1er millénaire, il suffira de couper les maillons recouverts de rouille hérétique et de joindre ce dernier maillon papal à celui de Jean XVIII, dernier pape orthodoxe romain remplacé par le pape germanique Serge IV qui usurpa le patriarcat orthodoxe de Rome et écrivit aux quatre autres patriarches une lettre de communion ratifiant l'hérésie filioquiste. C'est à cette date de 1009 et non en 1053 qu'il faudra remonter, date à laquelle les 4 patriarches rompirent toute communion avec le pape . Le successeur Benoit VIII insèrera quelques années plus tard le filioque dans le Credo et 1053 n'est que la triste histoire de la bulle apportée à Constantinople.
Dans cette perspective utopique une chrismation générale s'imposera pour un retour de Rome au sein de l'Eglise. C'est toujours en gardant le souvenir de cette appartenance de Rome à l'Eglise et dans l'espérance de son retour que l'Eglise orthodoxe traite de la Rome actuelle. Alors qu'en face le catholicisme ne regarde la chétienté qu'à travers le prisme de l'hérésie papiste.
L’Eglise orthodoxe a conscience de la plénitude dont elle est seule porteuse comme le texte l’indique dans l’article 1-1. Elle sait bien également que "toute scission, tout schisme conduisent à un degré ou à un autre à déchoir de la plénitude ecclésiale",comme elle l’écrit dans l’article 1-14. Elle ne s’octroie pas le droit de juger du niveau de cette déchéance ne se substituant pas au jugement de Dieu qui seul sonde les reins et les cœurs. Mais en aucun cas elle ne reconnaît de validité aux actes "sacramentaux" perpétrés chez les hétérodoxes. (Je mets des guillemets car le terme "sacrement" en soi n'est pas orthodoxe. L'orthodoxie connait les "mystères" et ne les limite pas à une liste établie comme l'a fait le concile de trente qui poursuit d'anathème ceux qui ne s'en tiennent pas strictement à sa liste.Tout acte d'Eglise est mystérique puisque l'Eglise est le lieu de l'Esprit saint.)
Quand nous disons qu’il n’y a pas la grâce chez les hétérodoxes nous signifions qu’il n’y a pas de vie mystérique en plénitude, ce qui ne veut pas dire que l’Esprit Saint, lui, est totalement absent et n’a aucune action au sein de ces communautés hétérodoxes. Il souffle où il veut afin d’amener, dans la synergie, les hétérodoxes à la Véritable Eglise du Christ qu’est l’Eglise Orthodoxe car, précise l’article 2-3, "l'unité authentique n'est possible que dans le sein de l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Tous les autres " modèles " de l'unité sont irrecevables "
Et l’aticle 2-7 vous indique l’attitude à adopter pour réintégrer le giron de l’Eglise : "Ceux qui ont déchu de l'Église ne peuvent lui être à nouveau unis dans l'état où ils se trouvent actuellement ; les divergences dogmatiques doivent être surmontées et pas seulement contournées. ". L'oecuménisme excelle dans ces contournements et vise l'union sans l'unité.
Le pape a aussi affirmé le contraire dans la note récente de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur l'expression « Églises soeurs ».Thomas a écrit :Le pape Paul VI, puis Jean-Paul II après lui, ont utilisé l'image des "deux poumons de l'Eglise" pour signifier les relations unissant l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe. Que pensez-vous de cette expression ?
Cette clarification montre que pour Rome (qui s'auto-proclame Eglise Mère) il n'est pas question de considérer toute autre Eglise que les Eglises particulières catholiques romaines comme Eglises soeurs. Pour Rome seules celles qui reconnaissent sa suprématie sont considérées comme soeurs. Alors qu'est-ce qu'une Eglise qui n'est pas soeur? Il est évident qu'elle n'est pas une Eglise. Il y a Eglise Mère et Eglises soeurs. Ecclésiologiquement Eglise tout court n'a pas de sens sauf à globaliser Eglise Mère + Eglises soeurs catholiques romaines. Vous verrez ainsi qu'il y a un double langage permanent de JP II et que l'oecuménisme n'est qu'un leurre.
Je ne vois pas comment l'Eglise pourrait avoir deux poumons : un qui est l'Eglise et un autre qui ne l'est pas.
L'introduction de Dominus Iesus parle de <<la subsistance de l'unique Église du Christ dans l'Église catholique>> et l'article 15:<<l'Église du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Église catholique>> Cette encyclique du pape ainsi que le document ci-dessous contredisent donc explicitement sa propre expression des "deux poumons" :
Sur l'usage approprié de l'expression « Églises soeurs »
Note de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur l'expression « Églises soeurs »
Avant la publication du document Dominus Iesus, le 5 septembre dernier, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi avait fait parvenir, fin juin, une note aux évêques du monde entier sur l'usage approprié de l'expression « Églises soeurs ». Ce document devait rester confidentiel et de fait n'a pas été rendu public par le Saint-Siège. Cependant, dans plusieurs pays, à partir d'une version anglaise publiée fin août par l'agence américaine CNS, cette note, signée par le cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et Mgr Tarcisio Bertone, Secrétaire, a été l'objet de nombreux commentaires.
(Cette introduction ci-dessus a été écrite par la Documentation Catholique)
10. En effet, au sens propre, les Églises soeurs sont uniquement les Églises particulières entre elles (ou les regroupements d'Églises particulières, par exemple les Patriarcats entre eux ou les Provinces ecclésiastiques entre elles) (7). Il doit toujours rester clair, même quand l'expression Églises soeurs est utilisée dans ce sens propre, que l'Église universelle, une, sainte, catholique et apostolique, n'est pas la soeur, mais la mère de toutes les Églises particulières (8).
11. On peut aussi parler d'Églises soeurs, au sens figuré, en référence à des Églises particulières catholiques et non catholiques ; et donc même l'Église particulière de Rome peut être dite soeur de toutes les Églises particulières. Mais, comme rappelé ci-dessus, on ne peut dire, au sens propre, que l'Église catholique soit soeur d'une Église particulière ou d'un groupe d'Églises. Il ne s'agit pas seulement d'une question de terminologie, mais surtout du respect d'une vérité fondamentale de la foi catholique : celle de l'unicité de l'Église du Christ. Il existe, en effet, une unique Église (9), et le pluriel Églises ne peut se référer qu'aux Églises particulières.
Par conséquent, il faut éviter l'usage de formules comme « nos deux Églises », parce qu'elles sont sources de malentendus et de confusion théologique : elles insinuent, si elles sont appliquées à l'Église catholique et à l'ensemble de l'Église orthodoxe (ou à une Église orthodoxe), une pluralité non seulement au niveau des Églises particulières, mais à celui de l'Église une, sainte, catholique et apostolique, proclamée dans le Credo, dont l'existence est ainsi offusquée.
Joseph cardinal RATZINGER