Publié : mer. 01 févr. 2006 11:16
Au sujet du père Justin Popovitch, qui fut l'auteur de la "Dogmatique de l'Église orthodoxe", il avait, dans les années 1920, préparé une thèse (qui fut acceptée en 1925 par la Faculté de Théologie de l'Université de Thessalonique) sur "Le Problème de la Personne et de la Connaissance selon saint Macaire d'Égypte". Il enseignait alors au Séminaire de Sremski Harlovtsy, où la Théologie académique régnait alors en maître. Alors qu'il en achevait la rédaction, son manuscrit (alors unique exemplaire) fut volé dans sa chambre en son absence, et ne put jamais être retrouvé. Le père Justin put en reconstituer le texte parce qu'il avait pris des notes abondantes au crayon dans les marges de l'exemplaire de l'ouvrage de saint Macaire qu'il possédait. C'est cette deuxième rédaction qui fut couronnée par le jury.
Cette petite histoire pour montrer à quel point une hostilité profonde opposait les tenants de la théologie académique "officielle" aux partisans du "retour aux Pères", c'est-à-dire de la Théologie "néo-patristique", dont le père Justin faisait partie.
Dans le livre intitulé “Les Voies de la connaissance de Dieu”, paru à l’Âge d’homme en 1998, j’ai rassemblé trois textes du père Justin : la thèse ci-dessus, un article de 1927 sur “la Gnoséologie de saint Isaac le Syrien”, et “Cent chapitres ascétiques et gnoséologiques et mystiques”, rassemblés par son disciple, le père Athanase Jevtitch. Sous le nom de “gnoséologie orthodoxe” le père Justin entendait un mode de connaissance spirituelle que non seuilement la théologie académique ignore, mais qu’elle s’efforce d’étouffer.
Les difficultés ne s'arrêtèrent pas là, et publiant, peu avant la Seconde Guerre mondiale, le premier tome de sa "Dogmatique", le père Justin dut, par esprit d'obéissance mais à contre-cœur, accepter de présenter cette partie liminaire en observant les règles de l'académisme, commençant l'exposé du Dogme par une "Théodicée" de type métaphysique : de l'existence de Dieu, des attributs divins, puis un court exposé sur la Sainte Trinité, Dieu comme Créateur, et enfin la Providence divine. Mais le père Justin savait faire éclater ces cadres étouffants en quelque sorte de l’intérieur pour y faire pénétrer le souffle de l”Esprit.
Le tome II, paru peu après, s'affranchit un peu de ces impératifs. Le tome III parut 40 ans plus tard, et le père Justin, bien que physiquement prisonnier des communistes, avait acquis une autorité spirituelle qui lui permettait de dire ce qu’il voulait (dans ma traduction française, ce tome III forme les tomes III, IV et V)
Aucun théologien digne de ce nom ne pourrait plus aujourd’hui se permettre de revenir à la théologie académique. Seuls quelques zélotes attardés la répètent encore de nos jours.
Cette petite histoire pour montrer à quel point une hostilité profonde opposait les tenants de la théologie académique "officielle" aux partisans du "retour aux Pères", c'est-à-dire de la Théologie "néo-patristique", dont le père Justin faisait partie.
Dans le livre intitulé “Les Voies de la connaissance de Dieu”, paru à l’Âge d’homme en 1998, j’ai rassemblé trois textes du père Justin : la thèse ci-dessus, un article de 1927 sur “la Gnoséologie de saint Isaac le Syrien”, et “Cent chapitres ascétiques et gnoséologiques et mystiques”, rassemblés par son disciple, le père Athanase Jevtitch. Sous le nom de “gnoséologie orthodoxe” le père Justin entendait un mode de connaissance spirituelle que non seuilement la théologie académique ignore, mais qu’elle s’efforce d’étouffer.
Les difficultés ne s'arrêtèrent pas là, et publiant, peu avant la Seconde Guerre mondiale, le premier tome de sa "Dogmatique", le père Justin dut, par esprit d'obéissance mais à contre-cœur, accepter de présenter cette partie liminaire en observant les règles de l'académisme, commençant l'exposé du Dogme par une "Théodicée" de type métaphysique : de l'existence de Dieu, des attributs divins, puis un court exposé sur la Sainte Trinité, Dieu comme Créateur, et enfin la Providence divine. Mais le père Justin savait faire éclater ces cadres étouffants en quelque sorte de l’intérieur pour y faire pénétrer le souffle de l”Esprit.
Le tome II, paru peu après, s'affranchit un peu de ces impératifs. Le tome III parut 40 ans plus tard, et le père Justin, bien que physiquement prisonnier des communistes, avait acquis une autorité spirituelle qui lui permettait de dire ce qu’il voulait (dans ma traduction française, ce tome III forme les tomes III, IV et V)
Aucun théologien digne de ce nom ne pourrait plus aujourd’hui se permettre de revenir à la théologie académique. Seuls quelques zélotes attardés la répètent encore de nos jours.