Louis XVI martyr royal et prophétique ?

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Renaud
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Message par Renaud »

Si je m'en souviens bien ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais etait ce leurs faute si leurs attaque de Toulon s'opposa au meilleur général de la période, j'ai nommé Napoléon Bonaparte.

En ce qui concerne les protestants francais ils connurent durant la révolution, la terreur des "blancs" qui mettait dans le même sac, jacobins et réformés.
eliazar
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Louis XVI martyr

Message par eliazar »

Je ne prétends pas avoir une documentation exhaustive sur le sujet, mais je n'ai pas encore pu vérifier s'il existe un seul auteur sérieux qui ait soutenu la thèse selon laquelle les Anglais auraient vraiment eu l'intention d'aider au rétablissement sur le trône de France d'une royauté qui se serait à nouveau intéressée à sa présence sur toutes les mers du globe (alors que la République était amicalement en train de leur détruire l'ex Marine Royale qui avait tant ennuyé MM. Les Anglais dans les deux siècles précédents, ce que le Premier Consul, puis l'Empereur qui lui succéda continua en toute fidélité maçonnique) et qui avait si peu de chances de soutenir à l'avenir les visées du protestantisme anglais alors qu'historiquement, elle n'avait cessé de combattre le protestantisme partout où il se profilait - et même dans les pays voisins comme par exemple en Flandres-Pays Bas.

J'ai pu trouver au contraire une liste de ceux qui soutiennent la thèse opposée selon laquelle nos amis d'outre Manche étaient passionnément intéressés à favoriser l'installation durable en France d'une République maçonnique de bonne compagnie (pour leurs intérêts dans les cinq parties du monde) et assidue à ruiner l'industrie concurrente que les Manufactures Royales avaient engendrée contre ces mêmes intérêts britanniques.

Cette liste, même modeste, encombrerait inutilement les colonnes de ce Forum exclusivement consacré à l'Orthodoxie, comme vous l'avez compris.

Ajouterais-je néanmoins une toute petite note personnelle ? Une fois n'est pas coutume ...!

Le choix de la presqu'île de Quiberon - tout en ayant l'air de vouloir incontestablement aider les Blancs (d'incontestables amis de la Couronne Britannique) à y débarquer pour venger le Trône de Versailles (unique objet de son ressentiment) - me semble représenter à la perfection une sorte d'idéal topographico-stratégique propre à faire héroïquement massacrer les nobles défenseurs de la Royauté...que les Bleus (de vulgaires ennemis, bien sûr) n'auraient plus qu'à y cueillir, une fois dûment avertis, après les y avoir coincés.

Les nobles amis "Blancs" de la Chouannerie dont vous parlez ne furent-ils pas ce jour-là merveilleusement aidés par la Couronne Britannique à gagner le Ciel ?

Et n'est-ce pas le plus grand bienfait qu'un ami puisse procurer à ses amis ? Par ses prières - et même, s'il en a le pouvoir, en joignant les actes à ses seules pieuses intentions ?

Vous ne seriez pas, ô Hilaire, un contempteur attardé de la Couronne Britannique ? j'ose espérer que nenni, ma doué !
hilaire
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Message par hilaire »

ma doué benniget ! un niçois bretonnant!

plus sérieusement, avant le marchepied pour l'autre monde que constitua le massacre de quiberon, il y a tout de même eu le "précédent" de la Virée de Gwalarn (ou Galerne en français). Pour faire court, on dira que c' est une campagne militaire de la Guerre de Vendée pendant la révolution française. Elle tire son nom de "gwalarn", mot breton qui désigne un vent marin, de noroît si mes souvenirs de matelotage sont exacts.

ce fût une sorte de calvaire en 1793, traversée de la Loire pour se rendre à Granville dans l'espoir d'y trouver des renforts d'Angleterre (qui ne sont jamais venu) N'ayant pu prendre la ville l'armée vendéenne se replia vers Savenay (23 décembre 1793) où elle est intégralement décimée par les troupes du général Kléber (ça valait bien un nom de boulevard non?).

à partir de ce jour on considère que la guerre de Vendée est passée à de la résistance plus diffuse...

l'épisode de Quiberon succède cet évènement, en 1795 donc, quatorze mille Chouans se rassemblent près de Quiberon, aux rdres de Cadoudal qui une première fois emprisonné puis évadé continuait de résister. et vers la fin du mois de juin c'est le débarquement en baie de Carnac, de quatre mille émigrés, soutenus par les Anglais. À Vannes ils se heurtent à Hoche (place Hoche à Versailles on voit une statue du bonhomme, avec marqué en dessous "pacificateur de la Vendée" je crois bien que l'Action Française avait organisé une manif de protestation sur le sujet il y a de cela quelques dizaines d'années) et doivent se replier sur la presqu’île de Quiberon, où ils sont assiégés. Le 21 juillet, ils capitulent – 748 d'entre eux sont fusillés.

donc, il y a tout de même eu un petit soutien des Anglais... et pour notre pauvre Cadoudal, il a été guillotiné sur la même place que Louis XVI, en 1804, sur ordre de Bonaparte.

ça nous laisse dans le patrimoine culturel breton de belles Gwerziou, ainsi que la marche de Cadoudal, que tout bon bagad de Bretagne Sud connaît sur le bout des doigts... ça n'a pas grand chose à voir avec l'orthodoxie effectivement.
eliazar
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Louis XVI martyr

Message par eliazar »

Lecteur Claude a écrit, et je partage entièrement cette opinion:
"Je persiste à penser que les convictions maçonniques de Philippe d'Orléans ont joué un rôle majeur dans sa trahison, même si je vous accorde que d'autres facteurs ont joué: l'espoir de s'emparer du trône, la lâcheté puisque le vote avait lieu à main levée dans les conditions que l'on sait, ses amitiés jacobines."
Et puisque nous sommes retombés dans le curieux "néopéché" qui consisterait à parler tête nue dans l'Église de la discrète et innocente Franc Maçonnerie, comment oublier que l'Angleterre et la Maçonnerie, à cette époque et longtemps encore, étaient entièrement liées dans cette pieuse vision "humanitaire" de l'avenir du monde ?

Comment douter que ç'ait été la haute Maçonnerie qui inspira d'abord l'engagement de ses membres à voter la mort de Louis XVI (on a parlé d'accomplissement de la prophétie anti-monarchique proférée lors de l'exécution des derniers Templiers à Paris, voire de la juste punition du dernier héritier de cette royauté exécrée par les sociétés secrètes) ... mais aussi, en guise de "dommages collatéraux" dirions-nous aujourd'hui, de pousser au pouvoir ou tout au moins d'y soutenir les tenants d'une ferme volonté de mise au rancart de ce qui avait été la redoutable Marine Royale.

Comme dirait Claude, je persiste moi aussi à croire qu'un étroit parallélisme maçonnique avec les intérêts multiséculaires de la Grande-Bretagne soit plus qu'évident, dans les deux cas. De même, la complicité discrète des élites françaises pour les visées anglaises ne laisse pas d'être évidente - et ce depuis Voltaire et ses "quelques arpents de terre glacée" qui favorisèrent si opportunément l'abandon pur et simple des Canadiens à la spoliation (suivie de leur exil-déportation) ... au bénéfice du Roi d'Angleterre.

Renaud rappelait accessoirement le siège de Toulon, forteresse maritime devenue un véritable cheval de Troie britannique au début de la Révolution. Il est intéressant, à ce sujet, de comparer le "dévouement" incontestable de la Royal Navy envers les Royalistes provençaux qui détenaient cet important port militaire - et son total manque d'efficacité lorsqu'il s'est agi au contraire de soutenir, à bien moindres frais puisqu'en face de ses propres ports d'attache, les Royalistes de Bretagne ! Ce n'est pas aussi paradoxal qu'il y paraît à première vue - me semble-t-il.

Toulon était (ou pouvait rapidement redevenir) la clé d'une domination maritime française en Méditerranée - où la Royal Navy n'avait jamais eu le pied bien solide. Les ports de Bretagne au contraire pouvaient être doublement neutralisés en cas de besoin : par la même Royal Navy qui n'en était qu'à quelques heures de mer, comme par la complicité active des nouveaux dirigeants parisiens - dont les loges étaient étroitement liées aux loges britanniques.

On sait la catastrophe finale que représenta pour "la Royale" l'arrivée au pouvoir de Bonaparte. Son déclin continua inexorablement par la suite. Malgré le développement d'un empire colonial important, qui lui permit de reprendre des forces à la charnière des XIXème et XXème siècles, et en dépit du fait qu'elle tira son épingle du jeu de justesse au moment de l'armistice de 1940 ( les plénipotentiaires allemands ayant reconnu qu'elle était demeurée invaincue sur mer), la marine française ne survécut pratiquement pas à la seconde guerre mondiale - à la suite notamment de la trahison anglaise, une fois de plus.

Pour avoir vécu ce drame à Nice, dont beaucoup de fils faisaient par tradition leur service dans la Marine, comme la plupart des Provençaux du littoral, je ne pourrai jamais oublier la colère du petit peuple niçois lorsque nous apprîmes l'égorgement crapuleux de "notre" Flotte (désarmée par l'armistice, et virtuellement prisonnière dans les filets de sa base de Mers el Kébir) par un Britannique indigne du nom de marin, l'amiral Lord Somerville. La défaite française de mai-juin 1940 fournit un excellent prétexte aux Lords de l'Amirauté qui considéraient depuis toujours que les océans du globe ne devaient pas avoir d'autre gouvernement que le leur : "Britannia rules the waves"...

Dès le 1er juillet 1940 la décision d'éliminer ce qui restait de la Marine française était prise par le cabinet de M. Churchill, sous le nom de code d'opération Catapult. Tous les navires français réfugiés dans les ports de l'allié britannique furent saisis par surprise le 3 juillet à l'aube - et leurs équipages jetés dans des camps de prisonniers, ce qui signifiait clairement que les bâtiments arraisonnés seraient désormais montés par des équipages anglais et dirigés par des officiers de Sa Majesté.

C'était la mise en place d'un coup de filet géant. Les navires français mouillés à Alexandrie furent également saisis par surprise, le même jour. La base de Mers el Kébir, près d'Oran, était théoriquement la seule capable d'échapper à ce piratage - parce qu'elle était imprenable, et que le gros de la flotte y était concentré. L'amiral Gensoul qui la commandait refusa donc (comme son devoir l'y obligeait) d'obéir à l'ultimatum du gouvernement anglais qui lui intimait de se placer sous les ordres de la puissance étrangère (et pour le moins inamicale) que l'Angleterre était en train de devenir.

Naturellement le gouvernement français approuva son amiral, à qui l'ultimatum de son ex-allié ne laissait hélas plus que la solution de se saborder ! C'est à ce moment-là que l'amiral Somerville ouvrit le feu sur les bâtiments convoités, qui étaient dans l'impossibilité de manoeuvrer et même de riposter. C'était d'autant plus contraire à l'honneur que Churchill avait accepté deux semaines plus tôt (le 13 juin) la possibilité pour la France de demander un armistice, à la seule condition que la flotte ne soit pas livrée aux Allemands. L'Angleterre consommait non seulement un acte de piratage encore inouï, mais la violation absolue de toutes les lois de la guerre sur mer; Somerville, obéissant aux consignes de son gouvernement sans le moindre complexe, fit en moins d'une heure de canonnade quelques mille cinq cents morts et d'innombrables blessés.
Ce massacre a joué un grand rôle dans la décision prise une semaine plus tard par le parlement français, qui vota à la quasi unanimité les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain dès le 10 juillet : cela devait sonner le glas du régime parlementaire et le début du Régime de Vichy. Mais l'Angleterre n'eut pas à le regretter car la flotte française ne s'en est plus jamais relevée.

Et De Gaulle (qui avait fait au conseil des ministres du 15 juin une proposition délirante d'union totale de la France et de l'Angleterre, les deux nations n'en constituant plus qu'une désormais) fit par la suite retirer leurs droits de pension aux veuves et aux orphelins des équipages massacrés...
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

lecteur Claude a écrit :Ce fort intéressant article de Pierre Pasquier appelle une actualisation et un élargissement.

L'actualisation, c'est que le patriarcat de Moscou a, en 2000, ajouté le tsar Nicolas II (+ 1918) à la liste des saints princes ayant-souffert la passion.

L'élargissement, c'est que cette forme de sainteté est loin d'être propre à l'Eglise russe, comme le pense l'auteur. Tout le martyrologe de l'Orthodoxie occidentale, gallicane ou anglo-saxonne en particulier, est rempli de saints princes, évêques ou simples particuliers semblables aux saints "ayant-souffert-la-passion" de l'hagiographie russe.

Cependant, la tradition occidentale n'a pas forgé de mot particulier et leur donne à tous le titre de martyr, ce qui n'est pas absurde, puisqu'il s'agit toujours de témoigner au nom du Christ, l'assassinat particulièrement injuste n'étant finalement que la conséquence du choix d'une vie honorable.

Il est évident que saint Léger, évêque d'Autun, fut assassiné pour des motifs purement politiques et qu'Ebroïn ne lui demandait pas de renier le Christ. Pourtant, cette mort injuste lui valut dès ce moment le titre de martyr. Il fut un des saints les plus vénérés de l'Eglise des Gaules et un de mes amis est le gardien de sa main toujours incorrompue. Les critères de Dieu ne sont pas ceux du politiquement correct dominant.

Il en va de même de saint Edouard, roi d'Angleterre, empoisonné par sa belle-mère, là encore pour le motif purement politique de s'emparer du pouvoir. Il a pourtant joui d'une vénération constante, on a récemment peint des icônes de lui, et il est apparu en rêve voici quelques années à un prêtre orthodoxe de Jérusalem pour lui demander de donner le prénom d'"Edouard" à un Bulgare qui était venu se faire baptiser en Terre sainte. Il me paraît inapproprié d'interdire à Dieu de faire des miracles par l'intercession de ses saints parce que les critères d'appréciation du martyre ont changé.

Malgré tous les efforts faits par Grégoire VII (qui semble avoir beaucoup de disciples dans l'Orthodoxie contemporaine) pour restreindre la canonisation des laïcs, cette idée du juste "ayant-souffert-la-passion" s'est maintenue en Occident encore quelques temps après sa chute hors de l'Orthodoxie. Par exemple, le comte de Flandres Charles le Bon fut vénéré par le peuple et canonisé par l'ECAR, alors qu'il n'avait pas eu une vie particulièrement exemplaire (son surnom semble quelque peu usurpé...) et qu'il avait été assassiné pour des raisons politiques. Mais sa dignité face à ses assassins, l'injustice de l'assassinat (vengeance d'un seigneur dont il avait arrêté les complots) et les conditions ignominieuses de cette mort (il fut assassiné alors qu'il priait à genoux dans une église) lui valurent d'être assimilé à un martyr par le peuple qui n'avait pas encore été privé de toute conscience orthodoxe (on était en 1127, trois quarts de siècle seulement après le schisme funeste).

Le lecteur intéressé pourra, en parcourant la rubrique "Calendrier des saints" de ce forum, trouver, au fil des jours, de nombreux "saints ayant-souffert-la-passion" de la tradition orthodoxe en Europe de l'Ouest, martyres de la virginité, pélerins assassinés par des brigands, soldats morts pour une juste cause (comme saint Frison de Bassoues), rois (comme saint Sigismond des Burgondes) ou ministres ayant accepté avec sérénité une mort violente qu'ils ne méritaient pas, évêques morts pour la dignité de leur sacerdoce ou la défense des droits de l'Eglise (comme saint Didier de Vienne ou saint Agilulf de Cologne), etc.

L'évolution du forum, dans le fil "Profession de foi d'un catholique romain", a redonné de l'actualité à cet échange de messages sur la notion de "prince ayant souffert la passion", de "souffre-passion" comme écrivait Pierre Pascal pour traduire le russe страстотерпец. La traduction de Pierre Pascal me semble plus juste. En effet, pour les raisons expliquées par le remarquable article de M. Pasquier, on se focalise sur la passion du prince, parce que sa position sociale ne rend que plus éclatants sa chute et son supplice. Mais il y a beaucoup de saints qui entrent dans cette catégorie et qui ne furent pas des princes: évêques, ministres, soldats... Saint Basile de Mangazéïa (mémoire le 23 mars) était apprenti chez un négociant. La passion du prince n'est la plus significative que parce que celui-ci est dans une position où il peut tout aussi bien être maître de vertu que monstre de débauche, et je renvoie au très bel article de Pierre Pasquier.

Il y a une idée reçue qui veut que cette notion de страстотерпец soit proprement russe, qu'elle ait conduit à "élargir exagérément la notion de martyre dans le monde slave", etc., comme si elle n'était pas présente partout dans la tradition orthodoxe. Cette notion n'est pas uniquement russe.

L'Empire des Romains, par exemple, nous donne une figure de "souffre-passion" avec l'empereur Maurice traitreusement assassiné par Phocas en 602. L'Eglise fait mémoire du saint empereur souffre-passion Maurice le 28 novembre.

L'ancienne Gaule orthodoxe nous donne une multitude d'exemples.

Avec saint Dagobert II d'Austrasie (+ 23 décembre 679), évoqué dans plusieurs messages récents, nous avons l'exemple parfait d'un страстотерпец mérovingien.
Il ne correspond pas aux critères du martyre que certains disciples tardifs de Grégoire VII voudraient voir triompher de nos jours. Il a été assassiné pour des raisons strictement politiques. Nonobstant le fait que ces raisons politiques, en frappant à mort la Sainte Lignée en Austrasie, ont probablement été le point de départ de la disparition de l'Orthodoxie en Europe de l'Ouest, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'un prince juste, assassiné dans des conditions injustes, dont le culte est constant depuis treize siècles dans les lieux où il a vécu, dont la sainteté a été reconnue après l'invention de ses reliques et dont des habitants de Stenay vous expliquent encore aujourd'hui qu'il veille sur leur ville.

Alors, qui sommes-nous pour empêcher Dieu d'être glorifié dans Ses saints?
Qui sommes-nous pour rejeter la notion de souffre-passion, de страстотерпец, ou pour la présenter comme une particularité folklorique russe, alors qu'elle se trouve dans le trésor de la piété de l'Eglise depuis au moins le VIe siècle (saint Sigismond des Burgondes)?
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Il est certain que la notion de martyre était plus étendue dans l’antiquité tardive et le haut moyen âge qu’elle ne l’a été par la suite en occident. Par exemple, tous les ermites assassinés par des brigands pour des raisons purement économiques, pour leur voler leurs quelques ressources, ont été considérés comme martyrs. Saint Léger d’Autun fut également assassiné pour des raisons en apparence purement politiques sur l’ordre d’Ebroïn, et personne n’a remis en doute son martyre.
Un autre cas récurrent est celui de la jeune fille assassinée parce qu’elle refusait de se laisser violer par le seigneur du coin ou simplement le petit caïd du village. Motif littéraire, comme le suggèrent fortement les petits curés universitaires qui écrivent dans les Analecta Bollandiana, les mêmes qui font une bouche en cul de poule dès que le martyre n’est pas lié directement à une confession de foi ? Allez dire ça aux filles qu’on brûle vives pour les mêmes raisons dans les poubelles de nos banlieues…
Bien avant le « folklore russe », on trouve le même « folklore » dans tout l’occident chrétien du premier millénaire, à Byzance, en Arménie, en Egypte et j’en oublie. En dehors des époques de persécution ouverte, est très souvent considéré comme martyr tout chrétien ayant subi la violence et l’injustice sans riposter.
Il m’est arrivé de me poser des questions sur le sens de cette extension du terme martyre, mais on ne peut nier en tout cas qu’historiquement, elle est à peu près universelle.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Jean-Serge a écrit :
romaric a écrit :Je suis d'accord, malgré la bizarrerie apparente, pour faire mémoire du roi-martyr Louis XVI, dont l'assassinat fut pour les Loges de Satan une répétition générale du meurtre du dernier Basileus chrétien, saint Nicolas II.
Pour ma part, Louis XVI n'a rien à faire dans ce calendrier. Etait-il orthodoxe, non? Donc exit... SVP

(...)
D'accord en règle générale, mais ça ne résoud pas complètement le problème.

Et il n'y a pas que saint Lucifer de Cagliari et saint Grégoire d'Elvira, ou saint Isaac de Ninive qui était nestorien, il y a aussi sainte Hélène d'Anjou - pas plus Angevine que je ne suis Sicilien ! -, qui était bel et bien de confession catholique romaine (cf. Boško I. BOJOVIĆ, L’idéologie monarchique dans les hagio-biographies dynastiques du Moyen Âge serbe, Institut pontifical oriental, Rome 1995, p. 177)...

Ce qui n'enlève rien aux déficiences de ces groupes chrétiens hétérodoxes, mais il y a quelques cas où les voies de la sainteté sont tout de même impénétrables.
Claude le Liseur
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Re:

Message par Claude le Liseur »

Claude le Liseur a écrit :Je profite d'un moment de calme pour saisir un long texte à propos des "saints ayant souffert la passion". Etant donné l'affadissement de la conscience ecclésiale, je pense que le texte suivant est d'un grand intérêt pédagogique.

Pierre PASQUIER

LA PASSION DU PRINCE

"La récente glorification au nombre des saints des nouveaux martyrs russes par le synode de l'Eglise Russe Hors-Frontières a suscité bien des polémiques. Il serait vain d'accroître la confusion en discutant à nouveau la validité canonique ou l'opportunité spirituelle d'une telle mesure. Tous les arguments essentiels ont déjà été avancés et chacun est désormais en mesure de se forger une opinion. Quoique regrettable à bien des égards, cette controverse aura permis de discerner, au sein de la conscience actuelle de l'Eglise, certains modes de pensée qui semblent étrangers à sa tradition.

Si personne ne songe, par exemple, à contester le principe de la canonisation de certains confesseurs, tels les métropolites Vladimir de Kiev ou Benjamin de Pétrograd, beaucoup semblent répugner à admettre l'éventualité même d'une glorification du tsar Nicolas II, de son épouse et de ses enfants. Par-delà les querelles juridictionnelles et les divergences politiques, n'est-ce pas le principe même de la canonisation d'un prince qui se trouve implicitement remis en cause? Cette répugnance à concevoir qu'un souverain contemporain puisse éventuellement être glorifié manifeste, à tout le moins, une certaine difficulté à conférer au politique sa juste place et à porter sur l'histoire un regard pleinement conforme à la tradition ecclésiale et à la foi de nos pères.

Pourtant quelques usages propres à certaines Eglises autocéphales pourraient peut-être nous y aider. L'Eglise Russe admet, par exemple, un mode de sainteté qui lui semble propre, en glorifiant certains serviteurs de Dieu comme strastoterptsy, c'est-à-dire ayant-souffert la passion. Ce type de sainteté n'est d'ailleurs nullement réservé aux membres des familles princières ou impériales. Des justes ont été égalememt canonisés à ce titre, comme par exemple Basile de Mangseja (1602), premier thaumaturge de la terre sibérienne, ou Gabriel de Slutzk (1690). Toutefois, la plupart des strastoterptsy étaient des princes et la première canonisation proclamée en Russie fut précisément celle de deux jeunes princes ayant-souffert-la-passion, Boris et Gleb. L'Eglise Russe a certes glorifié une cinquantaine de princes et de princesses à divers titres: outre Saint Vladimir et Sainte Olga qui furent proclamés "Egaux aux Apôtres", certains furent glorifiés comme "défenseurs du peuple et de la terre russes", tel Saint Alexandre de la Néva, d'autres pour avoir combattu pour la foi jusqu'au martyre comme Saint Michel de Tchernigov. Cependant, au sein de cette glorieuse cohorte comme dans le coeur du peuple, les saints princes ayant-souffert-la-passion occupent une place singulière.
Pour tenter de déterminer les caractères distinctifs de ce mode de sainteté et de comprendre ainsi la nature des rapports que la communauté ecclésiale entretenait avec le prince dans l'ancienne Russie, nous avons choisi de relater brièvement et de comparer les vies des plus vénérés parmi les saints princes ayant-souffert-la-passion (Saints Boris et Gleb, Igor de Kiev et Michel de Tver) mais aussi celles des plus controversés (Saints Dimitri d'Ouglitch et André de Bogoljoubov)."

(Suit un long résumé de la passion des saints Boris, Gleb, Igor de Kiev, Michel de Tver, Démètre d'Ouglitch et André Bogoulioubovski. Le lecteur voudra bien me pardonner de ne pas saisir ici ce long texte; qu'il se souvienne que, n'étant ni chômeur ni retraité, je prends sur mes loisirs tout le temps que je consacre à ce forum et que je ne peux pas non plus consacrer des journées entières à saisir des textes. J'en viens donc directement à la conclusion de l'article de M. Pierre Pasquier. NdL)

"Les passions subies par les saints princes Boris, Gleb, Igor, Michel, Dimitri et André présentent plusieurs traits communs: le prince est trahi par ses proches, frappé d'une sentence inique et conduit à un supplice ignominieux. La comparaison des récits hagiographiques ou historiques permet en outre de caractériser la conduite du prince durant son supplice par la douceur et l'humilité: il refuse de se défendre et pardonne à ses bourreaux. Mais les deux traits dominants, singulièrement accusés dans le cas du meurtre du tsarévitch Dimitri ou dans celui du calvaire de Saint Michel de Tver, demeurent l'innocence du prince, qui se voit accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, et le consentement qu'il donne librement au sacrifice de sa propre vie.
La passion du prince est-elle pour autant comparable au supplice du martyr? Celui-ci est aussi fréquemment livré par ses proches. De plus, le juste aspirant au martyre persuade également ses familiers de ne pas s'opposer à la volonté divine en prétendant le sauver du supplice qui lui est promis. Enfin, comme le prince, il pardonne à ses bourreaux au terme de sa passion. Le sacrifice du martyr constitue donc, comme le supplice du prince, une volontaire "imitation de la passion de Dieu", suivant l'expression de Saint Ignace le Théophore.
Cependant d'aussi nettes similitudes ne sauraient masquer deux différences essentielles. D'une part, le martyr meurt pour avoir confessé sa foi, tandis que celui-qui-a-subi-la-passion périt victime d'un crime politique, dans le cas d'un prince, ou d'un crime crapuleux, dans le cas d'un juste. Le supplice du martyr ne revêt pas nécessairement, d'autre part, le caractère ignominieux de la passion du prince. Car le juste promis au martyre occupe rarement, au sein de la communauté sociale, une place comparable à celle du prince qui y détient la souveraineté politique, virtuelle ou effective, par sa fonction ou sa naissance.

Mais tout pouvoir étant par essence précaire, une telle souveraineté est tout autant prémices de gloire que promesse d'abaissement. Car la dignité politique du prince semble le destiner à une chute d'autant plus douloureuse et à une humiliation d'autant plus atroce qu'elles seront à la mesure des honneurs qui accompagnaient l'exercice de sa charge. Et la soudaine épreuve qui accable le prince le contraint à un choix douloureux: ou restaurer à tout prix un pouvoir temporel sans partage au risque de perdre son âme, ou accéder au Royaume par l'imitation volontaire de la passion du Sauveur. C'est pourquoi le peuple vénérait les saints princes Boris et Michel, contrairement à l'opinion d'une certaine critique historique, moins en vertu de la dignité de leur naissance ou de leur fonction qu'à cause de l'humilité avec laquelle ils avaient accepté d'être dépouillés des prérogatives qui s'y attachaient.

Aucun prince ayant-subi-la-passion ne semble avoir été vénéré et canonisé en fonction de la sagesse de son gouvernement. Certains, tels Saints Boris et Gleb, n'ont d'ailleurs jamais exercé effectivement leur pouvoir; d'autres ont été d'éphémères souverains, comme Saint Igor de Kiev. Le succès du projet politique du prince ne paraît pas avoir été considéré comme un critère plus pertinent. Car, si André réussit effectivement à mettre un terme à la domination de Kiev et à fonder celle de Vladimir, Michel échoua dans sa tentative de succéder au grand-prince Alexandre Alexandrovitch et de pacifier la terre russe sous son autorité. En revanche, Michel fut un souverain aimé de ses sujets et estimé de ses rivaux, tandis qu'André fut détesté du peuple et des boyards et redouté de ses adversaires à cause de sa cruauté et de son ambition.

Les vertus personnelles ou les exploits ascétiques du prince ne semblent pas avoir joué non plus le moindre rôle. Si Boris, Gleb ou Igor brillaient en effet par leur douceur et leur humilité, André se distinguait plus par sa férocité que par sa générosité. Mais il semble que le sang versé à la suite d'une trahison ait été considéré par la conscience populaire, dans le cas du prince de Bogolioubov, comme un ultime baptême purifiant la victime de toute souillure. Ceci explique sans doute la vénération, certes purement locale, dont jouirent aussi, après leur assassinat, Iaropolk Isiaslavitch ou Paul Ier.

La souveraineté et l'innocence de la victime, la trahison des familiers, l'iniquité de la sentence, l'ignominie du supplice, l'effroi de l'agonie, la douceur du supplicié, le consentement de la victime et le pardon accordé au bourreau, tout concourait à identifier, dans la conscience ecclésiale, la passion du prince à celle du Christ. Comme le Fils de Dieu consentit, par pure condescendance, à mourir crucifié entre deux larrons (pour sauver le genre humain), le prince se résigne, par obéissance à la volonté divine, à dépouiller la pelisse de gloire pour revêtir la chlamyde de l'infamie et à subir un supplice ignominieux afin de devenir pleinement disciple du Christ. La prophétie d'Isaïe, lue aux heures royales et aux vêpres du Grand Vendredi, ne semble-t-elle pas aussi décrire Saint Boris face à ses bourreaux ou Saint Michel cerné par la foule hostile (LIII, 2-3 et 7)?

(Suit ce texte que chacun pourra aller consulter dans sa Bible - NdL.)

Mais l'agonie du prince rappelle également l'affliction du juste Job qui, après avoir été comblé de faveurs et de largesses parce qu'il craignait Dieu, tombe dans le dénuement et la souffrance. Loin de languir après sa dignité perdue et de maudire le décret qui l'en a privé, le prince se soumet sans récriminer à la volonté divine: "Le Seigneur a donné et le Seigneur a repris; que le Nom du Seigneur soit béni! Nous recevons de Dieu le bien; ne recevons-nous pas aussi le mal? " (Job I, 21 et II, 10). Tel Job apprenant la mort de ses enfants et la ruine de ses troupeaux (I,13 sq), le prince déchu bénit la main du Créateur qui le frappe et lui permet ainsi de communier aux souffrances du Christ en endurant les mêmes épreuves et en supportant les mêmes outrages que Lui. Il considère les tribulations qu'il connaît comme des instruments du dessein providentiel et aspire à devenir, selon l'expression de Saint Barsanuphe de Gaza (Let.CXI), "disciple obéissant de l'Obéissant, disciple endurant de l'Endurant, disciple patient du Patient." Ayant abdiqué toute volonté propre et renoncé à toute gloire terrestre, le prince humilié "se regarde comme brebis à immoler" et s'offre lui-même comme "victime agréable à Dieu" (Rom. VIII, 35 et XII, 1). Cette soumission sans réserve à la volonté divine s'exprime aussi dans les paroles de Job, qui préfiguraient la passion du Sauveur mais aussi l'affliction du juste accablé par l'épreuve (XIX et XXX). (...) Comme la passion du Sauveur ou l'affliction de Job, le supplice du prince innocent participe donc au mystère de la souffrance du juste et la vénération dont jouissaient en Russie les strastoterptsy exprime la révérence manifestée par la communauté ecclésiale envers ce mystère insondable.

L'exemple des saints princes ayant-subi-la-passion montre qu'il serait vain de dissocier la fonction du souverain de sa personne et de substituer, dans l'appréciation de sa conduite politique, des critères historiques aux critères spirituels que la tradition ecclésiale nous a légués. Les synaxaires des différentes Eglises, qui mentionnent nombre de princes ou de souverains dont le rôle politique est diversement apprécié des historiens, témoignent d'ailleurs d'une absence totale de distinction entre le politique et le spirituel dans la consience ecclésiale.

C'est la pensée occidentale moderne qui, dans l'espoir de laïciser un secteur crucial du champ culturel, a fondé l'autonomie du politique en lui déniant toute origine métaphysique et toute implication spirituelle. La tradition ecclésiale a toujours considéré, en revanche, que l'histoire se meut sous l'action permanente de la divine Providence et que le destin du prince, comme celui de tout homme, manifeste le dessein de Dieu dans la mesure où il s'y conforme. L'activité politique s'exerce, d'ailleurs, au sein de l'humanité déchue et rachetée et en fonction des conditions qui lui sont propres. Le politique se trouve donc investi des mêmes carences, mais aussi des mêmes prémices que l'ensemble de la création qui gémit dans l'attente de son ultime transfiguration. L'exercice du pouvoir, à quelque niveau que ce soit, peut être, par conséquent, au même titre que toute autre activité humaine, aussi bien l'instrument d'une rigoureuse ascèse que l'occasion d'une chute dans la vanité et la jouissance. Le prince, ou toute autre personne en qui réside la souveraineté politique, est donc susceptible de devenir aux yeux de la communauté qu'il dirige un modèle d'ascèse ou un maître de perdition.

Pour estimer la conduite politique d'un souverain, il ne s'agit évidemment pas d'écarter par principe tout recours à des critères d'ordre historique ou politique, mais de se demander d'abord dans quelle mesure celui-ci parvient à gouverner selon Dieu, et non selon le monde. Car tout recours à la sagesse de la chair, dit Saint Grégoire Palamas, doit être tempéré par la crainte de Dieu, sous peine de ne procurer qu'une connaissance qui enfle et obscurcisse le coeur. Accorder une créance excessive aux méthodes et aux jugements de l'historiographie profane risque en effet de nous empêcher d'accepter les traditions que nous avons reçues de nos pères avec foi et simplicité et de découvrir, dans la conduite d'un souverain, les signes de la restauration de la ressemblance divine.

Les saints princes Boris, Gleb, Igor, Michel et André réussirent, par la grâce que Dieu leur accorda dans l'épreuve, à rester humbles bien qu'on les condamnât injustement. Ils parvinrent également à retrancher toute volonté propre en ne répliquant pas aux insultes et en ne s'indignant pas des affronts dont on les accablait. Comme le juste Job, ils apprirent ainsi à "boire le mépris comme une eau vive" (XXIV, 7). Vénérons-les donc, au même titre que les saints ascètes et les saints martyrs, comme des modèles de douceur, de patience et d'obéissance. Ainsi, quand nous serons passés au feu de l'affliction et des tentations, nous pourrons prier le Seigneur de nous accorder, par leur intercession, de supporter patiemment la tribulation en Lui rendant grâce afin d'accéder à une gloire ineffable et d'être proclamés fils du Royaume. Mais vénérons aussi ces saints princes comme de radieuses icônes du Christ à l'agonie. Le sacrifice qu'ils consentirent manifestait en effet le suprême acquiescement de la volonté humaine à la volonté divine. Car tel est, selon Saint Maxime le Confesseur, le sens des paroles de Gethsémani: "C'est en tant qu'homme que le Christ a dit: "Non pas ma volonté mais la Tienne!" Ainsi, Il s'est donné Lui-même pour type et modèle afin que nous renoncions à notre volonté propre pour accomplir parfaitement celle de Dieu, même si pour cela nous devons nous trouver face à la mort.""

(In Le Messager orthodoxe n° 93, Paris 1983, pp. 29-48.)

Il semble que l'auteur de ce texte remarquable, M. Pierre Pasquier, ait eu une destinée encore plus remarquable. En effet, un Pierre Pasquier est devenu le premier prêtre orthodoxe de souche française à exercer son ministère en Russie, en république de Tchouvachie plus précisément. (Les Tchouvaches sont un peuple turcophone de tradition orthodoxe, plus ou moins descendants des Bulgares de la Volga.) Je suppose qu'il s'agit du même Pierre Pasquier.

http://fr.rbth.ru/articles/2009/11/26/2 ... hurch.html

Je connais aussi un archimandrite français (breton en l'occurrence) qui dessert une paroisse orthodoxe de la banlieue d'Athènes.
Dorian
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Re: Louis XVI martyr royal et prophétique ?

Message par Dorian »

Claude le Liseur
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Re: Louis XVI martyr royal et prophétique ?

Message par Claude le Liseur »

Daroslav a écrit :Une vidéo ici :
http://blog.france2.fr/bureau-moscou-ru ... -en-russie

Merci beaucoup. Le reportage que vous nous avez indiqué mentionne un séjour en Terre Sainte. Je me rends compte que cet higoumène Basile, Pierre Pasquier dans le monde, est selon toute probabilité le moine dont l'archimandrite Antoine (Contamin) m'avait parlé lors d'une visite que je lui avais faite au monastère orthodoxe qui était alors sis à Lavardac (Lot-et-Garonne) en 1997 ou 1998 - ma mémoire commence déjà à me jouer des tours. Mgr Antoine m'avait parlé d'un moine d'un monastère uniate de Palestine, où il y avait semble-t-il beaucoup de Français, qui avait embrassé la sainte foi orthodoxe et était ensuite parti en Russie. Je ne peux que supposer qu'il s'agit de la même personne.

Encore une fois, merci d'avoir retrouvé cette séquence d'actualité tournée par France 2, que j'ai visionnée avec le plus grand intérêt.
Claude le Liseur
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Re: Louis XVI martyr royal et prophétique ?

Message par Claude le Liseur »

eliazar a écrit :4° Si c’est un problème de préfiguration, il faudra certainement célébrer encore un autre roi papiste martyr, dont la mort a préfiguré celle de Louis XVI : Charles Ier d’Angleterre a été lui aussi décapité en Janvier, mais le 30, et en 1648; son procès a été bien plus inique que celui de Louis XVI même s'ils étaient tous deux également pieux... (kto)

Je viens de finir le livre de Michel Duchein sur les révolutions d'Angleterre (1640-1660 et 1688-1689) et je me prépare à lire l' Eikon Basilike, l'autobiographie écrite durant sa captivité par Charles Ier d'Angleterre «dans sa solitude et ses souffrances».
On peut penser ce que l'on veut de l'anglicanisme, et, en ce qui me concerne, c'est une religion que j'ai de la peine à prendre au sérieux pour toutes sortes de raison.
Mais, quelles que soient nos convictions personnelles, on ne peut pas non plus écrire n'importe quoi. Si l'anglicanisme a un martyr, c'est Charles Ier Stuart, et peut-être aussi l'archevêque Laud, décapité sur ordre du Parlement en 1645, et que Charles Ier vit apparaître en rêve la veille de son exécution.
Je ne comprends pas l'acharnement à vouloir présenter comme catholique romain un homme qui a passé toute sa vie dans l'anglicanisme; qui aurait pu trois ou quatre fois sauver sa vie s'il avait abjuré l'anglicanisme pour se rallier au presbytérianisme, et qui ne l'a pas fait; qui rejetait le papisme au point d'écrire à ses enfants à la veille de son exécution qu'ils devaient obéir en tout à leur mère, sauf pour ce qui était de la religion (car la reine était catholique romaine); dont la dernière lettre à son fils aîné, le futur Charles II, était entièrement consacrée à la défense de la foi anglicane.
On peut tout penser de Charles Ier Stuart, sauf une chose: qu'il n'était pas anglican, ou qu'il ait pu pencher pour une autre religion que l'anglicanisme. Il a vécu et il est mort en anglican. Mieux, il est mort pour l'anglicanisme. Je ne comprends pas cette volonté de l'annexer à une autre religion.
Thomas Caesariensis
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Re: Louis XVI martyr royal et prophétique ?

Message par Thomas Caesariensis »

Charles Ier est la seule personne que l'Église d'Angleterre ait jamais canonisée après s'être émancipée de la tutelle romaine. La Compagnie de Charles roi et martyr, vouée à la mémoire du et la dévotion au monarque éponyme, en dresse un portrait dans lequel il est presque dépeint comme une sorte de papiste sans pape (comme son archevêque Laud ; quoique, Philip Schaff décrit celui-ci comme étant « un pape indépendant en Angleterre, [qui] singeait l'original romain aussi bien qu'il le pouvait » !) : mise en emphase de l'importance d'un épiscopat dans la succession des Apôtres, ainsi que de la Sainte Communion ; et rétablissement de l'accoutrement liturgique, des bougies et des autels. Mais l'on peut penser que, comme Laud, il rejetait probablement l'invocation de la Vierge et des saints, la vénération des images, la transsubstantiation, le caractère sacrificiel de la messe … En somme, il devait simplement adhérer à une interprétation arminienne des Trente-neuf articles.
Claude le Liseur
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Re: Louis XVI martyr royal et prophétique ?

Message par Claude le Liseur »

Thomas Caesariensis a écrit :Charles Ier est la seule personne que l'Église d'Angleterre ait jamais canonisée après s'être émancipée de la tutelle romaine. La Compagnie de Charles roi et martyr, vouée à la mémoire du et la dévotion au monarque éponyme, en dresse un portrait dans lequel il est presque dépeint comme une sorte de papiste sans pape (comme son archevêque Laud ; quoique, Philip Schaff décrit celui-ci comme étant « un pape indépendant en Angleterre, [qui] singeait l'original romain aussi bien qu'il le pouvait » !) : mise en emphase de l'importance d'un épiscopat dans la succession des Apôtres, ainsi que de la Sainte Communion ; et rétablissement de l'accoutrement liturgique, des bougies et des autels. Mais l'on peut penser que, comme Laud, il rejetait probablement l'invocation de la Vierge et des saints, la vénération des images, la transsubstantiation, le caractère sacrificiel de la messe … En somme, il devait simplement adhérer à une interprétation arminienne des Trente-neuf articles.
Oui, je suis tout à fait d'accord avec vous. Rien ne permet d'affirmer que Charles Ier d'Angleterre ou Mgr Laud aient jamais penché vers le catholicisme romain. En revanche, comme vous le résumez en une formule aussi brève que pertinente, ils penchaient vers une interprétation arminienne des Trente-Neuf Articles. Or, dans l'Angleterre de cette époque, les puritains assimilaient systématiquement l'arminianisme à du "papisme", d'où la réputation qui fut faite à Charles Ier et à Mgr Laud.
Ironie du sort: aujourd'hui, les descendants des puritains sont pratiquement tous arminiens... mais sans l'avouer, sans avouer que ceux dont ils se réclament ont eu tort et qu'ils se sont au fil des siècles tous ralliés à la doctrine qu'ils persécutèrent autrefois en envoyant à la mort le grand pensionnaire de Hollande.
Claude le Liseur
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Re: Louis XVI martyr royal et prophétique ?

Message par Claude le Liseur »

Quand j'étais adolescent, j'étais beaucoup plus sensible à la chouannerie qu'aux guerres de Vendée - influence du XXe siècle, de l'imagerie romantique du guérillero, et le guérillero de chez nous, c'est bien le Chouan embusqué derrière la haie et attendant le passage d'un détachement bleu dans un chemin creux . Et puis, il y a Balzac, même si ce n'est pas son meilleur roman... mais tout de même mieux que Quatre-vingt treize de Victor Hugo, avec sa confusion entre Vendée et Bretagne, son emphase insupportable, ses situations improbables, ses caractères faux, qui m'a à jamais vacciné contre la lecture du grand Totor.
En 1988, je suis allé à Quiberon, et je me suis bien rendu compte qu'on était en train de jeter aux poubelles de l'histoire tout ce passé (effet de l'action du clergé post-1960). Le mausolée de Cadoudal était dans un état de déréliction déplorable.
En revanche, j'ai pris mes vacances de l'année en Anjou et en Vendée le mois dernier et, là-bas, le souvenir des guerres de Vendée est autrement plus présent en 2011 que celui de la Chouannerie l'était au Morbihan en 1988. Pourtant, là-bas aussi, le clergé catholique romain post-1960 a essayé de balayer ces souvenirs (cf. Reynald Secher, La Chapelle-Basse-Mer, village vendéen). Mais voilà, il y a eu, à partir de 1977, l'aventure prodigieuse du Puy-du-Fou et le cercueil a été décloué (cf. Philippe de Villiers, Le Puy-du-Fou. Un rêve d'enfant).
Alors je me suis plongé dans les sept livres que Gabory avait consacrés aux guerres de Vendée et qui ont été repris en un seul volume dans la collection Bouquins chez Robert Laffont. Il y a vraiment matière à réflexion.
Les guerres de Vendée sont d'un intérêt incomparable, non seulement parce qu'il s'agit d'un exemple significatif de résistance d'un peuple au pseudo-sens de l'Histoire ou parce qu'il s'agit de la première expérience génocidaire en Europe (la destruction de la Vendée militaire par les douze colonnes infernales républicaines de janvier à mai 1794), mais parce que le souvenir de la Vendée était très présent chez les communistes lorsqu'ils s'emparèrent de la Russie en 1917, Lénine ou Trotsky n'ayant cessé de voir des "Vendées" partout. D'une manière générale, d'ailleurs, Lénine et Trotsky étaient obsédés par leurs "grands ancêtres " français: au moment de l'écrasement de l'insurrection des marins de Cronstadt, en 1921, Lénine déclarait: "Ils veulent faire Thermidor... Mais il n'y aura pas de Thermidor." D'où, par exemple, le sobriquet "armées blanches" donné aux adversaires des communistes, en référence aux Vendéens de 1793, qui, eux, arboraient vraiment le drapeau blanc - référence absolument dénuée de sens en Russie où le drapeau monarchique était tricolore.
Or, à la lecture de Gabory, je suis frappé par les différences entre les Vendéens de 1793 et les armées blanches de la Russie de 1918, même si leurs ennemis, eux, avaient plus de ressemblances que de différences. Un fait m'a frappé, en particulier. En Russie, le noyau des armées blanches était constitué de militaires de carrière - servant en général avec des grades inférieurs à ceux qu'ils avaient eus dans l'armée impériale. En France, pratiquement tous les cadres de l'armée -en particulier les nobles - servaient la République comme ils allaient d'ailleurs servir tous les régimes successifs . Le général républicain qui met au point le plan qui viendra à bout de l'armée vendéenne en octobre 1793 n'est autre que le marquis de Canclaux (qui, à la suite d'un nouveau retournement de veste, condamnera à mort le maréchal Ney en 1815). Le commandant des colonnes infernales n'est autre que Turreau de Linières, à prétentions nobiliaires et qui sera fait baron d'Empire en 1812. Les armées royalistes (la "Vendée militaire") sont en revanche constituées de paysans qui trouvent les cadres qu'ils peuvent - souvent d'anciens officiers subalternes qui ont quitté l'armée depuis des années. Mais, parmi leurs chefs les plus prestigieux, on a un voiturier, Cathelineau, qui fut le premier généralissime de l'Armée catholique et royale; un garde-chasse, Stofflet; un jeune homme de 21 ans, La Rochejacquelein, généralissime après la mort de Cathelineau et la blessure d'Elbée, celui dont Napoléon écrira: "Il n'avait que vingt ans. Qui sait ce qu'il aurait donné s'il avait vécu plus longtemps."
C'est vraiment une différence frappante: en Russie, un noyau de militaires de carrière s'agrège surtout des étudiants, des membres des classes moyennes et supérieures, très peu d'ouvriers (il y eut toutefois, dans l'Oural, un bataillon de l'armée blanche constitué d'ouvriers des usines d'Ijevsk, qui montaient à l'assaut au son... de l'accordéon); en Vendée, un noyau de paysans s'agrège quelques anciens militaires de carrière et hobereaux respectés (parfois sous la contrainte: il est clair qu'un Charette, un La Rochejacquelein, un d'Elbée furent quelque peu contraints par les paysans à se mettre à leur tête) et quelques membres des classes moyennes (Gabory signale ici ou là un ancien médecin ou un ancien bourgeois parmi les officiers vendéens, mais c'est rare, la bourgeoisie étant en très grande majorité républicaine, puisqu'enrichie par la confiscation des biens de l'Eglise et la destruction de la communauté paysanne).
De même, en Vendée, la révolte a une motivation essentiellement religieuse (et le nombre des royalistes s'effondrera lorsque Bonaparte rétablira la liberté religieuse en 1800) alors qu'en Russie, la motivation des armées blanches est essentiellement politique (même des raisons de politique extérieure jouent: certains prennent les armes contre les communistes à cause de leur capitulation devant l'Allemagne).
Il s'ensuit que, d'un point de vue sociologique, la véritable "Vendée" russe, ce ne fut pas les armées blanches, ce fut les armées vertes: les insurrections paysannes, dont la plus fameuse fut celle de Tambov, réprimée à coup de gaz de combat par Toukhatchevski en 1922. Pourtant, les paysans verts de Russie et d'Ukraine ne se battirent jamais contre les communistes au nom de Dieu et du tsar, tandis que les paysans blancs du Poitou et d'Anjou se battirent contre les républicains au nom de Dieu et du roi. Indice probable de la sécularisation au cours du XIXe siècle.
Il reste un mystère là-dedans. On sait que le coût humain de la rébellion royaliste fut énorme dans les régions soulevées de la "Vendée militaire" (c'est-à-dire la majorité du département de la Vendée, une partie du Maine-et-Loire et des Deux-Sèvres, le sud de la Loire-Inférieure, aujourd'hui Loire-Atlantique): entre un quart et un tiers d'une population estimée à environ 600'000 personnes avant l'insurrection blanche. La seule virée de Galerne, d'octobre à décembre 1793, aurait coûté 40'000 morts à la population de ces régions. Les colonnes infernales républicaines, de janvier à mai 1794, c'est-à-dire après la destruction de la grande Armée catholique et royale, ont exterminé quelque 40'000 habitants civils de l'ancienne zone insurgée, exécutant le châtiment décidé par la République... avec surtout pour effet de pousser les survivants à reprendre les armes, et les hésitants, les neutres et les tièdes à les rejoindre pour venger leurs morts. Et, de fait, la tannerie de peaux humaines installée par les républicains à Angers ou les fours dans lesquels ils jetèrent les femmes des Epesses n'étaient guère de nature à faire croire à la fin des hostilités. En revanche, ce dont on parle moins, c'est des pertes de l'armée républicaine. On peut en effet se demander comment, étant donné la disproportion des forces en présence, les armées paysannes ont pu mener contre la République une guerre en rase campagne pendant neuf mois (12 mars - 23 décembre 1793), puis mener la guérilla pendant les deux années suivantes, et que ces paysans en armes aient pu être considérés comme une menace sérieuse par un régime dont l'armée était la meilleure du monde (grâce à l'artillerie que Gribeauval avait mise en place sous Louis XVI) et qui, aux frontières, taillait des croupières aux armées autrichienne, prussienne ou espagnole. Et pourtant, les faits sont là: à l'été 1794, la Convention déclarait que la Vendée avait été le tombeau de plusieurs armées. Quand on sait que, dans la première phase de la guerre, les royalistes faisaient grâce à leurs prisonniers (contrairement aux républicains qui, dès le début, exterminaient systématiquement les leurs), et que la pratique d'exécuter les soldats républicains prisonniers ne s'imposa qu'à partir du passage des colonnes infernales, on imagine que les pertes des armées républicaines sur le terrain ont été démesurées eu égard à leur supériorité en équipement. 30'000 soldats, 37'000, peut-être plus, peut-être beaucoup plus? Gabory donne l'exemple de l'armée de Mayence, celle que commandait Kléber et qui remporta la victoire décisive sur les royalistes à Cholet le 17 octobre 1793, tombée de 14'000 à 4'000 hommes en deux ou trois mois de combats! (Toutefois, cette diminution d'effectifs devait aussi comprendre des blessés, des malades, et des déserteurs.) La bataille de Cholet, pourtant désastreuse pour les Blancs, coûta à la vie à pas moins de quatorze officiers supérieurs républicains. Gabory parle de batailles où le nombre de tués dans l'armée républicaine était de dix fois supérieur à celui des paysans royalistes, et il l'attribue à l'habileté au tir des Vendéens. N'était-ce pas plutôt la conséquence de la tactique des armées républicaines, du culte de l'attaque en masse, tactique qui devait porter les fruits que l'on sait en 1914? Ceci étant, si l'on s'arrête au seul chiffre des pertes au combat, sans prendre en compte les dizaines de milliers de morts de la répression (dont les colonnes infernales ne sont qu'une partie), il n'est pas sûr que l'avantage soit en faveur de l'armée régulière contre les paysans insurgés. En Russie, il semble que les pertes au combat de l'Armée rouge aient été supérieures à celles des Armées blanches, mais cela peut s'expliquer par une situation exactement inverse de celle de la Vendée: noyau de militaires de carrière dans l'insurrection, trop grand nombre de conscrits peu entraînés dans l'Armée rouge. En tout cas, c'est pour moi le véritable mystère de cette insurrection vendéenne. Je comprends que, dans le cadre de la Chouannerie, les pertes blanches aient pu être inférieures aux pertes bleues, parce que c'est dans la nature d'une guérilla ou d'une guerre de partisans qu'il soit difficile d'infliger des pertes importantes à des insurgés qui, par définition, agissent en petits groupes et cherchent à se disperser dès la fin d'un engagement (d'où le fait, aussi, qu'il faille souvent à une armée régulière des effectifs plus importants dans une guerre de partisans que dans une guerre conventionnelle: j'ai lu que les Allemands avaient dû, pendant la deuxième guerre mondiale, stationner 400'000 soldats en Yougoslavie pour faire face aux tchetniks de Mihailovic et aux partisans de Tito). Mais, dans le cas de la Vendée, s'agissant d'affrontements en rase campagne (il existait même une cavalerie vendéenne dont les hommes montaient en sabots, n'ayant pas de bottes de cavalerie), je n'arrive pas à m'expliquer qu'une armée qui avait été forgée par d'excellents organisateurs comme Gribeauval, qu'une armée qui allait tout de même être le socle de la Grande Armée de Napoléon, qu'une armée qui multipliait les victoires sur l'Europe coalisée, ait pu essuyer des pertes si importantes et connaître des défaites si cuisantes face à des levées paysannes? La foi a-t-elle, cette fois-là, soulevé des montagnes (Mt 17,20)?
patrik111
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Citation de Heine rectifiée

Message par patrik111 »

Qui n'a été frappé par le rituel qui entoura le massacre de la famille impériale, par celui de ses bourreaux qui écrivit sur un mur de la maison Ipatiev les vers de Heinrich Heine Und Belsatzar ward in selbiger Nacht / Von seinen Knechten umgebracht , citation alllemande bien curieuse dans le contexte de ce que l'on nous présente comme la révolution russe.
Qu'on me pardonne cette petite rectification, mais la citation exacte de Heine est:
Und Belsatzar wurd in selbiger Nacht / Von seinen Knechten umgebracht
et non ward.

J'ajoute que tout ce fil de discussion est pour moi littéralement passionnant.

P.
Patrik111
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