Formations des prêtres

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paraclésis
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Formations des prêtres

Message par paraclésis »

Je suis préoccupée par l'absence de formation de certains prêtres notamment ceux qui viennent de l'ECOF vers l'orthodoxie.
Je ne me permettrai pas de juger leur manière de penser ou leur pastorale, mais leur manière de célébrer les rares fois où j'ai l'occasion d'en croiser, vraiment m'étonne.
Je sais bien que chaque cas est particulier et que nos évêques qui ont la lourde tâche de discerner s'il peuvent les acceuillir ont parfois prévu des "parrainages" ou des temps de "concélébrations" avec d'autres prêtres.
La façon de célébrer ce n'est pas vraiment pour moi qu'une question d'usage, et c'est notre meilleur outil de catéchèse.

Je ne peux en vouloir à ces hommes qui n'ont pas grandi dans l'orthodoxie de ne pas avoir appris par une longue fréquentation de paroisse. Je me demande cependant si la perspective qui est celle de l'ECOF à savoir la résurrection (ex nihilo ?) d'un rite n'a pas engendré l'idée que le tout était d'être pieux et de porter de beaux habits........

Je sollicite le témoignage de ceux qui ont des prêtres ex-Ecofiens ou qui comme moi en ont vu célébrer.

Pour la formation liturgique, j'ai proposé récemment à une paroisse dont un homme (venant du catholicisme) diacre (sur la demande paroissiale)devait être ordonné prêtre de lui permettre de suivre un usage de monastères à savoir célébrer 40 jours de suite pour s'imbiber de la liturgie dans ce temps très propice à la transmission que constitue les suites immédiates d'une ordination.
La réponse fut non, sur les 12 personnes qui ont reçu ma demande (dont le futur prêtre) personne ne percevait le moindre intérêt à ce que je proposais.
Par la suite, (après l'ordination) plusieurs(dont le récent prêtre et son recteur) sans se souvenir de ma proposition, ont constaté ses difficultés à célébrer.
Dieu aidant cela vienda.
Dernière modification par paraclésis le mer. 29 juin 2005 0:19, modifié 1 fois.
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Anne Geneviève
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Prêtres ex-écofiens

Message par Anne Geneviève »

Le problème est plus grave. Avec l'ECOF fonctionnait un institut de théologie dont l'enseignement, je l'ai vérifié, était juste. Mais la perversion de l'évêque Germain fut en général de ne pas ordonner les hommes qui avaient fait la démarche de se former en théologie mais d'ordonner presque systématiquement des hommes sincères dans leur démarche mais non formés en théologie. Or une formation théologique permet de voir la profondeur de la liturgie.
La différence de rite peut amener une maladresse lors des premières célébrations mais si elle ne s'estompe pas au fur et à mesure que gestes et paroles deviennent familiers, c'est que la racine est plus profonde.
Les prêtres qui ont quitté l'ECOF savent pourquoi ils l'ont fait, mais il y a des manques qu'on ne comble pas d'une pichenette.
Votre idée d'un stage monastique est fort bonne.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
paraclésis
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Message par paraclésis »

Une formation théologique théorique c'est bien et souhaitable, néanmoins pour la liturgie et donc le chant il faut aussi s'imbiber. C'est plus que l'application après de la théorie. Disons que je comparerais la formation des prêtres et des chefs de choeur à de l'apprentissage d'un artisanat. Il y a beaucoup dans les livres, il y a pourtant tout dans la pratique.
Avez vous regarder un ébéniste ? son regard palpe le bois, sa main s'empare doucement de l'outl et puis labeur, le résultat vient.
Pour ce qui est de l'ECOF j'ai rien à dire, je connais pas.
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Dans l’Église patristique, à l’Âge d’or patristique, à l’époque des Conciles œcuméniques, des définitions dogmatiques et des décisions canoniques, il n’y avait pas de séminaire. Le rôle de l’évêque était d’enseigner le peuple, d’y disterner ceux qu’il appelait à former le clergé, à les instruire en les élevant dans l’échelle des ordres en les associant à la pratique des saints Mystères, en observant leur manière de vivre (et de fonder une famille) et de se conduire. Il n’y avait pas d’institutions spécialisées de formation théologique. Les Pères ne méprisaient pas du tout l’enseignement de la philosophie profane. L’idée de créer de telles institution est venue d’abord en Occident, où on a inventé des Universités et des Facultés. On y enseignait la Théologie par des méthodes systématiques et conceptuelles. C’est l’apparition de la Scolastique. Plus tard les ordres militants (dominicains, franciscains puis jésuites) ont développé cette spécialisation. Une de leurs principales activités était de former ainsi, ou plus exactement de déformer, les jeunes orthodoxes. L’influence de tels enseignements a été énorme sur l’Église orthodoxe, non pas tant par la naissance de l’uniatisme, mais par l’apparition sans le sein de l’Orthodoxie d’une théologie spécialisée réputée “savante”, “académique”. Ce fut le début d’une longue captivité multiséculaire de l’Église orthodoxe, dont on peut dire qu’elle a été une “nouvelle captivité de Babylone”. Elle est loin d’être encore terminée. le père Georges Florovsky, que les modernistes de “l’École de Paris” n’aiment guère, a parlé d’une “pseudomorphose” pour diagnostiquer ce phénomène. C’est cette maladie qui pèse aujourd’hui sur l’Église orthodoxe, et elle est autrement plus grave et dangereuse que l’œcuménisme. Il serait dangereux de se tromper de diagnostic.

En ce qui concerne les prêtres de l’ex-ECOF, il est certain que leur multiplication pose un réel problème. Comme l’Institut Saint-Serge ne s’est jamais fixé comme objectif de former des prêtres indigènes (il préférait former des clercs qui pourrait aider un jour l’Église russe à adopter une configuration “moderniste”, mais à sa libération l’Église russe a choisi une autre voie et renié “l’École de Paris”), et que les autres Églises ethniques ne s’intéressaient qu’à leurs problèmes ethniques, nous n’avons pas de clergé capable de répondre à l’attente des indigènes de plus en plus nombreux qui s’adressent à l’Église orthodoxe. On confie donc les célébrations qu’à des prêtres formés hors de l’Église orthodoxe, ou bien on fait appel à des prêtres venus des pays orthodoxes.

Il est difficile de parler d’une façon plus précise, car la diversité des personnes est très grande.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Jean-Serge
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Message par Jean-Serge »

Y a-t-il encore des juridictions orthodoxes où l'on peut devenir prêtre sans diplôme d'un séminaire ou sans diplôme de théologie mais en ayant étudié tout seul?
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
paraclésis
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Message par paraclésis »

Jean Serge,
Aucun des 2 prêtres de la paroisse francophone St-Irénée, à Marseille,(patriarcat de Constantinople) n'a suivi d'études dans un séminaire ou une fac de théologie, ils sont tous deux français de naissance.
Le premier, fut ordonné par Mgr Mélétios, à la demande du P Cyrille(Argenti) en 1983. Il avait cependant fait de longues études de bible auprès de Don Charlier(catholique), et était de son métier prof de philo.
Alors qu'il était encore diacre il prêchait en grec.
Le second, ancien prof d'Allemand, a été ordonné lecteur par Mgr Stéphane (actuellement en Estonie)diacre par Mgr Jérémie (actuellement en Suisse) et prêtre par Mgr Emmanuel. Cette ordination avait été demandée par les paroissiens de la paroisse en laquelle il avait été reçu dans l'orthodoxie une douzaine d'années avant. Aucune étude en séminaire ou en fac de théologie; mais dès son ordination au diaconat il a entrepris, a son rythme, l'étude de la bible et de la tradition orthodoxe.

Il me semble que c'est une bonne chose que ce soit les paroissiens qui demandent à leur évêque une ordination sacerdotale, c'est alors à l'évêque de discerner et s'il le juge bon d'ordonner.

Je me permets de rappeler que l'ordination au sacerdoce ne donne pas automatiquement le droit de confesser, cela est laissé à l'appréciation de l'évêque qui ordonne en fonction des qualités de la personne devant être ordonnée et des nécessités pastorales. L'autorisation de confesser peut donc être conférer dès l'ordination, plus tard ou jamais.

Ces exemples répondent à votre question Jean-Serge.
D'une manière plus générale l'ordination est du domaine du discernement de l'évêque qui a aussi pour devoir de pouvoir aux nécessités pastorales des orthodoxes dont ila la charge.
Ce n'est pas un choix, une politique, ou une règle qui amène tel évêque à ordonner un homme n'ayant pas fait de cursus, mais la nécessité.
Et la nécessité en France c'est que nous avons besoin de prêtre, qui doivent subvenir aux besoins de leur famille par un métier. Par ailleurs, pour l'instant nous ne pouvons demander aux monastères français de nous dépanner en nous détachant des hiéromoines qu'ils n'ont pas en grand nombre.

S'engager dans un long cursus de formation, demande du temps, de l'énergie, de l'argent, et un lieu adéquat. Cet ensemble de conditions est rarement disponible pour les hommes murs qui s'engagent dans le service de l'Eglise.

La situation est nettement différente dans les pays de tradition orthodoxe où être prêtre est considéré comme une activité professionnel dans le sens où un salaire est prévu et versé.
Je ne sais (j'ai tendance à le supposer)si la Belgique qui a reconnu le culte orthodoxe et qui dans ce cadre paye les professeurs donnant des cours de religion aux enfants des écoles, exigent de ces professeurs des diplomes académiques.

Un mot sur St-Serge, dont l'enseignement est ce qu'il est, pour signaler que les études qui ne peuvent être faites qu'à plein temps (je ne parle pas de l'enseignement par correspondance qui est bien moins consistant), est loin d'être gratuit même si pour certains élèves il y a des bourses. Quel père de famille pourrait payer ou se faire payer par son diocèse 4 années de présence à Paris ? Beaucoup des étudiants étrangers sont pris en charge par leur diocèse en vue d'une ordination. Pour la France je ne crois pas que cela soit encore arrivé.
Quant à ceux qui, sur leur initiative suivent ce long cursus en se le payant, rien ne leur promet qu'a son terme, leur diocèse les ordonnera.
Dernière modification par paraclésis le ven. 01 juil. 2005 20:00, modifié 1 fois.
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GIORGOS
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Message par GIORGOS »

Jean-Serge écrit:
Y a-t-il encore des juridictions orthodoxes où l'on peut devenir prêtre sans diplôme d'un séminaire ou sans diplôme de théologie mais en ayant étudié tout seul?
Je ne puis parler que d’expérience.
Donc je ne parle ici que du clergé des Eglises Grecque, Russe « Hors Frontières » et Antiocheénne.
Dans l’Argentine, et en général dans l’Amérique « du Sud » - comme on l’appelle selon l’usage des USA, et que vous appelez « Latine »- (1), les prêtres orthodoxes ne sont pas issus de séminaire aucun. Il y a, toutefois, quelques exceptions.
La formation traditionnel des prêtres commence par la fréquentation de l’Eglise, la collaboration avec les chantres, l’aide sur les ordres du diacre, …
Puis, les ordinations successives, Lectorat, Sous-Diaconat, Diaconat…a critère et demande du recteur de la paroisse, des fidèles ou de l’évêque.
Quant aux études, ils sont guidés par les prêtres de paroisse et les évêques, quelquefois avec la collaboration des diplômés du Séminaire de l’ERHF de Jordanville (les seules avec études reguliers).
Par ailleurs, je sais qu’il y a un séminariste argentin en Balamand (Patriarcat d’Antioche).
Mais presque tous , jeunes et moins jeunes, ont profité des pages, bien systématiques d’ailleurs, de Vladyka Alexandre :

http://www.fatheralexander.org/index.shtml ( des publications) et

http://www.holytrinitymission.org/index.php (des cours de formation).

(Ces deux pages ont des textes orthodoxes en plusieurs langues)

La plupart du clergé local a une formation à métier ou professionnel, et en général on ne peut pas faire des critiques sérieuses a la qualité du clergé, que si n’a pas une formation académique, en échange connaît sa théologie et il a de bon sens et piété.

(1) Nous avons préferance de l’appeler « romanique ». Un jour, peut être, j’ écrirais sur cette question.
Giorgos
SEÑOR JESUCRISTO, HIJO DE DIOS, TEN PIEDAD DE MÍ PECADOR.
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