couleurs liturgiques

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christian
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couleurs liturgiques

Message par christian »

Les vêtements deviennent conventionnels et les cinq couleurs liturgiques se mettent en place sous Innocent III : blanc (fêtes en général, vierges, abbés et confesseurs), vert (après la Pentecôte et l'Épiphanie), violet (Carême et Avent), rouge (Pentecôte et martyrs), noir (défunts).
Comment sont apparues les couleurs liturgiques. A quoi correspondent-elles?
Est-ce que les couleurs liturgiques notées par Hilaire ci-dessus correspondent à celles encore utilisées?
paraclésis
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Message par paraclésis »

Pouvez-vous donner votre référence quand vous citer ?
Je n'ai pas ces occurences de couleur dans l'oeil et je m'étonne de ne pas voir le bleu, utilisé entre autre pour la théophanie, à cause de l'eau ai-je imaginé...
en-arké-o-logos
christian
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Message par christian »

Dans le fil "communion fréquente", Hilaire a repris ce passage. Il en donne les références au début du fil, références que je recopie ci-dessous. Il est vrai que cela semble n'être une référence qu'àl'usage dans l'ECOF. Si c'est le cas, existe-t-il d'autres références et où trouver ces éléments?

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je vous livre l'ensemble du texte qui apporte des éclairages intéressants sur plusieurs aspects liturgiques occidentaux que l'on retrouve pour certains dans le rite des Gaules en usage à l'ECOF, laquelle église prône la communion fréquente, voire journalière pour ceux qui le peuvent matériellement.

pour avoir le texte complet:
<http://www.eleves.ens.fr/home/mlnguyen/hist/med/vierel1.html>

La vie religieuse du VIIe s. au milieu du XIe s.
paraclésis
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Message par paraclésis »

merci pour la piste, je trouve en effet un texte qui un paragraphe plus haut que celui repris par Hilaire parle d'indulgences...
Je ne pense pas que les couleurs de tenues (des prêtres, des autels) soient réglementées...liberté chérie de l'orthodoxie.
Certes il y a des usages locaux, encore que l'on fait le plus souvent avec ce que l'on a.
Les usages ne sont pas les mêmes chez les slaves et chez les grecs, notemment pour la grande semaine.
La valeur symbolique de ces couleurs est-elle la même que celles utilisées pour écrire les icônes ?
Pour ma part, j'ai rarement vu des nappes ou des tenues blanches-blanches, plutôt blanc et argent ou blanc et doré. Par contre, en effet l'utilisation des couleurs que cite ce texte est pleinement conforme avec l'usage, encore actuel, chez les catholiques latins.
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eliazar
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Couleurs des vêtements liturgiques

Message par eliazar »

Paraclésis a écit :
" ... je m'étonne de ne pas voir le bleu, utilisé entre autres pour la Théophanie, à cause de l'eau ai-je imaginé..."
Le texte de référence semble plutôt être en rapport avec les couleurs d'ornements liturgiques en usage dans le catholicisme romain - ce qui ne serait pas trop étonnant, s'agissant de l'ÉCOF dont la volonté d'établir une sorte de pont entre latinité et orthodoxie a souvent conduit à des choix qui rappellent parfois le mariage de la carpe et du lapin (dans d'autres domaines que les couleurs des ornements).

Ayant été catholique romain moi-même, mais il y a bien longtemps, je ne me souviens pas de chasubles bleues pour le Baptême du Christ : la Théophanie étant la première manifestation glorieuse du Christ, je ne pense pas que ce soit la couleur de l'eau qui puisse primer si on cherche à lui appliquer une couleur vraiment adaptée, symboliquement, mais plutôt le blanc (pour la Lumière) et l'or (pour la Gloire). Plus encore que le Baptême du Christ par le Précurseur et Baptiste Jean, l'Église célèbre ce jour-là la première manifestation de Jésus en tant que Verbe et Fils de Dieu, et sa reconnaissance publique par le Père, avec la manifestation du Saint Esprit sous forme de colombe - ce qui en fait aussi la toute première manifestation "en clair" de la Tri-Unité de Dieu - en tout cas dans le Nouveau Testament.

Par contre, je me souviens que les ornements bleus étaient classiquement utilisés dans les églises catholiques romaines pour les célébrations de fêtes mariales. D'où, probablement, le manteau ou la robe bleus qui sont les vêtements les plus courants attribués à la Mère de Dieu par les peintres religieux latins.

-----------------------------------------

Concernant la tradition de l'Église à ce sujet , on peut utilement se référer à un ouvrage (catholique romain)du P. Janin, consulteur de la Congrégation romaine Pro Ecclesia Orientali : "Les Églises Orientales et les Rites Orientaux", éd. Letouzey et Ané (4ème édition : Paris 1955).

Je m'excuse de citer l'ouvrage d'un contempteur bien connu de l'Église orthodoxe ( accessoirement, Janin ne craint pas d'employer d'assez grossières contre-vérités quand il aborde les problèmes historiques, doctrinaux ou dogmatiques, et il le fait avec un esprit "bien de son temps" .. avant les grandes manoeuvres de l'oecuménisme à al mode vaticane moderne) mais sur le point qui nous intéresse ici, c'est un bon travail de spécialiste. En voici qques extraits qui, finalement, confirment surtout ce que Paraclésis appelle très justement la "liberté chérie de l'orthodoxie".

Pour la tradition byzantine, et décrivant le costume ordinaire des prêtres, Janin écrit de l'antérion qu'il est :
"une espèce de soutane dont les deux pans sont croisés l'un sur l'autre par-devant et maintenus par une ceinture en étoffe et par des agraphes disposées sur le côté. Il est généralement noir mais il n'y a aucune prescription rigoureuse sur ce point et l'on peut voir parfois des prêtres avec un antérion de couleur mauve, jaune, verte ou violette." (pp. 32-33)
Décrivant les vêtements liturgiques proprement dits, il écrit au sujet du sticharion que le diacre porte par-dessus son antérion :
"C'est un vêtement long, souvent en soie, qui descend jusqu'à la cheville et qui correspond à l'aube latine. Il n'est pas nécessairement de couleur blanche mais la couleur doit toujours être claire...." (p.34)
Page 37, en conclusion de cette partie, il aborde les couleurs :
"Chez les Byzantins, les vêtements liturgiques étaient de trois couleurs. Le noir servait pour les messes [sic] des présanctifiés, le rouge pour le Carême et pour les cérémonies funèbres, le blanc pour toutes les autres circonstances... / ... Actuellement il n'y a plus de règle rigoureuse sur ce point, sauf peut-être en Russie. Cependant on a conservé l'habitude d'employer le noir pour les messes des présanctifiés et pour tous les offices du Carême, le rouge et le blanc pour les messes des morts. Le reste du temps, on emploie la couleur que l'on veut. Tous les vêtements devraient régulièrement être de la même étoffe et de la même couleur, mais pratiquement on ne tient plus aucun compte de cette règle. Cependant on évite dans le choix des couleurs celles dont l'assemblage choquerait par ses tons criards.""
A propos des Arméniens Grégoriens, Janin donne peu de détails, et uniquement touchant la couleur des vêtements ecclésiastiques, pas desz vêtements liturgiques :
" La coiffure est le pakegh, cylindre de carton recouvert d'étoffe, terminé en forme de cône, qui est toujours noir pour le clergé séculier. A léglise, les prêtres mariés revêtent par-dessus leur soutane un manteau de laine noire, appelé pilon ... (p.342)
... / ... Le costume du clergé régulier offre un peu plus de variété que celui du clergé séculier, bien qu'il soit le même dans son ensemble. Le pakegh est de couleur violette, mais il n'y a en cela aucune obligation. Le pilon est en soie noire; les simples vardapets [évêques, Nd'E.] le portent en soie brochée, et les vardapets suprêmes en soie violette..." (p.343)
En fait, dans un ouvrage de plus de 500 pages où l'auteur décrit avec soin l'organisation et les rites (y compris ceux de l'administration des mystères, ou pour la composition des offices, voire les vases sacrés) qui sont ceux des orthodoxes grecs, chypriotes, russes, ukrainiens, serbes, bulgares roumains, géorgiens - sans compter les églises arménienne, ruthène, uniates de diverses origines orientales, chaldéenne, maronite, copte, jacobite, nestorienne, syro-malabare, éthiopienne - il n'y a pas d'autre indication de couleurs liturgiques que celles que je viens de citer.

Les rares autres indications de couleurs concernent le vêtement ecclésiastique porté par le clergé ou les moines en dehors des cérémonies. Cela semble confirmer que la plus grande liberté a existé dans la plupart des Églises les plus anciennes (orthodoxes ou non), en ce qui concerne la couleur des vêtements liturgiques - et donc que les indications données par l'ECOF correspondent davantage à une inspiration para-latine (historiquement assez récente) qu'à une tradition ancienne réelle. Mais il serait évidemment utile de confronter ce qu'a pu recenser Janin avec d'autres ouvrages similaires, d'autre provenance.
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christian
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Message par christian »

Pour ce qui est de ma petite expérience, j'ai pu remarqué que durant la prériode du carême et dans la paroise (ERHF) que je fréquente on utilise des habits liturgiques soit noirs, soit rouge-grenat.
A Pâques et durant la prériode pascale, la couleur est claire, blanc ou or.
A Pentecôte, l'usage est au vert.
Qu'en est-il dans les autres paroisses orthodoxes?
eliazar
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Message par eliazar »

Christian, vous avez écrit :
" ...... durant la prériode du carême et dans la paroise (ERHF) que je fréquente on utilise des habits liturgiques soit noirs, soit rouge-grenat.
A Pâques et durant la prériode pascale, la couleur est claire, blanc ou or.
A Pentecôte, l'usage est au vert. "
Merci: votre témoignage soutient ce que je crois, au fond, à propos de ces couleurs associées aux vêtements de la Sainte Liturgie. Il en est de ce choix comme de la qualité de nos prêtres. Les uns sont des êtres charnels, dévoués aux peines et heureux des joies de leurs fidèles. Les autres sont des êtres plus mentaux : ils sont surtout attentifs aux grandes questions (sans fond...) que sont les dogmes, la doctrine, la spéculation intellectuelle des plus doués parmi les croyants ... et ses risques (mortels) de déviation. Sont-ils moins dévoués aux êtres humains qui leur ont été confiés - pour l'être sur un plan qui leur apparaît comme plus essentiel (plus permanent aussi) que celui des peines et des joies ?

Enfin, j'en ai connu que ces deux plans de leur terrible charge n'inquiétaient pas (en apparence) : moines ou prêtres séculiers, ou encore "simples" membres du (bas) clergé, je considère ceux-là comme des êtres spirituels (quel mot galvaudé ! quand un homme comme moi, qui voudrait tant et n'y arrive jamais... se permet quand même de l'utiliser !!!), qui ont comme instinctivement écarté (comme une perte inutile de temps et d'énergie) ces préoccupations-là de leur univers religieux - et qui "s'absorbent" (à tous les sens du terme) dans la contemplation de l'Inaudible, de l'Invisible, de l'Indicible. Intimement persuadés qu'ils sont que leur charge étant d'emmener jusque dans le Royaume qu'ils désirent eux-mêmes tous ceux que Dieu (par le truchement de leur Évêque terrestre) leur a confiés, leur seul véritable moyen de n'en perdre aucun (si...) est de se sanctifier eux-mêmes.

C'est à dire, jusqu'à un certain point : de se séparer.

Je crois, pour en revenir au spectre des couleurs, que ces choix (que vous évoquez si bien à l'aune de votre paroisse ERHF) sont le fait de cette troisième catégorie du clergé. Il faut avoir grand ouvert son oeil intérieur pour saisir l'importance primordiale des couleurs dans l'ouverture (si petite soit-elle) des êtres les plus charnels ("sensuels") d'une paroisse au Mystère de l'Innomable, notre Dieu. Comme il a fallu un Élie pour déceler la Shekinah, la Présence de Dieu, non dans le tonnerre ou la tempête, mais dans la brise légère - et se voiler la face de peur de Le voir à en mourir.

- - -

Mais c'est également vrai de la musique sainte. Combien de paroisses, hélas, n'ont réussi à construire qu'un choeur de chantres sous-charnels, si je puis dire - dont les timbres, les émotions ou pire : l'absence d'émotions, transforment la sublimité du chant byzantin (au mieux) en choeur d'opéra de sous-préfecture !

Je ne parle naturellement pas de ceux qui en plus chantent faux. Mais il y a aussi des couleurs qui "chantent faux". Et des gestes. Et des voix homélitiques qui "cassent" littéralement le recueillement spirituel que les fidèles ont si péniblement (parfois) atteint pendant le déroulement de la Sainte Liturgie. Aussi l'Église, notre mère attentive, ne pouvait-elle probablement pas définir doctrinalement, canoniquement, l'indéfinissable. Que ceux qui pouvaient voir restassent libres de voir, et de transmettre leur vision !

Celle qui est le Corps Mystique du Verbe Incarné a-t-elle jamais édicté de canons à l'usage des contemplatifs pour la conduite de leur vie quotidienne ?

Kyrie, eleison !
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Jean-Serge
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Codes couleurs

Message par Jean-Serge »

Je pense que les codes couleurs dépendent de deux choses : les traditions nationales mais aussi l'étendue de la garde robe de l'église.

De ce que j'observe dans ma paroisse serbe, les habits liturgiques des prêtres serbes sont les plus simples, les moins bardés de dorures : blancs, en tissu très léger avec des décorations bleues... Ils sont portés quasiment tout le temps y compris le dimanche pendant le Grand Carême. En revanche, le jour de la liturgie des Présanctifiés, la tenue est violette.

Ayant l'habitude de ces tenues sobres, j'ai été surpris en arrivant aux vigiles samedi à l'Eglise Russe hors frontières, de voir le clergé en vert, l'autel en vert...

Hier les prêtres avaient le tenue blanche habituelle, mais j'ai cru remarquer que les diacres étaient plutôt à dominante rouge... Autre usage, que je découvrais, avant la lecture des prières de la génuflexion, on répand de l'herbe sur le sol en abondance. Pendant la première prière tout le monde tresse des couronnes (assez petites en diamètre)...
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paraclésis
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Message par paraclésis »

Je ne connais pas cette usage d'herbe répandu, plus de détails volontiers et surtout quel sens ? merci
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Jean-Serge
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Le sens

Message par Jean-Serge »

Chez les Russes les gens viennent me semble-t-il avec des bouquets de fleurs et des tiges ou des feuilles... J'en ignore le sens également (mais je suppose qu'il n'est pas éloigné de l'herbe répandue sur le sol) car on reste dans la verdure...
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Juste quelques mots sur le document cité par Hilaire dans le fil communion fréquente et repris ici par Christian car il me semble que l’auteur n’a consulté que les sources liturgiques en négligeant les chroniques et les textes hagiographiques pourtant riches de détails. Il saute aussi allégrement de l’époque mérovingienne à Innocent III. Je sais bien qu’aux yeux de Dieu, mille ans sont comme un jour mais enfin, pour nous autres hommes, sept siècles, ça fait presque 30 générations.
Les couleurs liturgiques sont beaucoup plus anciennes qu’Innocent III, puisque j’ai trouvé des allusions au voile du tombeau de certains saints, voile que l’on renouvelait selon le temps liturgique, dans des textes de Venance Fortunat et de Grégoire de Tours. Innocent III a sans doute légiféré sur la question comme sur tout le reste, c’est sans doute aussi à cette époque que l’on a rajouté le noir, mais il n’a pas inventé la coutume.
Il faudra un jour qu’un historien de la liturgie s’attaque sérieusement aux deux points d’inflexion que sont en occident non romain l’apport des Irlandais, de la fin du Ve au VIIe siècles, puis à l’époque de Charlemagne, après 743, celle des Wisigoths fuyant l’Islam mais qui cumulaient le filioque et l’iconoclasme, ce qui fait beaucoup. Les Irlandais avaient des contacts réguliers avec les Grecs comme avec la Gaule avant et après la conquête franque mais leur influence est très souvent minimisée par les historiens (cathos, mais surtout universitaires) pour qui longtemps il n’était bon bec que de Rome.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
eliazar
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Couleurs liturgiques

Message par eliazar »

A propos des Irlandais, je signale un intéressant ouvrage (en anglais heureusement, car je ne lis pas le gaélique !) :

"AQUITAINE AND IRELAND IN THE MIDDLE AGES" édité par Jean Michel Picard (de l'University College Dublin) - Four Court Press, Kill Lane, Blackrock, Co. Dublin, Ireland. Printed in GB by Cambridge University Press.

Ce sont des communications présentées en avril 1993 à un colloque tenu à Bordeaux, et dues à 14 chercheurs différents.

Neuf sont publiées dans leur texte original, c à d en français (celles de Picard, Holtz, Cizek, de Pontfarcy, Neville, Le Duc, Kerlouégan, Edm. Jung, Bélier)
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Jean-Marc
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la pratique romaine

Message par Jean-Marc »

Un petit Vade mecum de la pratique romaine des couleurs...


Les couleurs liturgiques

par le R.P Vandeur


A l'origine, l'Eglise ne détermina pas pour ses ornements des couleurs spéciales. Il en est encore ainsi dans l'Eglise orientale. Ce n'est que vers la fin du XIIème siècle qu'émanèrent de l'autorité ecclésiastique certaines prescriptions à ce sujet ; sans doute elles ont eu pour causes les tendances de ce siècle à symboliser.

Les couleurs reconnues par la liturgie romaine et prescrites par saint Pie V, sont : le blanc, le rouge, le vert, le violet et le noir (Missale romanum, Rubr. gen. c.18 : De coloribus paramentorum ). La signification symbolique que ces couleurs reçoivent dans l'Ecriture sainte a déterminé aussi les circonstances dans lesquelles nos rubriques les prescrivent.

Le blanc signfie la joie, l'innocence, la gloire angélique, le triomphe des saints, la dignité et la victoire du Rédempteur. Cette couleur est affectée dans l'Eglise romaine aux fêtes de Notre-Seigneur Jésus-Christ, comme Noël, l'Epiphanie, Pâques, l'Ascension, la Fête-Dieu, la fête du Sacré-Coeur ; aux fêtes de la Sainte Vierge, de la Toussaint, à celles des Pontifes, Docteurs, Confesseurs, Vierges, et en général de tous les saints et saintes qui ne furent pas martyrs.

Le rouge symbolise, par son éclat de feu et par sa couleur, le sang ; il est affecté aux fêtes du Saint-Esprit, de la Croix, de la Passion, des Martyrs, y compris celles des Apôtres.

Le vert, cette teinte du printemps, est le symbole de l'espérance ; on l'emploie durant le Temps qui signifie dans la mystique liturgique, le pèlerinage vers le ciel , c'est-à-dire le Temps après l'Epiphanie et la Pentecôte.

Le violet, dont les reflets chatoyants et sombres saturent les yeux, était regardé dans l'antiquité comme la couleur, significative de la royauté, de la puissance, des hautes dignités, de la richesse. L'Eglise a transposé plutôt que renversé ce symbolisme, en l'appliquant à la pénitence, à la prière, dans l'affliction, à l'humiliation ; n'est-ce pas là en effet ce qui nous enrichit et nous élève ? Elle emploie cette couleur durant l'Avent, la Septuagésime, le Carême, ainsi qu'aux Quatre-Temps, Vigiles, Rogations, dans les trois solennelles bénédictions liturgiques de l'année, celles des cierges, des cendres et des rameaux (Collat. Brug. t. XVI, p.519. Etude sur le violet).

Le noir symbolise la puissance qui s'élève contre Dieu, l'action de Satan et ses victoires ; on l'emploie le Vendredi-saint et dans l'Office des défunts. Cet ange déchu n'est-il pas l'auteur de notre mort ? Et n'a-t-il pas fallu celle du Christ pour triompher de celle-ci ?

Dans quelques églises, plus riches, on introduit le rose deux fois l'an : au troisième dimanche de l'Avent, Gaudete, et au quatrième du carême, Laetare. L'origine de cet usage liturgique est qu'au dimanche Laetare le pape bénissait la rose qu'il envoyait à l'un ou à l'autre des princes chrétiens. Cette couleur fut ensuite employée au dimancge Gaudete qui offre certaines analogies liturgiques avec celui de Laetare.



Telles sont les couleurs des ornements dans l'Eglise romaine ; elle n'en admet point d'autres. La sacrée Congrégation des rites a réprouvé l'usage des ornements à toutes couleurs dans lesquelles on ne peut distinguer la prédominance ; elle a défendu de même la couleur jaune ou bleue. On tolère le drap d'or qui, selon l'usage suivi à Rome, peut servir pour le blanc., le rouge, le vert. Le drap d'argent peut servir pour le blanc. Notons que ce n'est point la croix d'une chasuble, ou les bandes d'une tunique qui déterminent leur couleur ; c'est le fond de l'ornement.

Remarquons enfin que ce qui a été dit des couleurs liturgiques ne concerne pas seulement les vêtements sacerdotaux, mais tout ornement servant au culte, comme : l'antipendium ou tenture habillant le devant de l'autel, le conopole ou voile du tabernacle, etc.
paraclésis
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Message par paraclésis »

merci jean-Marc, si cet auteur dit vrai, il apporte de l'eau à mon moulin.
Liberté chérie, quand il dit Eglise orientale, je suppose qu'il veut parler des orthodoxes. Donc rien de prescrit, l'Orthodoxie l'avons-nous assez remarqué n'interdit ou ne condamme que le dos au mur, quand il y va de son trésor le plus précieux la foi reçue de nos Pères.
Je renouvèle ma question ? Quelqu'un a-t-il réfléchi ou lu quelque chose sur le choix des couleurs liturgique par rapport aux choix des couleurs utilisées pour écrire les icônes ?
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eliazar
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Couleurs liturgiques

Message par eliazar »

Il existe, je crois, un canon au sujet de la peinture des icônes.

L'essentiel (ce dont en tout cas je me souviens) est que la "composition" de l'icône est du domaine des Pères (c'est à dire doit répondre exactement au sens dogmatique) et que son "écriture" est du domaine du zographos.
C'est à dire que le choix des couleurs, des détails secondaires, jusqu'à un certain point aussi de la forme des visages, de la taille des personnes, etc. - tout ceci est le domaine libre de l'artiste.

Mais pas la composition proprement dite, qui doit exprimer de manière visible et indéformée la signification doctrinale de la fête (par exemple) ou le sens qu'ont revêtu la vie du saint, sa mort, etc.

Mais je n'ai pas ce texte; un de nos lettrés va certainement nous le donner ...
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