Signification de la pomme dans la religion orthodoxe

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encatane
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Signification de la pomme dans la religion orthodoxe

Message par encatane »

bonjour à tous,
j'aurais aimé connaître la signification de la pomme dans la religion orthodoxe.
une amie revient de prague où elle a vu dans certaines églises des sculptures représentant une vierge tenant un enfant dans un bras et lui tendant une pomme de l'autre...ça la tarraude et je me suis fait fort de trouver l'explication..j'ai cherché (pas très longtemps je le concède:), j'ai pensé que vous saviez ptet...d'avance merci
Catherine
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pomme ?

Message par Catherine »

Êtes-vous sûr qu'il s'agissait d'églises orthodoxes ? Était-ce une sculpture à trois dimensions ? Si oui, il est peu probable que ce fût des églises orthodoxes. Il vaudrait mieux demander sur un site tchèque, non ?
K.
Olia
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Message par Olia »

Tant que je sache, ce sont surtout les grappes de raisin et aussi, les palmiers qui figurent dans l’art à la fois décoratif et symbolique présent dans les églises orthodoxes, en Russie en tout cas.

Quant à la pomme, je l’associe le plus souvent avec l’art baroque et la Renaissance (mais peut-être pas exclusivement) d’Occident et l’Antiquité païenne.

J’ai entendu dire par ailleurs que selon la tradition (orthodoxe), le fruit auquel nos ancêtres Adam et Eve n’auraient jamais dû goûter était en fait une figue et non pas une pomme.

Cependant, il existe chez les Orthodoxes russes une coutume qui consiste à ne pas goûter de pomme avant le « 2ème Sauveur », en été. La première « Fête du Sauveur » est associée au miel - il s’agit de la Fête de la « Procession de l’honorable bois de la Croix vivifiante », la deuxième, c’est à dire la Transfiguration, aux pommes. C’est donc à partir de la Fête de la Transfiguration que l’goûte de la pomme, ces fruits sont sanctifiés ce jour-là dans les églises (comme le miel lors de la « première » Fête du « Sauveur »).

La troisième est associée à la récolte de noix (et de noisettes ?). Il s’agit de la Translation de l’image non-faite-de-main-d’homme de notre Seigneur Jésus Christ d’Edesse à Constantinople.

En Russie, les Fêtes d’Eglise au mois d’août s’associent ainsi à la nature – récolte de miel, de pommes, etc., c’est très beau mais la plupart d’entre nous n’y voient pas un symbolisme profond (…). Sauf que le miel s’oppose au fiel, la pomme sanctifiée dans les églises peut être « opposée » au fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal etc.

Je comprends que je me suis éloignée du véritable sujet mais en tant qu’orthodoxe, j’associe la pomme à cette période l’année où l’on attend les récoltes de pommes et les fidèles orthodoxes russes attendent la Transfiguration avant d’y goûter…
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

D'accord avec Catherine.

Comme il y a tout juste 1% d'orthodoxes en Tchéquie, et qu'il n'y a pas de statues dans les églises orthodoxes, il y a deux raisons de supposer que ces statues se trouvaient plus probablement dans des églises catholiques romaines...
Antoine
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Message par Antoine »

La fameuse pomme ne doit son existence qu'à une confusion des sens du latin malum qui signifie soit la pomme soit le mal. Et l'on comprend comment dans la représentation imagée on est passé du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal à la pomme, après la traduction en latin du texte hébraïque. Mais le mot pomme n'apparait pas dans la genèse et le texte dit que le premier couple a mangé de l'arbre.
Les pères y voient bien sûr une préfiguration du bois de la croix.
Je suppose que la figue dont parle Olia vient du ''figuier désséché'' de l'Evangile qui était porteur de fruits au paradis.
Je n'ai pour ma part jamais vu d'icône avec une représentation de pomme comme celle dont vous parlez et la question de Catherine est légitime. Êtes vous sûr qu'il s'agit d'église orthodoxe? Bien que des influences occidentales ici ou là soient toujours possibles.
Concernant les sculptures à trois dimensions, il n'y a jamais eu d'interdiction contre ce type de figuration et je ne connais pas de canon qui l'interdise, même si notre tradition et notre spiritualité sont essentiellement tournées vers l'icône.
Et quand on voit l'icône atroce de la vierge que vénérait Saint séraphim, je préfère largement les enclos paroissiaux de notre Bretagne. Comme quoi la sainteté ne dépend pas de la canonicité de la représentation devant laquelle on prie...
Catherine
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Quelques réactions

Message par Catherine »

À Olia :
Dans l'Église grecque (tradition locale), c'est du raisin que l'on ne mange pas avant la Transfiguration, parce que c'est ce jour-là qu'on le bénit. Sans doute une question de climat.

À Antoine :
Ai-je dit que les statues étaient interdites par les canons ? Je me suis trompée peut-être, mais ce n'est sûrement pas reçu par la Tradition, et il y a bien une théologie orthodoxe qui souligne la non-orthodoxie d'une représentation à trois dimensions, si je ne me trompe pas.
Mais à comparer les vraies icônes avec les statues, cela ne fait pas l'ombre d'un doute.
[/quote]
K.
Antoine
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Message par Antoine »

Katherine vous dîtes:
et il y a bien une théologie orthodoxe qui souligne la non-orthodoxie d'une représentation à trois dimensions
Quelle est cette théologie? Qui quoi quand où?
Pouvez vous nous en dire plus?
Catherine
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pomme ?

Message par Catherine »

Je réponds au dernier message d'Antoine, car de la pomme dans l'orthodoxie, je ne sais pas grand-chose. Sauf, qu'il existe des représentations (icônes) de la Vierge avec une fleur ou un rameau… il y en a tant…! Peut-être avec une pomme aussi, qui sait ?
Autrement, je ne crois pas tellement que nous devions expliquer l'origine de la pomme comme fruit du paradis par la confusion entre "malum" (pomme) et "malum" (mal), car quoi de plus commun comme fruit que la pomme ? (Il n'y a que les Anglais insulaires invétérés qui croient que la pomme n'existe qu'en Angleterre.)
Donc, ce que j'ait dit sur les statues est dit peut-être un peu trop catégoriquement et il n'y a peut-être pas d'interdiction. Mais je ne me souviens pas de tout ce que j'ai lu il y a 20 ans. Il y a un canon qui parle indirectement des statues au sujet des idoles et qui peut être à l'origine de la coutume de l'absence de statues.
Mais il faut dire en tout cas que par rappport aux icônes, c'est une représentation trop matérielle et naturaliste.
Je pense qu'Ouspensky en parle dans son ouvrage magistral, "La Théologie de l'icône", mais je ne l'ai pas.
K.
Olia
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Message par Olia »

Quelques icônes de la Mère de Dieu comportant des représentations d’éléments de la nature, du monde créé plus en général (fleurs, astres, anges, hommes…) ; la pomme ne semble pas y occuper une place importante, effectivement :-). Je crois me rappeler que des fruits ronds sont parfois représentés sur les icônes de la Mère de Dieu « Nourrissant-de-Lait ».

Rien à voir à mon avis avec la statue en question, qui se trouvait probablement dans une église non orthodoxe – dans ce cas-là, la pomme offerte par Marie, la Nouvelle Eve, au Christ, le « Nouvel Adam », était peut-être symboliquement opposée au fruit de la « connaissance » qu'Eve avait jadis offert à Adam… C’est l’explication la plus logique, à mon sens. A moins que ce ne soit le Christ qui lui offre ce fruit de la vie, ce qui serait encore plus logique.

Quant aux icônes de la Mère de Dieu, les éléments "naturels" y ont une valeur symbolique, d’autres indiquent d'une façon plus "réaliste" les circonstances dans lesquelles s'est produit un miracle, celles de l’apparition de l’icône, etc. J’ai l’impression qu’en règle générale, les plus belles icônes de la Mère de Dieu (mis à part certaines icônes de la Mère de Dieu « Nourrissant-de-Lait ») ainsi que les plus connues (…) ne contiennent pas ce genre de représentations symboliques, « historiques » etc., quelques exemples :

--- http://www.days.ru/Images/ii2912&981.htm --- l’icône de la Mère de Dieu de Mourom *
http://www.ocf.org/OrthodoxPage/icons/data/bogorod.gif (Monastère de Hilandar)
http://www.wco.ru/icons/VirCat/GodM/B1-024Z3.htm - une version plus réussie de l’icône vénérée par saint Séraphim : l’icône de la Mère de Dieu d’« Attendrissement »

(Icônes comportant des représentations d’éléments du monde créé :
http://www.days.ru/Images/ii6944&433.htm « Fleur parfumée »
http://www.days.ru/Images/ii6945&448.htm « Jardin clôturé »
http://www.days.ru/Images/ii3019&1276.htm (« Donnant la Guérison »)
http://www.days.ru/Images/ii2853&563.htm du Signe (ce sont les forces incorporelles qui y sont représentées – sont des êtres crées eux aussi…)
http://www.days.ru/Images/ii2895&916.htm (Icône de Lidde, ou « Romaine », vénérée par le pape de Rome)
http://saints.oca.org/IconDirectory/SM/ ... oflife.jpg (la Mère de Dieu « allaitant » ou « nourrissant-de-lait » - la présence de la nature y est très visible ; l’icône, liée à la mémoire de saint Sabas de Jérusalem, a été apportée à Hilandar, au Mont Athos, par saint Sabas (Savva) de Serbie)
http://www.icon.yar.ru/images/News/Exhi ... pg/171.jpg (« Fleur sans flétrissement »)
http://www.days.ru/Images/ii2940&451.htm (Vilensk-Ostrobram)
http://icon.webzone.ru/olga/sparit.jpg (« Celle qui aide dans la récolte » - les récoltes de blé… l’icône aurait été commandée par saint Ambroise d’Optino, la Mère de Dieu étant considérée comme le soutien de ceux qui doivent gagner leur « pain substantiel »…)
http://www.aquarium.ru/misc/icons/032_tuchnaya_gora.jpg (« la Grande Montagne » ))


P.S. Catherine, vous avez sûrement raison, j'ai nul doute que les conditions climatiques expliquent bien pourquoi à cette période, les Russes orthodoxes s'abstiennent de manger des pommes alors que les Orthodoxes grecs :-) ne goûtent pas de raisin...
Olia.
Olia
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Message par Olia »

J’oubliais l’icône de saint Anne avec Marie enfant tenant une fleur blanche dans sa main : http://www.days.ru/Images/im107.htm
En guise de conclusion , je dirais que la pomme n’a aucune signification symbolique particulière dans le christianisme orthodoxe (l’arbre de la connaissance du « bien et du mal » serait plutôt un figuier…) ; en revanche, il existait une tradition ancienne selon laquelle la pomme était un symbole de l’amour (…), ou de la préférence que l’on accorde à une personne. Voici un extrait de la vie de saint Cassienne (je me réfère à un site VCO http://perso.club-internet.fr/orthodoxi ... /cassi.htm et un site du Patriarcat orthodoxe d’Antioche) :
« A la mort de Michel l'Amorien, Théophile lui succéda (829-842). Sa belle-mère Euphrosyne désirait lui trouver un bon parti et organisa un «concours pour la future mariée», où elle rassembla les plus belles jeunes filles. Théophile limita le nombre des concurrentes à six, et Cassienne était l'une d'elles…Euphrosyne souhaita que Théophile agisse selon une coutume qui remontait aux temps anciens, à savoir qu'une pomme d'or fût offerte à la future impératrice » Théophile fut très impressionné par la beauté de Cassienne, s’approcha d’elle et dit : «C'est par la femme qu'arriva la corruption» ou, selon une autre version « c’est la femme qui est source de tout mal ». Cassienne répondit : « c'est aussi de la femme que provient ce qui est supérieur» ou « c’est la femme aussi qui est source de tout bien » (se référant à la Mère de Dieu qui enfanta Dieu dans la chair). Théophile décida alors d’offrir la pomme, comme symbole de son choix, à Théodora.
Cassienne ne fut aucunement vexée d'avoir été éliminée, car elle ne désirait pas devenir impératrice. Elle allait suivre la vie monastique…

Ce qui est intéressant, ce que l’empereur Théophile devint un iconoclaste, alors que son épouse Théodora continuait à vénérer les saintes icônes et transmit cette Tradition à ses enfants. La moniale Cassienne, elle, confessait ouvertement les vénérations des icônes et subit les persécutions iconoclastes…
Dans cette histoire, la signification de la pomme se perd dans les détails de la vie mondaine et profane… :)
eliazar
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La Pomme

Message par eliazar »

Chère Olia, vous avez écrit:« Euphrosyne souhaita que Théophile agisse selon une coutume qui remontait aux temps anciens, à savoir qu'une pomme d'or fût offerte à la future impératrice ».

Cette coutume est attestée en tout cas dans la Mythologie grecque par un épisode célèbre de la vie du héros Héraklès (origine : le Melk-Qart phénicien), qui devint ensuite l’Hercule des Latins. C’est sans doute à cette histoire mythologique, donc païenne, que le rédacteur fait pudiquement allusion en parlant de « coutume ancienne ».

Selon une version succincte (celle de l’Encyclopaedia Universalis) : Les Hespérides étaient « des vierges aux voix claires qui gardaient le jardin où poussaient les pommes d’or, présent de la Terre à Héra lors de son mariage avec Zeus » [il y a donc bien un lien avec le mariage ND’ÉMV]. « Selon Hésiode, elles étaient filles d’Érèbe et de la Nuit ; en général au nombre de trois : Aeglé, Érythie et Hespéria, elles vivaient au loin, à l’ouest, ou au pied du mont Atlas, ou ailleurs encore, parmi les Hyperboréens.
« Elles veillaient sur le verger des dieux avec l’aide d’un dragon, Ladôn. Comme Ladôn est aussi le nom d’une rivière arcadienne, il se peut que le jardin ait été situé à l’origine en Arcadie. Sur l’ordre d’Érysthée, Héraclès s’empara des pommes d’or, ou bien les fit cueillir par Atlas. Lorsque les fruits merveilleux vinrent enfin en la possession d’Athéna, la déesse les reporta dans le jardin des Hespérides qu’ils ne devaient pas quitter. »
On connaît la mort tragique du héros sur un bûcher qu’il va dresser lui-même au sommet du Mont Oeta, c’est à dire au cœur de la Grèce. Le massif du Pinde sépare les rives de la mer Ionienne, soit les régions de l’Épire et l’Acarnanie, de celles de la Mer Égée, Thessalie et Attique : Héraklès s’offre à la mort au centre même de la péninsule, réunissant les deux mers qui la bordent (à l’occident et à l’orient) dans son dernier regard. C’est un sacrifice hautement symbolique.
Après cette mort expiatoire et glorieuse, le héros Héraklès est enfin admis dans l’Olympe, où on célèbre ses noces avec Hébé, la déesse de la jeunesse ; et il se réconcilie avec Héra qu’il avait blessée d’un flèche - comme il avait aussi blessé Hadès, le dieu des morts.
Hèra (la Junon des Latins) étant la déesse protectrice du foyer et de l’amour conjugal, on trouve donc dans cette apothéose l’ultime répétition de la connotation matrimoniale du mythe hérakléen.

Le choix de ce don d'une pomme d'or atteste au moins la survivance des traditions sacrées de l'antique civilisation chez les premiers empereurs chrétiens. Cela dépasse de loin les détails d'une vie mondaine et profane.

Éliazar
Olia
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Message par Olia »

Merci Eliazar - c'est moi qui ai écrit "ancienne" même si la coutume était bien ancrée dans le monde païen. Je n'avais pas oublié la pomme d'or de la mythologie grecque mais j'ai pensé que dans ce contexte, y faire référence comme à une coutume païenne n'avait pas plus de sens que de qualifier des noms comme Constantin, Hélène ou encore, Vladimir ou Olga de païens... Je crois que le "paganisme", dans le contexte, se transforme plutôt en coutume ancienne. (D'ailleurs, même si, p.ex., la "double foi" a existé dans certains milieux de la Russie ancienne, le phénomène est souvent exagéré...).

De même, si au début de l’ère chrétienne, le Christ a été parfois représenté d'une façon allégorique, sous l'aspect d'un Orphée ou d'un Apollon, cela ne signifie pas forcément que l'artiste confondait christianisme et paganisme… Or l’importance des traces de paganisme est parfois complètement exagéré par nos contemporains.
Olia
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Message par Olia »

P.S. Donc à mon sens, il s'agit d'une tradition mondaine et "profane", presque "folklorique", si l'on veut.

En tout cas ce seul élément ne nous permet aucunement de conclure que l'impératrice et son fils s'inspiraient du paganisme (en tant que tel…) seulement parce qu'ils ont suivi une coutume aussi mondaine, finalement... (Ou vous pensez qu'ils priaient à ce moment des divinités païennes ou songaient tout le temps à Paris et C° ?)

Si un jour je bois de l'hydromel à l'ancienne, même un peu trop fort :-), j'espère que vous ne me considérerez pas comme une Slave retombée dans le paganisme de ses ancêtres .… :D
Catherine
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Message par Catherine »

Olia a écrit : En tout cas ce seul élément ne nous permet aucunement de conclure que l'impératrice et son fils s'inspiraient du paganisme (en tant que tel…) seulement parce qu'ils ont suivi une coutume aussi mondaine, finalement...
Chère Olia, je ne crois pas du tout qu'Éliazar — mais il vous le dira lui-même — ait voulu accuser l'impératrice et son fils de prier "des divinités païennes".
La question des coutumes et symboles païens (anciens, folkloriques ou mondains, n'importe) a été gérée par l'Église orthodoxe avec la sagesse qui lui appartient par l'Esprit saint.
C'est un sujet passionnant d'ailleurs et il faudrait presque ouvrir une nouvelle rubrique pour l'étudier. (Je veux dire : pour que les participants savants du Forum l'étudient, si cela n'a pas déjà été fait correctement. Cela m'intéresserait de le savoir.)
Il me semble a priori que l'Église a toujours eu grosso modo deux attitudes en face de ces coutumes et symboles, suivant leur nature :

1. Soit ils n'étaient pas contraires à son enseignement, auquel cas, ils pouvaient être adoptés
a) sans changement aucun
b) ou sous une forme chrétienne

2. Soit ils étaient pernicieux et contraires à la doctrine et aux mœurs chrétiennes et devaient être combattus

Dans la première catégorie,
a) ceux qui ont été adoptés tels quels étaient plus ou moins neutres dans l'esprit des païens et sont restés neutres dans l'usage des chrétiens.
Je pense par exemple aux œufs décorés à Pâques, dont le symbolisme était celui de la fécondité ou du renouveau de la nature, donc pouvait être vaguement lié à la Résurrection, mais ce n'était plus et n'est pas non plus chez les chrétiens un symbole proprement religieux, même si une tradition populaire grecque attribue à la peinture rouge des œufs une origine liée à l'événement de la Résurrection.
Je pense aussi à l'arbre de Noël, qui pour nous occidentaux modernes, n'a plus en lui-même aucune charge religieuse, et qui a été adopté tel quel par bien des orthodoxes comme coutume purement folklorique.

b) ceux qui ont été "christianisés", étaient, en fait, des préfigurations religieuses de vérités chrétiennes données aux nations par Dieu pour les préparer à l'acceptation de la vraie foi.
Je pense à certaines coutumes païennes du solstice ou à la représentation de divinités à triple visage chez les Celtes par exemple, mais il y a des milliers d'autres exemples.

Je crois que la pomme dont vous avez parlé appartient à la catégorie des symboles neutres dans l'esprit de ces chrétiens, même si la coutume est d'origine païenne, et j'ai tout lieu à croire qu'Éliazar en a parlé aussi en ce sens.
K.
Olia
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Message par Olia »

Bien sûr Catherine, mais il a bien écrit : "survivance des traditions sacrées de l'antique civilisation" en se référant explicitement aux traditions "païennes" et en soulignant que cela dépassait le cadre "mondain" et profane... Relisez bien le post !

et ce, après des références abondantes aux mythes païens de l'Antiquité (que nous sommes nombreux à connaître et je ne les ai pas oubliés !)
Si cela dépasse le cadre mondain = non religieux, s'il s'agit de "suvivance" de traditions "sacrées" (!!!),

alors n'importe qui pourrait en conclure que selon lui, la pomme avait pour l'impératrice et son fils un sens qui allait au-délà d'un détail de la vie mondain[/u], ou "profane"... Ce qui nous conduit à penser à quoi au juste ?.. A quel genre de "survivance du paganisme" pourriez-vous penser, dans le cadre d'une coutume qui n'est pas qu'un "détail de la vie mondaine/profane" ?..

Les pommes d'or restent a priori des pommes d'or et l'hydromel reste de l'hydromel, tant que l'on ne prouve pas le contraire, et la vérité est concrète. Or, en dehors de toute polémique avec Catherine ou Eliazar, je sais que certains aiment à imaginer que certaines représentations allégoriques du Christ étaient forcément un indicateur de "survivance du paganisme" parmi les chrétiens même... Si survivance il y a bien eu, à l'époque des apôtres et des premiers martyrs, elle a vraisemblablement plus souvent pris des formes plus subtiles...
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