Du pseudo "Rite Occidental"

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Glicherie
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Du pseudo "Rite Occidental"

Message par Glicherie »

Voici une traduction d'un texte du Père Alexandre Schmemann sur les rites occidentaux. J'aimerai connaitre vos points de vus, en qualité d'orthodoxes francophones et occidentaux, sur cela.

Moi je me demande ce que valent au fond ces conversions à l'Orthodoxie faites sur un malentendu de départ, où l'on accepte les dogmes, mais par leur incarnation dans une réalité liturgique et pratiques, substituant à l'immémoriale tradition des Pères, des liturgies "restaurées", modifiées, des usages nouveaux, ou venant d'un monde hérétique.


Notes sur le rite occidental.
Père Alexandre Schmemann.

La question des rites n’est précisément pas, n’a jamais été et ne sera jamais une simple question de rite en soi, mais est et sera toujours une question de foi, en sa plénitude et son intégrité.
La liturgie incarne et exprime la foi, ou pour mieux dire, l’expérience de l’Eglise, et est la manifestation et l’expression de cette expérience.
Lorsque les rites, détachés de leurs natures et fonctions, commencent à être étudiés en vue d’être acceptés, rejetés, de ce qui est semblable, dissemblable, le débat qui les visent devient alors vide de sens.

Pour beaucoup de gens, les rites occidentaux et orientaux sont deux blocs entièrement différents rejetant comme une hybridation impure tout contact et influence mutuelle.

Cela est faux. Premièrement, le culte chrétien a connu d’incessantes hybridations (ne retenons pas la connotation péjorative ou négative de ce terme) au long de son histoire.
Avant leur séparation, l’orient et l’occident s’influencèrent mutuellement pendant des siècles.

Il n’est pas exagéré de dire que l’anaphore de saint Jean Chrysostome est infiniment plus proche de l’anaphore romaine de la même époque que le « service de communion » du Livre des Prières Communes ne l’est, par exemple, de la Messe Tridentine.

Qu’est-ce qui rend un rite occidental orthodoxe ?

Pour beaucoup de partisans dudit rite, la réponse se résume à quelques ajouts et suppressions, par exemple rayer le filioque et renforcer l’épiclèse.

Mais cette réponse implique, d’une part, qu’il existe une réalité unifiée et homogène identifiable comme « le » rite occidental, et d’autre part qu’excepté deux ou trois éléments hérétiques ou oublis, le rite est ipso facto orthodoxe.

Ces deux présuppositions sont fausses.

En fait, nul besoin d’être un expert en l’histoire occidentale pour se rendre compte que le développement de l’Occident s’est formé d’une manière inconnue à l’Orient, par plusieurs théologies différentes, la succession desquelles et les querelles des unes avec les autres, constituant l’histoire religieuse occidentale.

La Scholastique, le Réforme, la Contre-Réforme, etc…toutes résultent de métamorphoses radicales de la liturgie et ont un impact décisif sur le culte.

Ainsi on doit parler aujourd’hui non plus du rite occidental, mais des rites occidentaux, profondément sinon radicalement différents les uns des autres, tous reflétant d’une façon ou d’une autre, la tragédie théologique occidentale et la division.

Ce qui ne veut pas dire que tous ces rites sont hérétiques et simplement condamnables. Cela signifie que d’un point de vue orthodoxe, leur évaluation en termes de suppressions et d’ajouts est pour le moins inadéquate.

(…)

Ma conviction profonde est que la tradition liturgique orientale est la seule aujourd’hui, malgré toutes les vicissitudes de l’histoire, a avoir préservé la plénitude de la lex orandi de l’Eglise, et constitue donc le critère de toutes les comparaisons liturgiques.


Père Alexandre Schmemann, 1920-1983.

Le débat est ouvert.
Dernière modification par Glicherie le mer. 02 mars 2005 9:16, modifié 1 fois.
Glicherie
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Message par Glicherie »

Je cite un autre texte du même auteur pour préciser les choses, et notamment en réponse par exemple à l'ethno-phylétisme écofien ou aux tentations d'imposer une tradition ethnique spécifique en France.

En effet, la qualification d'oriental au sens étranger que l'on veut faire porter à notre rite orthodoxe relève de la tartufferie et de la malhoneteté intellectuelle! Aussi l'occidental qui croit cela considera que le Christ, les Pères, la Bible, tout cela est "oriental"...


Une dernière question: est-il correct de définir notre rite comme "oriental" et plus comme "étranger à ce que les chrétiens occidentaux connaissent" ?
Je voudrai introduire une précision quant au terme "oriental". Aucun doute que dans notre vie liturgique il y a beaucoup d'attitudes orientales, des éléments orientaux. Aucun doute non plus que ces orientalismes sont pour beaucoup d'orthodoxes "l'élément essentiel".

Mais nous savons que ce n’est pas essentiel, et que ces « orientalismes » seront éliminés progressivement et spontanément dans le processus d’adaptation de notre culte au mode de vie américain.

Mais dés lors ce qui reste et peut être dénommé « oriental » n’est autre que le contenu biblique et patristique de notre liturgie.
Elle est essentiellement et structurellement biblique et patristique, et cela est oriental dans la même mesure que la Bible, les Pères, ou mieux la chrétienté toute entière peut être dénommée « orientale » !

N’avons-nous pas prêché à temps et contre temps dans nos rencontres avec nos frères occidentaux que cet Orient précisément constituait l’héritage catholique commun de l’Eglise et nous restituait un langage que nous avions perdu ou défiguré ?

La liturgie de saint Jean Chrysostome ou le Canon pascal de saint Jean Damascène sont, je le crois, beaucoup plus proches du langage catholique commun de l’Eglise que tout autre élément de quelque tradition chrétienne que ce soit.

Et je ne trouve aucun mot ou phrase dans ces offices qui seront « étrangers » pour un chrétien occidental, et serait incapable d’exprimer sa foi ou son expérience, si ce dernier est authentiquement orthodoxe.
Antoine
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Message par Antoine »

Glicherie, la réponse ci-dessous ne concerne que votre premier texte; Vous avez posté votre deuxième texte pendant que je rédigeais ce message et je ne m'en aperçois qu'en rentrant ce soir à 22h30.

Pourriez vous donner les références de ce texte?

J'aime beaucoup l'affirmation que la liturgie forme un bloc et qu'il n'est pas question d'en corriger des parties pour la rendre orthodoxe. Cette démarche est qualifiée par Schmemann de "vide de sens ". (Il n'ya de sens qu'en Dieu.) Ou elle est orthodoxe ou elle ne l'est pas. Que cela aide également à faire comprendre que si elle n'est pas sécable pour des corrections, a fortiori on ne peut non plus emprunter des éléments à différentes liturgies pour en construire une nouvelle. Un démarche vide de sens est une démarche vide de Dieu.
Il n’est pas exagéré de dire que l’anaphore de saint Jean Chrysostome est infiniment plus proche de l’anaphore romaine de la même époque
De la même époque, c'est à dire à un moment où la foi était la même dans la plénitude. Tout est dit! Il faut alors conclure des assertions de Schmemann que toute communauté qui célèbre une liturgie non orthodoxe n'est pas l'Eglise. L'Eglise est le lieu de l'autel.

Un bémol cependant à ce texte:
Avant leur séparation, l’orient et l’occident s’influencèrent mutuellement pendant des siècles.
Cette division orient / occident n'a pas lieu d'être. Il y avait dans l'empire, des Pères héllénophones et des Pères latinophones qui tous se réclamaient de la même Romanité. La cassure due au filioque n'est pas une cassure orient / occident, mais une cassure entre la Romanite et les Francs. La papauté n'est pas une expression de l'occident mais de l'usurpation du trônr de Rome par les Francs. Le drame de l'occident aujourd'hui est qu'on lui impose une image dans laquelle il ne se reconnait pas parce que déracinée de sa romanité et une foi qui n'est pas la sienne, qu'on lui a imposée et qu'on continue de lui imposer par tous les moyens.

Merci de ce texte.
Dernière modification par Antoine le ven. 25 févr. 2005 22:29, modifié 3 fois.
Glicherie
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Message par Glicherie »

Référence:
The Western Rite
Notes and CommentsSt. Vladimir’s Seminary Quarterly, Vol. 2 - New Series, No. 4, Fall, 1958, pp. 37-38.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Le texte du père Schmemann concerne essentiellement les diverses tentatives qui ont été faites pour offrir aux occidentaux issus de diverses tendances mécontentes de l’évolution de leurs Églises occidentales la possibilité d’entrer dans l’Orthodoxie sans subir un trop dur dépaysement liturgique. Je crois que les premières tentatives remontent à Tikhon, celui qui devait être le patriarche-martyr de Moscou (élu lorsque le Concile pan-russe de Moscou restaura le patriarcat en 1917). Il le destinait à l’accieil d’épiscopaliens (c’est-à-dire anglicans) qui quitteraient leur Église pour demander l’hospitalité orthodoxe. Plusieurs communautés l’utilisent de nos jours aux États-Unis. Ce rite, ou un rite semblable, est utilisé par des communautés issus de l’Église catholique. Aux États-Unis elles se trouvent dans les rangs soit de l’OCA, soit de l’Archidiocèse antiochien.

C’est un rite de ce type qui avait été approuvé par l’Église russe en 1936 lorsqu’elle reçut la communauté “évangélique libérale” de mgr Winnaert, dont l’ÉCOF se prétend l’héritière, mais qui a continué sous la forme d’une communauté bénédictine orthodoxe jusqu’au début des années 70.

Que penser de ces tentatives ? Force est de constater qu’elles sont surtout utilisées par des communautés qui se sont fâchées avec leurs Églises d’origine et qui aiment pouvoir dire à ceux qui y sont restées : « Vous voyez qu’on avait raison, l’Église orthodoxe, la validité de nos sacrements a été reconnue et nous restons nous-mêmes. ». Mais je crois qu’on peut dire que ces communautés n’éprouvent aucun besoin et ne font aucun effort pour s’intégrer à la vie de l’Église orthodoxe. Elles ne pensent pas avoir quelque choses à y découvrir, leur rite occidental leur a procuré une voie de garage, il n’a pas facilité leur intégration à l’Église universelle. Ce n’est pas par un malheureux accident de l’histoire que l’Église orthodoxe a délaissé un certain nombre d’anciennes liturgies et élaboré une synthèse qui lui est propre.

Le cas de l’ÉCOF est tout à fait différent, car elle utilise un rite fabriqué ad hoc. Or un rite ne saurait être fabriqué, il nous est transmis par la Tradition de nos Pères. Et il a été fabriqué à partir de vestifes anciens inutilisables, sous couvert de compléments, avec 80 ou 90 % d’éléments orientaux (son occidentalité est donc un mensonge). On pourrait beaucoup plus le considérer comme un rite oriental simplifié selon les vues des modernistes du début du XXème siécle, qui souhaitaient une liturgie plus courte, plus participative, plus communautaire, etc. Et il a été utilisé par l’ÉCOF pour couvrir encore bien d’autres choses bien plus inavouables, grâce à un espoir d’indépendance canonique justifié par un faux prétexte de rite particulier.

Rien n'indique que les occidentaux qui viennent vers l'Orthodoxie aient besoin qu'on leur serve une liturgie faussement reconstituée pour accéder à la plénitude de l'Orthodoxie. Les liturgies de saint Jean Chrysostome et de saint Basile représentent la meilleure pédagogie spirituelle et mènent à l'universalité de l'Orthodoxie.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
hilaire
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Message par hilaire »

bonjour,

je suis allé voir sur le site de l'ECOF, afin de me faire une idée de l'intérieur sur le rite, au regard de ce qui a déjà été dit par Jean Louis Palierne. J'ai trouvé notamment:

"Histoire d'une renaissance
L'Église orthodoxe de France est née de la rencontre de Français qui, recherchant les sources chrétiennes apostoliques, rencontrèrent l'orthodoxie où ils découvrirent la même foi, et de russes orthodoxes émigrés en France qui, désirant faire connaître l'orthodoxie aux Français, découvrirent le patrimoine orthodoxe de l’Occident du premier millénaire et l'Histoire de l'Église locale.

(...)Les Lettres de saint Germain de Paris datant du VIe siècle, retrouvées au XVIIe siècle, ainsi que les manuscrits liturgiques gallo-romains, permirent, à cette époque, une reconstitution livresque. Au XIXe siècle une seconde restauration du rite des Gaules fut célébrée (abbé Guettée). Au XXe siècle l'œuvre de restauration fut poursuivie (cf. les travaux de Mgr Duchesne, du P. Thibault, de Dom H. Leclercq), et trouva son achèvement avec le P. Eugraph Kovalevsky qui devint le premier évêque de l'Église orthodoxe de France où ce rite, à la fois occidental et orthodoxe, est célébré depuis 1945.

Ils recherchèrent les traces du passé occidental de l'Église indivise, et y trouvèrent les éléments nécessaires. Maxime Kovalevsky, liturgiste et musicologue, entreprit une étude des principes d'élaboration des chants liturgiques chrétiens traditionnels - byzantin, slave, grégorien - et mit en évidence leurs principes communs de composition qui ont pour base les mêmes considérations d'ordre spirituel. Le chant grégorien étant né du verbe latin, ses recherches l'amenèrent tout naturellement à en reprendre les formules qu'il adapta, pour la liturgie et les offices, à la ligne mélodique et au rythme de la langue française, elle-même issue du latin. La découverte au XVIIe siècle, des Lettres de Saint-Germain de Paris (VIe siècle) et les travaux qui suivirent aux XVIIIe et XIXe siècles, furent une base de travail pour la restauration et la mise en valeur de l'ancien rite des Gaules, dit «selon saint Germain de Paris». Ainsi, depuis plus de quarante ans, notre Église célèbre les offices divins et la liturgie eucharistique selon un rite issu de l'Occident chrétien du premier millénaire. De plus, selon le principe de la compénétration des rites, des éléments manquants ou enrichissants furent empruntés - avec introduction des textes et des tons liturgiques correspondants - aux rites byzantin, jérusalémite, etc. (exemple : le rite jérusalémite de la Dormition de la Théotokos)."

En gros, Jean Louis, ils disent comme vous, mais de manière plus exaltée! on ne parle pas de fabrication had hoc, mais de restauration... dans la mesure ou la restauration se fait sur la base de reconsitution livresque du XVIIè, puis au XIXè...puis au XXè où l'oeuvre est achevée par E.Kovalevsky (c'est pas moi qui le dit, c'est le site!).

un peu plus loin encore sur le même site on trouve un texte de Maxime Kovalevsky dont j'ai tiré quelques extraits:

"(...) Cette solution consistait, à partir des travaux déjà accomplis par Monseigneur Winnaert, à reprendre le rite répandu dans l'ensemble de l'Europe chrétienne occidentale avant les réformes centralisatrices de Charlemagne. En accord avec les témoignages de documents datés du VIe au VIIIe siècle, ainsi qu'avec la terminologie adoptée par les grands liturgistes français des XVIle et XVIIIe siècles (Mabillon et Lebrun entre autres), le nom «d'Ancien rite des Gaules» a été conservé à ce vénérable rite. Il est connu grâce aux documents datant du VIe siècle (lettres de saint Germain de Paris) décrivant avec précision un état de choses remontant au Ve et probablement au IVe siècle, période d'or de la pensée patristique et de la formulation poétique des mystères divins par les textes liturgiques. Ces documents sont les plus anciens que nous possédions concernant la structure de la messe. Concernant les messes orientales et les « ordo » de l'Église romaine, les documents les plus anciens ne datent que de la fin du VIIIe siècle.
«L'ancien rite des Gaules» a donc comme avantage incontestable celui de l'ancienneté.
Il a aussi l'avantage d'avoir été « arrêté » au stade d'évolution qui était le sien au VIIIe siècle et, de ce fait, il est moins obstrué de sédiments déposés au cours de l'histoire, ces scories que nous voyons aujourd'hui trop souvent recouvrir les structures authentiques et les vraies beautés des rites byzantin et romain. Il est donc plus pur."( on sent peut être affleurer là les motivations modernistes qu'évoque Jean Louis dans son dernier message:On pourrait beaucoup plus le considérer comme un rite oriental simplifié selon les vues des modernistes du début du XXème siécle, qui souhaitaient une liturgie plus courte, plus participative, plus communautaire, etc. )
"Enfin il a été effectivement célébré pendant au moins 300 ans (peut-être même 500) en Gaule, en Italie du Nord, en Espagne, en Grande-Bretagne, et également, selon les découvertes récentes, en Germanie du Sud. Il représente le fond initial de la piété européenne, les bases de ses structures subconscientes . On pourrait lui donner le nom de « rite pan-européen occidental »."
"Travaux de reconstitution
L'accord de principe étant acquis, il ne suffisait pas de seulement constater l'existence de documents susceptibles de permettre une reconstitution, mais il fallait les consulter, les traduire, les étudier attentivement, et en tirer des règles pratiques de célébration et de catéchèse liturgique.
Il fallait aussi compléter certains textes et combler quelques inévitables lacunes dues aux détériorations du temps en utilisant les méthodes de « liturgies comparées ». Il fallait enfin doter d'un support musical ces textes français pour lesquels il n'existait aucune musique. Enfin et surtout, il fallait célébrer ce rite. Il fallait le vivre.
Cet énorme travail de recherche de textes, rubriques, etc., a été entrepris et mené à bien par Eugraph Kovalevsky, futur évêque Jean de Saint-Denis, et un groupe de quelques travailleurs acharnés, parmi lesquels, dans les débuts, l'archimandrite Louis-Irénée Winnaert lui-même, l'archimandrite Alexis van den Mensbrugghe - futur évêque - l'archevêque Jean de San Francisco - premier évêque à avoir sérieusement étudié et à avoir célébré la liturgie selon saint Germain de Paris - et, par la suite, Monseigneur Germain, évêque de Saint-Denis, pour ne citer que les évêques.
En ce qui concerne le support musical de ces textes, l'effort s'est porté sur la recherche des bases de composition communes aux grandes traditions (grégorienne, byzantine et vieille-russe) pour l'élaboration d'un chant polyphonique en langue française, qui soit à la fois vivant et en continuité avec ces grandes traditions. "

c'est bien d'une fabrication had hoc dont il s'agit, sur la base d'éléments forts anciens d'ailleurs, pour certains, et forts modernes pour d'autres si l'on considère que c'est un travail de chercheurs-compositeurs russes arrivés sur le sol de France au XXè et en ayant découvert le beau patrimoine du premier millénaire.

je m'arrêterai là en reprenant une phrase de Maxime Kovalevsky:
"Il fallait enfin doter d'un support musical ces textes français pour lesquels il n'existait aucune musique. Enfin et surtout, il fallait célébrer ce rite. Il fallait le vivre."

le rite n'était plus célébré et si nul ne conteste qu'il le fût à une époque, personne ne peut dire ce qu'il était vraiment dans sa totalité, en tout cas, je ne vois pas personnellement comment des gaulois du VIè pouvaient chanter des hymnes slaves! en tout cas ça faisait belle lurette que personne ne le vivait plus, et ce qui s'est mis à vivre à partir de 1945, c'est une liturgie reconstituée.

et comme le dit le Père Shmemann (cité par M.Kovalevsky d'ailleurs c'est là que j'ai trouvé la phrase)...:« Avant leur séparation, l’Orient et l'Occident se sont liturgiquement influencés pendant des siècles (...). La question ne se pose pas de savoir si un rite est oriental ou occidental, la seule question est de savoir si un rite est incarné, s'il communique la Vérité éternelle, immuable, s'il est orthodoxe au sens très profond de ce terme. »
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Hilaire pose la question :
a-t-on le droit de créer ou de restaurer une liturgie, un rite? si oui, sous quelles conditions?
Il est tout à fait louable de conserver les reliques du passé. Mais il arrive que l’histoire de l’Église dégage et approfondisse les fondements de sa tradition initiale et en découvre les implications. C’est ainsi que l’iconographie et l’hymnographie n’apparaissent au début de l’Église que sous une forme très embryonnaire. L’art paléo-chrétien (plus ancien que la liturgie de saint Germain de Paris) est pour nous une vénérable relique, mais l’iconographie et l’hymnographie orthodoxes, bien que plus tardives, ont été le fruit d’une lente élaboration de l’Église. On pourrait dire aussi que l’art roman, si vénérable et si magnifique soit-il, ne doit pas nous faire négliger l’art dit byzantin, bien plus achevé.

De même l’Église a conservé dans son trésor liturgique la "Tradition non écrite" de sa liturgie, comme le dit saint Basile, et les a développés au long des siècles. Il y a eu des variantes provinciales (postérieures) en divers lieux, ce sont aussi des reliques vénérables, mais l’intérêt de celle de saint Basile est qu’elle est le meilleur témoin de la tradition primitive (ce n’est pas par hasard si, pour réaffirmer la discipline canonique léguée “par les Anciens”, il se réfère à la province d’Asie) et non à des pratiques diversifiées plus tardivement. Et c'est sur la base de cette liturgie qu'est apparu tout le développement liturgiques, le cycle des grandes fêtes et toute l'hymnographie de la liturgie orthodoxe, qu'on appelle faussement "byzantine" ou "orientale".

Il se trouve en outre qu’en ce qui concerne le rite de saint Germain de Paris, nous n’en avons que des débris. Charlemagne a fait tout disparaître. La fabrication qu’on nous propose sous ce nom, non seulement n’est pas incarnée dans la Tradition de l’Église, mais elle porte faussement un nom antique, elle est faite en très majeure partie d’éléments empruntés à l’hymnographie “orientale” (d’ailleurs pourquoi l’appeler ainsi ? il vaudrait mieux dire “orthodoxe”).

L’histoire de l’Église orthodoxe, son développement liturgique, iconographique, hymnographique etc est un trésor universel. Ce trésor n’est pas “oriental”, il est ouvert à tous les occidentaux en quête de vérité et il les satisfait pleinement. Il arrive que l’on retrouve des traces archéologiques longtemps enfouies, de ce que fut jadis la Gaule chrétienne. Il faut les vénérer, mais l’Orthodoxie a conservé un trésor intact.

Le faux particularisme liturgique ne sert en fait qu'à nourrir bien d'autres ambitions.
Jean-Louis Palierne
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Georges Papathanassios
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Message par Georges Papathanassios »

Je ne voudrais pas interrompre le débat lancé par Glicherie et Jean-Louis, mais il s'avère que quoi qu'il en soit il est surrané: la question se ferme avec la déposition de Germain.
l'ECOF ne saurait canoniquement s'autogérer et prétendre valablement être une entité orthodoxe. Quel est son évêque canonique ? De qui reçoit-il le Saint Chrème ?

Ce qui se fait donc à l'ECOF pour le moment ne concerne pas l'Eglise.

Les français qui pratiquent ce rite 4 fois l'an dans la Metropole Roumaine ne le font pas suffisament dans l'année pour être influencé par celui-ci, et donc les Roumains n'ont pas pris beaucoup de risques...

J'apprécie ce que dit Hilaire: il est peu probable que des gaulois du VIeme siècles célébraient en chantant des hymnes slaves...quel méli-mélo !


Pour mémoire :


Le Patriarcat Roumain
Le département des relations ecclésiastiques extérieures
Roumanie
423/3.III.1993

A son Excellence l’évêque Germain de St Denis
Paris France

VOTRE EXCELLENCE

Nous portons à votre connaissance que le saint Synode de l’Eglise Roumaine, dans sa session de travail du 23 janvier 1993, a de nouveau examiné la situation de Votre Excellence et de l’Evêché Orthodoxe Catholique de France,

Comme Vous savez, en 1972, ce diocèse Français, à la demande instante de ses représentants, a été reçu par le patriarcat Roumain sous sa juridiction, afin de lui offrir, par économie ecclésiastique, la communion canonique de même que la possibilité de s’intégrer dans l’ensemble de l’Orthodoxie et de progresser spirituellement.

Peu de temps après avoir été reçu sous notre juridiction et après le sacre épiscopal de Votre excellence, au sein du diocèse et dans Votre activité commencèrent à se manifester. diverses erreurs d’ordre dogmatique, liturgique et de discipline canonique, ainsi que des enseignements et des pratiques contraires à l’orthodoxie universelle, qui ne firent que se multiplier avec le temps continuant à présent encore et étant maintes fois portées à notre connaissance.

Au long de toutes ces années, le Saint synode, dans l’Esprit de la charité chrétienne et de la tolérance à l’égard de votre excellence et du clergé et des fidèles de l’Evêché Orthodoxe Catholique de France, a fait de considérables efforts pour vous aider à faire remédier les erreurs et à redresser la vie religieuse de ce diocèse, afin que vous puissiez entrer dans la communion de l’orthodoxie universelle.

Par conséquent vous avez été maintes fois invité par le patriarcat Roumain de participer, accompagné par vos collaborateurs, à des discussions dans le cadre de diverses commissions synodales. Chaque fois ont été dressés des protocoles et vous avez signé des engagements et des déclarations (1974,1976, 1978,1979, 1982, 1985, 1987, 1988, 1989, 1990), stipulant que vous allez vous intégrer dans l’orthodoxie universelle. Vous les avez cependant chaque fois ignorés et transgressés sciemment, faisant preuve de désobéissance et d ‘insoumission.

Etant donné que vous n’avez pas respecté les susdits protocoles, les déclarations et vos propres engagements de vous intégrer effectivement et sincèrement avec le diocèse dans l’orthodoxie universelle ;

Compte tenu de l’attitude permanente de désobéissance et de la transgression délibérée de vos propres engagements quant à l’observation et de la doctrine et de la pratique de la vie religieuse orthodoxe,

Le saint synode de l’Eglise Orthodoxe Roumaine a décidé de retirer définitivement la juridiction canonique de l’Eglise orthodoxe roumaine à Votre excellence et à l’Evêché Orthodoxe catholique de France. Par conséquent, l’exercice de toute fonction épiscopale vous est désormais défendu. Toute correspondance reçue de Votre part à ce sujet ne sera plus prise en considération.

Il a été également décidé que les prêtres ou les communautés du respectif diocèse qui souhaiteraient maintenir les liens canoniques avec L’Orthodoxie universelle puissent s’adresser à cet effet aux juridictions canoniques orthodoxes locales.

Les susdites décisions seront communiquées aussi au conseil diocésain de l’Evêché Orthodoxe Catholique de France, aux prêtres appartenant à ce diocèse, au Comité Inter-épiscopal orthodoxe de Paris et aux Eglises Orthodoxes sœurs.
Avec le regret que le patriarcat roumain ait été contraint de prendre de telles mesures disciplinaires, nous prions le Seigneur de vous accorder son aide et sa lumière et de vous protéger dans la grâce miséricordieuse ;

Président du saint Synode
+ Théoctiste
Patriarche de l’Eglise orthodoxe Roumaine

Secrétaire du Saint synode,
+ Evêque Nifon Ploiesteanul
Vicaire patriarcal



PATRIARHIA ROMANA
CANCELARIA SFANTULUI SINOD
SECTORUL PENTRU RELATII EXTERNE BISERICESTI

AVIS D’EXPERTISE CANONIQUE


No 9 /3 Janvier 2001

Après une suite d’erreurs de l’ex-évêque Germain de Saint Denis, le Saint Synode de l’Eglise orthodoxe Roumaine a été obligé de prendre la. décision disciplinaire de lui interdire l’exercice de toutes fonctions épiscopales. Cette décision no. 423 / 1993, ci-après annexée, a été communiquée aux intéressés par une lettre du 3 mars 1993, ci-incluse.

Pour expliciter cette décision du Saint Synode nous précisons que “retirer définitivement la juridiction canonique” et ‘l’exercice de route fonction épiscopale vous est désormais défendu” signifient du point de vue canonique que l’ex-évêque Germain est exclu de l’épiscopat (c’est à dire la déposition), et est réduit â l’état laïc et ainsi n’a plus le droit de célébrer la Sainte Liturgie, ni aucun office religieux, ni de effectuer des ordinations et dispenser les Saints Sacrements, ni de conduire une communauté cultuelle orthodoxe. Par suite il n’est reçu par aucune autre juridiction Orthodoxe.

Contrairement à la décision du Saint Synode de l’Eglise orthodoxe Roumaine, l’ex-évêque Germain, aggrave sa situation ecclésiale en poursuivant l’exercice des fonctions épiscopales, et ainsi tombe sous l’incidence des canons l’excluant de l’Eglise. Tout acte de culte et d’autorité excercé par un évêque après sa déposition sont nuls de fait et de droit (28eme règle apostolique et no. 4 du concile d’Antioche 74ème règle apostolique 9 et 17 du IV concile oecuménique et no. 15 du concile d’ Antioche). Les ordinations pourront être soumises par économie à l’examen de l’autorité canonique.

En continuant ses errements et passant au delà de toutes règles canoniques l’ex-évêque Germain, M. Gilles BERTRAND-HARDY, en se mariant est tombé définitivement de son état épiscopal et conformément aux Saints Canons la sanction appliquée par le Saint Synode pourrait être l’anathème, (no. 6 du VI concile oecuménique, no. I Néocésarée et no 12 et 48 du VI concile oecuménique).

En conclusion, par application des Saints Canons cités qui sont valabLes dans toutes les Eglises orthodoxes, l’ex-évêque Germain, M. Gilles BERTRAND-HARDY non seulement aperdu sa qualité d'évêque mais de plus encourt l’exclusion de l’Eglise orthodoxe,

Le secrétariat du Saint Synode de l’Eglise orthodoxe Roumaine

Evêque Ambrosie Sinaitul Vicaire administratif
P. Constantin Parvu
Vicaire Patriarcal
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

La question posée par l’appartenance canonique de l’ÉCOF au synode de Roumanie et les conditions dans lesquelles elle a été rejetée, n’est plus qu’un souvenir appartenant au passé. Le problème est que l’UACORO (le groupe dissident de l’ÉCOF) va être reçu dans la juridiction de l’Église serbe, que l’ÉCOF-Germain Hardy prépare sa réunification avec l’UACORO, et que l’Église serbe se retrouvera un jour avoir pris sur elle la responsabilité d’une secte ésotérique.
Jean-Louis Palierne
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Georges Papathanassios
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Message par Georges Papathanassios »

Les écofiens de l'UACORO sont aussi des ésotéristes comme de l'ECOF Germain ? N'étaient-ils pas partis pour fuire toutes ces dérives justement ?

Aurait on un groupe homogène bicéphale qui tente de multiplier ses chances de reconnaissance par 2 ?

Comment les serbes peuvent-ils se laisser abuser de la sorte ?
hilaire
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Message par hilaire »

reçus par les serbes, l'UACORO?

il faudrait connaître les conditions... vous les connaissez vous?
l'église serbe va-t-elle concéder le maintien de la liturgie selon jean de Saint denis? se serait surprenant, d'autant que J.P. Pahud est parti avec fracas de l'ECOF... franchement ce serait surprenant. A compter qu'il soit près, les fidèles de l'UACORO suivraient-ils?

en plus au sein de l'ECOF il y a des liens avec la Serbie plutôt forts...non?

ECOF déboutée par la Serbie pour les raisons que vous rappeliez précedemment, séparation UACORO/ECOF, tentative de ralliement UACORO serbie, ralliement UACORO/ECOF regreffé (avec l'évêque Germain ? il faudrait de solides raisons pour que ça recolle) à la Serbie: ça fait beaucoup en quelques années!
samuel
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Inscription : mer. 17 nov. 2004 12:11

Message par samuel »

"La Divine Liturgie du rite des Gaules a l'insigne privilège de résoudre l'antinomie aiguë dressée devant la conscience d'un orthodoxe occidental : d'une part, il veut être en communion avec ses frères orthodoxes de l'univers - actuellement et depuis des siècles, l'Orthodoxie visible et historique se confond avec les peuples et le rite d'Orient - et, d'autre part, s'il renonce, au nom de ce souhait légitime, au rite de France, il s'arrache à son passé, se mutile et devient un étranger dans sa propre maison. La liturgie des Gaules lui offre l'équilibre : communion avec l'Orthodoxie universelle et le Christianisme de France. "

...lit-on de la plume de l'inventeur de l'ECOF. Quelques remarques qui vont dans le sens du débat lancé:

-quelqu'un se sent il mutilé, arraché à son passé, étranger dans sa propre demeure du fait d'être orthodoxe ? Si c'est un passé païen ou hérétique remarquez, ce n'est pas grave de s'en amputer...(pour mémoire: "il n'y a plus ni juifs ni grecs..." 'tu quitteras ton père et ta mère..." "vous n'etes pas du monde..." "si ta main droite est une occasion de chute pour toi coupe la...")

-quelle liturgie l'occidental veut il garder en devenant orthodoxe, puisqu'en occident il n'y a que la liturgie romaine qui est pratiquée depuis des siècles, celle dite des gaules s'étant éteinte, et nécessitant d'être "reconstituée" et "complétée" ... ? Pourquoi voudrait il garder une liturgie qu'il ne connait pas et n'a jamais pratiqué, ni personne depuis 11 siècles ?

-Enfin, la pratique de ce rite des gaules est censée lui procurer la communion avec l'Orthodoxie Universelle .....c'est raté! Puisque l'ECOF est au ban de l'Orthodoxie Universelle et n'est en communion avec aucune Eglise Orthodoxe, pire, fait l'objet via son "évêque" de sanctions canoniques graves (déposition), qu'elle conteste d'ailleurs.
Autrement dit le double but de la reconstitution de ce "rite" est manqué:

1/ il ne correspond a aucun besoin et n'est pas le fruit de la tradition
2/ il sépare de l'Eglise Orthodoxe.

Cela étant, quant je lis les textes des fondateurs de l'ECOF, je déplore qu'un si beau projet en soit arrivé là, qu'autant de zèle et de foi finissent dans la boue et l'opprobre générale. Quelle tristesse. Dieu leur viendra t'Il en aide ?
hilaire
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Message par hilaire »

du rite des gaules très latines...

ceremoniaire.net... vous y trouverez tous les éléments pour faire le rapprochement entre la liturgie écofienne et la liturgie prévatican II... et l'on se rend compte qu'en fait, à défaut d'être gauloise, la liturgie selon St Germain de Paris est plutôt liturgie selon Saint Germain du Vatican... aussi bien au niveau de la liturgie dominicale, que sur certains éléments d ela semaine sainte, qui sont proprement pompés sur des textes de 1700 et quelque...

de deux choses l'une soit les romains ont pris les usages gaulois, soit les discours écofiens sont à revoir sur la compénétration des rites...
Georges Papathanassios
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Inscription : ven. 28 janv. 2005 11:12

Message par Georges Papathanassios »

Il faudrait savoir : cette liturgie écofienne est orientale simplifiée (thèse de Jean-Louis) ou catholique romaine "rectifiée" (thèse Hilaire) ?

Point de certitude c'est que c'est une hybridation (le terme est du père Alexandre Schmemann) probablement des deux.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Non, ce n'est pas de l'oriental simplifié, il y a un squelette emprunté aux Lettres de saint Germain de Paris : ordre de succession, légèrement différent d'autres rites, et quelques dialogues. Le reste est fait en majorité d'éléments "orientaux" (entendez de la liturgie de saint Jean Chrysostome et d'un florilègede l'hymnographie byzantine) et dans certaines fêtes on trouve des éléments latins postérieurs. Par contre Le "Temporal" (le cycle des Fêtes) n'utilise pas le Lectionnaire de Luxeuil.

Mais ce que je veux dire aussi, c’est qu’on ne fabrique pas une liturgie, on la reçoit de la Tradition des Anciens. Des traditions diversifiées se sont ajoutées à une Tradition unique en raison des conditions de l’époque et des difficultés de transmission, puis l’Église a conforté son unité. Reconstituer une diversité dépassée n’est pas un idéal à proposer à des orthodoxes. Le particularisme provincial n’est pas un “plus”. Si l’Église a laissé dépérir une liturgie, si elle a perdu des textes, ce ne peut être une erreur de la Providence.

Prenons l’Église telle qu’elle est, vivons-la dans la plénitude. La seule difficulté à surmonter est de savoir distinguer entre la poussière due aux négligences humaines et la plénitude de l’Église. Irons-nous rejeter l’incroyable trésor de l’iconographie et de lymnographie dites “byzantines” sous prétexte qu’ils n’existaient pas dans l’Église primitive ? Non bien sûr Elles sont la découverte des implications de la Tradition primitive. Auparavant les liturgies de saint Jean Chrysostome et de saint Basile avaient permis de transmettre et de codifier la Tradition primitive non écrite et d’éviter, là où elles ont été acceptées, c’est-à-dire peu à peu dans l’Église orthodoxe entière, la diversification des usages locaux.

Croire trouver un “plus” dans le particularisme revient à s’éloigner du plérôme de la Tradition orthodoxe. Il y a toutes chances que derrière cette prelest’, derrière cette exaltation illusoire, se cache bien d’autres choses.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
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