Baiser de Paix

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Jean-Serge
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Baiser de paix

Message par Jean-Serge »

Dans la Divine liturgie, les fidèles ne s'embrassent pas.

Jadis il y a bien longtemps cela se faisait mais a été supprimé. Des paroisses aux Etats-Unis et aussi une paroisse de Fribourg l'ont ré-introduit, ce qui ne plaît pas forcément à tout le monde... (et c'est mon cas)

Normalement seuls les prêtres s'embrassent en disant :

Prêtre 1 : Christ est parmi nous
Prêtre 2 : il est et le demeurera

Cela prend place juste avant la récitation du Symbole de Nicée quand le diacre vient de dire "Aimons nous les uns les autres afin que nous confessions". Le Choeur répond : "Le Père, le Fils et le Saint Esprit, Trinité consubstantielle et indivisible". Et le diacre de dire : "Les portes les portes soyons attentifs à la sagesse". Et on récite (ou chante selon les endroits) le Symbole sans Filioque, cela va de soit...
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hilaire
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Message par hilaire »

bonjour,

précisemment, à partir de quand le "baiser de paix" a-t-il cessé de se répandre dans le peuple royal pour ne se donner qu'entre les prêtres ?

si on lit les lettres de Saint Germain de Paris (ça se trouve en latin et en français sur le site de l'ECOF) c'était en usage à son époque. Ca s'est perdu ou l'usage a évolué... il doit bien y avoir une raison, hormis le fait que ça évite le brouhaha dans l'assemblée et que se faire papouiller juste avant le symbole n'est pas forcément la meilleure manière de garder une attitude pieuse (qui font déjà deux raisons suffisantes peut être!).
Jean-Serge
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Abandon du baiser de paix

Message par Jean-Serge »

D'après ce que j'ai cru lire, le baiser de paix parmi les fidèles a cessé vers le 11e siècle mais j'ignore les raisons qui ont conduit à l'abandon de cette pratique. J'ignore si les Arméniens le pratiquent ou si la liturgie selon Saint Jacques le Frère du Seigneur le prévoit...
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

On ne peut probablement pas préciser la date à laquelle l’Église a cessé de pratiquer le Baiser de paix dans la totalité de l’Assemblée liturgique, d'autant que ce type de transformations s'est probablement produit à des dates différentes selon les lieux. Comme sur un grand nombre d’autres points les pratiques ont évolué progressivement dans le temps et dans l’espace. Gardons-nous cependant d’interprêter trop facilement ce type d’évolution tout simplement comme un affaiblissement du sens réaliste et communautaire de l’Assemblée liturgique.

Sue ce point comme sur d’autres, on entend souvent dire que la pratique de l’Église s’est à la longue altérée sous le poids de l’individualisme, du cléricalisme, du piétisme, de l’abstraction moralisante, etc. Et il y a toujours des gens pour proposer que l’on en revienne à la pureté des pratiques anciennes, et qu’on fasse pour cela du participationnisme, du communautarisme, de la scénographie directement lisible etc. Et on prétend que des communautés qui célébreraient ainsi seraient plus ouvertes et plus missionnaires si on les débarrassait de cette accumulation de malentendus. Au piétisme on oppose “le sacrement du frère”.

Il y a certainement une part de vérité dans ce type d’argumentation : le deuxième millénaire de l’histoire de l’Église a été marqué par un appauvrissement et une stérilisation qui l’ont conduite à s’éloigner de l’esprit des Pères. Cela se voit en particulier à un découpage analytique des rites et des fonctions, alors que l’action liturgique n'atteint sa plénitude que dans l’Église. On tente alors de préserver un espace et un moment sacré et même d’accroître le domaine qui est réservé au clergé. On attribue généralement cette évolution par le jeu réciproque du piétisme et du cléricalisme.

Mais faut-il attribuer à un relâchement de “l’esprit liturgique” tout ce qui vise à ménager un espace de réserve entre la vie spirituelle d’un simple fidèle et l’Action liturgique ? Par exemple la présence d’une cloison d’icônes séparant l’espace qui entoure l’Autel de l’Assemblée des fidèles est parfois interprétée comme une errance liturgique flagrante. C’est à cette séparation qu’il faudrait attribuer par exemple l’oubli de la trasmission du Baiser de Paix (et bien d’autres choses).

Mais interpréter l’apparition de l’iconostase en termes de séparation, c’est oublier que les icônes, tournées vers les fidèles, sont les signes d’une Présence beaucoup plus présente à notre prière que la gestuelle sacerdotale. C’est oublier aussi que l’Incarnation du Verbe et Fils unique de Dieu non seulement rend possible et souhaitable la vénération des images, mais n’abolit pas l’existence d’un Sanctuaire, comme en témoigne le dialogue que voici entre l’Ange et la Déipare (la Théotokos), tel que nous le révèle l’hymnographie de l’Annonciation :

L’Ange
Réjouis-toi, ô notre Reine et Vierge, réjouis-toi, ô toute-Pure, réjouis-toi, qui contiens Dieu, réjouis-toi, luminaire de la Lumière, restauration d’Adam, libération d’Ève, sainte Montagne, sanctification éblouissante, chambre nuptiale de l’immortalité.
La Déipare
En descendant sur moi l’Esprit très-saint a purifié mon âme, il a sanctifié mon corps, il a fait de moi un temple habité par Dieu, une tente préparée pour Dieu, un sanctuaire spirituel, et la Mère toute pure de la Vie.

Si le Verbe a eu soin de s’assurer d’un sanctuaire pour se manifester comme Fils de l’Homme, comment pourrions-nous échapper au devoir de lui réserver un sanctuaire pour renouveler sa Présence ? Le seul problème qui se pose est, non pas d’abattre les iconostases pour rstaurer l’esprit réaliste et communautaire de nos Liturgies, mais de déterminer le juste degré de séparation entre d’une part le sanctuaire et son personnel (le clergé) et d’autre part le Peuple Royal.

Il s’agit là d’un réglage subtil et délicat, qu’on ne peut pas modifier à coups de réformes massives et brutales, mais par des évolutions progressives et en examinant leur réception par le peuple chrétien. Qu’un état de choses dans l’Église porte la marque d’une évolution par rapport au donné initial ne doit pas nécessairement nous amener à conclure que la forme primitive de l’Église a été altérée par un mouvement naturel de dégradation. Il y a aussi des évolutions qui portent la marque du génie propre de l’Église. Après tout, les sublimes réalisations de l’hymnographie orthodoxe, de l’icongraphie traditionnelle, de la musique et de l’architecture byzantines n’étaient pas présentes dans l’Église primitive. Animée par le souffle de l’Esprit, l’Église a progressivement élaboré ce qu’elle est de nos jours.

J’ai l’impression qu’il faudra un jour restaurer la transmission du baiser fraternel du sanctuaire au Peuple Royal. Mais ce n’est peut-être pas par là qu’il faut commencer. Je prends l’Église telle qu’elle est, avec ses enrichissements et ses dégradations. Je m’efforce constamment de discerner ce qui relève de l’un et ce qui relève de l’autre. J’essaye surtout d’approfondir ma connaissance de l’authentique Tradition des Pères. Mais je ne pense pas qu’un programme systématique de modernisation puisse être un programme ecclésial.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
samuel
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Message par samuel »

l'ECOF a supprimé l'iconostase, et rétabli la pratique du baiser de paix transmis du clergé aux fidèles.

Il y aurait il du bon dans ce mouvement experimental liturgique ?
Antoine
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Message par Antoine »

L'Ecof n'est pas une église orthodoxe et je ne vois pas comment vous pouvez parler de "mouvement experimental liturgique " à son propos.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Voici comment notre grand mélode, le hiéromoine Denis Guillaume, qui est par ailleurs docteur en arménien classique, décrit le baiser de paix dans le rit arménien. On verra qu'il se pratique d'une manière différente, par exemple, du baiser de paix introduit, chez les catholiques romains, par le rit de Paul VI.
Jean-Serge nous apprend que la paroisse de Fribourg en Nuithonie (prêtre Michel Quénot) aurait essayé de réintroduire le baiser de paix. Samuel parle d'un essai similaire au sein de l'ECOF. Mais s'agit-il du baiser de paix d'après le modèle du rit de Paul VI ou d'après le modèle plus ancien de la liturgie arménienne?

"On peut regretter que le baiser de paix soit échangé entre les seuls concélébrants et non pas entre tous les frères. Dans la Liturgie arménienne, il est échangé entre tous après le symbole de foi, juste avant l'anaphore. Ayant reçu à l'autel la paix du prêtre, le diacre descend dans l'assistance et donne la paix au président, qui la transmet aux autres fidèles. La transmission de la paix se fait par le bout des mains jointes, un geste hiératique, beaucoup mieux adapté à la Liturgie qu'une banale poignée de mains: celui qui donne la paix baise le bout de ses mains jointes, qu'il tend vers son voisin; le voisin touche du bout de ses deux mains les mains jointes du premier, puis il porte le bout de ses mains jointes à ses lèvres pour recevoir le baiser. Et, pendant ce temps, on chante: "Christos i metch mer haydnetzav...", c'est-à-dire: "Le Christ se montre parmi nous, il siège ici, le Dieu de tous; sa voix proclame la vraie paix: embrassons-nous d'un saint baiser..." Dans le rite byzantin, les fidèles peuvent échanger un baiser dans l'église à la fin des matines pascales, lorsque le choeur chante: "C'est le jour de la Résurrection, en cette fête, rayonnons, l'un l'autre embrassons-nous...""

Hiéromoine Denis Guillaume, Le Spoutnkik, Diaconie apostolique, Parme 1997, pp. 1067 s.
samuel
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Message par samuel »

Le baiser de paix à l'écof est une accolade et celui qui le donne dit "Paix à toi et à l'Eglise" et l'on répond "Et à ton esprit".

Je ne sais pas du tout d'où ça vient historiquement. Pas des rites évoqués par lecteur Claude.

Sans doute l'on t'ils inventés, ils appellent cela "compénétration des rites"...
hilaire
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Message par hilaire »

bonjour,

sur la source du baiser de paix à l'ECOF, comme je vous le disais, c'est présent dans les lettres de Saint Germain de Paris(http://orthodoxie.free.fr/lettres_de_sa ... _paris.htm)

On se transmet les uns aux autres la paix du Christ, pour garder en soi l'amour, par le baiser mutuel. Que celui qui est souillé de discorde pardonne sur le champ ou bien demande le pardon, de crainte qu'en donnant une fausse paix, il n'encourt le sort du traître. L'Eucharistie reçue et la bénédiction transmise fructifient d'autant mieux que le Christ trouve la paix dans le cœur. Lui-même en effet, montant aux cieux, annonça à Ses disciples : « Je vous laisse la paix, Je vous donne Ma paix s (Jean 14, 27) et encore: « Tous reconnaîtront que vous êtes Mes disciples à ceci : si vous vous aimez les uns les autres » (Jean 13, 35).

dans le cadre de la création du rite occidental, les refondateurs ont dû le conserver dans cet esprit. (c'est une hypothèse).
sur le dialogue pendant l'échange du baiser... ce n'est pas précisé, je ne vois pas pourquoi il n'a pas été conservé le dialogue que l'on connaît chez les prêtres dans la liturgie selon Saitn Jean Chrysostome.
samuel
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Message par samuel »

Ce qui pose un probleme. Qu'il y ai eu échange d'un baiser au 8eme siècle, soit, mais nous en ignorons la manière et les mots l'accompagnant.

Alors en le restaurant, on crée un usage: cela ne se faisait pas ainsi avant, on le fait dans le même esprit, mais autrement.

Pourquoi ne pas reprendre en effet ce que les célébrant se disent à l'autel dans le rite orthodoxe ?

Pour se démarquer ? Parce que ça fait "oriental" (comme les Pères, le Christ...) ?

Ou il y a t'il une autre source que nous ignorons ?

Restaurer une tradition interrompue depuis des siècles semble perilleux: à l'écof, on se donne le baiser de paix et l'on communie tous les jours, mais le résultat est que en l'espace des quelques années de son existence, elle n'a connue que crises, procès retentissants, ruptures de communion, dépositions et dérives canoniques !
Les fruits de l'orthopraxis écofienne semblent éloquents, au point que l'on peut sérieusement se demander si cette tradition reconstituée est vraiment propice à une vie sacramentelle et ecclesiale authentique.

La vraie tradition orthodoxe (byzantine) protège de toutes ces dérives.
Jean Starynkévitch
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Message par Jean Starynkévitch »

samuel a écrit :Pourquoi ne pas reprendre en effet ce que les célébrant se disent à l'autel dans le rite orthodoxe ?
Pour information, à Sainte Croix en Dordogne, il y a une "communauté" orthodoxe (critiquée - sans doute à juste titre - à plusieurs reprises sur le forum sur d'autres points) anciennement à l'ECOF, qui, aujourd'hui, relève de la métropole roumaine, et qui pratique le baiser de paix entre les fidèles en reprenant les paroles habituellement prononcé par les membres du clergé : « Le Christ est parmi nous - Il est et Il sera. »

J'ai par ailleurs le souvenir qu'un évêque en France (je ne sais plus lequel - je pense qu'il s'agit du métropolite Jérémie actuellement en Suisse) a, lors d'un grand rassemblement (je suis désolé, j'ai également oublié duquel, mais j'y étais moi-même), proclamé à toute l'assemblée eucharistique des fidèles : « Le Christ est parmi nous. » Naturellement, l'assemblée a répondu « Il est et Il sera. ».
samuel
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Message par samuel »

C'est en effet une meilleure solution, quitte à transmettre le baiser de paix autant le faire selon l'usage orthodoxe.

Mais la communauté en question est sortie de l'écof, ce qui se traduit surement par son respect retrouvé du Typicon orthodoxe, et l'abandon de l'expérimentation archéo-liturgique.
hilaire
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Message par hilaire »

bonjour Samuel,

vous avez dit lors d'un de vos messages sur ce fil:

Sans doute l'on t'ils inventés, ils appellent cela "compénétration des rites"...

à mon sens le terme même de compénétration des rites est un voeu pieux, si j'ose m'exprimer ainsi. Pour qu'il y ait compénétration, il faut que l'un nourrisse l'autre et réciproquemment. hors, qu'à apporté le rite selon Saint Germain de Paris - Saint Jean de Saint Denis à la Tradition orthodoxe? à part une occasion de rappeler ce qu'elle est et ce qu'elle n'est pas?

avez vous noté un élément de la liturgie de l'ECOF qui ait influencé la liturgie selon Saint Jean Chrysostome?

il serait plus juste à mon sens, mais peut être ai-je une fausse idée du terme compénétration, de dire emprunté à la liturgie selon Saint Jean Chrysostome, ou à la tradition orientale (ce qui est écrit de ci de là dans les ouvrages de l'ECOF).

en plus des pans entiers ont été repris pour un usage dans l'ECOF, comme le Triomphe de l'orthodoxie qui de fait se situe à une période postérieure à Saint Germain de Paris qui je crois est du VIè siècle alors que (reprenez moi si je me trompe) le Triomphe de l'Orthodoxie date de 843. Elle est où la compénétration dans ce cas?
milano
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Message par milano »

La liturgie de saint Jacques a conservé le baiser de paix
Jean-Serge
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Liturgie de Saint Jacques

Message par Jean-Serge »

On dit que la liturgie de Saint Jacques est plus ancienne (et que celles de Saint Jean Chrysostome et de Saint Basile en sont dérivées) : cela expliquerait le maintien du baiser de paix dans cette liturgie.

Pourriez-vous nous indiquer comment il se donne et se transmet? Une bise, 3 bises? Que dit-on?
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