Le manifeste de la confrérie saint Photius

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Jean-Louis Palierne
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Le manifeste de la confrérie saint Photius

Message par Jean-Louis Palierne »

Le père Jivko Panev vien de placer sur le site “Orthodoxie” un lien à une étude extrêment intéressant d’Émilie Van Taack

Cette étude est accessible en ligne, sur le site Internet d’Emilie Van Taack www.icone-orthodoxe.com <http://www.icone-orthodoxe.com/>  à l’adresse suivante : en français : http://perso.club-internet.fr/chrysosto ... rmenu.html  et en russe http://perso.club-internet.fr/chrysosto ... umenu.html

Je n’ai pas ici l’intention de commenter l’étude d’Émilie, je ne peux qu’en recommander la lecture. Je voulais seulement relever la citation qu’elle fait du manifeste de la Confrérie saint Photius, texte qui semble dater de 1931.

« Nous proclamons et confessons que l’Eglise Orthodoxe est la seule, la vraie Eglise du Christ ;
Qu’Elle n’est pas seulement orientale, mais qu’elle est l’Eglise de tous les peuples de la terre, de l’Orient, de l’Occident, du Nord et du Sud ;
Que chaque peuple, chaque nation a son droit personnel dans l’Eglise Orthodoxe, sa constitution canonique autocéphale, la sauvegarde de ses coutumes, ses rites, sa langue liturgique. Unies dans les dogmes et les principes canoniques, les Eglises épousent le peuple du lieu.
Nous nous opposons et nous condamnons toute tentative :
1) de limiter l’Eglise Orthodoxe ;
2) de séparer les Eglises les unes des autres ;
3) de soumettre une Eglise à une autre Eglise plus puissante7.
Nous confessons l’unité dans la multiplicité et la liberté, au Nom du Père du Fils et du Saint Esprit. Amen. »

Quels que soient les commentaires que nous pouvons faire sur le déroulement historique qui a suivi et sur l’étude d’Émilie, il me semble qu’il était important de rappeler ce texte qui dit tout l’essentiel des principes ecclésiologiques qui doivent nous guider.
Jean-Louis Palierne
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Antoine
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Message par Antoine »

EGLISE ORTHODOXE DE FRANCE
RAPPORT POUR UN CONCILE ORTHODOXE
La Divine Contradiction, Vincent Bourne,
Librairie des Cinq Continents, pp. 87-92 (extraits).


1931, Eugraph a vingt-six ans. l'Église universelle est son souci, sa raison de penser et de vivre. Le rapport exprime tout son esprit ; il est dédié vraisemblablement au locum tenens du Patriarche de Moscou, le Métropolite Serge.

« La Confrérie, au nom de notre Père Saint Photius le Confesseur, salue Votre Sainteté, ainsi que toute Votre Église en ce jour du « Triomphe de l'Orthodoxie » (1er dimanche de carême) où la Sainte Église témoigne au monde sa victoire sur les ennemis de l'Hadès, impuissant à vaincre la Fiancée du Christ qui repose sur la Pierre de la confession de la foi véritable et de la sauvegarde de la succession apostolique dans la hiérarchie. Nous prions Dieu glorifié dans la Trinité, afin qu'Il élève et fortifie Votre Sainteté et tous les évêques orthodoxes, pour l'instruction des croyants et le zèle dans la Vérité, ainsi que pour le maintien de l'unité de la Sainte Coupe, afin que par cela nul ne se trouve hors du Corps du Christ, mais que tous demeurent fidèles au Christ qui sanctifie Sa fiancée pour la « présenter à Lui-même toute glorieuse, resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible. » (Eph. 5, 27)
Profitant de l'occasion, la Confrérie se permet d'adresser à Votre Sainteté une filiale demande d'instruction et d'éclaircissement au sujet de toute une série de questions qui surgissent pour elle, touchant la réunion pré-conciliaire qui doit être convoquée, en l'été 1932, sur l'initiative du Patriarche Oecuménique.
La Confrérie garde l'espoir qu'en dépit de la multitude des préoccupations pastorales, Vous ne la priverez pas de Votre parole instructive sur les questions suivantes.
Est-ce que le pro-Synode étudiera, au préalable, les décisions des grands Conciles orthodoxes :
- I -
1. celui de Constantinople (879), confessant et confirmant la doctrine sur le Saint-Esprit ;
2. celui de Constantinople (1351) et les suivants défendant et définissant la doctrine des Énergies incréées du Saint-Esprit et de la grâce ;
3. du grand Concile de Moscou (1667) apaisant les tendances papistes de Sa Sainteté Nikon, et affirmant la différence entre le muable et l'immuable dans l'Église ;
4. de Bethléem-Jérusalem (1672), convoqué au sujet de Cyrille Lukaris, affirmant la vraie doctrine des Sacrements et votant aussi d'autres décisions importantes, en liaison avec le Concile de Jassy ;
5. la réunion des Patriarches orientaux qui publia ce que l'on nomme Épître des Patriarches d'Orient en réponse au Patriarche de Rome 1848 - ainsi que l'Épître de Sa Sainteté Anthime VII - 1895 - acceptée par toute l'Église et consacrée aux mêmes problèmes ?
Ces Conciles seront-ils assimilés à l'autorité des Conciles Oecuméniques, de telle manière que le Concile en préparation devienne le quatorzième dans l'ordre des Conciles Orthodoxes ou, en tout cas, leur autorité infaillible sera-t-elle affirmée ?
Cela prouverait au monde occidental que l'Église orthodoxe, après le départ du Patriarcat de Rome, n'a pas cessé d'instruire, et que semblable à l'arbre nourri de l'Esprit Saint, elle continue de croître, préservant de l'attentat des hérésies de tous les temps et de tous les pays, les traditions de la Vérité évangélique. Alors, pour les Orthodoxes aussi, le Concile Oecuménique en préparation deviendrait plus explicite, en couronnant la doctrine véritable de l'Église.
Si, d'une part, au cours des sept premiers Conciles Oecuméniques, avant le « Triomphe de l'Orthodoxie ", les Pères ont confirmé dogmatiquement toutes les vérités, fortifiant notre foi en l'humanité salvatrice du Christ, d'autre part, depuis Photius le Grand jusqu'à nos jours l'Église défendait les vérités liées à la mystérieuse Pentecôte (procession du Saint-Esprit du Père, incréation des Dons, transmission apostolique, sacrements, l'Église et le monde etc.). On peut dire aussi que si l'Église jusqu'au IXe siècle dut défendre la Vérité exprimée dans la première partie du Symbole de la Foi, jusqu'au Ve siècle, celle du Dieu Créateur contre les hérésies antitrinitaires (l'arianisme et autres), jusqu'au IXe particulièrement l'incarnation du Fils de Dieu et la vénération des icônes comme dogme découlant de celui de l'Incarnation ; on peut dire aussi qu'à partir du grand Photius, du IXe siècle jusqu'au XVe siècle, elle lutta contre les « filioquistes >, les « bogomils », les « barlaamites » et autres adversaires du Saint-Esprit et, à partir du XVe siècle jusqu'à nos jours, combattant les adversaires de la hiérarchie, des sacrements, de la Tradition (les peu chrétiens (sic) anti-épiclésistes, Vieux-croyants, monothéistes) et se trouvant face aux nouvelles doctrines hérétiques ( cosmothéistes, etc.) l'Église, incontestable ment, défend la deuxième partie du Symbole jusqu'aux mots je confesse ».
Ce développement logique et mystérieux de la défense de la Vérité est le signe sublime que l'Église n'est pas sans Chef, mais que son Grand Archevêque et Pasteur est lui-même la Sagesse hypostatique, le Verbe de Dieu. Aussi, pensons-nous que les décisions des Conciles énumérés élèveront sûrement les croyants et serviront au Triomphe de l'Orthodoxie dans l'univers.
- II -
C'est pourquoi nous nous intéressons à l'opinion de Votre Sainteté sur la guérison du mal de l'Orthodoxie actuelle qui se traduit, avant tout, par la négligence de l'unité doctrinale, dans l'Église orthodoxe (nous ne parlons pas des domaines où sont admis des théologumènes (opinions théologiques)").
Certains se prennent à penser que dans l'Église il n'existe point d'unité doctrinale, mais un total arbitraire d'opinions ; d'autres, aussi bien orthodoxes que surtout hétérodoxes, critiquent qu'il n'y ait point chez elle de voix d'autorité, et enfin, ce qui est le pire, nombre de croyants, intéressés par les nouvelles fausses doctrines que permet le silence de l'Église, s'en vont, loin de la simplicité de la Tradition.
Votre Sainteté, ne trouve-t-elle point que la négligence de l'unité doctrinale provient du fait que l'humanité actuelle, intéressée avant tout par la recherche de la paix extérieure, a rompu le commandement divin qui nous enseigne que la Vérité procède de la paix ? Nous pensons qu'à cause de cela s'est produit le fait que la sauvegarde de la Vérité, considérée comme la préoccupation de l'Église catholique tout entière, non seulement des évêques niais de tout le peuple (voir l'Épître des Patriarches orientaux de 1848) est devenue ces derniers temps, le travail des théologiens spécialisés, ou de telle ou telle autre Église locale. l'Église orthodoxe est alors placée au même niveau que les autres Églises et sectes, privées de la plénitude doctrinale.
- III -
Nous désirerions avoir votre opinion sur les mesures que le Pro-Synode compte prendre pour mettre fin aux tristes divisions à l'intérieur de l'Église, provenant de la rupture de la Tradition de l'unité de la Coupe. Nous parlons de la tentation pour les croyants, ainsi que pour les hétérodoxes attirés vers l'Église, tentation qui découle des frontières indistinctes de l'Église.
Nous considérons de notre devoir de vous dire que seuls l'affirmation et le renforcement des décisions des Saints Pères peuvent rendre le pouvoir et l'autorité aux évêques de l'Église, restaurer au sein du peuple la conscience de son unité, en gardant à l'Orthodoxie la liberté qui lui est propre et que recherchent les chrétiens d'Occident qui l'ont perdue, mais à cause des désordres ecclésiaux durant les dernières décades ils arrivent à l'idée néfaste que là où est la liberté il ne peut y avoir d'ordre salvateur.
En dehors de ces questions essentielles que nous osons soumettre à l'attention de Votre Sainteté, laissant de côté pour l'instant une multitude de questions pratiques nous concernant, et d'autres plus particulières comme par exemple : l'examen du calendrier (nouveau style) la proclamation et glorification universelle de certains Saints locaux qui apparurent comme des défenseurs de la Vérité Catholique, tels que Saint Photius, Saint Marc d'Éphèse, Saint Séraphin de Sarov... l'autorité centrale de l'Église, les possibilités de la réunion de certains Chrétiens, aussi bien orientaux qu'occidentaux, la mission de l'Église parmi les païens, les établissements d'enseignement supérieur de l'Église, etc., moi, suppléant du président de la Confrérie, je me permets d'attirer l'attention de Sainteté sur deux questions encore qui intéressent vivement deux sections de notre Confrérie :
Saint-Irénée (occident),
et Saint-Alexis (orient).
Étant donné l'intérêt de nombreux Chrétiens occidentaux pour l'Orthodoxie, le Pro-Synode discutera-t-il les questions suivantes, et quelle est votre opinion à leur sujet ?
a) la possibilité de la restauration d'un Siège romain,
b) les droits des Églises locales d'Occident, dans le cas de leur
réintégration au sein de l'Église chrétienne,
c) la possibilité de reconnaître le rite occidental et son maintien
pour les Orthodoxes occidentaux,
d) les relations avec les hétérodoxes et la connaissance de leurs
limites (intercommunion, réunion pour des questions pratiques).
Servant au Triomphe de l'Orthodoxie et aspirant à l'affermissement de l'autorité des Évêques de l'Église, en tout lieu, la Confrérie Saint-Photius se fait un honneur d'être au service de Votre Sainteté et sollicite les saintes prières et la bénédiction de Votre Sainteté. »
Le suppléant du Président : Eugraph Kovalevsky [traduit du russe].
pascal
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Message par pascal »

peut être peut-on rapidement rappeler le contexte de la création, les raisons et motivations de la mise en place de cette confrérie:

Extraits de

"L'ICONOGRAPHIE DE L'EGLISE DES TROIS SAINTS HIÉRARQUES
ET L'ŒUVRE DE LÉONIDE A. OUSPENSKY ET DU MOINE GRÉGOIRE KRUG"

réalisé par Bernard Pardo, Emilie van Taack et Anne Philppenko-Bogenhardt

La Confrérie a été fondée le Dimanche 11 février 1923[1], jour du « Triomphe de l’Orthodoxie », par quelques jeunes russes, étudiants du tout nouvel Institut Saint Serge, les trois frères Kovalevsky, Eugraphe, Maxime et Pierre, ainsi que cinq autres, parmi lesquels Nicolas Sakharov, Alexis Stavrowsky et Vsevolod Palachkowsky. Le jeune Vladimir Lossky, dès son arrivée à Paris en 1924, y participa activement[2]. Ils sont persuadés de l’aspect providentiel de la dispersion des Orthodoxes à travers l’Europe causée par la révolution : « Dieu a voulu l’émigration orthodoxe en Europe afin qu’elle apporte la lumière de l’Orthodoxie qui durant mille ans s’est désintéressée de l’Occident »[3]. L’Orthodoxie est seule capable « de faire ressurgir en Occident la tradition de l’Eglise indivise à partir de sources locales latentes toujours vivantes, enfouies depuis le schisme sous les malentendus historiques »[4]. « Les confrères (...) découvrent très vite que pour s’appuyer sur la tradition héritée des Apôtres, la seule attitude possible est une conscience aiguë des canons, non par rigueur aveugle, mais pour un plus grand discernement, une clairvoyance sans compromis d’aucune sorte. C’est pourquoi la Confrérie Saint Photius, d’un commun accord, a refusé en 1931 de quitter l’Eglise russe, sans vouloir faire intervenir dans sa décision aucune considération politique, ni même simplement humaine, telle que l’impossibilité de communiquer avec le Patriarcat à cette époque »[5].

Voici le manifeste de la Confrérie :

« Nous proclamons et confessons que l’Eglise Orthodoxe est la seule, la vraie Eglise du Christ ; Qu’Elle n’est pas seulement orientale, mais qu’elle est l’Eglise de tous les peuples de la terre, de l’Orient, de l’Occident, du Nord et du Sud ; Que chaque peuple, chaque nation a son droit personnel dans l’Eglise Orthodoxe, sa constitution canonique autocéphale, la sauvegarde de ses coutumes, ses rites, sa langue liturgique. Unies dans les dogmes et les principes canoniques, les Eglises épousent le peuple du lieu.

Nous nous opposons et nous condamnons toute tentative :

1) de limiter l’Eglise Orthodoxe ; 2) de séparer les Eglises les unes des autres ; 3) de soumettre une Eglise à une autre Eglise plus puissante[6].

Nous confessons l’unité dans la multiplicité et la liberté, au Nom du Père du Fils et du Saint Esprit. Amen.»[7]

Voici comment le jeune Vladimir Lossky[8], devenu membre de la Confrérie le 11 Mai 1928, commentera le patronage de Saint Photius : « Le but de la Confrérie se définit au paragraphe premier de ses statuts comme le service pour le triomphe universel de l’Orthodoxie…Ce n’est point par hasard que le nom de Saint Photius, ce grand défenseur de l’Orthodoxie, est devenu pour nous l’emblème de notre service d’Eglise. Face au monde hétérodoxe et à l’incertitude dogmatique de nombreux orthodoxes, elle doit donner une ferme confession de l’Orthodoxie – unique Vérité universelle, dont le patriarcat de Rome s’est détaché… L’unité chrétienne ne peut être atteinte qu’en confessant l’Orthodoxie qui doit renaître en Occident…[9]. Les temps sont révolus et, dans la nouvelle perspective historique, le grand Photius, si injustement oublié des Orthodoxes, apparaît de nouveau, dans sa politique centrale, au croisement des destinées historiques de l’Eglise et du monde »[10].

La Confrérie a donc deux buts principaux : « ranimer la conscience ecclésiale des Orthodoxes émigrés et ramener l’Occident à la Tradition Orthodoxe tout en respectant son identité profonde, en un mot, susciter en France une véritable Orthodoxie Occidentale »[11]. Laissons de nouveau la parole à Vladimir Lossky, dans un rapport à la Confrérie du 18 Juin 1937, lorsqu’il esquisse l’histoire du mouvement: « En 1926, la Confrérie constata pour les Orthodoxes résidant en Occident la nécessité d’étudier et de vénérer les traditions orthodoxes du sol sur lequel, par les voies de la Providence Divine, nous sommes obligés d’habiter. On proclama la maxime : « tout ce qui est antérieur à 1054 est à nous ». On étudia les vies des Saints, on organisa des pèlerinages, on commença à rédiger un calendrier des Saints Orthodoxes de France. « En 1927, lorsque Eugraphe Kovalevsky fut placé à la tête du domaine Saint Irénée, le but essentiel de cette partie de la Confrérie, fut formulé par lui, comme un travail pour l’avènement de l’Orthodoxie Occidentale. Dès lors, la nécessité de restaurer le rite occidental au sein de l’Orthodoxie devint évidente.

« En 1928-1929, la Confrérie prit part à l’organisation d’une paroisse française, paroisse de rite oriental il est vrai, mais qui joua son rôle dans l’œuvre de l’Orthodoxie occidentale, ne fut-ce que par l’intérêt qu’elle suscitait dans les milieux ecclésiastiques russes de la diaspora pour la mission orthodoxe en France (Paris, Nice, Strasbourg), consacrée à l’Orthodoxie occidentale. A maintes reprises, nous avons proclamé que le premier devoir religieux de l’émigration russe est la mission parmi les peuples de l’Occident. Telle était aussi la pensée du Béatissime Serge de Moscou, exprimée dans son décret aux évêques Russes de Karlowtsy.

« En 1930-1931, au moment de la séparation du Métropolite Euloge de l’Eglise de Russie, lorsque les questions canoniques passèrent au premier plan, une définition canonique pour l’Orthodoxie Occidentale à venir devint nécessaire. Elle fut formulée, en termes généraux, de la manière suivante : Le territoire ecclésiastique d’Occident, comme tel, appartient au Patriarcat de Rome. Donc, aucune des Eglises locales d’Orient, ni celle de Constantinople ni celle de Russie, ne peut s’approprier ce territoire en y fondant des diocèses nouveaux (par exemple : diocèse de Paris, de Rome, etc.) Une Eglise locale d’Occident ne pourra naître que sur le sol même de l’Occident, comme résultat d’une mission, d’une restauration de l’Orthodoxie Occidentale avec ses traditions, son rite, sa spiritualité, le culte de ses saints locaux. Ce but, qui ne sera réalisé probablement, que par les générations futures, exige une collaboration des Orthodoxes de nationalités différentes, résidant en France et gouvernés par les Exarques légitimes de leurs Eglises Mères. Encore une fois, cette formule se trouve dans la ligne de la pensée du Métropolite Serge de Moscou qui, tout en réfutant les prétentions du Métropolite Euloge[12], se basait sur le même principe : impossibilité pour une Eglise locale d’Orient de fonder un diocèse normal sur l’ancien territoire du Patriarcat de Rome[13].

« En 1932, au congrès de la Confrérie réuni à Monfort[14], (…) fut présenté un appel aux Orthodoxes de la diaspora pour s’unir dans la grande œuvre de restauration de l’Orthodoxie Occidentale… »[15]

Le « Domaine saint Irénée », fondé en Janvier 1926, avec Eugraphe Kovalevsky à sa tête à partir de 1927, commencera l’élaboration de textes liturgiques orthodoxes à partir des textes occidentaux. Une « Commission de France », en revanche, se chargera alors exclusivement de la traduction des textes orientaux en français.

Bien que très éloigné de toute « propagande orthodoxe auprès des Français »[16] et ayant pour seul souci « les Russes dénationalisés », voyant que les textes slavons devenaient progressivement incompréhensibles aux enfants émigrés, le métropolite Euloge donna sa bénédiction à la création d’une paroisse de langue française dans un but strictement pastoral. Ce qui fut fait le 3 Octobre 1927, avec la bienveillance des professeurs de l’Institut Saint Serge, favorables, autour du Père Serge Boulgakov, à tout ce qui pouvait favoriser le dialogue œcuménique. Une première liturgie fut célébrée en langue française le 11 Novembre, fête de Saint Martin. La paroisse regroupait alors 41 français[17] mais n’avait ni local ni prêtre attitré.

C’est le Père Lev Gillet, bénédictin reçu dans l’Eglise par simple concélébration le 25 Mai 1928, qui va collaborer avec la Confrérie, en tant que premier prêtre Orthodoxe de langue Française[18], et sera nommé recteur de la paroisse « de la Transfiguration et de Sainte Geneviève » le 26 Novembre 1928. Dans le manifeste publié en Janvier 1929, dans le premier numéro du bulletin la Voie, il donnera une bonne expression de la position générale de la Confrérie :

« Si nous relevons de son Eminence le Métropolite Euloge, ce n’est pas tant qu’il est le chef des Orthodoxes russes de l’Europe occidentale, mais, (conformément aux canons) en tant qu’il est l’évêque le plus proche de notre communauté naissante. Il est possible, il est même normal, que l’Orthodoxie française, lorsqu’elle aura atteint un certain stade de développement, devienne autonome. Et comme l’Orthodoxie n’est pas byzantine ou slave, mais universelle, il appartient aux Orthodoxes Occidentaux de créer un type d’Orthodoxie propre à l’Occident qui, par un retour aux sources traditionnelles locales, pourra sur certains points différer notablement du type oriental. (…) Français de nationalité ou de langue, nous nous sentons liés à l’ancienne tradition « orthodoxe » de la France, à la France « très chrétienne » des siècles où l’Orient et l’Occident n’étaient pas séparés. Saint Irénée (qui fut le trait d’union entre l’orient et l’occident), les martyrs de Lyon et de Vienne, Saint Denys, Saint Martin de Tours, Sainte Geneviève : tels sont quelques uns des grands noms auxquels nous voulons nous rattacher. Mais nous ne nous sentirons étrangers ni à Saint Louis ni à Jeanne d’Arc, ni à Pascal. Et tout ce que le cœur français et l’intelligence française d’aujourd’hui créent de bon et de grand nous voulons aussi le sentir nôtre, le consacrer au Christ, le faire orthodoxe. (…) Nous devons tendre à ce que, aux yeux de ceux qui découvrent en nous l’Orthodoxie, ce mot devienne synonyme de deux grandes choses : croire en Jésus-Christ, vivre en Jésus-Christ »[19].

En 1929, le premier laïc français est ordonné prêtre, le père Georges Jouanny. « En plus de l’essor de l’Orthodoxie française, l’année 1929 est marquée par la réunion de la Confrérie, le jour de St Léon pape de Rome, aux fins de discuter des questions de l’Orthodoxie Occidentale. Trois liturgies sont célébrées ce jour là, dans l’église confrériale (à St Cloud): la romaine, la gallicane, selon le texte de Vladimir Guétté approuvé par le Saint Synode en 1875, et la liturgie de Saint Jean Chrysostome en latin ; la confrérie étudie les questions dogmatiques, (…) canoniques, (…) liturgiques : on constate que pour développer la renaissance de l’Orthodoxie en Occident, il faut adopter, d’une part une intransigeance absolue sur le plan dogmatique[20], et, d’autre part, sur le plan liturgique, prévoir la réalisation de traditions pleinement occidentales.»[21]

Cette « intransigeance absolue sur le plan dogmatique » fut également l’attitude du Père Georges Florowsky, aussi bien dans le travail accompli à Paris à l’institut Saint Serge que dans sa participation au « Fellowship Saint Alban et Saint Serge »[22], et s’avéra, associée à la grande ouverture du métropolite Antoine Bloom, d’une singulière efficacité œcuménique et spirituelle. La France en revanche fut livrée à la politique de compromis systématique sur le plan dogmatique du Père Serge Boulgakov, ce qui accrut la situation actuelle de morcellement spirituel entre les juridictions orthodoxes, ainsi qu’à l’intérieur même des juridictions entre certaines paroisses, parfois plus éloignées les unes des autres que les différentes confessions chrétiennes elles-mêmes[23].

Cette fidélité à l’Orthodoxie patristique, c’est-à-dire à la Tradition vivante, cet « amour de la Vérité », est qualifié de nos jours par certains d’ « intégrisme »[24]. Ce qualificatif est tout à fait anachronique et n’avait aucun sens à l’époque. Il y avait alors, d’un côté, des Orthodoxes russes qui ne s’intéressaient qu’aux Russes et considéraient l’Orthodoxie comme une question purement nationale : un Français était Catholique par définition, un Russe Orthodoxe par définition, toutes théologies équivalentes - aussi dans un mouvement comme l’ACER, par exemple, qui avait toutes les qualités sauf celle de s’intéresser aux Occidentaux et en particulier aux Français, les Russes participaient-ils, sans s’interroger plus avant, aux mouvements oecuméniques. D’un autre côté, il y avait ceux qui se souciaient des Occidentaux et s’intéressaient, d’un point de vue spirituel, à la culture et à la religiosité occidentale. Ceux-ci, c’est-à-dire alors les quelques membres de la Confrérie Saint Photius[25], désiraient faire connaître la richesse de l’Orthodoxie. Ils désiraient partager le Christianisme dans sa plénitude avec tous ceux qui en étaient privés depuis le schisme de 1054 et, bien avant encore, par la domination de la théologie augustinienne en Occident.

« Le 11 Novembre 1930, fête de St Martin de Tours, une grande victoire d’un caractère symbolique est remportée en l’église cathédrale St Alexandre Nievsky : une liturgie est célébrée en français par le Métropolite Euloge et 4 prêtres français."[26] L’église est remplie de Français Orthodoxes ou proches de l’Orthodoxie.

Hélas les conséquences du drame vécu par la Russie allaient bouleverser les progrès de cette entreprise.

[…]

L’Orthodoxie occidentale

Durant les années 30, la Confrérie déploya une activité intense, sur tous les plans de la vie de l’Eglise. C’est l’époque des réunions chez Berdiaev et chez Jacques Maritain, auxquelles participaient les Confrères et d’autres membres de l’Eglise Patriarcale. Chaque Confrère explorait le christianisme occidental dans son domaine de prédilection, qui la théologie et l’histoire, qui l’ecclésiologie et la liturgie, qui l’icône et les Saints, ou la musique. Il y avait sans cesse des conférences, tenues par l’un ou l’autre des Confrères ici ou là, comme une célèbre communication d’Eugraphe Kovalevsky sur l’histoire de l’Eglise prononcée chez Maritain, que l’on voulut publier mais dont les quelques notes étaient inutilisables et qui avait été presque entièrement improvisée. Léonide Zouroff, parlant de son ami Krug, décrit bien l’atmosphère de cette période : « Presque chaque jour ils se rencontraient quelque part, vivaient dans un état d’excitation, dans une atmosphère échauffée, réfléchissant et approfondissant les questions d’Eglise. C’est dans un tel milieu, intellectuellement échauffé, que Georges Ivanovitch vivait alors. La nuit, il peignait. Sa mère se lamentait de cela, mais ne pouvait rien faire. Il peignait et ensuite détruisait. A cette époque, avant guerre, il vivait avec une extrême acuité. Il disait que l’art contemporain était arrivé à une impasse, qu’il n’y avait plus d’issues, que cela ne valait pas la peine de travailler, et ceci avec des dons exceptionnels, une finesse démesurée. Il affirmait que seulement dans l’art religieux se trouvait le salut[27]».

C’est à cette époque, que fut reçue dans l’Orthodoxie la communauté de Monseigneur Winnaert. «Trois éléments fort différents d’envergure et de signification ecclésiastique, écrit V. Lossky, durent se rencontrer à un moment donné sur un point commun d’activité, pour que l’Orthodoxie occidentale devienne une réalité dans la vie de l’Eglise. Ces trois éléments furent : le mouvement catholique-évangélique de Monseigneur Winnaert, la Confrérie Saint Photius et, finalement la patriarchie de Moscou ; fermentation des Chrétiens occidentaux en quête de la vraie tradition de l’Eglise d’une part, la thèse de l’Orthodoxie occidentale proclamée par nous d’autre part et, comme couronnement, la compréhension profonde et la clairvoyance du Béatissime Serge de Moscou, qui prêta à cette intention des Occidentaux les formes ecclésiastiques et transforma notre thèse en un fait réel de la vie[28]».

Le Patriarche Serge de Moscou promulgua à cette occasion le fameux décret du 16 Juin 1936[29] par lequel il acceptait Monseigneur Winnaert dans la communion de l’Eglise Patriarcale, décret abondamment commenté à l’époque et que les spécialistes s’accordent à considérer comme un modèle d’équilibre et de discernement. Avec cet évènement tout le projet de la Confrérie trouvait à la fois accomplissement et confirmation. Le Patriarche Serge écrivait le 25 Août 1939 à Vladimir Lossky : « Il est impossible de ne pas accueillir chaleureusement vos efforts en vue d’un apostolat auprès des non-orthodoxes. (…) Le travail missionnaire serait confié à la Confrérie qui a été fondée pour étudier l’hétérodoxie et pour sensibiliser les Occidentaux à l’Orthodoxie. J’entends par là que c’est la Confrérie qui sera chargée de la majeure partie du travail préparatoire : les négociations avec les groupes souhaitant se joindre à l’Eglise Orthodoxe et la mise en œuvre des démarches nécessaires. (…) L’approbation de ces démarches et leur mise en pratique, de même que l’examen des croyances et la réception de ces convertis dans l’Eglise est du ressort de la hiérarchie. (…)

Le rite occidental qui est admis chez nous doit être admis comme une première expérience, d’ailleurs faite d’une façon plutôt hâtive, et qui, par conséquent, n’exclut nullement, ni de nouvelles expériences ni des rectifications. (…) En d’autres termes, la rédaction actuelle du Service Divin orthodoxe occidental[30] ne peut-être considérée ni comme définitivement fixée, ni comme la seule possible. (…)

L’usage parallèle de deux éditions du Service Divin, et en particulier de la Liturgie, ne contredirait pas la Tradition ecclésiastique : en effet, dans notre Eglise Orientale, à côté de la liturgie de Saint Jean Chrysostome, nous nous servons également des liturgies de l’Apôtre Jacques et de Saint Basile le Grand. Il faut seulement que cette nouvelle version ne soit pas, pour ainsi dire, forgée de toutes pièces, mais qu’elle relève clairement d’une authentique Tradition de l’Eglise : Gallicane ou (par exemple pour des non-Français) un autre rite, sans exclure la tradition romaine (avec des modifications). (…) Le souhait de certains d’avoir régulièrement à Paris notre liturgie orientale ou messe en langue française ne devrait pas non plus être négligé. (…) Nous ne voulons imposer à personne notre rite occidental sous quelque forme que ce soit mais nous laisserons ce choix à ceux qui viendront à nous. (…) Qu’on laisse ceux qui le désirent pratiquer le rite occidental. L’existence de l’Orthodoxie Occidentale a pour nous une signification des plus profondes. Et c’est excellent pour les buts de la mission. Mais nous connaissons aussi des penseurs et des théologiens auparavant non-orthodoxes, qui ont été attirés avant tout par notre rite oriental, où ils trouvent une profonde satisfaction religieuse[31]». On peut constater par ces propos combien profondément le métropolite Serge, le seul à son époque, était concerné par le destin spirituel des Occidentaux, par la création d’une Orthodoxie locale et combien pénétrante était son intuition à cet égard.

Après la mort de Monseigneur Winnaert survenue en 1937, quelques mois après son entrée dans l’Orthodoxie, c’est le Père Denis Chambault qui fut chargé de sa paroisse. Le père Denis vint habiter avec le Père Athanase et fut formé par lui au monachisme. Après sa mort, « le 5 Mars 1944, il prenait l’habit occidental, devenant ainsi le premier moine orthodoxe bénédictin depuis au moins six siècles[32]». Lui aussi connu la pauvreté monastique : le métropolite Antoine raconte qu’il ne mangeait que lorsqu’il était invité chez quelqu’un. Par la suite la paroisse française fut transférée dans sa maison de la rue D’Alleray, où fut également organisé un petit monastère orthodoxe bénédictin, le prieuré Saint Denis et saint Séraphin de Sarov. Avec l’aide de moines bénédictins catholiques et des membres de la Confrérie, il se consacra à l’élaboration d’un rituel orthodoxe bénédictin qui lui permit de recevoir des professions monastiques[33]. Il fut ordonné prieur après la guerre, en 1945. Il y eut alors jusqu’à huit moines, parmi lesquels le père Séraphin Rodionov , devenu plus tard évêque. Le père Serge Schevitch semble aussi avoir fréquenté la paroisse et la petite communauté, ainsi qu’à son retour du Mont Athos, le père Sophrony Sakharov.

Malheureusement le monachisme bénédictin orthodoxe ne survécut pas à la mort du père Denis, survenue en 1965. Mais, plus fondamentalement, la visée réelle de la restauration de l’Orthodoxie occidentale était le retour, dans leur ensemble, de toutes les Eglises d’Occident dans le chœur des Eglises Orthodoxes, comme Lossky lui-même le laisse entendre dans le rapport de Juin 1937[34]. Plus que l’Orthodoxie occidentale elle-même, le moyen choisi par la Providence pour tenter d’y parvenir fut par la suite le développement d’une Orthodoxie « orientale » francophone ainsi que l’influence grandissante de la théologie et de la spiritualité orthodoxes, mieux connues par ce biais, sur les autres confessions.

[…]

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[1]. Et non pas le 11 Février 1925, comme l'affirme Vincent Bourne (qu'hélas nous avons suivi dans l'édition française de notre livre), La divine contradiction, L'avenir catholique orthodoxe de la France, Paris, 1975, p 80.

[2]. Nous devons ces renseignements à monsieur Nicolas Lossky.

[3]. Eugraphe Kovalevsky, " Ma vie ", cité sans référence dans V. Bourne, op. cit, p. 101.

[4]. Maxime Kovalevsky, "Témoignage", dans Jean de Saint Denis, in memoriam, Paris, Présence Orthodoxe (sans date), p.20.

[5]. Catherine Aslanoff, "Le Père Grégoire Krug", dans Carnets d'un peintre d'icônes, p 28.

[6]. C'est le centralisme romain qui est visé ainsi que la situation malheureuse de l'Eglise Gallicane, que Charlemagne fit absorber par l'Eglise latine. Voir à ce sujet la magnifique page de Vladimir Lossky sur le conflit du gallicanisme avec l'universalisme latin dans Sept jours sur les routes de France, Juin 40, p.53-54 (voir aussi p. 38-39).

[7]. Texte cité dans Bourne, op. cit., P. 78.

[8]. V. Bourne prétend, et cela de manière erronée, (La divine Contradiction, I, p. 86) qu'il n'est devenu membre de la Confrérie que le 11 Mai 1928.

[9]. C'est nous qui soulignons.

[10]. Lettre à E. Kovalevsky, probablement de la fin de 1924 ou du début 1925, citée sans date dans Bourne, op. cit. I, p.79.

[11]. Alexis van Bunnen, "Une Eglise Orthodoxe de rite Occidental, l'E.C.O.F", mémoire de licence en histoire, Faculté de Philosophie et lettres, Louvain, 1981, (dactylographié) p.84.

[12]. Fonder, en territoire occidental, un diocèse indépendant de son Eglise Mère.

[13]. Pour un commentaire intéressant de ce texte, voir Alexis van Bunnen, op.cit, p 85 et note n° 9 ; quant à son actualité, cf. Olivier Clément, " Avenir et signification de la diaspora Orthodoxe en Europe Occidentale ", Contacts n° 130, 1978, III, p. 273-283, où des principes ecclésiologiques identiques sont exprimés.

[14]. Petite bourgade non loin de Paris où, dans une maison particulière, étaient de temps en temps célébrés des offices orthodoxes.

[15]. Rapport de Vladimir Lossky du 18 Juin 1937 à la Commission pour les affaires de l'Orthodoxie Occidentale (constituée pour administrer les paroisses orthodoxes occidentales après la mort de Monseigneur Winnaert). Texte complet in van Bunnen, op. cit., Annexe n° 11, p. 61.

[16]. Cf. Métropolite Euloge, Chemins de ma vie, Paris, 1947, en russe, p. 542-544.

[17]. Chiffre donné dans Bref historique de l'Orthodoxie Occidentale en France entre 1925 et 1931, extrait du rapport envoyé à Moscou en 1947 par le père E. Kovalevsky et la Confrérie Saint Photius, in van Bunnen, op. cit., Annexe 11bis, p. 72.

[18]. Après, bien sur, le père Vladimir Guetté ; mais plusieurs décades séparent ce dernier des évènements que nous relatons ici, sans que l'on puisse établir de lien direct.

[19]. Texte complet in Elizabeth Behr-Sigel, Un moine de l'Eglise d'orient, Paris, 1993, p. 199 et suivantes.

[20]. C'est nous qui soulignons.

[21]. Bref historique, van Bunnen, p.73.

[22]. Voir l'article en anglais : Le témoignage de l'Eglise universelle, dans le volume 13 des Œuvres, L'Oecuménisme, une approche doctrinale, (The testimony of the Church universal, in The Collected works, XIII, Ecumenism, A doctrinal approach,) p. 165-167, où le Père Georges exprime exactement, et certainement sous son influence, les thèses de la Confrérie sur la mission de l'Orthodoxie, aussi bien vis à vis du monde que dans les rencontres œcuméniques.

[23]. Voir à ce sujet l'article en anglais de Aleksander Filonenko, "L'Eglise Orthodoxe Russe en Grande Bretagne : laïcité et ouverture au monde ", (The Russian Orthodox Church in Britain : Laïty and Openness to the world) dans Sourozh n° 78, Décembre 1999, p. 29-30.

[24]. Par exemple E.Behr-Sigel, op.cit., p. 182-183 ; p. 196 ; voir également "La création de la première paroisse orthodoxe de langue française", dans le numéro 730 de La vie spirituelle consacré à Vladimir Lossky, paru en Mars 1999, où Lossky se voit attribuer le rôle principal, p.68-69. Voir aussi une deuxième version de la même conférence, donnée à l'I.T.O. le 28 Février 1999, dans S.O.P. supplément n°237, p.3, mais où Lossky, cette fois-ci, ne semble plus avoir le même rôle.

[25]. Auxquels il faut ajouter sans doute, à sa façon, le seul Paul Evdokimov.

[26]. Bref historique, op. cit. p. 73.

[27]. Léonide Zouroff, " Le moine iconographe G.I. Krug ", in Le Père Grégoire, op. cit., chapitre XI, p.60.

[28]. Vladimir Lossky, Rapport du 18 Juin 1937, p 2 ; in van Bunnen, op. cit., Annexe n° 11.

[29]. Texte complet du rapport d'Avril 1936 par la Confrérie sur cette communauté au Patriarche Serge et texte complet du décret du 16 Juin 1936 du Patriarche dans Bourne, La quête de vérité d'Irénée Winnaert, Genève, 1966, respectivement p.281-284 et 290-294.

[30]. Quatre liturgies de rite occidental ont été utilisées : la version approuvée par le Synode en 1875, celle de monseigneur Winnaert, reprise par le père Denis Chambault, celle de monseigneur Alexis Van der Mensbrugghe et la future liturgie dite de Saint Germain, alors en constitution. C'est à la version utilisée alors par le père Denis Chambault que fait allusion monseigneur Serge. Pour une description et un historique de ces différentes versions, voir van Bunnen, opus cit. p.209 et sq., ainsi que, dans le chapitre intitulé l'Idéologie de l'ECOF, les pages 291 à 330.

[31]. Lettre du Métropolite Serge de Moscou à V.Lossky sur la question de l'Orthodoxie Occidentale, du 25 Août 1939, dans Le Patriarche Serge et son héritage spirituel , 1947, p.72-74 ; en anglais dans One Church, 2 (1948), n°9-10, p.27. Traduction française Pavle Rak.

[32]. Sur la persistance du monachisme bénédictin au sein de l'Orthodoxie, et notamment sur le cas de St Antoine le romain, cf., en anglais, Serge Bolshakov, " Le rite occidental dans l'Eglise Orthodoxe ", (" The western rite in the orthodox church "), dans Living Church, 9 Juin 1946, p.15.

[33]. Cf. van Bunnen, op. cit. p. 200 - 204.

[34]. Voir page 3.
pascal
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Inscription : mar. 22 juin 2004 15:59

Message par pascal »

ce sont des extraits... ce dont parlait Jean Louis Palierne... mais bon, j'ai trouvé que c'était pas très long et que le contexte était intéressant pour l'approche de la déclaration qu'il avait cité
Antoine
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Inscription : mer. 18 juin 2003 22:05

Message par Antoine »

Il est étonnant d’examiner en parallèle à la fois l’histoire de la confrérie St Photius et la "Fraternité Sainte Sophia-Sagesse Divine"

Ces deux fraternités étaient-elles en lutte ? Quelles étaient alors les relations entre Daru, l’EORHF, et l’ECOF dans ses prémices ? Quelles sont les véritables raisons de l’anathème lancé par J. Maximovitch contre Boulgakov et la condamnation prononcée par le Locum Tenens et futur patriarche Serge en 1935-36 suite à cette controverse sur la sophia dont Wladimir Lossky fut un des principaux protagonistes? A quelle autorité était soumis le métropolite Euloge ? Est-ce un hasard que suite à cette dénonciation fut prononcé le décret patriarcal du 16 juin 1936 recevant la confrérie St Photius et le rite des Gaules ? Comment comprendre maintenant les réhabilitations plus ou moins voilées de Boulgakov dans les différents colloques organisés? (O.Clément le déclarait dans un entretiens avec Alain Valade et Jean Puy pour « Nouveles clés » : le plus grand Théologien du Xxème siècle) . L’hérésie Boulgakovienne sur la sophia largement répandu dans les milieux ésotériques est-il en réintroduction dans l’Orthodoxie sous pression de la maçonnerie renaissante en Russie? Comment comprendre la rupture Kovalevsky-Moscou en 1953? Comment comprendre la fondation de l’Institut St Irénée 20 ans après celle de l’Institut St Serges ? Quel a été le rôle du martinisme et de la maçonnerie dans ce « conflit » ? Quelles ont été les répercutions de la crise GLNF/ GPDG de l’an 2000 dans l’orthodoxie française?

Par exemple voilà un texte extrait "Regards sur l'orthodoxie",textes réunis par Germain Ivanoff-Trinadtzaty (l'Age d'Homme). Les p 224 à 229 ci-dessous ont été redigées par Ludmilla Pérépiolkina docteur en philosophie , Université de Tampere (finlande), sous le tire "L'orthodoxie parisienne : un laboratoire de faux enseignements et hérésies"

On voit bien que derrière les "bonnes paroles" avec lesquelles on abreuve les fidèles se cachent des conflits qui n'ont pas grand chose de commun avec le message évangélique...

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L'histoire du schisme de 1926 est étroitement liée à celle de la création de l'Institut théologique de Paris. Tous deux ne peuvent être dissociés de l'état d'esprit intellectuel et de l'activité de cette intelligentsia dont il a été question ci-dessus, "rôdant et théologisant" autour de l'Eglise. La malchance veut que les idées destructrices soient tout particulièrement aptes à captiver et charmer les intelligences, et à se concrétiser dans des événements et des agissements mauvais.

Le 17/30 avril 1925, la toute nouvelle Ecole de théologie, ultérieurement Institut, voit le jour, à l'ombre de l'église Saint Serge de Paris.

Une Lettre du 18/31 mars 1927 du Saint Synode de l'EORHF, précise que cet Institut "a été fondé par le métropolite Euloge, à l'insu du Synode et du Concile des Evêques hors frontières et sans leur bénédiction. L'Institut a été créé avec un programme d'études qui n'a été approuvé ni par le Synode, ni par le Concile; des personnes sans formation théologique supérieure, ou dont l'orthodoxie paraît fort douteuse aux membres du Synode et du Concile, y ont été nommées en qualité d'enseignants." (24)

Qui étaient donc ces enseignants? Pratiquement, tous étaient membres de la "Fraternité Sainte Sophia-Sagesse Divine" présidée par le père Serge Boulgakov. Outre le père Serge Boulgakov, N. D. Talberg citait comme membres de cette Fraternité A. V. Kartachev, S. S. Bezobrazov, N. A. Berdiaev, B. V. Vycheslavtsev, S. L. Frank, V. V. Zenkovsky, le prince G. N. Troubetzkoï, P. B. Struve. Aucune des personnes énumérées n'a jamais contesté la liste publiée par Talberg, confirmant en cela son exactitude.(25)

L'évêque Grégoire (Grabbe) donne quelques informations sur les règlements intérieurs de cette Fraternité, empruntées à la publication des lettres du prince N. S. Troubetskoï adressées au père Serge Boulgakov qui l'invitait à adhérer à la "Fraternité Sainte Sophia". Ayant pris connaissance des statuts, le prince Troubetskoï répondit ce qui suit: "Nous avons affaire là non à une Fraternité orthodoxe de type habituel, mais à une organisation n'ayant pas de précédent dans la pratique orthodoxe. A proprement parler, cela rappelle plutôt une communauté monastique hiérarchisée avec un higoumène à sa tête ... Une telle communauté résidant à l'extérieur d'un monastère, composée de laïques et de membres du clergé, s'apparente davantage à un "Ordre" qu'à une Fraternité". (26)

Qui plus est, le prince Troubetzkoï, un laïque, attire l'attention de Boulgakov revêtu, lui, de la prêtrise, sur le fait que les statuts de la "Fraternité Sainte Sophia", prévoyant une hiérarchie interne composée d'un chef spirituel et de trois degrés de frères, enfreignent les canons de l'Eglise: "La situation où un évêque se retrouverait dans une position spirituelle subalterne par rapport à un prêtre (qui serait chef spirituel de la Fraternité) est théoriquement envisageable selon ces statuts, alors qu'une telle situation est inadmissible du point de vue des canons". (27)

De plus, les lettres du prince Troubetzkoï, nous révèlent un autre aspect pour le moins douteux de la Fraternité, à savoir les rites spéciaux d'admission prévus par les statuts, rites "liés aux mystères de la confession et de la communion (§ 12), leur confèrant l'apparence d'une ordination. Ainsi, - écrit le prince Troubetzkoï, - la Fraternité instaure sa propre hiérarchie, et la coexistence de cette dernière avec la hiérarchie canonique, crée une situation totalement inadmissible du point de vue orthodoxe". (28)

La question se pose de savoir dans quel but des gens, partageant un intérêt intellectuel commun, poursuivant, probablement, un but à la fois scientifique et civilisateur, éprouvent-ils le besoin d'entourer leur organisation de mystère? Dans quel but créent-ils des statuts prévoyant trois degrés de frères, un "chef spirituel", leur propre hiérarchie? Comment expliquer le fait que la "Fraternité Sainte Sophie" n'intervienne jamais ouvertement en son propre nom ?(29)

Toutes ces questions ne surprendront pas vraiment le lecteur attentif de Serge Boulgakov. Il suffit en effet de lire ne serait-ce qu'un seul des ouvrages sophianiques, même de façon superficielle, par exemple Douces pensées, et leurs réflexions sur "les flirts astraux" (p. 112), `l'extase érotico-sacrée'; (p. 111) le 9° article du Symbole de la foi dans la présentation d'A. Schmidt (c'est-à-dire l'Eglise en tant que personne féminine), puis le 7° article, toujours dans la version d'A. Schmidt, (c'est-à-dire l'incarnation du Christ en Vladimir Soloyiev) et une allusion de Boulgakov lui-même, sur la possibilité d'admettre d'une certaine façon cette pensée (pp. 108-109) ainsi que d'autres "pensées" du même acabit, pour que tout lecteur orthodoxe comprenne à quel type d'auteur "revêtu de peau de brebis" il a affaire.

Les sources concernant la Fraternité Sainte Sophia, étant toujours tenues secrètes, les preuves ne sont pas suffisantes pour répondre aux questions qu'elles posent à l'observateur, et juger des objectifs poursuivis par cette Fraternité en général et par certains de ses membres. L'Evêque Grégoire qui, en 1927, a consacré un intéressant article à cette question, en conclut que la structure même de la Fraternité témoigne de ce qu'elle a été "créée pour une lutte bien définie, de caractère conspiratif, qui ne peut être menée que si un but concret est nettement défini".(3o) De plus, il convient de prendre en considération `le travail effectué jusqu'à présent par la Fraternité, en particulier dans l'élaboration de la doctrine de la Sophia, conformément à la science théologique et la diffusion de cette doctrine, non seulement par le biais d'écrits, mais encore par des ingérences insistantes dans les affaires de l'Eglise Russe, pour l'instant, évidemment, dans sa partie hors-frontières".(31)

Notons qu'en 70 années, le sophianisme est devenu l'une des doctrines dominantes au sein du Patriarcat de Moscou et des autres Eglises oecuméniques "orthodoxes" et hétérodoxes, et qu'il a trouvé son couronnement logique dans les prétentions et le zèle des féministes.

En ce qui concerne ce qu'il est convenu d'appeler "l'école parisienne" et son Institut de théologie, il est permis de douter du fait qu'elle ait réellement eu pour but de "donner une nourriture spirituelle authentique à notre jeunesse émigrée, avide de culture religieuse, et désireuse de mettre ses forces au service de l'Eglise"(.32) En effet, les enseignants-sophianistes, les réformateurs ecclésiaux et les militants de YMCA étaient-ils seulement à même de nourriture orthodoxe "authentiquement spirituelle" à leurs élèves ?

"Une des raisons essentielles faisant que le Synode des Russes à l'étranger ne pouvait être d'accord avec l'orientation de la vie ecclésiale telle qu'elle était vécue dans la métropole d'Europe Occidentale, tenait essentiellement à la collaboration étroite du métropolite Euloge avec l'organisation américaine YMCA, qui avait en charge l'éducation de la jeunesse"(.33)

L'attitude négative observée par l'Eglise Russe Hors-Frontières à l'égard de l'Union Chrétienne des Jeunes Gens (YMCA), s'expliquait du fait que cette Union, rassemblant sous son étendard la jeunesse, autrement dit la tranche d'âge la plus réceptive, propageait le relativisme religieux et, de ce fait, forgeait en eux une indifférence totale pour la confession de la foi. De plus, connaissant dans ses propres rangs une jeunesse déjà touchée par l'esprit des sectes, imprégnée par l'esprit de propagande ambiante, l'Union inculquait les hérésies les plus diverses, y compris l'arianisme niant la Divinité de Jésus-Christ et dont les Eglises. issues de la Réforme sont aujourd'hui particulièrement imprégnées. Le refus formulé par l'YMCA à l'encontre de l'emblème universel des chrétiens, la Croix, bannière du Fils de l'Homme et de Son sacrifice rédempteur, faisait déjà naître plus que des doutes. Ce renoncement à la Croix, autrement dit "à la souffrance et la mort du Christ, impose nécessairement un sceau sur l'idéologie de celui qui, par la force des choses, est contraint d'entrer en relation idéologique avec l'YMCA." (34)

Cependant, la relation qu'entretenaient le métropolite Euloge et l'Institut de Théologie avec l'YMCA n'était pas seulement idéologique. Cette institution avait été financée par des fonds pour le moins douteux. Voici ce qu'en écrit le métropolite Euloge lui-même: "Le président du Comité International de l'Union Chrétienne des Jeunes Gens (YMCA - L.P.), le docteur Mott, a prestement réagi à notre projet et nous a fait don d'une importante subvention pour l'organisation de notre nouvelle institution" (l'Institut de Théologie de Paris - L.P.).(35) Notons que l'YMCA avait financé dans une large mesure l'Institut et soutenait également l'Association Chrétienne des Etudiants Russes (l'ACER, un mouvement semblable à l'YMCA). "Notre espoir majeur repose là encore sur le dr Mott", - reconnaissait S. Bézobrazov.(36)

La décision de 1926 du Concile des Evêques de l'EORHF concernant l'Institut de Théologie de Paris exprime, entre autres choses, "le souhait que l'Institut de Théologie se libère de l'aide financière maçonnique". Il a également été décidé "de réclamer les statuts, l'ancien et l'actuel, de la `Fraternité Sainte Sophia'." (37) Le Métropolite Euloge ne se soumit pas à cette décision du Synode des Evêques et, pour ce qui est de l'Institut de Théologie, continuait à agir de façon totalement indépendante. (38)

Toutefois, les événements ultérieurs démontrèrent que le métropolite Euloge n'était pas libre d'agir de façon indépendante. Rappelons que, selon l'opinion du prince Troubetzkoï, les statuts de la "Fraternité Sainte Sophia" peuvent engendrer une situation canoniquement inacceptable, où un évêque peut se retrouver en position spirituelle subalterne par rapport à un prêtre qui serait chef spirituel de la Fraternité.

L'Evêque Grégoire (Grabbe) estime que c'est précisément ce qui a dû se produire: "Le métropolite Euloge se devait, sous quelque prétexte que ce soit, de rompre avec le Concile qui, sinon, aurait été mortel pour l'activité de la "Fraternité Sainte Sophie". Son degré de soumission à la Fraternité fut particulièrement évident à la suite de la première tentative de conciliation opérée par l'archevêque Anastase".(39) L'ayant rencontré à Paris quelques temps avant Pâque, le métropolite Euloge donna même son accord pour se rendre au Synode des Evêques. Recevant par la suite un télégramme le priant de venir à Sremsky Karlovtsy, le métropolite Euloge déclina cependant l'invitation, allégant le fait que ses fidèles ne le laissaient pas partir... "Sous ce terme de fidèles, - écrit l'évêque Grégoire, - il faut bien comprendre son entourage le plus proche, autrement dit la `Fraternité Sainte-Sophia', car la masse des fidèles authentiques n'était nullement en mesure d'exprimer sa volonté. De quel pouvoir faut-il donc disposer sur un évêque orthodoxe pour l'empêcher d'entreprendre un voyage en vue de mener des pourparlers avec des confrères évêques afin de rétablir la paix à l'intérieur de l'Église"(40) Et c'était déjà sous la pression de cette même Fraternité que le métropolite Euloge avait quitté le Concile en 1926, la question de l'ACER et de l'Institut de Théologie y étant à l'ordre du jour. Tout cela nous montre suffisamment les raisons de l'éloignement" du métropolite Euloge de l'Eglise Hors-Frontières, raisons qui l'ont amené finalement à rompre son unité dans un moment d'épreuves particulièrement pénibles. Il est vraisemblable que la cause réelle ne se trouve pas seulement dans l'ambition personnelle du métropolite Euloge et dans sa disposition aux trahisons, tant ecclésiales que politiques: en septembre 1944, il quitta allègrement la juridiction du Patriarcat de Constantinople et, après avoir fait amende honorable au patriarche Alexis, il repassa sous la juridiction du Patriarcat de Moscou et prit même le passeport soviétique! Ne réussissant pas à obtenir l'accord de Constantinople pour ce passage, une année durant, le métropolite Euloge demeura simultanément dans deux (!) juridictions commémorant aussi bien le patriarche de Moscou que celui de Constantinople au cours des célébrations religieuses.(41) Il est intéressant de noter qu'en moins de 40 années d'existence, "l'Eglise" du métropolite Euloge a changé à sept (!) reprises de statut juridictionnel.(42)

Notes

24 - Archevêque Nikon (Rklitsky), Vie de Sa Béatitude Antoine, Métropolite de Kiev et de Galicie, Edition du diocèse d'Amérique du Nord et du Canada, 1961, tome VII, p. 173. [C'est nous qui soulignons, L. P.]

25 - N. D. Talberg, L'aigle bicéphale, N° 4, pp. 7-8; Les instigateurs du schisme, pp. 12-13, Edition "A bas le mal", Paris, 1927. [Cité par: Evêque Grégoire (Grabbe), LEglise et son enseignement dans la vie, Jordanville, 1992, Tome 3, p. 94].

26 - Ibid., p. 93.
27 - Ibid., p. 93.
28 - Ibid., p. 93.
29 - Ibid., p. 93.
30 - Ibid., p. 92.
31 - Ibid., p. 92.

32 - S. Bézobrazov, l'Institut Orthodoxe Russe à Paris, "Put", N° 1, sept. 1925,
Paris, p. 104.

33 - Archevêque Nikon, op. cit., p. 63

34 - Archevêque Méthode, Le pain céleste, Cité d'après Archevêque Nikon, op. cit., p. 64.

35 - Métropolite Euloge, Le chemin de ma vie - Souvenirs, YMCA-PRESS, Paris, 1947, p. 447. Le métropolite Euloge reçut également un "soutien fraternel" de la "Société ecclésiale" d'Angleterre et d'Amérique (ibid., p. 447) (Le soulignement est de nous - L.P.)

36 - S. Bézobrazov, op. cit., p. 106.

37 - Archevêque Nikon, op. cit., p. 159.
38 - Ibid., p. 160.

39 - Evêque Grégoire, op. cit., p. 95.
40 - Ibid.

41 - Recueil "L'Eglise Orthodoxe Russe Hors-Frontières" (1918-1968), Editions de la Mission Ecclésiastique Russe à Jérusalem, 1968, tome 1, p p. 49-50.

42 - Protodiacre Germain Ivanoff-Trinadtzaty, L'Eglise Russe dans la tourmente, Lyon, Acorly, 1995, p. 29.
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pascal
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Message par pascal »

it's hard to stay on a YMCA...l'agent corrosif de l'Eglise Orthodoxe semble bien être paré de tabliers et d'argent...
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Voilà certainement le vrai problème. Depuis 80 ans l’Orthodoxie est présentée au Français par un petit groupe sans mandat hiérarchique, sectaire et hérétique, connu généralement sous le nom “d’École de Paris”, qui répand son enseignement en usurpant l’autorité de l’Orthodoxie. C’est le fait essentiel que nous devons admettre si nous voulons comprendre la triste situation de l’Église orthodoxe aujourd’hui en France.

Toutefois ce n’est pas l’objet du texte d’Émilie Van Taack, qui lui se place résolument dans la perspective de la confrérie saint Photius. Le texte qui se trouve sur le site d’Émilie Van Taack pour une partie reprend substantiellement le texte cité par Pascal, mais il lui apporte diverses corrections, développements et compléments. De plus le texte d’Émilie passe ensuite au principal de son sujet, qui est la fondation des paroisses du Patriarcat de Moscou et la vie de Léonide Ouspensky et du père Grégoire Krug, et la naissance de l’iconographie en France. Je crois qu’il est donc préférable de se reporter au texte d’Émilie, qui est plus récent.

Il ne faudrait pas non plus (et ce n’était certainement pas le but d’Émilie) que le rappel de ce qu’il y avait de meilleur dans la Fraternité saint Photius, c’est-à-dire son Manifeste et le création des paroisses du Patriarcat de Moscou en France, fournisse un prétexte pour occulter le désastre de l’ÉCOF.

Mais les textes cités par Antoine posent un autre problème, et c’est à mon avis un problème extrêment important, celui de l’actuelle École de Paris. Il faut ajouter que l’École de Paris n’est pas la confrérie sophianique de Boulgakov, dont elle n’est qu’en partie l’héritière, mais qu’elle sous-tendue par les mêmes forces occultes. L’École de Paris a développé une idéologie, qui correspond à ce qu’on appelle généralement le modernisme, qui ne s’intéresse plus beaucoup à l’ésotérisme sophianiste, mais plutôt à un programme ecclésiologique dont souffre toute l’Orthodoxie française. Il faut dire aussi que par rapport à l'envergure intellectuelle ses ancêtres (Soloviev, Florensky, Boulgakov), la génération actuelle de l'École de Paris est d'un niveau très faible.

Cela dit les choses ont évolué. De nouvelles personnes viennent à l’Orthodoxie. De nouvelles paroisses se regroupent. Des monastères se créent (ce qui ne correspond pas du tout à l’ecclésiologie de l’École de Paris) des fidèles s’efforcent d’approfondir l’Orthodoxie et de connaître la Tradition patristique (et ignorent le sophianisme), et l’Archevêque de la rue Daru dit qu’il s’intéresse à la mission de l’Église locale. Tous les espoirs sont donc permis.
Jean-Louis Palierne
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Antoine
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Message par Antoine »

Jean-Louis, là où j'ai du mal à vous suivre c'est que d'un côté pour pronez le rôle de l'évêque et ses charismes et de l'autre vous agitez le drapeau usurpé de "l'école de Paris" et de son "modernisme".
Comment comprendre alors l'action de nos évêques de puis 80 ans: tous des nouilles? Vous les condamnez tous (enfin leur épiscopat du moins) sauf Gabriel sur lequel vous fondez des espoirs?
Quelle surveillance dogmatique, ecclésiologique assurent-ils? Tacitement complices? Activement complices?
Pourquoi ne pas réduire systématiquement à l'état laïque tout membre du clergé adepte d'un mouvement ésotérique? du lecteur au patriarche! Car aucun de ces mouvements n'enseigne que l'Eglise orthodoxe est la seule Eglise du Christ: alors qu'ont-ils à y faire si ce n'est une activité incompatible avec leur prêtrise?
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Ce ne peut être que par une disposition de la divine Providence que tous les évêques orthodoxes qui ont fonctionné en France depuis 80 ans se sont enfermés dans la paralysie. Un seul avait tenté de faire son travail : saint Jean Maximovitch. Ça n’a pas duré longtemps.

[À ce sujet on me signale qu’une nouvelle édition de la biographie de Séraphim Rose (donr la première édition s’appelait “Il n’était pas de ce monde”) vient de sortir et contient bon nombre de précisions fort intéressantes car Séraphim Rose était un témoin attentif]

Un club monopolise l’expression publique de l’Orthodoxie. Les fidèles parlent du “club des quatre”. Ce n’est qu’une façade. Un jour viendra où l’Église orthodoxe en France sera capable de prendre les mesures qui s’imposent pour passer l’aspirateur. D’ici-là il ne faut pas trop craindre, car :

1. Constamment de nouvelles paroisses se créent. Ce ne sont pas eux qui les créent.

2. Constamment de nouveaux monastères se créent. Ils avaient cru pouvoir l’éviter.

3. Une partie importante des prêtres a été formée à l’extérieur de l’emprise du club, et les clubistes ont une vie professionnelle et sociale bien trop prenante pour accepter le sacerdoce.

4. Enfin un évêque se propose d’implanter l’Orthodoxie chez les indigènes.

Le reste viendra à son heure. Ne nous laissons pas prendre par l’obsession des limites à ne pas dépasser, qui a tant stérilisé les traditionnalistes.

D’ici là je répète que la seule chose possible est la traduction de bonne littérature orthodoxe. Le club peut censurer, nous sommes réduits au samizdat, mais les livres se répandent.
Jean-Louis Palierne
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Antoine
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Message par Antoine »

Ce ne peut être que par une disposition de la divine Providence que tous les évêques orthodoxes qui ont fonctionné en France depuis 80 ans se sont enfermés dans la paralysie.
Dieu comme auteur de la lâcheté humaine et de la paralysie épicospale devant le témoignage?!?!
Vous êtes sûr de ce partage de responsabilités?
Alors dans ce cas il faudra dire que la croix est un suicide et un leurre car Dieu n'avait qu'à ne pas créer Judas.
La divine providence a le dos bien large...
pascal
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Message par pascal »

ou alors il fait les évêques "paralytiques" pour les guérir miraculeusement à son retour, allez savoir...
Glicherie
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Message par Glicherie »

Jean-Louis, pouvez-vous nous dire qui constitue ce fameux "quarteron" de clubistes ?

Ne pensez-vous pas que Constantinople est un peu coupable d'avoir toléré dans sa juridiction cette "Ecole de Paris" ?
Glicherie
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Message par Glicherie »

Franchement, ces histoires de "forces occultes" et de franc-maçonnerie infiltrée dans l'Eglise me donnent la nausée.

Serions-nous tous bernés et l'Orthodoxie en France entachée d'une sorte de "péché originel" lié à son implantation ?

Tertullien disait "il n'est rien de plus beau qu'un chrétien sans ajouts".
O combien cela est vrai!

Pourquoi rajoutter des hérésies à notre Sainte Eglise ?

La Vérité n'a pas besoin du charitable concours de l'Erreur!!!

A qui profite cette infection de l'Orthodoxie en France par des milieux sordides ?
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Jadis l’Église fut dévastée par l’arianisme. Dieu avait permis que son Église fût dévastée par cette hérésie. Elle y gagna de réunir le Premier Concile œcuménique, modèle insurpassable des Conciles à venir, et de se doter du Symbole de la foi.

Quelques siècles plus tard l’Église fut dévastée par la vague de l’iconoclasme. La quasi-totalité des évêques s’inclinèrent. L’Église en sortit après avoir réaffirmé la valeur des saintes icônes et réhabilité la place du monachisme.

Ce ne sont que deux exemples. On pourrait en citer beaucoup d’autres. Il faut qu’il y ait des hérésies. Conduite par l’Esprit l’Église en sort toujours plus forte. Mais auparavant Dieu permet bien des défaillances.

Oui d’accord, j’aurais dû écrire Avec l’autorisation de la divine Providence plutôt que “Par une disposition…” Bon c’est promis, je ferai attention la prochaine fois.

Il est bien vrai que l’époque contemporaine a vu un très violent assaut contre la pureté de la foi de l’Église. On peut bien sûr dénoncer des complots très conscients et concertés, qui ont mené cet assaut. Mais il y a eu aussi un mouvement interne d’abandon de la Tradition et d’acquiescement aux valeurs des “Temps Modernes”, un sentiment que l’Église devrait se mettre au diapason de son époque pour cesser d’être inférieure aux brillantes conquêtes de la civilisation. L'influence qu'ont exercé les idées des Lumières n'est qu'en partie imputable à des persécutions ; il y a eu aussi une profonde séduction sur les “élites” de l'Église et une adhésion de leur part.

Tout un ensemble de réformes a été présenté et élaboré “pour tenir compte des changements culturels”, “pour parler le langage des hommes de notre temps et être compris d’eux”, “pour ne pas décevoir les attentes de la jeunesse”.. En fait c’est le contraire qui se produit : l’Église orthodoxe exerce un attrait croissant sur des milieus qui se trouvent hors de son domaine traditionnel, mais c’est parce que ces gens viennent y chercher un enseignement spirituel traditionnel, un apprentissage de la prière, un guide dans le combat spirituel.

Un ami balkanique me disait que maintenant l’Église (dans les pays de tradition orthodoxe” semble surtout animée par un souci de sécularisme : jouer un rôle dans la vie publique. Et qu’elle joue surtout un rôle rétrograde : isolationnisme ethnique.

Vu du point de vue de ce qui devrait être la mission de l’Église orthodoxe en Occident, et des besoins spirituels de notre monde, je crois qu’il faut être conscient que nous n’avons pas grand chose à attendre de ces communautés ethniques, malgré le besoin que nous en aurions.
Jean-Louis Palierne
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Antoine
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Message par Antoine »

Vu du point de vue de ce qui devrait être la mission de l’Église orthodoxe en Occident, et des besoins spirituels de notre monde, je crois qu’il faut être conscient que nous n’avons pas grand chose à attendre de ces communautés ethniques, malgré le besoin que nous en aurions.
Au contraire je continue à penser que nous avons beaucoup à recevoir des Eglises Russe, Grecque et Roumaine avant de prétendre à l'Eglise Locale. Ce n'est pas mûr et la France n'a plus de Tradition orthodoxe de puis 1000 ans. Il y a un grand manque d'humilité dans ce désir d'Eglise locale, un caprice infantile et comme un péché national qui consiste à croire que le Français a tout inventé. Il faut continuer à s'impreigner de la Tradition, accepter les langues étrangères, accepter d'être étranger soi-même en demandant l'accueil religieux à ceux qui nous demandent l'accueil politique et avancer lentement dans l'acquisition de la Tradition. La Tradition ça se vit . Et avant qu'une vie de Tradition devienne Tradition elle même , il faut du temps. Sinon on refera une deuxième ECOF(Pardon Yvette) encore plus catastrophique que la première.
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