En réponse aux remarques échangées à propos de
l'Eglise orthodoxe de France
En prenant connaissance des remarques échangées sur ce site, je me suis étonnée de l'acharnement pathologique des uns et des autres contre l'ECOF, alias l'Eglise catholique orthodoxe de France, alias l'Eglise orthodoxe de France. Étonnée, non pas de voir cette Eglise traînée dans la boue, car il y aura toujours des personnes qui penseront se valoriser en essayant de rabaisser leur prochain, mais étonnée de constater que ceux qui l'y traînent se prétendent des chrétiens orthodoxes ! Je me demande de quelle orthodoxie il s'agit ? Si elle se veut chrétienne, voici donc une nouvelle catégorie de chrétiens.
Pour ma part, je suis membre de Eglise orthodoxe de France depuis bientôt quarante ans, et nombreux sont ceux que j'ai vu venir et partir... Et pourquoi pas ? L'Eglise n'est pas une prison, et chaque personne - sur qui Dieu veille - n'a-t-elle pas son chemin ?
J'ai donc appris récemment sur ce site - « grâce » au prénommé Antoine - que 1'ECOF est composée de défroqués catholiques légalisant des situations de concubinage ; de divorcés remariés ; de gourous en tous genres ; de tripatouilleurs financiers ; de mystiques à bon marché ; de prophètes à la noix ; de profs en mal de reconnaissance, etc. J'étais un peu décontenancée à la lecture de cette énumération lorsque, cherchant dans quelle catégorie me classer, je vis, quelques lignes plus loin, qu'Antoine avait tranché : je fais partie d'un tas d'immondices. Je n'en suis pas troublée. L'Evangile selon saint Matthieu (22, 8-14) nous apprend, à propos des invités aux noces que le roi dit à ses serviteurs : « Rendez-vous donc aux carrefours, et tous ceux que vous trouverez, invitez-les aux noces ». Ces serviteurs s'en allèrent par les rues, rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, mauvais comme bons, et la salle des noces se remplit de convives ». Il en est ainsi de l'Eglise. Espérant être revêtue de « l'habit de noces », l'immondice que je suis a la certitude que le Roi Qui est venu vers nous, Qui nous invite à Son Banquet et Qui est descendu jusqu'aux enfers, le Christ béni, viendra me chercher là où je suis, et aussi bas que je me trouve dans le tas d'immondices. Et Antoine n'y pourra rien. Qu'il se souvienne donc, lui, le riche, du pauvre Lazare.
« Quoi de moins orthodoxe que l'ECOF ? », demande-t-il ? L'on peut répondre : « Antoine, apparemment ! » En effet, où dans les Evangiles, chez les Pères de l'Eglise, dans quelle Eglise orthodoxe en France ou dans le monde recommande-t-on de mépriser son prochain, de l'injurier, de médire, de calomnier, de propager des on-dit malveillants ? « Où est le Christ dans tout ça ? » L'infaillible Antoine répond à cette question posée par un internaute en faisant l'apologie du travail matériel de certaines personnes ! Mais, comme disait Maître Eckhart qui était chrétien, mais pas « orthodoxe » au sens où Antoine l'entend : « Ne t'imagine pas mettre la sainteté en tes œuvres ; il faut mettre la sainteté en ton être ».
Ainsi, certains internautes semblent avoir remplacé notre Dieu Vivant par une idole : « la vraie orthodoxie ! » Ils ont élaboré un système (orthodoxe ?) dont il résulte que l'Esprit Saint ne souffle plus où Il veut, mais où, quand et comme le veulent ces « savants » que leur érudition égare. Ils collectionnent les connaissances des autres, font état d'expériences qui ne sont pas les leurs, qui ne leur appartiennent pas, mais dont cependant ils se glorifient. Or, « Se croire quelque chose alors qu'on n'est rien, c'est s'abuser soi-même » (Galates 6, 3). Et l'on retrouve dans leurs diatribes contre l'ECOF tous les défauts contre lesquels les Pères de l'Eglise mettent en garde : la colère, la haine, l'agressivité, la dureté de cœur, le jugement du prochain, la médisance et la calomnie, etc. Et l'un d'eux - pourtant au soir de sa vie - a ce cri tragique : « Nous avons besoin d'évêques qui nous aident à nous battre contre nous-mêmes ». Mais, des évêques, qu'en pense-t-il ? « La plupart n'ont été que des évêques médiocres », dit-il ici. Là, il évoque « leurs compromissions et leurs lâchetés » ; ailleurs « leurs complaisances pour les shows œcuméniques », etc. En bref, les évêques posent problème... Mais si ces internautes étaient des saints, ils pourraient les aider... Car, d'une part, les évêques sont des hommes comme nous, pécheurs, et, d'autre part, qui a vraiment conscience de ce que portent les évêques, ces pasteurs qui sont à la tête d'un troupeau et d'une Eglise ?
Les Pères nous incitent d'abord à nous mettre à l'écoute du Verbe de Dieu, à invoquer l'Esprit Saint et à nous approcher des Saints Mystères. C'est ce que l'Eglise orthodoxe de France propose en mettant l'accent sur la sainte Liturgie et les Sacrements. Mais, voici qu'intervient Jean-Louis Palierne, que j'ai connu jadis à la cathédrale Saint-Irénée, et dont j'apprécie les traductions. Cependant, il raconte l'histoire de l'ECOF à sa manière et critique tout sans bienveillance, dont notre Sainte Liturgie. En voici deux exemples (entre autres). « Ces textes ne sont pas le fruit d'une longue tradition orthodoxe, mais la création de quelques individus pressés par le besoin d'alimenter une opération ecclésiastique ». Il est indéniable que l'on juge les autres d'après soi-même, car ceux qui ont connu Monseigneur Jean de Saint-Denis et Maxime Kovalevsky ne les reconnaissent pas dans cette description : ils n'étaient pas des hommes politiques, cette politique fut-elle ecclésiastique. Ils étaient de vrais chrétiens orthodoxes, fervents, ardents et généreux, des théologiens, des artistes et des liturgistes. Or, n'est pas liturgiste qui veut, et je me permets de douter que Jean-Louis Palierne possède les qualités requises. Il ne lui reste donc que la critique : « Ces textes sont accompagnés d'un ensemble d'usages et de pratiques exaltant unilatéralement l'esprit communautaire ». Ainsi, certains mouvements de l'assemblée et certains répons seraient « excessifs », tels « le baiser de paix transmis depuis l'autel à l'ensemble de la communauté, c'est excessif ; le triple Amen lancé par la communauté à l'anaphore, c'est excessif, mais l'ensemble de ces excès avec quelques autres finit par créer une participationnite obsédante, etc. Voici donc une opinion personnelle qui, comme telle, aurait pu être exprimée plus modestement. Pourquoi se placer au-dessus de tous, absolutisant, jugeant et condamnant avec des arguments qui n'en sont pas ? Chaque personne ne peut-elle avoir sur le sujet une opinion différente ? Ainsi, pour ma part j'apprécie ce rituel. Les mouvements de l'assemblée - si symboliques - m'ont beaucoup apporté et m'ont aidée à m'approcher des Saints Mystères. Dieu ne nous a-t-il pas donné « la vie, le mouvement et l'être ? ». De même, le triple « Amen ! » à l'anaphore - qui témoigne de l'adhésion et de la Foi de toute l'assemblée - n'est pas pour moi excessif, mais très important et beau. Jean-Louis Palierne souhaiterait-il le retour des messes basses de l'Eglise de Rome ? Aurait-il la nostalgie de l'immobilité de l'assemblée au temps de l'Eglise enseignante et de l'Eglise enseignée ? Pourquoi pas ? Mais, ceci est un problème qui lui est personnel. Pour sa part, le Père Justin Popovitch dit que l'Européen est individualiste.
Peut-être cette participationnite pourrait-elle l'aider à briser son enfermement et à le sortir de son quant-à-soi pour peu qu'il veuille bien participer de bon gré et simplement au rituel en s'abstenant d'un perpétuel jugement ? Qui sait ? Pourquoi pas ? Et pourquoi toutes ces critiques incessantes et subjectives ? A qui, à quoi et en quoi sont-elles utiles ?
Et qu'en est-il des premiers chrétiens qui n'avaient pas autant de « savoirs » livresques que certains internautes et qui ne bénéficiaient pas d'une longue tradition liturgique ? Les saints et les martyrs qui ont confessé la Foi dans les supplices et dans l'arène - comme à Lyon, en 177, Blandine dont l'atroce martyre fait frémir - étaient-ils donc des imposteurs ? Ces internautes qui - dans l'anonymat et confortablement installés devant leur ordinateur - affirment avec tant de fougue et de hauteur leur « orthodoxie » et pourfendent l'orthodoxie des autres, pourrait-on de nos jours (ce qu'à Dieu ne plaise) les mener dans l'arène pour y être livrés aux bêtes ? Bah ! Il faudrait d'abord savoir qui ils sont, puis les attraper, car ils auraient tôt fait d'abandonner témoignages et critiques pour fuir à toutes jambes se cacher au fond des bois. Ne se cachent-ils pas déjà sur ce site sous des prénoms ou des pseudonymes ? Si l'on pouvait se hasarder à avoir d'eux une opinion, l'on pourrait les soupçonner d'avoir une érudition bien superficielle, car apparemment elle ne leur sert à rien, ni à eux ni à personne. Sans charité ni rien qui lui ressemble, leurs discours enflammés qui vilipendent leur prochain n'édifient pas, ils détruisent et les détruisent eux-mêmes, ce dont ils semblent ne pas avoir conscience. Mais, ne jugeons point... Par le Baptême nous avons revêtu le Christ et se livrer à l'ascèse selon les Pères est plus difficile que de s'abandonner aux bavardages malveillants pour « refaire le monde et l'Eglise », ce qui engraisse le vieil homme dont, au contraire, il conviendrait de se dépouiller.
En conclusion de ces quelques lignes, je me permets d'informer les participants à ce Forum qu'ils peuvent avoir un aperçu de la vie et de l'Histoire de l'Eglise orthodoxe de France en prenant connaissance de nos sites :
http://orthodoxie.free.fr
http://orthodoxie-france.ifrance.com
http: //pagesperso.laposte.net/orthodoxie
Ils y trouveront, entre autres, des extraits de l'ouvrage de Maxime Kovalevsky : « Orthodoxie et Occident - Renaissance d'une Eglise locale » ; des documents officiels sur notre Eglise ; des textes relatifs à notre Sainte Liturgie, etc.
Que Dieu voit et nous sauve tous !
Anne-Yvette Le Quéré
14è dimanche après la Pentecôte
Le lys des champs 5 septembre 2004
P.S. : J'espère que cette mise au point ne disparaîtra pas de ce site, comme en a disparu ma première lettre en réponse à Antoine au sujet du film La Passion du Christ de Mel Gibson.