Urbain IV et les ateliers de falsifications!

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Stephanopoulos
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Urbain IV et les ateliers de falsifications!

Message par Stephanopoulos »

Bonjour à tous,

Je suis allé sur le site du hiéromoine Cassien et je suis tombé sur un texte où il est écrit : "Revendiquant de plus en plus la primauté, Rome en vint à un sentiment de haine exacerbée envers les ''Grecs'', allant jusqu'à créer des ateliers de falsification des manuscrits patristiques orthodoxes (sous le pape Urbain IV par exemple), ateliers destinés à alimenter les pamphlets anti-grecs d'un Thomas d'Aquin..." réf. http://membres.lycos.fr/orthodoxievco/bul/96.htm

Quelqu'un pourrait-il me donner des références sérieuses d'ouvrages qui traitent de ce sujet?

J'ai dans l'idée constituer un dossier sur les erreurs dogmatiques, les falsifications et, par conséquant, des déviances de l'Eglise romaine et il est nécessaire pour cela d'avoir des arguments en béton! Si Dieu le veut, j'arriverais a accomplir ce voeux qui m'est cher!

Merci pour votre aide!
Stephanopoulos
Thierry-VCO
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Message par Thierry-VCO »

Christ Est Ressuscité!

Cher Stephane

D'ici deux mois ou plus, si Dieu le veut, nous lancerons un site VCO francophone.
Tu auras à disposition plusieurs articles concernant divers sujets qui t'intéresse écrit entre autre par notre frère Jean Béziat qui mène un travail impressionnant depuis de longues années.

J?espère te revoir bientôt

Thierry
Stephanopoulos
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Message par Stephanopoulos »

Il Est Vraiment Réssuscité!

Merci Thierry,

J'attend avec impatience le lancement de ce site!

Il faudra bien que la vérité, au sujet de l'Eglise romaine, éclate au grand jour, car il ne fait aucun doute que c'est par l'ignorance ou la mauvaise foi des fidèles que l'Eglise romaine maintient son pouvoir.

Peut-être que nous pourrions nous revoir au mois de juin; je te tiendrais au courant parce qu'il est fort probable que je doive descendre en Sardaigne pour les votations.
Stephanopoulos
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Ce qui est drôle, c'est qu'alors que l'érudition, d'abord humaniste du temps de Laurent Valla puis protestante à partir du XVIème siècle, n'a cessé de démontrer les falsifications opérées par la Papauté pour justifier ses positions (fausse donation de Constantin, fausses décrétales, fausses éditions des textes patristiques), les papistes ont pendant des siècles accusé leurs adversaires du contraire (par exemple, le traître apostat Bessarion prétendait qu'il s'était rallié à Rome parce qu'il avait trouvé un manuscrit grec où les orthodoxes avaient effacé le Filioque du Credo - justification hilarante, venant d'un homme qui était en fait païen et se souciait du christianisme comme d'une guigne).

Un exemple donné par Jean Mathieu-Rosay, alors prêtre jésuite, et aujourd'hui prêtre vieux-catholique de l'Union d'Utrecht en Allemagne.

Il parle du pape Honorius, qui s'était rallié à l'hérésie monothélite.

"Cinquante ans plus tard, le sixième concile oecuménique, réuni à Constantinople, lança l'anathème contre les fauteurs des hérésies nouvelles, y incluant expressément "l'évêque de Rome, Honorius, qui dans une lettre à Sergius, avait prouvé qu'il partageait ses erreurs et qu'il confirmait sa doctrine impie."
Le septième et le huitième conciles (quel huitième concile? L'authentique de 879-880 ou le pseudo-concile de 869-870? NdL) crurent chacun nécessaire de renouveler cette condamnation. Le pape Léon II (682-683) reconnut aussi l'erreur dogmatique commise par son lointain prédécesseur et, durant longtemps, tout nouveau pape eut à jurer qu'il "rejetterait l'hérésie dont Honorius avait introduit le ferment".
Peu à peu, on s'attacha en Occident à faire oublier que l'hérétique Honorius avait été un pape, et le Moyen Age finit même par ne plus se souvenir de son nom. Mais vers 1420, grâce à l'humaniste florentin Ambrosius Traversari (1386-1439) et à ses traductions des Pères de l'Eglise grecs, on connut à nouveau ce dramatique épisode. Jean de Turrecmata (1388-1468) vint alors au secours de la papauté en tentant de mettre la condamnation d'Honorius sur le compte d'un concile mal informé. Au temps de la Réforme, le théologien catholique Albert Pigges (1490-1542), un apologiste acharné du Saint-Siège et partisan de l'infaillibilité pontificale, en vint même à nier l'existence d'une condamnation d'Honorius, imaginant que le prétendu anathème n'aurait existé que dans des faux, subrepticement glissé par des Grecs mal intentionnés dans les Actes des Conciles. Le cardinal Bellarmin et Baronius s'empressèrent d'adopter cette thèse si opportune qui, grâce à leur caution, conserva des partisans jusqu'au XIXe siècle, alros que Melchior Cano (1509-1560) s'était déjà insurgé contre un escamotage aussi simpliste de l'indéniable réalité.
Il va de soi qu'en 1870, au premier concile du Vatican, tous ceux qui jugeaient inopportune une proclamation solennelle de l'infaillibilité pontificale ressortirent le cas Honorius. Les partisans de l'infaillibilité trouvèrent aussitôt la parade: la garantie d'infaillibilité ne valait que pour ce que les papes définissaient "ex cathedra" et les deux réponses incriminées d'Honorius n'entraient nullement dans cette catégorie.
L'infaillibilité triompha. Celui qui en avait constitué la pierre d'achoppement s'était éteint 1'242 ans plus tôt, le 12 octobre 638."

A noter que l'humaniste Ambroise Traversari, dont parle le père Mathieu-Rosay, était en fait un moine camaldule qui servit d'interprète lors du concile de Ferrare et tenta d'apporter un peu d'aide à la délégation orthodoxe prise au piège dans ce concile truqué.
Stephanopoulos
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Message par Stephanopoulos »

Merci Claude,

C'est à chaque fois un plaisir de te lire!
Stephanopoulos
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Merci Stephanopoulos,

Ta satisfaction me touche droit au coeur.
Stephanopoulos
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Message par Stephanopoulos »

Pour ma part, je doute que les "deux réponses incriminées d'Honorius" n'entrent nullement dans la catégorie telle que définie dans le concile Vatican I. Mon Atlas historique (Ed. Librairie Académique Perrin, 1992, p.349), dit ceci: 1869 Premier concile du Vatican et proclamation en 1870 de l'infaillibilité pontificale lorsque le pape se prononce "en matière de dogme". Or c'est parfaitement le cas dans l'affaire honorius.
Et encore, voici ce que je lis à la page 136 du même Atlas historique : 680-681 Le 6ème concile oecuménique de Constantinople condamne la doctrine monothélite défendue par l'empereur Héraclius Ier (le Christ a deux natures, mais une seule volonté), et à laquelle le pape Honorius Ier (625-638) a donné son accord(souligné par moi). Il est anathémisé comme propagateur d'une hérésie : destruction de la doctrine de l'infaillibilité de Rome.(souligné dans l'Atlas).

Aussi, je voudrais ici publier à nouveau la réponse que le Père Wade m'a donné à propos du cas Honorius :

Le 6ème Concile OEcuménique a bien étudié les écrits du pape Honorius et les a condamné comme clairement contenant l'hérésie monothélite. Les actes sont authentiques sans aucun doute, voir l'autorité très respectable (et romaine) de Mansi. Voici un extrait des Actes :

Séance XIII
Le saint concile dit : après que nous eumes réconsidéré, selon la promesse que nous fîmes à Votre Altesse, les lettres doctrinales de Serge, naguère patriarche de cette ville royale et protégée par Dieu à Cyr, qui était alors évêque de Phasis et à Honorius, naguère Pape de l'Ancienne Rome, et aussi la lettre de ce dernier au même Serge, nous trouvons que ces documents sont entièrement étrangers aux dogmes apostoliques, aux déclarations des saint Conciles, et à tous les Pères acceptés, et qu'ils suivent les fausses enseignements des hérétiques ; par conséquent, nous les rejetons entièrement, et les exécrons come nuisibles à l'âme. Mais les noms de ces hommes dont nous exécrons les doctrines doivent aussi être expulsés de la sainte Eglise de Dieu, c'est-à-dire celui de Serge naguère patriarche de cette ville royale et préservée par Dieu qui fut le premier à écrire sur cette doctrine impie ; aussi ceux de Cyr d'Alexandrie, de Pyrrhus, Paul, et Pierre, qui moururent comme évêques de cette ville préservée par Dieu, et qui tenaient les mêmes opinions ; et celui de Théodore naguère évêque de Pharan, que rejeta tous le très-saint et trois fois béni Agathon, pape de l'Ancienne Rome, dans sa proposition à notre très-pieux Seigneur préservé par Dieu et puissant Empereur, parce que leurs opinions étaient contraires à notre foi orthodoxe, et nous définissons qu'ils doivent tous être assujettis à l'anathème. Et avec eux nous définissons que doit être expulsé de la sainte Eglise de Dieu et frappé d'anathème Honorius que fut naguère pape de l'Ancienne Rome, à cause de ce que nous trouvâmes écrit par lui à Serge, et qu'en tout il suivit son opinion et confirma ses doctrines impies. (...)
A Théodore de Paran, l'hérétique, anathème !
A Serge, l'hérétique, anathème !
A Cyr, l'hérétique, anathème !
A Honorius, l'hérétique, anathème !
A Pyrrhus, l'hérétique, anathème !
(...).

L'ordre fut donné de brûler les deux lettres hérétiques d'Honorius durant la séance 13 du Concile.
Durant Séance 16, les évêques s'exclamèrent : "Anathème à l'hérétique Serge, à l'hérétique Cyr, à l'hérétique Honorius, etc."
Dans le decret de la foi publié en Séance 18 on déclare que "l'originateur de tout mal . . . trouva un outil convenable pour sa volonté en ... Honorius, pape de l'Ancienne Rome, etc."
Le rapport du Concile à l'Empereur dit que "Honorius, naguère évêque de l'Ancienne Rome" a été "puni d'exclusion et anathème" parce qu'il suivait les monothélites.
Dans sa lettre au pape Agathon le Concile dit qu'il a "tué Honorius par l'anathème".
Le decret impérial parle des "prêtres impies qui infectèrent l'Eglise et faussement gouvernaient" et mentionne parmi ceux-ci "Honorius, le pape de l'Ancienne Rome, qui confirma l'hérétie et que se contradicta". Ensuite, l'Empereur frappe d'anathème "Honorius qui fut Pape de l'Ancienne Rome, qui était d'accord avec eux en tout, allait avec eux, et fortifia l'hérésie."
Le pape Léon II confirma les decrets du Concile et dit explicitement que lui aussi il frappait d'anathème Honorius (Honorius, qui hanc apostolicam sedem non apostolicae traditionis doctrina lustravit, sed profana proditione immaculatam fidem nostram subvertere conatus est, et omnes, qui in suo errore defuncti sunt).
Les Canons du Concile in trullo mentionnent le fait que Honorius fut frappé d'anathème par le 6ème concile oecuménique (Canon I).
Le Septième Concile déclare aussi son accord avec l'anathème dans son decret de foi, et le répète en plusieurs lieux dans les Actes.
Le nom de Honorius se trouvait dans l'exemplaire romain des Actes. Ceci est évident dans la vie de Léon II par Anastase. (Vita Leonis II).
Le Serment Papal qui se trouve dans le Liber Diurnus (Ed. Eugène de Rozièree, Paris: 1869, no; 84) juré par chaque nouveau pape du 5ème au 11ème siècles, dans la forme prescrite par Grégoire II, "frappe d'anathème éternel les originateurs de la nouvelle hérésie, Serge, etc., ensemble avec Honorius, parce qu'il assistait l'infame profession de ces hérétiques".
Dans la lecture pour la fête de Saint Léon II dans le Breviarium Romanum, le nom du pape Honorius se trouve parmi ceux excommuniés par le Sixième Synode. Bossuet dit : "Ils suppriment autant qu'ils peuvent le Liber Diurnus. Ils ont rayé ceci du Bréviaire Romain. L'ont-ils donc caché ? La vérité s'éclate de tous les côtés, et ces choses deviennent d'autant plus évidentes, qu'on a soin de les mettre hors de vue." (Bossuet, Def. Cleri Gal. Lib. vij, cap. xxvj).

Ces faits rendent difficile pour n'importe quel historien conservateur de mettre en question le fait qu'Honorius, le pape de Rome, fut condamné et frappé d'anathème comme hérétique par le Sixième Concile OEcuménique, sur la base de ses écrits hérétiques. (Fin du texte du Père Wade)

On connais la suite, "752-757 Etienne II élève des prétentions à la puissance territoriale en se servant d'un document falsifié (Donatio Constantini): l'indépendance de Rome à l'ègard de l'Orient remonterait ainsi à Constantin le Grand qui aurait remis au pape de rome la moitié de l'empire d'Occident. 858-867 Nicolas Ier. Devant la décadence du pouvoir impérial des Carolingiens, le pape s'appuye sur les fausses décrétales (dites "isidoriennes") pour soumettre le système ecclésiastique franc à l'organisation centrale de Rome.(Atlas historique p.136). etc...

Il est donc certain que la doctrine qui veut que le pape soit l'évêque du monde voire de l'univers n'est absolument pas évidente si plusieurs pontifs ont dû avoir recours à des documents falsifiés pour tenter de le faire croire.
Dernière modification par Stephanopoulos le dim. 27 juin 2004 22:50, modifié 1 fois.
Stephanopoulos
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Stephanopoulos, merci beaucoup, c'est très intéressant, quel travail de recherche!

La citation de Bossuet est très précieuse, parce qu'elle nous montre bien que l'Eglise gallicane, malgré toutes ses erreurs doctrinales, n'était pas papiste. Le concordat de 1801 a vraiment été une bonne affaire pour la Papauté qui, en s'alliant avec Napoléon, a pu définitivement mettre au pas le gallicanisme. Quitte à plus tard récupérer et embrigader au service du Vatican le souvenir des très nombreux prêtres et fidèles gallicans martyrisés pendant la Révolution française, alors que les héritiers légitimes de ces martyrs avaient dû constituer la "Petite Eglise", pourchassée par le pouvoir politique de Napoléon Bonaparte comme par le pouvoir ecclésiastique des évêques concordataires.

Je vous signale par ailleurs que le père Mathieu-Rosay, auteur de ce texte que j'ai reproduit ici et qui rapportait les arguments utilisés par les partisans de Pie IX pour imposer le dogme de l'infaillibilité pontificale malgré le précédent que représentait le cas d'Honorius Ier, a lui-même fini par rejoindre les rangs des anti-infaillibilistes, puisqu'il est devenu prêtre vieux-catholique.

Il faudrait aussi garder à l'esprit que le dogme de l'infaillibilité pontificale n'a pu triompher au cours du concile Vatican I qu'à cause de l'éclatement de la guerre franco-allemande qui a entraîné le départ vers leurs diocèses respectifs des évêques allemands et français. Or, c'était l'épiscopat de ces deux pays qui représentait le fer de lance de la résistance anti-infaillibiliste. L'affrontement de Bismarck et de Napoléon III a plus fait pour le triomphe de la Papauté que toutes les arguties tendant à faire croire que l'enseignement d'Honorius Ier n'avait pas été infailliblement faux...
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