Claude le Liseur a écrit :
Si vous voulez absolument trouver un communiste persécuteur de la religion, mais bon militaire, alors pensez à Mao Tsé-toung (pinyin Mao Zedong). Mao a conquis la Chine entière en moins de quatre ans, alors que les communistes, à la capitulation japonaise en septembre 1945, disposaient de 320'000 soldats, 166'000 fusils et 600 pièces d'artillerie face aux 3'700'000 soldats, 1'620'000 fusils, 6'000 pièces d'artilleries des nationalistes du Kouomintang (pinyin Guomindang) de Tchang Kaï-chek (pinyin Jiang Jeshi) (cf. général L.-M. Chassin, La conquête de la Chine par Mao Tsé-toung, éditions du Trident, Paris 1987 [fac-similé de l'édition de Payot, Paris 1952], p. 171). Certes, Mao était secondé par d'excellents généraux comme Lin Piao (pinyin Lin Biao). Mais le livre du général Chassin montre que toutes les décisions stratégiques étaient prises par Mao. L'emprise de Mao sur le parti communiste chinois s'est d'ailleurs renforcée tout au long de la guerre civile de 1946-1949, pour la simple et bonne raison que les autres dirigeants communistes avaient remarqué qu'il ne se trompait jamais sur le plan militaire. Dans son livre, le général Chassin publie la traduction française d'une communication faite par Mao au comité central du parti communiste chinois le 25 décembre 1947 (cf. Chassin, op. cit., pp. 143-151) qui est impressionnante de clarté, dans laquelle on sent vraiment le stratège de génie. Dès cette date, Mao prévoyait la victoire finale pour 1949! On s'est beaucoup intéressé - c'était en particulier une obsessions de certains officiers français qui avaient affronté les communistes en Indochine - à Mao théoricien de la guerre révolutionnaire. Mais - le livre du général Chassin le montre très bien - Mao, après une expérience de près de vingt ans de conduite de la guérilla, a su aussi non seulement théoriser, mais organiser, le passage de la guérilla à la guerre conventionnelle. Et ce qui est encore plus génial, c'est qu'il a organisé cette transformation grâce au matériel conquis sur le Guomindang! Parmi ses petits frères du Vietminh, le général Giap a aussi été un grand organisateur du passage de la guérilla à la guerre conventionnelle, mais il l'a fait avec le matériel fourni par la République populaire de Chine et par l'Union soviétique, pas avec le matériel pris au Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient! Et c'est là qu'apparaît tout le génie militaire de Mao, dans sa triple dimension théorique, stratégique et tactique.
Car enfin, on conviendra que ce n'est pas un mince exploit que de se rendre maître, en trois ans et demi, d'un cinquième de l'humanité et d'un territoire trois fois plus grand que l'Inde, et en démarrant avec une infériorité, en termes de puissance de feu, de un à dix.
Pour moi, sans conteste, Mao, grand criminel, mais très grand chef de guerre. Staline, grand criminel, mais pas grand chef de guerre.
Sans doute le parti communiste chinois croit-il que le génie stratégique est héréditaire, puisque le petit-fils de Mao Zedong vient d'être nommé général.
http://www.rue89.com/chinatown/2010/08/ ... ral-161533
(De Pékin) Unique descendant masculin de Mao Zedong, Mao Xinyu est devenu la semaine dernière le plus jeune général de division de l'Armée populaire de libération. Devant les critiques suscitées par cette nomination, il assume sans complexe avoir été aidé par son nom.
L'air débonnaire, ressemblant un peu à un Mao Zedong qui aurait pris du poids, Mao Xinyu est serein. A 40 ans, il a déjà effectué de grandes choses pour son pays. Diplômé d'histoire à l'université du Peuple de Pékin, docteur à l'Académie des sciences militaires de Chine, il a passé la plus grande partie de sa carrière à faire des recherches sur les exploits de son grand-père, et sur son héritage dont il est un fervent défenseur.
En mars, lors de la réunion annuelle du parlement chinois, il avait par exemple estimé que « la guerre de l'information du futur devrait être conduite selon le maoïsme ».
Délégué de la Conférence consultative du peuple chinois (la Chambre haute du parlement chinois), il est également écrivain, son livre le plus connu s'intitulant « Mao Zedong, mon grand père ».
Pour son activité sur le Net, il a été désigné en 2009 comme l'un des blogueurs les plus populaires du pays par le site internet du
Quotidien du peuple.
Mais le seul descendant masculin connu du Grand Timonier ne compte pas en rester là.
« Une insulte pour l'Armée populaire de libération »
La semaine dernière, Mao Xinyu a été nommé général de division à l'occasion du 83e anniversaire de la fondation de l'Armée populaire de libération, devenant ainsi le plus jeune de son grade.
Parmi les commentateurs, cette nomination a provoqué de vives critiques. Car en dépit de son apparence sympathique, le descendant de Mao est souvent pointé du doigt pour son incompétence, voir même pour sa bêtise.
« Qu'une personne aussi peu qualifiée puisse devenir général de l'armée chinoise est un insulte pour l'ALP », a déclaré Pu Zhiqiang, avocat et militant des droits de l'Homme, dans une interview au quotidien américain
Los Angeles Times.
« Les futurs promus au même poste devraient se sentir humiliés par cela. »
La nomination a également divisé les internautes. Si certains l'ont approuvée, y voyant une « compensation pour le sacrifice de sa famille », ou encore un « honneur » pour « le seul qui garde le sang de Mao Zedong », lequel « nous manque beaucoup », d'autres se sont montrés plus critiques.
Sur le site du
Quotidien du Peuple, l'organe du parti communiste, un internaute observe :
» La Chine n'a pas changé depuis l'époque des dynasties. Sous les Qing, le pouvoir se transférait aussi au sein des familles. »
« Le fils d'un tigre sera toujours un tigre, et le fils du rat, un rat », écrit un autre, citant un fameux proverbe.
Une promotion « toute naturelle »
Mao, lui, s'étonne de ce remue ménage, et écrit sur son blog :
« Je ne comprend pas pourquoi on s'intéresse plus à moi qu'aux autres personnes promues à ma fonction ? »
Népotisme ? L'accusation ne semble pas le déranger outre mesure.
« Je le sens parmi mes amis et mes collègues, tout le monde le sent ainsi. Les gens transfèrent sur moi l'amour et le respect qu'ils ont pour Mao Zedong. C'est donc évident que cela est un facteur. »
« C'est une promotion toute naturelle. Les réalisations de Mao lui valent le droit d'être promu », a expliqué en écho le porte-parole de l'Académie des sciences militaires.
Le petit-fils de Mao a profité de son interview pour officialiser son envie de se lancer plus avant en politique :
« Avant sa mort, ma mère voulait que je m'implique dans la politique. En me faisant entrer dans l'armée, ma mère m'a choisi une très bonne route, un très bon angle, et c'est par l'armée que je me développerai. »
Mao Xinyu profite sans aucun doute de la persévérance dans le pays du culte de son grand père.
La Chine, qui n'a jamais opéré de « démaoïsation », se réfère toujours à la pensée de Mao dans sa Constitution, et l'histoire officielle considère, sans les détailler, que les actions du Grand Timonier ont été faites de 30% d'erreurs et 70% de réussites.
Mais pour certains, cela n'est pas suffisant pour faire un bon général.
« Il doit nous montrer qu'il a fait quelque chose, a déclaré, au LA Times, Liu Shangying, de l'Académie des sciences Sociales :
“Jusqu'ici, nous n'avons toujours pas vu les résultats de ses recherches. Il n'a jamais trouvé de nouvelles idées concernant les théories de son grand père. D'un point de vue académique, il manque de réussite.”
Photo : Mao Xinyu lors de la session annuelle du parlement chinois, le 2 mars 2008 (Jason Lee/Reuters)
Ceci étant, l'Armée populaire de Libération doit compter beaucoup de généraux...