Vénération du Saint Suaire de Turin

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Claude le Liseur
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par Claude le Liseur »

Anne Geneviève a écrit :Broch ? Henri Broch ? Le zététicien de Nice ? L'homme pour qui vous et moi sommes d'abominables superstitieux ? Celui qui fait passer l'Union Rationaliste pour un club de calotins ?

Son site, pour que chacun se fasse une idée.
http://www.unice.fr/zetetique/broch.html

Sa page wikipedia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Broch

Il n'a rien prouvé du tout, sinon sa haine systématique de tout ce qui dépasse l'homme "unidimensionnel" et la vision du monde la plus "désenchantée" et je vous signale que la spiritualité orthodoxe en fait partie pour lui.


Ce n'est pas parce que Louis Aragon était une crapule communiste que La Semaine sainte était un mauvais roman.
Ce n'est pas parce que le professeur Broch est un matérialiste militant que cela invalide la recette de fabrication du suaire de Turin qu'il donne aux pages 110-114 de son livre Gourous, sorciers et savants, Odile Jacob, Paris 2007.
A mes yeux, vos arguments n'invalident pas les siens.
Si Broch, dont les idées me répugnent, m'indique que le ciel est bleu et que je vois que le ciel est bleu, je ne dirai pas qu'il est gris parce que Broch m'affirme qu'il est bleu.
Claude le Liseur
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par Claude le Liseur »

Anne Geneviève a écrit : Je n'aime pas l'Eglise romaine mais comme disait mon bonhomme, "ce n'est pas parce qu'un chien lève la patte sur un réverbère que le réverbère lui appartient". Ce n'est pas parce que l'ex-roi Humbert a fait cadeau à Rome du Linceul volé à Byzance en 1204 qu'il faut cracher dessus.
La thèse que vous exprimez ici, selon laquelle le suaire aujourd'hui exposé à Turin aurait été dérobé à Constantinople en 1204, peut être réfutée sur la base d'une lettre écrite par l'évêque de Troyes, Mgr Pierre d'Arcis, au pape Clément VII en 1389:
Le doyen d'une certaine église collégiale, à savoir celle de Lirey, faussement et mensongèrement, consumé par la passion de l'avarice, animé non d'un quelconque motif de dévotion mais uniquement de profit, s'est procuré pour son église un certain linge habilement pein sur lequel, par une adroite prestidigitation, était représentée la double image d'un homme, c'est-à-dire le dos et le devant, le doyen prétendant menteusement que c'était le véritable suaire dans lequel notre Sauveur Jésus-Christ aurait été enveloppé dans le tombeau...
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par Ploscaru Mihaela »

sauf que l'on sait que ce n'est pas de la peinture même " habile ".....!?
Claude le Liseur
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par Claude le Liseur »

Ploscaru Mihaela a écrit :sauf que l'on sait que ce n'est pas de la peinture même " habile ".....!?

Bas-relief en plâtre, recouvert d'une étoffe de lin humide pour épouser les contours du visage, le tout tamponné avec un mélange d'oxyde ferrique et de gélatine.

Datation au carbone 14: 1325 plus ou moins 50 ans, ce qui est normal, puisque le suaire apparaît en effet à Lirey en 1357. Très, très longtemps après la mort et la résurrection de Notre Seigneur.
Claude le Liseur
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par Claude le Liseur »

Jean-Pierre a écrit :J'apprends sur le site de l'Eglise russe http://www.egliserusse.eu/blogdiscussio ... _a788.html l'organisation d'un pèlerinage dont l'une des destinations est Turin, à l'occasion de l'ostension du Saint Suaire. Cela m'étonne un peu que l'on donne tant d'importance à une relique représentant le " cadavre " du Christ alors que Sa Résurrection est véritablement l'acte le plus important. N'est ce pas faire preuve de nécrolâtrie que de vénérer cette relique quand on a l'immense honneur de le recevoir "Vivant" Corps et Sang dans la Sainte Eucharistie ?


Voilà ce que je lis dans le programme du pélerinage mentionné sur le site que vous donnez en référence:
Vénération du crâne de Saint Antoine le Grand (église de Saint Julien), reliques des Saintes Marthe et Marie – sœur de Saint Lazare, reliques de Sainte Ursule, relique de Sainte Anne (Arles et Tarascon);

* Visite de l’abbaye de Saint Victor à Marseille: reliques du Saint Martyr Victor de Marseille (+304), vénération devant la relique du crâne de Saint Lazare le ressuscité, et des reliques de Saint Jean Cassien (+435 г.). Repos au bord de mer;

* Sainte Liturgie dans la grotte de Sainte Marie Madeleine (La Sainte Baume);

* Vénération du Saint Suaire de Turin (Ostension du Saint Suaire de Turin du 10 avril au 23 mai 2010 - a lieu tous les 10 ans), C’est dans la chapelle royale de la cathédrale Saint Jean Baptiste de Turin qu’est conservé le Saint Suaire. C’est un drap en lin ancien, dans lequel était enveloppé le Saint Corps du Sauveur.

* Action de Grâce et Vénération devant la relique du crâne de Sainte Marie Madeleine (Saint Maximin à 25km de la Sainte Baume);
Les organisateurs du pélerinage savent-ils que, selon la tradition orthodoxe, saint Lazare est mort sur l'île de Chypre et que ses reliques ne se sont jamais trouvées en Provence où il n'a jamais mis les pieds? Quant à la présence de saint Lazare et des saintes Maries de la Mer, il ne s'agit même pas d'une tradition catholique romaine, mais des inventions d'un curé de Provence du XVe siècle qui voulait attirer des pèlerins, imposture démontée au début du XXe siècle par Mgr Duchesne, qui était tout de même prélat de Sa Sainteté Léon XIII.

Idem à propos du suaire de Turin: c'est le chanoine Ulysse Chevalier qui, en 1902, a démontré que le suaire vénéré à Turin est bien le suaire fabriqué en Champagne au XIVe siècle, apparu à Lirey en 1357 , dont les ostensions avaient été interdites par l'évêque de Troyes en 1360 et qui fut volé aux chanoines de Lirey (procès jugé par le prévôt de Troyes en novembre 1449).
Le suaire de Turin est une très belle image, mais ce n'est pas une image achiropoiète - ce n'est pas la Mandylion.

Pourquoi des orthodoxes se mettent-ils à préférer à leur propre tradition des légendes catholiques romaines très localisées dont de savants prélats catholiques romains ont depuis longtemps démontré la fausseté - surtout lorsque ces légendes sont en plus contraires à la tradition orthodoxe?
Anne Geneviève
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par Anne Geneviève »

Pour le légendaire qui n'a rien d'historique, la tradition orthodoxe en garde pas mal aussi... La lecture du synaxaire m'a souvent fait dresser les cheveux sur la tête !

Mais j'espère que, sur des questions comme le Linceul qui ne sont pas des dogmes fondamentaux, chacun peut encore émettre son opinion. Si Broch dit que le ciel est bleu, je regarde la couleur du ciel et, s'il est vraiment bleu, je réponds "d'accord". Mais la formule de fabrication du Linceul qu'il a trouvé ne m'a pas convaincue, d'autant moins convaincue que l'analyse de la couleur a montré qu'il ne s'agit pas de pigments mais de roussissure, comme lorsqu'on laisse un fer à repasser un peu trop longtemps au même endroit sur un linge, mésaventure qui m'est parfois arrivée.
Vos références en ces domaines sont donc Broch et Ulysse Chevallier, sans doute les deux hommes qui éveillent le plus ma méfiance lorsqu'il s'agit de saints, de miracles, d'analyse de légendaire, etc. Je connais aussi la lettre de Pierre d'Arcis qu'il faut remettre dans son contexte, ce qu'ont fait un certain nombre d'auteurs : la chose n'est pas si simple, d'autant qu'elle ne comporte pas que cette phrase.

Autant je récuse l'Eglise de Rome sur le plan dogmatique, ecclésiologique, anthropologique même, autant je fais très attention à ce que ce ne soit pas pour moi la muleta qui va faire foncer mon taureau intérieur. J'ai parfois l'impression que ça le devient pour vous, mon cher Claude.
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par Claude le Liseur »

Anne Geneviève a écrit :Autant je récuse l'Eglise de Rome sur le plan dogmatique, ecclésiologique, anthropologique même, autant je fais très attention à ce que ce ne soit pas pour moi la muleta qui va faire foncer mon taureau intérieur. J'ai parfois l'impression que ça le devient pour vous, mon cher Claude.
Je me demande bien comment vous pouvez faire un lien entre mes positions sur le suaire de Turin et ce que je peux penser par ailleurs du Vatican dont je vois mal ce qu'il vient faire là-dedans.

En effet, à ma connaissance, l'Eglise catholique romaine n'a pas de position officielle sur le suaire de Turin dont elle n'est d'ailleurs propriétaire que depuis 1983. Elle n'a aucune responsabilité dans le vol de cet épitaphion aux chanoines de Lirey. Il est naturel qu'un objet de cette nature soit exposé à la vénération des fidèles, car, dans tous les cas, c'est une belle image sainte, et je ne fais aucun reproche à ceux qui organisent son ostension. On peut le vénérer comme on vénère n'importe quelle icône, à cause de la vénération qui est due au prototype. Je n'ai réagi que pour faire part de mon scepticisme quant aux caractéristiques surnaturelles de cette sainte image. Dans la tradition orthodoxe, il n'est pas nécessaire qu'une icône ait des propriétés surnaturelles pour qu'elle soit objet de vénération; ainsi qu'il fut longuement expliqué aux iconoclastes, nous n'adorons pas un objet, nous vénérons Celui qui est représenté. Pour la même raison, j'ai toujours trouvé peu convaicants les arguments de ceux qui veulent faire disparaître les icônes collées - sujet sur lequel je me suis déjà exprimé - comme si c'était la nature du support qui importait, et non la représentation.

Pour le reste, on ne peut pas accuser le Vatican d'en avoir fait une publicité excessive ni d'avoir cherché à tromper les gens. Parmi les principaux adversaires de l'authenticité du suaire, on a toujours trouvé des catholiques convaincus comme le professeur Godefroid Kurth. C'est le Vatican qui a permis la datation au carbone 14 de 1988 qui a abouti à la date moyenne de 1325 pour la fabrication du suaire. Les autorités catholiques romaines ont toujours été extrêmement prudentes par rapport à cette question. Je ne vois donc pas le moindre fondement à votre remarque citée ci-dessus.

Ce n'est pas non plus le Vatican - ni même l'épiscopat croate - qui porte la responsabilité de l'immense tromperie spirituelle de Medjugorje, qui continue son bonhomme de chemin malgré toutes les condamnations des autorités catholiques romaines compétentes. Néanmoins, la nature est ainsi faite que lorsque la tromperie se dégonflera, il se trouvera des gens pour en accuser l'évêque du lieu ou ses supérieurs. Il me semble que nous devons exprimer toutes nos réserves sur une image comme le suaire de Turin, dès lors que nous avons toutes les raisons objectives d'être réservés, car c'est tout le christianisme qui sera attaqué si on en fait trop sur des bases aussi incertaines.

Je constate donc que vous usez à mon égard de la même réfutation qu'à l'égard de Broch, et elle ne me convainc pas: le fait que Broch soit matérialiste ne suffit pas à enlever toute valeur à ses arguments, le fait que je sois chrétien orthodoxe ne suffit pas à enlever tout valeur aux miens. Il y a pourtant aussi, je le répète, beaucoup de catholiques romains qui ont la même opinion. Il y a des orthodoxes qui y croient, il y en a aussi qui sont fort sceptiques (cf. les articles que La Lumière du Thabor avait traduits en leur temps à ce propos).

C'est un exercice délicat que celui auquel vous vous livrez en nous faisant part de vos impressions sur ma psychologie. Il me semble difficile de sonder l'âme de quelqu'un qu'on n'a jamais rencontré de sa vie. En l'occurrence, vous vous êtes livrée à cette exercice difficle, et votre attaque a porté à faux: s'il y a bien une muleta pour moi, ce n'est pas le Vatican - qui n'est pas impliqué dans l'affaire -, c'est le mépris de certains orthodoxes à l'égard de chefs d'oeuvre d'érudition qui n'ont que le malheur d'avoir été écrits en français.

Ceci étant, les attaques contre ma petite personne me laissant indifférent et m'échauffant de moins en moins la bile, je trouverais plus intéressant que vous nous expliquiez sur quoi vous basez votre conviction que le suaire apparu à Lirey en 1357 aurait été dérobé à Constantinople en 1204. Que vous ne soyez pas convaincue par les études du professeur Broch et de ses prédécesseurs, c'est une chose. Mais cela ne nous explique pas pourquoi vous comment vous faites le lien entre Constantinople et le suaire aujourd'hui conservé à Turin. Après tout, le fait qu'il soit ou non passé par Constantinople ne joue aucun rôle quant à la question de son authenticité: vous pouvez tout aussi bien être convaincue de son authenticité en pensant qu'il est venu directement de Jérusalem à Lirey - par exemple à l'époque de la première Croisade. Je voudrais donc savoir pourquoi vous pensez que le suaire est venu de Constantinople. C'est une question, pas une attaque: je voudrais connaître vos sources, car je n'ai pas, pour ma part, de sources qui fasse le lien avec un objet dérobé par les Croisés à la lipsanothèque de Constantinople en 1204.
Claude le Liseur
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par Claude le Liseur »

Anne Geneviève a écrit :Pour le légendaire qui n'a rien d'historique, la tradition orthodoxe en garde pas mal aussi... La lecture du synaxaire m'a souvent fait dresser les cheveux sur la tête !

C'est dommage, car le Synaxaire et les livres liturgiques de l'Eglise orthodoxe contiennent, à propos de la Samaritaine, de sainte Marie-Madeleine ou de saint Lazare, beaucoup d'informations qui seraient de nature à discréditer les dan-browneries et autres phantasmes qui ont cours en Europe occidentale de nos jours.

Ainsi, Gérald Messadié, dans L'Homme qui devient dieu, nous affirme que la Samaritaine (Jn 4, 5-42) était la grande prêtresse d'une secte gnostique, tandis que le Synaxaire nous conte l'histoire de sa conversion et de son marytre sous le nom de sainte Photinie. Et, franchement, des deux récits, c'est celui de Messadié que j'ai eu le plus de peine à croire.

Je vous assure aussi que ce que vous pouvez lire dans le Synaxaire à propos de saint Lazare est plus crédible que la légende (apparue au XVe siècle) de sa venue en Provence.

Je vous assure encore que la leçon du Triode de Carême à propos de sainte Marie-Madeleine est plus convaincante que la thèse de son mariage avec Jésus-Christ d'où serait issue la sainte lignée mérovingienne, mais, bien sûr, chacun est libre de croire ce qu'il veut.

Pour ma part, j'estime que c'est encore dans les livres liturgiques orthodoxes que je trouve le plus d'informations à propos de la foi révélée. Lex orandi, lex credendi, si vous voulez.
Claude le Liseur
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par Claude le Liseur »

Anne Geneviève a écrit :Mais la formule de fabrication du Linceul qu'il a trouvé ne m'a pas convaincue, d'autant moins convaincue que l'analyse de la couleur a montré qu'il ne s'agit pas de pigments mais de roussissure, comme lorsqu'on laisse un fer à repasser un peu trop longtemps au même endroit sur un linge, mésaventure qui m'est parfois arrivée.

De toute façon, pour arriver à convaincre tout le monde, il faudrait que Broch trouve en même temps la formule qui permette de faire vieillir les suaires qu'il fabrique de 175 ans (temps écoulé entre l'apparition du suaire à Lirey en 1357 et l'incendie d'une partie de celui-ci à Chambéry en 1532), puis de simuler les effets d'un incendie, avant de recoudre ce qui resterait comme le firent les clarisses de Chambéry, puis de le vieillir encore artificiellement de 478 ans (temps écoulé entre l'incendie de 1532 et maintenant).

Pour ne pas nous en tenir qu'à la méthode de Broch, vous pouvez voir le site du professeur Luigi Garlaschelli de l'université de Pavie (Lombardie), qui fabrique aussi des copies: http://sites.google.com/site/luigigarlaschelli/

Enfin, j'aurais été aussi intéressé par votre opinion sur le suaire de Besançon.
J-Gabriel
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par J-Gabriel »

Déjà il me semble qu’il y a une faute à la base de toute recherche historique, avec la définition du mot suaire: n.m. suaire (du lat. sudarium, linge pour essuyer la sueur, de sudare, transpirer) , donc une sorte de lingette, alors que le Saint-Suaire de Turin c’est quand même une pièce de plus de 4m de long et 1m10 de large !
Image

C'est une gravure avec la légende : Ostension annuelle du 4 mai, jour de la fête du Saint Suaire, à Chambéry.

Ces derniers jours sur le web j’ai pu trouver des dizaines de traditions sur les origines du Saint Suaire de Turin : en 1204 avec le croisé Robert de Clary à Constantinople ; en 877 avec Charles le Chauve qui, rapporté de Jérusalem, en fit don l’abbaye de Sainte-Corneille de Compiègne ; en 1247 avec Baudouin II et Saint Louis ; en 944 l’émir Orfa d’Edesse le donne à un général arménien ; en 1356 Geoffroy de Charny en fait don au diocèse de Troyes ; de nouveau en 1204 le croisé Othon de la Roche l’aurait envoyé à son père Ponce de la Roche qui l’aurait remise à Amédée de Tramelay archevêque de Besançon !
C’est à s’y perdre. Toutefois il y un article qui semble quand même remettre quelques pendules à l’heure, c’est celui du père Théoclète que Claude semble référer un peu plus haut.

L’article en question est paru dans La Lumière du Thabor n.13 (Sébastopol). Je mets déjà ici le préambule de l’équipe de la Fraternité orthodoxe saint Grégoire Palamas. Je recopie le reste d’ici mercredi.
Il y a quelques années, c’était en 1978, accouraient en foules, du monde entier à Turin, des visiteurs venus voir et aussi vénérer le "Saint Suaire", le drap dans lequel Joseph d’Arimathée avait enveloppé le Corps du Seigneur, pour l’ensevelir. La relique était authentique, la science l’avait attesté. On fit même d’après le négatif, à l’ordinateur, le portrait de Jésus.
Mais voici qu’une nouvelle venue de Rome et publiée par "ESTIA" d’Athènes le 18.10.1986, annonçait que le "Saint Suaire" allait être soumis, à nouveau, à l’examen du "carbone 14". A la suite de cette nouvelle, l’érudit père Théoclète publiait dans Orthodox Typos du 28.11.1986, l’article qui suit. Pour lui le "Saint Suaire" n’est pas authentique et n’a rien à voir avec l’ensevelissement de Jésus. Voici ses arguments, que les "frères" latins, malgré sa demande, n’ont pas réfutés.
Claude le Liseur
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par Claude le Liseur »

J-Gabriel a écrit :Déjà il me semble qu’il y a une faute à la base de toute recherche historique, avec la définition du mot suaire: n.m. suaire (du lat. sudarium, linge pour essuyer la sueur, de sudare, transpirer) , donc une sorte de lingette, alors que le Saint-Suaire de Turin c’est quand même une pièce de plus de 4m de long et 1m10 de large !
Image

C'est une gravure avec la légende : Ostension annuelle du 4 mai, jour de la fête du Saint Suaire, à Chambéry.

Ces derniers jours sur le web j’ai pu trouver des dizaines de traditions sur les origines du Saint Suaire de Turin : en 1204 avec le croisé Robert de Clary à Constantinople ; en 877 avec Charles le Chauve qui, rapporté de Jérusalem, en fit don l’abbaye de Sainte-Corneille de Compiègne ; en 1247 avec Baudouin II et Saint Louis ; en 944 l’émir Orfa d’Edesse le donne à un général arménien ; en 1356 Geoffroy de Charny en fait don au diocèse de Troyes ; de nouveau en 1204 le croisé Othon de la Roche l’aurait envoyé à son père Ponce de la Roche qui l’aurait remise à Amédée de Tramelay archevêque de Besançon !
C’est à s’y perdre. Toutefois il y un article qui semble quand même remettre quelques pendules à l’heure, c’est celui du père Théoclète que Claude semble référer un peu plus haut.

L’article en question est paru dans La Lumière du Thabor n.13 (Sébastopol). Je mets déjà ici le préambule de l’équipe de la Fraternité orthodoxe saint Grégoire Palamas. Je recopie le reste d’ici mercredi.
Il y a quelques années, c’était en 1978, accouraient en foules, du monde entier à Turin, des visiteurs venus voir et aussi vénérer le "Saint Suaire", le drap dans lequel Joseph d’Arimathée avait enveloppé le Corps du Seigneur, pour l’ensevelir. La relique était authentique, la science l’avait attesté. On fit même d’après le négatif, à l’ordinateur, le portrait de Jésus.
Mais voici qu’une nouvelle venue de Rome et publiée par "ESTIA" d’Athènes le 18.10.1986, annonçait que le "Saint Suaire" allait être soumis, à nouveau, à l’examen du "carbone 14". A la suite de cette nouvelle, l’érudit père Théoclète publiait dans Orthodox Typos du 28.11.1986, l’article qui suit. Pour lui le "Saint Suaire" n’est pas authentique et n’a rien à voir avec l’ensevelissement de Jésus. Voici ses arguments, que les "frères" latins, malgré sa demande, n’ont pas réfutés.

Sans compter que certains voient maintenant dans le suaire de Turin le Baphomet adoré par les Templiers, dont une reproduction se trouverait sculptée sur un calvaire en Bretagne, etc.
Je pensais en effet à l'article du RP Théoclète qui soulignait l'incompatibilité entre les données du suaire de Turin et la tradition orthodoxe refletée par l'iconographie.
Signalons au passage que, dans l'iconographie orthodoxe, on représente le Christ et les saints dans leur gloire. Personne ne se rend compte d'à quel point l'image apparue en Champagne en 1357 et aujourd'hui conservée à Turin reflète une iconographie doloriste? Un peu comme le film de Mel Gibson La Passion, que j'ai bien aimé, mais d'où la Résurrection était totalement absente?
Anne Geneviève
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par Anne Geneviève »

Si j'ai projeté à tort sur vous mon excès de prudence personnel (ce que j'ai appelé la muleta pour le taureau intérieur), Claude, je vous prie de m'en pardonner. Je n'ai peut-être pas fait preuve de la même prudence à partir du moment où vous avez cité Broch envers qui j'ai beaucoup de réserves. Encore une fois, pardonnez moi. Métanie.

Sur le fond, je n'ai pas le temps de ré-intervenir aujourd'hui, ayant une traduction difficile à finir pour B.I. N'y voyez pas de bouderie.
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par Dorian »

...
Dernière modification par Dorian le sam. 11 déc. 2010 16:06, modifié 1 fois.
Claude le Liseur
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par Claude le Liseur »

Daroslav a écrit :
Claude le Liseur a écrit :Signalons au passage que, dans l'iconographie orthodoxe, on représente le Christ et les saints dans leur gloire. Personne ne se rend compte d'à quel point l'image apparue en Champagne en 1357 et aujourd'hui conservée à Turin reflète une iconographie doloriste?
Oui mais !

L' "image apparue en Champagne en 1357" n'est pas une icône (ni une icône orthodoxe), l'icône ne se veut pas "réaliste" ou "du réel" comme une photographie si j'ai bien compris.

Et n'oublions pas que le Christ et les saints martyrs (néomartyrs ou mégalomartyrs) ont réellement souffert, mais ne pas en faire du sensationnalisme (comme dans le film mentionné).

(On peut aussi regarder la dernière "icône contemporaine" postée par Irène ici : viewtopic.php?f=7&p=17513#p17513 )
D'accord avec vous. Il existe une tradition iconographique orthodoxe relative au Christ dans sa souffrance, dont l'icône postée par Irène est un exemple. De telles icônes, à ma connaissance, ne se trouvent en principe que dans la prothèse où le prêtre prépare les saints dons. Mais vous noterez que même dans ce cas très rare, le traitement reste non doloriste et non sensationnaliste. Ce qui me gêne, c'est lorsqu'on se met à tellement insister sur les traces de sang, la composition de la couronne d'épines, etc. Sans vouloir tomber dans un autre excès et être docétiste. Le film de Gibson avait le mérite de nous rappeler qu'autant que nous souffrions, nous ne souffrirons jamais autant que ce qu'a souffert Notre Seigneur. Mais la résurrection, la transfiguration, la divino-humanité, tout ceci en était excessivement absent.
De même que, sur les icônes qui représentent des scènes de martyre, les persécuteurs sont toujours représentés avec des visages apaisés, le but de l'icône n'étant pas d'inciter à la haine.
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Re: Vénération du Saint Suaire de Turin

Message par J-Gabriel »

Daroslav a écrit :L' "image apparue en Champagne en 1357" n'est pas une icône (ni une icône orthodoxe), l'icône ne se veut pas "réaliste" ou "du réel" comme une photographie si j'ai bien compris.
L’icône orthodoxe représente la personne du saint, qui y est figuré, dans sa dimension divino-humaine, c’est-à-dire, elle donne une image de la personne du saint transfiguré ! Tandis que –avec Kalomiros– "une photographie représente les apparences, les réalités extérieures de l’homme. Elle ne peut pas représenter sa réalité intérieure, l’homme dans toute sa plénitude. La photographie représente l’homme comme il apparaît mais pas tel qu’il est dans sa réalité."

Quoi qu’il en soit et malgré les formules, l'iconographie doit se comprendre dans la foi.
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