21 octobre: les confesseurs de Transylvanie

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Claude le Liseur
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21 octobre: les confesseurs de Transylvanie

Message par Claude le Liseur »

Depuis 1688, les Habsbourg contrôlaient la Transylvanie. Ces champions de la Contre-Réforme s'y trouvaient confrontés à une noblesse hongroise calviniste très riche et très puissante. De même, la plupart des bourgeois saxons de Transylvanie étaient luthériens. Il leur fallait absolument trouver un moyen de renforcer l'élément catholique contre le protestantisme. Quoi de plus efficace que d'annexer l'Eglise majoritaire en Transylvanie (l'Eglise orthodoxe roumaine) au catholicisme?

Le pouvoir sut user de la carotte et du bâton. Carotte: on promit que tous les prêtres orthodoxes qui passeraient à l'uniatisme seraient admis dans les rangs de la noblesse; on promit que les Roumains devenus uniates seraient admis à l'égalité et au partage du pouvoir dans la principauté avec les trois nations dominantes (Magyars, Saxons et Szeklers); on promit que les uniates pourraient garder leurs rites et leurs traditions et que l'union se ferait sur la base du concile de Florence de 1439, rien de plus n'étant demandé. Bâton: après avoir circonvenu le métropolite Athanase Ange qui se rallia à Rome pour des avantages matériels, on déclara purement et simplement supprimée l'Eglise orthodoxe de Translyvanie. Et on n'informa même pas les fidèles qu'ils n'étaient plus en communion avec les sièges de Bucarest et de Jassy (25 mars 1701).

Naturellement, le pouvoir impérial ne respecta aucune des promesses faites aux uniates. Cependant, la résistance orthodoxe, qui s'appuyait sur le métropolite de l'Ungrovalachie à Bucarest (dont le protopope de Brasov / Kronstadt, en résidence à Schei Brasovului, était devenu le vicaire en Transylvanie) et sur l'évêque serbe d'Arad, faiblit beaucoup après 1729. Il subsistait une vie orthodoxe en Transylvanie, mais elle avait pratiquement perdu toute visibilité.

Et puis, le 11 mars 1744 se produisit un miracle comme l'Histoire en offre peu d'exemples. Un simple moine serbe orthodoxe (certains disent que c'était un Vlaque de Bosnie), Vissarion Saraï, aidé par trois marchands aroumains de Lipova (Dima Nino, Gheorghe Nicola et Gavrila Bistro), passa du Banat en Transylvanie et se dirigea vers l'intérieur de la principauté. Partout, il prêcha contre l'uniatisme et pour la fidélité à la foi orthodoxe. Il ne savait pas un mot de roumain et prêchait en serbe, mais, même à travers un interprète, ses paroles touchaient les foules venues l'écouter. Il parlait au coeur de chacun et semblait un saint descendu d'une icône. En moins de six semaines, jusqu'à son arrestation par les autorités autrichiennes près de Sibiu / Hermannstadt, il avait pratiquement détruit l'uniatisme au sud de la Transylvanie. Dans son sillage, l'uniatisme s'écroulait, car village après village proclamait, après l'avoir écouté, son adhésion "à la foi grecque ancestrale" et chassait les prêtres uniates. Dans les anciennes églises uniates, les paysans jetaient par la fenêtre le chrême consacré par l'évêque uniate et les femmes lavaient les murs pour les purifier de l'hérésie, tandis qu'on allait chercher les prêtres orthodoxes pour les reconsacrer.
Naturellement, saint Vissarion Saraï paya par le martyre le rétablissement de l'Orthodoxie dans le sud de la Transylvanie. Torturé, "interrogé" par une commission dont faisait partie l'évêque uniate, il connut les prisons de Sibiu, Osijek (Croatie), Raab / Györ (Hongrie), avant d'être enfermé dans la terrible prison de Kufstein (Tyrol) où l'on perd toute trace de lui. Nous ne connaissons pas la date où il est mort dans les oubliettes de Kufstein. Il a été canonisé par le patriarcat de Roumanie le 28 février 1950.

La bête, pourtant frappée à mort par la prédication de saint Vissarion, ne s'avouait pas vaincue. La persécution papale continuait. Le peuple orthodoxe de Translyvanie multipliait les pétitions à la Cour de Vienne pour que prennent fin les souffrances. En 1745, le berger Oprea Miclaus de Saliste près de Sibiu et Jean Oancea de Fagaras présentèrent à Vienne une première pétition réclamant la liberté religieuse. En 1749, les Roumains de Transylvanie envoyèrent auprès de l'impératrice Marie-Thérèse une délégation de cinq paysans (Oprea Miclaus, Bucur Bârsan, Moga Triflea, Coman Banu et Constantin Petric) porteurs d'une pétition. L'impératrice refusa d'en tenir compte et assigna le berger Oprea Miclaus de Saliste à résidence forcée dans le Banat. En 1752, le berger Oprea Miclaus et le prêtre Moïse Macinic du village de Sibiel se rendirent à Vienne porteurs d'une nouvelle pétition des habitants de Saliste, demandant la liberté de conscience et un évêque orthodoxe. Reçus par l'impératrice et le chancelier Kaunitz, Oprea Miclaus et le père Macinic furent traîtreusement arrêtés et jetés dans les cachots de Kufstein où l'on perd toute trace d'eux. Le 24 juillet 1784, trente-deux ans plus tard, Stana Miclaus, la femme d'Opra, envoya une requête pour la libération de son mari à l'empereur Joseph II (qui, lui, était connu pour sa tolérance religieuse). Il lui fut répondu que la personne en question ne pouvait plus être en vie.
Saint Oprea Miclaus a été canonisé par le patriarcat de Roumanie le 28 février 1950. Saint Moïse Macinic a été canonisé le 20 juin 1992.

Le quatrième martyr , le prêtre Jean de Gales (lire Galesh), près de Sibiu, Sibiel et Saliste, fut arrêté en mai 1756 par les catholiques romains et condamné à la prison à vie par un ordre de Marie-Thérèse. Il connut les prisons de Deva et de Graz. En 1776, des négociants de Brasov parvinrent à le visiter dans la prison de Graz où il leur déclara qu'il préférait mourir en prison plutôt que d'abjurer la foi orthodoxe. On sait par le témoignage d'un moine serbe qui fut brièvement emprisonné à Graz que le prêtre Jean était toujours en vie en 1780. Il mourut à une date inconnue dans la prison de Graz. Saint Jean de Gales a été canonisé par le patriarcat de Roumanie le 20 juin 1992.

Quant au confesseur Sophrone du village de Cioara dans le département d'Alba Iulia, il était hiéromoine et vit son skite détruit en 1757. A ce moment-là, la persécution papique redoublait d'intensité. Arrêté dans les derniers jours de 1759, Sophrone fut libéré de la prison de Bobâlna près d'Orastie par l'assaut de 600 paysans orthodoxes conduits par le prêtre Jean de Salistie (13 février 1760). Avec le titre de vicaire du métropolite serbe d'Arad, Sophrone parvint à ébranler l'uniatisme dans les monts Apuseni et à organiser à Zlatna un synode de prêtres et de laïcs qui écrivit encore une pétition à Marie-Thérèse (10-11 août 1760). Cette fois-ci, la résistance des orthodoxes roumains commençait à lasser l'impératrice qui décida pour la première fois, le 20 octobre 1760, de nommer une commission pour enquêter sur la situation religieuse en Transylvanie.
Sophrone réunit un nouveau synode, à Alba Iulia, du 14 au 18 février 1761. Le synode d'Alba Iulia réclama la libération de tous ceux qui étaient en prison pour la foi (le laïc Oprea Miclaus et les prêtres Moïse Macinic de Sibiel, Jean de Gales, Jean d'Aciliu et Jean de Sadu) et la liberté religieuse pleine et entière.
En 1761, le général Nicolas-Adolphe von Bukow, envoyé extraordinaire de l'impératrice Marie-Thérèse, se décida à reconnaître la réalité, c'est-à-dire l'existence de l'Orthodoxie en Transylvanie, et à faire libérer certains des prisonniers pour la foi. L'évêque orthodoxe serbe de Buda, Mgr Denys (Novakovic) put s'installer à Sibiu, et la Transylvanie retrouva un évêque orthodoxe après soixante ans d'interruption. Mais le prix à payer fut terrible: pour affaiblir l'Orthodoxie à laquelle il venait d'attribuer une existence légale, le général von Bukow fit détruire à coups de canon TOUS les monastères et skites orthodoxes de Transylvanie et Maramures. 200 skites et monastères disparurent, y compris le célèbre monastère de Peri, stavropighie de Constantinople où avait commencé l'histoire du Maramures. Dans certains cas, on fusilla les moines au passage. Il fallut deux siècles à l'Eglise orthodoxe de Transylvanie pour retrouver une vie monastique.
Saint Sophrone passa la frontière et mena la vie monastique en Valachie. On ignore la date exacte de sa mort. Il a été canonisé le 28 février 1950 par le patriarcat de Roumanie.

On célèbre la mémoire des cinq confesseurs de Transylvanie le 21 octobre du calendrier ecclésiastique.
Dernière modification par Claude le Liseur le mer. 25 août 2004 12:12, modifié 3 fois.
eliazar
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5 confesseurs de Transylvanie

Message par eliazar »

Comment remercier Claude d'une telle page ?

Une fois de plus, on ressent en la lisant toute l'importance, pour un peuple, de ne pas oublier ce qu'ont fait les saints amis du Christ pour lui donner ou lui redonner la vie : la Foi.

Voilà une page d'histoire qui pourrait ausi répondre, mieux que nous ne l'avons pu faire avec nos pauvres arguments, à la question de Geneviève "Alcyone"...
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Non seulement les confesseurs de Transylvanie ont préservé la foi de leur vivant, mais leur intercession et leur souvenir continue à le faire.

La canonisation de trois d'entre eux en 1950, au moment où le régime communiste était dans sa phase la plus sanglante et où se déroulait à la prison spéciale de Pitesti la plus terrible entreprise de déshumanisation de l'enfer marxiste, a soutenu la foi du peuple.

Et la canonisation des deux derniers en 1992, au moment où l'uniatisme, soutenu par l'argent du Vatican, menait en Transylvanie une puissante offensive (aujourd'hui avortée, Dieu soit loué), a été la réponse pacifique de l'Eglise aux violences des uniates.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Je fais remonter ce fil pour répondre à la question de Jeanne Saint-Gilles dans le fil sur Claude Imbert et Lourdes.

Ajoutons que le prêtre saint Moïse Macinic de Sibiel a eu un digne successeur au XXème siècle en la personne du prêtre Zosime Oancea (né en 1911 et aujourd'hui retraité à Sibiu), devenu recteur du village après quinze ans passés dans les prisons communistes (1948-1963), et fondateur en 1969 d'un musée paroissial qui abrite une exceptionnelle collection d'icônes sur verre.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Tropaire des saints confesseurs Vissarion Saraï, Oprea Miclaus et Sophrone de Cioara (traduit du roumain par le hiéromoine Denis Guillaume et la soeur Elisabeta):

Ton 1

En combattant pour l'orthodoxie, * comme angéliques trimpettes vous avez ranimé * le courage de confesser la vraie foi * et, comme sages prédicateurs, vous avez illuminé le peuple de vos fidèles enseignements. * Grandes furent les peines que vous avez supportées, * grande la ferveur de votre prédication, * grand aussi le fruit de vos luttes, inoubliables soldats de Jésus Christ.

Tropaire des saints prêtres martyrs Moïse Macinic et Jean de Gales (traduit du roumain par le lecteur Claude):

Ton 1

Prêtres à la vocation divine, * Moïse et Jean, * vous avez combattu comme des vrais soldats du Christ, notre Dieu; * avec puissance vous avez prêché la vraie foi, * et pour le peuple fidèle vous êtes devenus *confesseurs de l'Orthodoxie. * C'est pourquoi vous avez accepté une mort de martyrs, * appelés par le Christ, notre Dieu* à donner à son Eglise la paix et l'unité, * et à nos âmes la grâce du salut.



Note sur la deuxième traduction: le texte roumain dit mare mila qui devrait se traduire littéralement par "la grande miséricorde". Comme il s'agit du décalque du grec to megha eleos, je traduis cependant par "la grâce du salut" pour rester cohérent avec le choix du hiéromoine Denis Guillaume, notre Mesrop Machtots à nous, qui a choisi de traduire systématiquement le grec to megha eleos par le français "la grâce du salut". Les raisons de ce choix ayant déjà été expliquées sur ce forum, je n'y reviens pas ici.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

A l'heure où l'on assiste sur ce forum à une offensive surprenante en faveur du Filioque, et à l'heure où les fidèles orthodoxes de la ville de Dej ont dû se rassembler pour face à de nouvelles menées des uniates, il ne me paraît pas inutile de rappeler ici pourquoi les saints confesseurs de Transylvanie ont lutté et comment ils ont rejoint la "nuée de témoins" de l'Ecriture (Hb XII:1).


Extrait de la huitième ode du canon des matines de l'office des saints confesseurs Vissarion, Sophrone et Oprea, traduit du roumain en français par l'archimandrite Denis Guillaume et la soeur Elisabeth.

"Les corporelles passions, * vous les avez anéanties, * et la force du Christ vous accompagnait * dans votre lutte contre les persécuteurs, * vénérables Pères Vissarion et Sophrone, qui avez appris à ceux qui partageaient la même tradition: *Jeunes gens, glorifiez le Christ, *exaltez-le dans tous les siècles.

Eclairés par la lumière d'en-haut, * vous avez affronté ceux qui voulaient * vous entraîner dans l'hérésie * d'un Esprit procédant du Fils également; * avec courage vous avez soutenu la vraie foi, * et maintenant vous chantez avec nous: *Jeunes gens, glorifiez le Christ, * exaltez-le dans tous les siècles.

Célébrant votre mémoire, Vissarion, * Sophrone et Opréa, * avec vous nous honorons tous ceux qui ont souffert pour les ancestrales lois * et qui ont confessé le Christ * que nous exaltons dans tous les siècles."

Quadruple excuse aux contempteurs de ce forum: c'est un texte liturgique roumain; il est traduit en français; c'est une traduction du père Denis Guillaume; cela évoque des événements qui se ont produits loin de Paris. Désolé, on ne peut pas se refaire, et il y aura toujours des gens pour suivre l'exemple des bergers de Transylvanie ou des pêcheurs de Galilée.
De même qu'il y aura toujours des gens pour se souvenir que lex orandi, lex credendi.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Il est vraisemblable que les menées actuelles des Uniates que l'on constate de divers côtés sont à imputer au désarroi dans lequel ils se trouve à la suite du "lâchage" du Vatican. Le nouveau pape considère en effet que l'existence des "Églises uniates" se révèle contre-productive, gêne la diplomatie pontificale, et qu'il faut s'engager uniquement dans la voie des négociations "au sommet" avec les Églises orthodoxes et "vieilles orientales". En quelque sorte le "concert des Églises", comme jadis le "concert des Nations". Cette nouvelle ligne coupe l'herbe sous le pied des Uniates, qui n'ont aucun rôle à y jouer. Mais du coup ils tentent d'exploiter le climat d'éclatement qui grandit dans l'Église catholique. Les Uniates sont donc prêts à se lancer dans des actions désespérées. Plus grave encore, ils peuvent être manipulés par certaines tendances qui se sentent flouées par ce qu'ils considèrent comme un "coup de force intégriste" : l'élection de B16.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Je me suis enfin décidé à traduire la prière à saints Bessarion, Sophrone et Oprea. Je publie d'abord le texte original roumain, et ensuite ma traduction française. Le fait que je publie d'abord le texte original roumain permettra aux lecteurs roumanophones intéressés de corriger ma traduction ou de donner leur propre version en rajoutant d'autres messages à ce fil.

A l'attention de nos censeurs, qui seront peut-être choqués de ne pas trouver dans cette prière une "interprétation orthodoxe du Filioque" et seront alors tentés d'expliquer l'existence de ce texte par un complot des vieux-calendéristes "schismatiques" et de réclamer par conséquent la mise à mort du forum: le texte est tiré du recueil d'acathistes publié par les Editions de l'Eglise orthodoxe d'Alexandrie (diocèse du sud de la Munténie), avec la bénédiction de Monseigneur Galaction, évêque d'Alexandrie et de Téléorman du Patriarcat de Roumanie. Donc, une fois de plus, et pour vous parler façon Maurice Clavel, "messieurs les censeurs, bonsoir"!

A part ça, c'est une très belle prière, pleine d'enseignements sur le plan dogmatique et d'une admirable piété.

Texte original roumain (pp. 185 s. de l'Acatistier):

Prea aleşilor Sfinţi Mărturisitori, Visariaone, Sofronie şi Oprea, cu inimă smerită şi cu grai de laudă, cutezăm a preamări pe Hristos-Dumnezeu, Cel ce v-a arătat pe voi preafericiţi mărturistori ai dreptei credinţe, mărirea Biserici noastre. Şi plecând genunchii, cu umilinţă şi negrăită dragoste, rugăciune înălţăm vouă, celor ce aţi pus mai presus de toate cele vremelnice, credinţa cea strămoşească. Căci tu, Cuvioase Visarioane, preluminate, te-ai coborât ca un arhangel, cu glas de trâmbiţă dumnezeiască, în mijlocul credincioşilor, întărindu-i în dreapta credinţă şi viaţa ţi-ai dat pentru Hristos. Şi tu, Cuvioase Sofronie, neînfricat ai înfruntat temniţa şi prigonirile pentru Hristos, călăuzind turma cea binecredincioasă din Transilvania pe căile mântuirii şi îndrumând Biserica Domnului Hristos pe calea cea dreaptă. Iar, tu, Mucenice Oprea, cel prea osârduitor, iubind mai mult legea neschimbată a lui Hristos decât pe ai tăi şi decât însăşi viaţa ta, sufletul ţi-ai pus pentru dreapta credinţă.
De aceea, voi toţi, care aţi odrăslit din Biserica ortodoxă transilvăneană şi care acum vă bucuraţi de cinstirea mucenicilor şi a mărturisitorilor lui Hristos, primiţi rugăciunile noastre şi mijlociţi pentru noi, înaintea Bunului şi Milostivolului Dumnezeu, Celui în Treime preamărit! Ocrotiţi cu rugăciunile voastre turma cea dreptmăritoare, care vă cinsteşte ca pe nişte stâlpi neclintiţi ai dreptei credinţe. Rugaţi-vă Domnului, ca să întărească dragostea şi unitatea de credinţă dintre fraţi, să reverse harul păcii în inimile tuturor, să ferească turma credincioşilor de toată reaua întâmplare, ca într-un glas şi un suflet să preamărim pe Cel ce este Dătătorul tuturor darurilor şi Mântuitorul nostru. Privigheaţi şi vă rugaţi pentru noi, ca izbăviţi fiind prin mijlocirile voastre, de cursele celui rău, să ducem lupta cea bună a mântuirii, în totale clipele vieţii noastre şi să fim neclintiţi în dreapta credinţă a moşilor şi strămoşilor noştri.
Bucurându-ne de dumnezeiasca mărire la care v-aţi înălţat şi rugându-ne vouă, ca să fiţi mijlocitori înaintea tronului Celui de sus, preamărim pentru toate, pe Tatăl, pe Fiul şi pe Duhul Sfânt, zicând: slavă Ţie, Dumnezeule Cel mare şi minunat întru sfinţii Tăi, în vecii vecilor, Amin!


Ma traduction:

Ô saints confesseurs et élus Bessarion, Sophrone et Opréa, c’est avec un cœur humble et des cris de louange que nous nous enhardissons à glorifier le Christ notre Dieu, celui qui a montré la grandeur de notre Eglise à travers vous, bienheureux confesseurs de la foi juste. Et, pliant le genou, avec humilité et indicible amour, nous élevons notre prière vers vous, qui avez placé la foi ancestrale au-dessus de toutes les choses du monde. Car toi, vénérable Bessarion, le très sage, tu es descendu comme un archange, au son d’une trompette divine, au milieu des fidèles, pour les renforcer dans la foi droite, et tu as donné ta vie pour le Christ. Car toi, vénérable Sophrone, tu as affronté sans crainte la prison et les persécutions pour le Christ, menant le troupeau orthodoxe de Transylvanie sur le chemin du salut et mettant sur la juste voie l’Eglise du Christ notre Seigneur. Tandis que toi, martyr Opréa, le très endurant, tu as aimé la loi inchangée du Christ plus que les tiens et que ta propre vie, et tu as rendu l’âme pour la foi droite.
Pour cela, vous tous qui avez surgi de l’Eglise orthodoxe de Transylvanie et qui jouissez maintenant de la dignité des martyrs et des confesseurs du Christ, recevez nos prières et intercédez pour nous, devant le trône du Dieu bon et miséricordieux glorifié dans la Trinité ! Protégez par vos prières le troupeau orthodoxe qui vous honore comme des colonnes inébranlables de la foi droite. Priez le Seigneur pour qu’il renforce l’amour et l’unité de foi entre les frères, qu’il remplisse tous les cœurs de la grâce de la paix, qu’il garde la foule des fidèles de tout malheur, afin que d’une seule voix et d’une seule âme nous puissions glorifier Celui qui est le dispensateur de tous les biens et notre Sauveur. Veillez et priez pour nous, pour que, préservés par vos prières des pièges du Malin, nous menions le bon combat du salut dans tous les instants de notre vie et que nous soyons inébranlables dans la foi orthodoxe de nos pères et de nos ancêtres.
Nous réjouissons de la gloire divine à laquelle vous vous êtes élevés et vous priant d’intercéder pour nous devant le trône du Très-Haut, nous glorifions pour toutes choses le Père, le Fils et le Saint-Esprit, disant : gloire à Toi, ô grand Dieu admirable dans tes saints, pour les siècles des siècles, amen !
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Voici la leçon du synaxaire roumain à propos de saint Vissarion Saraï, dont nous avons célébré la mémoire le 21 octobre dernier.

Texte original tiré du synaxaire en un volume (Vieţile sfinţilor de peste tot anul, Editions de l’Eglise orthodoxe, Alexandrie – il s’agit ici d’un diocèse de Valachie, homonyme du siège patriarcal de l’Afrique -, 2003, p. 81).


Cuviosul părinte nostru Visarion s-a născut în Bosnia, din părinţi creştin ortodocşi, Maxim şi Maria, în anul mântuirii 1714, şi a primit din Sfântul Botez numele de Nicolae. Tânăr, călătorind pe la multe locaşuri de închinare, a poposit adesea la Locurile Sfinte. Acolo, la mânăstirea Sfântul Sava, de lângă Ierusalim, a îmbrăcat schima monahicească, pe când avea 18 ani, primind numele de Visarion. După un timp, a venit în Slovenia şi s-a aşezat la mânăstirea Pacra, unde pentru râvna sa către cele sfinte, s-a învrednicit de darul preoţiei.
La trei ani după hirotonirea sa întru preot, cuviosul Visarion a mers din nou la Locurile Sfinte, ca să-şi întărească şi mai mult sufletul în dreapta credinţă a Bisericii Răsăritului. La puţină vreme după întoarcera sa din această călătorie, a venit în Ţara Ardealului, unde papistaşii căutau prin silnicie să smulgă credinţa dreptmăritoare din sufletele românilor ortodocşi.
Nu glasul omenesc l-a chemat în Ardeal, ci însuşi Ziditorul tuturor, ca să mântuiască din pierzare pe românii drept-credincioşi. Pe unde trecea, el aprindea în sufletele credincioşilor râvna pentru credinţa cea adevărată. Trăia o viaţă de aspră înfrânare, hrănindu-se numai cu mâncare slabă de legume. Pentru chipul mult îmbunăţătit al vieţii sale, drept-credincioşii români nu numai că-l ascultau şi urmeau poveţele lui, dar cuprinşi de o mare însufleţire duhovnicească, îi sărutau mâinile şi picioarele cele sfinte.
În drum spre Sibiu a fost prins de stăpânirea catolică şi târât la judecată. În faţă celor care-l judecau, el a stat drept şi fără frică, mărturisind că dreaptă credinţă a Bisericii Răsăritului este singura adevărată şi mântuitoare. Pentru aceea, el nu va înceta să arate uniţilor rătăcirea lor şi să îndemne să se lase de ea. Pentru aceasta mărturisire a dreptei credinţe, cuviosul Visarion a fost aruncat în fiorosa temniţă din Kufstein, în creierul munţilor tirolezi, unde după suferinţe grele departe de luume, dar aproapre de Cel care împarte cununile vieţii celor vrednici, s-a mutat către Domnul.


Ma traduction:

Notre vénérable père Vissarion est né en Bosnie, de parents chrétiens orthodoxes, Maxime et Marie, l’an du Salut 1714, et a reçu au saint Baptême le nom de Nicolas. Dans sa jeunesse, il a voyagé vers de nombreux lieux de pèlerinage, et s’est souvent arrêté aux Lieux saints. C’est là-bas, au monastère de Saint-Sabbas, près de Jérusalem, qu’il a pris l’habit monastique, alors qu’il avait 18 ans, recevant le nom de Vissarion (Bessarion). Après un certain temps, il est venu en Slovénie (recte Slavonie ?) et s’est établi au monastère de Pacra, où, par son zèle pour les choses saintes, il s’est rendu digne du don de la prêtrise.
Trois ans après sa chirotonie comme prêtre, le vénérable Vissarion est de nouveau parti aux Lieux saints, afin de renforcer encore plus son âme dans la foi juste de l’Eglise d’Orient. Peu de temps après son retour de ce voyage, il est venu dans le pays de Transylvanie, où les papistes cherchaient à extirper par la contrainte la foi orthodoxe des âmes des Roumains orthodoxes.
Ce n’est pas une voix humaine qui l’a appelé en Transylvanie, mais le Créateur de toutes choses lui-même, afin qu’il sauve les Roumains orthodoxes de la perdition. Partout où il passait, il provoquait dans les âmes des fidèles l’ardeur pour la foi véritable. Il menait une vie d’une âpre ascèse, ne se nourrissant que de quelques légumes. En raison de cette excellente manière de vivre, non seulement les Roumains orthodoxes l’écoutaient et suivaient ses conseils, mais, remplis d’une grande animation spirituelle, ils lui baisaient ses mains et ses pieds sanctifiés.
En route vers Sibiu, il fut pris par les autorités catholiques et traîné en jugement. En face de ceux qui le jugeaient, il se tint droit et sans crainte, confessant que la foi orthodoxe de l’Eglise d’Orient est la seule foi vraie et salvifique. Pour cette raison, il ne cessait de montrer aux uniates leur égarement et de les pousser à s’en éloigner. A cause de cette confession de la foi véritable, le vénérable Vissarion fut jeté dans la terrible prison de Kufstein, au milieu des montagnes du Tyrol, où il est parti vers le Seigneur après de grandes souffrances endurées loin du monde, mais près de Celui qui donne la couronne de la vie à ceux qui en sont dignes.


Icône de saint Visarion: viewtopic.php?t=1002 .
Ploscaru Mihaela
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confesseur Transilvanie

Message par Ploscaru Mihaela »

Bonsoir.
J'ai lu attentivement la prière en roumain ainsi que votre traduction qui me semble excellente.
Je me permettrais de faire juste quelques suggestions:
- "Et, pliant le genou, avec humilité et indicible amour, nous élevons notre prière vers vous, qui avez placé la foi ancestrale au-dessus de toutes les choses du monde " . Şi plecând genunchii, cu umilinţă şi negrăită dragoste, rugăciune înălţăm vouă, celor ce aţi pus mai presus de toate cele vremelnice, credinţa cea strămoşească. - "cele vremelnice" sont les choses ephèméres; mais c'est vrai que dans un sens large on peut assimiler l'ephèmére au monde sensible;
- "Car toi, vénérable Bessarion, le très sage, tu es descendu comme un archange,au son d’une trompette divine, au milieu des fidèles, pour les renforcer dans la foi droite, et tu as donné ta vie pour le Christ" En roumain l'on comprend que c'est la voix du saint qui est comme une trompette, parlant aux fidèles. Peut-être cette phrase pourrait être traduite ainsi: " Car toi, vénérable Bessarion, le très sage, tu es descendu comme un archange, à la voix telle une trompette divine, au milieu des fidèles, les renforcant dans la foi droite, et tu as donné ta vie pour le Christ"
- Nous réjouissons de la gloire divine à laquelle vous vous êtes élevés et vous priant d’intercéder pour nous devant le trône du Très-Haut, nous glorifions pour toutes choses le Père, le Fils et le Saint-Esprit, disant : gloire à Toi, ô grand Dieu admirable dans tes saints, pour les siècles des siècles, amen "Bucurându-ne de dumnezeiasca mărire la care v-aţi înălţat şi rugându-ne vouă, ca să fiţi mijlocitori înaintea tronului Celui de sus, preamărim pentru toate, pe Tatăl, pe Fiul şi pe Duhul Sfânt, zicând: slavă Ţie, Dumnezeule Cel mare şi minunat întru sfinţii Tăi, în vecii vecilor, Amin! " Ainsi, je dirais "nous rejouissant...."
Merci pour votre travail plein d'amour, et bravo pour l'excellente connaissance du roumain d'église.
Fraternellement votre en Christ,
Michaela
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Merci beaucoup Mihaela.

Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureux parce que c'est la première fois que l'on vient à mon aide pour ces traductions!

Voici donc la nouvelle traduction de la prière aux trois confesseurs, en intégrant vos corrections. J'ai simplement préféré traduire "cele vremelnice" par "les choses du siècle" plutôt que les "choses éphémères", parce qu'en français, "le siècle" évoque ce qui est à la fois mondain et éphémère, par opposition à ce qui est spirituel et qui a valeur d'éternité.

Voici donc le texte:

Ô saints confesseurs et élus Bessarion, Sophrone et Opréa, c’est avec un cœur humble et des cris de louange que nous nous enhardissons à glorifier le Christ notre Dieu, celui qui a montré la grandeur de notre Eglise à travers vous, bienheureux confesseurs de la foi juste. Et, pliant le genou, avec humilité et indicible amour, nous élevons notre prière vers vous, qui avez placé la foi ancestrale au-dessus de toutes les choses du siècle. Car toi, vénérable Bessarion, le très sage, tu es descendu comme un archange, à la voix telle une trompette divine, au milieu des fidèles, pour les renforcer dans la foi droite, et tu as donné ta vie pour le Christ. Car toi, vénérable Sophrone, tu as affronté sans crainte la prison et les persécutions pour le Christ, menant le troupeau orthodoxe de Transylvanie sur le chemin du salut et mettant sur la juste voie l’Eglise du Christ notre Seigneur. Tandis que toi, martyr Opréa, le très endurant, tu as aimé la loi inchangée du Christ plus que les tiens et que ta propre vie, et tu as rendu l’âme pour la foi droite.
Pour cela, vous tous qui avez surgi de l’Eglise orthodoxe de Transylvanie et qui jouissez maintenant de la dignité des martyrs et des confesseurs du Christ, recevez nos prières et intercédez pour nous, devant le trône du Dieu bon et miséricordieux glorifié dans la Trinité ! Protégez par vos prières le troupeau orthodoxe qui vous honore comme des colonnes inébranlables de la foi droite. Priez le Seigneur pour qu’il renforce l’amour et l’unité de foi entre les frères, qu’il remplisse tous les cœurs de la grâce de la paix, qu’il garde la foule des fidèles de tout malheur, afin que d’une seule voix et d’une seule âme nous puissions glorifier Celui qui est le dispensateur de tous les biens et notre Sauveur. Veillez et priez pour nous, pour que, préservés par vos prières des pièges du Malin, nous menions le bon combat du salut dans tous les instants de notre vie et que nous soyons inébranlables dans la foi orthodoxe de nos pères et de nos ancêtres.
Nous réjouissant de la gloire divine à laquelle vous vous êtes élevés et vous priant d’intercéder pour nous devant le trône du Très-Haut, nous glorifions pour toutes choses le Père, le Fils et le Saint-Esprit, disant : gloire à Toi, ô grand Dieu admirable dans tes saints, pour les siècles des siècles, amen !
Claude le Liseur
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Re: 21 octobre: les confesseurs de Transylvanie

Message par Claude le Liseur »

Je suis toujours particulièrement sensible à la confession (voire au martyre) de saint Oprea, car c'est un exemple de défenseur de la foi issu du peuple, un simple paysan montrant bien que le peuple est le gardien de la foi, "car chez nous la sauvegarde de la religion réside dans le corps entier de l'Eglise, c'est-à-dire dans le Peuple lui-même qui veut que son dogme religieux reste éternellement immuable et conforme à celui de ses Pères, comme l'ont éprouvé par le fait plusieurs Papes après le schisme et quelques Patriarches sectateurs de la Papauté, qui n'ont pu venir à bout de rien" (Encyclique des patriarches orientaux de 1848, § 17).
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