Hilaire a écrit :ne dit on pas également que l'usage veut que les doigts placés convenablement forment Trois croix ?
C'est la première fois que j'entends parler de cette interprétation du signe de bénédiction comme représentant trois croix. Cela poserait même un problème théologique car on se demande dans ce cas quelle serait la signification de ces trois croix. Pourquoi trois? Seul le Fils s'est incarné, a été crucifié et est ressuscité.
Faire trois gestes successifs pour trois fois le même signe de croix unique en vénération de la Sainte Tri-unité n'est pas la même chose que faire trois croix en un seul geste unique.
L'Esprit mène au Fils qui mène au Père. C'est par l'Esprit co-éternel au Père que l'on peut proclamer que le Fils Dieu-Homme est Dieu co-éternel au Père. Que toute la Trinité dans son conseil pré-éternel participe à l'Incarnation Crucifixion et Résurrection ne signifie pas une triple Incarnation, Crucifixion Résurrection.
Nous disons - au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit Amen - tout en traçant le signe de la croix, témoignant ainsi de la consubstantialité des trois personnes de la Trinité indivisible et de son accessibilité par la seule croix déifiante du Fils . Nous devenons Dieu par participation en nous greffant à l'unique croix. Seul le Christ est la porte, la voie unique.
Dans le signe de bénédiction l'index reste droit et forme le I; le majeur est arrondi et forme le C; le pouce et l'annulaire se croisent en forme de X et l'auriculaire est arrondi en forme de C; le tout pour former IC XC comme l'a indiqué Jean-Louis. (L'image fournie par Steve G. dans son message ci-dessus n'est pas très probante quant à la forme que doivent prendre les doigts.)
Une deuxième et troisième croix seraient non seulement superflues, mais une négation de la croix unique, l'introduction d'une division au sein même de la Trinité. Que représenterait la première, la deuxième et la troisième? Quelles distinctions entre chacune? Et pourquoi pas trois calices aussi dans ce cas lorsqu'on célèbre la divine liturgie?
Extrait de Dieu est vivant, Ed du Cerf, 1979, p 188-189:
A l'occasion de la Fête de l'Exaltation de la Croix, 14 septembre, par exemple, de nombreux textes lus et chantés à l'église, parlent des figures de l'Ancien testament qui ont, en quelque sorte, tracé par avance le signe de la Croix. En voici quelques exemples :
Dans l'évangile lu le dimanche avant la Fête de la Croix (Jean 3, 14-15), nous lisons :
– «Comme Moïse éleva le serpent au désert faut-il que soit élevé le Fils de l'homme afin que homme qui croit ait en Lui la vie éternelle.» ( Le livre des Nombres (21, 8-9) raconte que les Israélites dans le désert étant mordus par des serpents, Dieu commanda à Moïse de faire un serpent d airain ; de le fixer à un étendard. Quiconque ayant été mordu, regardait le «brûlant », c'est-à-dire le serpent, était guéri.)
Saint Antoine le Grand (père des moines, III et ive siècles) conseillait à ses moines : «Contemplez le Christ en Croix comme les Hébreux regardaient le Brûlant sur l'étendard.»
Aux vêpres du 13 septembre :
– «Moïse te symbolisait quand il étendait les mains vers le ciel pour former l'image de la Croix, et mettait en fuite le tyran Amalec...» (référence à Genèse 3).
– «Celui qui par le bois trompa notre premier Père Adam est joué sur la Croix, c'est par le bois que le bois devait être guéri» (référence à Genèse 3).
– «A l'ombre de tes ailes nous sommes remplis d'espoir» (Psaume 62 [63]). Certains Pères de 1'Eglise voyaient dans ces «ailes», les branches de la Croix.
– «Que la lumière de ta face soit un signe sur nous (Psaume 4).
– «Il figurait à l'avance ta Croix, ô Christ, le patriarche Jacob qui bénissait ses petits-fils en imposant sur têtes ses mains croisées» (référence à Genèse 48, 13-16)
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Trois lectures de l'Ancien Testament contiennent des récits qui préfigurent le rôle de la Croix et de son bois :
– Exode 15, 22 – 16, 1 : Quand les Hébreux étaient le désert, ils arrivèrent à Mara et ils eurent soif, mais ils ne purent boire car l'eau de Mara était amère. Moïse alors «cria vers le Seigneur, et le Seigneur lui indiqua une sorte de bois. L'ayant jeté dans l'eau celle-ci devint douce
– Proverbes 3, 11-18 : Après avoir fait l'éloge de la sagesse, le texte continue : «C'est un arbre de vie pour tous ceux qui s'attachent à elle et s'appuient sur elle...»
— Isaïe 60, 11-16 : «La gloire du Liban viendra chez toi, avec le cyprès, le platane et le buis, pour embellir le lieu de mon sanctuaire, pour glorifier le lieu où je me tiens.»
Aux matines du 14 septembre :
— «En traçant devant lui le signe de la Croix avec son bâton, Moïse ouvrit la mer Rouge à Israël qui la passa à pied sec.» (Référence à Exode 14, 15 ss.)
— «Un rameau (celui d'Aaron) est pris comme type de ce mystère; en fleurissant il désigne le prêtre.» (Référence à Nombres 17, 16 ss.)
— «Divisé en quatre groupes, le peuple se masse en un ordre sacré pour précéder le tabernacle de l'Alliance, glorieux sous cette formation crucifère» (référence à Nombres 2).