ancienne présence orthodoxe en Asie centrale

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Claude le Liseur
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ancienne présence orthodoxe en Asie centrale

Message par Claude le Liseur »

Tout d'abord, je voudrais remercier Tanios pour sa traduction de l'arabe de la vie de saint Christophore, patriarche d'Antioche. C'est une bénédiction pour le présent forum d'accueillir une pareille traduction.

Dans l'intention de réserver le fil ouvert par Tanios à ses traductions sur les saints oubliés du patriarcat d'Antioche, j'ouvre ce fil dans le seul but de répondre à une question posée par Tanios dans le message liminaire à sa traduction qu'il a posté le 19 novembre 2006 à 8h38:
Tanios a écrit :Ci- après une première tentative de traduction d'un saint du Patriarcat d'Antioche. J'ai traduit par "orthodoxe" le mot "Roum".
Il y a certainement des erreurs et des insuffisances dans cette traduction mais elle reprend l'essentiel du texte dans le livre d'origine publié en 1995...
Il y a certainement des précisions à ajouter et des recherches complémentaires à faire. Ce qui surprend tout de même c'est cette présence d'orthodoxes à Chache qui dépendraient d'Antioche...Chache est à 2000km au moins d'Antioche et à 1000km de Bagdad...A vérifier!
Vérification faite, ce catholicossat orthodoxe à 1'000 km à l'est de Bagdad est tout à fait attesté sur le plan historique.

Une note préliminaire, avant d'entrer dans les détails. Nous voyons aujourd'hui l'Asie centrale comme un monde uniformément musulman; mais, au Moyen Âge, il s'agissait probablement de la région du monde qui connaissait la plus grande variété religieuse. Il y eut là des musulmans de diverses obédiences dès la deuxième moitié du VIIe siècle; il y avait aussi des mazdéens, persécuteurs acharnés du christianisme (cf. l'icône du saint martyr Anastase le Perse viewtopic.php?t=1722 , fêté le 27 janvier), dont les Parsis de l'Inde et les Guèbres de l'Iran ne sont que le dernier reste; il y avait des adeptes du chamanisme altaïque traditionnel, vieux fond religieux des peuples turco-mongols mêlé de croyance en Tengri, le ciel divinisé; il y avait de très vieilles communautés juives.

Il y avait des manichéens par millions. L'Empire ouïghour (les Ouïghours habitaient à l'époque l'Altaï et la Mongolie) fut à ma connaissance le seul Etat au monde (avec le petit Etat des Pauliciens d'Anatolie, véritable secte politico-militaire) à adopter le manichéisme. "La conversion au manichéisme, en 762, eut des implications non seulement religieuses, mais aussi culturelles, très profondes, jusque dans la vie quotidienne. Une inscription de Kara Balghassoun proclame en trois langues (turc ouïghour, chinois, sogdien): "Ce pays aux moeurs barbares et rempli des fumées du sang se transforma en un pays où l'on se nourrit de légumes, le pays où l'on tuait en un pays où l'on encourage à faire le bien." "(Iaroslav Lébédynsky, Les Nomades, éditions Errance, Paris 2003, p. 175.)

Il y avait des bouddhistes en très grand nombre. Seules les célèbres statues du Gandhara nous rappellent encore l'existence de ces royaumes de langue grecque et de foi bouddhiste héritiers de la conquête d'Alexandre. Mais nous avons tendance à oublier que, depuis l'est de l'Iran actuel jusqu'à l'actuel Xinjang / Sinkiang (le Turkestan chinois), le bouddhisme se maintint pendant des siècles après l'apparition de l'Islam. L'Occident fit semblant de le découvrir en protestant mollement contre la destruction des bouddhas de Bamiyan par les musulmans afghans voici quelques années. Et pourtant, là encore, les faits sont têtus. Padmasambhava (Gourou Rimpoché), introducteur du bouddhisme du Vajrayana au Tibet en 762 ou 774 de l'ère chrétienne (cf. Philippe Cornu, Padmasambhava, Le Seuil, Paris 1997, p. 140, pour une difficile tentative de datation), aurait été originaire du Gandhara, à la frontière des actuels Pakistan et Afghanistan, région dont on aurait aujourd'hui de la peine à imaginer qu'elle fut autre chose que musulmane, tant l'Islam excelle à effacer jusqu'au souvenir de la djahiliya, le "temps de l'Ignorance", c'est-à-dire tout ce qui a existé avant lui. (La méthode, utilisée contre le bouddhisme en Afghanistan, l'a été avec un aussi grand succès contre le christianisme au Maghreb et nous la voyons à l'heure actuelle à l'oeuvre quand le président français Chirac invente des "racines musulmanes" à l'Europe.) Et Djafar ou Giaffar, le célèbre grand vizir du calife abbasside de Bagdad Haroun-al-Rachid, qui apparaît souvent dans les contes des Mille et une nuits aux côtés de son maître, appartenait à une famille de l'est de l'actuel Iran, les Barmak ou Barmécides, anciens supérieurs (c'est le sens du sanscrit paramaka, éponyme de la famille, si j'en crois l'encyclopédie en ligne Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Barm%C3%A9cides ) du temple bouddhique de Bactres (aujourd'hui Balkh en Afghanistan), qui avaient renié le Dharma bouddhiste pour l'Alcoran mahométan (cf. André Clot, Haroun-al-Rachid, Fayard, Paris 1986, p. 34). Le calife Haroun donna à un de ses eunuques l'ordre de décapiter Djafar ben Yahya en 802 et persécuta cruellement les Barmécides, confisquant leurs biens, emprisonnant les membres de la famille et leurs esclaves favorites; plus de mille femmes, enfants, affranchis ou clients des Barmécides furent alors tués.


Quant à l'autre religion du Tibet, le mystérieux Yungdrung Bön (ou Peun), longtemps calomniée par les bouddhistes comme n'étant qu'une forme de chamanisme - alors que c'est peut être les Peumpo qui ont transmis aux bouddhistes le si subtil enseignement du Dzogchen -, nous savons aujourd'hui qu'avant de transiter par le royaume englouti de ShangShoung (ZhangZhung) dans la région du mont Kaïlash, elle venait (peut-être apportée par le semi-légendaire Shinrab Miwo) de l'actuel Tadjikistan ou de l'est de l'Iran (TadZig dans les textes sacrés bönpo), régions que nous associons aujourd'hui automatiquement à l'Islam. (Et il est en effet difficile d'accepter l'idée que les vieilles croyances indo-européennes des Iraniens, utiles pour comprendre l'histoire la plus ancienne des populations celtiques, latines et germaniques de l'Europe occidentale, n'aient survécu qu'en milieu tibétain.)

Mais, surtout, et c'est cela qui nous intéresse, il y avait des chrétiens, et il y en eut encore longtemps après que le bouddhisme, le mazdéisme ou le manichéisme eurent pratiquement disparu de ces régions. Nous connaissons tous l'épopée de l'Eglise nestorienne, qui fonda des diocèses au coeur de la Chine et jusqu'à Malacca et Java; on pense maintenant que des missionnaires nestoriens seraient arrivés jusqu'au Japon. Nous savons que les Nestoriens furent à deux doigts de convertir l'illkhan des Mongols de Perse, ce qui aurait signifié la fin de l'Islam et changé la face du monde. Nous savons qu'un nestorien mongol, originaire du royaume öngüt situé dans la boucle du fleuve Jaune, fut catholicos de Séleucie-Ctésiphon, en résidence à Bagdad, de 1281 à 1317, sous le nom de Yahballaha III (pour son histoire, cf. Raymond Le Coz, Histoire de l'Eglise d'Orient, Le Cerf, Paris 1995, pp. 268-272). Nous savons aussi que cette chrétienté nestorienne connut un échec rententissant, faute d'avoir pu susciter un Constantin, un Clovis ou un Vladimir en Asie, et faute d'avoir fait le moindre effort d'inculturation parmi les convertis. En effet, l'attitude de l'Eglise assyrienne célébrant en syriaque jusque dans ses missions de Chine contraste avec l'attitude de l'Eglise orthodoxe traduisant, à une époque à peine postérieure, la liturgie et l'Evangile en komi pour les Zyrianes de la Grande Permie.

Mais en ce qui concerne notre Eglise voulue et fondée par le Christ, nous, les orthodoxes, nous avons toujours tendance à penser qu'elle n'avait pas réussi à franchir la barrière représentée par l'Empire sassanide et à pénétrer au coeur de l'Asie. Certes, nous savons qu'en 1253, le franciscain français Guillaume de Rubrouck rencontra dans la steppe des Alains (nous dirions aujourd'hui des Ossètes, de la même ethnie que les malheureuses victimes de la tuerie de Beslan), "chrétiens selon le rite grec" (un auteur arabe ou turc aurait écrit plus justement des "Roum", c'est-à-dire des orthodoxes), et qu'il y avait dans le Pékin des Mongols un contingent de gardes alains qui passa de l'Orthodoxie au papisme sous l'influence de l'évêque italien de Pékin, Jean de Montecorvino (cf. Vladimir Kouznetsov et Iaroslav Lébédynsky, Les Alains, Errance, Paris 2005, pp. 226 et 206). Mais nous avons tendance à être sceptiques lorsqu'un texte hagiographique nous parle d'un diocèse orthodoxe à 1'000 kilomètres à l'est de Bagdad en plein Xe siècle. Et pourtant, c'est la vérité, la stricte vérité. Mais, là aussi, l'Islam a effacé ce souvenir par de rudes moyens: le génocide mené, à la fin du XIVe siècle, par Tamerlan (Teymur Lang, 1336-1405) contre les chrétientés résiduelles d'Asie centrale. La justice oblige toutefois à signaler que le djihad incessant de Tamerlan a fait plus de morts parmi les musulmans que parmi les chrétiens, et encore plus parmi les hindouistes que parmi les musulmans. (C'est depuis l'époque de Tamerlan que de hautes montagnes de l'actuel Pakistan portent le nom d'Hindou-Kouch, "le tombeau de l'Hindou", tant les esclaves "idolâtres" que l'on conduisait sans ménagement de l'Inde vers les pays musulmans où ils devaient être vendus tombaient comme des mouches en franchissant ces montagnes.) Mais voilà, contrairement à l'hindouisme au nord de l'Inde, la chrétienté, qu'elle fût nestorienne, orthodoxe ou monophysite, n'était nulle part majoritaire en Asie centrale, et elle ne put survivre aux saints massacres tamerlanesques.

Voici toutefois ce que les historiens français contemporains nous apprennent à propos du catholicossat orthodoxe de l'actuel Turkménistan évoqué dans la vie de saint Christophore d'Antioche traduite par notre ami Tanios.

"Depuis le VIIe siècle, pour l'un, le VIIIe siècle pour l'autre, deux catholicos avaient été institués par les Byzantins déportés dans l'Empire sassanide, l'un à Irenoupolis (Bagdad), l'autre à Romagyris (sans doute d'abord à Taškent, puis au Khurāsān). Le premier semble avoir disparu dès le XIIe siècle, et l'on ne rencontre plus de chrétienté melkite organisée en Mésopotamie et en Iran, encore qu'on trouve toujours tel médecin se réclamant de ce rite [ de cette foi! Toujours la confusion entre rit et foi chez les auteurs francophones! - NdL] à Bagdad au XIIIe siècle. Le second présidait à une chrétienté qui paraît avoir été de langue sogdienne [si elle était de langue sogdienne, elle pouvait difficilement être constituée de Rhomaïoi déportés, mais bien d'autochtones orthodoxes! -NdL] , et que mentionne l'historien Haython. Ce seraient ces ressortissants qu'une bulle pontificale de 1329 désigne sous le nom de Malchyati et soumet à l'évêque de Samarkand, en même temps que les Alains, autres chrétiens de rite grec vivant au nord du Caucase, mais souvent "déplacés" par les Mongols. Toutefois, en 1364-1367, le titre de Romagyris est uni à celui de catholicos de Géorgie, ce qui paraît signifier qu'il n'y a plus alors de communauté melkite dans son ancien ressort." ("L'Eglise melkite", par Jean Richard, in Un temps d'épreuves (1274-1449) , tome VI de l' Histoire du christianisme, Desclée de Brouwer / Fayard, Paris 1990, p. 222.)
Une note de bas de page (note 2 p. 222) signale que l'historien melkite uniate Mgr Joseph Nasrallah, longtemps curé de la paroisse Saint-Julien-le-Pauvre de Paris, reportait la disparition des deux catholicats au XVe siècle (cf. L'Eglise melchite en Iraq, en Perse et dans l'Asie centrale, Jérusalem, 1976, pp. 86-92), ce qui serait plus logique, au vu des dégâts faits par l'Islam militant de Tamerlan en Asie centrale, en Inde et dans le Caucase.

On voit ainsi que, même si nous en avons oublié le souvenir, il y eut bien une chrétienté orthodoxe autochtone en Asie centrale, certes moins florissante que l'Eglise nestorienne, mais qui s'y maintint sept ou huit siècles après la conquête islamique, et bien longtemps après que des religions qui paraissaient mieux établies dans ces régions, comme le mazdéisme, le bouddhisme, le Peum ou le manichéisme, en eussent à peu près disparu.

Mais, surtout, nous voyons que le titre de "patriarche d'Antioche et de tout l'Orient", que l'on voudrait aujourd'hui limiter à l'ancien diocèse romain d'Orient, c'est-à-dire à l'ensemble que constituent aujourd'hui Syrie, Liban, Irak et Koweït, avait une toute autre signification au Moyen Âge, et qu'il emportait vraiment juridiction sur l'Asie, puisque les deux catholicossats de Bagdad et de Tachkent relevaient du patriarcat d'Antioche. Tachkent est aujourd'hui une ville de 2'300'000 habitants, capitale de la république d'Ouzbékistan; les quelques orthodoxes qu'on y rencontre sont des Russes ou des Ukrainiens, dans la juridiction de la métropole d'Almaty et d'Asie centrale du patriarcat de Moscou.

S'il est incontestable que, d'un point de vue orthodoxe, les républiques ex-soviétiques d'Asie centrale se trouvent aujourd'hui sur le territoire canonique du patriarcat de Moscou, il n'en reste pas moins qu'un sain retour à la pratique canonique suivie au Moyen Âge exigerait de rendre au patriarcat d'Antioche une juridiction en rapport avec son titre et de reconnaître que "tout l'Orient" relève d'Antioche. Or, à l'heure actuelle, à l'exception de l'Eglise du Japon, Eglise autonome au sein du patriarcat de Moscou, les métropoles orthodoxes d'Asie (Corée et Hong Kong, cette dernière ayant aussi juridiction sur l'Inde, l'Indonésie, Singapour et les Philippines) sont suffragantes du patriarcat oecuménique de Constantinople.

J'ai bien conscience que j'émets ici une idée qui apparaîtra comme une véritable provocation et qui va faire ruer dans les brancards. Mais il me semble pourtant qu'en toute justice, si nous reconnaissons la légitime juridiction du patriarcat de Constantinople sur l'Europe occidentale, nous devrions aussi reconnaître la juridiction du patriarcat d'Antioche sur l'Asie (en dehors des frontières de l'ancienne Union soviétique). Peut-être une piste à explorer pour faire revivre l'Orthodoxie asiatique?
Nikolas
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Re: ancienne présence orthodoxe en Asie centrale

Message par Nikolas »

Claude le Liseur a écrit :Mais, surtout, nous voyons que le titre de "patriarche d'Antioche et de tout l'Orient", que l'on voudrait aujourd'hui limiter à l'ancien diocèse romain d'Orient, c'est-à-dire à l'ensemble que constituent aujourd'hui Syrie, Liban, Irak et Koweït, avait une toute autre signification au Moyen Âge, et qu'il emportait vraiment juridiction sur l'Asie, puisque les deux catholicossats de Bagdad et de Tachkent relevaient du patriarcat d'Antioche. Tachkent est aujourd'hui une ville de 2'300'000 habitants, capitale de la république d'Ouzbékistan; les quelques orthodoxes qu'on y rencontre sont des Russes ou des Ukrainiens, dans la juridiction de la métropole d'Almaty et d'Asie centrale du patriarcat de Moscou.

S'il est incontestable que, d'un point de vue orthodoxe, les républiques ex-soviétiques d'Asie centrale se trouvent aujourd'hui sur le territoire canonique du patriarcat de Moscou, il n'en reste pas moins qu'un sain retour à la pratique canonique suivie au Moyen Âge exigerait de rendre au patriarcat d'Antioche une juridiction en rapport avec son titre et de reconnaître que "tout l'Orient" relève d'Antioche. Or, à l'heure actuelle, à l'exception de l'Eglise du Japon, Eglise autonome au sein du patriarcat de Moscou, les métropoles orthodoxes d'Asie (Corée et Hong Kong, cette dernière ayant aussi juridiction sur l'Inde, l'Indonésie, Singapour et les Philippines) sont suffragantes du patriarcat oecuménique de Constantinople.

J'ai bien conscience que j'émets ici une idée qui apparaîtra comme une véritable provocation et qui va faire ruer dans les brancards. Mais il me semble pourtant qu'en toute justice, si nous reconnaissons la légitime juridiction du patriarcat de Constantinople sur l'Europe occidentale, nous devrions aussi reconnaître la juridiction du patriarcat d'Antioche sur l'Asie (en dehors des frontières de l'ancienne Union soviétique). Peut-être une piste à explorer pour faire revivre l'Orthodoxie asiatique?
Tout d'abord un grand merci à vous cher Claude pour ces précisions concernant ces deux catholicossats orthodoxes orientaux, hélas inconnu des livres d'Histoire de l'Eglise orthodoxe.

Votre idée, en conclusion, concernant la juridiction du Patriarcat d'Antioche sur tout l'Orient, et de Constantinople sur l'Europe Occidentale (dut à la situation actuel du siège romain), auxquels on peut ajouter la juridiction du Patriarcat d'Alexandrie sur toute l'Afrique, et auxquels l'on pourrait éventuellement ajouter un autre bloc : la juridiction du Patriarcat de Moscou sur les "pays de l'Union Eurasiatique" plus certains d'Europe de l'Est et du Nord. Idée intéressante mais qui au vu de la situation actuelle du Patriarcat d'Antioche peinera à s'affirmer.

Le Patriarcat de Moscou venant d'ailleurs d'inclure officiellement la Chine et le Japon dans son territoire canonique qui comprend :
La Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, la Moldavie et l’Azerbaïdjan, les États baltes et les États d’Asie Centrale font également partie des pays constituant son territoire canonique (tous ces pays, à l’exception de la Chine et du Japon, avaient été inclus dans la version précédente des statuts).
http://www.orthodoxie.com/actualites/la ... more-42112
Claude le Liseur
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Re: ancienne présence orthodoxe en Asie centrale

Message par Claude le Liseur »

Nikolas a écrit :
Tout d'abord un grand merci à vous cher Claude pour ces précisions concernant ces deux catholicossats orthodoxes orientaux, hélas inconnu des livres d'Histoire de l'Eglise orthodoxe.

Votre idée, en conclusion, concernant la juridiction du Patriarcat d'Antioche sur tout l'Orient, et de Constantinople sur l'Europe Occidentale (dut à la situation actuel du siège romain), auxquels on peut ajouter la juridiction du Patriarcat d'Alexandrie sur toute l'Afrique, et auxquels l'on pourrait éventuellement ajouter un autre bloc : la juridiction du Patriarcat de Moscou sur les "pays de l'Union Eurasiatique" plus certains d'Europe de l'Est et du Nord. Idée intéressante mais qui au vu de la situation actuelle du Patriarcat d'Antioche peinera à s'affirmer.

Oui, je suis bien conscient du fait que ma proposition ne pourra pas s'imposer dans les circonstances géopolitiques actuelles. Toutefois, alors qu'à l'époque où je l'ai énoncée en 2006, je considérais que ma position correspondait à une pure utopie dont je ne verrai jamais un début de réalisation, force est de constater qu'il y a maintenant un doyenné du patriarcat d'Antioche aux Philippines (donc vraiment en Extrême-Orient) et qu'il s'agit bien d'une mission et pas de paroisses d'émigrés:

http://www.antiochianarch.org.au/Philippines.aspx

J'aurais donc eu le rare bonheur de voir un début de réalisation de mon utopie.
Claude le Liseur
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Re: ancienne présence orthodoxe en Asie centrale

Message par Claude le Liseur »

Claude le Liseur a écrit :Tout d'abord, je voudrais remercier Tanios pour sa traduction de l'arabe de la vie de saint Christophore, patriarche d'Antioche. C'est une bénédiction pour le présent forum d'accueillir une pareille traduction.

Dans l'intention de réserver le fil ouvert par Tanios à ses traductions sur les saints oubliés du patriarcat d'Antioche, j'ouvre ce fil dans le seul but de répondre à une question posée par Tanios dans le message liminaire à sa traduction qu'il a posté le 19 novembre 2006 à 8h38:
Tanios a écrit :
(...)


Voici toutefois ce que les historiens français contemporains nous apprennent à propos du catholicossat orthodoxe de l'actuel Turkménistan évoqué dans la vie de saint Christophore d'Antioche traduite par notre ami Tanios.

"Depuis le VIIe siècle, pour l'un, le VIIIe siècle pour l'autre, deux catholicos avaient été institués par les Byzantins déportés dans l'Empire sassanide, l'un à Irenoupolis (Bagdad), l'autre à Romagyris (sans doute d'abord à Taškent, puis au Khurāsān). Le premier semble avoir disparu dès le XIIe siècle, et l'on ne rencontre plus de chrétienté melkite organisée en Mésopotamie et en Iran, encore qu'on trouve toujours tel médecin se réclamant de ce rite [ de cette foi! Toujours la confusion entre rit et foi chez les auteurs francophones! - NdL] à Bagdad au XIIIe siècle. Le second présidait à une chrétienté qui paraît avoir été de langue sogdienne [si elle était de langue sogdienne, elle pouvait difficilement être constituée de Rhomaïoi déportés, mais bien d'autochtones orthodoxes! -NdL] , et que mentionne l'historien Haython. Ce seraient ces ressortissants qu'une bulle pontificale de 1329 désigne sous le nom de Malchyati et soumet à l'évêque de Samarkand, en même temps que les Alains, autres chrétiens de rite grec vivant au nord du Caucase, mais souvent "déplacés" par les Mongols. Toutefois, en 1364-1367, le titre de Romagyris est uni à celui de catholicos de Géorgie, ce qui paraît signifier qu'il n'y a plus alors de communauté melkite dans son ancien ressort." ("L'Eglise melkite", par Jean Richard, in Un temps d'épreuves (1274-1449) , tome VI de l' Histoire du christianisme, Desclée de Brouwer / Fayard, Paris 1990, p. 222.)
Une note de bas de page (note 2 p. 222) signale que l'historien melkite uniate Mgr Joseph Nasrallah, longtemps curé de la paroisse Saint-Julien-le-Pauvre de Paris, reportait la disparition des deux catholicats au XVe siècle (cf. L'Eglise melchite en Iraq, en Perse et dans l'Asie centrale, Jérusalem, 1976, pp. 86-92), ce qui serait plus logique, au vu des dégâts faits par l'Islam militant de Tamerlan en Asie centrale, en Inde et dans le Caucase.

On voit ainsi que, même si nous en avons oublié le souvenir, il y eut bien une chrétienté orthodoxe autochtone en Asie centrale, certes moins florissante que l'Eglise nestorienne, mais qui s'y maintint sept ou huit siècles après la conquête islamique, et bien longtemps après que des religions qui paraissaient mieux établies dans ces régions, comme le mazdéisme, le bouddhisme, le Peum ou le manichéisme, en eussent à peu près disparu.

(...)

Au passage, il faut rappeler que les Sogdiens étaient un peuple de langue iranienne et que la Sogdiane était une vaste région à cheval sur les actuelles républiques d'Ouzbékistan et du Tadjikistan et dont faisaient partie les actuelles villes de Samarcande, Boukhara et Khoudjand (autrefois Alexandria Eschaté,Ἀλεξάνδρεια Ἐσχάτη, Alexandria Ultima, la dernière Alexandrie: et oui, Alexandre est allé jusque là-bas avec ses phalanges). S'il y a eu une chrétienté orthodoxe de langue sogdienne, il s'agissait donc d'un usage liturgique d'une langue iranienne, cas à ma connaissance unique avec l'usage sporadique de l'ossète dans le cadre de l'Eglise orthodoxe russe depuis la fin du XVIIIe siècle (le premier texte en ossète, imprimé en caractères cyrilliques à Moscou, date de 1798 -cf. Jean Sellier et André Sellier, Atlas des peuples d'Orient, La Découverte, Paris 1993, p. 95). En effet, à ma connaissance, bien que le persan ait été enseigné au XIXe siècle à l'Académie de théologie de Kazan, la plus prestigieuse des langues iraniennes n'a jamais été utilisée dans un cadre liturgique. La mission russe d'Ourmia, avant 1914, agissait certes sur territoire persan, mais n'utilisait que le syriaque: les nestoriens réunis à l'Eglise orthodoxe gardaient le syriaque comme langue liturgique, personne n'ayant pensé à cette époque que l'usage du persan eût pu assurer leur pérennité.
Aujourd'hui, la Sodgiane ne survit plus qu'à travers le nom de la province tadjike du Sughd, dont la capitale est précisément Khoudjand, et le dernier état de la langue sodgienne, le yaghnobi, n'a plus guère que 15'000 locuteurs.
Claude le Liseur
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Re: ancienne présence orthodoxe en Asie centrale

Message par Claude le Liseur »

Claude le Liseur a écrit :
(...)

Quant à l'autre religion du Tibet, le mystérieux Yungdrung Bön (ou Peun), longtemps calomniée par les bouddhistes comme n'étant qu'une forme de chamanisme - alors que c'est peut être les Peumpo qui ont transmis aux bouddhistes le si subtil enseignement du Dzogchen -, nous savons aujourd'hui qu'avant de transiter par le royaume englouti de ShangShoung (ZhangZhung) dans la région du mont Kaïlash, elle venait (peut-être apportée par le semi-légendaire Shinrab Miwo) de l'actuel Tadjikistan ou de l'est de l'Iran (TadZig dans les textes sacrés bönpo), régions que nous associons aujourd'hui automatiquement à l'Islam. (Et il est en effet difficile d'accepter l'idée que les vieilles croyances indo-européennes des Iraniens, utiles pour comprendre l'histoire la plus ancienne des populations celtiques, latines et germaniques de l'Europe occidentale, n'aient survécu qu'en milieu tibétain.)


S’il est vrai que le Châhnâmé شاهنامه , le Livre des Rois, de Firdoussi (940-920), raconte l’affrontement qui, depuis des temps immémoriaux, oppose Irân (یوران) et Tourân (اتران), monde iranien et monde turc, force est de constater que cet affrontement a tourné au désavantage des peuples iranophones qui n’ont cessé de perdre du terrain depuis quinze siècles.

La disparition de la Sodgiane, cas cité dans le message précédent, est donc loin d’être un cas isolé. Pendant le plus clair de leur histoire, Samarcande et Boukhara furent des villes iranophones. Les Ouzbeks turcophones se sont lentement infiltrés dans cette région. Le découpage administratif opéré à l’époque soviétique, devenu découpage politique au moment des indépendances en 1991, a réduit l’iranophonie en Asie centrale à l’ombre de ce qu’elle fut.

Les langues iraniennes parlées dans ce qui fut l’Asie centrale soviétique se réduisent pour l’essentiel, en dehors du yaghnobi, dernier rameau du sogdien, mentionné plus haut, au tadjik et à un ensemble de langues dites langues du Pamir, dont le wakhi aussi parlé en Afghanistan. Les langues du Pamir ne semblent pas avoir de tradition écrite et les locuteurs utilisent le tadjik à l’écrit. Si le Pamir et la vallée du Piandj (cours supérieur de l’Amou Daria, l’Oxus des Grecs) se présentaient en 1920 comme des régions à forte majorité iranophone, peuples turcophones et peuples iranophones étaient étroitement imbriqués dans les anciens khanats de Boukhara et de Kokand.



Au lieu de créer une république ouzbéko-tadjike comme le suggérait l’imbrication des populations dans l’ancienne Sodgiane, le dogme soviétique des « nationalités titulaires » a impliqué la création de républiques séparées (Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan) et a conduit à un découpage territorial hasardeux qui s’est avéré un lourd handicap à l’heure des indépendances. Au-delà de la question presque caricaturale des enclaves du Fergana, il suffit de regarder sur une carte le tracé des frontières du Tadjikistan pour se rendre compte que les Soviétiques n’avaient eu bien sûr aucune intention de créer des républiques qui eussent pu être viables en cas d’indépendance. Près de la moitié du territoire de l’actuel Tadjikistan (63'700 kilomètres carrés sur 143'100 kilomètres carrés) correspond au district autonome du Haut-Badakhchan, hautes vallées du Pamir dont le faible peuplement et la pauvreté ne donnent guère qu’une idée fort approximative de ce que fut le prestige de l’iranophonie en Asie centrale.

Les villes tadjikes de Samarcande et Boukhara ayant été attribuées à l’Ouzbékistan, c’est la bourgade de Douchanbé, « le Marché-du-Lundi », appelée Stalinabad de 1929 à 1961, qui a été érigée en capitale du Tadjikistan. La culture persane, qui avait toujours été dominante dans les villes d’Asie centrale, ne trouvait plus à s’exprimer, en dehors de Khoudjand, que dans une bourgade.

En effet, l’enseignement obligatoire en langue ouzbèke a, au fil des générations, réduit les effectifs de la minorité tadjike de l’Ouzbékistan. Mais dans quelle proportion ?

On n’accorde guère de crédit au recensement soviétique de 1989, qui ne comptait plus que 934'000 Tadjiks sur 19'810'000 habitants en Ouzbékistan, soit moins de 5% de la population, contre 3'172'000 Tadjiks sur 5'093'000 habitants au Tadjikistan. Guère plus crédible n’est la revendication des Tadjiks selon laquelle ils représenteraient 78% de la population de Boukhara et de Samarcande. Toutefois, un observateur neutre comme l’historien français Jean-Paul Roux constatait naguère que le dynamisme économique et culturel était tadjik à Boukhara et Samarcande, alors qu’il était ouzbek à Tachkent, et estimait à 20% la proportion réelle de Tadjiks en Ouzbékistan. Roux donnait un chiffre de 12 millions de Tadjiks vers 2006, répartis à part égales entre l’Afghanistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, auxquels s’ajoutaient quelques petites communautés au Xinjiang, en voie d’assimilation rapide par les Chinois et les Ouïghours (Histoire de l’Iran, Fayard, Paris 2006, p. 439).


Précisons au demeurant que, pour compliquer les choses, seuls les Tadjiks de l’ancienne Union soviétique parlent le tadjik, c’est-à-dire une forme de persan écrite en caractères cyrilliques et dont le vocabulaire technique et scientifique a été fortement influencé par le russe (alors que l’influence a été française en Iran, conséquence d’une présence assez importante d’enseignants et de techniciens français dans les années 1920-1930). Les Tadjiks d’Afghanistan parlent une autre forme de persan, écrite en caractères arabes (comme en Iran), mais légèrement plus archaïsante que le persan d’Iran, à qui on avait donné le nom de dari, « langue de la cour », parce qu’elle était la langue de la cour de Kaboul avant la chute de la monarchie en 1973 et parce qu’il fallait trouver une appellation politiquement correcte pour dissimuler le fait qu’il s’agissait, pour l’essentiel, du même persan qu’en Iran. Ironie du sort, si la famille royale pachtoune qui régnait sur l’Afghanistan avait le persan pour langue de cour, la famille impériale persane qui régnait sur l’Iran avait, quant à elle, adopté le français comme langue de cour.

Langue officielle aux côtés du pachto, le dari sert en fait de langue de communication en Afghanistan. Iran, Afghanistan et Tadjikistan représentent ainsi tout ce qu’il reste de l’aire persanophone, autrefois étendue de la Turquie à l’ouest de la Chine, ladite aire persanophone n’ayant elle-même été que l’ombre de ce que fut l’espace des langues iraniennes en Asie (certaines furent parlées jusqu’au Yunnan), Irân n’ayant cessé de reculer devant Tourân, mais aussi devant Tchin … Et que dire d’autres langues indo-européennes qui dominaient autrefois le Xinjiang, l’ancien « Turkestan chinois », espace que l’on imagine aujourd’hui totalement turc, en attendant sa sinisation.

En dernier lieu, il est intéressant de se pencher sur l’étymologie du mot « tadjik ». Selon André Sellier et Jean Sellier, « on nomme « tadjikes » les populations qui ont pour lange maternelle le persan (ou une variété du persan) et qui vivent en Asie centrale ou en Afghanistan. Dans l’Empire perse sassanide, « tazik » signifiait « arabe », du nom de la ville de Taïz, au Yémen, alors occupé par les Perses. Les habitants de l’Asie centrale ont ensuite appelé « tazik » les conquérants arabes et le mot en est venu, au VIIIe siècle, à désigner les musulmans, et en particulier les musulmans sédentaires (à cette époque pour la plupart iranophones), par opposition aux nomades, en majorité turcophones. Les langues turques ayant beaucoup progressé chez les sédentaires d’Asie centrale, notamment au temps des khanats ouzbeks, l’appellation « tadjike » a fini par désigner la partie non turquisée de la population » (Jean Sellier et André Sellier, Atlas des peuples d’Orient, La Découverte, Paris 1993, page 143).

Tout ceci pour dire que, lorsque la tradition bön mentionnée plus haut fait provenir le mystérieux Shinrab Miwo du TadZig, cela doit se comprendre comme une région iranophone plutôt au centre de l’Asie, et compte tenu de ce que fut la situation de l’iranophonie avant sa régression territoriale, cela peut correspondre à tout territoire entre la mer d’Aral et l’Hindou-Kouch.
J-Gabriel
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Re: ancienne présence orthodoxe en Asie centrale

Message par J-Gabriel »

En lisant votre dernière publication, je me sentais à l’aise avec les divers thermes. Faut dire qu’il y a à peine deux mois que je viens de terminer un livre de J-P Roux « Histoire des Turcs, Deux milles-ans du Pacifique à la Méditerranée», 1984, Fayard. Aussi, avant-hier, à la tv en zappant, je suis tombé via la chaîne Ushuaia sur un reportage dans lequel un aventurier partait en yack sur les pas d’Alexandre le Grand à la recherche de la source de l’Oxus. Pour dire que ce reportage m’a bien aidé à illustrer le sujet, il y avait des paysages vierges à au moins 4000 mètres d’altitude (4500m pour la source de l’Oxus). Le reporter y rencontrait (selon ses dires) plutôt des Kirghizes. Dans le livre de J-C Roux (p.170) on y mentionne un «mystérieux Prêtre Jean» apparue «au cœur de l’Asie» dans le 12ème siècle, ainsi que «des Kereyit chrétiens de Mongolie». Faudra que je parcours le bouquin à nouveau et grâce à l’index de noms cités en fin de page, voir s’il y a un peu plus sur des chrétiens en Asie centrale.
Claude le Liseur
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Re: ancienne présence orthodoxe en Asie centrale

Message par Claude le Liseur »

J-Gabriel a écrit :En lisant votre dernière publication, je me sentais à l’aise avec les divers thermes. Faut dire qu’il y a à peine deux mois que je viens de terminer un livre de J-P Roux « Histoire des Turcs, Deux milles-ans du Pacifique à la Méditerranée», 1984, Fayard. Aussi, avant-hier, à la tv en zappant, je suis tombé via la chaîne Ushuaia sur un reportage dans lequel un aventurier partait en yack sur les pas d’Alexandre le Grand à la recherche de la source de l’Oxus. Pour dire que ce reportage m’a bien aidé à illustrer le sujet, il y avait des paysages vierges à au moins 4000 mètres d’altitude (4500m pour la source de l’Oxus). Le reporter y rencontrait (selon ses dires) plutôt des Kirghizes. Dans le livre de J-C Roux (p.170) on y mentionne un «mystérieux Prêtre Jean» apparue «au cœur de l’Asie» dans le 12ème siècle, ainsi que «des Kereyit chrétiens de Mongolie». Faudra que je parcours le bouquin à nouveau et grâce à l’index de noms cités en fin de page, voir s’il y a un peu plus sur des chrétiens en Asie centrale.
Le reportage que vous évoquez doit en effet se dérouler dans le Haut-Badakhchan dont le point culminant, qui était le point culminant de toute l'Union soviétique, est le pic Ismaïl-Samani, ex-pic du Communisme, ex-pic Staline (7'495 mètres).

C'est dans cette région que les Soviétiques avaient construit une route militaire à 4'500 mètres d'altitude.

J'ai un ami, Alémanique mais parfaitement russophone, qui a travaillé dans cette région dans le cadre de la Croix-Rouge après la guerre civile du Tadjikistan et qui m'a raconté l'expérience hors du commun que fut pour lui un voyage en camion sur cette fameuse route militaire, avec au bout le rideau de fer qui séparait l'Union soviétique de la Chine. Des barbelés à 4'500 mètres d'altitude!

Il y a en effet des Kirghizes aussi bien dans le Haut-Badakhchan que dans le Badakhchan afghan, pour ne pas parler des parties limitrophes de la Chine et du Kirghizistan. Mais, dans le Pamir, la population est majoritairement iranophone.

Les anciens chrétiens d'Asie centrale qu'évoque Roux étaient des nestoriens et il y a eu en effet des royaumes turcs et mongols nestoriens. Si la prodigieuse aventure des nestoriens en Asie centrale est relativement bien connue, je ne trouve en revanche guère de documentation sur les orthodoxes de ces régions au Moyen Âge - sur le catholicossat "melkite" de Tachkent.
J-Gabriel
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Re: ancienne présence orthodoxe en Asie centrale

Message par J-Gabriel »

Claude le Liseur a écrit :
Le reportage que vous évoquez doit en effet se dérouler dans le Haut-Badakhchan dont le point culminant, qui était le point culminant de toute l'Union soviétique, est le pic Ismaïl-Samani, ex-pic du Communisme, ex-pic Staline (7'495 mètres).

C'est dans cette région que les Soviétiques avaient construit une route militaire à 4'500 mètres d'altitude.

J'ai un ami, Alémanique mais parfaitement russophone, qui a travaillé dans cette région dans le cadre de la Croix-Rouge après la guerre civile du Tadjikistan et qui m'a raconté l'expérience hors du commun que fut pour lui un voyage en camion sur cette fameuse route militaire, avec au bout le rideau de fer qui séparait l'Union soviétique de la Chine. Des barbelés à 4'500 mètres d'altitude!
Oui tout à fait. Les noms je ne me rappelle plus bien. A part Stalinibad (ou Stalinbad).On voit dans le reportage ces barbelés et même des boîtes de conserves rouillées traînant ici et là près de l’ancienne base soviétique. Car le reporter une fois sur place fait mentions d’une base secrète de l’Armée Rouge avec missiles à cet endroit.
Avec les mots clefs sur Google j’ai trouvé le nom de l’émission que je mentionne : David Adams « Le monde perdu d'Alexandre » à ce lien : http://www.histoire.fr/histoire/program ... ndre-.html . Visiblement il s’agit de la 6ème et dernière série.

Claude le Liseur a écrit : Les anciens chrétiens d'Asie centrale qu'évoque Roux étaient des nestoriens et il y a eu en effet des royaumes turcs et mongols nestoriens. Si la prodigieuse aventure des nestoriens en Asie centrale est relativement bien connue, je ne trouve en revanche guère de documentation sur les orthodoxes de ces régions au Moyen Âge - sur le catholicossat "melkite" de Tachkent.
Pour vite revenir au livre de J-C Roux et les Kereyit qu’il nomme aussi Keraït (p.123). Pas une allusion au Tachkent. Il mentionne la Transoxiane. J’ai trouvé un lien menant à ce livre (incomplet) : http://books.google.ch/books?id=PLpvAi8 ... Ft&f=false
Dans l’article ci-dessous (en lien), J-C Roux qualifie finalement ces Kereyit de nestoriens ainsi que vous l’indiquiez. Dans ce même article il fait une mention aux "melkite" de Tachkent :
On connaît la déportation de melchites, c'est-à-dire d'orthodoxes, qui furent installés à Romagyri, près de Tachkent, dans l'actuel Ouzbékistan [...]

http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/le_chri ... ntrale.asp
PS : pour l’émission je ne veux pas mettre un lien plus précis car d’ici quelque mois il ne sera plus valable. Mais je pense qu’en cherchant avec les mots clef « David Adams Oxus Alexandre » on peut trouver quelque chose ou alors sur le site de la chaîne Ushuaia éventuellement.
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