Discours du pape Benoît XVI à l'Université de Ratisbonne

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Glicherie
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Message par Glicherie »

Le Monde a publié un article de M.Colosimo qui analyse comme BHL et Lecteur Claude les vrais motifs papistes de cette affaire.
Bien que la manière dont il considère Manuel Paleologue me semble moins enthousiaste que L.Claude.


Article repris sur orthodoxie.com:

L’œcuménisme victime collatérale du discours de Benoit XVI » article de Jean-François Colosimo
Jean-François Colosimo professeur à l’Institut de théologie orthodoxe Saint- Serge mais aussi éditeur, écrivain, auteur de films documentaires, nous livre sa réflexion sur le discours du Pape à Ratisbonne dans son article, paru dans le Monde du 21 septembre, intitulé : « L’œcuménisme victime collatérale du discours de Benoit XVI- Les propos du Pape enflamment l’islam, mais ce sont les orthodoxes qui en font les frais. ». Nous vous invitons à lire l’article, reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur :
« L’œcuménisme victime collatérale du discours de Benoit XVI
Les propos du Pape enflamment l’islam, mais ce sont les orthodoxes qui en font les frais.
Citations médiévales, d’un côté, à Ratisbonne, bombes incendiaires, de l’autre, à Naplouse : la disproportion est aussi avérée qu’était prévisible l’effet collatéral. Il suffit que l’Occident invoque Byzance contre l’islam pour que des églises brûlent en Orient. L’équation, en rien nouvelle, remonte aux Croisades. La nouveauté est qu’elle rend désormais l’orthodoxie otage d’un « choc des civilisations » qui tourne toujours plus à l’auto–prophétie réalisée.

Comment expliquer, dès lors, le paradoxal appel de Benoît XVI aux écrits méconnus de Manuel Paléologue ? En quoi y avait-il nécessité de réveiller la mémoire de l’infortuné vassal du sultan Bajazet, politicien hasardeux et polémiste mineur, père du dernier empereur, Constantin XI, mort sur les remparts de Constantinople ? Et ce, qui plus est, à la veille de rendre visite, en Turquie, à Bartholomée Ier, lui-même engagé dans une lutte pour la survie du patriarcat œcuménique ? Négligence ? Provocation ? Stratégie supérieure ?

Ces questions sont annexes. En fait, les enjeux de politique religieuse comptent pour peu, ici, devant l’impératif dogmatique qui les commande et les ordonne. Le discours de Ratisbonne, en effet, ne vise pas l’islam, ou à la marge, mais Scot, Occam, le nominalisme et, partant, la Réforme, Luther, Calvin. Il ranime une antique querelle, fondatrice de la culture européenne, aussi cruciale qu’oubliée : Dieu est-il Etre ou Volonté ? Il représente surtout l’occasion pour Benoît XVI, de retour dans son alma mater, de réaffirmer le cœur de la doctrine romaine, l’alliance scolastique de la révélation et de la philosophie, la primauté de la théologie naturelle issue d’Augustin et de Thomas d’Aquin. Et, pour ce faire, de revendiquer à nouveau le legs, disputé, de l’hellénisme chrétien.

Le choix de Manuel Paléologue n’en ressort que plus significatif. Ses XXVI Conversations avec un Perse, rédigées à l’extrême fin du XIVe siècle, témoignent, sur fond d’agonie de l’empire, de l’influence tardive des traités latins antimusulmans, nés avec les royaumes francs de Terre Sainte et marqués par un antagonisme militant. Manuel, pour l’essentiel, répète son aïeul Jean Cantacuzène, le moine- empereur, dont l’argumentaire emprunte beaucoup au Confutatio Alchorani du frère prêcheur Ricoldo de Montecroce, traduit en grec par Démétrios Kydonès, un lettré précisément passé à l’ordre dominicain.

La référence, toutefois, n’a pas pour unique défaut sa partialité. Elle entretient, de surcroît, un sérieux contresens. Le radicalisme de Manuel Paléologue s’institue à rebours de la tradition orthodoxe de dialogue avec l’islam initiée par Jean de Damas dès le VIII e siècle, illustrée par Paul d’Antioche au XIII e siècle, et dont aujourd’hui, Georges Khodr, l’évêque du Mont-Liban, est le continuateur. Une tradition d’autant plus exigeante qu’elle se veut animée d’un respect têtu. Et d’autant plus attentive qu’elle se sait garante du lien entre Jérusalem, Athènes, Rome et l’arabité.

D’où les inévitables questions que suscite une lecture sereine du discours du pape. Pourquoi cette franche apologie de la doctrine latine aboutit- elle à tant de confusions, non pas uniquement dans le domaine interreligieux, mais aussi dans le domaine œcuménique ? En quoi représente-t-elle, en regard de l’héritage de Jean Paul II, une rupture, ou à tout le mois un correctif ? L’Orthodoxie est-elle condamnée au rôle de supplétif dans ce recentrage théorique? Et par quelle fatalité cette charge contre la théologie protestante de la seule Ecriture et de la seule Grâce, se transforme-t-elle, effacée par l’émotion et la manipulation de la rue musulmane, en convergence avec le fondamentalisme américain dans le regard de l’opinion ?

En dialecticien inclinant à la contemplation, Benoît XVI se montre naturellement plus soucieux des essences que de l’histoire. Mais un tel charisme ne va pas sans risques lorsqu’il s’agit d’incarner la parole chrétienne à l’échelle planétaire, dans un climat général volontiers apocalyptique. Si l’on considère que le défi de l’islam, afin qu’il exorcise l’islamisme, tient à la levée de son silence sur ses origines et ses sources, mieux vaut alors éviter de rendre ce silence assourdissant. C’est là-dessus que l’orthodoxie, forte d’une expérience multiséculaire, plutôt que d’être exposée, mériterait d’être écoutée. »
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serge maraite
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Message par serge maraite »

BHL, on ne va pas se mettre à citer arielle dombasle tant qu'on y est !
Si on revenait à des auteurs sérieux ?
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Merci beaucoup à Serge Maraïta pour ses informations sur Érasme et “l’Éloge de la Folie”. Mais d’autre part (ce n’excluant pas ce que vous avez dit) je vois dans un livre de Dimitri Obolensky “Six figures byzantines” que Érasme (qui est aussi celui qui a relancé la connaissance et l’étude de la langue grecque en Occident) aurait été bouleversé par la lecture des “Commentaires sur l’Écriture” de saint Théophylacte d’Ochrid. Ce dernier a été en quelque sorte un “Père compilateur” (c’est très byzantin tardif) et rédigea un commentaire où il reprend une série de commentaires des Pères antérieurs en une forme plus séquentielle. Et Érasme y découvrit, non seulement qie la pensée des Pères grecs était tout autre que la déformation qu’en présentait l’Église romaine, mais il aurait ainsi découvert cette notion incroyable de la condescendance divine, de la divine folie du Verbe incarné qui endosse notre nature humaine et se fait notre serviteur, et se soumet (volontairement) à la mort sur la Croix poiur pouvoir par sa mort prendre Satan à l’hameçon de la Croix etc etc.

Quant à l’interprétation du discours de Ratisbonne, je maintiens que Ratzinger est entré dans un dialogue très serré avec les orthodoxes, car il est par dessus tout hanté par l’imminence d’un naufrage de sa propre barque. Et s’il veut faure quelque chose avant de mourir, ses jours sont comptés. Malheureusement il n’a en face de lui que des gens très divisés, et au-dessous de leurs responsabilités.
Jean-Louis Palierne
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Stephanopoulos
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Message par Stephanopoulos »

Le radicalisme de Manuel Paléologue s’institue à rebours de la tradition orthodoxe de dialogue avec l’islam initiée par Jean de Damas dès le VIII e siècle, illustrée par Paul d’Antioche au XIII e siècle, et dont aujourd’hui, Georges Khodr, l’évêque du Mont-Liban, est le continuateur.
Pourrai-t-on connaître les résultats positifs de ces dialogues avec l'Islam?
En ce qui me concerne, je ne vois pas où se trouve le "radicalisme" dans la citation de saint Manuel II qui a été publiée sur ce forum!

Peut-être que la citation de saint Manuel II était trop radicale pour entamer le dialogue. Alors, les quelques passages ci-dessous (porteurs d’amour du prochain et de paix) issus du Coran iront à merveille :

Sourate II (la génisse), traduit par André Chouraqui :

190. Combattez dans le sentier d’Allah ceux qui vous combattent. Ne transgressez rien : Allah exècre les transgresseurs.

191. Tuez-les là où vous les rencontrerez, expulsez-les d’où ils vous auront expulsés. La sédition est plus grave que le combat. Ne les combattez pas dans la Mosquée Interdite tant qu’ils ne vous y combattent pas. S’ils combattent, tuez-les. Voilà le salaire des effaceurs d’Allah.

192. S’ils s’arrêtent, voici Allah indulgent, matriciel.

193. Combattez-les jusqu’à la fin de toute sédition et que créance soit d’Allah. S’ils s’arrêtent, l’hostilité ne se poursuivra que contre les fraudeurs.

Sourate V (la table) Le Coran Garnier-Flammarion 1970 :

56. Ô croyants ! ne prenez pas pour amis les juifs et les chrétiens, ils sont amis les uns des autres. Celui qui les prendra pour amis finira par leur ressembler, et Dieu ne sera point le guide des pervers.
Stephanopoulos
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Phil a cité Alain de Libera. En suivant cette piste sur le web, je tombe sur une recension de 2003 de son ouvrage Penser au moyen âge par Frédéric Nef sur http://multitudes.samizdat.net où l’on trouve cette phrase que je relève :
« Quant à Thomas d’Aquin c’est une projection, issue du rôle que lui fait jouer l’Eglise depuis Léon XIII, qui en fait le Docteur de l’Église, en partie contre Duns Scot, qui conduit à gommer les tensions qui structurent son oeuvre, entre aristotélisme modéré, néo-platonisme et augustinisme notamment. »
Intéressant car cela confirmerait que B16 tend à gommer Vatican II pour revenir à la théologie tridentine et même l’attitude rigide et défensive du XIXe siècle arc-boutée sur Augustin et Thomas d’Aquin contre le positivisme et partiellement contre la recherche scientifique.
L’entretien avec Rémi Brague dans Le Point me semble aussi très important, à reprendre ici pour le commenter, d’autant qu’il est très court.
Le Point : Croire en un Dieu transcendant est-il compatible avec la raison ?
Rémi Brague : « Transcendant » ? Cela veut dire : ce qui va au-delà. Depuis Platon, le mot désigne ce qui se refuse à notre connaissance. Mais l'expérience de la transcendance, nous la faisons tous les jours : toute personne, parce qu'elle est libre, est un mystère insondable. Il y a un seul moyen de la connaître, c'est le langage : il faut lui faire confiance et la laisser s'expliquer elle-même. Un Dieu transcendant, dans le christianisme, cela veut dire : on ne le connaît pas comme un objet, mais comme une personne.
« Raison » ? En science, c'est la méthode qui calcule les lois auxquelles un objet est soumis. Dieu est inaccessible à cette raison-là. Mais toute personne l'est aussi. Raison, cela veut dire aussi les règles morales qui nous permettent de respecter la liberté des personnes, à commencer par la nôtre. C'est dans cette raison que Dieu parle. Chez Chesterton, le père Brown dit : « seule l'Eglise est rationaliste, elle seule dit que Dieu même est soumis à la raison. »
Le christianisme accepte-t-il mieux le principe de la raison que l'islam ?
Les deux religions parlent de la raison, mais pas de la même façon. Le Coran demande d'user de sa raison pour reconnaître l'action de Dieu et comprendre qu'il faut lui obéir. L'islam a eu des penseurs rationalistes. Et il accuse souvent le christianisme d'être irrationnel : la Trinité, c'est adorer trois dieux ; l'incarnation, c'est prendre un homme pour Dieu. L'islam, lui, n'apporte rien que de très plausible : un seul Dieu, qui, s'il parle aux hommes, reste dans son ciel. Argument qu'on peut d'ailleurs retourner en demandant si le prophète est utile. En a-t-on besoin pour savoir que Dieu est un et qu'il favorise les honnêtes gens ? Le pharaon Akhenaton ou Aristote le disaient déjà. Et est-ce la raison qui croit que le Coran vient de Dieu ?
Pour le christianisme, Dieu est un, parce qu'il s'unit à soi-même dans l'amour (Trinité) ; ce Dieu ne dicte pas sa volonté à ses créatures, il veut les faire entrer dans sa propre vie. Il leur dit qui il est en nouant une alliance avec son peuple. Pour le christianisme, elle va jusqu'à l'union des deux partenaires en une seule personne (Incarnation). Saint Jean appelle celui qui s'est fait homme le Logos. On traduit « Verbe ». On peut aussi traduire « raison ». C'est en lui que tout a été créé : le monde, avec son sens, et l'homme, avec sa raison et la liberté qu'il a de l'exercer Propos recueillis par Catherine Golliau
C’est vrai que chez Platon, le terme logos signifie toujours le discours argumenté et rationnel par opposition au récit mythique. Toutefois la traduction par raison me semble un peu courte. Dans son prologue, Jean reprend l’usage de Logos tel qu’on le trouve dans la Septante pour traduire le Dabar hébreu, la parole divine. Ce n’est pas exactement le sens platonicien puisque ce logos intervient dans l’AT d’abord comme parole créatrice (Genèse 1, « Dieu dit : que… et… fut. »), puis dans le témoignage des prophètes : « La parole de Dieu me fut adressée ainsi… »
Et c’est bien sur la confusion avec le Dieu du platonisme que se fondent l’arianisme, puis Augustin, puis Thomas d’Aquin.

Quant à BHL, si on m’avait prédit qu’un jour je serais d’accord avec lui au moins dans les grandes lignes, j’aurais éclaté de rire. Dans les grandes lignes seulement car sa conclusion m’inquiète :
« Tant il est vrai qu'il n'y aura pas d'autre façon de séparer, dans cette région du monde et de l'esprit, les deux partis : les islamofascistes, d'un côté, dont chaque appel au meurtre ou au suicide, chaque prêche djihadiste, est comme un formidable crachat à la face du Prophète, et, de l'autre, les héritiers d'Averroès et Avicenne, tenants obstinés et parfois héroïques de la douceur, de la rationalité, des Lumières de l'islam. »
C’est moi qui souligne. Là, je ne suis plus d’accord car le djihad figure bel et bien dans le Coran et Mohammed l’a bel et bien prêché. Averroès, Avicenne, le soufisme sont bien plus tardifs et n’ont jamais fait l’objet d’un consensus général dans le monde musulman, loin de là. L’appel à « la réflexion de nos amis musulmans », de la part d’un BHL qui a soutenu Alija Izetbegovic alors même que ce dernier utilisait des milices d’al-Qaeda, puis a poussé à soutenir l’UCK, mouvement terroriste s’il en fût, au Kosovo, me laisse un goût amer. BHL a comme tout un chacun le droit de se contredire mais ses lecteurs, devant ces contradictions, sont aussi en droit de s’interroger.

A qui B16 adresse-t-il ce discours de Ratisbonne ? Ce qui me frappe, c’est que tout le monde se croit visé : les musulmans, les orthodoxes, l’abbé de Nantes, les protestants, les rationalistes et j’en passe. Si c’est le cas, c’est bien un retour en arrière d’une rare ampleur. Que ce soit un discours d’agreg de philo me gêne moins, dans la mesure où il s’adressait à des universitaires dans une université, que cette incertitude sur les destinataires et sur les buts recherchés. Après tout, aucune loi n’oblige encore les hommes publics à ne parler que pour la « ménagère de plus de 35 ans » et l’on sait l’importance de la philosophie dans l’augustinisme et le thomisme. C’est cohérent.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
phil
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Message par phil »

Jean-Louis Palierne a écrit :Je crois qu’il y a plusieurs niveaux. D’une part le pape B16 est dans une situation tragique et cherche à faire des concessions aux orthodoxes que ceux-ci ne pourront ni refuser ni acceoter, mais marqueront le début d’une nouvelle étape de keurs relations, non plus confusionnistes, mais négociatives.

Mais d’autre part le consensus médiatico-idéologiue occidental politiquement correct et maçonique cherche à montrer que les religions ne peuvent parler que de paix, de tolérance et d’amour. Ceux qui parlent autrement sont accusés de fanatisme et de fondamentalime. Un court passage du discours de B16 a donc été utilisé pour montrer que dans ce geste il y a une tentative de raviver “l’esprit de croisade”.

B16 est dans le colimateur de tous les cathos “libéraux” (en particulier des cathos français “dans le vent”. Son élection a été très mal vécue par eux. Ils ne ratent aucune occasion de répandre sur lui des rumeurs défavorables. Et l’une des manières de lui savonner la planche est d’assurer que “non non, il n’a pas voulu porter atteinte aux bonnes relations entre l’Islam raisonnable et les cathos raisonnables. Il n’a fait que citer un texte médiéval". Et on fait remarquer, mezzo vioe, que "c’est un intellectuel de haut niveau, qui ne sait pas bien parler aux médias…"

B16 est dans une situation très délicate. Il sait qu’il est le capitaine d’”un vaisseau qui fait eau de toute part” comme il a dit lui-même. Il cherche une issue. Il est probable qu’au moins une grande partie du discours de Ratisbonne est destinée à alimenter le rapprochement avec les orthodoxes. Il leur faéit miroiter une participation à l’inspiration de l’Europe, au nom de l’identité chrétienne. Il laisse entendre qu’il ne croit pas à un rapprochement avec l’Islam. Il parle des Pères, de la Septante, de Byzance (l’allusion à l’Islam se trouve dans une citation d’un empereur byzantin, voilà qui facilitera le rapprochement entre la Turquie et l’Europe !), et probablement est prêt, dans des discussions plus confidentielles, à faire des concessions institutionnelles assez iomportantes.

Ceci explique l’embarras des épiscopats orthodoxes, qui ne sont pas disposés ni à dire oui, ni à dire non. Nous aurons certainement bien des occasions d’en reparler.

Mais ce discours n’arrive pas à passer du plan philosophique au plan théologique. Sa terminologie, sa méthodologie, sont très conceptuelles et rationalistes. Il faudrait aussi abandonner Thomas d’Aquin au profit de Grégoire Palamas.
phil
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Discours de Benoît XVI à Ratisbonne

Message par phil »

1) Je remercie lecteur Claude de ses encouragements à continuer mes interventions sur ce forum.

2) Je voulais réattirer l'attention sur le message de Jean-Louis Palierne du 21 septembre ci-dessus et placer ensuite un commentaire. C'est raté : j'ai fait une fausse manip.

Je continue donc ci-après :

Un certain nombre de messages m'ont fait réfléchir plus avant.

Entre autres, celui de Jean-Louis Palierne rappelé ci-dessus - que j'ai relu -, mais d'autres encore (chacun se reconnaîtra).

Effectivement, le texte de BHL pose, à mon avis, problème.

Le sujet est difficile et il faut essayer de ne pas froisser les susceptibilités, de quelque bord que ce soit...
Je me permets donc une simple hypothèse :

Et si, effectivement, la "petite phrase" de Benoît XVI sur certain empereur "byzantin" était un message codé destiné aux seuls "initiés" ?...

Et si BHL prenait ses désirs pour des réalités, ou encore, était un pêcheur en eaux troubles ? :

. Tout le monde connaît le réseau d'alliances actuel de la Turquie.

. Tout le monde connaît les "amitiés préférentielles" de BHL.

. Un certain nombre de gens ont dû lire, il y a quelques mois, comme je l'ai fait moi-même, dans "Le Figaro" ou dans "Le Monde" ou peut-être, dans un autre media, les déclarations "vexantes" (c'est un euphémisme...) du gouvernement turc concernant le Patriarcat Oecuménique.

Et si Benoît XVI avait voulu adresser un appel du pied à certains hauts responsables orthodoxes "méridionaux" ? Un appel à une "alliance objective", quelques soient les divergences doctrinales (car celles-ci existent et se sont peut-être, effectivement, approfondies, comme le pense Anne Geneviève).

Je rappelle que des négociations sont actuellement en cours (à ma connaissance, toujours !) avec le Patriarcat de Moscou. J'appelle l'attention sur certaines déclarations récentes de Mgr Kirill, métropolite de Smolensk - dont je ne sais plus quel ouvrage vient d'être publié par un éditeur... dominicain ou jésuite (eh oui !).

Et si la réaction n'avait pas été assez rapide, ou dans le sens espéré, le tout conjugué avec des réactions disproportionnées et inquiétantes venant d'un autrebord ?

Je précise bien entendu que je ne dispose évidemment d'aucune information préférentielle : je me contente de réfléchir tout haut !

3) Pour Anne Geneviève, dont j'ai lu avec grand intérêt la dernière intervention :

- Le livre de Louis Rougier auquel je faisais plus particulièrement allusion s'intitule : "Histoire d'une faillite : la scolastique" (JJ Pauvert, 1966).
[Comme par hasard, Alain de Libera faisait partie du "comité scientifique" chargé de chapeauter le récent colloque (Genève, 2004) consacré à... Louis Rougier - cf. Internet]. La préface, de ? (trou de mémoire !) Revert (?) rappelle, si je ne me trompe, le sentiment de soulagement éprouvé par certains théologiens à voir éclater, sous l'effet du précédent "Scolastique et thomisme" du même (Louis Rougier), le carcan maurrasso-thomiste imposé par la hiérarchie catholique,
- Je crois me souvenir d'une note en bas de page brossant à grands traits le tableau de la pensée théologique du cardinal J. Ratzinger, dans "Richard Simon, ou de l'illégitimité de l'augustinisme en théologie", de Patrick Ranson, L'Age d'homme.

N'ayant pas actuellement ces ouvrages sous les yeux, je ne peux malheureusement pas être plus précis.

Je m'arrête là, pour l'instant.
Stephanopoulos
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Message par Stephanopoulos »

L'islam, lui, n'apporte rien que de très plausible : un seul Dieu, qui, s'il parle aux hommes, reste dans son ciel. Argument qu'on peut d'ailleurs retourner en demandant si le prophète est utile. En a-t-on besoin pour savoir que Dieu est un et qu'il favorise les honnêtes gens ?Le pharaon Akhenaton ou Aristote le disaient déjà.
Les médias et les émissions télévisées qui traitent de la personne du pharaon Amenhotep IV (règne de -1378 à -1352) devenu Akhenaton (cela signifie Agréable à Aton) nous rabâchent à chaque occasion que ce dernier avait inventé un monothéisme. Les magazines spécialisés et les ouvrages de références sur l'Egypte antique contredisent pourtant ce genre d'affirmation. C'est en lisant, il y a bien un an maintenant, dans le quotidien Suisse "Le Matin" que j'ai compris pourquoi ce mensonge historique est ainsi largement diffusé : le but est de démontrer que le monothéisme (dans l'article du "Matin" on sentait bien que c'était le christianisme qui était visé) est intrinsèquement intolérant, tyrannique et mène au chaos de la société; ce que l'illustre Akhenaton était sensé avoir fait pour imposer sa "réforme" religieuse.

Il convient, ce me semble, de rétablir la vérité à ce sujet.

Selon Nicolas Grimal dans son "Histoire de l'Egypte ancienne": "Le changement n'a en soit rien de révolutionnaire et est bien loin d'être la religion révélée que l'on a parfois eu tendance à y voir pour trouver au christianisme des racines qui ne reflètent tout au plus qu'un fonds commun aux civilisations sémitiques. Nous avons suivi en effet depuis le début de la XVIIIe dynastie la montée des cultes héliopolitains, qui n'est que le prolongement d'un mouvement amorcé dès le Moyen Empire (qui a débuté avec Montouhotep II vers 2061 à la XIe dynastie NdL) : la "solarisation" des principaux dieux comme Amon par le biais de la forme syncrétique Amon-Rê. Cette tendance épouse celle qui apparaît dans les livres funéraires, le Livre de ce qu'il y a dans l'Hadès, les litanies solaires ou le Livre des Portes, et qui revient à concentrer autour de Rê la création et l'entretien de la vie. Il est sans doute exagéré de parler de monothéisme (Assmann : 1984, 235 sq), dans la mesure où cette concentration n'écarte aucun autre dieu, mais il est certain que se produit une fusion de compétences multiples dans le Créateur par excellence qu'est le soleil." (...). "L'impact de cette réforme sur la population est quasiment nul, pour deux raisons. La première est que la Cour se confine très vite à Akhenaton et que, les constructions de Karnak mises à part, la population n'a guère l'occasion d'apprécier le nouveau culte. La seconde , la plus profonde, est que ce culte ne correspond pas aux structures de la société : le peuple continue à vivre sur les bases religieuses traditionnelles. On a même retrouvé des invocations à Amon dans le village des ouvriers... d'Amarna!" (...). "D'ailleurs, l'image que donne Akhenaton est moins originale que ne le veut la tradition moderne. Il conserve tout l'apparat phraséologique de ses prédécesseurs." (...). "Sa "révolution" ne touche pas non plus l'administration qui reste ce qu'elle était, avec souvent les mêmes fonctionnaires." (Nicolas Grimal, Histoire de l'Egypte ancienne, Fayard, coll. Le Livre de Poche références, 1988, cf. pp. 293-296)

La raison la plus probable de l'aventure amarnienne est certainement le fait que le clergé d'Amon montait en puissance et que cela risquait, à force, de concurrencer dangereusement le pouvoir du pharaon. Car tous les changements opérés par Akhenaton n'ont porté de préjudices qu'au clergé de Karnak, comme s'il fallait à tout prix éliminer toute opposition.

Quant au vrai "retour à la normale" il n'est pas le fait de Toutânkhamon, comme il est souvent rapporté dans les médias, mais d' Horemheb le dernier roi de la XVIIIe dynastie. C'est d'ailleurs ce dernier qui persécuta le plus férocement les derniers partisans de la religion amarnienne, qu'il a pourtant servie avant sa montée au pouvoir. C'est à Horemheb que l'on doit la suppression de la ville d'Akhetaton, et le martelage des noms des rois hérétiques Toutânkhamon et Aÿ de tous les monuments. De quoi accréditer la thèse que le polythéisme est plus tolérent que le monothéisme quoi!
Stephanopoulos
Claude le Liseur
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Re: Discours de Benoît XVI à Ratisbonne

Message par Claude le Liseur »

phil a écrit :- Je crois me souvenir d'une note en bas de page brossant à grands traits le tableau de la pensée théologique du cardinal J. Ratzinger, dans "Richard Simon, ou de l'illégitimité de l'augustinisme en théologie", de Patrick Ranson, L'Age d'homme.

N'ayant pas actuellement ces ouvrages sous les yeux, je ne peux malheureusement pas être plus précis.

Je m'arrête là, pour l'instant.
Votre mémoire ne vous trompe pas. Il s'agit de la note 507, page 203, de ce livre capital.

Je cite d'abord la phrase du corps du texte à laquelle se réfère la note:

"Nous avons cité Tresmontant et Gilson comme deux exemples extrêmes; mais de nombreux auteurs catholiques, de Rahner à Ratzinger, et de Philippe à Marion, revendiquent, sous des formes différentes, l'usage de la métaphysique ou de la philosophie comme nécessaire à l'étude de la théologie."

Je cite maintenant la note de bas de page:

"Ratzinger, surnommé par certains catholiques le "Panzer-cardinal", est connu de tous comme un défenseur de la scolastique, et d'Augustin aussi bien que de Thomas d'Aquin.
Rahner, partisan de l'historiciité et de la philosophie plurielle, soutient clairmeent que "la philosophie est au coeur de la théologie", bien qu'il n'admette plus le concept de "philosophia perennis". Cf. Rahner, Oeuvres Théologiques, tome 11, Paris 1970, chapitre intitulé: "La réflexion philosophique ou théologique".
Pour Philippe, professeur à l'Université de Fribourg, auteur de De l'être à Dieu, Paris 1977, c'est un thomiste déclaré, un tenant de la scolastique pure et dure, comme il y en a un certain nombre aussi en France; pour Marion et le groupe de la revue Communio, métaphysique et théologie semblent se confondre; leur approche est si dialectique, qu'on ne saurait dire, par exemple, au terme d'un long article sur l'Ascension, si l'auteur croit un mot de ce dogme ou non, tant sa spéculation se fait de l'extérieur. La revue Communio a publié un livre de C. Bruaire intitulé Pour la métaphysique."

Le livre date de 1990. S'il n'y a eu aucun changement dans la théologie du cardinal Ratzinger, aujourd'hui pape Benoît XVI, il n'y a aucune raison d'espérer un retour à la spiritualité et à la foi apostoliques, mais il y a, au contraire, toutes les raisons de craindre un retour au thomisme et à la scolastique.

En réponse à M. Maraite, je trouve qu'il est un peu léger de rejeter une analyse (pour une fois étayée) de Bernard-Henri Lévy du seul fait qu'elle émane de Bernard-Henri Lévy. Que le personnage écrive avec un fer à repasser, c'est un fait. Mais il ne faut pas oublier que c'est l'idéologue de langue française le plus influent de ces trente dernières années. Pour son biographe Philippe Cohen, BHL, Fayard, Paris 2005, "avec L'Idéologie française, en 1981, il convainc la gauche de rejeter la Nation et la Révolution française, et lui impose une lecture différente de son histoire, devenue aujourd'hui hégémonique" (4e de couverture); "vingt ans plus tard, les idées de ce livre dominent à gauche et elles ont été déterminantes dans la manière dont ses partis et ses militants abordèrent les questions du racisme, de l'intégration, de la lutte contre le Front national et, finalement, la question du peuple" (op. cit., p. 15). En clair, nous parlons ici du personnage qui a fait que Pierre Brossolette, Jules Moch, Guy Mollet ou Robert Lacoste, s'ils sortaient du tombeau, auraient bien de la peine à se reconnaître dans ce qu'est devenu le parti socialiste français aujourd'hui. Nous parlons d'un personnage qui a été un intime du président Mitterrand. En outre, le fait, que j'ai déjà maintes fois mentionné sur ce forum, qu'il ait reçu les stigmates, est un indice d'un cerveau d'une rare puissance (pour ceux qui ne comprendraient pas, je cite encore une fois Montaigne: "Les uns attribuent à la force de l'imagination les cicatrices du Roy Dagobert et de Sainct François" -Essais, livre I, chapitre XXI, "De la force de l'imagination"). Qu'il soit mauvais écrivain ne change rien à l'affaire. Par l'influence qu'il a, par les milieux qu'il a fréquentés, il n'y aurait rien de surprenant à ce qu'il vît des choses que le commun d'entre nous ne peut pas voir.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

L’Islam était visé par le discours de Ratisbonne certes, mais je maintiens que c’était pour l’auteur de ce discours une manière de se mettre en bonne position, de se dédouaner, avant de procéder à la liquidation d’un pan important de l’héritage du règne précédent. Et pour autant que je puisse comprendre il s’agit pour lui de rompre, pour commencer, avec le confusionnisme interconfessionnel dit, bien à tort, “œcuméniste”, a fortiori avec les tentations du dialogue interreligieux, au profit d’une affirmation des “sources chrétiennes” de l’Occident, et en particulier de l’Europe. Par contre il tente une “négociation au sommet” avec les Églises orthodoxes, mais donne la préférence à un dialogue avec le patriarcat œcuménique par rapport à un dialogue avec le patriarcat de Moscou.

Quiconque connaît les servitudes imposées à la liberté d’expression dans la vie publique des pays musulmans sait bien que de telles manifestations n’ont pu avoir lieu qu’avec l’encouragement (quel euphémisme !) du pouvoir et de ses organes. Elles ont été amplifiées illico par les médias occidentaux pour qui toute critique de l’Islam procède d’une inqualifiable attitude d’intolérance. Et de citer d’abondance les cardinaux français (il est vrai que ceux-ci sont affolés de ce que B16 rejette totalement mes mesures que l’épiscopat français propose pour sauver l’Église, et reprises par exemple dans le livre-testament de l’Abbé Pierre : mariage des prêtres, ordination des femmes et bienveillance aux homosexuels). Sous-entendu, Ratzinger, on vous l’avait bien dit dès le lendemain de son élection, est un clérico-fasciste, qui rêve de rallumer les bûchers de l’Inquisition, un “Panzer-cardinal”.

Ce n’est certes pas par hasard s’il a repris le nom d’Église de Benoît XV (della Chiesa), ce pape qui fut élu en 1914 après un veto de l’Empereur d’Autriche-Hongrie alors que le conclave avait élu un homme “acquis à la philosophie des Lumières”. Mais il se distingue de ses prédécesseurs traditionnalistes, et de tous les traditionnalistes catholiques, par sa conscience de la situation désespérée de l’Église qu’il préside, alors que les traditionnalistes catholiques pensent qu’il suffit de reprendre les bonnes vieilles habitudes d’avant le funeste Concile de Vatican II pour repartir dans la bonne direction.

Il est probable qu’il prévoit d’annoncer des pas en avant dans cette direction (et qu’il les a déjà laissées entendre), mais qu’il s’agit essentiellement de décisions organisationnelles, d’équivalences rituelles et hiérarchiques. Et il lâche les uniates. Or ce n’est qu’une petite partie du problème, et on ne peut traiter pour négligeables les questions dogmatiques et spirituelles. Il est difficile de prévoir ce que pourra être la dynamique des négociations. L’argumentation rationaliste risque de ne pas faire beaucoup d’effet sur les interlocuteurs orthodoxes.

C’est d’autant plus difficile que les responsables des Églises orthodoxie se trouvent dans un état de grande anarchie. Le synode de Constantinople détient canoniquement une aurorité incontestable, mais il ne dispose pas, ni en quantité, ni en qualité, du personnel nécessaire pour exercer en pratique son autorité. Il est fort possible que le pape privilégie le dialogue avec certaines Églises autocéphales… pour trouver des interlocuteurs.
Jean-Louis Palierne
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Ce qui m’intéresse surtout chez Rémi Brague, c’est son personnalisme, c’est la façon dont il assimile transcendance et mystère de la personne ; qu’il partage l’inculture de la plupart des intellectuels de notre époque en matière d’égyptologie me semble secondaire. Il aurait pu citer aussi bien l’Enuma elish ! Si je devais critiquer vraiment quelque chose de son intervention, ce serait sa double définition de la raison, à la fois méthode scientifique et règles morales. On retrouve l’ambiguïté classique en français sur le terme conscience. Il m’avait toujours semblé que la raison était d’abord une faculté de l’homme capable d’élaborer de l’ordre, qu’il soit mathématique ou social pour reprendre ses extrêmes. Or cette question de la raison est centrale dans le discours de B16.
Le plus étonnant, c’est que la mousse médiatique ne retombe pas. Tout le monde y va de son commentaire et de ses hypothèses, y compris sur Internet où Google aligne ce soir 16 800 réponses pour une demande en anglais.

A qui s’adresse exactement ce discours ? J’ai beaucoup lu, beaucoup écouté. Je ne suis pas parvenue à une idée claire. Je ne pense pas que ce soit codé pour les « initiés » ; lesquels ? La Curie n’a pas besoin de discours publics. J’ai peur que nous en fassions tous une interprétation trop française. N’oublions pas que B16 est allemand, enfant d’un pays qui se veut depuis le XVIIIe siècle l’héritier de la philosophie grecque et la seule nation philosophe. D’ailleurs l’histoire de la philo, dans les programmes scolaires, se décline en allemand : Kant, Hegel, Fichte, Schopenhauer, Heidegger, Nietzsche et j’en oublie. Quand il parle d’hellénisation, quand il cite un empereur byzantin pour sa référence au logos (avec une minuscule, le logos humain qu’il assimile à la raison), il ne faut peut-être pas chercher tant de sous-entendus. Je vais essayer de trouver la version allemande du discours, j’aimerais savoir comment il traduit logos en allemand.

BHL. Oui, c’est un homme d’influence et pas forcément de la meilleure eau. Plus intelligent qu’il ne le semble et surtout au fait de ce qui se dit dans la plupart des think tanks où s’élabore la politique internationale. Je l’ai souvent critiqué, je ne commettrais pas l’erreur de le négliger.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

En allemand, B16 emploie Vernunft qui signifie, selon le dictionnaire de Sachs-Villate: entendement, intellect. Il s'agit donc bien de la faculté humaine d'intellection. La référence à Thomas d'Aquin contre Duns Scott prend sens. La traduction par "raison" pourrait être aussi bien de la bêtise que de la propagande.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
serge maraite
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Message par serge maraite »

Bonne nuit,
Y a qu'à demander, le voici ce discours en allemand. Apparemment, selon la dernière note, il s'agit d'une versions provisoire sous réserve.
(et tous les discours sous http://www.benedikt-in-bayern.de/EMF244/EMF024339.asp)
Il dit "Logos" et ajoute "Logos ist Vernunft und Wort zugleich – eine Vernunft, die schöpferisch ist und sich mitteilen kann, aber eben als Vernunft"

Papst Benedikt XVI. in Bayern
12. September 2006
Begegnung mit Wissenschaftlern
in der Aula der Universität Regensburg
Rede des Heiligen Vaters
Anmerkung: Die Schreibfehler im Text der Ansprache des Papstes sind Übermittlungsfehler und konnten wegen
der Beschaffenheit der Datei nicht korrigiert werden.
10
Glaube, Vernunft und Universität.
Erinnerungen und Reflexionen.
Sehr geehrte Damen und Herren!
Es ist für mich ein bewegender Augenblick, noch einmal am Pult der Universität zu
stehen und noch einmal eine Vorlesung halten zu dürfen. Meine Gedanken gehen dabei
zurück in die Jahre, in denen ich an der Universität Bonn nach einer schönen Periode an der
Freisinger Hochschule meine Tätigkeit als akademischer Lehrer aufgenommen habe. Es war –
1959 – noch die Zeit der alten Ordinarien-Universität. Für die einzelnen Lehrstühle gab es
weder Assistenten noch Schreibkräfte, dafür aber gab es eine sehr unmittelbare Begegnung
mit den Studenten und vor allem auch der Professoren untereinander. In den Dozentenräumen
traf man sich vor und nach den Vorlesungen. Die Kontakte mit den Historikern, den
Philosophen, den Philologen und natürlich auch zwischen beiden Theologischen Fakultäten
waren sehr lebendig. Es gab jedes Semester einen sogenannten Dies academicus, an dem sich
Professoren aller Fakultäten den Studenten der gesamten Universität vorstellten und so ein
wirkliches Erleben von Universitas möglich wurde: Daß wir in allen Spezialisierungen, die
uns manchmal sprachlos füreinander machen, doch ein Ganzes bilden und im Ganzen der
einen Vernunft mit all ihren Dimensionen arbeiten und so auch in einer gemeinschaftlichen
Verantwortung für den rechten Gebrauch der Vernunft stehen – das wurde erlebbar. Die
Universität war auch durchaus stolz auf ihre beiden Theologischen Fakultäten. Es war klar,
daß auch sie, indem sie nach der Vernunft des Glaubens fragen, eine Arbeit tun, die notwendig
zum Ganzen der Universitas scientiarum gehört, auch wenn nicht alle den Glauben teilen
konnten, um dessen Zuordnung zur gemeinsamen Vernunft sich die Theologen mühen. Dieser
innere Zusammenhalt im Kosmos der Vernunft wurde auch nicht gestört, als einmal
verlautete, einer der Kollegen habe geäußert, an unserer Universität gebe es etwas Merkwürdiges:
zwei Fakultäten, die sich mit etwas befaßten, was es gar nicht gebe – mit Gott. Daß es
auch solch radikaler Skepsis gegenüber notwendig und vernünftig bleibt, mit der Vernunft
nach Gott zu fragen und es im Zusammenhang der Überlieferung des christlichen Glaubens
zu tun, war im Ganzen der Universität unbestritten.
All dies ist mir wieder in den Sinn gekommen, als ich kürzlich den von Professor
Theodore Khoury (Münster) herausgegebenen Teil des Dialogs las, den der gelehrte byzantinische
Kaiser Manuel II. Palaeologos wohl 1391 im Winterlager zu Ankara mit einem
gebildeten Perser über Christentum und Islam und beider Wahrheit führte. Der Kaiser hat
wohl während der Belagerung von Konstantinopel zwischen 1394 und 1402 den Dialog
aufgezeichnet; so versteht man auch, daß seine eigenen Ausführungen sehr viel ausführlicher
wiedergegeben sind als die Antworten des persischen Gelehrten. Der Dialog erstreckt sich
über den ganzen Bereich des von Bibel und Koran umschriebenen Glaubensgefüges und
kreist besonders um das Gottes- und das Menschenbild, aber auch immer wieder notwendigerweise
um das Verhältnis der „drei Gesetze“: Altes Testament – Neues Testament – Koran.
In dieser Vorlesung möchte ich nur einen – im Aufbau des Dialogs eher marginalen – Punkt
behandeln, der mich im Zusammenhang des Themas Glaube und Vernunft fasziniert hat und
der mir als Ausgangspunkt für meine Überlegungen zu diesem Thema dient.
In der von Professor Khoury herausgegebenen siebten Gesprächsrunde (διάλεξις –
Kontroverse) kommt der Kaiser auf das Thema des Djihād (heiliger Krieg) zu sprechen. Der
Kaiser wußte sicher, daß in Sure 2, 256 steht: Kein Zwang in Glaubenssachen – es ist eine der
frühen Suren aus der Zeit, in der Mohammed selbst noch machtlos und bedroht war. Aber der
Kaiser kannte natürlich auch die im Koran niedergelegten – später entstandenen – Bestimmungen
über den heiligen Krieg. Ohne sich auf Einzelheiten wie die unterschiedliche
Behandlung von „Schriftbesitzern“ und „Ungläubigen“ einzulassen, wendet er sich in
erstaunlich schroffer Form ganz einfach mit der zentralen Frage nach dem Verhältnis von
Religion und Gewalt überhaupt an seinen Gesprächspartner. Er sagt: „Zeig mir doch, was
Mohammed Neues gebracht hat und da wirst du nur Schlechtes und Inhumanes finden wie
dies, daß er vorgeschrieben hat, den Glauben, den er predigte, durch das Schwert zu verbreiten“.
Der Kaiser begründet dann eingehend, warum Glaubensverbreitung durch Gewalt
widersinnig ist. Sie steht im Widerspruch zum Wesen Gottes und zum Wesen der Seele.
„Gott hat kein Gefallen am Blut, und nicht vernunftgemäß (σν λόγω) zu handeln, ist dem
Wesen Gottes zuwider. Der Glaube ist Frucht der Seele, nicht des Körpers. Wer also
jemanden zum Glauben führen will, braucht die Fähigkeit zur guten Rede und ein rechtes
Denken, nicht aber Gewalt und Drohung… Um eine vernünftige Seele zu überzeugen,
braucht man nicht seinen Arm, nicht Schlagwerkzeuge noch sonst eines der Mittel, durch die
man jemanden mit dem Tod bedrohen kann…“.
Der entscheidende Satz in dieser Argumentation gegen Bekehrung durch Gewalt
lautet: Nicht vernunftgemäß handeln, ist dem Wesen Gottes zuwider. Der Herausgeber,
Theodore Khoury, kommentiert dazu: Für den Kaiser als einen in griechischer Philosophie
aufgewachsenen Byzantiner ist dieser Satz evident. Für die moslemische Lehre hingegen ist
Gott absolut transzendent. Sein Wille ist an keine unserer Kategorien gebunden und sei es die
der Vernünftigkeit. Khoury zitiert dazu eine Arbeit des bekannten französischen Islamologen
R. Arnaldez, der darauf hinweist, daß Ibn Hazn so weit gehe zu erklären, daß Gott auch nicht
durch sein eigenes Wort gehalten sei und daß nichts ihn dazu verpflichte, uns die Wahrheit zu
offenbaren. Wenn er es wollte, müsse der Mensch auch Idolatrie treiben.
Hier tut sich ein Scheideweg im Verständnis Gottes und so in der konkreten Verwirklichung
von Religion auf, der uns heute ganz unmittelbar herausfordert. Ist es nur griechisch
zu glauben, daß vernunftwidrig zu handeln dem Wesen Gottes zuwider ist, oder gilt das
immer und in sich selbst? Ich denke, daß an dieser Stelle der tiefe Einklang zwischen dem,
was im besten Sinn griechisch ist und dem auf der Bibel gründenden Gottesglauben sichtbar
wird. Den ersten Vers der Genesis abwandelnd, hat Johannes den Prolog seines Evangeliums
mit dem Wort eröffnet: Im Anfang war der Logos. Dies ist genau das Wort, das der Kaiser
gebraucht: Gott handelt mit Logos. Logos ist Vernunft und Wort zugleich – eine Vernunft,
die schöpferisch ist und sich mitteilen kann, aber eben als Vernunft. Johannes hat uns damit
das abschließende Wort des biblischen Gottesbegriffs geschenkt, in dem alle die oft mühsamen
und verschlungenen Wege des biblischen Glaubens an ihr Ziel kommen und ihre
Synthese finden. Im Anfang war der Logos, und der Logos ist Gott, so sagt uns der Evangelist.
Das Zusammentreffen der biblischen Botschaft und des griechischen Denkens war kein
Zufall. Die Vision des heiligen Paulus, dem sich die Wege in Asien verschlossen und der
nächtens in einem Gesicht einen Mazedonier sah und ihn rufen hörte: Komm herüber und hilf
uns (Apg 16, 6 – 10) – diese Vision darf als Verdichtung des von innen her nötigen Aufeinanderzugehens
zwischen biblischem Glauben und griechischem Fragen gedeutet werden.
Dabei war dieses Zugehen längst im Gang. Schon der geheimnisvolle Gottesname
vom brennenden Dornbusch, der diesen Gott aus den Göttern mit den vielen Namen
herausnimmt und von ihm einfach das Sein aussagt, ist eine Bestreitung des Mythos, zu der
der sokratische Versuch, den Mythos zu überwinden und zu übersteigen, in einer inneren
Analogie steht. Der am Dornbusch begonnene Prozeß kommt im Innern des Alten Testaments
zu einer neuen Reife während des Exils, wo nun der landlos und kultlos gewordene Gott
Israels sich als den Gott des Himmels und der Erde verkündet und sich mit einer einfachen,
das Dornbusch-Wort weiterführenden Formel vorstellt: „Ich bin’s.“ Mit diesem neuen
Erkennen Gottes geht eine Art von Aufklärung Hand in Hand, die sich im Spott über die
Götter drastisch ausdrückt, die nur Machwerke der Menschen sind (vgl. Ps 115). So geht der
biblische Glaube in der hellenistischen Epoche bei aller Schärfe des Gegensatzes zu den
hellenistischen Herrschern, die die Angleichung an die griechische Lebensweise und ihren
Götterkult erzwingen wollten, dem Besten des griechischen Denkens von innen her entgegen
zu einer gegenseitigen Berührung, wie sie sich dann besonders in der späten Weisheits-
Literatur vollzogen hat. Heute wissen wir, daß die in Alexandrien entstandene griechische
Übersetzung des Alten Testaments – die Septuaginta – mehr als eine bloße (vielleicht wenig
positiv zu beurteilende) Übersetzung des hebräischen Textes, nämlich ein selbständiger
Textzeuge und ein eigener wichtiger Schritt der Offenbarungsgeschichte ist, in dem sich diese
Begegnung auf eine Weise realisiert hat, die für die Entstehung des Christentums und seine
Verbreitung entscheidende Bedeutung gewann. Zutiefst geht es dabei um die Begegnung
zwischen Glaube und Vernunft, von rechter Aufklärung und Religion. Manuel II. hat wirklich
aus dem inneren Wesen des christlichen Glaubens heraus und zugleich aus dem Wesen des
Hellenistischen, das sich mit dem Glauben verschmolzen hatte, sagen können: Nicht „mit
dem Logos“ handeln, ist dem Wesen Gottes zuwider.
Hier ist der Redlichkeit halber anzumerken, daß sich im Spätmittelalter Tendenzen der
Theologie entwickelt haben, die diese Synthese von Griechischem und Christlichem
aufsprengen. Gegenüber dem sogenannten augustinischen und thomistischen Intellektualismus
beginnt bei Duns Scotus eine Position des Voluntarismus, die schließlich dahinführte zu
sagen, wir kennten von Gott nur seine Voluntas ordinata. Jenseits davon gebe es die Freiheit
Gottes, kraft derer er ja auch das Gegenteil von allem, was er getan hat, hätte machen und tun
können. Hier zeichnen sich Positionen ab, die denen von Ibn Hazn durchaus nahekommen
können und auf das Bild eines Willkür-Gottes zulaufen könnten, der auch nicht an die
Wahrheit und an das Gute gebunden ist. Die Transzendenz und die Andersheit Gottes werden
so weit übersteigert, daß auch unsere Vernunft, unser Sinn für das Wahre und Gute kein
wirklicher Spiegel Gottes mehr sind, dessen abgründige Möglichkeiten hinter seinen
tatsächlichen Entscheiden für uns ewig unzugänglich und verborgen bleiben. Demgegenüber
hat der kirchliche Glaube immer daran festgehalten, daß es zwischen Gott und uns, zwischen
seinem ewigen Schöpfergeist und unserer geschaffenen Vernunft eine wirkliche Analogie
gibt, in der zwar die Unähnlichkeiten unendlich größer sind als die Ähnlichkeiten, daß aber
eben doch die Analogie und ihre Sprache nicht aufgehoben werden (vgl. Lat IV). Gott wird
nicht göttlicher dadurch, daß wir ihn in einen reinen und undurchschaubaren Voluntarismus
entrücken, sondern der wahrhaft göttliche Gott ist der Gott, der sich als Logos gezeigt und als
Logos liebend für uns gehandelt hat und handelt. Gewiß, die Liebe „übersteigt“ die Erkenntnis
und vermag daher mehr wahrzunehmen als das bloße Denken (vgl. Eph 3, 19), aber sie
bleibt doch Liebe des Gottes-Logos, weshalb christlicher Gottesdienst λογικ λατρεία ist –
Gottesdienst, der im Einklang mit dem ewigen Wort und mit unserer Vernunft steht (vgl. Röm
12, 1).
Dieses hier angedeutete innere Zugehen aufeinander, das sich zwischen biblischem
Glauben und griechischem philosophischem Fragen vollzogen hat, ist ein nicht nur religionsgeschichtlich,
sondern weltgeschichtlich entscheidender Vorgang, der uns auch heute in
Pflicht nimmt. Wenn man diese Begegnung sieht, ist es nicht verwunderlich, daß das
Christentum trotz seines Ursprungs und wichtiger Entfaltungen im Orient schließlich seine
geschichtlich entscheidende Prägung in Europa gefunden hat. Wir können auch umgekehrt
sagen: Diese Begegnung, zu der dann noch das Erbe Roms hinzutritt, hat Europa geschaffen
und bleibt die Grundlage dessen, was man mit Recht Europa nennen kann.
Der These, daß das kritisch gereinigte griechische Erbe wesentlich zum christlichen
Glauben gehört, steht die Forderung nach der Enthellenisierung des Christentums entgegen,
die seit dem Beginn der Neuzeit wachsend das theologische Ringen beherrscht. Wenn man
näher zusieht, kann man drei Wellen des Enthellenisierungsprogramms beobachten, die zwar
miteinander verbunden, aber in ihren Begründungen und Zielen doch deutlich voneinander
verschieden sind.
Die Enthellenisierung erscheint zuerst mit den Grundanliegen der Reformation des 16.
Jahrhunderts verknüpft. Die Reformatoren sahen sich angesichts der theologischen Schultradition
einer ganz von der Philosophie her bestimmten Systematisierung des Glaubens
gegenüber, sozusagen einer Fremdbestimmung des Glaubens durch ein nicht aus ihm
kommendes Denken. Der Glaube erschien dabei nicht mehr als lebendiges geschichtliches
Wort, sondern eingehaust in ein philosophisches System. Das Sola Scriptura sucht demgegenüber
die reine Urgestalt des Glaubens, wie er im biblischen Wort ursprünglich da ist.
Metaphysik erscheint als eine Vorgabe von anderswoher, von der man den Glauben befreien
muß, damit er ganz wieder er selber sein könne. In einer für die Reformatoren nicht vorhersehbaren
Radikalität hat Kant mit seiner Aussage, er habe das Denken beiseite schaffen
müssen, um dem Glauben Platz zu machen, aus diesem Programm heraus gehandelt. Er hat
dabei den Glauben ausschließlich in der praktischen Vernunft verankert und ihm den Zugang
zum Ganzen der Wirklichkeit abgesprochen.
Die liberale Theologie des 19. und 20. Jahrhunderts brachte eine zweite Welle im
Programm der Enthellenisierung mit sich, für die Adolf von Harnack als herausragender
Repräsentant steht. In der Zeit, als ich studierte, wie in den frühen Jahren meines akademischen
Wirkens war dieses Programm auch in der katholischen Theologie kräftig am Werk.
Pascals Unterscheidung zwischen dem Gott der Philosophen und dem Gott Abrahams, Isaaks
und Jakobs diente als Ausgangspunkt dafür. In meiner Bonner Antrittsvorlesung von 1959
habe ich mich damit auseinanderzusetzen versucht. Dies alles möchte ich hier nicht neu
aufnehmen. Wohl aber möchte ich wenigstens in aller Kürze versuchen, das unterscheidend
Neue dieser zweiten Enthellenisierungswelle gegenüber der ersten herauszustellen. Als
Kerngedanke erscheint bei Harnack die Rückkehr zum einfachen Menschen Jesus und zu
seiner einfachen Botschaft, die allen Theologisierungen und eben auch Hellenisierungen
voraus liege: Diese einfache Botschaft stelle die wirkliche Höhe der religiösen Entwicklung
der Menschheit dar. Jesus habe den Kult zugunsten der Moral verabschiedet. Er wird im
letzten als Vater einer menschenfreundlichen moralischen Botschaft dargestellt. Dabei geht es
im Grunde darum, das Christentum wieder mit der modernen Vernunft in Einklang zu
bringen, eben indem man es von scheinbar philosophischen und theologischen Elementen wie
etwa dem Glauben an die Gottheit Christi und die Dreieinheit Gottes befreie. Insofern ordnet
die historisch-kritische Auslegung des Neuen Testaments die Theologie wieder neu in den
Kosmos der Universität ein: Theologie ist für Harnack wesentlich historisch und so streng
wissenschaftlich. Was sie auf dem Weg der Kritik über Jesus ermittelt, ist sozusagen
Ausdruck der praktischen Vernunft und damit auch im Ganzen der Universität vertretbar. Im
Hintergrund steht die neuzeitliche Selbstbeschränkung der Vernunft, wie sie in Kants
Kritiken klassischen Ausdruck gefunden hatte, inzwischen aber vom naturwissenschaftlichen
Denken weiter radikalisiert wurde. Diese moderne Auffassung der Vernunft beruht auf einer
durch den technischen Erfolg bestätigten Synthese zwischen Platonismus (Cartesianismus)
und Empirismus, um es verkürzt zu sagen. Auf der einen Seite wird die mathematische
Struktur der Materie, sozusagen ihre innere Rationalität vorausgesetzt, die es möglich macht,
sie in ihrer Wirkform zu verstehen und zu gebrauchen: Diese Grundvoraussetzung ist
sozusagen das platonische Element im modernen Naturverständnis. Auf der anderen Seite
geht es um die Funktionalisierbarkeit der Natur für unsere Zwecke, wobei die Möglichkeit der
Verifizierung oder Falsifizierung im Experiment erst die entscheidende Gewißheit liefert. Das
Gewicht zwischen den beiden Polen kann je nachdem mehr auf der einen oder der anderen
Seite liegen. Ein so streng positivistischer Denker wie J. Monod hat sich als überzeugter
Platoniker bzw. Cartesianer bezeichnet.
Dies bringt zwei für unsere Frage entscheidende Grundorientierungen mit sich. Nur
die im Zusammenspiel von Mathematik und Empirie sich ergebende Form von Gewißheit
gestattet es, von Wissenschaftlichkeit zu sprechen. Was Wissenschaft sein will, muß sich
diesem Maßstab stellen. So versuchen dann auch die auf die menschlichen Dinge bezogenen
Wissenschaften wie Geschichte, Psychologie, Soziologie, Philosophie sich diesem Kanon von
Wissenschaftlichkeit anzunähern. Wichtig für unsere Überlegungen ist aber noch, daß die
Methode als solche die Gottesfrage ausschließt und sie als unwissenschaftliche oder
vorwissenschaftliche Frage erscheinen läßt. Damit aber stehen wir vor einer Verkürzung des
Radius von Wissenschaft und Vernunft, die in Frage gestellt werden muß.
Darauf werden wir zurückkommen. Einstweilen bleibt festzustellen, daß bei einem
von dieser Sichtweise her bestimmten Versuch, Theologie „wissenschaftlich“ zu erhalten,
vom Christentum nur ein armseliges Fragmentstück übrigbleibt. Aber wir müssen mehr
sagen: Der Mensch selbst wird dabei verkürzt. Denn die eigentlich menschlichen Fragen, die
nach unserem Woher und Wohin, die Fragen der Religion und des Ethos können dann nicht
im Raum der gemeinsamen, von der „Wissenschaft“ umschriebenen Vernunft Platz finden
und müssen ins Subjektive verlegt werden. Das Subjekt entscheidet mit seinen Erfahrungen,
was ihm religiös tragbar erscheint, und das subjektive „Gewissen“ wird zur letztlich einzigen
ethischen Instanz. So aber verlieren Ethos und Religion ihre gemeinschaftsbildende Kraft und
verfallen der Beliebigkeit. Dieser Zustand ist für die Menschheit gefährlich: Wir sehen es an
den uns bedrohenden Pathologien der Religion und der Vernunft, die notwendig ausbrechen
müssen, wo die Vernunft so verengt wird, daß ihr die Fragen der Religion und des Ethos nicht
mehr zugehören. Was an ethischen Versuchen von den Regeln der Evolution oder von
Psychologie und Soziologie her bleibt, reicht ganz einfach nicht aus.
Bevor ich zu den Schlußfolgerungen komme, auf die ich mit alledem hinaus will, muß
ich noch kurz die dritte Enthellenisierungswelle andeuten, die zurzeit umgeht. Angesichts der
Begegnung mit der Vielheit der Kulturen sagt man heute gern, die Synthese mit dem
Griechentum, die sich in der alten Kirche vollzogen habe, sei eine erste Inkulturation des
Christlichen gewesen, auf die man die anderen Kulturen nicht festlegen dürfe. Ihr Recht
müsse es sein, hinter diese Inkulturation zurückzugehen auf die einfache Botschaft des Neuen
Testaments, um sie in ihren Räumen jeweils neu zu inkulturieren. Diese These ist nicht
einfach falsch, aber doch vergröbert und ungenau. Denn das Neue Testament ist griechisch
geschrieben und trägt in sich selber die Berührung mit dem griechischen Geist, die in der
vorangegangenen Entwicklung des Alten Testaments gereift war. Gewiß gibt es Schichten im
Werdeprozeß der alten Kirche, die nicht in alle Kulturen eingehen müssen. Aber die
Grundentscheidungen, die eben den Zusammenhang des Glaubens mit dem Suchen der
menschlichen Vernunft betreffen, die gehören zu diesem Glauben selbst und sind seine ihm
gemäße Entfaltung.
Damit komme ich zum Schluß. Die eben in ganz groben Zügen versuchte Selbstkritik
der modernen Vernunft schließt ganz und gar nicht die Auffassung ein, man müsse nun
wieder hinter die Aufklärung zurückgehen und die Einsichten der Moderne verabschieden.
Das Große der modernen Geistesentwicklung wird ungeschmälert anerkannt: Wir alle sind
dankbar für die großen Möglichkeiten, die sie dem Menschen erschlossen hat und für die
Fortschritte an Menschlichkeit, die uns geschenkt wurden. Das Ethos der Wissenschaftlichkeit
ist im übrigen Wille zum Gehorsam gegenüber der Wahrheit und insofern Ausdruck einer
Grundhaltung, die zu den Grundentscheiden des Christlichen gehört. Nicht Rücknahme, nicht
negative Kritik ist gemeint, sondern um Ausweitung unseres Vernunftbegriffs und -gebrauchs
geht es. Denn bei aller Freude über die neuen Möglichkeiten des Menschen sehen wir auch
die Bedrohungen, die aus diesen Möglichkeiten aufsteigen und müssen uns fragen, wie wir
ihrer Herr werden können. Wir können es nur, wenn Vernunft und Glaube auf neue Weise
zueinanderfinden; wenn wir die selbstverfügte Beschränkung der Vernunft auf das im
Experiment Falsifizierbare überwinden und der Vernunft ihre ganze Weite wieder eröffnen.
In diesem Sinn gehört Theologie nicht nur als historische und humanwissenschaftliche
Disziplin, sondern als eigentliche Theologie, als Frage nach der Vernunft des Glaubens an die
Universität und in ihren weiten Dialog der Wissenschaften hinein.
Nur so werden wir auch zum wirklichen Dialog der Kulturen und Religionen fähig,
dessen wir so dringend bedürfen. In der westlichen Welt herrscht weithin die Meinung, allein
die positivistische Vernunft und die ihr zugehörigen Formen der Philosophie seien universal.
Aber von den tief religiösen Kulturen der Welt wird gerade dieser Ausschluß des Göttlichen
aus der Universalität der Vernunft als Verstoß gegen ihre innersten Überzeugungen angesehen.
Eine Vernunft, die dem Göttlichen gegenüber taub ist und Religion in den Bereich der
Subkulturen abdrängt, ist unfähig zum Dialog der Kulturen. Dabei trägt, wie ich zu zeigen
versuchte, die moderne naturwissenschaftliche Vernunft mit dem ihr innewohnenden
platonischen Element eine Frage in sich, die über sie und ihre methodischen Möglichkeiten
hinausweist. Sie selber muß die rationale Struktur der Materie wie die Korrespondenz
zwischen unserem Geist und den in der Natur waltenden rationalen Strukturen ganz einfach
als Gegebenheit annehmen, auf der ihr methodischer Weg beruht. Aber die Frage, warum dies
so ist, die besteht doch und muß von der Naturwissenschaft weitergegeben werden an andere
Ebenen und Weisen des Denkens – an Philosophie und Theologie. Für die Philosophie und in
anderer Weise für die Theologie ist das Hören auf die großen Erfahrungen und Einsichten der
religiösen Traditionen der Menschheit, besonders aber des christlichen Glaubens, eine
Erkenntnisquelle, der sich zu verweigern eine unzulässige Verengung unseres Hörens und
Antwortens wäre. Mir kommt da ein Wort des Sokrates an Phaidon in den Sinn. In den
vorangehenden Gesprächen hatte man viele falsche philosophische Meinungen berührt, und
nun sagt Sokrates: Es wäre wohl zu verstehen, wenn einer aus Ärger über so viel Falsches
sein übriges Leben lang alle Reden über das Sein haßte und schmähte. Aber auf diese Weise
würde er der Wahrheit des Seienden verlustig gehen und einen sehr großen Schaden erleiden.
Der Westen ist seit langem von dieser Abneigung gegen die grundlegenden Fragen seiner
Vernunft bedroht und kann damit nur einen großen Schaden erleiden. Mut zur Weite der
Vernunft, nicht Absage an ihre Größe – das ist das Programm, mit dem eine dem biblischen
Glauben verpflichtete Theologie in den Disput der Gegenwart eintritt. „Nicht vernunftgemäß
(mit dem Logos) handeln ist dem Wesen Gottes zuwider“, hat Manuel II. von seinem
christlichen Gottesbild her zu seinem persischen Gesprächspartner gesagt. In diesen großen
Logos, in diese Weite der Vernunft laden wir beim Dialog der Kulturen unsere Gesprächspartner
ein. Sie selber immer wieder zu finden, ist die große Aufgabe der Universität.

Anmerkung: Der Heilige Vater hat sich vorbehalten, diesen Text später mit Anmerkungen
versehen zu veröffentlichen. Die vorliegende Fassung ist also als vorläufig zu betrachten.
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Merci ! Je pense que ce texte allemand est l'original enregistré... et je maintiens que la traduction par "raison" est ambiguë en français.

Lu sur orthodoxie.com en date du mercredi 20 septembre.
Une réflexion du patriarche d’Antioche, Ignace IV, sur les récents propos du pape sur l’islam
Le quotidien libanais d’expression française, L’Orient-Le jour a publié une réflexion, que nous reproduisons ci-dessous, du patriarche d’Antioche, Ignace IV, sur les récents propos du pape concernant, entre autres, l’islam.

« C’est avec une profonde inquiétude que nous avons suivi vos déclarations et les violentes réactions qui s’en suivirent tout au long de ces derniers jours. Nous aimerions porter à la connaissance de Votre Sainteté certains points essentiels auxquels croient les chrétiens d’Orient et qui font partie de leur vie quotidienne. En effet, en ce qui concerne le christianisme et l’islam, les chrétiens d’Orient en ont, plus que quiconque, une connaissance approfondie surtout que, depuis le début du message islamique jusqu’à nos jours, ils vivent en commun accord avec et en harmonie avec les musulmans.
Nous avons pu entretenir les meilleures relations dans une ambiance de respect mutuel des croyances et des cultes religieux, et de la reconnaissance de la liberté de chacun de vivre selon les enseignements de sa religion et les règles de sa doctrine. Nous sommes convaincus que la relation entre christianisme et islam a essentiellement pris naissance dans cette partie du monde, en cette terre des religions révélées. Feu le pape Jean-Paul II avait, comme vous le savez, hautement loué cette coexistence islamo-chrétienne qu’il avait lui-même observée de près lors de sa visite historique à la Syrie. D’ailleurs, cette visite constitue aujourd’hui une partie de l’histoire du Vatican et un épisode de l’évolution qu’avait voulu réaliser sa sainteté. Sans vouloir entrer dans les détails des relations islamo-chrétiennes, relations consacrant la coexistence et le respect mutuel, et sans vouloir rappeler que l’une des plus longues sourates du saint Coran est celle qui parle du christianisme avec un grand respect, nous voudrions cependant signaler que tout discours sur la religion, qui l’envisagerait comme sujet de recherche académique, s’adapte mal à la vérité fondamentale que la religion est avant tout une doctrine et une foi que pratiquent les fidèles. Ceux-ci ont tout le droit d’exercer leurs cultes religieux comme ils le veulent. Le temps n’est pas aux interprétations qui considèrent que la religion est autant une question intellectuelle qu’une question doctrinale. Cette manière d’aborder la religion pouvant porter atteinte à ses principes et à ses doctrines, nous souhaitons que vous apportiez votre contribution à retirer l’essence des religions de la table des dialogues et des interprétations et des citations dépassées, et à aborder ces principes doctrinaires d’un point de vue contemporain et non médiéval.
Nous voudrions de même confirmer que la religion n’est pas un sujet de luxe intellectuel et philosophique, mais qu’elle est au service d’une coexistence faite dans l’amour et en concordance avec les croyances et les cultes. C’est ce qui distingue cet Orient dans lequel nous vivons depuis le temps des messages divins jusqu’à nos jours. »
Message libre ou dhimmitude larvée ?
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phil
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Message par phil »

Suite aux derniers messages d'Anne Geneviève et de Serge Maraite :

Voir à l'écran ce texte en allemand m'a donné une idée (mais peut-ëtre n'est-ce pas un scoop) :

"La lumière divine de la raison", expression figurant dans la traduction du discours du cardinal Ratzinger lors de l'échange à Munich (dans un cadre universitaire également), en janvier 2004, entre lui-même et Jürgens Habermas, promoteur du concept de "raison communicationelle" ("Esprit", n° de juillet 2004). Original allemand : "das göttliche Licht der Vernunft".

L'expression se trouve déjà dans Nicolas de Cuse, si je ne me trompe.

Suivant le sens que l'on donne à "raison", ça peut plaire à beaucoup de monde (pas tous !) ; c'est un peu une auberge espagnole...

L'expression m'avait déjà fait tiquer, à l'époque.

Désolé, je n'ai pas le temps d'en dire plus pour le moment.
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