7 février : icône de Saint Parthénios

Reproductions d'icônes

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Irène
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7 février : icône de Saint Parthénios

Message par Irène »

Image

Saint Parthénios, évêque de Lampsaque
Icône grecque peinte par le moine Léonce en 2003

(Collection privée)
hilaire
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Message par hilaire »

quand je vois ce genre d'icône je comprend mal la réaction de georges papathanassios sur les icônes à la gouache qu'il a vu rue Blanqui!!

et là aussi c'est signé... les icônes grecques modernes c'est pas top quand même.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

hilaire a écrit :quand je vois ce genre d'icône je comprend mal la réaction de georges papathanassios sur les icônes à la gouache qu'il a vu rue Blanqui!!

et là aussi c'est signé... les icônes grecques modernes c'est pas top quand même.
Moi, je la trouve très bien, cette icône.

Le visage et les mains sont peints conformément aux canons iconographiques.
La seule originalité, c'est d'avoir fait figurer comme décor de l'icône une carte plutôt que le ciel bleu ou une montagne. Originalité sans doute due au fait que les gens qui savent où se trouvait Lampsaque ne doivent pas courir les rues.

Vous ne semblez pas aimer l'iconographie grecque contemporaine (y compris l'icône de sainte Blandine qui figure en haut de ce forum ?). Mais que trouvez-vous "top" dans l'iconographie contemporaine?

A part ça, c'est une très vieille tradition orthodoxe de faire figurer le nom de l'iconographe précédé d'un khi, initiale de χειρ, pour "par la main de ", comme c'est le cas sur cette icône. Ce que je n'ai jamais vu, c'est de faire figurer le nom de l'iconographe sans le khi.
Autre variante, qui ne se rencontre à ma connaissance que lorsque l'icône a été peinte dans un monastère, on fait figurer le nom de ce monastère ainsi que l'année de réalisation, comme c'est le cas sur l'icône de saint Photios reproduite sur ce forum. Pour des icônes athonites, j'ai aussi vu la mention de "Sainte Montagne" et l'année de réalisation sans indication précise du monastère où l'icône a été peinte.
hilaire
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Message par hilaire »

celle de sainte Blandine me semble tout de même d'une autre facture que celle de ce fil. et justement je trouvais surtout le fond un peu "stressant" au niveau des couleurs... tout de même un bleu pétard...

effectivement sur le visage et les mains c'est conforme à la tradition iconographique, seulement cette icône ressemble à une ébauche avant une réalisation plus fine... regardez les détails des ornements par exemple, ou le lavis grossier sur les croix ou le manque de détails sur l'évangéliaire.

on dirait un premier travail avant plus affiné. C'était aussi une manière ,peut être un peu triviale je veux bien le reconnaître, de faire écho aux questionnements à deux drachmes de georges papathanassios sur les icônes à la gouache de la rue Blanqui. je le cite:

tout de même il y a des icones, qui sont convenables (un peu noircies), mais il y en a tout de même de surpenantes, peinte comme à la gouache sur des bois inhabituels, le fond est sombre, et le style plus russe que byzantin.

eh bien là le fond est moche, ceux qui veulent savoir où se trouve Lampasque peuvent regarder sur un atlas plutôt que de s'arracher les yeux avec un bleu pétard, ou si vous préférez "tout de même surprenant" .

ce qui au demeurant ne retire rien à la remarque du même georges sur le fait qu'une icône sur du balsa (j'y suis allé moi aussi boulevard Blanqui.. Saint Irénée est représenté sur un trône, bénissant des deux mains, c'est peint visiblement d'un jet, sur une planche de Balsa, avec un fond rouge foncé, mais c'est aussi conforme à la tradition iconographique que celle représentée sur ce fil) c'est surprenant.

vous avez dit: Vous ne semblez pas aimer l'iconographie grecque contemporaine. Permettez moi de vous répondre que pour moi une icône grecque moderne, surtout celle-la, ne représente pas à elle seule l'iconographie grecque contemporaine.

l'icône de Saint Photios qu'Irène je crois, a mis en ligne, eh bien je la "préfère", comme celle de Sainte Blandine... encore que le fait que je ne trouve pas "top" une icône ne m'empêche pas de vénérer le Saint ou la Sainte.

sur la très vieille tradition orthodoxe de faire figurer le nom de l'iconographe.. je ne l'avais jamais remarquée sur les icônes de Théophane le Grec ou d'André Roublev, mais je n'ai jamais vu les originaux, qui sont peut être reproduits ou photographié incomplets.

comme au surplus je n'ai que des icônes byzantines chez moi, lesquelles ne sont pas signées eh bien je découvre une vieille tradition orthodoxe en parcourant se forum, comme quoi, je ne perd pas mon temps (ce que je n'ai jamais pensé par ailleurs, mais je suis conforté par cette découverte).

et là franchement avec celle-ci, eh bien je dirais que si le style est conforme à la tradition, l'exécution est assez grossière à mon goût (lequel, je le conçois aisément, n'est pas en lui même un critère absolu d'appréciation de l'iconographie moderne grecque en particulier, ni de l'iconographie en général), maintenant ma remarque n'avait pas d'autre prétention que d'être un avis et une réponse un peu teintée d'ironie à l'égard de Georges Papathanassios.

que le moine Léonce me pardonne.
hilaire
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Message par hilaire »

pour compléter sur le fait de "signer" les icônes, chose que j'ignorais être la tradition orthodoxe... et la remarque du Lecteur Claude m'ayant quelque peu interpelé... j'ai voulu reprendre les quelques ouvrages que je possède à la maison, et dans l'un d'entre eux: l'icône image de l'invisible, d'Egon Sendler, dans la conclusion de l'ouvrage on peut lire:

... ces éléments (d'hestétique byzantine)ne sont pasdes critères absolus pour l'art chrétien car chaque conception de l'art -celui de l'Orient comme celui de l'Occident- présente à la fois des valeurs et des limites. Pour faire bref, l'Occident risque d'évacuer la dimension théologique sous l'emprise de l'esthétique et l'Orient de figer la théologie sous un traditionalisme formel.

De plus, cette esthétique théologique peut ne pas exister dans toutes les icônes; elle n'est pas absolument nécessaire pour faire une icône; au cours de la longue histoire, l'art des icônes n'a pas échappé à la décadence, à l'affadissement.

Si sa tradition lui a permis cependant de se rajeunir sans cesse, c'est qu'une véritable icône est toujours une nouvelle interprétation, une création, qui reflète la vision intérieure du peintre. Voilà qui demande à l'iconographe de grandes qualités. Conciles et synodes des Eglises orthodoxes ont toujours insisté sur le fait que le peintre doit être un homme de prière et d'ascèse. Pour remplir son rôle d'interprète de la révélation de Dieu, il doit éviter toute distraction, prier et jeûner car ce sera par cette voie que l'Esprit de Dieu parlera grâce à lui. Ainsi, la coutume de ne pas signer son oeuvre exprime le vouloir profond de l'iconographe: autant que possible, il ne doit être que l'instrument de l'Esprit Saint. C'est au peintre de faire son image une icône en inscrivant le nom du saint qui est représenté. Et la bénédiction est, tout enfin, l'acceptation par l'Eglise de l'oeuvre qui devient ainsi une source de grâce pour ceux qui la regardent.

En ce dernier acte l'icône trouve son accomplissement. La longue préparation de la planche, de la peinture, le souci de dépasser les formes terrestres pour faire apparaître le monde de Dieu, trouvent ici leur aboutissement. En regardant l'icône du Christ, Jean Damascène pouvait s'écrier:"j'ai vu la forme humaine de Dieu et mon âme est sauvée."
Antoine
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Message par Antoine »

... ces éléments (d'hestétique byzantine)ne sont pasdes critères absolus pour l'art chrétien car chaque conception de l'art -celui de l'Orient comme celui de l'Occident- présente à la fois des valeurs et des limites. Pour faire bref, l'Occident risque d'évacuer la dimension théologique sous l'emprise de l'esthétique et l'Orient de figer la théologie sous un traditionalisme formel.
Difficile d'admettre cette phrase que vous citez et qui est signée d'un Père Jésuite. ça s'entend!

Que l'occident ait évacué la dimension théologique ça se voit effectivement dans les peintures religieuses qui n'ont pas de canons et n'ont plus de symbolique. Le spirituel y fait place au réalisme humain. Et il n'y a aucune comparaison possible entre une vierge St sulpicienne et une icône byzantine. Force est de constater également que les icônes ont disparu des églises et liturgies catholiques romaines qui ont perdu dans cet " iconoclasme par tacite complicité" ce thème de la déification de l'homme, faisant du Christ, l'homme-Dieu au détriment du Dieu-homme, et remplaçant les béatitudes par un humanisme des droits de l'homme.
Mais cette accusation récurente que l'on fait à l'orthodoxie de " figer la théologie" et ce dénigrement permanent de la Tradition en "traditionalisme" est aussi un pur "jésuitisme". Car que signifie "figer la théologie"? La théoria serait -elle assujettie à un "progressisme théologique"?! La Révélation serait elle distillée partiellement au compte gouttes depuis la Résurrection? Bien sûr cela justifierait les innovations et les hérésies du catholicisme romain qui n'a même plus idée de ce que peut être la plénitude.
De plus, cette esthétique théologique peut ne pas exister dans toutes les icônes; elle n'est pas absolument nécessaire pour faire une icône; au cours de la longue histoire, l'art des icônes n'a pas échappé à la décadence, à l'affadissement.
Et là nous voyons bien les contradictions de l'auteur: d'abord il énonce que les canons d'esthétique iconographique ne sont pas nécessaires puis ensuite il concut que la perte de ces canons est une "décadence" et en constate "l'affaidissement" des icônes.
Alors n'est- ce donc pas que justement, ce sont les canons qui préservent la Tradition et ce dans l'iconographie comme dans toutes les autres sphères de l'orthodoxie? Et que le maintien de la Tradition, dont les canons sont les bornes, préserve de la décadence religieuse et de l'hérésie?
Si sa tradition lui a permis cependant de se rajeunir sans cesse, c'est qu'une véritable icône est toujours une nouvelle interprétation, une création, qui reflète la vision intérieure du peintre.
L'auteur confond "vision intérieure du peintre" avec subjectivisme. Ce qui fait l'icône c'est que cette vision est un universel.
hilaire
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Message par hilaire »

et le fait de mettre son nom sur une icône, c'est de tradition orthodoxe ou pas?
Antoine
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Message par Antoine »

Claude vous a déjà répondu ci-dessus.
Je ne pense pas que ce soit un élément significatif et essentiel dans l'iconographie. Certains auront l'humilité de signer une icône commme d'autres l'humilité de ne pas la signer. Ce qui compte le plus c'est cette humilité avec laquelle on signe ou on ne signe pas. On trouve les deux cas de figure .L'atteinte de l'humilité parfaite est une entreprise très difficile. On peut aussi s'enorgueillir de sa prière, et paradoxalement s'enorgueillir de son humilité. Saint Silouane a vécu ce paradoxe.
Vous citez Egon Sendler :"l'iconographe: autant que possible, ne doit être que l'instrument de l'Esprit Saint." Ceci me semble compatible autant avec la signature qu'avec la non-signature, de même que dans les oeuvres spirituelles que nous pouvons lire certaines sont signées et d'autres ne le sont pas.

En revanche, ceci me semble plus contestable. "Et la bénédiction est, tout enfin, l'acceptation par l'Eglise de l'oeuvre qui devient ainsi une source de grâce pour ceux qui la regardent. " Une icône n'a pas besoin d'être bénie.Ou elle est déjà incarnation ou elle ne l'est pas. Mais la bénédiction ne la rendra pas "source de grâce". C'est le modèle représenté qui est dépositaire de la grâce et qui la communique.On ne bénit pas la grâce... Vous aurez beau bénir une peinture de Michel Ange, elle ne "fonctionnera" jamais comme une icône et restera une oeuvre d'art: le modèle représenté s'efface au profit du peintre, il est instrumentalisé au profit du peintre. Dans l'icône c'est l'iconographe qui s'instrumentalise au profit du modèle qui lui était déjà "instrument de l'Esprit Saint".
Bien sûr il est nécessaire que l'iconographe appartienne à l'Eglise et vive de sa Tradition, ce qui n'est pas le cas d'Egon Sendler. Nous apprécions son érudition mais l'érudition ne saurait remplacer la vie mystérique de l'Eglise. Dans le catholicisme romain l'icône (quand elle existe) n'est qu'un élément décoratif, une ornementation. En aucun cas elle ne participe de la vie mystérique. Elle reste un objet extérieur. Elle n'est qu'une image religieuse parmi d'autres. J'avais déjà écrit à propos de l'iconostase(rubrique sacerdoce des femmes ): "De la même façon nous dirons que l'iconostase UNIT et ne sépare pas le sanctuaire du reste de l'Eglise contrairement aux apparences. Mais seul celui qui prie devant l'expérimentera alors que le visiteur non initié n'apercevra qu'une cloison décorée qui l'empêche d'accéder à l'autel."
Cette expérience n'est rendu possible que par l'appartenance à L'Eglise et par la vie spirituelle dans laquelle le fidèle poursuivra sa croissance.
L'icône est un élément constitutif de la vie de l'Eglise.
Dernière modification par Antoine le mer. 09 févr. 2005 9:10, modifié 1 fois.
Georges Papathanassios
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Message par Georges Papathanassios »

Pour répondre à Hilarion, oui, j'ai bien dis que les icônes vues dans le grand temple de l'écofisme étaient parfois inhabituelles dans leurs aspects et matériaux, ou alors plutôt crasseuses, mais j'ai aussi émis une opinion favorable à leur égard.

En effet, il n'y a pas d'icônes "modernes" aux couleurs vives, et un grand nombre sont de style russe et je n'ai pas vu d'anomalie canonique pour autant que je sache.

J'ai souvzent vu des icônes signées, c'est je crois plus courant en Grèce que dans les pays slaves et en Roumanie.

Hilaire appartenez vous à l'écof, pour réagir ainsi à mes propos "a deux drachmes" (bon trait d'esprit, j'apprécie) ?
hilaire
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Message par hilaire »

merci Antoine de cette réponse plus complète. (par rapport à la signature)
Georges Papathanassios
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Message par Georges Papathanassios »

Cher Hilaire, votre silence vous désigne t'il implicitement comme un adepte du Régime Ecofais ?

Je dois confesser que je suis sidéré par une lecture attentive des fils consacrés audit "groupe" para-orthodoxe...

Les canons et les usages y semblent bafoués de toutes les manières.

Peut être serez vous en mesure de répondre à ma question sur le fil "Rosaire Orthodoxe" et nous exposer la vérité toute nue sur ce fumeux sujet!
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

hilaire a écrit :et le fait de mettre son nom sur une icône, c'est de tradition orthodoxe ou pas?
Je ne vous répondrai pas par une citation d'un quelconque jésuite. On m'a toujours appris que, soit on ne signait pas une icône, soit on faisait précéder le nom de l'iconographe par le khi ou par χειρ, pour rappeler que l'iconographe s'est inscrit dans le cadre de la tradition.

C'est un usage très fréquent en Grèce, que je n'ai jamais rencontré en revanche en Roumanie. Cependant, je connais une icône d'une iconographe bulgare signée avec χειρ suivi du nom de cette personne translittérée en caractères grecs.
Je connais aussi une icône récente de saint Gorazd de Prague, peinte en Moravie en 2002, où l'iconographe Karel Tavril n'a pas signé sur l'icône elle-même, mais au-derrière (ce que fait aussi le moine Léonce sur toutes ses icônes), en faisant précéder son nom translittéré en caractères grecs de χειρ. A noter d'ailleurs que la légende de cette icône est écrite en français et en grec, mais pas en tchèque ni en slavon!

Par ailleurs, les remarques du père Sendler m'ont fait sourire. Le fait que ce personnage soit jésuite le disqualifie d'avance pour parler d'iconographie sur un plan théologique. La grande spécialité de ses frères jésuites fut longtemps la destruction des icônes (en particulier en Ukraine occupée par les Polonais) et leur remplacement par des peintures charnelles. Les Jésuites ont sans doute été, au cours de l'histoire, les pires ennemis de l'iconographie, après les iconoclastes des VIII et IXème siècles. Le fait que des jésuites contemporains apprennent la technique de l'iconographie comme moyen de faire progresser la cause uniate (puisque la nouvelle orientation n'est plus de latiniser les uniates, mais d'en faire de parfaits miroirs aux alouettes en leur donnant toutes les apparences extérieures de l'Orthodoxie) ne les rend pas pour autant en mesure de parler de l'aspect théologique de l'icône. A mon avis, le moine Léonce ou les iconographes vieux-calendéristes de Phyli (qui indiquent aussi sur leurs icônes le lieu et l'année de réalisation) n'ont pas de leçons à recevoir d'un jésuite, fût-il compétent sur le plan de la technique picturale, en matière de tradition iconographique orthodoxe et de théologie de l'icône.
Antoine
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Message par Antoine »

Egon Sendler est effectivement Jésuite et dirige l'atelier d'icônes à Meudon. Il enseigne également au Centre d'études russes Saint Georges de Meudon.
Je n'ai pas lu son ouvrage:"L'icône image de l'Invisible" publié chez Desclée de Brouwer, mais je possède son livre" Les icônes byzantines de la Mère de Dieu" Chez Bellarmin et Desclée. Livre magnifique qui permert vraiment d'entrer dans l'iconographie de la Théotokos et de suivre à travers l'Icône toutes les fêtes mariales. Je n'hésiterais pas à recommander à tout un chacun d'investir 60 euros dans cet ouvrage. Mais Claude a raison de rappeler les sinistres épisodes iconoclastes dans lesquels les jésuites se sont illustrés. On n'en est sans doute plus là aujourd'hui dans le catholicisme romain (quoique la vénération des icônes n'en soit pas une pratique ) mais l'histoire reste considérablement entâchée, la pensée en est irrémédiablement viciée et des traces ressurgissent sous différentes formes comme nous l'avons relevé dans les messages précedents.
En feuilletant Egon Sendler au hasard je trouve par exemple p 64 le chapitre "interprétation de l'icône" de la Dormition à popos des homélies de St Jean Damascène;<< Ce grand docteur est un des derniers Pères de l'Eglise orientale>>. Cela sous entend bien sûr que la théologie orthodoxe reste figée comme nous l'avons déjà noté ci-dessus, et que l'orthodoxie s'arrête avec un arrêt hypothétique de la lignée des Pères fixé arbitrairement par le catholicisme romain et enseigné comme tel. Après Saint Jean Damascène il n'y a pas de Saint Grégoire le nouveau théologien, pas de Cabasillas, pas de Grégoire Palamas etc...
Le texte de Sendler est parsemé comme ça de choses qui pourraient paraître a priori insignifiantes et qui révèlent cet état d'Esprit étranger, extérieur à l'Orthodoxie. Toute influence "occidentale" sera considérée chez lui comme une ouverture, un enrichissement pour "l'Orient". Il faut donc être sur ses gardes, très critique, mais ne pas s'interdire une lecture informative enrichissante à défaut d'être spirituellement édifiante.

Le plus bel exemple actuel de l'incomprénension de ce qu'est une icône est cette représentation de la Sainte famille où l'on voit Joseph tenir amoureusement Marie par les épaules avec fiston au milieu. Cette icône "monastique!" (il y a comme ça beaucoup de fantasmes dans ces monastères?) illustre régulièrement les catalogues de la Procure et autres publications du groupe Bayard qui lui fait beaucoup de pub et propage ainsi une piété de pacotille.
Lorsque l'ignorance remplace la Tradition, c'est le désastre assuré.

Image

On a rajeuni Joseph. C'est vrai quoi ce serait immoral un vieux avec une petite jeunette...
Antoine
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Message par Antoine »

Pour faire bref, l'Occident risque d'évacuer la dimension théologique sous l'emprise de l'esthétique et l'Orient de figer la théologie sous un traditionalisme formel.
Les images ci-dessous illustreront tout l'essor d'une théologie non figée c'est à dire évacuée...

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Pourtant d'Artagnan n'avait que 5 ans quand la reine Margot est morte. Mais bon.

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Avec le texte explicatif suivant qui accompagne la vente de ces produits, on comprend enfin ce qu'est une icône: Un article religieux est un symbole qui nous identifie comme chrétiens et qui nous souvient de qui nous sommes, de combien nous devons prier et renforcer notre Foi pour vivre notre temps dans l'amour et la juste conduite que Notre Aimé Frère Jésus nous a enseigné.

Image
et derrière le pendentif vous avez un bouton. Quand on appui dessus l'enfant Jésus crie "arreuh arreuh". La pile est fournie avec ... grâce à Dieu.
Antoine
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Message par Antoine »

Et pour rendre à Egon Sendler ce qui lui appartient, ce texte tiré de "Les mystères du Christ: les icônes de la liturgie" paru chez Desclée de Brouwer p 16 à 19.(la p 17 reproduisant une icône du Christ datant du XIVe siècle et conservée à la galerie Trétiakov.) Là encore, un excellent livre pour une trentaine d'Euros.

Nous serons d'accord avec ce que l'auteur dit de la Tradition, sauf que nous regretterons qu'il n'appartienne pas à la Tradition de l'Eglise et que donc il y fasse entrer des éléments qui lui sont totalement étrangers. Mais son texte est néanmoins excellent si l'on place sous ce vocable de "Tradition" ce que l'Eglise orthodoxe a toujours conservé sans altérations.
Quand l'auteur écrit: "Comme les dogmes, les icônes du Christ peuvent aussi être mises à côté de l'Ecriture et recevoir la même vénération. Car l'icône montre en couleurs ce que le Verbe annonce par les paroles écrites. Les dogmes s'adressent à l'intelligence et expriment une réalité qui dépasse les modes de notre raison. Les icônes atteignent notre conscience par les sens extérieurs et présentent la même réalité dans des formes esthétiques. Mais l'élément intelligible ne leur fait pas défaut, car leur contenu théologique est similaire à celui des dogmes. " Nous ne pouvons qu'aquiescer. Mais nous considérerons comme hérésies toutes les innovations dogmatiques que la papauté a introduites depuis 1200 ans. Il faudra donc une grande méfiance à l'égard de toute interprétation qui sera faite immanquablement à la lumière de ces innovations et qui viendront polluer la pensée et le texte de l'auteur.


L'icône authentifiée par la Tradition

L'icône est inséparablement liée à l'Église, sa foi, sa vie liturgique et spirituelle. De même que toute oeuvre d'art ne peut pas être interprétée hors du milieu où elle a été créée, de même l'icône perd son sens et sa fonction si l'on veut la séparer de la communauté qui l'a engendrée et dans laquelle elle s'est enracinée. C'est la tradition de l'Eglise qui lui donne son authenticité. Dès lors, il faut saisir le sens de ce qu'est la Tradition.
Pour certains de nos contemporains sensibles à l'engagement social, la tradition apparaît comme une perpétuation des idées et des formes du passé qui s'oppose à toute création, à tout renouveau. Cette conception oublie que l'âme de la Tradition est l'Esprit Saint qui l'a créée, la conserve et la vivifie. C'est Lui qui a inspiré les auteurs des livres saints de l'Écriture, et c'est Lui qui touche nos cœurs quand nous contemplons son image. C'est Lui qui a assisté les Pères de l'Eglise dans leur lutte contre les hérésies et qui a ouvert une nouvelle porte vers la plénitude du mystère chaque fois que l'Église a défini un dogme. Comme un organisme vivant qui grandit et se défend, la Tradition a su parer aux dangers qui menaçaient la foi, elle a défendu les vérités révélées et a fait surgir des aspects nouveaux de la doctrine transmise. Et cette tradition ne se limite pas à l'Ecriture et au dogme, elle englobe toute la vie de l'Eglise. Pensons seulement à cet exemple étonnant qu'est l'évolution de la liturgie. De sa forme primitive, la liturgie des apôtres, elle évolue comme un arbre puissant, pour former dans le langage, dans la sensibilité des différentes cultures, les nombreux rites qui célèbrent tous le même mystère du Corps et du Sang du Christ.
Avec l'Ecriture, le dogme, la liturgie, la tradition de l'iconographie trouve son sens dans l'action de l'Esprit Saint. Comme les dogmes, les icônes du Christ peuvent aussi être mises à côté de l'Ecriture et recevoir la même vénération. Car l'icône montre en couleurs ce que le Verbe annonce par les paroles écrites. Les dogmes s'adressent à l'intelligence et expriment une réalité qui dépasse les modes de notre raison. Les icônes atteignent notre conscience par les sens extérieurs et présentent la même réalité dans des formes esthétiques. Mais l'élément intelligible ne leur fait pas défaut, car leur contenu théologique est similaire à celui des dogmes.
Si nous voyons la Tradition comme action du Saint-Esprit dans l'Eglise, nous comprenons mieux pourquoi elle joue un grand rôle dans l'iconographie. C'est en présence de l'Esprit de Dieu que l'iconographe oeuvre, il sait que les saintes images font partie du trésor de la Tradition qu'il faut fidèlement garder. Ainsi une icône n'est pas d'abord la création subjective d'un artiste, mais l'interprétation d'un contenu théologique de la Tradition. Préparé par la contemplation, purifié et illuminé par la grâce, l'iconographe doit s'élever à une vision spirituelle pour représenter son sujet. Responsable du travail de ses mains et conscient de ses limites il doit se confier plus à l'action du Saint-Esprit qu'à son habileté technique, il doit se voir comme son instrument. Ce souci d'être instrument ne supprime évidemment pas la note personnelle, le travail, la perfection esthétique et artistique, la différence des styles. Il ne fait que les conditionner.
Ainsi, parmi les nombreuses icônes du Christ, il n'y en a pas une qui soit identique à l'autre. Chacune montre le même archétype, mais celui-ci est toujours interprété d'une façon personnelle selon la vision intérieure du peintre. Il faut reconnaître que nous ne savons guère quand et comment les types iconographiques se sont fixés.
On peut seulement constater qu'ils ont trouvé leur forme définitive après l'iconoclasme, au IXe siècle. Il ne nous reste alors qu'à revenir à la question qui nous a conduits à la Tradition de l'Eglise. Comment pouvons-nous affirmer que dans l’icône du Christ se reflète vraiment la Face de Notre Seigneur? Qui donne à l’icône son authenticité? Ce ne sont pas les historiens qui peuvent nous donner une réponse, car toutes les célèbres icônes miraculeuses de Byzance se sont perdues dans la tourmente iconoclaste puis dans le sac de Constantinople et la conquête turque. Ainsi, il faut chercher dans un autre domaine, celui de la foi vivante de l’Eglise. Elle aussi relève de la Tradition, d’une Tradition qui reste cachée et n’a pas laissé de documents aux historiens. Lex orandi — lex credendi. N’est-il pas étonnant que la Face du Seigneur se soit perpétuée pendant des siècles ? Que les fidèles depuis les premières icônes du Christ y ont toujours reconnu le visage du Seigneur? Qu’encore de nos jours nos frères dans un monde athée, contemplant les saintes images, aperçoivent le monde transfiguré par la lumière de Dieu et reçoivent « la force contre le mal, la guérison de l’âme et du corps, et la consolation de l’Esprit Saint », comme le dit la prière de la bénédiction des icônes?
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