chants byzantins en français

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Glicherie
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chants byzantins en français

Message par Glicherie »

Je cherche des ouvrages, disques et cassettes de chants byzantins en français, pour pouvoir approfondir cette pratique.

J'ai un CD du Monastère St Jean du Désert "funérailles et déploration du Christ" qui est pas mal, existe t'il d'autres supports comme celui là ?

J'ai aussi un CD de Gospodi, dans le style slave mais en français, et un autre d'une communauté de l'est avec une Acathiste à la Mère de Dieu, style slave également.

Savez vous ou et comment m'en procurer d'autres ?

Merci
Jean Starynkévitch
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Message par Jean Starynkévitch »

Bonjour,

D'après différents messages déjà envoyés par Antoine, ce forum n'est pas fait pour demander différentes informations très précises, mais pour ouvrir et développer des débats.

En ce qui concerne votre question pratique, je ne peux pas y répondre, mais il existe un groupe de discussion Yahoo sur le chant liturgique orthodoxe, sur lequel votre question sera certainement la bienvenue.
L'adresse de ce groupe est http://fr.groups.yahoo.com/group/chant_liturgique
Glicherie
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Message par Glicherie »

Merci pour ce lien que je vais de suite exporer.
Je pense que plusieurs débats ont débutés grâce à des questions, et que les réponses profitent à plusieurs.

Antoine et lecteur Claude, dois-je cesser de demander des choses ?

J'en serai bien navré car j'ai tellement à apprendre...
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Jean,

Antoine a juste écrit que ce n'est pas le but du forum que de reproduire des liens ou des informations sans donner de commentaires. Il n'y a aucune difficulté à demander des renseignements ou des questions précises et l'on peut voir que beaucoup de fils concernent des questions particulières (demande de renseignement sur un livre, l'adresse d'une paroisse, etc.)

Glicherie,

J'ai sous les yeux un CD multilingue (français, grec, arabe, slavon et roumain) Autour des psaumes du roi David, enregistrement d'un concert du groupe Stoudion (Andréa Atlanti, Dr. Ibrahim Issid, etc.) du 22 juin 2002. Vous pouvez y entendre en chant byzantin en français le tropaire de l'Epoux, le Grand Prokiménon "Quel dieu est grand..." (Psaume 76), les psaumes 102, 136 et 127, le "Gloire au Père", le "Roi céleste" et le tropaire de Pentecôte.

J'ai aussi des cassettes de la divine Liturgie en chant byzantin en français enregistrées au monastère orthodoxe Saint-Antoine-le-Grand (Font de Laval, 26190 Saint-Laurent-en-Royans); ces enregistrements doivent sans doute avoir été gravés sur CD depuis.

Trop éloignés du chant byzantin à mon goût, mais qui valent quand même la peine d'être écoutés une fois:
- C'est le jour de la Résurrection, chants liturgiques en français exécutés par la chorale Saint-Jean-Damascène dirigée par Serge Sorret (mélodies russes et influence de Maxime Kovalevsky);
- Hymne acathiste à la Mère de Dieu, foyer de charité Ottrot en Alsace; enregistré par des catholiques-romains (influence du père André Gouzes O.P.), ils ne respectent pas entièrement les règles du chant byzantin et le résultat est moins bon que ce que fait le groupe Stoudion, mais ce n'est pas mal quand même.
Glicherie
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Message par Glicherie »

Voilà quant même un débat.
Je ne prie presqu'en français, car je n'utilise quasi jamais le roumain ici.

J'ai remarqué la chose suivante: à l'église, lors des offices, je préfère les chants (même en français) de type slaves, polyphoniques, je les trouve superbes, et ils portent l'être dans la prière.

Mais dans la prière personnelle, récitation des offices etc...je remarque que le chant grec en français m'est plus adapté, car je ne suis pas bloqué dans un ton de voix ou sur une mélodié lente, je me sens porté par le rythme, ma prière file, concentrée.

Du coût je suis schizophrénique, cumulant deux usages.

Qu'en pensez vous et comment vivez vous cela ?
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

J'éviterai d'entrer dans le fond du sujet, car je n'ai pas les compétences nécessaires et encore moins le temps. Je voudrais simplement dire que pour moi le chant byzantin n'est pas une variété locale de musique sacrée, c'est Le Chant Orthodoxe. Le polyphonie intrduit dans la célébration un principe étranger, mondain, une structure pesante qui sont étrangères à l'esprit de la Liturgie.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Geoffroy le Bouillonnant

Prier, est-ce qhanter deux fois?

Message par Geoffroy le Bouillonnant »

On entend souvent : prier c'est chanter deux fois. Bref, je l'ai entendu maintes fois dans mon enfance "catholique". Personnellement, j'ai toujours eu du mal avec les chants.

Tout d'abord, je trouve qu'il est difficile de se concentre sur le contenu de la chanson tout en se préoccupant de la performance technique. Aussi le fait qu'il existe un choeur a été formidable pour moi. Etant parmi le peuple, je n'avais pas à chanter et je pouvais me concentrer sur les paroles.

Mais pour se concentre sur les paroles, il faut que le chant remplisse certaines conditions. Imaginez que vous écoutiez la messe en si mineur de Bach : très beau, grandiose tellement qu'il est impossible de se concentrer sur les paroles. Un chant priant à mon avis doit être le plus proche de la psalmodie et ne pas favoriser la rêverie qui ne doit pas être confondue avec un état priant.

Souvent j'entend des gens qui disent : les chants étaient beaux, magnifiques. J'espère qu'ils parlent de leurs paroles, de leur enseignement et pas uniquement de la performance musicale du choeur. Sans cela, nous serions à la Divine Liturgie comme à un concert.

Pour ce qui est du choix russe ou grec, il me semble que la polyphonie du ton russe n'empêche pas de bien comprendre les paroles et de les méditer. Cela dit, je serais pour ma part plus adepte d'une plus grande austérité...
eliazar
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Message par eliazar »

Sans vouloir ni pouvoir entrer dans le fond du sujet moi-même en ce moment, je veux ajouter quelques mots au sujet de l'opposition polyphonie-monophonie.

Il n'y a pas de schizophrénie à aimer l'une ou l'autre. Mais elles répondent à des "besoins" différents.

La monodie grecque byzantine est en effet LA langue musicale de la liturgie. C'est ce qui m'a fait quitter la Crypte de la rue Daru pour l'Église grecque, au grand étonnement du P. Boris, à mes tout débuts dans l'Église (et puis aussi le fait de mes origines méditerranéennes bien sûr). Les premiers comppositeurs de la liturgie byzantine ont trouvé le ton parfait - même s'ils changent un peu trop richement de registres, par le chatoiement des oppositions entre Ton 1, Ton 3, et la suite : c'est comme le luxe des somptueux vêtements de cérémonie : mais il faut se souvenir que l'empire de Byzance était un grand empire, et que le service de Dieu ne pouvait pas ne pas aller encore plus loin dans la grandeur et dans le luxe que le service du "simple" Basileus!

Schématiquement, je dirais que la monodie byzantine a la même perfection concise et précise à la fois que la langue française pour les textes : le psalte énonce la parole de l'Église avec netteté, force, grandeur - et modestie personnelle. Tout y est à Dieu, et rien qu'à Dieu.

La polyphonie slave est beaucoup plus moderne, enrobée dans une sensibilité affective qui sent déjà la Renaissance parfois. En tout cas, elle est trop proche à mon goût d'un Moyen-Age seigneurial (ou despotique) qui n'en finit pas de se rouler dans ses accès de colères meurtrières, de passions dévastatrices, de masochisme pénitentiel etc.
Elle éveille les passions au lieu d'en éloigner. Quand les larmes vous viennent en l'entendant, ce n''st pas parce que le Saint Esprit vous a soudain ouvert les vannes du cœur en éclairant tel mot, ou telle phrase sacrée - mais parce que la mélodie, et l'harmonie qui la met sur un piédestal, ont éveillé en vous d'insondables réminiscences affectives, passionnelles, douloureuses etc.
Parfois, elle me fait penser aux Exercices Spirituels d'Ignace de Loyola; cette proximité ambiguë n'est peut-être pas étrangère à ce goût incroyable de certains théologiens ou prêtres orthodoxes pour les "jésuitières", dont trop d'entre eux sortent hélas.

Il y a une troisième école de chant liturgique dont on parle rarement ici. Elle est pourtant à l'origine du style byzantin dit "papadique".

C'est la liturgie en langue arabe, ou "Antiochienne" (du reste st Jean Chrysosotome avait été psalte de l'Église d'Antioche, si ma mémoire est bonne). Elle a la retenue, et l'attention "passionnée-dépassionnée" aux mots sacrés que nous admirons et aimons dans le chant byzantin - et en même temps, comme à l'improviste, elle libère le protopsalte comme un rossignol dans la nuit d'été au passage "inattendu" de telle prière plus méditative. Le chœur n'est plus qu'une vibration lointaine dans la basse (l'ison, dont on croit trop vite qu'il est une simple béquille auditive pour retrouver le ton d'origine en cas de modulations) et la voix du ou de la soliste s'élève dans une sorte de silence général qui évoque bien sûr le silence de tout le jardin lorsque le rossignol commence ses volutes.

Il faut oublier d'ailleurs toute utilité catéchétique du texte sur lequel se développe ce chant quasi-improvisé : seul celui qui le connaîtrait par cœur peut encore le reconnaître, voire même "déchiffrer" le sens d'un mot dont une seule syllabe peut durer plusieurs minutes avant que l'ornementation accepte de retomber en fin de course sur la syllabe suivante du même mot, pour rebondir derechf vers l'infini !

Seul le chant antiochien permet à l'être humain amoureux de son Dieu de lui dire son amour - en le faisant quand même de manière indicible! La quadrature du cercle ! Est-ce pour cela qu'on l'entend si peu, dans notre monde étasunisifié, et devenu aussi amoureux qu'un tiroir-caisse ?

Si je résume ces notes de pure subjectivité, je dirai que pour moi :

- le byzantin est la perfection, le Christ Incarné en Liturgie - où chaque note fait sens, et aucune ne dénote;

- le slave est la chaleur passionnelle faite liturgie (chaleur dont il faut un peu se méfier, car toute l'éducation du Baptisé devrait au contraire l'élever vers l'oubli de ses passions - ou "apathie"); il suscite et entretient l'émotion;

- et l'antiochien est le sommet d'un Himalaya auquel peu d'alpinistes peuvent atteindre, plus proche de l'improvisation d'un grand maître (qui en oublie, le temps d'une improvisation, jusqu'à sa propre existence) que de la célébration "liturgique" (au sens de "service public") du peuple entier.

PS - Je vois quelque chose du chant antiochien dans la danse tournoyante des soufis (devenue hélas un objet de spectacles du show-biz turc et de sa propagande touristique en Occident) : dans les deux cas, il s'agit pour l'adorateur de s'oublier lui-même - soit dans un acte physique d'amour où tout le corps se jette avec une monotonie qui s'accélère pour produire finalement le même effet qu'une drogue - ou bien dans l'émission d'une mélodie solitaire variée à l'infini, presque en-dehors de la conscience qu'en a le chantre. Mais naturellement, le chant liturgique de l'Église d'Antioche est de loin plus proche de Dieu. En tout cas il n'entraîne pas les risques de déviation qu'entraîne immanquablement la danse.

De plus, la danse soufie est une danse de mort, dirigée vers la mort : le chapeau en forme de pierre tombale en est le rappel.
Tandis que le chant du rossignol exprime une vie portée à son plus haut point de fusion avec la Vie. Cela me semble parfaitement correspondre avec ce que signifie saint Paul, disant (II Cor 12, 2) qu'il a été ravi jusqu'au troisième ciel "dans son corps ou sans son corps, je ne sais"...
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cathaga
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chant byzantin en français

Message par cathaga »

Il existe un CD audio, disponible au monastère St Antoine, de chant byzantin en français, enregistré au Mont Athos avec quelques moines de père Placide et quelques moines grecs francophones.
On y entend entre autres l'hymne acathiste à la Mère de Dieu, le psaume 135, et le psaume 103.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Éliazar,

Excuse-moi, mais sauf erreur de ma part ce que tu appelles le "chant antiochien" n'est autre que le chant byzantin adapté à la langue arabe. C'est une adaptation d'ailleurs assez récente, qui nous montre ce que nous devrions faire pour nos langues "occidentales". Elle est souvent magnifiquement interprétée, un peu plus ornée ("colorature" si tu vois ce que je veux dire) que la version grecque, mais chaque culture et chaque langue peut avoir une interprétation propre au génie de chacune.

J'ajoute que c'est une des caractéristique de la musique byzantine que de pouvoir être utilisée dans des contextes très variables, et de supporter d'être chantée par des chantres très ordinaires.

On m'a dit que l'Église bulgare a conservé, tout au moins pour les offices des Heures, donc pour les Matines, la musique byzantine en slavon, et j'ai rencontré des serbes qui s'efforcent de la restaurer. Cela se fait aussi en Russie.

Ce qui parait important est de bien respecter le rythme propre à chaque langue.
Jean-Louis Palierne
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eliazar
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Message par eliazar »

Cher Jean-Louis,

N'étant pas un spécialiste de l'ancienneté comparée de ces trois traditions, je ne parlais évidemment que de la manière dont elles sont pratiquées actuellement.

Il n'en reste pas moins que des Églises comme l'Antiochienne et l'Éthiopienne ont eu une base antérieure à (ou dans le cas de l'Éthiopie, non influencée par) la Liturgie Byzantine.

Je crois donc plausible que le "style" vocal, ou de composition, ou d'improvisation, etc. propre à chacune des trois traditions ait été tiré de leur propre histoire poétique et musicale antérieure, bien plus logiquement que d'une adaptation a posteriori de la liturgie byzantine à la langue (vocalisée) de chacun de ces peuples.

Dans le cas par exemple des liturgies en slavon, ce que tu dis me semble bien exact en ce qui concernerait la tradition "znaménié" - la plus ancienne, forcément calquée par ceux qui introduisirent la Liturgie chrétienne en Ukraine et en Russie sur celle qu'ils avaient apprise à Byzance (de même que l'alphabet slavon a été inspiré et adapté de l'alphabet grec).

Mais la polyphonie slavonne à quatre parties (c'est à dire "harmonisée" et non plus "mélodisée") qui attire tant les Français non orthodoxes par les émotions qu'elle fait naître en eux, leur parle d'autant mieux qu'elle leur rappelle des sonorités et des ensembles choraux à quatre voix dont l'opéra (et particulièrement l'opéra italien) a rendu leur oreille déjà familière. J'ai été frappé dès mon entrée dans l'orthodoxie par la connaturalité expressive de certains grands chœurs verdiens, notamment, avec les plus belles pièces, et les plus "religieuses", des offices slavons. N'en déplaise à nos amis russes, que je ne veux pas "provoquer" du tout, ils ne font pas eux-mêmes une séparation bien nette entre les œuvres composées dans ce même style au XIXème siècle par leurs propres compositeurs d'opéras, eux mêmes formés par les traditions harmoniques et contrapuntiques des Occidentaux - et les autres pièces à quatre voix que contient leur liturgie traditionnelle : ils les mélangent bien volontiers dans un même office, sans que ce volapück liturgico-musical paraisse déranger personne. Si Schubert avait eu la bonne idée de s'appeler Shubertovsky, on aurait depuis longtemps adapté le Mégalynaire slavon sur son Ave Maria.

Pour le chant arabophone, par contre je suis beaucoup moins certain que toi qu'il soit une adaptation du byzantin. La civilisation arabe avait une très ancienne tradition de chant monodique improvisé sur des poèmes plus ou moins spontanés - dont on retrouve des traces dans le "cante jondo" andalou et les improvisations populaires quasi extatiques des "saetas" à la Mère de Dieu ( c'est à dire... des "stichères" !) durant les processions de la Semaine Sainte - mais aussi dans l'art des Troubadours (importé par le comte de Poitiers après sa victoire sur les Sarrasins d'Andalousie) et sur un autre plan (poétique) dans les principes de "l'amor clus".

Une tradition comme celle de l'Église Syriaque, par exemple, compte au nombre des toutes premières traditions liturgiques, antérieures sans aucun doute à la conversion des peuples grecs proprement dits et (de même que pour sa langue, l'araméen, quasiment identique à celle du Christ) cela peut au moins laisser supposer que la cantilation des Psaumes pratiquée du temps des premiers chrétiens de Jérusalem ou de Galilée y a été conservée. Or le Psautier est une des bases textuelles primordiales de nos offices ; de là à supposer que la manière de le canriler aurait joué le même rôle dans leur style chanté, je ne vois rien d'improbable. Dans tous les cas, cette tradition ne peut qu'être antérieure à la constitution (quasi) définitive de la liturgie dite de saint Jean Chrysostome, elle-même plus qu'inspirée par les traditions antiochiennes.

J'aimerais en tout cas qu'un véritable spécialiste nous documente mieux à ce sujet. Car les rares manuels accessibles (en français, du moins) sont l'œuvre de religieux catholiques romains (plus ou moins uniates), qui ont fait un travail de Pères missionnaires plus que de musicologues. Ils sont utiles - voire indispensables, puisqu'il n'y en a point d'autres - mais on voit de suite que leur but était de fournir des bases musicales "sûres" à l'uniatisme - et aussi des "références" indiscutables : pour cela, le rapprochement le plus indubitable possible avec les mélodies et les tons déjà pratiqués par les orthodoxes de leur époque ne pouvait que servir leur cause auprès des arabophones qu'ils voulaient faire entrer dans le giron kto. On le devine aisément à lire entre les lignes certains auteurs par ailleurs tout à fait respectables - comme l'irremplaçable R.P. Couturier, entre autres.

Tout ceci ne me fait déplorer que plus encore la paresse endémique de nos amis musicologues et théologiens grecs, laissant négligemment aux spécialistes francophones des congrès eucharistiques latins le soin d'enseigner les fidèles orthodoxes de langue française à leur place, touchant la Sainte Liturgie...
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Non Éliazar, j’insiste, d’après tout ce que j’ai lu jadis, et d’après aussi des amis qui étaient professionnels d’ethnographie musicale (mais tout ça remonte très loin, et je me défilerai si tu me demandes des références), il y a tout lieu de penser que la musique arabo-musulmane dérive d’une simplification de la musique byzantine, ne retenant que les ton 2 et son plagial (ou si tu préfères 2 et 6). L’influence secrète de la musique byzantine a probablement été très grande chez tous ses voisins. Le chant andalou serait un dérivé du chant mozarabe (un byzantin local) recueilli par les gitans. Même l’opéra napolitain en dériverait et par lui notre gamme chromatique.

Quant au chant sacré actuel des antiochiens, il est consciemment byzantin, avec leur interprétation en plus. Le patriarcat d’Antioche semble avoir normalisé fin XIXe-début XXe siècle ses pratiques sur la Tradition grecque, laissant le syriaque au musée.
Jean-Louis Palierne
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Antoine
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Message par Antoine »

Glicherie, toute question mérite réponse et la votre trouve parfaitement sa place dans ce forum.


Ignace Briantchaninov dans "les miettes du festin" écrit:

22. — Quand on lit l’Apôtre, on ne doit en aucun cas élever la voix d’une manière exagérée et inconvenante, en se laissant emporter par la vaine gloire ; au contraire, il faut lire d’une voix naturelle. avec révérence, clarté et solennité, mais sans ces efforts aussi pénibles pour l’oreille que pour la sensibilité intérieure. Ainsi notre sacrifice de louange sera agréable à Dieu, et nous éviterons de ne Lui offrir que le fruit de nos lèvres (Hébr. 13, 15) alors que nous offrons celui de notre intelligence et de notre coeur à la vanité ; mais dans ce dernier cas le fruit de nos lèvres lui-même est répudié par Dieu, car c’est un sacrifice impur. Les chantres doivent, eux aussi, se souvenir de cela, car tous ceux qui sont au choeur sont exposés au danger de la vaine gloire, à la suite de laquelle d’autres vices, en particulier l’orgueil, entrent dans l’âme ; et alors la grâce de Dieu qui protège l’homme se retire de lui

Le chant est très important dans la liturgie et beaucoup, même en Russie, retournent aux sources et à la psaltique byzantine qui est sans doute la manière la plus religieuse de faire coïncider la prière ecclésiale avec la voix sans que l'auditeur ne soit captif de ses émotions.
Par ailleurs, il semble naturel qu'un iconographe soit formé à l'écriture des icônes et que les fidèles ne barbouillent pas les murs des églises de leurs "oeuvres" picturales. Le chant m'apparaît comme une icône musicale et les chantres doivent êtres instruits musicalement pour la forme, techniquement pour apprendre à se servir de la voix, théologiquement pour le contenu de ce qu'ils chantent et liturgiquement pour l'ordo des offices. Vaste programme! Mais on ne devient pas iconographe en cinq minutes. De même on n'imagine pas un Lecteur qui bégaie...

Une référence d'un ouvrage très bien fait que vous pouvez étudier:
Traité de psaltique
théorie et pratique du chant dans l'Eglise Grecque
J.B. Rebours
Ed Alphonse Picard et Fils

ça date de 1906 mais ça se trouve encore chez les "Antiquariat"
eliazar
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Message par eliazar »

Cher Jean-Louis,

Tu parles si je vais encore en plus te demander des références !

Ce que tu écris me fait si chaud au cœur que j'en danserais devant l'arche - si j'en avais une ici et si j'avais 80 kgs de moins, évidemment.

Si tu as raison (et Dieu le veuille !) c'est la plus belle nouvelle que j'eusse apprise depuis je ne sais combien de décades !

Merci de tout cœur! (une fois de plus, mais comment ne pas en redemander !)


Cher Antoine,

Merci à toi aussi. Ce que tu viens de citer de saint Ignace (Briantchaninov) mériterait d'être encadré au pupitre de toutes nos églises orthodoxes.

En plus, il ne manque à ce que tu dis (de la quadruple formation de base qui devrait être le préalable de tout psalte) qu'une cinquième formation, historique cette fois.

Car je suis parfois effaré de constater combien les meilleurs eux-mêmes semblent ne pas se soucier des siècles qu'a vécus l'Église, et chez des peuples autres que le leur, avant de les faire entrer au nombre de ses héritiers... Nous sommes trop souvent comme ceux qui trouvent normal de bénéficier de la Sécurité Sociale, mais haussent les épaules quand on leur dit qu'il a falu un siècle de luttes pour en bénéficier, et qu'il faut la défendre si on ne veut pas tout perdre.

Allons, ce Forum est encore bien nécessaire - dans le paysage internautique des orthodoxes !
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Stephanopoulos
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Message par Stephanopoulos »

Pour ma part, j'admet aussi volontier que le chant grégorien est un chant sacré! Et que ce dernier est probablement tout ce qu'il reste, au niveau de l'art, d'orthodoxe dans l'Eglise romaine! Qu'en pensez-vous?
Stephanopoulos
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