Usages (suite) :baiser de paix et iconostase

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Jean-Serge
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Usages (suite) :baiser de paix et iconostase

Message par Jean-Serge »

Bonjour,

Je continue mes questions sur les usages. A nouveau, deux questions :

- concernant le baiser de paix, il fut un temps en usage avant d'être supprimé. Certains l'ont réintroduit. D'aures dénoncent cette réintroduction et crient au modernisme. Mais est-ce du modernisme s'il s'agit d'un usage antique? (pour ma part, je crains que ça ne fasse un peu désordre et déconcentration de se mettre à se taper la bise)

- concernant l'iconostase, ma question est similaire. Jadis, elles n'existaient pas, puis elles se sont élevées. Aujourd'hui, certains plaident pour les abaisser, voire les supprimer. D'autres les taxent de modernisme bien que ce soit l'usage antique

- troisème question en sus : derrière les portes royales, il y a un rideau. Quel est son sens. Dans certaines églises, ne n'ai pas cru voir de rideau... Cela dépend-il de coutumes locales? Et par ailleurs, quels sont les moments où les portes royales doivent être ouvertes, fermées, le rideau tiré etc
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
Geoffroy le Bouillonnant

Iconostase et baiser de paix

Message par Geoffroy le Bouillonnant »

Je ne puis te répondre avec assurance sur ces différents points : il faudrait qu'une de nos pontes du forum nous éclaire à ce sujet. J'ai néanmoins de petites pistes sur la chose :

- concernant l'iconostase, ses adversaires affirement qu'elle empêche de voir. Cela dénote une mauvaise compréhension de la Divine Liturgie. Elle n'est point un spectacle où l'on assiste au show d'un prêtre. Par ailleurs, les icônes sont des fenêtres ouvertes sur le royaume : alors n'est-ce pas la plus belle vue possible? A mon avis, ces gens conçoivent la Divine Liturgie comme un spectacle. N'entends pas t-on souvent : "Les chants étaient très beaux"; il y a certes la beauté des chants, mais il faut faire attention à la beauté spirituelle du chant, à son enseignement théologique et non à sa mélodie.

- pour ce qui est du baiser de paix, il conduirait à mon avis à un souk terrible : certains profiteraient de cela pour se mettre à papoter... déjà que sans, ils ont un comprtement limite....
Jean-Serge
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Re-questionnements

Message par Jean-Serge »

Quelqu'un n'aurait-il pas une autre réponse à me proposer que Geoffroy le Bouillonnant sur le sujet... Ou un livre qui explique ces choses...
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
Polycarpe
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Message par Polycarpe »

Concernant le baiser de paix, il me semble que c'est un usage apostolique, qui a été intégré par Saint Basile et Saint Jean Chrysostome dans leurs Divines Liturgies postérieurement étoffées, et qui fait écho au baiser des apôtres comme on peut en voir sur les icônes entre Saint Pierre et Saint Paul. Le baiser de paix a ensuite été rendu facultatif, et certaines Eglises (comme l'Eglise de Grèce) l'ont du coup complètement supprimé, à tels points que certains Grecs en ignorent l'existence-même ! Contrairement au signe de paix du rite latin de l'Eglise de Rome qui correspond à des serrements de main entre clergé et fidèles (avec sortie du chœur), le baiser de paix de la liturgie byzantine se fait entre les prêtres, sans sortir du sanctuaire. Voilà qui limite le bazar, surtout s’il s’agit d’accolade simple :-)

A propos de l’iconostase, leur hauteur est en partie à lier, à mon sens, à l’histoire des populations locales. Dans les pays où le culte n’a jamais été mis en danger, où l’on ne risquait rien des profanes, le mur n’a jamais véritablement monté, il me semble. Ainsi, la Table de Communion en usage de l’Eglise de Rome (quand elle existe :roll: ) est généralement un muret, fermé par des « portes » (genre barrière de jardin) à la même place que la porte royale. En revanche, à partir du moment où l’on renvoie les catéchumènes, il serait fort regrettable que des non-chrétiens (comme un ottoman qui détiendrait, par exemple, le pouvoir politique et militaire, et pourrait avoir la volonté de « surveiller » les offices) puisse voir quoi que ce soit. La meilleure protection pour éviter un sacrilège contre le sanctuaire et l’Agneau, c’est de mettre un mur !

Mais ça n’explique pas tout, parce que les iconostases avaient déjà monté avant ces situations. Je pense qu’il faut également lier le phénomène à la symbolique du fermer de rideau. Ce fermer fait suite à l’hymne des chérubins… donc les anges prennent effectivement part à ce qui se passe ensuite dans le sanctuaire voilé aux yeux des laïcs. C’est donc en quelque sorte le Royaume de Dieu déjà accompli qui prend place derrière le rideau pendant l’Offrande. Mais ce Royaume n’est pas encore venu sur la terre entière… c’est pourquoi le peuple ne le voit pas. Comme dit le Christ, le Royaume est tout proche : que celui qui a des oreilles, qu'il entende !

Pour des citations canoniques valides, il faut demander à d’autres ; mais voilà en tout cas mon humble approche du sujet :)
Invité

Message par Invité »

Bonjour Jean-Serge. Permettez que je vous présente une expérience d'ici.

Nous n'avions pas la pratique du souhait de paix entre les membres de l'assemblée dominicale ici au Québec. Avant de le proposer les pasteurs ont prévu que le «Embrassez vous d'un saint baiser» dont parle saint Paul n'était pas de circontance pour le moment ! Aussi lorsqu'ils l'ont introduit, ont-ils choisi la forme la plus proche des habitudes et des convenances locales, à savoir la "poignée de main". Je ne crois pas exagéré d'affirmer que nulle part il a été facile de mettre ce geste en application, absolument nulle part. Un grand nombre étaient très réfractaires. Imaginez, en pleine assemblée liturgique où tout le monde est recueilli dans le silence de la prière, et sur l'invitation du prêtre je me tourne vers mon voisin, en l'occurence mon ami, ma soeur, mon épouse, une personne du voisinage, une pure étrangère ... je lui tends la main en lui disant «La paix du Christ!», et en échange elle m'adresse le même souhait ! C'était tellement inhabituel ! Tout le monde, en mille occasions, dit en serrant la main : «Bonjour !» «Mes condoléances!» «Bonne chance!» «Félicitations!» «Joyeux Noël!». Mais «La paix du Christ!» ? c'est un choc qui fige même les plus ferventes personnes ! Il y a toujours des unités pour qui le geste est plus facile au début, mais il a fallu plusieurs années avant que le geste soit accueilli, spontané et significatif.

Le geste est-il occasion de trouble ? Non car nous souhaitons la Paix du Christ aux quelques personnes qui nous entourent seulement. Certainement que c'est différent dans les circonstances où les gens sont plus proches les uns des autres et que le climat est plus chaleureux. C'est alors souvent l'accolade, «le saint baiser» de saint Paul. Si le geste se prolonge, un chant aide à reprendre le climat de prière.

Antan
Jean-Serge
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Trop aimable Antan

Message par Jean-Serge »

Merci de votre réponse Antan; mais en fait, chaque fois que je pose une question, vous me décrivez les usages catholiques-romains que je connais déjà... Mais ce qui compte c'est l'intention. Donc merci

:wink:
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
eliazar
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Message par eliazar »

Il faudrait peut-être aussi préciser pour notre ami Antan ce qui est plus qu'une simple nuance.

Le baiser de paix est un geste de communion : on embrasse les êtres aimés, l'icône du Christ, de sa Mère, des Saints de notre "famille", sa femme, ses parents, ses enfants, ses frères et sœurs.

Nous orthodoxes, ne le faisons pas pendant les offices, parce qu'à ce moment là, nous sommes à la prière "liturgique", qui est une fonction de service public en quelque sorte. Mais nous nous embrassons copieusement en arrivant devant l'église, et puis après l'Office, en allant prendre un petit café dans la crypte, ou chez le prêtre, ou à l'entrée, nous recommençons. On raconte même l'anecdote charmante de l'empereur de Russie Nicolas II qui sort au petit matin, le saint jour de Pâques, pour faire un tour dans son parc, ouvre grands les bras devant la sentinelle placée à sa porte, l'embrasse à bouche que veux-tu et lui annonce, les yeux brillants : "Christ est ressuscité !".

Et la sentinelle, renfrognée, lui répond : "NON!".

Le tzar n'en revient pas, et lui demande : "Mais pourquoi dis-tu une chose pareille, mon ami ?!"

Impavide, le soldat répond : "Je suis Juif!"

Et Nicolas, tout embêté, lui dit en reprenant sa promenade : "Tu sais, mon ami, çà ne fait rien : tu peux quand même te réjouir avec nous!".

Cela, c'est un vrai BAISER DE PAIX.

Se serrer la main entre inconnus a une signification hélas bien différente. Non seulement c'est un geste anodin, mondain, qui fait serrer la main d'un autre chrétien, en plein office sacré, comme on serrerait la main du directeur de sa banque ou du facteur qui vous apporte un recommandé - mais il a son origine dans le monde "polémique" et non dans l'amour.

L'habitude est née au temps où en toute occasion ( et malheureusement aussi dans l'église !), les seigneurs féodaux portaient au côté une lardoire destinée à en découdre au moindre froncement de sourcil. Quand le roi s'apercevait que deux de ses fidèles se regardaient de travers, il leur disait sévèrement : "Touchez vous la main, Un tel et Un tel..."
Cela voulait dire qu'en se serrant l'un à l'autre la main, ils ne pouvaient plus dégaîner pour s'étriper!

Naturellement, les catholiques romains (même de haute noblesse) n'entrent plus dans leurs églises à cheval, ni l'épée au côté - mais ce faux baiser sent beaucoup trop la fausse paix, à mon humble avis. Un "serrement de main" (çà dit bien ce que çà veut dire!) ne devrait pas trouver sa place dans la Maison de Dieu. En plus, il y a là quelque chose (excusez-moi de le dire comme je le ressens) d'un peu ridicule; non ?

Surtout quand on va serrer la main du prêtre ! Nous avons coutume de baiser la main qui a tenu le Corps du Christ; et de la garder dans la nôtre pour demander sa bénédiction : il n'est tout de même pas l'huissier de service...
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Je crois que vous avez tout à fait raison de poser la question de la fermeture du sanctuaire et de bien d’autres usages. À mon avis Il n’y a pas de solution évidente et facile. Il est bien certain qu’à ses débuts l’Église priait dans des églises (je parle maintenant des bâtiments) qui n’avaient ni iconostases ni rideaux. On y pratiquait très probablement le baiser de paix… et dans un autre ordre d’idées on interdisait même dans les canons aux clercs de se distinguer par leurs vêtements. On pourrait trouver un grand nombre d’exemples de cet ordre.

L’Église a varié sur des questions qui nous paraissent maintenant immuables. Il y a aussi des reconstitutions archéologisantes qui peuvent être criticables parce qu’artificielles. Et inversement il est certain qu’au cours surtout de la deuxième moitié de son histoire l’Église orthodoxe a adopté des pratiques, des usages, des façons de faire qui étaient éminemment criticables, voire qui le sont encore.

Je crois avant toute chose que nous devons éviter les tentatives trop systématiques, qui visent à imposer un nouveau cours des choses dans les pratiques de l’Église sous prétexte que c’est ainsi qu’il faut faire. Le militantisme n’a pas cours dans l’Église, et lorsqu’on essaye de lui appliquer un programme de modernisation, on risque soit de ne rien obtenir, soit d’aboutir à des résultats déplorables.

De nos jours l’aire où se trouve l’autel, que nous appelons en français le sanctuaire (et que la plupart des peuples orthodoxes se contentent d’appeler “l’autel” par extension ; j’ai vu qu’un canon ancien l’appelle “l’abside”) est entouré par une clôture qui la séparent de la nef par une paroi couverte d’icônes, que l’on appelle iconostase ouverte par des portes à rideaux. Rien n’empêche cependant de célébrer une Liturgie en plein air. On se contente de marquer un espace réservé non clos, dont le limite est souvent simplement marquée par deux icônes du Sauveur et de la Mère de Dieu.

Il est hors de doute que cela n’a pas toujours existé. Les communautés antiques ne marquaient pas de telles séparations. Lorsqu’elles ont pu construire des édifices à leur convenance, elles ont marqué l’espace de l’autel par une légère marche et une clôture plutôt symbolique, le “chancel”. Plus tard on y a ajouté des icônes, on a créé une cloison d’cônes, on a posé des rideaux, et on a vu certains iconostases devenir de véritables cloisons monumentales montant très haut. Ce qui est en cause ici va bien plus loin qu’une question d’aménagement de l’espace et de décoration.

Il y a bien eu tout au long des temps modernes une exagération de la séparation entre les saints Mystères et le peuple royal. Séparation physique par l’iconostase, séparation sonore : le texte de certaines prières ne devait pas être entendu, séparation par les agenouillements et prosternations (que les saints Canons réservent aux pénitents qui ne doivent pas assister), et contrôle de la conduite des fidèles par la confession. Tout un cercle magique s’est ainsi formé autour des saints Mystères (soutenue par une théologie des “7 sacrements” unifonctionnels et automatiques).

Faut-il pour autant proposer un retour à l’archéologie ? Il me semble personnellement qu’un certain nombre de phénomènes qui sont apparus au fil des temps doivent être considérés comme une explicitation, un approfondissement par l’Église du donné révélé. Ainsi de l’iconostase si l’on veut bien se souvenir qu’il est avant tout un présentoir à icônes. Et souvenons-nous que le Saint des saints de l’Ancienne Alliance était fermé par un voile, que seul le Grand Prêtre ne franchissait, qu’une fois par an. Aujourd’hui le Grand Prêtre de la Nouvelle Alliance entre comme il le veut et quand l’Église en a besoin dans un sanctuaire ouvert, et des icônes visibles et tangibles remplacent les Séraphins qui entouraient le Saint des saints. Mais il y a un sanctuaire.

La séparation entre le sanctuaire et les fidèles va souvent de pair avec des pratiques d’agenouillement et de prosternation. Or il est certain que de telles pratiques sont réservées aux catéchumènes et aux pénitents que l’on devrait faire sortir de l’[glise au moment où le prescrit le Typikon. Reste le Peuple royal. Après cela, s’agenouiller signifie qu’on se reconnaît indigne de participer à la synaxe eucharistique. Pour prier, on se tient debout (on le voit sur les icônes). Les pratiques de prosternation sont issues d’influences piétistes.

Faut-il alors que le texte des prières de l’anaphore eucharistique soit lu à voix haute ? Si l’on suit les canon de saint Basile (les 90 et 91, qui sont repris de son livre Du saint Esprit, lorsque il définit ce qu’est la Tradition non-écrite de l’Église, ces prières sont scellées du sceau du secret de l’arcane. Cependant dès ce texte il donne des indications (en particulier sur l’Épiclèse et ce texte est maintenant largement diffusé.

Il me semble — mais ai-je à donner une opinion personnelle sur un tel sujet ?— qu’un solution pour notre temps et notre lieu consisterait à ce que le prêtre lise les ptières recto tono cependant que le chantre chante piano, mais qu’on ne devrait jamais tirer le rideau des portes royales après le Renvoi des catéchumènes, et jusqu’à la communion. Comment peut-on dire le Notre Père rideaux fermés ?

Mais en tout état de cause, on ne devrait jamais faire de bouleversements systématiques dans l’Église, mais ne procéder que par tentatives prudentes et mesurées avec l’assentiment du Peuple royal. L’Église est le corps du Seigneur. C’est Lui qui s’exprimera dans les réactions des fidèles.

En réalité je crois que ce qu’on voudrait prôner au nom de l’archéologie c’est le mythe d’une communauté qui serait transparente à elle-même, où chacun des membres à chaque instant ressentirait et proclamerait un même geste chargé des mêmes sentiments. Cela supposerait que chaque geste et chaque parole de chaque membre de l’Assemblée soit immédiatement accessible et transmissible. D’où l’insistance que l’on met pour que même les Baptêmes, même les mariages, même les enterrements soient célébrés au cours des cérémonies communautaires. D’où aussi l’insistance pour le réalisme du Baiser de Paix

Je crois que dans les évolutions qui se sont produites dans la manière de célébrer et dans l’organisation des églises (bâtiments) il y a eu, aux premiers siècles l’expression d’une prises de conscience d’un certain nombre d’exigences (par exemple la présence d’une clôture du sanctuaire). Plus tard il y eu inflation du professionnalisme clérical, sous l’influence de l’Occident, et l’iconostase est devenu un monstre sacré.
Jean-Louis Palierne
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Stephanopoulos
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Message par Stephanopoulos »

Cher jean-Serge, peut-être que cet extrait d'un livre de Léonide Ouspensky pourra vous éclairer : http://www.pagesorthodoxes.net/eikona/icones-sens.htm.
Enfin, seulement pour vous donner mon avis, il me semble qu'éliminer les icônes des Eglises revient au même que de jeter les reliques aux horties!
C'est un sacrilèges que d'ordonner cela, parce que la Personne peinte est présente dans l'icône. De plus, peut-être le saviez-vous déjà, l'iconostase ou les images sacrées font intégralement partie de la Liturgie.

Lorsque vous dites : "concernant l'iconostase, ma question est similaire. Jadis, elles n'existaient pas, puis elles se sont élevées", je crois qu'il est essentiel de dire que l'Eglise, bien que fidèle à la Tradition, évolue et doit évoluer. Je crois qu'il est important de souligner la nature biologique de l'Eglise (elle est le corps du Christ).Si on devait supprimer tous ce qui à un moment donné n'existait pas jusqu'à une époque X (a définir d'après quel(s) critère(s)?) ce ne serait alors qu'une église bidon (morte spirituellement) qui n'aurait que le souci de garder son aspect primitif en se basant sur les études et découvertes achéologiques. Ainsi, l'Esprit-Saint qui inspire et guide son Eglise n'a plus aucun sens.
Stephanopoulos
Jean-Serge
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Renvoi des catéchumènes et autres

Message par Jean-Serge »

Jean-Louis Palierne a écrit :
Il me semble — mais ai-je à donner une opinion personnelle sur un tel sujet ?— qu’un solution pour notre temps et notre lieu consisterait à ce que le prêtre lise les pières recto tono cependant que le chantre chante piano, mais qu’on ne devrait jamais tirer le rideau des portes royales après le Renvoi des catéchumènes, et jusqu’à la communion. .
Il semble que vous soyez favorable au renvoi des catéchumènes : pourtant assister à la liturgie des fidèles constitue quand même une bonne catéchèse, de même qu'entendre également l'anaphore en entier... Autre remarque : certain m'ont dit que le terme grec signifiant en secret (mysticos) voudraient dire en réalité avec respect....
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
Antoine
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Message par Antoine »

pourtant assister à la liturgie des fidèles constitue quand même une bonne catéchèse
En quoi cela constituerait-il une catéchèse?
Sur le plan de la dogmatique il n'y a pas grand chose. Il y a certes le déroulement du mystère eucharistique qui couronne toute catéchèse mais il n'y a pas de contenu dogmatique autre. A partir de la liturgie des fidèles on refait la cène et il n'y a pas de variante d'un dimanche à l'autre. Que vous preniez St Jean Chrisostome ou St Basile, c'est toujours le même texte. Dans la première partie en revanche vous avez les tropaires des fêtes et les lectures du jour. Tout l'enseignement se trouve dans la partie des catécumènes justement et surtout dans les vigiles. C'est dans les vigiles que l'on a tout l'enseignement de l'Eglise, dans vêpres et matines.C'est d'ailleurs souvent comme cela que nous procédons en caréchèse avec les enfants: nous prenons l'icône de la fête, les tropaires qui vont avec et les textes des vigiles qui accompagnent.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Ce qui est instructif pour les catéchumènes, c’est la première partie de la Liturgie eucharistique, c’est-à-dire les psaumes et leurs stichères et les lectures.

Après, la Liturgie prévoit qu’on les renvoie — ce que plus personne, nulle part, ne fait, même quand le diacre le dit à haute voix. C'est peut-être une évolution regrettable, sur laquelle il faudra un jour revenir.

Au même moment, on devrait renvoyer aussi les pénitents, ceux qui ont été admis à assister à la Liturgie de la Parole. Mais pour eux le prêtre devrait les toucher de la main (chirothésie) et pour certains, l’évêque peut leur annoncer (ou leur faire annoncer par le prêtre) qu’ils sont admis à assister au reste de la Liturgie.

Mystikos était utilisé par les Grecs païens pour tout ce qui concernait les mystères secrets des religions à mystères. Ces secrets étaient jalousement gardés, et lorsque les chrétizns ont réutilisé ce mot, ce n’était certainement pas pour désigner simplement des paroles chuchotées.

En réalité les livres contenant ces paroles (en fait on a longtemps continué d’utiliser des rouleaux, alors que pour l’Écriture sainte on avait des livres reliés) étaient conservés dans des armoires dans ce que nous appellerions le “sanctuaire”.

Voici comment saint Basile présente ces deux formes de l’enseignement chrétien, en 375 : « Si en effet nous entreprenions de rejeter les traditions non-écrites, sous prétexte qu’elles seraient sans valeur, nous porterions atteinte, même si c’était sans nous en apercevoir, à des points essentiels de l’Évangile, et plus même nous viderions de tout contenu le nom même de la prédication catéchétique [et ici saint Basile énumère le signe de Croix, l’épiclèse eucharistique, la bénédiction su saint Chrême, le Baptême, etc]. N’est-ce pas de cet enseignement non-public et secret que nos Pères ont gardé intact à l’abri de toute curiosité et indiscrétion, sachant bien par expérience que le caractère vénérable des saints Mystères doit être bien gardé par la discipline de l’arcane ? Car ce que les non-initiés ne devaient même pas voir, eût-il fallu en divulguer l’enseignement en le consignant par écrit ?»

Est-ce à dire que les rites et gestes de la Tradition non-écrite devaient rester rigoureusement inaudibles aux fidèles ? Certes non, puisqu’ils entendaient les paroles du Mystère du Baptême, qu’on leur appremait à faire le signe de Croix, etc. Mais l’enseignement publiquement proclamé ne comportait que les textes du Nouveau Testament.

Il existe un récit délicieux du Pré spirituel de Jean Moschus qui nous raconte que le futur saint Athanase, encore enfant, aurait joué sur la plage d’Alexandrie à se faire élire évêque par ses petits camarades et à les baptiser. L’archevêque d’alors, Alexandre (le vrai évêque), se promenant sur la plage (il avait probablement été alertés par des adultes inquiets) vit le pseudo-évêque l’enfant Athanase, assisté de ses pseudo-prêtres tout aussi enfants, baptiser de pseudo-catéchumènes tout aussi enfants. « En les observant plus attentivement, il vit qu’ils reproduisaient certaines parties secrètes des saints Mystères. » L’archevêque décidera de reconnaître les baptêmes qui avaient été ainsi induement conférés, assura l’éducation scolaire et cléricale d’Athanase, en fit son diacre et l’emmena au Concile de Nicée. Plus tard Athanase deviendra le successeur d’Alexandre et l’un des plus grands parmi les Pères de l’Église.

Mais si je cite cette histoire c’est parce qu’elle montre que le secret de l’arcane n’était pas si rigoureux qu’il n’ait pu être percé par un enfant. Il était néanmoins exclu de la proclamation publique.

Il était d’ailleurs couramment admis dans l’Antiquité qu’un en enseignemene comporte une partie publique (“exotérique”) et une partie secrète (“ésotérique”). Nous n’avons conservé de nos jours que la partie exotérique de l’enseignement de Platon (ses Dialogues), cemendant que nous n’avons conservé que la partie ésotérique des œuvres d’Aristote (par exemple sa Métaphysique.

Ceci peut paraître un peu loin des préoccupations et des attentes des hommes de notre temps lorsqu’ils demandent à l’Église orthodoxe son message de vérité. Point tant cependant, car il faut bien comprendre que tout enseignement de la doctrine de vérité comporte nécessairement des étapes, des préliminaires, des initiations et des approfondissements. Vouloir brûler les étapes n’est pas la bonne méthode. La pédagogie que l’Église a mise au point sous l’inspiration du saint Esprit, comprend nécessairement des étapes progressives.

--
PS Je vois maintenant le message d'Antoine (qui est décidément plus rapide que moi). Mais je ne crois pas qu'on puisse dire qu'il n'y a pas d'enseignement dans la Liturgie des fidèles. Il y en a bien un, mais d'un tout autre ordre. Ce n'est pas une catéchèse, une découverte. C'est le fond même des mystères sacrés.
Jean-Louis Palierne
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pascal
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Message par pascal »

bonjour,

j'ai lu sur un site internet (il faudrait que je retrouve le lien mais sur le coup je ne l'ai pas noté, désolé! c'était un site sur l'art byzantin) que les iconostases étaient à l'origine des grilles de fer (ce qui constituait un "mur" ajouré) qui séparaient la nef du sanctuaire et sur lesquelles progressivement s'étaient adjointes des icônes, ce qui progressivement aurait donné les modèles que nous connaissons aujourd'hui, lesquels se seraint développés surtout à partir du IXè Xè siècle.. quelqu'un pourrait-il me confirmer ou m'infirmer?
Monique
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baiser de paix

Message par Monique »

Je reviens à mon expérience dans ma paroisse de l’ECOF où le baiser de paix est pratiqué :

A l’ECOF le baiser de paix se fait de la manière suivante :
Le prêtre baise l’autel puis va donner le baiser de paix au diacre qui ensuite le donne à un clerc mineur puis celui-ci le donne à une personne de l’assemblée qui le donne à son voisin, et le baiser de paix se propage jusqu’aux dernières personnes.
L’image est belle, par ce baiser de paix, la paix du Christ est transmise de l’autel jusqu’à la dernière personne de l’assemblée.

En pratique, dans une petite paroisse, après avoir reçu le baiser de paix, chacun va le donner à qui il veut et les enfants vont embrasser tout le monde. Certains traversent toute l’église pour aller embrasser quelqu’un.

Le baiser de paix est malheureusement aussi utilisé d’une manière un peu perverse : quand il y a un différent entre deux personnes, l’une d’elle peut traverser toute l’église pour aller embrasser l’autre personne et ainsi montrer publiquement qu’elle, elle pardonne dans la paix du Christ, et que s’il y a encore des problèmes ce n’est pas de sa faute.
J’ai vécu cela et c’est très pénible car ce genre d’acte empêche toutes possibilités de vrai réconciliation, de vrai paix.
Geoffroy le Bouillonnant

Perversité

Message par Geoffroy le Bouillonnant »

Bonjour,

La perversité dont vous faites état serait donc un argument en plus en faveur de la suppression du baiser de paix...
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