Constantinople à Rome : le Pour et le Contre

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eliazar
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Constantinople à Rome : le Pour et le Contre

Message par eliazar »

Le bureau liturgique du Vatican annonçait il y a deux jours que le patriarche Bartholomée Ier serait présent ce 29 juin en la solennité des saints apôtres Pierre et Paul au Vatican, qu'il en assurerait même l'homélie et y réciterait en grec le "Credo".

Le texte de ce communiqué du Bureau des célébrations liturgiques du Vatican précisait que Jean-Paul II célébrerait l'Eucharistie sur la place Saint Pierre, en présence du patriarche œcuménique Bartholomée Ier.

Ce genre de texte est généralement - et surtout au Vatican, conservatoire des formules diplomatiques les plus précises - pesé avec soin. Le "en présence de" vient appuyer la "célébration de l'Eucharistie" : on a voulu éviter d'entrée de jeu les notions controversées de "participation" à la "messe". C'est un coup de chapeau cardinalice aux Saints Canons qui interdisent toute participation à la prière (sacramentelle, ou liturgique) avec des hérétiques.

Sed contra (comme aurait dit l'Aquinate)...

Le Patriarche et le Pape prendront bien la parole "durant cette messe" et "chacun prononcera l'homélie" - ensuite de quoi ils "réciteront ensemble la profession de foi selon sa formule originale grecque". Et le communiqué souligne que "les nouveaux archevêques métropolitains auxquels le pape remettra le pallium, concélébreront avec Jean Paul II" et ajoute ce commentaire qui en dit long:

"La célébration a lieu quarante ans après l'échange historique du baiser de paix entre le pape Paul VI et le patriarche œcuménique Athénagoras 1er à Jérusalem en janvier 1964. Cet événement constitue un nouvel événement de grâce dans le cheminement parcouru depuis le Concile Vatican II pour le rapprochement entre l'Eglise d'Orient et l'Eglise d'Occident et le rétablissement de l'unité qui existait entre elles au cours du premier millénaire".

Avant de nous réjouir de ce nouveau pas vers l'Unité que nous demande avec insistance le Christ, comment ne pas nous remémorer quelques points dont la gravité nous interdit de faire l'impasse comme on pourrait la faire dans une comédie de Labiche ("Embrassons-nous, Folleville!" - par exemple).

Le baiser de paix entre Paul VI et Athenagoras Ier est une marque touchante de réconciliation entre deux grands pécheurs devant l'Éternel. Aucun de nous ne se permettrait de leur en jeter la pierre, mais enfin, au-delà des pécheurs qui la composent, il y a tout de même l'Église. Et l'Église doit rester pure et sans tache.

Ce n'est pas le patriarche Athénagoras, vénérable de la Franc-Maçonnerie, qui était le mieux placé pour abolir au nom de Constantinople les raisons profondes de la séparation, du "schisme" qui a déchiré la tunique sans couture au moment du départ du Patriarcat d'Occident et de son enfoncement persévérant dans l'hérésie où il est encore. Il ne l'a du reste même pas fait, i a simplement retiré unanathème : encore était-ce probablement anti-canonique, puisque les motifs qui l'avaient fait pronncer demeuraient inchangés.

De l'autre côté, et même si j'étais encore catholique romain, j'ajouterais volontiers que ce n'est pas non plus Paul VI qui était le mieux placé des Patriarches de Rome pour abolir le schisme tout en maintenant l'hérésie !

Car en tant que son fidèle, que je serais alors, je serais le premier à déplorer avec des larmes amères que ce pape - célèbre pour avoir également reçu avec honneur (en 1968, moins de quatre ans après ce baiser qui m'en rappelle un autre) l'un des plus illustres parrains de la Mafia de Chicago : le tueur Sam Giancana, auxiliaire officieux de la CIA qui fut ensuite lus célèbre comme instigateur de la sanguinaire tentative d'invasion de la Baie des Cochons, et très probablement des meurtres de John et de Bob Kennedy (et dans la foulée de Marylin Monroe), mais au demeurant déjà fort lié en 1964 avec un autre Étasunien de triste mémoire : Mgr Marcinkus, chef de la sécurité de Paul VI et intronisé par lui secrétaire général de la banque du Vatican le 6 janvier 1969 - c'est à dire à peine quelques mois après.

Né dans la banlieue de Chicago (Cicero, fief du légendaire Al Capone), Paul Marcinkus fut accusé de blanchiment d'argent lors du scandale de la Banque Ambrosienne qui mêla étroitement le Vatican et la Cosa Nostra sicilienne aux services secrets italiens et étasuniens ainsi qu'à la loge maçonnique de rite écossais "Propaganda Due", plus simplement appelée "P2"; il avait du reste déjà été mêlé à une très sérieuse affaire de falsification de titres et d'obligations (des sociétés Pan American, Chrysler, American Telephon and Telegraph), affaire dans laquelle n'étaient pas uniquement compromis le Vatican et la Mafia, mais également Connaly, alors ministre des finances du Président Nixon - qui arrêta juste à temps la procédure engagée.

La Banque Ambrosienne permettait à Sam Giancana et au syndicat du crime étasunien de faire transiter des millions de dollars par la Continental Illinois Bank (où Mr Marcinkus avait été "formé"), et de là vers la Finibank helvétique, contrôlée par le grand argentier des Mafias sicilienne et américaine Michele Sindona - qui avait été "recommandé" au cardinal Montini, secrétaire d'état au Vatican et devint par la suite le banquier attitré du Saint Siège quand Montini devint le pape Paul VI.

Le nouveau pape confia immédiatement à Sindona le contrôle total des investissements à l'étranger de l'IOR, la banque interne du Vatican, elle-même dirigée par Marcinkus. L'IOR soutenait entre autres, à l'époque, la Banque Ambrosienne bien sûr, mais aussi la Banque pour le Commerce Continental qui finança le coup d'état chilien du général Pinochet - pour qui l'actuel pape Jean-Paul II a manifesté si ouvertement et tant de fois son indéfectible soutien. Cet Institut pour les Oeuvres de Religion participait à leur capital. L'IOR avait également déposé plus de 25 tonnes d'or à la garde des USA, à Fort Knox, et Mgr Marcinkus en avait profité pour faire également parvenir en Pologne plus de 40 millions de dollars - pour "soutenir" Solidarnosc... A l'époque, qui aurait déjà pu y deviner la future élection du premier pape polonais de l'histoire du Vatican ?

Non seulement Mgr Marcinkus fut impliqué dans le dénouement violent du krach de la Banque Ambroisienne (trois morts "inexpliquées" : celle de son président Roberto Calvi, pendu sous un pont londonien à la suite d'un "suicide" pour lequel ses mains étaient liées derrière son dos, celle de Michele Sindon, mort dans sa prison italienne d'une over-dose de strychnine juste avant sa comparution devant ses juges, et celle de Liccio Gelli, grand patron de la loge P2) - mais il est fortement soupçonné d'avoir trempé dans la "liquidation" du Pape Jean-Paul Ier en 1978 - et se chargea en personne (seul pendant une demi-heure dans la chambre où venait d'être découvert le cadavre) de faire disparaître tous les dossiers qu'y était en train d'étudier, seul et loin des regards soupçonneux des membres de sa curie, ce pape trop curieux qui venait à peine d'être élu 25 jours plus tôt. La curiosité est un bien dangereux péché.

C'est pourtant ce même Marcinkus qui après avoir été prudemment renvoyé aux USA sur l'initiative personnelle du nouveau pape et grand ami de Solidarnosc (le chef de la sécurité de l'imprudent Jean-Paul Ier était malheureusement l'objet d'un mandat d'arrêt international - qui fut naturellement levé par la suite) a été nommé par le successeur "inattendu" du défunt au poste de Vice-Président de son gouvernement papal . Pour ne pas rendre cette étonnante promotion trop éclatante, le pape reconnaissant lui a simplement mis en couverture, à l'échelon supérieur en quelque sorte, Mgr Renato Dardozzi; de l'Opus Dei...

Les Papes passent – mais comme pour les rois et pour les ministres, ce sont les substituts qui font le travail sérieux; et ils restent en poste, eux, quand les ministres s'en vont et que les souverains trépassent .

Je n'entreprendrai certainement pas de retracer ici les hauts faits de cet Opus Dei - qui jouit des faveurs les plus insignes de Jean-Paul II. Il y faudrait trop de pages, même sur papier de récupération. Il me suffira de souligner que la connexion de l'Opus Dei avec la CIA reste tout aussi étroite aujourd'hui qu'elle le fut précédemment (c'est à dire depuis la Libération de Rome) sous le règne de Pie XII, qui fut le grand maître de cet étonnant renversement des alliances vaticanes : pour passer d'Anton Pavélitch et de Mussolini ... à la CIA, il ne fallait que deux béatifications de plus, et elles vinrent à leur heure : celles du très fasciste cardinal Stepinac et celle du très franquiste Mgr Escriba, fondateur de l'opus Dei.

Alors, c'est vrai, il y a du positif dans ce récent communiqué du Vatican: on y distingue désormais l'Église d'Orient et l'Église d'Occident - au lieu d'en faire immédiatement les deux poumons de l'unique Église (celle de Rome, bien sûr!).

Mais il y a trop de négatif pour qu'on puisse vraiment croire à leur "union" - disons : canonique. Il y faudrait au moins un immense et universel concile œcuménique (à condition de bien vouloir admettre la filiation apostolique des évêques non-orthodoxes... ?!) pour débrouiller enfin l'écheveau des hérésies qui s'acharnent à déchirer l'Église, et pour recevoir la pénitence des fautifs et leur nouvelle profession de foi orthodoxe.

Sinon, bien sûr, on peut toujours essayer de marier la carpe et le lapin, mais il y a peu de chances de pouvoir un jour baptiser leur progéniture commune.

« Veillons donc dans une prière de tous les instants pour être jugés dignes d'échapper à ce qui doit arriver... » (Luc 21, 36)

pcc : Eliazar
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Éliazar,

Je ne doute pas un instant qu'il y ait beaucoup de cadavres dans les placards et dans les caves du Vatican, et tu fais bien de nous rafraîchir la mémoire.

Il fut un temps où les intentions et les projets du patriarcat œcuménique étaient très troubles, et il y a encore un parti orthodoxe qui croit dur comme fer que l'Église orthodoxe doit reconnaître le Vatican comme une "Église-sœur". Mais ceux qui envisagent un tel rapprochement l'entrevoient comme un baiser Lamourette, une retrouvaille fraternelle, pas comme un rattachement de type uniate. Et ils sont de moins en moins nombreux, et le patriarcat œcuménique, à force d'avoir reçu un certain nombre de claques a fini par ne plus y croire.

Le pape polonais s'est révélé un virtuose du coup tordu, du double langage, de l'exploitation des médias, des effets d'annonce, de la compromission des naïfs, etc, etc. Il a fini par user la patience jusque de ses propres fidèles, et on ne voit pas comment le prochain pape -- de quelque tendance il soit issu -- pourrait poursuivre de telles acrobaties.

On ne peut méconnaître qu'un certain nombre de théologiens catholiques traditionnalistes en sont arrivés à la conclusion que sur un certain nombre de points les orthodoxes ont raison : sur le Filioque, sur l'anamnèse du saint Esprit, sur la primauté du pape, sur le rite de la consécration épiscopale, sur le célibat ecclésiastique, et probablement sur bien d'autres points. Autant que je sache il s'agit toujours de points isolés à la manière scolastique, pas d'une mise en cause globale, mais il s'agit d'une évolution interne de la théologie catholique, qui est parfois mise à profit par les habiletés tactiques du Vatican, parfois aussi redoutée par lui, car nul ne sait jusqu'où ce mouvement issu des profondeurs du catholicisme (et procédant d'une crise secrète) pourra aller, et le Vatican se méfie (depuis toujours) de ses propres théologiens, beaucoup plus difficiles à contrôler que des membres de la hiérarchie.

Cette évolution en tout cas cela ne doit rien au courage théologique des hiérarques et des théologiens orthodoxes. Bien sûr il s'agit uniquement de positions de commissions de théologiens spécialisés.

Pour ma part le crois qu'il faut s'en réjouir, sans avoir d'illusions. Y aura-t-il des conséquences sur le comportement du Vatican et sur l'existence de "l'organisation religieuse vaticane". Personne ne peut le dire. Personne ne peut dire que c'est impossible, et pas plus que c'est évident.

Il y aura probablement un jour où les défenseurs les plus convaincus du catholicisme vaticanesque seront les modernistes orthodoxes. Dés maintenant ce sont les derniers interlocuteurs qui le prennent au sérieux
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
eliazar
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Message par eliazar »

Cher Jean-Louis,

Je te remercie d'avoir écrit ce que je n'osais pas ajouter à ma déjà longue diatribe:

"Il y aura probablement un jour où les défenseurs les plus convaincus du catholicisme vaticanesque seront les modernistes orthodoxes. Dés maintenant ce sont les derniers interlocuteurs qui le prennent au sérieux."

C'est l'exacte vérité. Le Vatican de l'après-Vatican II a réussi ce tour de force inattendu d" donner mauvaise conscience à ceux qui, même dans l'orthodoxie ou le protestantisme, s'étaient donné la peine de rappeler tout ce qui était inacceptable.

Pour les protestants, cela ne me regarde pas (et je ne pense pas qu'ils soient allés aussi si loin que nos hiérarques dans ce que tu appelles joliment le baiser Lamourette), mais de notre côté, je suis sidéré de voir tant de prêtres et d'Évêques qui devraient être nos garants tourner casaque à ce point.

Enfin : Dieu est encore là: Dieu soit loué!
Volodimir
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Message par Volodimir »

Que dire de cela:

1204 et les relations entre Rome et Constantinople



A l'occasion de la visite à Rome, pour la fête des saints Pierre et Paul, du Patriarche oecuménique, l'agence de presse catholique Zénit (http://zenit.org ), dans son bulletin du 29 juin, donne deux informations concernant les relations entre orthodoxes et catholiques. La première est l'évocation par le pape du sac de Constantinople en 1204 - ci-dessous les principaux extraits du texte. La seconde information est un bref entretien du cardinal Kasper, président du conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, sur "l'unité entre catholiques et orthodoxes", que nous reproduisons in extenso.



CITE DU VATICAN, Mardi 29 juin 2004 (ZENIT.org) - "Indignation et douleur" pour le sac de Constantinople par les croisés en 1204 : le pape Jean-Paul II a évoqué cet événement lors de l'audience accordée au patriarche oecuménique Bartholomaios Ier , ce mardi matin à 11 heures, à l'occasion de la fête de saint Pierre et saint Paul, patrons de l'Eglise de Rome.

Le Vatican et le Phanar échangent en effet des visites fraternelles le 29 juin et le 30 novembre à l'occasion des fêtes respectives de leurs saints patrons Pierre et André, les deux frères et apôtres. Mais cette année, le pape a invité le patriarche parce qu'il s'agit du 40e anniversaire de la rencontre historique entre le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras Ier à Jérusalem en janvier 1964. Le pape disait souhaiter que cet anniversaire soit l'occasion d'un "bond en avant dans le dialogue".

Comme conséquence de cette visite, Jean-Paul II le rappelait dimanche dernier à l'angélus (ZF040627), le 7 décembre 1965, un jour avant la fin du Concile, Paul VI et Athénagoras Ier ont fait une déclaration commune dans laquelle ils déploraient et levaient les "anathèmes" respectifs prononcés en 1054, et qui avaient provoqué le schisme entre l'Eglise d'orient et celle d'occident.

Lors de l'audience de ce mardi matin, Jean-Paul II a évoqué le rencontre "bénie" entre Paul VI et Athénagoras à Jérusalem, la ville même où, soulignait le pape, "Jésus a été élevé sur la Croix pour racheter l'humanité et la rassembler dans l'unité". "Comme cette rencontre à la fois joyeuse et courageuse a été providentielle pour la vie de l'Eglise !" s'exclamait Jean-Paul II.

"Poussés par la confiance et par l'amour de Dieu nos prédécesseurs éclairés ont su surmonter les préjugés et les incompréhensions séculaires, et ils ont offert un exemple admirable de pasteurs et de guides du Peuple de Dieu. En se redécouvrant frères, ils ont ressenti un sentiment d'allégresse profonde qui les a poussés à reprendre avec confiance les rapports entre l'Eglise de Rome et l'Eglise de Constantinople. Que Dieu les récompense dans son royaume", ajoutait le pape.

"Au cours de ces 40 années, continuait Jean-Paul II, nos Eglises, dans leurs relations, ont vécu des occasions importantes de contact, favorisées par un esprit de réconciliation réciproque. Nous ne pouvons oublier par exemple l'échange des visites entre le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras Ier en 1967". Le pape évoquait aussi la visite à Rome du patriarche Dimitrios Ier en 1987 et celle du patriarche Bartholomaios lui même en 1995.

Le pape y voit autant de "signes de l'engagement commun" à continuer dans cette voie "pour que se réalise enfin, disait-il, la volonté du Christ: que tous soient un".

Parmi les ombres du passé, le pape évoquait "les événements d'avril 1204 lorsqu'une armée partie pour récupérer la Terre Sainte au christianisme s'est dirigé vers Constantinople pour la prendre et la saccager, en versant le sang de frères dans la foi".

"Comment, huit siècles plus tard, ne pas ressentir nous aussi l'indignation et la douleur qu'a manifestée immédiatement, à la nouvelle de ce qui était arrivé, le pape Innocent III ?", interrogeait Jean-Paul II.

Il ajoutait : " Aussi longtemps après, nous pouvons analyser les événements d'alors avec une plus grande objectivité conscients qu'il est pourtant difficile d'enquêter sur la pleine vérité historique".

Mais, disait-il, "l'avertissement de saint Paul vient à notre secours : "Ne jugez rien avant le temps, lorsque le Seigneur viendra, lui mettra en lumière les secrets des ténèbres et il manifestera les intentions des coeurs" (1 Co 4,5)".

"Prions donc ensemble, invitait Jean-Paul II, afin que le Seigneur de l'histoire purifie notre mémoire de tout préjugé et de tout ressentiment, et qu'il nous accorde d'avancer librement sur le chemin de l'unité".(...)

Une "commission mixte" est chargée du dialogue théologique, rappelait le pape, et elle constitue "un instrument important et il souhaite qu'elle soit réactivée".

Il y voit une urgence et a dit sa volonté et celle de ses collaborateurs de mettre en ouvre tous les moyens possibles pour alimenter l'esprit d'accueil réciproque, de compréhension, dans la fidélité à l'Evangile et à la commune tradition apostolique (...)

L'unité entre catholiques et orthodoxes, par le cardinal Kasper :

CITE DU VATICAN, Mardi 29 juin 2004 (ZENIT.org) - Le président du conseil pontifical pour la Promotion de l'unité des chrétiens, le cardinal Walter Kasper, évoque, dans cet entretien à Radio Vatican, comment pourrait se faire l'unité entre catholiques et orthodoxes : "une unité dans la même foi, avec les mêmes sacrements, avec le même épiscopat, dans la succession apostolique", mais aussi "une pluralité de formes liturgiques, théologiques, spirituelles, canoniques".

Un entretien accordé à l'occasion de la visite du patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomaios Ier, en cette fête de saint Pierre et saint Paul.

- Quel est le message de cette visite ?

- La visite lance le message qu'après deux ou trois ans de difficultés et quelque malentendu, maintenant les Eglises se sont remises à se parler et à regarder vers l'avenir. Elles veulent recommencer avec le dialogue international. Voilà le message central. Et en ce moment particulier de l'unification de l'Europe, le continent a besoin du témoignage commun des Eglises.

- Comment voyez-vous les relations entre les catholiques et le monde orthodoxe si varié ?

- Il existe une certaine diversification parmi les Eglises orthodoxes, mais le Patriarcat oecuménique de Constantinople a une sorte de primauté d'honneur, et la primauté de l'intégration entre les Eglises. C'est pourquoi ce rapport est très important pour nous. Mais nous voulons souligner nos rapports avec les différentes Eglises orthodoxes : nous pensons que nous sommes au début d'une période très fructueuse.

- Quelles sont vos suggestions pour intensifier le chemin vers l'unité ?

- IL y a deux propositions. Avant tout, recommencer avec le dialogue théologique international qui s'est plus ou moins interrompu en 2001. Puis, nous devons réfléchir à comment faciliter l'information réciproque, comment instituer aussi des organismes pour nous informer, pour des consultations. Pendant le premier millénaire, il y avait la figure de l'Apocrisaire ; une sorte de nonce du pape à Constantinople avec son homologue à Rome. Nous ne voulons pas réintroduire l'Apocrisaire mais il est pourtant nécessaire de réfléchir à la façon d'accélérer le contact quotidien pour éviter des malentendus.

- Eminence, comment verriez-vous à l'avenir l'union entre catholiques et orthodoxes?

- Le pape lui-même a dit que cela sera une union sans fusion et sans absorption : c'est ça la formule. C'est une unité dans la même foi, avec les mêmes sacrements, avec le même épiscopat, dans la succession apostolique, mais seront possibles une pluralité de formes liturgiques, théologiques, spirituelles, canoniques. Donc, les Eglises orthodoxes conserveront leurs formes de vie quotidienne. Le problème sera plutôt l'exercice de la primauté de l'évêque de Rome. Il y a eu l'an dernier ici à Rome un symposium à ce sujet. Nous devons continuer à étudier ce problème
Antoine
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Message par Antoine »

Rien à dire parce que quand Kasper déclare:
Le problème sera plutôt l'exercice de la primauté de l'évêque de Rome.
Il n'ya rien d'autre à ajouter. Il n'y a que ça qui intéresse la curie romaine depuis plus de mille ans. Le reste de son baratin n'a aucune valeur théologique.


Quant à la célèbre citation "que tous soient un" elle est tronquée comme d'habitude. La citation exacte tirée de la prière sacerdotale en Jean XVII est:
20 « Je ne prie pas pour eux seulement, mais encore pour ceux qui, par leur parole, croiront en moi,
21 afin que tous soient un; comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, pour que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé.
22 Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un;
23 moi en eux et toi en moi, pour qu’ils soient parfaitement un, et que le monde reconnaisse que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.

Il s'agit de l'unité consubstantielle et non pas de vagues <<sentiments fraternels>> ou encore d'une <<union sans fusion et sans absorption>>

Les orthodoxes veulent l'unité dans la foi, dans la dogmatique,dans l'ecclésiologie, dans la canonicité, dans l'apostolicité, dans la catholicité, dans la sacramentalité, dans la spiritualité. Bref, ils veulent l'impossible retour des ktos à l'Eglise indivise des 8 premiers siècles.

La curie veut une union sous la mitre papale. Ils prennent nos lanternes pour leurs vessies. Il est vrai qu'en 1204, ils pissaient dans nos calices. On ne leur en veut pas pour si peu et JPII n'a aucun mal à demander pardon pour ça. Un petit pardon pour un petit passé qui cache de gros mensonges du grand présent. Mais quand demandera-t-il pardon pour toutes les innovations de son "eglise", les trahisons de la foi, les falsifications des textes, et son double langage personnel perpétuel? Je demande pardon d'un côté et de l'autre je canonise Stépinac. Depuis 1204 c'est toujours la même incontinence: les sphincters romains sont difficilement maitrisables. Il y a là une anomalie génétique que j'ai du mal à qualifier de succession apostolique...
Les vespasiennes ont toujours été un carrefour très oecuménique!
Claude le Liseur
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Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Message par Claude le Liseur »

En tout cas, les déclarations du cardinal Gauthier Polichinelle (excusez-moi, cette manie de tout traduire en français...) montrent bien que l'Eglise catholique romaine s'est, dans les faits, complètement alignée sur le modèle de la Communion anglicane: croyez en n'importe quoi, pourvu qu'il y ait l'unité administrative.
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