Notre Seigneur Jésus Christ dit dans l’évangile :
Comme la chute de l’homme était due à la désobéissance, c’est l’obéissance à la Volonté divine qui nous ramène au Royaume des cieux.Depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu'à présent, le royaume des cieux souffre violence, et ce sont les violents qui s'en s'emparent. (Mt 11,12)
Le Christ a montré l’exemple : “Que ta Volonté soit faite et non la mienne” au moment où Il devait affronter la mort pour nos péchés.
C’est la base de la vie ascétique, très ardue, — faire violence à sa volonté propre, cette volonté tributaire de la nature déchue, cherchant toujours pour soi le plaisir égoïste, c'est-à-dire s’abstenir du mal pour faire le bien.
Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien. — dit l’Apôtre (Rm 12,21), et cela nous coûte, en effet, de très violents efforts parfois, et très peu nombreux sont ceux qui arrivent à l’accomplir en chaque circonstance.
Mais il arrive un jour où, à force de s’y exercer, le chrétien fera le bien, la Volonté de Dieu, sans effort. Et c’est là que l’on peut dire qu’il sera devenu vraiment libre, soulagé du fardeau de ses péchés.
Que Dieu nous accorde de parvenir à cet état, sinon dans cette vie, du moins dans l’autre, car c’est cela, le Royaume promis.
C’est ce que dit le Christ dans Mc 9,1 :
Comment nous devons entendre cette violence et de quels violents il s’agit, les citations ci-dessous de quelques pères ascétiques parmi des centaines qui ont écrit sur le même sujet, nous le feront comprendre.Quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point, qu'ils n'aient vu le royaume de Dieu venir avec puissance.
1. DES INSTRUCTIONS DU STARETZ PARTHÉNY, HIÉROMOINE DU GRAND HABIT DE LA LAURE DES GROTTES DE KIEV :
« Le royaume de Dieu souffre violence, et ceux qui se font violence s’en emparent. Cette violence ne se limite pas seulement à s’abstenir des passions et de la nourriture, mais s’étend à toutes nos actions et mouvements intérieurs et extérieurs. Agis en tout contre les désirs de la chair : tu as envie de t’allonger confortablement — force-toi à faire le contraire ! Étant assis, tu as envie de t’appuyer — retiens-toi ! Et ainsi pour tout !
Nous devons nous faire violence pour prier et pratiquer le bien, même lorsque nous n’en avons pas envie.
Ne veuille pas te distinguer en matière de salut ; ne cherche pas des voies spirituelles extraordinaires, ne t’impose pas des exploits ascétiques exceptionnels, mais en fonction des circonstances, de la force que Dieu te donne, fais-toi continuellement violence et ne te ménage pas pour pratiquer le bien.
2. ABBA MACAIRE
Combattez, mes enfants, ne regardez pas la foule qui mange, qui boit, qui dort sans avoir de remords; ne dites pas: Peut-être ceux qui se donnent de la peine et ceux qui ne se donnent pas de peine, c'est la même chose. Non, mes enfants, fortifiez-vous dans la foi de votre terre; car même une petite œuvre de vertu que quelqu'un fera, ou s'il se fait violence dans son manger, toutes les œuvres pénibles que vous aurez faites en plus, vous les trouverez toutes manifestées pour vous dans le siècle futur. Courez donc, mes enfants, vers la peine, aimez-la, qu'elle vous soit très douce dans une grande humilité de cœur.
3. SAINT JEAN CLIMAQUE (L'ECHELLE SPIRITUEL XIV,37)
Le jeûne est une violence faite à la nature, l'amputation de ce qui flatte le goût, l'extinction du feu de la luxure, le retranchement des pensées mauvaises, la délivrance des rêves, la pureté de la prière, la lumière de l'âme, la garde de l'intellect, l'affranchissement de l'endurcissement, la porte de la componction, l'humble gémissement, la contrition joyeuse, l'assoupissement de la loquacité, la source de la quiétude, le gardien de l'obéissance, l'allégement du sommeil, la santé du corps, le protecteur de l'impassibilité, la rémission des péchés, la porte du paradis et ses délices.
4. HIÉROMOINE CASSIEN
La prière, en son fond, est la tension, l’ouverture vers Dieu, c’est-à-dire notre communion avec Lui. Cette prière existe plus ou moins dans chaque croyant, d’une manière variable selon son effort vers le bien. Le fait d’être distrait ou emporté par ses sentiments pendant la prière n’est pas un signe décisif de sa qualité. On peut être tenté au moment de la prière, et c’est l’effort, la violence qu’on se fait qui compte. Les pensées sublimes, les sentiments chaleureux ne dépendent pas tant de nous que de la grâce.
5. LE STARETZ BASILE DE POÏANA-MARULUÏ :
Et le fruit de la prière « extérieure » nous a été montré par saint Syméon le Nouveau Théologien dans ce qu’il appelle la deuxième oraison. Il dit : « La deuxième oraison est celle-ci : l’esprit, se retirant des choses sensibles et se gardant des sensations du dehors et recueillant toutes ses pensées, avance, oublieux de toutes les vanités ; tantôt, il fait l’examen des pensées, tantôt il applique son attention aux demandes que la bouche adresse à Dieu, tantôt, pris lui-même par la passion, il use de violence pour revenir à soi. À combattre ainsi, la paix est impossible, et aussi la victoire. Tel un homme qui se bat dans la nuit, il entend bien la voix des ennemis et reçoit leurs coups, mais quant à voir clairement ou dans quel but ils se battent, cela ne lui est pas possible, étant donné les ténèbres de son esprit, cause de ce désavantage. Qui lutte de cette sorte ne peut manquer d’être écrasé par les envahisseurs spirituels ; il supportera la peine, mais sera frustré de la récompense. ».
6. APOPHTEGME
Un frère demanda à un ancien : «Quand je psalmodie, il m’arrive d’avoir hâte d’en arriver à la fin; pourquoi cela ?» Il répondit : «À quoi reconnaîtra-t-on un homme qui aime Dieu, sinon à ce que, lorsqu’il est aux prises avec le démon, il se fait violence pour lui résister, retenu par l’amour et la crainte de Dieu ?»
7. HIÉROMOINE CASSIEN
Le prêtre est là pour nous corriger, nous diriger sur la bonne voie, ce qui est contraire à nos penchants mauvais. Cela ne va donc pas de soi de suivre ses instructions et d’accepter ses corrections car il faut se faire violence. Si le prêtre agit avec sévérité ou douceur, c’est à lui de juger et non pas à nous car nous cherchons généralement ce qui nous flatte comme l’enfant qui ne désire que jouer et s’amuser.
8. DE LA VIE DE SAINT PIERRE ORSÉOLO
Jour et nuit, il demandait pardon à Dieu de ses fautes, récitait tous les soirs le psautier en entier, priait à genoux avec larmes pour le salut de son âme et de celle de tous. Son abbé l’avait vu plusieurs fois en extase et rayonnant de la beauté des anges. Son autre tâche fut de réveiller les frères et de donner le signal des Matines avant deux heures du matin. Pierre, craignant de déroger à cette charge difficile par suite d’un sommeil profond, ne dormait plus : le résultat en était qu’il devait se faire une violence inouïe pour ne pas succomber au sommeil. C’est alors que le démon crut prendre parti de la faiblesse de sa nature humaine. Prenant le doux langage d’un bon ange, il lui disait : «Dors en paix; je te réveillerai avant l’heure des Matines.» Mais Pierre, discernant la supercherie de l’ennemi, le chassa d’un signe de la croix.
Et enfin :
9. HM. CASSIEN
Quand le jeûne ne nous pèsera plus, quand la prière nous sera un besoin comme l’air à respirer, quand l’obéissance — pour tout dire — nous deviendra une seconde nature, alors le paradis sera retrouvé avec toute sa fraîcheur et ce sera l’avant-goût du royaume que le Christ a promis à ceux qui se font violence.