texte original de l'Encyclique de 1924

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Claude le Liseur
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Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

texte original de l'Encyclique de 1924

Message par Claude le Liseur »

Je joins ici le texte original de l'Encyclique de 1924, tel que reproduit dans le livre de Mgr Hiérothée, et je pense que mes amis grecs n'ont plus qu'à prendre to mastigio pour me fustiger de la façon dont je massacre la katharevoussa. La prochaine fois, je retourne à mon domaine de compétence, et je vais traduire du démotique la vie de saint Achmet.

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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Voici le traduction que je vous propose :

(En fait lorsqu'on veut traduire la “kathareuousa”, il faut la traiter comme une langue morte, non comme une langue vivante)


La hiérarchie de l’Église de Grèce a envoyé sous le numéro de protocole 1022/414 du 19 mai 1924 une Encyclique “aux communautés grecques se trouvant dans la diaspora”, dont voici le contenu :

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Le saint Synode de l’Église autocéphale de Grèce, a reçu des lettres du Patriarcat Œcuménique l’informant de la fondation d’Archevêchés et de Métropoles dans les communautés orthodoxes grecques de la diaspora relevant de la juridiction spirituelle du Patriarcat, et de l’abrogation du Tome patriarcal de 1908 qui en résulte.

C’est pourquoi le saint Synode, lors de sa réunion du 16 mai courant, dans son infinie vénération pour le Patriarcat Œcuménique et mû par le désir d’affermir les mœurs, ainsi que dans le respect des anciennes dispositions canoniques, a décidé de reconnaître l’abrogation du Tome patriarcal de 1908 soumettant toutes les communautés orthodoxes se trouvant dans la diaspora à la juridiction du Patriarcat Œcuménique. En faisant part de sa décision, le saint Synode invite tous les très-pieux clercs et tous les pieux laïcs des communautés qui se trouvent en Europe occidentale, en Amérique et au Canada, en Australie et partout ailleurs à reconnaître le Patriarcat Œcuménique comme leur autorité spirituelle et à s’adresser à lui ou aux pasteurs spirituels qu’il a institués et à se placer avec empressement et obéissance sous sa direction.

Le saint Synode conseille tout particulièrement aux communautés orthodoxe grecques en Amérique de reconnaître l’Archevêché qu’il a institué et ses Évêques comme les seuls légitimes, de retrancher et d’éradiquer tout ce qui pouvait motiver la lamentable division qui les discrédite aux yeux du monde civilisé et instruit de la religion et entrave tous leurs progrès. Ils ne peuvent espérer trouver d’aucune manière une autorité aux actes anticanoniques de leurs clercs s’ils n’ont pas l’autorisation d’une Autorité spirituelle et s’ils agissent sans la bénédiction d’un Évêque.

C’est du reste parce qu’elles prennent cette situation en considération que les pieuses communautés grecques orthodoxes de la diaspora doivent se soumettre, en ce qui concerne leurs problèmes ecclésiastiques, non plus au saint Synode de l’Église de Grèce, mais au Patriarcat Œcuménique et aux évêques et aux desservants qu’il a institués.

Que le Dieu de paix et d’amour vous donne de penser ainsi et de vivre en paix entre vous, par l’effet de la foi chrétienne et de toute vertu pour la gloire de son Nom. Amen.

À Athènes le 19 mai 1924,
Chrysostome d’Athènes, Président,
et les membres de la hiérarchie.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Merci beaucoup de vous être donné la peine de traduire ce texte qui est le fondement actuel de la juridiction de Constantinople sur l'écrasante majorité de ses paroisses et qui, à ma connaissance, n'avait jamais été publié en français.

C'était la première fois que je m'essayais à traduire (et pas seulement paraphraser) un texte en katharevoussa et je suis très déçu et épouvanté de mon résultat, alors que j'arrive à traduire des textes en démotique. Je n'ai jamais fait de grec ancien à l'école, mais du peu que j'en connais, la katharevoussa m'a semblé présenter aussi des différences avec le grec ancien. Existe-t-il des dictionnaires katharevoussa-français publiés avant que le démotique devienne langue officielle en 1974? Pour ma piètre traduction, j'ai dû jongler avec le Bailly et le Rosgovas, parce que certains mots étaient utilisés avec le sens qu'ils ont en démotique et d'autres avec le sens qu'ils avaient dans la langue ancienne.
Ou puis-je partir sans autre du principe que je dois traduire la katharevoussa comme si c'était du grec ancien?
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

J'ai la chance d'avoir fait quatre années de grec (ancien bien sûr) au Lycée. C'était dû seulement aux tribulations des familles fuyant les bombardements pendant la guerre, et aux lycées surbondés. Je ne remercierai jamais assez la Providence de m'avoir pourvu de ce trésor, contre la volonté de mes parents.

Je me suis donné la peine beaucoup plus tard d'apprendre le grec moderne et en même temps d'apprendre à prononcer le grec ancien à la manière démotique. Quant à la kathareusousa à mon avis elle suit la syntaxe du grec ancien un peu simplifiée (plus d'optatif), une morphologie un peu plus “modernisée”, quelques mots totalement modernes (comme la négation "den"). Mais la force de sa syntaxe, conservée de l'ancien lui donne une très grande rigueur, très propre aux exposés juridiques et abstraits. Les grecs d'aujourd'hui la trouvent dépourvue de toute résonnance littéraire. J'en suis mauvais juge, mais pour moi, à partir du grec ancien, je trouve que c'est plutôt facile, et que l'ancien et que le moderne. Rien que l'emploi conservé du datif donne un confort de compréhension que le grec moderne a perdu (de mon point de vue).

Quand un mot est obscur, il est bien souvent utile de le décomposer et de le recomposer en utilisant les préfixes et racines latines ou romanes correspondantes aux grecques. Bien souvent c'est suffisant pour comprendre. Quant au vocabulaire techniquement philosophique ou théologique, il est évidemment commun au grec ancien, au grec moderne et à la kathareoussa.

J'ai pu traduire sans difficultés la thèse de Zizioulas que les traducteurs parisiens patentés du grec moderne n'arrivaient pas à comprendre.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
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