Chambesy, Supra Eglise?

Échangez vos idées librement ici

Modérateur : Auteurs

Thierry-VCO
Messages : 27
Inscription : mar. 13 avr. 2004 20:24
Localisation : Saxon, Valais, Suisse

Message par Thierry-VCO »

Christ Est Ressuscité!


Voici un extrait d'article qui nous parle de chambésy etc.


...Il arrive souvent qu'on attache peu d'importance à la participation des eglises orthodoxes locales au Conseil œcuménique des "églises". Cette participation est présentée comme un acte officiel, sa,nns conséquences réelles pour la masse des clercs et des laïcs qui constituent le Corps de l'Eglise. Est-ce bien vrai ? Effectivement quelques représentants officiels des Eglises orthodoxes locales décident de questions cruciales à l'insu de millions d'orthodoxes, clercs et laïcs. C'est ainsi que le 28 IX 1990 au centre du patriarcat de Constantinople à Chambésy, des théologiens des Eglises orthodoxes locales et des "églises" antichalcédoniennes ont signé une Déclaration commune - document concluant les dialogues œcuméniques menés entre eux. Pratiquement, cette Déclaration a ouvert la voie à l'union avec les hérétiques anti-chalcédoniens qui n'ont point renoncé à leur hérésie, ni accepté les décrets du IVe, VIe rt VIIe conciles œcuméniques.
Cet acte n'a pas tardé à manifester ses conséquences néfastes. Dans une lettre à son Synode, datée le 22 VII 1991 et dans son Encyclique , adressée au clergé et aux laïcs, le patriarche d'Antioche Ignace IV prévoit la célébration commune des offices, y compris la divine liturgie, par dse prêtres orthodoxes et syrojacobites (antichalcédoniens). De son côté le patriarche de Constantinople Barthélémy a informé par un message en date du 12 VIII 1992 les Primats des Eglises orthodoxes locales qu'une commission interorthodoxe était convoquée dans le but de discuter la réalisation pratique des décisions de Chambésy. Les conséquences de cette fausse union ne sont que trop évidentes. Tous ceux qui l'accepteraient ou qui entreraient en communion avec des clercs ayant acceppppté la Déclaration ne pourraient plus être membres de l'Eglise orthodoxe. Les objections qu'on peut faire à ce sujet - "Qu'importe si l'évêque ou le prêtre est œcuméniste, qu'importe s'il a accepté des décisions incompatibles avec la foi orthodoxe. Je vais à l'église en tant que chrétien orthodoxe, l'œcuménisme ne me concerne pas" - nous semblent ici bien déplacées. Car la communion écclésiastique, la communion sacramentelle et surtout le sacrement de la Sainte Communion veut dire que tous ceux qui y participent ont les mêmes idées, la même foi. Pour reprendre les paroles de saint Paul " nous sommes membres les uns des autres "(Eph. 4 : 25 ) et en même temps nous sommes membres de l'Eglise du Christ qui est Son corps (Eph. 5 : 30). Le sacrement de la Sainte Communion, c'est l'expression la plus profonde de l'union des orthodoxes dans ce corps mystique dont le Chef est notre Seigneur Jésus Christ, la Source même de la Vérité (cf Jean 14 : 6; Eph. 1 : 22; Col. 1 : 18). On comprend pourquoi selon le canon 10 des saints Apôtres, celui qui entre en communion de prières avec un excommunié est privé de communion lui-même, car "il a trompé l'Eglise de Dieu". Et il importe pour cela de ne pas nous esquiver devant notre responsabilité à l'égard de Dieu et à l'égard de la sainte Vérité orthodoxe, en cherchant des excuses mal fondées dans l'individualisme de l'homme contemporain.
L'union avec les antichalcédoniens que nous venons de citer en exemple, n'est qu'une voie parmi d'autres par laquelle l'œcuménisme - à la fois comme façon d'aborder les problèmes en théologie et comme l'institution réelle qu'est le COE - détruit l'unité des chrétiens orthodoxes dans la Vérité divine complète.
Le résultat de cette division affligeante, c'est la formation de deux groupes distincts en opposition entre eux : d'un côté les organes suprêmes d'administation des Eglises orthodoxes locales , membres du COE, avec les clercs et les laïcs qui les supportent, et de l'autre, les combattants pour l'intégrité de la foi orthodoxe et pour la conservation de l'unité dans cette foi.
Les chrétiens orthodoxes ont le droit, fondé sur les canons de l'Eglise, d'interrompre la communion ecclésiastique et la commémoration lors des offices liturgiques, de tout évêque qui enseigne l'hérésie publiquement et ouvertement dans l'Eglise*4. Si un évêque ou un clerc d'un rang inférieur est vicieux dans le domaine de la foi " fuis le et éloigne-toi de lui, fût-il non seulement un homme, mais un ange descendu du ciel ", nous dit saint Jean Chrysostome*5.
Les chrétiens orthodoxes qui se sont séparés de l'Eglise officielle pour ces raisons ne peuvent être soumis à des punitions canoniques. Ils sont même dignes de "l'honneur qui convient aux orthodoxes"*6, car ils n'ont pas désorganisé l'unité de l'Eglise par un schisme, mais au contraire ils ont fait preuve d'un effort asidu visant à prévenir la division et le schisme*7.Celui qui enseigne l'hérésie ou qui introduit des innovations dans l'Eglise, c'est bien lui qui provoque le schisme et la division. contrairement à cela, celui qui s'oppose à l'hérésie et s'en sépare, prouve réellement qu'il s'efforce à conserver l'unité de l'Eglise. Car la séparation canonique dans ce cas a pour but la défense de la foi orthodoxe et la préservation de l'unité de l'Orthodoxie elle-même.
La division causée par l'œcuménisme a rendu nécessaire l'emploi d'un terme distinctif - Eglises orthodoxes officielles. Ce terme a été réservé aux Eglises orthodoxes locales, membres du COE, dont les dirigeants, les synodes et les organes administatfs défendent l'œcuménisme. De leur côté les œcuménistes "orthodoxes" et leur adeptes traitent de "schismatiques" ceux qui se sont séparés d'eux pour conserver immaculée leur foi. Dans le Message des Primats des Eglises orthodoxes que nous avons cité au début de cet article, c'est bien eux qui sont accusés de mettre en danger l'unité canonique et spirituelle de l'Eglise orthodoxe. " Malheureusement, lisons-nous dans le texte du Message , cette unité est souvent menacée par des groupes schismatiques, existant à côté de la structure canonique de l'Eglise orthodoxe. Ayant échangé des idées à ce sujet, nous avons établi le besoin que toutes les saintes églises orthodoxes, agissant en pleine solidarité, condamnent ces groupements schismatiques et qu'elles s'abstiennent de toute communion avec eux" .On assiste à une confusion tragique des notions. Les représentants officiels de l'Orthodoxie, adeptes fervents de l'œcuménisme, pris dans les pièges du COE, tâchent de changer l'unité dans la foi orthodoxe qu'ils abolissent eux-mêmes en une unité purement extérieure : l'unité des structures administratives, l'unité des institutions, qui se veut canonique. L'exemple suivant nous montrera à quel point cette façon de penser est erronée. Il est bien connu que l'Eglise orthodoxe de Finlande célèbre la fête de Pâque selon le nouveau calendrier, séparément de toutes les les autres Eglises orthodoxes et en même temps que les catholiques et les protestants. Pourtant ce fait honteux est complètement dédaigné par les églises officielles. Elles n'attribuent aucune importance à ce que l'unité orthodoxe , exprimée par la célébration commune de Pâque, est rompue par cette église, qui s'est condamnée elle-même, en s'attirant les sévères sanctions formulées dans les Canons ( Ap. 7; I Œcuménique, resp. Antioche I). L'église de Finlande est tout simplement une église "officielle" dont la canonicité ne fait pas de doute. En même temps les défenseurs de l'Orthodoxie, séparés canoniquement de l'Eglise officielle, sont considérés comme "schismatiques" et le Message prescrit que "toutes les saintes églises orthodoxes (...) condamnent ces groupements schismatiques et qu'elles s'abstiennent de toute communion avec eux ". Etrange logique qui parle suffisamment d'elle même !
Le résultat de cette confusion d'idées est réellement tragique. En réduisant l'unité de l'Eglise orthodoxe à l'unité visible, matérielle des structures administratives des églises officielles, les œcuménistes "orthodoxes" s'efforcent de cacher les violations flagrantes des Canons qu'ils commettent eux-mêmes et la déformation de la confession de foi orthodoxe. En d'autres termes, sous le couvert de l'unité extérieure des institutions, ils dénaturent " la confession juste et salvatrice de la foi ", qui est le gage de la véritable unité orthodoxe. Il serait utile de rappeler à ce propos l'avertissement du hiéromoine américain Séraphiim (Rose) : " En fin de compte toutes les institutions officielles seront soumises à l'antéchrist "*9
Il est à remarquer aussi que les œcuménistes "orthodoxes" traitent souvent d'une façon brutale et sans gène leurs frères orthodoxes qui ont le courage de défendre la pureté de leur foi. rappelons par exemple l'explulsion des moines de la skite du saint prophète Elie qui avaient refusé de commémorer lors des offices le nom du patriarche œcuméniste de Constantiople. Par contre,ils ne sont que trop aimables à l'égard des hérétiques et de leurs communautés, suivant les prescriptions de la diplomatie œcuméniste. Si parfois ils leur adressent des critiques, celles-ci sont savamment mesurées dans le cadre de cette même diplomatie. En fait, ces critiques ne sont rien d'autre que des paroles aussitôt oubliées.
Pour finir, tirons quelques connclusions générales. Ceux que le Message signé à Constantinople qualifie de "schismatiques" sont en fait des chrétiens orthodoxes, restés fermes dans leur foi sainte et salvatrice, " qui a été donnée une fois aux saints " (Jude, 1 : 3) et qui leur a été léguée par les Pères de l'Eglise. Pour citer encore une fois le père Séraphim (Rose), ces gens suivent " des évêques, .dirigeant un petit nombre de diocèses orthodoxes et qui demeurent intransigeants à l'égard de l'apostasie de notre époque. On peut citer une partie de l'Eglise Orthodoxe en Russie, l'Eglise Orthodoxe Russe Hors frontières, les Vrais Chrétiens Orthodoxes (c'est-à-dire les anciens calendaristes) en Grèce "*10. Ajoutons y l'Eglise de l'ancien calendrier liturgique en Roumanie et l'Eglise Orthodoxe des anciens calendaristes dans notre pays. C'est précisement ce "petit reste" des enfants d'Israël - l'Israël du Nouveau Testament- qui détient "la confession juste et salvatrice de la foi", seul gage de la vraie unité orthodoxe. Méprisé, calomnié, souvent même persécuté par des gens qui ont soi-disant la même foi, des gens qui prétendent être orthodoxes, ce "petit reste" n'en est pas moins "une pierre d'achoppement" ( Rom. 9 : 32) pour l'œcuménisme et un appui solide de l'Orthodoxie. Peu nombreuse, mais fidèle à la foi des Pères, l'Eglise Orthodoxe Bulgare de l'Ancien Calendrier se rallie sans réserve à ce "petit reste" qui répond en réalité aux paroles inspirées de l'archevêque russe Séraphim (Sobolev), d'heureuse mémoire: "L'œcuménisme ne fêtera pas sa victoire, tant qu'il n'aura enserré dans son anneau mondial toutes les églises orthodoxes. ne lui laissons pas cette victoire ! Connaissant sa véritable nature et ses buts, rejetons entièrement le mouvement œcuménique, car il porte en lui l'apostasie et la trahison du Christ ."*11

____________

*5 Homiliae in epistolam ad Hebraeos, PG, t.63, col.231
*6 Protodeuteron, 15
*7 Ibidem.
*8 Tcherkoven vesnik , n°12, 23 III 1992, p1.
*9 Hieromon. Séraphim (Rose). Sviatoe Pravoslavie, XX vek, Donskoï monastyr, 1992, p.26
*10 Ibidem, p. 243.
*11 Archiep. Séraphim (Sobolev). " Nado li Rousskoï Pravoslavnoï Tzerkvi outchastvovat v ékouménitcheskom dvijénii ? ", Deyania Sovéchtania glav i predstavitelei avtokefalnyh tzerkvei v sviazi s prazdnovaniem 500-létia avtokéfalii Rouskoï Pravoslavnoï Tzerkvi, 8-18. VII 1948, t. II, Moskva 1949, p.383.

Thierry

Evêque Photios de Triaditza
(Eglise Orthodoxe Bulgare de l'Ancien calendrier)
Répondre