Page 2 sur 3

Canon

Publié : lun. 17 mai 2004 16:22
par Bertrand
Bonjour Axel,

1.0- Vous avez écrit : « Quelles sont les raisons avancées par qui de droit pour justifier l'exclusion des livres deutérocanoniques du Canon des Ecritures et cela à une époque si tardive ? »

a) Si cette ramification russe de l'Église Orthodoxe en serait venue à rejeter les livres deutérocanoniques, c'est probablement à cause de l'influence du Protestantisme. L'argumentation de ce dernier a de l'attrait parce qu'elle se base sur le Canon hébraïque de la Bible soit sur le canon Palestinien qui fut déterminé en l'an 90 lors d'une assemblé qui eu lieu à Jamnia.

b) Ce Canon palestinien ne reconnu pas comme Parole de Dieu les 7 livres deutérocanoniques ainsi que les suppléments du livre d'Esther et de Daniel. La partie de l'Église du côté oriental eu de la difficulté avec ces fameux deutéro., car une partie des Pères de l'Église n'y était pas favorable. Mais au Concile in Trullo en l'an 692 les deutérocanoniques seront finalement inclus dans le Canon de la Bible. Ainsi le Canon de la partie orientale de l'Église rejoindra celui de l'occident, et c'est fort heureux.


c) Pour ce qui est des Pères de l'Église du côté occidental ces livres furent reconnut comme canoniques et ce à partir du Concile de Rome en l'an 382 et par la suite par 4 autres Conciles.
Cette attirance pour le Canon Palestinien gagna un adepte des plus populaire et ce fut St. Jérôme qui fut même le seul Père de l'Église à dire des deutéro. qu'ils étaient apocryphes. Plus tard il se raviseras pour ces livres ( du moins pour certains ) en les nommant Écritures saintes ou en employant une formule similaire « il est écrit ». St. Jérôme était peut-être trop un inconditionnel de la Bible hébraïque donc du Livre ne contenant pas les déteuro. ... ( Paradoxalement St. Jérôme tenait pour inspirée ( Parole de Dieu ) la Septante qui elle contenait les livres deutérocanoniques ! )

d) Par réaction contre la position Catholique, les deutérocanoniques (appelés par les Protestants apocryphes) verront leur crédit diminuer dans le protestantisme, jusqu'à ce que la Société biblique de Londres les exclue en 1826, contre le gré des Églises Luthériennes. Sous l'influence du Protestantisme, le patriarche de Constantinople Cyrille Loukaris tentera aussi de les écarter, et le Saint Synode Russe rayera du Canon au XIXe siècle ceux de l'Ancien Testament, malgré l'ancienne tradition Orthodoxe.

-------------------------------------

Voilà Axel d'où provient le fait que certaines Églises Orthodoxes ( et j'en suis désolé ) auraient rejeté les livres deutérocanoniques. Fort heureusement que le grande majorité de l'Orthodoxie accepte ces livres comme canonique.

Maintenant il me reste à vérifier si les compléments du livres d'Esther et de Daniel sont reconnues par des Églises Orthodoxes et dans quelle proportion environ.


Bon je m'arrête ici.

Et en espérant ne pas avoir commis d'erreurs,
et manqué à la charité.
Je vous salut en notre commun Seigneur Jésus-Christ. :)

Bertrand

Ps. Seriez vous Protestant par hasard ?

Publié : ven. 28 mai 2004 17:03
par Axel
Cher Bertrand,
Merci beaucoup pour ce complément d’informations.

Vous confirmez donc que l’Eglise russe a supprimé, en un synode du XIXème siècle, 7 livres deuterocanoniques du canon vetero-testamentaire malgré que ceux-ci aient été inclus au Canon des Ecritures par le Concile in Trullo, celui de 682?
Et que sous l’influence de l’Eglise russe, l’Eglise de Grèce aurait agit de même.
Que savez-vous du Canon des Ecritures des autres Eglises orthodoxes canoniques?
Et quid des Vieux-Croyants et de l’Eglise russe hors frontière?
Quid aussi des VCO grecs?
Vos affirmations me semblent contredire celles de LC. Qui a raison?
Enfin si ce que vous affirmez était vérifié, cela me paraitrait très problématique.
Comment un synode local peut-il s’arroger le droit de supprimer du Canon de l'Ancien Tesatament des livres qui y ont été inclu par un Concile Oecuménique i.e infaillible?
A mon sens, il s’agit là d’un problème encore plus important que celui du changement de calendrier dans la mesure où le calendrier grégorien n’a été anathémisé que par des Conciles pan-orthodoxes, jouissant donc d’un degré d’autorité inférieur à celui d’un Concile Oecuménique. Et que de plus, le calendrier réformé que suivent la plupart des Eglises orthodoxes n’est pas le grégorien mais le julien révisé, ce qui le met à l'abri des anathèmes.
J’aimerais bien que les orthodoxes éclairent ma lanterne pour dissiper mon trouble parce que franchement, ce genre d’actions mine à mes yeux la crédibilité de l’orthodoxie.
Comment se dire l’Eglise du Christ Une Sainte Catholique et Apostolique si on viole les canons des Conciles?
Et comment des Eglises peuvent-elles se définir comme soeurs si elles ne partagent pas le même Canon des Ecritures?
Pour votre gouverne, je suis catholique tout comme vous et j’ai failli me convertir à l’orthodoxie, tant Elle m’enthousiasmait comme enthousiasme un premier amour, mais heureusement que j’ai attendu tant il y a de problèmes que j'aurais bien fini à connaitre au final. Il faut qu'il soient résolu avant que je me décide à franchir le Rubicon.

Publié : ven. 28 mai 2004 18:17
par Antoine
Comment un synode local peut-il s’arroger le droit de supprimer du Canon de l'Ancien Tesatament des livres qui y ont été inclu par un Concile Oecuménique i.e infaillible?
Axel, sur quoi porte l'infaillibilité d'un concile? Vous croyez que l'acceptation ou non des deuterocanoniques est un dogme de foi?


J’aimerais bien que les orthodoxes éclairent ma lanterne pour dissiper mon trouble parce que franchement, ce genre d’actions mine à mes yeux la crédibilité de l’orthodoxie.
Et la votre de crédibilité , vous ne vous êtes jamais demandé ce qui la minait? Un concile oecuménique n'est pas une supra juridiction. Il est oecuménique parce qu'il a été reçu comme tel par les Eglises Locales.


Comment se dire l’Eglise du Christ Une Sainte Catholique et Apostolique si on viole les canons des Conciles?
Je ne vois pas dans le cas présent en quoi vous pouvez parler de "viol" de canons. La liste des livres pourraient très bien être revue et corrigée à la lumière de nouvelles découvertes .
L'essentiel est de ne pas lire à l'eglise et de ne pas introduire dans la liturgie des livres qui n'ont rien à y faire, comme lire du Prévert ou du Claudel à un mariage par exemple. Cela devrait suffire à vous faire franchir le rubicon vous qui êtes si à cheval sur le canon des écritures. Je n'ai pas vu que Prévert en faisait partie ou pour l'époque un poême de Homère sur l'amour ou un extrait de Sophocle sur la condition humaine! Et les ktos ne se privent pas pour lire un tas de conneries au cours de leurs offices de mariage. Alors relativisons un peu les choses.


Et comment des Eglises peuvent-elles se définir comme soeurs si elles ne partagent pas le même Canon des Ecritures?
Parce que vous croyez qu'il suffirait d'avoir le même canon des écritures pour être "soeurs"?
Vous croyez que la catholicité de l'Eglise tient au fait que l'Epître aux hébreux soit ou ne soit pas de Paul par exemple? La catholicité de l'Eglise réside dans la plénitude du mystère eucharistique! Rien à voir avec les deutérocanoniques.
Sont considérées comme Eglises soeurs les Eglises qui professent la même foi. Chaque patriarche nouvellement intrônisé envoie sa confession de foi aux autres qui l'inscrivent ensuite dans leurs dyptiques. Cela n'est pas lié à la liste de livres qui ont toujours fait plus ou moins problème en exégèse. S'il s'agissait par exemple d'un des 4 évangiles ou de la génèse il y aurait sans doute problème. Et encore l'Eglise, dans sa prudence, annonce toujours avant la proclamation de l'evangile: Lecture de l'Evangile SELON Mathieu ou Jean ou Marc ou Luc et non pas DE.
Et je vous rapelle que la Tradition de l'Eglise est au-dessus des Ecritures.
Avez vous seulement lu ces deutérocanoniques dont vous parlez?


Pour votre gouverne, je suis catholique tout comme vous et j’ai failli me convertir à l’orthodoxie, tant Elle m’enthousiasmait comme enthousiasme un premier amour, mais heureusement que j’ai attendu tant il y a de problèmes que j'aurais bien fini à connaitre au final. Il faut qu'il soient résolu avant que je me décide à franchir le Rubicon.
Ces problèmes ne sont pas des problèmes de foi. Si vous attendez qu'ils soient résolus vous ne franchirez jamais votre Rubicon. Vous vous cherchez toutes sortes d'excuses futiles pour ne pas avoir à affronter l'essentiel. L'hérésie trinitaire du filoque ou celle de l'immaculée conception sont autrement plus importants qu'un accord sur les deuterocanoniques qui n'engage pas l'infaillibilité de l'Eglise. Vous vous accomodez à bon compte d'hérésies, je trouve...

Publié : ven. 28 mai 2004 20:20
par eliazar
Merci, Antoine, de remettre les pendules à l’heure.

Comme Axel, j’ai longtemps hésité avant d’oser faire le pas. Ce n’était pas sur des problèmes de désaccords entre les Églises orthodoxes, ni de chauvinisme d’une Église nationale à l’autre – problèmes qui m’irritaient, mais pas davantage que la mauvaise habitude d’un de mes amis ( de se racler la gorge entre deux parties d’une phrase, ou de renifler à table, etc…) ne m’empêchait de le recevoir à la maison.

Demander son admission dans la seule Église du Christ est un engagement très inquiétant. Cela veut dire tout lâcher (y compris une bonne partie de ses liens sociaux, car il y a forcément des esprits « entiers », et ils vous considèrent à partir de cette décision comme une sorte de traître…). C’est très dur. Et Satan exhibe toute sa panoplie d'armes blessantes pour vous empêcher de faire le saut.
Par contre, quand on a fait le saut en question, on s’aperçoit que le Rubicon n’était en réalité qu’un tout petit ruisseau. Mais, c’est vrai, on a perdu des amis en route.
Et on passe des années avant de comprendre que c’était moins grave que de sauter d’un pied sur l’autre sans oser entrer dans l’Église : car après tout, ces amis, j’aurais pu les perdre d’un accident de voiture, du cancer ou du sida, ou d’alcoolisme, de tabagisme etc.

Ce qui était le plus ennuyeux, c’est de me sentir mal jugé par ceux dont je niais ainsi les convictions, même sans le leur dire avec agressivité : mais c’est eux qui l’entendaient avec un écho agressif, insupportable pour eux. Et les harmoniques de ce qu'ils ressentaient me mettaient mal à l'aise. Finalement, mon indécision était due à une ultime entrave: mon propre orgueil.

Tu as raison de faire le point sans fausse complaisance. La guimauve ne sert de rien, dans ce cas. Il faut avoir le courage de tout laisser pour suivre le Christ. Et peu m'importe, au fond, qu'un nouvel exégète plus malin que ses prédécesseurs vienne m'expliquer que tel ou tel des Douze avait l’haleine malodorante, ou même qu’il avait les pieds sales. Nous mettons si volontiers en avant ces petits prétextes – pour ne pas nous avouer la véritable raison de notre crainte.

Un de mes grands amis est mort d’un cancer généralisé, parce qu’il se refusait depuis quinze ans à aller voir un médecin sérieux : il avait peur de s’entendre dire qu’il avait peut-être une tumeur. De toute manière, personne à l’hôpital n’a eu le courage de lui dire qu’il allait en mourir dans la semaine qui a suivi.

Publié : mar. 26 oct. 2004 12:36
par Claude le Liseur
Axel a écrit :Cher Bertrand,
Merci beaucoup pour ce complément d’informations.

Vous confirmez donc que l’Eglise russe a supprimé, en un synode du XIXème siècle, 7 livres deuterocanoniques du canon vetero-testamentaire malgré que ceux-ci aient été inclus au Canon des Ecritures par le Concile in Trullo, celui de 682?
Et que sous l’influence de l’Eglise russe, l’Eglise de Grèce aurait agit de même.
Que savez-vous du Canon des Ecritures des autres Eglises orthodoxes canoniques?
Et quid des Vieux-Croyants et de l’Eglise russe hors frontière?
Quid aussi des VCO grecs?
Vos affirmations me semblent contredire celles de LC. Qui a raison?
Enfin si ce que vous affirmez était vérifié, cela me paraitrait très problématique.
Comment un synode local peut-il s’arroger le droit de supprimer du Canon de l'Ancien Tesatament des livres qui y ont été inclu par un Concile Oecuménique i.e infaillible?
A mon sens, il s’agit là d’un problème encore plus important que celui du changement de calendrier dans la mesure où le calendrier grégorien n’a été anathémisé que par des Conciles pan-orthodoxes, jouissant donc d’un degré d’autorité inférieur à celui d’un Concile Oecuménique. Et que de plus, le calendrier réformé que suivent la plupart des Eglises orthodoxes n’est pas le grégorien mais le julien révisé, ce qui le met à l'abri des anathèmes.
J’aimerais bien que les orthodoxes éclairent ma lanterne pour dissiper mon trouble parce que franchement, ce genre d’actions mine à mes yeux la crédibilité de l’orthodoxie.
Comment se dire l’Eglise du Christ Une Sainte Catholique et Apostolique si on viole les canons des Conciles?
Et comment des Eglises peuvent-elles se définir comme soeurs si elles ne partagent pas le même Canon des Ecritures?
Pour votre gouverne, je suis catholique tout comme vous et j’ai failli me convertir à l’orthodoxie, tant Elle m’enthousiasmait comme enthousiasme un premier amour, mais heureusement que j’ai attendu tant il y a de problèmes que j'aurais bien fini à connaitre au final. Il faut qu'il soient résolu avant que je me décide à franchir le Rubicon.


Trouvé à l'adresse http://orthodoxlutheran.fws1.com/relati ... stine.html sur un site des Luthériens confessionnels du synode du Missouri, un texte qui justifie le point de vue orthodoxe sur le canon des Ecritures, et qui relativise aussi les affirmations sur le rejet des deutérocanoniques par les protestants.



Texte anglais:


In the first "Lutheran" Bible, the Deutsche Bibel translated from the original languages into German by Martin Luther, the Apocrypha were included. Nearly all German-language Bibles published by the Lutheran Church - Missouri Synod until the 1930s included the Apocrypha. In the earlist period of the Evangelical Lutheran Church, the Apocrypha were read in the context of the divine service. The Lutheran Church - Missouri Synod even today affirms that the Apocrypha "should even be read in public worship from time to time". It is true that they were accorded a lower authority than the canonical books, but in this sense the earliest Lutherans were only following the testimony of the Church catholic, which did not universally agree that the Apocrypha were of equal weight as the canonical books of the Old Testament.


Thus in the Book of Concord one can find quotes from the apocryphal books of Tobit and 2 Maccabees and cited as Scripture.

The Book of Concord does not give a list of the canonical books of the Bible. Notably, neither does the Orthodox Church. The early Church never set forth a canon of Scripture in an Ecumenical Council. The core books were clear and known to all, but at the margins there was disagreement, and the Apocrypha sits at this margin. Therefore the Evangelical Lutheran Church follows the early Church catholic in placing the Apocrypha within the Bible but as, in the words of Johann Gerhard, "canonical books of the second rank." Here we only follow St. Jerome, the greatest translator of the Bible in the ancient Church who coined the phase "apocrypha" in the first place. We even follow St. Augustine who called the Apocrypha "of a different order." Such books are to be recommended for edification of the Christian and for reading in the Church, but they are not to be relied upon for the derivation of dogma.


Ma traduction:

La première Bible "luthérienne", la Deutsche Bibel, traduite des langues originales vers l'alllemand par Martin Luther, incluait les Apocryphes. Presque toutes les Bibles publiées en allemand par l'Eglise luthérienne - Synode du Missouri jusqu'aux années 1930 comprenaient les Apocryphes. Dans les premiers temps de l'Eglise évangélique luthérienne, les Apocryphes étaient lus dans le contexte de l'office liturgique. L'Eglise luthérienne - Synode du Missouri affirme encore aujourd'hui que les Apocrpyhes "devraient même être lus de temps en temps dans la liturgie". Il est vrai qu'on leur accordait une autorité inférieure à celle des livres canoniques, mais en ce sens que les Luthériens ne faisaient que suivre le témoignage de l'Eglise indivise, où il n'y avait pas de consensus affirmant que les Apocrpyhes avaient le même poids que les livres canoniques de l'Ancien Testament.

Ainsi, dans le Livre de Concorde, on peut trouver des citations des livres apocryphes de Tobie et 2 Macchabées et ils sont cités comme faisaint partie de l'Ecriture sainte.

Le Livre de Concorde ne donne pas une liste des livres canoniques de la Bible. Remarquons que l'Eglise orthodoxe ne le fait pas non plus. L'Eglise ancienne n'a jamais fixé un canon des Ecritures dans un concile oecuménique. Les livres centraux étaient incontestés et connus de tous, mais sur les marges, il y avait des désaccords, et les Apocryphes se trouvaient sur ces marges. Par conséquent l'Eglise évangélique luthérienne suit l'ancienne Eglise indivise en plaçant les Apocryphes à l'intérieur de la Bible, mais, selon les paroles de Johann Gerhard, comme des "livres canoniques de second rang". Ici, nous ne faisons que suivre saint Jérôme, le plus grand traducteur de tous les temps, qui a été le premier à forger le terme "apocryphe". Nous suivons même saint Augustin qui disait que les apocryphes étaient "d'un autre ordre". Il faut recommander de tels livres pour l'édification du chrétien et pour la lecture à l'église, mais on ne doit pas se baser sur eux pour la définition du dogme."

Il me semble intéressant de rapporter ici ce témoignage de protestants qui, eux, ne trouvent pas que l'absence de position canonique sur les apocryphes mine la crédibilité de l'Orthodoxie ou qui ne nous reprochent pas d'avoir violé les canons d'un concile oecuménique. Et pour cause, puisqu'aucun concile oecuménique ne donne le canon des Ecritures. Les apocryphes n'ayant sans doute pas été aux premiers siècles une question si problématique que cela...


Il faudrait garder à l'esprit que l'Eglise orthodoxe n'a pas dogmatisé pour le plaisir, mais seulement quand il fallait absolument réaffirmé la foi apostolique face à une hérésie particulièrement menaçante et qui mettait en péril le dépôt de la foi. Leroy-Beaulieu, au XIXème siècle, faisait déjà à l'Eglise orthodoxe le reproche de ne pas avoir assez dogmatisé et de laisser une trop grande latitude à l'opinion personnelle des fidèles; au vu de la situation actuelle, je n'ai pas l'impression que ce soit un mal.

Publié : mar. 26 oct. 2004 14:59
par Jean-Louis Palierne
Il est certain que la question n'est pas totalement tranchée, mais l'Église orthodoxe s'est plusieurs fois prononcée dans ses canons. Mais ces canons ne sont pas tous d'accord entre eux. Il existe donc à la périphérie une zône indécise. Voici la liste que donne le canon de saint Grégoire le Théologien (mort en 390). On l'appelle "canon" non parce qu'il donne le canon des Écritures, mais parce qu'il est l'un des canons figurant dans le Corpus canonique de l'Église orthodoxe. Cette liste ne comprend pas l'Apocalypse, ni les deutérocanoniques de l'Ancien Testament :
Afin que votre esprit ne soit pas séduit par des livres étrangers,
car nombreuses sont les méchancetés que l’on a écrites,
Ami, reçois de moi cette liste approuvée.
Des livres historiques ; en tout il y en a douze
de la plus antique sagesse hébraïque :
en premier la Genèse, puis l’Exode, et puis le Lévitique,
ensuite les Nombres puis le Deutéronome,
Josué et les Juges, puis vient Ruth en huitième,
neuvième et huitième sont les livres des Rois,
et les Paralipomènes et enfin Esdras.
Cinq livres poétiques, dont Job est le premier,
ensuite David puis trois de Salomon,
Ecclésiaste, Cantique et livre des Proverbes.
Également cinq de l’esprit prophétiques :
les douze prophètes en un seul livre :
Osée et Amos et Michée en troisième,
Ensuite Joël, puis Jonas et Abdias,
Nahum et Habakuk puis Sophonie,
Aggée, puis Zacharie et Malachie.
En voilà in, Isaïe est le second,
ensuite Jérémie appelé tout petit,
Ézéchiel et Daniel prophète de la grâce.
J’ai compté vingt-deux livres antiques.
correspondant aux lettres hébraïques.
Matthieu pour les Hébreux consigna les miracles du Christ,
Marc pour l’Italie et Luc pour l’Achaïe,
et pour tous Jean le grand héraut qui a pénétré le ciel.
Ensuite les Actes des très-sages Apôtres,
les quatorze Épîtres de saint Paul
les sept Épîtres catholiques, dont une de Jacques,
deux de Pierre, suivies de trois de Jean,
et la septième est de Jude. C’est tout.
S’il est un autre livre, il n’est pas authentique
Saint Amphiloque d'Iconium, discipe et ami proche de saint Basile le Grand, mort en 400, a laissé une liste qui est retenue comme son canon. Elle mentionne avec réserve l'Apocalypse :
Tout d’abord il faut savoir
que n’est pas forcément authentique
tout ce qui s’appelle livre saint ;
On trouve en effet sous un titre faux des livres
les uns portant un nom d’emprunt
restent comme proches de la Vérité,
mais d’autres ne faisant que cacher leur poison
monnayant une contrefaçon de mauvais aloi
frappée de l’effigie de l’empereur
pour répandre une monnaie dévaluée.
Voilà pourquoi je dois énumérer un à un
les Livres sacrés. Pour que tu saches exactement
en commençant par l’Ancien Testament
Le Pentateuque contient la Genèse et l’Exode,
et au milieu le Lévitique,
puis les Nombres et le Deutéronome.
À quoi s’ajoutent Josué et les Juges.
Ruth vient alors et quatre livres des Rois,
et deux pour les Paralipomènes.
Après eux le premier et le second d’Esdras,
et je dirai cinq livres poétiques,
Job couronné de diverses souffrances,
le livre des Psaumes, doux remèdes pour l’âme,
et trois du sage Salomon : les Proverbes,
L’Ecclésiaste et le Cantique des cantiques.
Viennent s’ajouter les douze Prophètes,
Osée tout d’abord et Amos en deuxième,
Michée, Joël, Abdias et Jonas,
qui préfigura la Passion de trois jours,
Nahum après eux, Habakuk en neuvième,
Sophonie, Aggée et Zacharie
et Malachie, l’ange à deux noms.
Sache après eux les quatre prophètes :
Isaïe qui parlait librement,
Jérémie, sympathique et mystique,
Ézéchiel et Daniel en dernier,
très sage en œuvres comme en paroles.
Certains ajoutent aussi Esther.
Du Nouveau Testament il faut nommer les livres :
Tu ne dois accepter que quatre Évangélistes,
Mathieu et Marc ensuite, et Luc en troisième
Jean dans l’ordre est le quatrième
mais premier par les dogmes profonds,
on l’appelle à bon droit Fils du Tonnerre,
proclament puissamment Dieu le Verbe.
Accepte également de Luc son second livre,
les Actes des Apôtres universels.
Voici enfin le vase d’élection,
Paul, enseignant la sagesse aux Églises
en deux fois sept lettres ; une aux Romains,
il faut y joindre deux aux Corinthiens,
celle aux Galates et celle aux Éphésiens,
puis celle aux Philippiens et enfin celle écrite
aux Colossiens et deux à Thessalonique ;
deux à Timothée à Tite et à Philémon,
une à chacun et encore une aux Hébreux.
Certains disent que celle aux Hébreux est fausse,
ils se trompent : elle est grâce et vérité.
Soit. Quoi d’autre ? des Épîtres catholiques,
certains disent qu’il en est sept, d’autres trois,
Il faudrait ne recevoir que celle de Jacques
une de Pierre et une seule de Jean
mais certains en ont les trois et aussi les deux de Pierre
et ont en septième celle de Jude.
Quant à l’Apocalypse de Jean,
certains l’approuvent mais la majorité
la dit fausse. C’est là le véritable
liste des Écritures inspirées.

La liste qui forme le canon 24 du Concile de Carthage date probablement d'un Concile local des années 370-80 et fait partie des décisions qui ont été regroupées et confirmées par un concile de 419 et retenu par le Concile quinisexte sous le nom général de Concile de Carthage. Il mentionne les deutérocanoniques
Il a également été décidé qu’on ne doit rien lire dans l’église sous le titre d’Écriture sainte en dehors des livres canoniques. Or ces livres canoniques sont les suivants : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutéronome, Josué fils de Navé, Les Juges, les quatre livres des Rois, les deux livres des Paralipomènes, Job, le Psautier, les cinq livres de Salomon, les douze livres des Prophètes, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel, Tobie, Judith, Esther, les deux livres d’Esdras, les deux livres des Maccabées. Du Nouveau Testament : les quatre Évangiles, le livre des Actes des Apôtres, les quatorze Épîtres de Paul, les deux de l’apôtre Pierre, les trois de l’apôtre Jean, une de Jacques, une de l’apôtre Jude, et le livre de l’Apocalypse de Jean.
C’est cela qu’il faut porter à la connaissance de Boniface, notre frère et notre co-liturge, et de tous les autres de ces régions, afin de confirmer le présent canon, car en ce qui nous concerne, nous n’avons reçu de nos Pères que ces livres pour les lire dans l’église.
Boniface était le pape de Rome à l'époque et Rome était encore la capitale impériale.

Voici maintenant la liste qu'on trouve dans le canon 59 du Concile local de Laodicée vers 380 :
Voici les livres que l’on doit lire et qui font autorité :
de l’Ancien Testament :
La Genèse du monde,
l’Exode de l’Égypte,
le Lévitique,
les Nombres,
le Deutéronome,
Jésus fils de Navé
les Juges, Ruth,
Esther,
les Rois 1 et 2
les Rois 3 et 4,
les Paralipomènes 1 et 2,
Esdras 1 et 2,
le livre des 150 Psaumes,
les Proverbes de Salomon,
l’Ecclésiaste,
le Cantique des cantiques,
Job,
les douze Prophètes,
Isaïe,
Jérémie, Baruch, les Lamentations et la Lettre,
Ézéchiel,
Daniel.

du Nouveau Testament :
Les quatre Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean,
les Actes catholiques des Apôtres
les sept Épîtres catholiques ainsi :
de Jacques 1,
de Pierre 1 et 2
de Jean 1, 2 et 3,
de Jude 1,
les quatorze Épîtres de Paul :
une aux Romains,
aux Corinthiens 1 et 2,
aux Galates 1,
aux Éphésiens, 1,
aux Philippiens 1,
aux Colossiens 1,
aux Thessaloniciens 1 et 2,
aux Hébreux 1,
à Timothée 1 et 2,
à Tite 1,
à Philémon 1.
Maintenant la liste figurant dans la 30ème Lettre pascale de saint Athanase, (mort en 373) retenue comme canon 3 de saint Athanase :
Voici les livres que l’on doit lire et qui font autorité :
de l’Ancien Testament :
La Genèse du monde,
l’Exode de l’Égypte,
le Lévitique,
les Nombres,
le Deutéronome,
Jésus fils de Navé
les Juges, Ruth,
Esther,
les Rois 1 et 2
les Rois 3 et 4,
les Paralipomènes 1 et 2,
Esdras 1 et 2,
le livre des 150 Psaumes,
les Proverbes de Salomon,
l’Ecclésiaste,
le Cantique des cantiques,
Job,
les douze Prophètes,
Isaïe,
Jérémie, Baruch, les Lamentations et la Lettre,
Ézéchiel,
Daniel.

du Nouveau Testament :
Les quatre Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean,
les Actes catholiques des Apôtres
les sept Épîtres catholiques ainsi :
de Jacques 1,
de Pierre 1 et 2
de Jean 1, 2 et 3,
de Jude 1,
les quatorze Épîtres de Paul :
une aux Romains,
aux Corinthiens 1 et 2,
aux Galates 1,
aux Éphésiens, 1,
aux Philippiens 1,
aux Colossiens 1,
aux Thessaloniciens 1 et 2,
aux Hébreux 1,
à Timothée 1 et 2,
à Tite 1,
à Philémon 1.
et la liste du 85ème canon apostolique, qui est la plus ancienne de toutes :
Vous tous membres de l’Église, tant clercs que laïcs, tenez pour vénérables et saints les livres suivants :
De l’ancienne Alliance : les cinq livres de Moïse : la Genèse, l’Exode, le
Lévitique, les Nombres et le Deutéronome
un de Jésus, fils de Navé
un des Juges
un de Ruth ;
quatre des Rois
deux des Paralipomènes du livre des Jours
deux d’Esdras
un d’Esther ;
le Psautier : un
trois de Salomon
les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique des cantiques
douze des Prophètes ;
Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel et Job
En outre ayez soin que vos jeunes gens apprennent les préceptes du très sage Sirach
Les nôtres, c’est-à-dire de la Nouvelle Alliance :
quatre Évangiles, de Matthieu, dle Marc, de Luc et de Jean
quatorze Épîtres de Paul
deux de Pierre ;
une de Jacques,
trois de Jean
une de Jude
deux de Clément
de plus les ordonnances Constitutions que moi, Clément, je vous ai ad-ressées à vous, les évêques :en huit livres, qu’il ne faut pas lire en public à cause de leurs mystères
et les Actes de nous, les Apôtres
On voit qu'il n'est pas possible de définir une liste comme LA liste indiscutablement et absolument orthodoxe.

Publié : mer. 27 oct. 2004 17:55
par heautontimoroumenos
Concernant le concile de Carthage, il est important de préciser que ne sont mentionnés que les livres autorisés à être lus à la liturgie. Il n'est pas précisé si les deutérocanoniques doivent être mis sur un pied d'égalité complète avec les autres livres de l'Ancien Testament. Je me rappelle que les conciles locaux de Iasi et de Jérusalem (XVIIe siècle) les avaient reconnus comme "part authentique de l'Écriture", mais nombreux sont actuellement ceux qui sont en désaccord avec cette décision.
Comme il a été mentionné avec justesse, la question du statut des deutérocanoniques n'a toujours pas été résolue.

Concernant l'Eglise russe, il est juste de dire qu'elle avait au XIXe siècle supprimé les deutérocanoniques, mais pas à la liturgie, où l'on a toujours gardé des passages de la Sagesse de Salomon à certaines vêpres. La traduction synodale de la Bible (1876), que j'ai chez moi, contient le canon court. La Bible en ligne sur le site du patriarcat de Moscou (http://212.188.13.168/izdat/) contient le canon long. Quelqu'un sait-il d'où vient et de quand date ce revirement ? Néanmoins la traduction synodale de 1876 reste à l'heure actuelle en Russie la version la plus répandue dans le commerce, nous avons une situation paradoxale où l'Eglise russe semble être revenue au canon long, tout en diffusant des Bibles au canon court.

Publié : mer. 27 oct. 2004 19:01
par Jean-Louis Palierne
Ce n’est pas l’Église russe qui avait gardé la sagesse de Salomon dans les lectures de l’Office, c’est toute l’Église orthodoxe qui les a gardées, de même que le canon des neuf odes qui devraient être lues chaque jour à l’Orthros (par groupe de trois durant le Triode) comprend la huitième ode, qui est deutérocanonique.

Il faut donc bien considérer les deutérocanoniques comme faisant partie de l’Écriture sainte. Tout au plus peut-on admettre qu’il y a un degré de moins (c'est d'ailleurs discutable).

Il ne faut pas considérer que le concile de Carthage est purement et simplement un concile local. En effet le Quinisexte concile (qu’il faut considérer comme un concile œcuménique “spécialisé”) a établi la liste des textes canoniques que la Tradition de l’Église considérait comme universellement canonique. Cette liste existait d’ailleurs depuis longtemps, mais le Quinisexte concile l’a confirmée. Elles comprend les "Canons apostoliques", des textes qui viennent des Conciles œcuméniques, d'un certain nombre de conciles locaux, et quelques textes que l'on doit à un certain nombre de Pères en particulier (par exemple les célèbres trois "Lettres canoniques" de saint Basile). Or elle contient le texte connu sous le nom de Concile de Carthage, dont les décisions ont donc une portée catholique, avec sa liste du Canon des Écritures.

Le problème est qu’à plusieurs reprises les orthodoxes ont été troublés par le fait que le canon des Écritures juives ne contient pas un certain nombre de livres qui ne figurent que dans la Bible des Septante, qui est la Bible traduite en grec par des juifs d’Alexandrie et qui contient aussi des textes composés en grec. C’est cette Septante que l’Église a reçu dès l’origine comme sienne, et elle considère même ses auteurs comme inspirés. Mais à plusieurs reprises des orthodoxes, comme l’Église russe (il me semble que cela remonte avant le XIXème siècle) ont été tentés de respecter le Canon juif. Mais c’est une erreur. C’est bien la Septante qu’il faut considérer comme l’Ancien Testament reçu par l’Église orthodoxe.

Publié : mer. 27 oct. 2004 21:29
par heautontimoroumenos
Bonjour Jean-Louis,

Je n'ai jamais dit que l'Eglise russe était la seule à avoir gardé la Sagesse de Salomon, mais que la suppression des deutérocanoniques par l'Eglise russe n'a pas eu pour conséquence leur suppression à la liturgie dans cette Eglise, nuance !

Je n'ai jamais dit que le concile de Carthage était un concile purement local et je sais qu'In Trullo y fait explicitement référence.

Ma question est la suivante, je demande votre avis :

Le concile de Carthage dresse une liste de livres autorisés à être lus à la liturgie, et non une liste de livres d'inspiration divine.
Est-ce que "livre liturgique" implique forcément "livre canonique" ?

Publié : mer. 27 oct. 2004 22:07
par Jean-Louis Palierne
En réalité les canons ne donnent pas une liste de livres “canoniques”. Ils donnent la liste des livres dont la lecture publique est autorisée dans l’Église (= lors des offices et de la Liturgie). Couramment on a pris l’habitude de faire plus court : “livres canoniques”.

Pour l’Apocalypse la conscience inspirée de l’Église dit qu’elle ne doit pas être lue à l’Église.

En fait les textes lus dans les offices ne forment qu'une partie du texte de ces livres. Quand on parle de la traduction de l'Écriture en différentes langues, il faut comprendre que pour l'Ancien Testament dans bien des cas on a commencé par traduire les lectures liturgiques. Ça a été longtemps le cas pour le slavon par exemple.

Publié : mer. 27 oct. 2004 22:19
par heautontimoroumenos
Bonsoir,

Vous n'avez pas répondu à ma question.
Est-ce que "livre autorisé à être lu à la liturgie" = "livre reconnu d'inspiration divine". J'avais utilisé le terme canonique dans ce sens-là.

Certains orthodoxes nient l'existence dans l'Eglise d'un canon de livres d'inspiration divine, étant donné qu'In Trullo, par sa référence au concile de Carthage, n'a fait que dresser une liste de livres autorisés à la lecture liturgique, ce qui est différent.

Re:

Publié : mer. 07 avr. 2010 22:24
par sabeth
eliazar a écrit : Demander son admission dans la seule Église du Christ est un engagement très inquiétant. Cela veut dire tout lâcher (y compris une bonne partie de ses liens sociaux, car il y a forcément des esprits « entiers », et ils vous considèrent à partir de cette décision comme une sorte de traître…). C’est très dur. Et Satan exhibe toute sa panoplie d'armes blessantes pour vous empêcher de faire le saut.
Par contre, quand on a fait le saut en question, on s’aperçoit que le Rubicon n’était en réalité qu’un tout petit ruisseau. Mais, c’est vrai, on a perdu des amis en route.
Et on passe des années avant de comprendre que c’était moins grave que de sauter d’un pied sur l’autre sans oser entrer dans l’Église : car après tout, ces amis, j’aurais pu les perdre d’un accident de voiture, du cancer ou du sida, ou d’alcoolisme, de tabagisme etc.

Ce qui était le plus ennuyeux, c’est de me sentir mal jugé par ceux dont je niais ainsi les convictions, même sans le leur dire avec agressivité : mais c’est eux qui l’entendaient avec un écho agressif, insupportable pour eux. Et les harmoniques de ce qu'ils ressentaient me mettaient mal à l'aise. Finalement, mon indécision était due à une ultime entrave: mon propre orgueil.
Ce témoignage me rejoint pleinement, je suis en plein en face de cette perspective et c'est plutôt flippant...

Re:

Publié : mer. 19 sept. 2012 22:22
par fred
Jean-Louis Palierne a écrit :Le canon de saint Amphiloque d'Iconium et le 24ème du Concile de Carthage citent votre liste.
Sur de nombreux sites catholiques romains, on voit écrit que le canon romain actuel des Saintes Écritures remonte au concile de Carthage. Les nombreuses versions que j'ai lues du 24e canon de Carthage ne mentionnent pas Baruch, les Lamentations et la Lettre de Jérémie. Les bibles catholiques romaines incluent la Lettre de Jérémie dans Baruch, ce choix est discutable, mais pourquoi pas ! En revanche, comment expliquer l'absence de Baruch et des Lamentations ? Sont-ils inclus dans le livre de Jérémie ? Il est clair qu'ils forment des livres séparés. Si on veut associer ces écrits à Jérémie, je m'attendrais à une formulation du type «3 livres de Jérémie», à l'instar de la formulation «2 livres d'Esdras» pour Esdras et Néhémie.

Le canon des Saintes Écritures du concile de Carthage ne concorde pas avec le canon catholique romain actuel. Me trompé-je ?

Re: Le canon des Saintes Écritures.

Publié : jeu. 27 sept. 2012 18:16
par Nikolas
fred a écrit :
Jean-Louis Palierne a écrit :Le canon de saint Amphiloque d'Iconium et le 24ème du Concile de Carthage citent votre liste.
Sur de nombreux sites catholiques romains, on voit écrit que le canon romain actuel des Saintes Écritures remonte au concile de Carthage. Les nombreuses versions que j'ai lues du 24e canon de Carthage ne mentionnent pas Baruch, les Lamentations et la Lettre de Jérémie. Les bibles catholiques romaines incluent la Lettre de Jérémie dans Baruch, ce choix est discutable, mais pourquoi pas ! En revanche, comment expliquer l'absence de Baruch et des Lamentations ? Sont-ils inclus dans le livre de Jérémie ? Il est clair qu'ils forment des livres séparés. Si on veut associer ces écrits à Jérémie, je m'attendrais à une formulation du type «3 livres de Jérémie», à l'instar de la formulation «2 livres d'Esdras» pour Esdras et Néhémie.

Le canon des Saintes Écritures du concile de Carthage ne concorde pas avec le canon catholique romain actuel. Me trompé-je ?
Le canon des Saintes Écritures du concile de Carthage concorde bien avec le canon actuel des Ecritures pour les catholiques romain, hormis les 2 livres des Maccabées non cités par le 24e canon du concile de Carthage, que je reproduis ci-dessous, bien que déjà cité avec d'autres canons concernant les Ecritures sur la page précédante de ce fil.
24. Qu'on ne doit rien lire dans l'Église hormis les écritures canoniques.

De même il fut décidé que dans les églises sous le titre d'écriture sainte on ne lira rien en dehors des livres canoniques. Les livres canoniques sont : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, Josué fils de Navé, Juges, quatre livres des Rois, deux livres des Paralipomènes, Job, le Psautier, cinq livres de Salomon, douze livres des Prophètes, Esaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel, Tobie, Judith, Esther, deux livres d'Esdras. Du Nouveau Testament : quatre évangiles, un livre des Actes des apôtres, quatorze épîtres de Paul, deux de l'apôtre Pierre, trois de l'apôtre Jean, une de l'apôtre Jacques, une de l'apôtre Jude.

Que le canon de l'écriture ci-exposé soit notifié à notre frère et comministre dans l'épiscopat Boniface, et aux autres évêques de ces terres-là en vue de sa confirmation, car pour nous, nous n'avons reçu de nos pères que ces livres à lire dans l'Église.
http://orthodoxievco.net/ecrits/canons/carthage.htm
Les livres apparament manquant sont Ruth qui est placé avec les Juges ; Lettre de Jérémie, Lamentations de Jérémie et Baruch sont placés avec Jérémie ; et la Sagesse de Jésus fils de Sirach (Siracide ou Ecclésiastique) doit être compté comme un des cinq livres de Salomon je suppose, bien que n'étant pas de lui comme le titre l'indique, avec Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des Cantiques et Sagesse.
Manque donc, comme je le disais, les 2 livres des Maccabées, et pour le Nouveau Testament le livre de Révélation (Apocalypse) de Jean d'après la traduction disponible sur le site du Hiéromoine Casssien (car d'après la version de ce canon, que cite Jean Louis Palierne dans ses messages p.1 et 2 de ce fil, l'apocalypse y figure, donc???), pour être en parfaite concordance avec le canon romain actuel d'après votre question.

Le fait que Ruth se retrouve avec les Juges et Baruch, Lamentations, Lettre avec Jérémie se retrouve inscrit de manière plus explicite dans le 59e canon de concile de Laodicée, que vous trouverez ici : http://orthodoxievco.net/ecrits/canons/lao.htm ou cité sur la page précédente.
Un autre exemple pour Jérémie dans la 39ème Lettre Pascale de saint Athanase (d'après le site du Hiéromoine Cassien, 30e lettre d'après Jean Louis Palierne qui le cite page 1 et 2) dont un extrait a été repris dans le Corpus canonum de l’Église orthodoxe, comme son 2ème canon : http://orthodoxievco.net/ecrits/canons/atha.htm

Espérant avoir répondu a votre question.

Re: Le canon des Saintes Écritures.

Publié : ven. 28 sept. 2012 7:31
par fred
Je connais le site que vous citez, mais j'ai quand même l'impression que le texte du canon est erroné. Concernant le canon biblique du concile de Carthage, je préfère me référer à ce lien, qui est plus conforme à ce que j'ai vu dans la majorité des cas :

http://www.bible-researcher.com/carthage.html