Le martyre de Saint Jean

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thierry
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Le martyre de Saint Jean

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thierry
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Antoine
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Message par Antoine »

XB!
Oui c'est exact pour l'instant car en exégèse une découverte peut en cacher une autre...

Voici ce qu'on trouve sur le site http://archeboc.free.fr
dédié à Marie-Emile Boismard professeur à l'Ecole Biblique et Archéologique française, à Jérusalem et qui travaille en particulier sur le processus de rédaction des évangiles; mais il s'est intéressé aussi aux lettres de Paul, et il a édité l'Apocalypse de Jean pour la bible de Jérusalem.


"Le martyre de Jean l'Apôtre"

L'apôtre Jean, frère de Jacques et fils de Zébédée est il mort sous Trajan comme le prétendait Irénée de Lyon vers 180 ? Où bien a-t-il connu le martyre plus d'un demi-siècle plus tôt, en même temps que son frère Jacques, ainsi que peut le faire penser le passage de l'évangile de Marc 10,39 (et Mt 20,22-23) où Jésus promet aux deux frères la coupe que lui-même va boire, c'est à dire le martyre ?


Cette question fut posée au début du XXe siècle, et le débat qui suivit ne fit pas éclore de consensus. Mais le problème ne soulève plus aujourd'hui les mêmes enjeux religieux qu'il y a 80 ans et qui a pu égarer alors les exégètes catholiques les plus respectés : en pleine crise du modernisme, il était difficile pour un historien élevé dans la religion sulpicienne de remettre en question l'histoire catéchétique de Saint Jean, et d'admettre qu'il eût pu être martyrisé dans les premières décades de l'église de Jérusalem. Le débat ne manquait pas non plus d'interférer avec la question de l'attribution de l'Évangile de Jean, source de dispute entre les exégètes catholiques et indépendants.

Mais l'image d'Epinal de l'ancien pécheur du lac de Tibériade vieillissant à Ephèse, évêque et rédigeant ses souvenirs de jeunesse, n'a plus guère aujourd'hui de consistance historique. L'église ne fait plus de difficultés pour reconnaître que l'attribution du quatrième évangile, sous sa forme rédigée, à Jean fils de Zébédée, est plus proche de la légende dorée que de la vérité historique.

C'est donc à une question moins brûlante que Boismard tente de donner une réponse définitive.


En poussant aussi loin que possible l'analyse des sources utilisées par ses prédécesseurs, et en les enrichissant de nouvelles pièces, Boismard appuie sa démonstration sur un large faisceau de documents : littérature patristique et Nouveau Testament, bien sûr, mais aussi martyrologes, liturgies des premiers siècles, et historiens byzantins.


On notera pour commencer que la tradition d'une vieillesse éphésienne semble peu fiable, malgré l'autorité de Saint Irénée (vers 180). De fait, cette autorité repose sur une transmission apostolique de Jean à Polycarpe et de Polycarpe a Irénée. Mais Boismard montre que le lien de Jean à Polycarpe repose sur des lectures biaisées des témoignages de Polycarpe et d'Irénée. De même Irénée semble avoir fait le premier, à partir du témoignage de Papias, la confusion entre les personnes de Jean l'apôtre et de Jean l'ancien.


A l'opposée, c'est bien jusque chez Papias que l'on peut faire remonter la tradition patristique du martyre de Jean. Cette tradition ne peut être minorée. On la retrouve chez des auteurs anciens solides, tel Grégoire de Nysse et Jean Chrisostome, ainsi que chez des auteurs plus obscurs. De fait, le martyre de Jean semble avoir été connu et honoré à l'égal de celui de son frère Jacques,


La polémique du début du siècle s'était appuyé sur d'anciens martyrologes qui associent au martyre de Jacques celui d'un Jean, tantôt Jean l'Apôtre, tantôt Jean Baptiste. Pour les défenseurs de la thèse du martyre, Jean l'apôtre était ici la leçon originale, et Jean Baptiste une leçon tardive, datant d'une époque ou la tradition d'une vieillesse éphésienne avait conduit à substituer le martyre de Jean-Baptiste à celui de l'Apôtre. Les tenants de la thèse traditionnelle défendaient l'authenticité de la leçon " Jean Baptiste ", frère d'infortune de Jacques puisque décapité lui aussi par un roi de la lignée d'Hérode. Selon eux, la substitution de l'apôtre au baptiste était à mettre sur le compte d'une tendance naturelle à réunir les deux fils de Zébédée.


En étendant l'étude des martyrologes, Boismard montre le caractère secondaire de la leçon " Jean-Baptiste ". Un détour par les liturgies des premiers siècles, lui permet de confirmer que Jean était célébré comme martyr, ainsi que l'indiquaient les martyrologes. La date même de sa fête, quelques jours après Noël, le place au milieu des martyrs. L'exemple le plus frappant est celui du martyrologes d'Edesse, qui date du début du Ve siècle, et qui voit se succéder à la suite de Noël, dans un ordre respectant la chronologie des martyres : Etienne le 26 décembre, Jacques et Jean le 27, Pierre et Paul le 28. Dans cette séquences des premiers martyrs, pourquoi Jean ferait-il exception ?

Après avoir longuement montré la rigueur méthodique avec laquelle le concepteur de ce calendrier liturgique a réparti les vierges saintes, les évêques, les prophètes -dont Jean Baptiste- et les martyrs tout au long de l'année, Boismard conclut que la tradition du martyre de Jean semble là-encore la plus solide et la plus anciennement attestée.


Le nouveau testament fournit lui aussi plusieurs arguments importants. À côté du témoignage des Évangiles, évoqué plus haut (Mc 10,39 et Mt 20, 22-23), Boismard revient sur le martyre de Jacques, frère de Jean, évoqué en Act 12-2. Jean n'aurait il pas été tué dans les mêmes conditions ? Boismard relève que Paul, dans Gal 2, mentionne la présence de Jean au côté de Pierre et Jacques (le frère du seigneur) comme chef de l'Eglise de Jérusalem lors de sa seconde visite, mais que plus tard, Jacques semble seul à Jérusalem et Pierre à Antioche, sans qu'aucune information soit donnée sur Jean. On pourrait rapprocher ce fait -mais Boismard n'en parle pas- de la disparition de Jean des Actes des Apôtres après la mort de son frère Jacques. Boismard se réfère aussi à deux manuscrits éthiopiens qui en Act 12,2 donnent non pas Jacques, mais Jean décapité par Hérode. Boismard fait grand cas de ces témoignages, pensant avoir démontré dans un précédent volume (" Le texte occidental des Actes des apotres, reconstitution et réhabilitation ") qu'ils sont le reflet du Texte Occidental des Actes, et donnent sur ce point un texte lucanien primitif.


Pour chaque pan de sa démonstration, Boismard est soucieux de montrer la cohérence globale de la tradition du martyre. Il insiste ainsi particulièrement sur le sens de la " coupe " promise par le Christ aux fils de Zébédée, et comment cet épisode a inspiré les liturgies et les homélies des fêtes de Jacques et Jean. De même, il éclaire avec soin la dimension sacrificielle du martyre, impliquant que le sang eût coulé pour répondre à la symbolique païenne du sang de la victime répandue sur l'autel. Ainsi montre-t-il que les réticences perceptibles en creux chez certaines sources trop insistantes ne constituent pas des doutes quant à la tradition du martyre de Jean mais des hésitations sur le statut de ce martyre, puisque selon une légende tardive l'apôtre aurait subi un supplice non-sanglant.


Inutile de préciser que la démonstration de Boismard est impressionnante d'érudition et par la quantité d'éléments convergents, emporte sans peine l'adhésion. On peut certes lui reprocher de minorer la thèse traditionnelle : pas un mot n'est dit de la postérité du témoignage d'Irénée dans la littérature patristique, et le lecteur est en droit de se demander comment la tradition irénéenne a pu s'imposer. C'est sans doute l'histoire de la diffusion de l'Évangile de Jean et de sa réception progressive dans les cercles synoptiques qu'il faudrait examiner alors.
Dernière modification par Antoine le lun. 19 avr. 2004 0:33, modifié 1 fois.
Antoine
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Message par Antoine »

Maintenant on peut préférer le texte ci dessous moins scientifique mais qui
est extrait du Synaxaire par Macaire, moine du Mont Athos.
Pour les amateurs d'exégèse il y a encore du travail....



Saint Jean était originaire d'un pauvre village de Galilée nommé Bethsaïde. Il était fils de Zébédé, le pêcheur, et de Salomée, la fille de Joseph le Fiancé de la Mère de Dieu. En effet Joseph avait eu de son premier mariage quatre garçons: Jacques, José, Judas et Simon (ou Siméon); et trois filles: Esther, Marthe et Salomée. C'est pour cette raison que selon le monde notre Seigneur Jésus Christ était l'oncle de saint Jean le Théologien, puisque demi-frère de sa mère Salomée.
Jean aidait son père Zébédé à la pêche avec son frère Jacques, lorsqu'ils furent appelés par le Seigneur à le suivre pour devenir pêcheurs d'hommes. Il abandonna sur le champ toutes choses pour suivre son céleste enseignement. Il aimait à tel point la virginité et l'ascèse que, plus que tous les autres disciples, il fut digne du nom de vierge. Et son amour pour le Christ était si ardent, sa conduite si excellente, qu'entre tous il devint le disciple Bien-aimé. Son intimité, avec le Seigneur était telle qu'il fut l'un des trois à monter avec Lui sur la montagne du Thabor, pour contempler la divinité du Verbe resplendissante dans son corps et pour entendre la voix venue du ciel qui disait : «Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute ma complaisance : Ecoutez-Le» (Mat.17, 5). C'est lui que son Maître bien-aimé choisit pour s'asseoir à ses côtés et reposer sur son sein lors de la Cène mystique (Jn 13, 23). C'est lui encore qui, emporté par son amour, demanda à s'asseoir à la droite du Seigneur (Mat. 20, 21) et qui, lorsque le Christ fut saisi par les Juifs, le suivit jusque dans la cour du Grand-Prêtre (Jn 18, 15). Lorsqu'on crucifia le Seigneur, il resta seul avec la Mère de Dieu au pied de la Croix. C'est alors que le Christ, s'adressant à sa mère dit en montrant Jean: «Femme, voici ton fils». Puis il dit à Jean: «Voilà ta mère». Et à partir de ce moment, le disciple vierge prit chez lui la Mère vierge (Jn 19, 27).
Lors de l'annonce de la Résurrection, Jean devança Pierre en courant vers le tombeau. C'est lui qui se pencha le premier et vit les bandelettes qui gisaient à terre (Jn 20, 5-6). Il vit le Christ après sa Résurrection et, avec les autres disciples, reçut de Lui la mission d'aller prêcher la Bonne Nouvelle par toute la terre, lorsqu'il souffla sur eux en gage du don du Saint Esprit (Jn 20, 22). Il assista aussi à son ascension au Ciel, et reçut le Saint-Esprit sous forme de flammes de feu avec les autres disciples le jour de la Pentecôte (Actes 1-2). Il fut le dernier à rester à Jérusalem, en compagnie de la Mère de Dieu, pour la servir jusqu'à sa Dormition.
Au moment de se séparer pour aller prêcher dans toutes les régions du monde, les Apôtres tirèrent au sort pour savoir où chacun devait aller. A Jean revint l'Evangélisation de l'Asie-Mineure, qui était à cette époque pleine d'idolâtrie et toute entière vouée aux erreurs païennes. Cette nouvelle contrits fort saint Jean qui, en tant qu'homme, ne savait pas encore remettre toute son espérance en la puissance invincible de Dieu. Pour purifier cette faiblesse humaine, Dieu lui fit savoir qu'il devait être soumis à l'épreuve de la tempête et à la fureur des flots pendant quarante jours, avant de parvenir à destination. Pendant cette tempête, le disciple de Jean, le diacre Prochore, fut rejeté par les flots sur les rives de Séleucie. Là, il fut accusé de magie par les habitants de la ville et soupçonné d'avoir dérobé l'argent du bateau qui avait fait naufrage. Il dut s'enfuir et parvint quarante jours après dans une ville d'Asie Mineure, nommée Marmaréote, où il retrouva son maître que les flots avaient rejeté là.
De cette ville, ils se rendirent à Ephèse, où ils tombèrent entre les mains d'une femme nommée Romane, fiancée au gouverneur Privatus. Elle les obligea à servir dans des conditions inhumaines dans un bain qui lui appartenait et où demeurait un démon auquel on avait coutume de jeter trois fois l'an un jeune homme ou une jeune fille, comme en tribut. Alors qu'ils y travaillaient depuis trois mois, le démon se saisit d'un certain Domnus, parent de Romane, et le noya dans le bain. pressé par sa maîtresse qui le prenait pour un mage, Jean le ressuscita grâce à sa prière. Profitant de l'admiration qu'il avait suscité en Romane et ses proches, il les catéchisa, les baptisa et chassa le démon par le fouet de sa prière.
Les Ephésiens avaient une grande dévotion pour la déesse Artémis, et ils célébraient périodiquement de grandes fêtes en son honneur. Lors d'une de ces fêtes, Jean monta sur la colline où se dressait la grande statue d'Artémis pour haranguer la foule. En le voyant, les païens, pris de fureur, lui jetèrent des pierres pour le tuer. Mais par la grâce de Dieu, aucune des pierres ne toucha le saint. Elles frappèrent toutes la statue, qui fut ainsi mise en pièces par ses propres adorateurs. Restant sourds aux signes de la Providence et aux discours de saint Jean, ils voulurent une autre fois le lapider; mais les pierres se retournèrent contre eux et, à la prière de l'Apôtre, la terre trembla soudain et engloutit plus de deux cents d'entre eux. Les autres, revenant enfin à la raison à la suite de cet événement, supplièrent Jean d'intercéder pour qu'il leur soit fait miséricorde et pour que ceux qui venaient de mourir retrouvent vie. Après que Jean eut intercédé pour eux, ils sortirent tous des antres de la terre, vénérèrent le saint et furent baptisés.
Comme les miracles de Jean se multipliaient, et avec eux les conversions au Christ, le démon qui habitait le temple d'Artémis prit l'apparence d'un officier impérial, qui se lamentait d'avoir laissé échapper deux mages aux pouvoirs extraordinaires et promettait une forte récompense à qui les retrouverait ou les mettrait à mort. L'œil de l'intelligence éclairé par le Saint-Esprit, Jean devina la ruse du démon et, fort de la puissance de Dieu, se livra de lui-même aux païens, en compagnie de Prochore. On se saisit d'eux et on les traîna dans le temple d'Artémis. Arrivé-là, le Disciple Bien-aimé éleva ses prières vers Dieu, pour qu'il détruisit le temple sans porter atteinte à aucune vie humaine. Cette prière aussitôt prononcée, l'édifice qui était la gloire du culte païen, s'effondra et Jean chassa par sa seule parole le démon qui y demeurait depuis 249 ans, à la grande stupeur des païens présents, dont la plupart crurent au Christ.
La renommée de Jean parvint jusqu'à l'empereur Dométien, qui l'envoya quérir. En l'interrogeant, il constata que l'assurance qu'avait le saint dans le Christ était plus forte que toutes les puissances terrestres, aussi décida-t-il de l'exiler dans l'île de Patmos, pensant ainsi réduire son influence. Pendant son voyage, Jean, toujours accompagné de Prochore, montra les bienveillances de Dieu envers tous les hommes en guérissant de la dysenterie les soldats de son escorte. Sitôt parvenu à Patmos, il guérit Apollonide, fils d'un certain Myron, notable de l'île, d'un esprit impur. Grâce à ce miracle et à la parole du saint, toute la maisonnée crut au Christ et fut baptisée, ainsi qu'un peu plus tard le gouverneur de l'île lui-même.
A cette époque, un mage redoutable du nom de Kynopse, doté de tous les pouvoirs de Satan, demeurait dans un lieu désert de Patmos, servi par une troupe de démons. Craignant la puissance qu'avait montrée saint Jean dès son arrivée, les prêtres d'Apollon firent demander au mage de réduire au plus vite à l'impuissance ce dangereux rival. Trop fier de sa puissance, Kynopse ne daigna pas se déplacer lui-même. Il envoya un démon, que Jean réduisit à l'impuissance au seul Nom de Jésus-Christ. Et il chassa bientôt de l'île, par le même moyen, tous les serviteurs démoniaques du mage. Bien que la puissance de Kynopse ne fût qu'illusion, - car seul Dieu peut faire des miracles -, il défia saint Jean de ressusciter un mort, alors que pour sa part il faisait apparaître un démon à la ressemblance du défunt. Une autre fois, défiant de nouveau le Disciple du Seigneur, il plongea dans la mer, voulant ne réapparaître qu'après un long moment. Mais à la prière de Jean, la mer l'engloutit, comme autrefois le Pharaon lancé à la poursuite de Moïse. C'est ainsi que l'on ne revit plus jamais ce magicien et ses serviteurs sur l'île de Patmos.
Pendant son séjour à Patmos, Jean reçut une lettre de l'évêque d'Athènes, Denys l'Aréopagite, alors âgé de 99 ans. Entre autres louanges, il le nommait soleil de l'Evangile et prophétisait sa prochaine libération. En effet, lorsque Trajan prit la succession de Néron (98), il rappela saint Jean à Ephèse, à la grande douleur des habitants de Patmos qu'il avait convertis. Ne voulant pas les laisser ainsi complètement orphelins, et après avoir été confirmé par un signe divin, il jeûna pendant trois jours avec l'ensemble du peuple, monta sur la montagne en compagnie de Prochore, et dirigea vers Dieu toutes les puissances de son intelligence. Soudain des coups de tonnerre et des éclairs redoutables déchirèrent le ciel et ébranlèrent la montagne. Frappé de stupeur, Prochore tomba à terre comme mort, alors que Jean restait impassible en sa contemplation: car «!e parfait amour chasse la crainte» (1 Jn 4, 18). Il entendit une voix de tonnerre clamer du haut des cieux: «Au commencement était !e Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu...» (Jn. 1,1). Prochore écrivit sous la dictée de cette voix, afin de transmettre ce message du salut, ainsi révélé à Jean comme la Loi à Moïse sur la montagne du Sinaï autrefois: non plus pour le seul peuple Hébreux, mais pour tous les confins de la terre.
C'est également à Patmos qu'il tomba, un dimanche, en extase et vit le Christ lui apparaître sous l'apparence d'un jeune homme, dont le «visage brillait plus que le soleil dans tout son éclat». En le rassurant, il dit à Jean: «Ne crains pas, je suis le Premier et le Dernier, !e Vivant; je fus mort, et me voici vivant pour les siècles des siècles, détenant les clefs de la Mort et de I'Hadès. Ecris donc ce que tu as vu: le présent et ce qui doit arriver plus tard» (Apoc. 1, 17 su). Puis il lui révéla (Apocalypse = révélation) en de grandioses visions ce qui doit arriver à la fin des temps: l'accroissement de l'iniquité, la venue de l'Antéchrist, son combat contre les fidèles et sa lutte ultime contre le Christ, qui le jettera finalement pour toujours en Enfer avec le diable et ses anges; il contempla aussi les bouleversements du monde, la consommation de toute chose sous le feu divin et, enfin, le triomphe du Fils de l'homme, la résurrection de tous et le Jugement dernier. Le livre de l'Apocalypse de Saint Jean, qui est aussi le dernier livre de l'Ecriture sainte, se termine avec la scène sublime de la descente sur terre de la Jérusalem céleste, de la Cité sainte et éternelle, où Dieu demeurera pour toujours avec les hommes, comme l'Epoux uni à son épouse. Parfaite en toutes ses proportions, cette ville paraît semblable à l'or le plus pur et au cristal, ses assises sont rehaussées de pierreries et ses portes sont douze perles. «De temple, je n 'en vis point en elle, rapporte saint Jean; c'est le Seigneur, le Dieu Maître-de-Tout qui est son temple, ainsi que l'Agneau (1e Christ). La ville peut se passer de l'éclat du soleil et de celui de la lune, car la gloire de Dieu l'illumine et l'Agneau lui tient lieu de flambeau» (Apoc. 21).
Puis, fermant le livre des révélations divines, l'apôtre bien-aimé, lui qui avait été jugé digne de contempler les mystères ineffables, invite les fidèles à attendre dans le silence et la prière la venue du Seigneur: «L'Esprit (Saint) et l'Epouse (l'Eglise) disent. Viens ! Et que celui qui entend dise: Viens ! Que l'homme assoiffé approche (...) et reçoive gratuitement l'eau de la vie (...) Oui mon retour est proche (affirme le Seigneur) - Amen ! Viens, Seigneur Jésus !» (Apoc. 22).
De retour vers Ephèse, Jean s'arrêta dans une ville nommée Agroikia, où, entre autre bienfaits et miracles, il convertit un délicat jeune homme au Christ et le confia à l'évêque. Comme quelque temps après il vint à repasser dans cette ville, il apprit que ce jeune homme était devenu le chef d'une bande de bandits de grands chemins. Ne ménageant pas ses forces et ignorant le danger, le vieillard battit seul les chemins et les montagnes pour le retrouver. Il se livra de lui-même aux brigands, et put ainsi persuader le jeune homme de revenir dans la voie du Christ par le repentir. L'Apôtre bien-aimé passa paisiblement le reste de ses jours à Ephèse, en amenant au Christ un grand nombre de païens. Il avait 56 ans lorsqu'il partit de Jérusalem pour prêcher l'Evangile. Il prêcha pendant 9 ans jusqu'à son exil, passa 15 ans à Patmos, et vécut encore 26 ans après son retour, de sorte que la durée de sa vie fut 105 ans et 7 mois.
Lorsqu'il reçut de Dieu l'annonce que le moment de son départ de cette vie était arrivé, il ordonna à ses disciples de creuser une tombe dans le sable en forme de croix. Après les avoir tous embrassés et consolés, il s'y étendit de lui-même et leur ordonna de le recouvrir d'abord jusqu'aux genoux; puis, après un nouvel adieu, ils le recouvrirent jusqu'au cou, et lui recouvrirent enfin le visage au moment où le soleil se levait. Lorsqu'ils revinrent en ville en pleurant, les autres disciples du saint voulurent se rendre à leur tour sur le lieu de la sépulture. Il creusèrent à l'endroit de sa tombe, mais n'y trouvèrent plus rien. En effet, d'après la tradition des saints Pères, saint Jean est ressuscité et monté au ciel, de manière semblable à celle de la Mère de Dieu, en réalisation de la parole énigmatique du Sauveur répondant à Pierre qui l'avait questionné sur Jean: «Si je veux qu'il reste jusqu'à a ce que je revienne, qu'est-ce-que cela te fait? (Jn 21, 22). Il ne voulait pas dire par là que le Disciple bien-aimé ne mourrait pas, mais plutôt qu'il lui réservait un sort spécial, le mettant à part jusqu'à sa seconde Venue (1).


NOTE :
1. La cendre miraculeuse qui jaillissait périodiquement du tombeau du saint, origine de sa mémoire le 8 Mai, est une preuve que Saint Jean est bien mort à cet endroit.
thierry
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Message par thierry »

...
Dernière modification par thierry le sam. 17 juil. 2010 14:16, modifié 1 fois.
Jean Béziat
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coupe à retardement

Message par Jean Béziat »

Qui a dit que Jean ne boirait pas la coupe du Seigneur ? L'Evangile cité par Antoine le laisse certes entendre, mais il ne dit pas QUAND la coupe serait bue. En guise de réponse possible, se référer au dernier chapitre de l'Evangile de Jean et à son commentaire par saint Théophylacte d'Ohrid, où il est dit qu'une certaine tradition existait alors (au Xe s. je crois) faisant de Jean un des deux témoins de l'Apocalypse, d'où la parole mystérieuse du Seigneur (Jn.; 21, 21-24).
En Christ
Jean
Antoine
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Message par Antoine »

L'Evangile cité par Antoine
Antoine n'a cité aucun évangile: il a cité un texte de Marie-Emile Boismard et un du synaxaire de Macaire, moine du mont Athos.
Jean Béziat
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citation

Message par Jean Béziat »

Je parlais de votre citation de Marc (10, 39) et de Matthieu (20, 23).
Jean
Antoine
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Message par Antoine »

Ce sont des cotations faites par Marie-Emile Boismard .
Voici ce qu'on trouve sur le site http://archeboc.free.fr
dédié à Marie-Emile Boismard professeur à l'Ecole Biblique et Archéologique française, à Jérusalem et qui travaille en particulier sur le processus de rédaction des évangiles; mais il s'est intéressé aussi aux lettres de Paul, et il a édité l'Apocalypse de Jean pour la bible de Jérusalem.
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