L'insensibilité

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Monique
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L'insensibilité

Message par Monique »

Christ est ressuscité!

Bonjour, je me permets d'ouvrir une nouvelle ligne sur l'insensibilité.

Le Vendredi Saint aux matines il y a ce très beau texte que je reproduits:

"A cause de Lazare ressuscité, Seigneur, les enfants des hébreux te criaient : Hosanna ! mais Judas fut insensible à cette voix.

A ta dernière Cène, ô Christ notre Dieu, tu as dit à tes disciples : l’un de vous me trahira ! ! mais Judas fut insensible à cette voix.

Seigneur, lorsque Jean te demandait : Qui est celui qui te trahira ? tu le désignas par un morceau de pain ; mais Judas fut insensible à cette voix.

Seigneur, pour trente deniers et par un baiser de trahison les impies décrétèrent ta mort ; mais Judas fut insensible à cette voix.

A tes disciples, ô Christ notre Dieu, tu lavas les pieds en disant : Agissez comme j’ai agi envers vous ! mais Judas fut insensible à cette voix.

A tes disciples, ô notre Dieu, tu as dit veillez et priez afin de ne pas entrer en tentation ! mais Judas fut insensible à cette voix.[/"

Ce texte m'a touchée car je devenais insensible et je ne savais pas pourquoi.

Dans un autre fil j'ai dit: (je me cite)
Ensuite, j'ai approfondie ma foi et peu à peu j'ai senti qu'un fossé me séparait des autres paroissiens, et j'ai fermé les yeux et bouché mes oreilles pour ne pas avoir à rompre tous ces liens.
Par ce choix j'ai renié le Seigneur, j'ai préféré mes amis terrestres au Seigneur, et cela je l'ai fait d'une manière volontaire puisque je me suis bouché les oreilles et fermé les yeux.

Au début cela a été des choix qui me paraissaient anodins, peut-être comme Saint Pierre qui préférait ne pas être reconnu sans penser que la conséquence de ce choix était le reniement.

Je prends conscience qu'il n'y a pas de choix anodin; et tout mauvais choix amène une perte du discernement et ensuite si l'on persiste l'insensibilté.

Et je me sens libérée d'avoir pris conscience de ma trahison, car il n'y avait que cette prise de conscience pour me permettre de revenir au Christ et à la vraie foi. Et ce forum m'a été très utile dans ce cheminement.

Et cela me ramène à toutes les discussions sur les hérésies.
Les choix qui paraissent anodins au départ comme l'eocuménisme, le modernisme etc amènent chez ceux qui les font un manque de discernement par la suite, et s'ils persistent l'insensibilité devant la foi orthodoxe.

Ce qui fait que je ne suis pas d'accord avec Jean-Louis Palierne quand il dit sur le fil shisme et hérésie:
Il faut veiller à n’utiliser qu’avec précaution le terme “d’hérésie” et à le réserver, comme le font les saints canons, à ce qui touche à la foi elle-même en Dieu: tri-hypostatique et consubstantiel, tel qu’il s’est révélé Lui-même en venant en ce monde qu’il a créé, pour y retrouver et sauver son image perdue et souillée par les brigands. Quiconque donc baptise au nom du Père, et du Fils, et du saint Esprit en vue de la rémission des péchés et de la vie éternelle, ne peut être considéré comme hérétique au sens propre et rigoureux de ce mot.
Pour moi il ne peut y avoir qu'hérésie lorsque la formule trinitaire renvoie à un enseignement autre que l'enseignement de l'église orthodoxe.

Car la plupart de ses hérésies commenses par des choix et des réformes anodins mais qui suppriment le discernement et entrainent l'insensibilité.
Quand on parle avec des chrétiens non orthodoxes, on remarque vite combien ils sont insensibles à ce qui fait le coeur de notre foi.
Dans ce vocabulaire, les shismes sont bien plus graves car pernicieux, que les hérésies très vite reconnues pour hérésie.
Antoine
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Message par Antoine »

XB!

"Car l'avènement de l'impie s'accompagnera [...] de toutes les séductions du mal, pour ceux qui se perdent, faute d'avoir accueilli l'amour de la vérité qui les eût sauvés"
St Paul II Thessaloniciens 2,10
eliazar
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L'insensibilité et l'abandon de tout à la voix... Un écho po

Message par eliazar »

En vérité Il est ressuscité, Irène Monique !

« Booz dit à Ruth [la Moabite] : « Tu entends, n’est-ce pas, ma fille ? Ne va pas glaner dans un autre champ ; tu ne t’éloigneras pas d’ici, mais tu te joindras à mes servantes »
… / … « Tu as abandonné ton père, ta mère, et ton pays natal – pour venir chez un peuple que tu ne connaissais pas auparavant. Que YHWH te rende ce que tu as fait et que ta récompense soit entière, de par YHWH, Dieu d’Israël, sous les ailes de qui tu es venue t’abriter. »
… / … Booz lui dit au moment du repas : « Avance ici, mange de ce pain et trempe ton morceau dans le vinaigre… »
… / … Booz prit Ruth, et elle devint sa femme. Il alla vers elle, et YHWH lui donna de concevoir, et elle enfanta un fils… / … et elles l’appelèrent du nom de Obed. C’est le père de Jessé, père de David »
(Ruth 2, 8 … 4, 17)

C’est l’un des plus beaux passages que je connaisse dans l’Ancien Testament. Comme avec le Cantique des Cantiques, le Saint Esprit cache à l’intérieur d’une simple et belle histoire d’amour humain un enseignement d’une hauteur inégalée.
Et cet enseignement sur les épousailles de l’Église est l’écho de la première annonce qui en est faite dès le livre du Commencement, la Genèse, à propos d’Adam et d’Ève (« C’est pourquoi l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à son épouse et ils deviennent une seule chair » Genèse 2, 24).
Booz est ici la figure du Verbe incarné, mais plus profondément encore, celle du Dieu Père-Fils-Esprit. Comme le Père, il couvre la jeune Moabite de son manteau, et la nourrit. Comme le Fils, il l’épouse et en fait la chair de sa chair. Comme l’Esprit, il ruse avec la loi (en l’occurrence, celle du goëlat : le goël étant « celui qui rachète, qui libère », c’est à dire une fois encore le reflet du Christ dans l’Ancienne Loi) pour étendre à une étrangère l’adoption d’Israël, et il annonce en figure l’entrée des Nations dans le Royaume, après la Pentecôte.

Et Ruth, la jeune Moabite, est la figure de tous les convertis. Car c’est par amour qu’elle quitte son père, sa mère et son pays natal. Et sa finalité deviendra, en récompense, d’être l’ancêtre de David, et donc du Messie – elle qui jusqu’alors n’était qu’une Moabite.
Nous, les anciens Barbares qui avons « entendu » (« Tu entends, n’est-ce pas, ma fille ? Ne va pas glaner dans un autre champ… »), nous avons tous été haussés au rang de Ruth lorsque nous avons entendu l’annonce de la Bonne Nouvelle et non seulement avons quitté père, mère et pays natal, mais ne sommes plus allé « glaner dans un autre champ ».

L'ultime merveille étant que - chaque fois que nous nous sommes égarés pour aller glaner tout de même dans un autre champ - le Bon Berger est venu nous rechercher, et nous ramener à la Bergerie, l'Unique. Comme vous, chère Irène Monique - et comme moi, entre tant d 'autres qui sont comme nous, heureux d'habiter désormais entre frères au sein de ce Forum...

Et si Booz dit à Ruth de tremper son morceau de pain dans le vinaigre, c'est de toute évidence l'écho anticipé de la parole du Christ à Judas à la Sainte Cène : les convertis sont "appelés" pour remplacer cette brebis qui s'est hélas perdue - et chaque fois que nous disons :"Mais Juda fut insensible à cette voix" ... nous pourrions, nous devrions ajouter : Felix culpa !
< Demeurons dans la Joie. Prions sans cesse. Rendons grâce en tout... N'éteignons pas l'Esprit ! >
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Bien sûr, l'hérésie naît souvent d'une légère erreur. Il faut veiller à suivre l'enseignement de l'Église, à adopter son vécu (son vioma entièrement. Mais tant qu'il n'y a pas d'altération du Symbole de la foi, nous n'avons pas le droit de proclamer qu'un scenario irréparable a commencé. Et l'Église n'emploie le mot d'hérésie que pour qualifier ceux qui ont altéré cette formule du Symbole. En fait ceux qui s'imaginent pouvoir inventer une autre révélation. Ceux-là, qu'elle appelle "hérétiques", elle les considère comme des païens, et lorsqu'ils s'imaginent pouvoir conférer un substitut de baptême à leur sauce, ce n'est qu'illusion, et l'Église s'oblige à les recevoir, lorsqu'ils demandent à entrer dans l'Orthodoxie par le Baptême, le seul et le vrai Baptême.

Mais ceux qui ont dévié la foi chrétienne sur d'autres points, c'est dangereux pour eux, mais ce n'est pas irrécupérable, et ce qu'ils ont fait et dit n'a pas suffi, même si c'était ce qu'ils recherchaient, trancher complètement leur lien avec l'unique Église. Par exemple il existe de nombreuses communautés protestantes qui ont abandonné toute pratique des Mystères de l'Église autre que le Baptême, mais que l'Église (orthodoxe) ne peut tout de même pas considérer comme des païens. Lorsqu'ils demandent à entrer dans l'Orthodoxie, l'Église les reçoit en leur donnant les dons du saint Esprit par le saint Chrême. Elle les appelle -- depuis toujours -- des "schismatiques".

Et il y a aussi des groupes qui se sont séparés de l'Église orthodoxe ou qui sont en conflit avec sa hiérarchie, en raison de conflits de moindre importance. L'Église leur demande de faire pénitence et d'abjurer, de renier leurs erreurs, mais peut les réadmettre à la communion après leur pénitence.

Et il faut bien faire attention à prendre en considération beaucoup plus les gestes concrets que posent les hommes que les paroles qu'ils prononcent. Et ce sont les évêques, réunis dans des synodes épiscopaux, qui ont la charge de discerner la nature des fautes commises par certains groupes d'hommes et de choisir le type de comportement que l'Église devra adopter face à eux. Ce n'est pas la tâche des prêtres et des laïcs. Tant que les évêques ne se prononcent pas, je peux contester, râler, polémiquer, je n'ai pas le droit de condamner. Je dois donc éviter d'utiliser à la légère des mots tels que "schisme" ou "hérésie". Je n'en ai pas le droit. Mais si je le pense je dois souligner le danger qui est présent dans les comportements de certains, et qui peut aller beaucoup plus loin que les apparences.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Antoine
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Message par Antoine »

XB!
Mais tant qu'il n'y a pas d'altération du Symbole de la foi, nous n'avons pas le droit de proclamer qu'un scenario irréparable a commencé. Et l'Église n'emploie le mot d'hérésie que pour qualifier ceux qui ont altéré cette formule du Symbole. En fait ceux qui s'imaginent pouvoir inventer une autre révélation. Ceux-là, qu'elle appelle "hérétiques", elle les considère comme des païens, [...]et l'Église s'oblige à les recevoir, lorsqu'ils demandent à entrer dans l'Orthodoxie par le Baptême, le seul et le vrai Baptême.
Le Credo de Nicee Constantinople remédiait déjà à certaines hérésies en cours à l'époque. Il ne répond donc pas forcément explictement à des hérésies qui sont postérieures à sa rédaction et ne peut de ce fait être considéré comme l'expression exhaustive de la foi même s'il est déjà très puissant en soi.Il n'explicite pas toutes les hérésies à venir même s'il permet de s'en préserver.
Par exemple il ne proclame pas la double volonté opposée par Maxime aux monothélites. Le "et s'est fait homme" demanderait un contenu anthropologique plus détaillé.
Il ne pouvait pas prévoir non plus le dogme latin de "l'Immaculée conception" qui modifie l'humanité de Marie . Mais on est fondé à développer que ce faux dogme modifie par là-même sa Virginité qui n'a plus en commun avec le dogme d'Ephèse la Volonté pure de Marie mais une intervention divine qui la préservait de toutes les conséquences de la chute avant sa naissance même.
Le "je crois en l'Eglise une sainte Catholique et apostolique" ne connaissait pas non plus la torsion que la papauté ferait subir à l'apostolicité, et à la catholicité et nous sommes fondés à affirmer que les Franks ont créé une nouvelle Eglise distincte de l'Eglise du Christ niant par là même son unicité avec un fondement qui ne repose plus sur le Révélé divin mais sur des déviations humainement rationalisantes visant exclusivement à renforcer la puissance du "souverain pontife".


Alors pour les latins c'est très clair:
Il y a 3 altérations:
1) le filioque qui vient modifier la spiration de l'Esprit saint
2) l'immaculéé conception qui modifie l'humanité de Marie et l'incarnation du Christ
3) L'unicité de l'Eglise détruite par la papauté et ses faux dogmes

Selon votre règle énoncée ci-dessus nous sommes confortés à affirmer que pour les catholiques romains, L'Eglise orthodoxe les appelle << "hérétiques", elle les considère comme des païens, [...]et l'Église s'oblige à les recevoir, lorsqu'ils demandent à entrer dans l'Orthodoxie par le Baptême, le seul et le vrai Baptême.>>

En ce qui concerne l'oecuménisme, la théorie des branches est aussi une réfutation du "je crois en l'Eglise une" et rien qu'à ce titre il est une hérésie dont les adeptes doivent être considérés comme des païens selon vos propres affirmations avec les conséquences que vous avez énoncées:
le scenario irréparable a commencé
Monique
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Message par Monique »

cher Eliazar

J'espère que vous allez mieux et que votre grippe n'est plus qu'un mauvais souvenir.

Merci pour l'histoire de Ruth, je ne l'avais jamais lu comme cela, et je n'avais jamais interprété la phrase: " Ne va pas glaner dans un autre champ" comme le fait d'aller chercher la vérité ailleurs que dans l'Eglise.
Merci
eliazar
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Message par eliazar »

Chère Irène Monique,

C'est à moi à vous remercier, à propos de cette grippe (dont vous avez essuyé la première les pires effets!) et de votre sollicitude.

Quant à ma lecture de Ruth, c'est mon opinion et je la partage (comme disent les plaisantins), mais la grippe m'aura au moins appris à me regarder deux fois dans la glace avant de m'entiarer avec trop de satisfaction!

¿ Puis-je ajouter que j'ai beaucoup goûté, sur un autre fil, votre :
"Par contre la maladie, hérésie ou autre nom, m’intéresse et me concerne car si je ne suis pas vigilante, je peux y tomber, et j’ai l’expérience d’y être déjà tombée. (j’ai glané dans d’autres champs), et après y être tombée j’ai vécu ce refroidissement spirituel que les Pères appellent l’insensibilité. ... / ... On peut la rencontrer partout, et en particulier en soi-même." ?

Pour la reprendre à mon compte, je n'aurais eu qu'une rectification à y ajouter : que dans mon cas, ce n'était pas de refroidissement spirituel qu'il s'était agi en l'occurence, mais ... de réchauffement imaginatif!

Mais en vous remerciant bien amicalement pour votre souhait de rétablissement, je veux aussi vous rassurer : la fièvre est tombée.

Cf. : du bon usage doctrinal des antibiotiques... là où l'homéopathie ne suffit plus!

Et plus que jamais :
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