Les fols en Christ

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Catherine
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Re: Ah?

Message par Catherine »

"Veuillez m'excuser si mes propos vous outragent, mais je vous trouve un peu "langue de bois"; car la vie de Saint Jean de Changaï et de San Francisco, par l'extrait que j'en ai tiré, contredit cette notion d'ordre, de charisme de droit divin: ce saint était libre de choisir sa voix et l'a fait en toute bonne conscience non? Il n'a pas eu à mettre en avant cette notion d'ordre, de charisme extérieur face à sa volonté propre...
Alors de deux choses l'une: ou bien vous avez raison, et cet article sur le web (surement de la facture d'un orthodoxe croyant) est totalement faux, soit vous avez tord... Mais pas forcément complètement, car qui dit que la Tradition orthodoxe est unique et figée de la Méditerranée au Pacifique? Est-ce qu'un fol en Christ se conçoit de la même manière selon qu'on se trouve en Russie ou en Serbie? La Tradition ferait fie des sensibilités religieuses propres à chaque culture? Là encore, je redemande à vérifier, avec des références solides, car la Tradition est non seulement plurielle dans les cultures, mais aussi dans l'Histoire... Merci pour les références"
Vous ne m'outragez pas (simplement, je ne vois pas en quoi je serais "langue de bois" ?!?), mais je ne comprends toujours pas ce que vous racontez ni à quoi vous voulez en venir. D'abord l'extrait que vous tirez de la vie de Jean Maximovitch vaut encore moins que le résumé de la vie de votre "bienheureux pélerin". Il y manque des éléments du contexte.
A priori, je ne vois pas de contradiction entre ordre divin et volonté humaine. Pour l'orthodoxie, l'homme reste toujours libre de son choix, car Dieu ne peut contraindre personne. Et chacun choisit sa voie (pas "sa voix", hélas, sinon tout le monde pourrait être chantre !) librement. Du moins, c'est ce qu'enseignent les pères.
C'est en toute liberté que la Toute-Sainte a accepté d'être Mère de Dieu.
Ensuite qu'est-ce que vous entendez par "charisme de droit divin" ? Personne n'a parlé de droit ici.
Je n'ai ni tort, (encore moins "tord" - pardonnez-moi, cette orthographe me rappelle un mauvais souvenir) ni raison, car ce n'est pas ma propre opinion que j'ai exprimé, mais la foi de l'Eglise.
La Tradition ne fait pas fi ("fie", c'est quoi ?) des sensibilités religieuses propres à chaque culture, elle confirme l'expérience de l'Eglise qui comprend ces sensibilités.
Je ne sais pas de quoi je discute vraiment avec vous. Quel est l'enjeu ? qui sait mieux couper les cheveux en quatre ? Cherchez et vous trouverez.
K.
totocapt
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Pas de problème!

Message par totocapt »

... Simplement, donnez moi des références en ce qui concerne la Tradition orthodoxe, pour ce qui est du charisme du fol en Christ, en quoi il est avéré que c'est par ordre divin qu'on peut l'être... Quels passages des Pères de l'Eglise? Des citations svp? Vu, comme je vous l'avais déjà précisé, que je n'ai, comme vous, pas plus d'éléments de la vie de ce bienheureux, ni du saint jean de grenade d'ailleurs, n'aurait-il mieux pas fallu dire que ce furent PEUT-ETRE des "fols en Christ", plutôt que de les rejeter abruptement? C'est en cela que je parlais de "langue de bois"...
Gnôthi seauton!
Catherine
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Re: Pas de problème!

Message par Catherine »

totocapt a écrit :... Simplement, donnez moi des références en ce qui concerne la Tradition orthodoxe, pour ce qui est du charisme du fol en Christ, en quoi il est avéré que c'est par ordre divin qu'on peut l'être... Quels passages des Pères de l'Eglise? Des citations svp? Vu, comme je vous l'avais déjà précisé, que je n'ai, comme vous, pas plus d'éléments de la vie de ce bienheureux, ni du saint jean de grenade d'ailleurs, n'aurait-il mieux pas fallu dire que ce furent PEUT-ETRE des "fols en Christ", plutôt que de les rejeter abruptement? C'est en cela que je parlais de "langue de bois"...
N'auriez-vous pas un nom chrétien comme les autres par hasard ? Je n'arrive pas à vous adresser...
Je suis en voyage et je ne sais pas par coeur les références que vous demandez. Je ne sais même pas quand je rentrerai chez moi.
Je ne les ai pas rejetés, j'ai précisé la différence entre pèlerin et fol en Christ et ai dit que l'Eglise ne s'occupait pas de la sainteté ou non des gens hors d'elle. Dieu seul en est juge.
Christian a raison: on se réfère souvent aux paroles de saint Paul pour la folie en Christ : "Celui qui se croit sage qu'il devienne fou..." (Je n'ai pas non plus le texte exact, je regrette.)
Les fols-en-Christ sont simplement les modèles extrêmes de ce type de folie.
K.
Antoine
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Message par Antoine »

Tout d’abord renvoyons le lecteur au livre indique plus haut par Lecteur Claude et que totocapt n’a visiblement toujours pas lu avant d’édicter ses jugements sur la folie en Christ. Il s’agit de :

La vie des Fols-en-Christ
Editions du Désert

Lecteur Claude donne la référence de façon exhaustive.

Vous y trouverez les récits de la vie des fols en Christ suivants :

Sainte Isidora d’Egypte
Saint André de Constantinople
Saint Sérapion le Syndonite
Saint Bissarion le Thaumaturge
Saint Syméon d’Emèse
Le Juste Thomas de Syrie
Saint Isaac le Reclus
Saint Procope d’Oustioug
Saint Nicolas Kotchanov
Saint Théodore de Novgorod9
Saint Georges de Chenkoursk
Saint Maxime de Moscou
Saint Michel de Klopsko
Saint Jean d’Oustioug
Saint Isidore de Rostov
Saint Laurent de Kalouga
Saint Jacques de Borovitchi
Saint Basile le Bienheureux
Saint Nicolas Salos de Pskov
Saint Jean Vlasaty le Miséricordieux
Saint Yvan «Grand Bonnet»
Saint Cyprien de Souzdal
Saint Procope de Vyatka
Saint Maxime de Totma
Saint André de Totma
Saint Simon de Youriévèts
Saint Térence le Thaumaturge
La Bienheureuse Pasha de Birsk
Saint Théophile de Kiev
Sainte et Bienheureuse Xénia de Saint-Pétersbourg..
Sainte Pélagie Ivanovna de Diveyevo
Les Saintes Folles-en-Christ de Diveyevo0
Les Fols-en-Christ athonites
Saint Jean de Changai


Vous voyez qu’il y a de quoi se faire une idée de ce qu’est la folie en Christ …

La citation de Paul à laquelle Catherine fait allusion est la suivante:
<<Si quelqu’un parmi vous se figure être sage, qu’il devienne fou pour devenir sage.>> (1 Co 3, 18)

Mais plutôt que de citer simplement 1Co 3,18, je vous redonne cette citation ci dessous telle que St Jean Chrysostome la mentionne dans sa 4ème homélie sur Paul.Car Lorsque Paul fut foudroyé par la Lumière sur le chemin de Damas, on le prit aussi pour un fou et il répondit : »Je ne suis point fou […] ce sont au contraire des paroles de vérité et de bon sens que je prononce » (Ac 12,15)

Quatrième homélie de Jean Chysostome:

Paul aveugle

Le bienheureux Paul, qui nous rassemble aujourd’hui, a illuminé la terre, et c’est lui justement qui, au moment où il fut appelé, fut aveuglé quelque temps. Mais cette cécité a été, et demeure, l’illumination du monde. Sa vision était défectueuse, en effet, et Dieu l’a rendu aveugle de manière très heureuse : c’était pour le ramener à une vision plus rigoureuse et de plus, Dieu lui manifestait sa puissance en même temps qu’il lui donnait, dans cet accident, une image de ce qui l’attendait; il lui apprenait comment il aborderait la proclamation du message: il lui faudrait rejeter tout ce qui lui était propre, et fermer les yeux pour le suivre. D’où les paroles que Paul lui-même profère pour proclamer cette leçon : ((Si quelqu’un parmi vous se figure être sage, qu’il devienne fou pour devenir sage.)) (1 Co 3, 18) C’est qu’il ne pouvait retrouver la vision saine sans avoir été auparavant sainement rendu aveugle, sans avoir rejeté les vues qui lui étaient propres et ne servaient qu’à le jeter dans la confusion, sans avoir tout remis à la foi.
Mais que personne n’aille croire, à m’entendre, que c’était là un appel contraignant : car il aurait pu retourner à l’état dont il était sorti. Beaucoup d’hommes, mis devant des prodiges plus grands, ont fait volte-face, et c’est le cas dans le Nouveau comme dans l’Ancien Testament: pensez à Judas, à Nabuchodonosor, au mage Elymas, à Simon, à Ananie, à Saphire, et au peuple juif tout entier, Paul excepté; les yeux fixés vers la pure lumière, il poursuivit sa course et s’envola au ciel.
[…]
Et ce n’est pas l’obscurité qui le plongea dans les ténèbres, c’est la surabondance de la lumière qui l’enveloppa d’obscurité.



Totocapt vous écrivez : :
On peut voir d'après cela que plutôt de charisme, il s'agit d'un choix personnel, fait en toute bonne conscience; je ne vois pas pourquoi on parlerait d'"ordre" ou de "charisme"...
Les citations scripturaires concernant la folie en Christ sont nombreuses :
L’affirmation de la résurrection par Marie de Magdala (Ac 12,15) ou encore les propos de Paul en 1Co 4,10 ou 1 Co 1,27 et 2,20-25 par exemple.
La folie en Christ est sans aucun doute le plus haut degré de Sainteté et comme le souligne Catherine à juste titre c’est un Charisme que d’entrer dans une telle kénose qui va jusqu’à la déperdition de soi-même, tout comme le Christ s’est dépouillé de sa divinité. Imaginons un instant l’état du Christ à l’écoute des paroles de Jean 10,20 « Beaucoup d’entre eux disaient : » Il est possédé, il délire ; pourquoi l’écoutez-vous ? » D’autres disaient : « Ce ne sont pas là propos de possédé ; est-ce qu’un démon peut ouvrir les yeux d’un aveugle ? »

Essayons d’imaginer l’état de celui qui pouvait à tout instant recourir à sa divinité et qui néanmoins après avoir pris la forme d’esclave accepte également la dépossession de l’humanité parfaite qu’il a revêtue pour la mélanger à sa divinité.( Union qui avait été assignée à Adam et que celui-ci n’a pas réalisée.) Ou plutôt n’imaginons rien du tout et rentrons simplement par la prière dans ce mystère de la kénose infinie.
Il est évident que ce que Dieu seul pouvait faire n’est pas accessible à la possibilité humaine et il ne dépend pas d'un saint d’entrer dans ce type de folie. Il dépend de lui d’accepter cette invitation à se laisser prendre entièrement par le Christ tout comme marie s’est laissée prendre. Mais si son fiat est le fruit de sa liberté, le mode de génération de l’incarnation ne dépendait pas d’elle. C’est ce qu’a voulu vous dire Catherine. Le Saint accouche de sa Folie en Christ tout comme Marie accouche du Christ. C’est Dieu qui la fait Théotokos, comme c’est Dieu qui le fait « Fol en Christ »



Alors,Totocapt, vous demandez :
"fol en christ" n'est pas une marque déposée,
Ce qui est une marque déposé c’est la sainteté. Il ne peut y avoir de sainteté que dans l’Eglise, car seule l’Eglise a la plénitude de la vérité. Et la folie en Christ étant la forme la plus élevée de sainteté elle est effectivement une "marque déposée". Et vous ne pouvez pas reprocher à un orthodoxe de proclamer que seule l’Eglise orthodoxe est l’Eglise. Mais nous aurons tout le temps d’en reparler…

Vous écrivez également :
biographie d'un saint orthodoxe, saint Jean de Changaï et San Francisco, on peut voir: "... Monseigneur ne pouvait pas agir en fol-en-Christ, parce qu'il était un Evêque de Dieu et n'aurait jamais permis que cette haute dignité soit exposée aux moqueries..."
L’évêque Jean se fichait pas mal des moqueries concernant sa propre personne, et il en a choqué plus d’un qui ne supportait pas que "l’étiquette" soit malmenée à ce point lui reprochant de ne pas tenir son "rang".

En revanche tous les fols en Christ respectaient l’Eglise et ses prescritions, ses institutions et ses rites, ses dogmes et en prenaient la défense immédiate dès que des auditeurs les baffouaient. C’est ce qui montre que leur folie n’était que feinte et donc bien une kénose. Vous trouverez dans le livre indiqué des exemples concernant l’évêque Jean.
totocapt
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OK!

Message par totocapt »

Merci pour ces deux contributions! :-)
Gnôthi seauton!
Catherine
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enfin !

Message par Catherine »

Il est si bon d'entendre quelqu'un interpréter et expliciter avec bonheur le message d'une pauvre nullarde comme moi qui suis ignare, ne connais les pères que par l'esprit, sans pouvoir les citer par coeur, qui n'ai pas l'art d'écrire et ne sais pas le français.
Si désormais quelqu'un ne comprend pas ce que je dis, il n'a qu'à s'adresser à Antoine, que je remercie vivement de son dernier message.

En tant que cancre attitrée du Forum, bien amicalement,
K.
eliazar
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Les Fols en Christ

Message par eliazar »

A propos de l'évêque JEAN (Maximovitch) de Shanghaï et de San Francisco, je voudrais signaler un souvenir que m'a relaté un ami qui l'a bien connu au temps où, de retour d'Extrême-Orient, il était évêque "en transit" chargé de la France et de l'Europe Occidentale.

Non seulement il était très éloigné de défendre les honneurs dûs à son rang (ce qui m'a toujours semblé la vraie marque des faux évêques, au contraire - car un véritable évêque du Christ ne "mérite", ne désire, et n'a besoin d'aucun honneur, mais de beaucoup d'amour filial et donc d'attention obéissante, ce qui n'est pas la même chose du tout) mais il ne se souciait même pas de son aspect vestimentaire, au grand désespoir de ceux qui l'accompagnaient.

Cet ami m'a raconté comment, un jour qu'il devait aller le chercher à l'aéroport d'Orly, il l'avait trouvé assis par terre au milieu de paquets informes comme s'en encombrent les clodos, d'un desquels il avait sorti une machine à écrire antédiluvienne qui ne le quittait jamais. Il l'avait posée sur ses genoux et était en train d'y taper les noms de tous ceux à qui il avait promis de prier pour eux, au cours de sa dernière escale, et qu'il ajoutait ainsi à une liste interminable - déjà longue comme un jour sans pain.

Tout cela en plein milieu de la foule des curieux, des départs et des arrivées, qui se scindait en deux flots autour de ce tas de chiffons barbu, en se demandant probablement comment les agents de sécurité avaient bien pu laisser entrer ce nabot de clochard (car c'était un évêque minuscule) dans un lieu aussi sacré qu'un aéroport international !

Éliazar l'amoureux-de-saint-Jean-de-Shanghaï
Antoine
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Les fols en Christ

Message par Antoine »

Les messaqes de Catherine ci-dessus sont emplis de la vie et de la foi de l’Eglise. Je regrette qu’on les ait qualifiés de « langue de bois » ou encore que l’on ai qualifié de « mépris » ce qui n’était que du respect et de la fidélité à la Sainte Tradition de l’Eglise.
Et je n’ai trouvé tout au long de cette rubrique sous sa plume que des explications justes et des vérités profondes (que je mets en gras dans les extraits ci -dessous)
Je n’ai qu’ inutilement rajouté à ses propos quelques illustrations car tout était dit dans ses réponses d’une grande finesse.

Par exemple :
Sa définition aussi concise que complète:
« La folie en Christ est une ascèse spécifiquement orthodoxe pour lutter le plus efficacement possible contre la passion la plus difficile à vaincre : la vaine gloire. Par un charisme particulier de Dieu, les fols en Christ contrefont si bien la folie que la majorité de leur entourage y croit. Comme autrefois on se moquait des fous, (et en Grèce, c'est encore le cas de nos jours), ils ne risquaient pas d'attirer les louanges et pouvaient à la fois s'assimiler au Christ bafoué et cacher leur sainte vie. »
ou encore sur la distinction entre vrai et faux
Mais ils ont, la plupart du temps, quelques confidents qui savent qu'ils ne sont pas fous. Exception : ste Xénia de Pétersbourg. Médicalement, il est facile de distinguer entre un vrai fou et un faux. Quant à ceux qui voudraient paraître des fols en Christ, les hommes spirituels, devant qui les vrais fols en Christ ne peuvent cacher non plus leur santé mentale, décèlent en général leur fourberie.
Sur le fait que la folie en Christ n’est pas le fruit d’une décision humaine :
Comme disent les pères, il y a trois "charges" qu'il ne faut jamais "remplir" sans un appel exprès de Dieu : l'érémitisme, l'higouménat et la folie en Christ. Donc n'est pas fol en Christ (ermite, higoumène) qui veut.
« la folie en Christ proprement dite est un charisme divin particulier, dont ceux-ci découlent naturellement, vu l'ostracisme des "sages" de ce monde à l'égard de la folie. »
« tout chrétien authentique est considéré comme fou par les "bien-pensants" »
En réponse à Totocapt sur cette notion de charisme :

La Tradition orthodoxe dit expressément que n'est pas fol-en-Christ qui veut il faut que Dieu en donne l'ordre et accorde le don spécial (charisme)à la personne en question.
Sa réponse sur « la vaine gloire » :
Les louanges des hommes ne sont pas les seules causes de la passion de la vaine gloire. Les racines en sont à l'intérieur de nous depuis la chute d'Adam, et, aux dires de tous les pères, c'est une des passions naturelles les plus difficiles à déraciner, car, un peu comme l'orgueil (il y a même des pères qui ne font pas la différence entre ces deux passions !), elle peut très bien être nourrie par une sainte vie.
Or, il n'est pas nécessaire d'être roi ou président de la République pour recevoir des louanges, il suffit d'être un tout petit saint ou même rien du tout, lorsque nous nous les adressons en notre for intérieur — certes, bien à tort — à nous-mêmes.
Le fol en Christ, qui accepte, de tout son cœur, le mépris de ses semblables et s'en juge sincèrement digne, échappe aussi à l'auto-glorification.
Ensuite sur ces fausses passerelles qui conduisent à la confusion des genres :
Pour ce qui concerne le rapprochement de l'Orient et de l'Occident, ce n'est pas des détails de ce genre qui risquent de le favoriser. Seule l'acceptation de la vraie foi chrétienne et la réception du seul baptême orthodoxe par l'Occident peut unir ce qui a été désuni, et nous en sommes très loin. L'oecuménisme, hélas, et les études de comparatistes en tout genre ne font qu'oeuvrer, hélas, dans le sens contraire.
Il me semble que <<la pauvre nullarde>> [...] <<ignare>>, qui <<ne connait les pères que par l'esprit, sans pouvoir les citer par coeur>> avait tout dit…
Il vaut mieux être pénétré de l'esprit des Pères que de les citer comme de simples reférences littéraires, car l'esprit des Pères n'est autre que l'Esprit du Père envoyé par le Fils.
Dernière modification par Antoine le dim. 27 juil. 2003 2:51, modifié 3 fois.
Antoine
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Les Fols en Christ

Message par Antoine »

Un autre livre sur ce sujet:
Irina Goraïnoff
Les fols en Christ
Coll. Théophanie
Desclee de Brouwer

Voici un extrait de la préface d’Olivier Clément:
La nouveauté du christianisme, si fortement soulignée par saint Paul lorsqu’il jette à la figure des apprentis gnostiques (ceux qui savent grimper à l’échelle) le scandale de la croix, c’est la révélation de la folie de Dieu. Dieu est fou, puisqu’il sort de son impassible transcendance pour se mêler à nos joies, nos peines, notre désespoir. Dieu est fou d’amour pour l’homme. Le thème de l’« amour fou » de Dieu affleure partout dans le Nouveau Testament, avant d’être ouvertement proclamé par un Maxime le Confesseur ou un Guillaume de Saint-Thierry. Si la création révèle la sagesse de Dieu, l’incarnation révèle sa folie. Tout le christianisme tient dans l’impensable identité du Dieu au-delà de Dieu, secret de toute sagesse, et du Crucifié par amour, secret de toute folie. On s’est étonné des malédictions du Christ contre les pharisiens, dont on sait aujourd’hui qu’ils étaient hommes de piété et de sagesse. Elles sont pourtant lourdes de sens. Au-delà de la loi et de toute valeur, si hautement éthique ou religieuse qu’elle soit, le Dieu incarné par folie d’amour révèle la transcendance de chaque personne, si dégradants soient son rôle social, sa marginalité, son « impureté , femme, pauvre, publicain, prostituée, bandit... Au-delà de toute justice, le Dieu incarné vient dans sa propre absence — Eh, Eh, lama sabachtani ? — il descend dans la mort et l’enfer pour prendre tous les hommes dans la folie de son amour. Les yeux bandés, souffleté, raillé, couvert de crachats, revêtu d’une pourpre dérisoire, couronné d’épines, roi à l’envers, ecce homo, ecce deus : un fou en vérité!

Le fol en Christ est l’homme qui répond de tout son être à la folie de Dieu, qui entre lui aussi dans la « folie de la croix », qui devient fou pour l’amour du Christ. « Nous, nous prêchons un Messie mis en croix, scandale pour les Juifs, folie pour les païens » (1 Co 1, 23). « Ce qui est fou pour le monde, c’est ce que Dieu a choisi pour la confusion des sages » (1 Co 1, 27). « Nous, nous sommes fous à cause du Christ » (1 Co 4, 10). Car « Lui qui était riche, il s’est fait pauvre pour vous, afin de vous enrichir par sa pauvreté » (2 Co 8, 9), « Il s’est dépouillé en prenant la condition d’esclave,... Il s’est évidé en se faisant obéissant jusqu’à la mort et à la mort sur une croix » (Ph 2, 7-8). C’est pourquoi « insultés, nous bénissons; persécutés, nous supportons; calomniés, nous réconfortons. Nous sommes devenus comme les ordures du monde, le rebut de tous jusqu’à présent» (1 Co 4, 12-13).

Le fol en Christ s’identifie au Christ outragé, crucifié, pourtant ressuscité : il est déjà dans le Royaume qui brise la suffisance, l’orgueil, la haine et le mensonge de « ce monde », il prend à la lettre les Béatitudes et le Discours sur la Montagne, toute cette insupportable folie, la terre donnée aux doux, la soie aux persécutés, et tendre la joue gauche quand on est frappé sur la droite, donner son manteau quand on prend votre tunique, en trois mots aimer ses ennemis. En Christ, il révèle possible l’impossibilité du christianisme.

Quand les communautés chrétiennes sont restreintes et persécutées, point n’est besoin d’une « folie en Christ »déclarée. C’est le fait même d’être chrétien qui semble fou, comme le prouvent l’attitude des magistrats romains, ces gentlemen désabusés, devant l’obstination des martyrs, ou les critiques si pertinentes de tous les Celse et de tous les Guénon, ou encore l’enfermement contemporain des croyants, à l’Est, dans des asiles psychiatriques, et la volonté de réduire leur foi, à l’Ouest, par la sagesse résignée des « sciences humaines »... Mais lorsque l’empereur se convertit et se dit l’image du Christ, lorsque le tsar de Russie est très orthodoxe, le roi de France très chrétien et le roi d’Espagne très catholique, lorsque l’Eglise s’installe et que même le monachisme, à l’origine folie de Dieu, veut se constituer en cité des purs, alors le fol surgit. Il feint la folie pour être méprisé, tout en sachant que ce jeu terrible sera accepté dans ces sociétés encore archaïques où la folie publique a sa place. Il s’identifie au Dieu incarné, au Dieu crucifié. Il nomadise en quête d’un pays inconnu, image du Royaume.
Il est nu car le vêtement, dans ce type de société, fait le roi, le riche ou le moine, définit l’importance, se ramène en définitive aux « tuniques de peau » de la déchéance. Nudité revêtue de chaînes, de crasse, de boue et de sang, acharnement sur la chrysalide charnelle pour qu’elle se transforme en corps ressuscité, chaste infiniment, libre infiniment. Le fol fuit le désert et le monastère, il n’entre guère dans les églises, sinon pour y faire scandale, c’est dans la ville qu’il veut vivre, dans les ordures de la ville, dans sa marginalité la plus compromettante ou la plus dangereuse, avec les mauvais garçons et les femmes de mauvaise vie... Il fait jaillir un humour dévastateur et libérateur du contraste entre le costume, le vocabulaire, le pathos ecclésiastique de l’humilité et du service et la réalité qui est vanité, jalousie, dureté aux pauvres, contentement de soi et « propre justice ». Humour sans ironie méchante comme nudité sans érotisme : simplement la totale indifférence au jeu de la hiérarchie sociale comme au jeu de l’espèce, pauvres jeux simiesques, l’indifférence qui permet l’amour, le discernement — il suffit d’un mot, d’un geste, comme en bouffonnant. Les heures du jour sont ainsi pour la représentation de la folie — sorte de mime liturgique mais d’une liturgie vraie, nullement symbolique, d’une liturgie saignante, inventive d’une contre-culture le fou est le Christ aux outrages et simultanément le Ressuscité libre de l’« esprit du poids ». Mime, jeu le monde-cirque, et le fol à la fois le clown que l’on bat et l’acrobate qui s’envole. Puis vient la nuit, secrète, solitaire, glacée au-dehors, brûlante dans le coeur la nuit devant Dieu, larmes, prière, intercession, comme Jésus encore qui se retirait dans la solitude pour prier.
Un extrait de l’Avant-propos d’ Irina Goraïnoff
Les ancêtres du « fol-en-Christ » sont les prophètes vétérotestamentaires mandatés par Dieu, pour attirer l’attention d’un peuple au « cou raide » sur la volonté divine rarement compatible à la sienne. Dans ce but, le prophète est souvent obligé d’adopter un comportement excentrique, étrange, qui lui apporte plus d’ennuis que de gloire. Isaïe fut contraint, pendant trois ans, de se promener nu et sans chaussures pour servir de signe et de présage concernant les prisonniers en Egypte et en Assyrie (Is 20, 30); Jérémie porta un joug comme une bête (Jr 28, 10) ; Ezéchiel, couché devant une brique représentant Jérusalem assiégée, mangea du pain cuit sur des excréments (Ez 4), et Osée symbolisa pendant toute sa vie, par un mariage avec une prostituée, l’infidélité d’Israêl envers Yahvé (Os 3).
Pareils aux prophètes de l’Ancien Testament, les « fols »du Nouveau se donneront en spectacle. « Nous avons été livrés en spectacle au monde, aux anges et aux hommes » dit saint Paul dans son Epître aux Corinthiens. « Nous sommes fous, nous, à cause du Christ, et vous, vous êtes prudents dans le Christ.., vous êtes à l’honneur et nous dans le mépris » (Cor 4, 9-10). Egoïste et orgueilleuse prudence, proche de la tiédeur, elle fit fuir dans le désert les premiers anachorètes, indomptables guerriers de l’Esprit à l’écoute de l’Apocalypse. « Comme tu es tiède, ni bouillant, ni froid, je vais te vomir de ma bouche » proclame le Message à l’Eglise de Laodicée (Ap. 3, 16). L’Islam, au VIIème siècle, ensabla leurs traces. On les retrouvera dans le Nord, cinq cents ans plus tard.
Catherine
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un dernier mot sur la question ?

Message par Catherine »

Qui te loue se moque de toi - disent les pères.
K.
Antoine
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Les Fols en Christ

Message par Antoine »

Toujours en illustration des propos de Katherine sur Charisme , kénose et humilité, voici quelques extraits de la XVIIème lettre de Saint Antoine dans laquelle il enseigne que l'humilité, dont la folie en Christ est la perfection, est bien une imitation de la kénose du Christ et que ce charisme n'est donné que dans la vision de Dieu,

<<Aux moines ses fils.
Il leur apprend que l’humilité vraie ne s’obtient qu’à la suite de la vision contemplative, qui est la vision de Dieu. II en montre les trois degrés: le premier, le moyen et celui de la perfection, en s’appuyant sur de nombreux témoignages de l’Ancien et du Nouveau Testament. il les exhorte à réaliser cela par la grâce de Dieu.

L'Apôtre parvint à cela au moyen de la grande humilité qu’il avait acquise à l’imitation de notre Seigneur jésus Christ. Par son extrême humilité, celui-ci tenait sa divinité cachée sous son humanité : on le voyait comme un homme bien qu’il ne fût pas seulement homme mais Dieu fait homme, comme il a été écrit: « Et le Verbe s’est fait chair et il a habité en nous. (Jn 1,14) L’apôtre Paul aussi, fidèle aux recommandations que lui avait données le Seigneur, s’humiliait au point de lire «j’ai été avec celui qui n’avait pas de loi, comme si je n’en avais pas, afin qu’étant sans loi, je gagne ceux qui n’ont pas de loi. (1Cor 9,21). En faisant cela, l’Apôtre ne quittait pas les limites de sa perfection, de même que notre Seigneur n’a pas quitté non plus sa divinité par l’incarnation qui nous était absolument nécessaire, selon ce qui est dit dans la Loi et écrit dans l’Évangile « Le Verbe s’est fait chair et il a habité en nous (Jn 1,14).

Or la perfection consiste à réaliser cette parole : «Je me suis libéré de toute chose pour en gagner un plus grand nombre 1 » (cor 9.19)[…]
Ainsi, lorsque l’apôtre Paul vit le Seigneur Jésus, il reçut la perfection, et désormais, il vint en aide à ceux qui étaient sans force, en vue de les faire parvenir à la perfection et de les entraîner vers les hauteurs.[…]

Or l’Apôtre demeurait dans la perfection : en premier lieu parce qu’il s’était libéré de tout mal; en second lieu parce qu’il ne s’était laissé, par la suite, asservir par aucune passion mais vivait en ascète ; et finalement, parce qu’il était devenu libre grâce à la vision du Seigneur Jésus Christ. Aussitôt qu’il le vit, il suivit ses paroles sans tarder et parvint au plus haut degré de l’humilité.[...]

De même, tous ceux qui s’attachent aux paroles du Seigneur connaissent la vérité, et la vérité les rend libres. Elle délivre leur âme de tout mal, comme ce qui est advenu à l’apôtre Paul notre Sauveur l’a rendu libre. Aussi a-t-il dit en parlant de lui-même « Ne suis-je pas libre ? N’ai-je donc pas vu le Seigneur comme l’ont vu les premiers apôtres ? (1Cor 9,1)>>

Extraits de Père Matta El-Maskîne:
Saint Antoine ascète selon l'évangile
spiritualité orientale, n°57
Abbaye de Bellefontaine
Lettre XVII de Saint Antoine P 167-168
totocapt
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Un indice!

Message par totocapt »

J'ai trouvé une icone de Saint Jean de Grenade! Etonnant pour un saint du XVIIe siècle non (si je ne m'abuse)? A croire que du côté orthodoxe (du moins certains milieux?), il est peut-être accepté comme un vrai fol!
A voir! Image
Gnôthi seauton!
Antoine
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Message par Antoine »

Cette image me semble bien "réaliste" dans son style, pour être qualifiée d'icône, même si elle est peinte sur bois.
Une icône "s'écrit", elle ne se "peint" pas, et elle insère en général des éléments biographiques stéréotypés et symbolisés concernant la vie du saint et permettant de le reconnaître. Là je ne vois pas que le visage par exemple soit transfiguré ; ce"même visage qui devient autre" comme dirait O.Clément.
Il y a des icônes canoniques et d'autres qui ne le sont pas. Je parirais pour la deuxième...
Et de toute façon cela ne rend pas Jean de Grenade orthodoxe même si sa vie fut une "sainte" vie. Il n'y a pas de sainteté sans confession de la foi dans sa vérité dogmatique qui en est l'expression. On peut comprendre qu'un "fol en Christ" qui récite un credo filioquiste n'est plus un fol en Christ parce qu'il participe à une hérésie et ne communie pas dans sa vision trinitaire à celle de l'Eglise.

Il est curieux , mon cher totocapt, que vous recherchiez des preuves a posteriori (scientifiques) alors que la foi est un a priori qui se partage dans une même communion avec le reste de l'Eglise. J'ai déjà écrit à propos de l'Ecriture, à nos frères protestants qui ont des dates de référence bien tardives en matière dogmatique, que c'est la Tradition qui en avait établi le canon parce qu'elle avait reconnu sa foi dans tel ou tel texte.
"Abraham eut foi en Dieu et cela lui fut compté comme justice." (Rom IV,3)
christianc
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Message par christianc »

Il est intéressant de voir dans quel contexte ce portrait est présenté et
le commentaire qui en est fait ..

Une série sur des pélerinages espagnols..

http://www.holyplacesinspain.com/ing/spain.htm

Quoique Portugais de naissance, Grenade était la ville d'adoption de ce saint. Ce fut là où, à l'âge de 40 ans après avoir vécu des décennies comme soldat et vécu une vie "licencieuse", saint Jean décida de fonder la Congregation des Frères Hospitaliers. Mieux connu comme l'ordre de St Jean de Dieu, ses membres, célébrés comme Frères de la Charité, s'occupaient de tous les malades qui avaient besoin de leur aide sans aucun égard à leur propre santé. Il est possible de visiter la chambre où ce saint est mort ainsi que l'église de saint Jean de Dieu, qui est l'apothéose de l'art baroque de grenade où ses restes mortels sont conservés..
Cette icone est une "icône moderne" de Robert Lentz,
Disponible en plus grand sur son site, ainsi que d'autres productions artistiques.;

http://www.bridgebuilding.com/narr/tjg.html

C'est une production contemporain, dans le même style le peintre a peint
Le Fr Mychal Judge (Qui était un franciscain de la brigade des pompiers de New York , décédé le 11 Septembre dans l'attentat qui a détruit les tours)

http://www.bridgebuilding.com/narr/rlmyj.html

Ainsi que d'autres oeuvres..

Christ Pantocrator, Christ Liberator , Christ Apache ,Christ Mexicain, Cesar Chavez, ainsi que des icônes de Marie..

Fausse piste donc - pourtant c'était "facile" à vérifier , sur google il suffisait de taper "St John of God" "icon" pour retrouver la galerie de Robert Lentz..
C'est plutôt une réflexion, on ne se méfie jamais assez du matériel que l'on trouve sur internet ..

C'est ce qu'on appelle de l'"Inspirational Art"..Fin du 20ème Siècle années 70-80..
Claude le Liseur
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Re: Un indice!

Message par Claude le Liseur »

totocapt a écrit :J'ai trouvé une icone de Saint Jean de Grenade! Etonnant pour un saint du XVIIe siècle non (si je ne m'abuse)? A croire que du côté orthodoxe (du moins certains milieux?), il est peut-être accepté comme un vrai fol!
A voir! Image

Je retrouve par hasard ce vieux message du 29 juillet 2003 auquel je n'avais pas apporté à l'époque, l'attention nécessaire.

Tirer un argument de cette «icône» est vraiment pour le moins audacieux, car j'y reconnais, bien sûr, le style inimitable des pseudo-icônes du franciscain californien Robert Lentz (catholique romain, et non orthodoxe, soit dit en passant - on est loin de «certains milieux orthodoxes» évoqués par totocapt)! Le frère Robert Lentz OFM a pour habitude de peindre sur bois, dans un style vaguement iconique, des personnages souvent canonisés par lui-même (JRR Tolkien !), parfois même non chrétiens (Albert Einstein !),souvent dans un but de glorification de l'homsosexualité («icône» de Harvey Milk, «icônes» franchement blasphématoires des saints Serge et Bacchus ou de saint Gleb et de son serviteur hongrois Georges présentés comme des couples gay enlacés, etc.) Ces pseudo-icônes sont agrémentées de légendes en grec, ce que je trouve malhonnête: s'agit-il de faire orthodoxe ou d'épater le gogo nord-américain à qui on n'apprend plus à lire l'alphabet grec à l'école secondaire ?

On trouvera ici un échantillon de ces productions: https://www.trinitystores.com/?artist=1

Il semble d'ailleurs que l'échantillon ait été quelque peu «épuré» par rapport aux merveilles que l'on pouvait contempler voici quelques années sur le site Internet qui vend la reproduction de ces images, même s'il reste quelques pépites.

Je crois avoir été le premier francophone à avoir abordé le phénomène des pseudo-icônes du frère Lentz, dernier degré de la récupération anti-orthodoxe de l'icône orthodoxe en Occident: après que d'ex-destructeurs d'icônes comme les jésuites ont récupéré l'art de l'icône orthodoxe à des fins de confusionnisme («Il n'y a pas de différences entre les orthodoxes et nous: voyez, nous avons des icônes»...) ou de prosélytisme, voici que l'art de l'icône n'était même plus mise au service de la cause papale, mais, purement et simplement, du combat homosexuel en Amérique du Nord ! Sans aucunement me mêler du problème lui-même de l'homosexualité, je suis convaincu que ce n'est pas là la place de l'icône ou de la pseudo-icône - celle qui a toutes les apparences de l'icône, mais rien de sa nature, et qui ne sera jamais une porte sur le ciel.

Dans son livre L'iconographe et l'artiste, le grand théologien orthodoxe français Jean-Claude Larchet fait une analyse détaillée du phénomène des peintures du frère Robert Lentz OFM et de leur signification. Il semble d'ailleurs que ces pseudo-icônes aient suscité les plus vives réserves d'un évêque catholique romain aux USA.

En tout cas, si le but était de nous convaincre que «certains milieux orthodoxes» auraient considéré Jean de Grenade comme un fol-en-Christ sur la base d'une image du frère Lentz, on peut tout de même faire la remarque qu'il existe des arguments plus convaincants.
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